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ForĂȘt-Noire

La ForĂȘt-Noire (en allemand : Schwarzwald, prononcĂ© [ ʃvaːrtsvalt]) est un massif montagneux situĂ© dans le Sud-Ouest de l'Allemagne, dans le Land du Bade-Wurtemberg. Elle rĂ©sulte de l'effondrement du graben avortĂ© du fossĂ© rhĂ©nan, qu'emprunte le Rhin en coulant vers le nord, lequel fleuve constitue en cet endroit la frontiĂšre entre la France et l’Allemagne. La ForĂȘt-Noire Ă  l'est de la plaine rhĂ©nane est le pendant gĂ©ologique des Vosges Ă  l'ouest. Elle dĂ©voile sur ses hauteurs des paysages variĂ©s : au nord, les Ă©picĂ©as bordent des routes escarpĂ©es ; au centre, les vignes des coteaux cĂšdent la place aux pĂąturages et Ă  de riches fermes-auberges ; au sud, les lacs alternent avec les hauts sommets. Le massif, distant d'environ 25 km de Strasbourg, est visible de la ville.

ForĂȘt-Noire
Carte de localisation de la ForĂȘt-Noire.
Carte de localisation de la ForĂȘt-Noire.
GĂ©ographie
Altitude 1 493 m, Feldberg
Longueur 140 km
Largeur 60 km
Superficie 6 000 km2
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Bade-Wurtemberg
GĂ©ologie
Âge Pliocùne
Roches GrĂšs, gneiss, granite
Carte topographique du massif de la ForĂȘt-Noire.

Toponymie

Le nom antique du massif forestier est Abnoba mons ou Abnoba silva (silva vient du latin qui veut dire « forĂȘt »). Abnoba, la « sylve noire », est une divinitĂ© topique celte de la faune. Elle est similaire Ă  Arduinna, latinisĂ©e en Diana Arduenna, et Ă  Vosegus, qui prĂ©sident respectivement aux massifs forestiers des Ardennes et des Vosges.

GĂ©ographie

Relief

La ForĂȘt-Noire est sĂ©parĂ©e par le fossĂ© rhĂ©nan du massif des Vosges dont elle reprend la forme triangulaire et le type de relief, plus Ă©levĂ© au sud. Le plus haut sommet est le Feldberg, qui culmine Ă  1 493 mĂštres. Les autres sommets notables sont :

Hydrographie

RĂ©gion bien irriguĂ©e, la ForĂȘt-Noire est traversĂ©e dans sa partie centrale/est (entre Donaueschingen et Schwenningen[alpha 1]) par la ligne de partage des eaux entre la mer du Nord et la mer Noire :

  • le Rhin se dirige vers la mer du Nord en contournant le massif par le sud puis par l'ouest, recevant pour affluents le Kinzig, le Murg et, Ă  Mannheim seulement, le Neckar, qui traverse le massif en direction du nord avec ses affluents, l'Enz et le Nagold ;
  • le Danube se dirige vers la mer Noire Ă  l'est et rĂ©sulte, Ă  sa source, du confluent de la Breg et de la Brigach.

La ForĂȘt-Noire borde le plateau de la Baar[alpha 2] au sud-est.

Climat

La chaĂźne de montagnes a des tempĂ©ratures plus basses et des prĂ©cipitations plus importantes que la campagne environnante. Les hautes terres de la ForĂȘt-Noire sont caractĂ©risĂ©es par des prĂ©cipitations rĂ©guliĂšres tout au long de l'annĂ©e. Cependant, les tempĂ©ratures ne baissent pas de maniĂšre uniforme avec l'augmentation de l'altitude, et les prĂ©cipitations n'augmentent pas non plus de maniĂšre uniforme. Au contraire, les prĂ©cipitations augmentent rapidement mĂȘme dans les rĂ©gions les plus basses et sont disproportionnĂ©es sur le versant ouest des montagnes, plus pluvieux.

Précipitations

Le Schauinsland l'hiver, avec les Vosges en arriĂšre plan.

Les zones les plus humides sont les hautes terres autour de la Hornisgrinde au nord et autour du Belchen et du Feldberg au sud, oĂč les prĂ©cipitations annuelles atteignent 1 800-2 100 mm[1]. Les vents d'ouest atlantiques chargĂ©s d'humiditĂ© dĂ©versent environ autant de pluie dans le nord de la ForĂȘt-Noire, malgrĂ© son altitude plus faible, que dans la zone plus Ă©levĂ©e du sud[2]. LĂ , les Vosges agissent comme un bouclier contre les vents dominants. Sur le versant est exposĂ© de la ForĂȘt-Noire centrale, il est Ă  nouveau beaucoup plus sec. Ainsi, les prĂ©cipitations annuelles n'y sont par endroits que de 750 l/m2 environ[3].

Température et ensoleillement

Sur le plan thermique, les zones avec les plus hautes altitudes de la ForĂȘt-Noire se caractĂ©risent par des fluctuations annuelles relativement faibles et des valeurs extrĂȘmes de vapeur. Cela est dĂ» aux vents lĂ©gers frĂ©quents et Ă  une plus grande couverture nuageuse en Ă©tĂ©. En hiver, les hautes pressions frĂ©quentes font que les sommets sont souvent baignĂ©s de soleil, tandis que les vallĂ©es disparaissent sous une Ă©paisse couverture de brouillard en raison des poches d'air froid (inversion de tempĂ©rature).

Histoire

La ForĂȘt-Noire sur la Table de Peutinger : une chaĂźne de montagnes avec des arbres aux formes fantastiques comme symbole d'un terrain instable et pratiquement inaccessible.

Dans l'AntiquitĂ©, la ForĂȘt-Noire Ă©tait connue sous le nom d'Abnoba mons, du nom de la divinitĂ© celtique Abnoba. À l'Ă©poque romaine, le nom de Silva Marciana (« forĂȘt marcynienne », du mot germanique marka « frontiĂšre ») lui a Ă©tĂ© donnĂ©. La ForĂȘt-Noire reprĂ©sentait probablement la zone frontaliĂšre des Marcomans (« peuple frontalier ») qui Ă©taient installĂ©s Ă  l'est du limes romain. Ils faisaient Ă  leur tour partie de la tribu germanique des SuĂšves, qui ont ensuite donnĂ© leur nom Ă  l'État historique de Souabe. À l'exception des Ă©tablissements romains sur le pĂ©rimĂštre (par exemple les bains de Badenweiler, et les mines prĂšs de Badenweiler et de Sulzburg) et de la construction de la route romaine de la Kinzig, la colonisation de la ForĂȘt-Noire n'a pas Ă©tĂ© effectuĂ©e par les Romains, mais par les Alamans. Ils se sont installĂ©s et ont d'abord colonisĂ© les vallĂ©es, en franchissant l'ancienne frontiĂšre de colonisation, dite « frontiĂšre de grĂšs rouge », par exemple depuis la rĂ©gion de Baar. Peu aprĂšs, des zones de plus en plus Ă©levĂ©es et des forĂȘts adjacentes ont Ă©tĂ© colonisĂ©es, de sorte qu'Ă  la fin du Xe siĂšcle, les premiers Ă©tablissements se trouvaient dans la rĂ©gion du grĂšs rouge (Bunter). Parmi ceux-ci, on trouve par exemple Rötenbach, qui a Ă©tĂ© mentionnĂ© pour la premiĂšre fois en 819.

Durant la guerre des Six Deniers au XVe siĂšcle, les Mulhousiens et leurs alliĂ©s mirent Ă  feu et Ă  sang toute l'Alsace ainsi que la ForĂȘt-Noire.

Certains des soulĂšvements (dont le mouvement Bundschuh) qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la guerre des paysans allemands, sont originaires de la ForĂȘt-Noire au XVIe siĂšcle. D'autres troubles paysans, sous la forme des soulĂšvements du salpĂȘtre, ont eu lieu au cours des deux siĂšcles suivants dans la rĂ©gion du Hotzenwald, qui correspond au sud de la ForĂȘt-Noire.

Des vestiges de fortifications militaires datant des XVIIe et XVIIIe siĂšcles se trouvent en ForĂȘt-Noire, notamment sur les cols de montagne. Parmi eux figurent les multiples ouvrages de campagne baroques du Margrave Louis-Guillaume de Bade-Bade ou des positions dĂ©fensives individuelles comme la forteresse d'Alexandre, la Röschenschanze et la forteresse suĂ©doise (Schwedenschanze).

Maison typique (en) de la ForĂȘt-Noire, 1898.

À l'origine, la ForĂȘt-Noire Ă©tait une forĂȘt mixte de feuillus et de sapins. En altitude, l'Ă©picĂ©a poussait Ă©galement. Au milieu du XIXe siĂšcle, la ForĂȘt-Noire a Ă©tĂ© presque entiĂšrement dĂ©boisĂ©e par la sylviculture intensive et a ensuite Ă©tĂ© replantĂ©e, principalement par des monocultures d'Ă©picĂ©as.

En 1990, les tempĂȘtes Vivian et Wiebke ont causĂ© des dĂ©gĂąts considĂ©rables Ă  la forĂȘt. Le 26 dĂ©cembre 1999, la tempĂȘte Lothar a traversĂ© la ForĂȘt-Noire et a causĂ© des dĂ©gĂąts encore plus importants, notamment aux monocultures d'Ă©picĂ©as. Comme cela s'Ă©tait produit aprĂšs les tempĂȘtes de 1990, de grandes quantitĂ©s de grumes tombĂ©es ont Ă©tĂ© conservĂ©es pendant des annĂ©es dans des zones provisoires de stockage humide. Les effets de la tempĂȘte sont dĂ©crites en empruntant le sentier Lothar (Lotharpfad), un sentier forestier Ă©ducatif et d'aventure au centre de la nature de Ruhestein (de) parcourant une forĂȘt de bois d'altitude d'environ 10 hectares qui a Ă©tĂ© dĂ©truite par un ouragan. Plusieurs zones endommagĂ©es par la tempĂȘte, grandes et petites, ont Ă©tĂ© laissĂ©es Ă  la nature et sont aujourd'hui redevenues une forĂȘt mixte naturelle.

Activités

Paysage typique.

L'Ă©conomie se concentre surtout dans les vallĂ©es. La vie agricole associe l'Ă©levage et la culture de cĂ©rĂ©ales. L'industrie travaille notamment le bois issu des nombreuses forĂȘts d'Ă©picĂ©as. Les industries textiles et l'horlogerie cĂšdent progressivement la place au tourisme. Un climat privilĂ©giĂ© et d'importantes sources thermales lui assurent une forte frĂ©quentation touristique. Les sources thermales aux propriĂ©tĂ©s cicatrisantes Ă©taient dĂ©jĂ  connues des Romains.

Les villes principales de ForĂȘt-Noire sont Fribourg-en-Brisgau, Offenbourg, Lörrach, Baden-Baden, Villingen-Schwenningen, Furtwangen, Freudenstadt et Schramberg.

Exploitation forestiĂšre - foresterie

Pendant plusieurs siĂšcles, les grumes de la ForĂȘt-Noire ont Ă©tĂ© transportĂ©es par radeau sur l'Enz, la Kinzig, la Murg, le Nagold et le Rhin pour ĂȘtre utilisĂ©es dans l'industrie de la navigation, comme bois de construction et Ă  d'autres fins. Cette branche de l'industrie a connu un essor au XVIIIe siĂšcle et a conduit Ă  des dĂ©frichements Ă  grande Ă©chelle. Comme la plupart des longs troncs de pin droits Ă©taient transportĂ©s en aval pour la construction navale aux Pays-Bas, on les appelait les « Hollandais ». Aux Pays-Bas, les grumes Ă©taient surtout utilisĂ©es comme pilotis pour la construction de maisons dans le sol sablonneux et humide. Aujourd'hui encore, Ă  Amsterdam, un grand nombre de bĂątiments historiques sont construits sur ces pilotis et le reboisement de la ForĂȘt-Noire avec des monocultures d'Ă©picĂ©as tĂ©moigne de la destruction de la forĂȘt mixte d'origine. Avec l'expansion du rĂ©seau ferroviaire et routier comme moyen de transport alternatif, le flottage a largement pris fin Ă  la fin du XIXe siĂšcle.

Aujourd'hui, les bĂ»cherons rĂ©coltent des sapins - en particulier des sapins trĂšs hauts et sans branches - principalement pour les expĂ©dier au Japon. L'impact publicitaire mondial de l'Exposition universelle de 2000 a alimentĂ© un regain des exportations de bois. L'importance des ressources en bois de la ForĂȘt-Noire a Ă©galement fortement augmentĂ© rĂ©cemment en raison de la demande croissante de granulĂ©s de bois pour le chauffage.

Fabrication du verre, charbon et mine de Potasse

Les ressources en bois de la ForĂȘt-Noire ont servi de base Ă  d'autres secteurs de l'Ă©conomie qui ont aujourd'hui largement disparu. Les charbonniers (Köhler) construisaient leurs piles de bois (Meiler) dans la forĂȘt et produisaient du charbon de bois qui, comme les produits des chaudiĂšres Ă  potasse, Ă©tait ensuite transformĂ©, entre autres, pour l'industrie du verre. La ForĂȘt-Noire fournissait les matiĂšres premiĂšres et l'Ă©nergie nĂ©cessaires Ă  la fabrication du verre de forĂȘt - Waldglass (en). En tĂ©moignent aujourd'hui plusieurs souffleries de verre, par exemple dans le Hoellental Ă  Todtnau et Wolfach et le Centre du verre de forĂȘt Ă  Gersbach (Schopfheim) (en), ouvert aux visiteurs.

Ingénierie de précision, horlogerie et joaillerie

Pendule Ă  coucou, ForĂȘt-Noire, vers 1900, Deutsches Uhrenmuseum.

Dans les vallĂ©es relativement inaccessibles de la ForĂȘt-Noire, l'industrialisation est arrivĂ©e plus tard. En hiver, de nombreux agriculteurs fabriquaient des pendules Ă  coucou en bois pour complĂ©ter leurs revenus[4].

Au XIXe siĂšcle, cette activitĂ© s'est dĂ©veloppĂ©e dans la mĂ©canique de prĂ©cision et l'horlogerie, qui ont connu un essor considĂ©rable avec l'arrivĂ©e du chemin de fer dans de nombreuses vallĂ©es de la ForĂȘt-Noire. L'inconvĂ©nient initial de leur Ă©loignement, qui a conduit au dĂ©veloppement de l'artisanat de prĂ©cision en bois, est devenu un avantage concurrentiel en raison de leur accĂšs aux matiĂšres premiĂšres : le bois de la forĂȘt et le mĂ©tal des mines. Dans le cadre d'un programme de soutien structurel, le gouvernement du Land de Baden a fondĂ© la premiĂšre Ă©cole d'horlogerie en 1850 Ă  Furtwangen afin d'assurer aux petits artisans une bonne formation et donc de meilleures possibilitĂ©s de vente. En raison de la demande croissante d'appareils mĂ©caniques, de grandes entreprises telles que Junghans et Kienzle se sont Ă©tablies. Au XXe siĂšcle, la production d'appareils Ă©lectroniques grand public a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e par des entreprises telles que SABA (en), Dual et Becker (en). Dans les annĂ©es 1970, l'industrie a dĂ©clinĂ© en raison de la concurrence de l'ExtrĂȘme-Orient. NĂ©anmoins, la ForĂȘt-Noire reste un centre pour l'industrie mĂ©tallurgique et abrite de nombreuses entreprises de haute technologie.

Depuis le début de l'industrialisation, de nombreuses entreprises de Pforzheim fabriquent des bijoux et travaillent les métaux et les pierres précieuses. Il existe également une école d'orfÚvrerie à Pforzheim.

Tourisme et transport

La principale industrie de la ForĂȘt-Noire est le tourisme. Selon l'Office du tourisme de la ForĂȘt-Noire (Schwarzwald Tourismus), le secteur du tourisme compte environ 140 000 emplois directs Ă  temps plein et environ 34,8 millions de nuitĂ©es en 2009, en 2016 la rĂ©gion de Bade Wurtemberg reprĂ©sentait 25 % des 400 millions de nuitĂ©es passĂ©es en Allemagne.

Au printemps, en été et en automne, un vaste réseau de sentiers de randonnée et de circuits de VTT permet à différents groupes de personnes d'utiliser de profiter de la nature de cette région. En hiver, ce sont les différents types de sports d'hiver qui sont mis en avant avec différents sites proposant des installations pour le ski alpin et le ski nordique.

Points d'intĂ©rĂȘts touristiques

Les destinations touristiques et les stations balnĂ©aires les plus frĂ©quentĂ©es de la ForĂȘt-Noire sont le Titisee et le Schluchsee. Les deux lacs offrent la possibilitĂ© de pratiquer des sports nautiques comme la plongĂ©e et la planche Ă  voile. De Fribourg, on peut accĂ©der Ă  ces lacs par la B 31 en passant par le Höllental (en), par le monument au cerf d'Hirschsprung (en) situĂ© Ă  l'endroit le plus Ă©troit de la vallĂ©e et par la chapelle Saint Oswald (en) situĂ©e en dessous des gorges de Ravenne.

Baden-Baden, avec ses thermes et sa salle des fĂȘtes, est une ville trĂšs visitĂ©e. D'autres bains thermaux se trouvent dans les stations thermales de Badenweiler, Bad Herrenalb, Bad Wildbad, Bad Krozingen, Bad Liebenzell et Bad Bellingen.

D'autres destinations touristiques sont la vieille ville impĂ©riale de Gengenbach, les anciennes villes de Wolfach, Schiltach et Haslach im Kinzigtal (toutes deux sur la route allemande du bois) et le village fleuri et viticole de Sasbachwalden au pied de la Hornisgrinde. De pittoresques vieilles villes peuvent ĂȘtre visitĂ©es Ă  Altensteig, Dornstetten, Fribourg-en-Brisgau, Gernsbach, Villingen et Zell am Harmersbach. Baiersbronn est un centre d'excellence gastronomique, Freudenstadt est construite autour de la plus grande place de marchĂ© d'Allemagne. Les expositions florales de Gernsbach ont Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©es par les prix l'Entente florale Europe « Village d'or allemand » en 2004 et du « Village d'or europĂ©en » en 2007.

L'ancien monastĂšre de St. Blasien ainsi que les abbayes de Sankt Trudpert Ă  MĂŒnstertal, St. Peter et St. MĂ€rgen, l'abbaye d'Alpirsbach et l'abbaye de Hirsau, en ruine, ont Ă©tĂ© construits en grĂšs rouge dans le style de Hirsau. Un autre Ă©difice rural est l'abbaye de Wittichen, prĂšs de Schenkenzell.

La vallée de la Murg, la vallée de la Kinzig, les chutes d'eau de Triberg et le musée de plein air Vogtsbauernhof sont également trÚs appréciés.

Parmi les montagnes qui offrent des points de vue, on trouve le Feldberg, le Belchen, le Kandel et le Schauinsland dans le sud de la ForĂȘt-Noire, ainsi que le Hornisgrinde, le Schliffkopf, le Hohloh, le Merkur et le TeufelsmĂŒhle dans le nord de la ForĂȘt-Noire.

Il existe des stations de sports d'hiver bien connues autour du Feldberg, prĂšs de Todtnau avec sa piste de ski alpin FIS du Fahler Loch et Ă  Hinterzarten, un centre et une forge de talents pour les sauteurs Ă  ski allemands. Dans le nord de la ForĂȘt-Noire, les zones de sports d'hiver sont concentrĂ©es le long de la Schwarzwaldhochstraße (« haute route de la ForĂȘt-Noire ») et sur la crĂȘte entre les riviĂšres Murg et Enz autour de Kaltenbronn.

Les dénivelés des montagnes sont utilisés en de nombreux endroits pour le deltaplane et le parapente.

Randonnée

Chemin de randonnĂ©e en ForĂȘt-Noire.

La ForĂȘt-Noire est le point de passage de nombreux chemins de randonnĂ©es et notamment du sentier europĂ©en E1 : le Westweg (littĂ©ralement le chemin de l'ouest) conduit les randonneurs de Pforzheim Ă  BĂąle sur 285 kilomĂštres[alpha 3] en passant par le Schliffkopf et forme un tronçon du parcours E1, lequel va de la SuĂšde Ă  l’Italie. La rĂ©gion propose un rĂ©seau de sentiers longue distance avec des itinĂ©raires principaux et des branches secondaires, dont beaucoup ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©s au dĂ©but du XXe siĂšcle par le Club de la ForĂȘt-Noire (Schwarzwaldverein). Le plus connu de tous est le difficile Westweg avec ses nombreuses pentes raides. Depuis 1950, des circuits de promenade ont Ă©tĂ© construits pour rĂ©pondre Ă  l'Ă©volution de la demande, d'abord Ă  partir du rĂ©seau ferroviaire relativement dense et, plus tard, principalement Ă  partir de parkings de randonnĂ©e Ă©tablis localement. Actuellement, des sentiers thĂ©matiques spĂ©ciaux sont en cours d'amĂ©nagement, comme le « parc aux pieds nus » de Dornstetten (Barfußpark Dornstetten), le « parc de tous les sens » (Park mit allen Sinnen) Ă  Gutach (chemin de fer de la ForĂȘt-Noire), ainsi que ceux destinĂ©s Ă  mettre le marcheur plus directement en contact avec la nature (par exemple le Schluchtensteig). Les routes et les larges chemins forestiers sont donc moins souvent utilisĂ©s que jusqu'Ă  prĂ©sent.

Musées

Le musĂ©e en plein-air de la ForĂȘt-Noire - Vogtsbauernhof.

Le musĂ©e en plein air de la ForĂȘt-Noire, situĂ© dans la ferme Vogtsbauernhof[5] Ă  Gutach, prĂ©sente des maisons typiques de la ForĂȘt-Noire qui donnent un aperçu de la vie agricole des XVIe et XVIIe siĂšcles. Les bĂątiments ont Ă©tĂ© dĂ©montĂ©s sur leur emplacement d'origine, les piĂšces individuelles ont Ă©tĂ© numĂ©rotĂ©es et ensuite remontĂ©es exactement selon le mĂȘme plan dans le musĂ©e. Le MusĂ©e allemand de l'horlogerie Ă  Furtwangen donne un aperçu complet de l'histoire de l'horlogerie et de l'industrie horlogĂšre. De ce premier dĂ©veloppement de la mĂ©canique de prĂ©cision, une industrie phonographique autrefois importante s'est dĂ©veloppĂ©e au XXe siĂšcle ; l'histoire de l'Ă©lectronique de loisir est ainsi prĂ©sentĂ©e au musĂ©e allemand du phonographe (en) Ă  St. Georgen. Le musĂ©e SchĂŒttesĂ€ge (en) Ă  Schiltach propose des informations et des dĂ©monstrations d'histoire vivante sur les thĂšmes de l'exploitation forestiĂšre et du flottage du bois dans la vallĂ©e de la Kinzig ainsi que du tannage. Le musĂ©e du costume de la ForĂȘt-Noire Ă  Haslach im Kinzigtal offre un aperçu des costumes traditionnels de toute la ForĂȘt-Noire et de ses rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques. Le musĂ©e Heinrich Hansjakob (en) et les archives Hansjakob se trouvent Ă©galement Ă  Haslach et contiennent de nombreuses Ɠuvres de l'Ă©crivain, prĂȘtre, homme politique, historien et chroniqueur Heinrich Hansjakob. Le MiMa (en), le musĂ©e de minĂ©ralogie et des mathĂ©matiques Ă  Oberwolfach abrite des minĂ©raux et des piĂšces miniĂšres de toute la ForĂȘt-Noire et les relie Ă  des explications mathĂ©matiques.

Chemin de fer

Le Schwarzwaldbahn (« chemin de fer de la ForĂȘt-Noire ») relie Offenbourg Ă  Singen, prĂšs du lac de Constance, en deux heures. La ligne franchit un dĂ©nivelĂ© de 670 mĂštres selon un tracĂ© qui a Ă©vitĂ© la construction de ponts. MalgrĂ© les 39 tunnels, il est possible de profiter de la variĂ©tĂ© des paysages. Le tronçon le plus intĂ©ressant se situe entre Hornberg et Sankt Georgen.

Protection environnementale

Le parc national de la ForĂȘt-Noire, crĂ©Ă© en 2014, est le premier parc national du Bade-Wurtemberg. Il couvre une superficie de 10 062 hectares et se situe sur la crĂȘte principale de la ForĂȘt-Noire septentrionale (en), entre Baiersbronn et Baden-Baden.

Deux parcs naturels portant le nom de la ForĂȘt-Noire couvrent la rĂ©gion : le parc naturel de la ForĂȘt-Noire centrale et septentrionale (Naturpark Schwarzwald Mitte/Nord) et le parc naturel de la ForĂȘt-Noire mĂ©ridionale (Naturpark SĂŒdschwarzwald). Leur objectif est de prĂ©server le paysage en tant que paysage culturel, de mieux faire connaĂźtre les produits locaux et de rendre la rĂ©gion plus adaptĂ©e au tourisme. Le parc naturel de la ForĂȘt-Noire mĂ©ridionale, d'une superficie de 394 000 ha, est le plus grand parc naturel d'Allemagne. Il comprend la partie sud de la ForĂȘt-Noire centrale, la ForĂȘt-Noire mĂ©ridionale et les zones adjacentes. Le parc naturel de la ForĂȘt-Noire Centre/Nord couvre 375 000 ha et est le deuxiĂšme plus grand parc naturel d'Allemagne. Il commence dans la partie sud de la ForĂȘt-Noire centrale, en bordure du parc naturel de la ForĂȘt-Noire mĂ©ridionale, et couvre le reste de la ForĂȘt-Noire au nord.

Il existe en outre de nombreuses réserves naturelles, zones protégées, réserves forestiÚres et réserves d'oiseaux.

RĂ©serve de biosphĂšre

Depuis juin 2017, la ForĂȘt-Noire est reconnue rĂ©serve de biosphĂšre par l'Unesco[6].

Culture

La ForĂȘt-Noire est principalement rurale, avec de nombreux villages dispersĂ©s et quelques grandes villes. La tradition et les coutumes sont cĂ©lĂ©brĂ©es dans de nombreux endroits.

La forĂȘt est surtout connue pour ses fermes typiques (en) aux toits en demi-lune, ses gĂąteaux appelĂ©s ForĂȘt-noire, son jambon de la ForĂȘt-Noire, ses gnomes, son kirsch (kirschwasser) et ses pendules Ă  coucou.

Dialecte

Le principal dialecte parlĂ© dans la rĂ©gion de la ForĂȘt-Noire est l'alĂ©manique.

Costume traditionnel

Le costume traditionnel, ou Trachten, est encore parfois portĂ© aujourd'hui, gĂ©nĂ©ralement lors d'occasions festives. L'apparence de ce costume varie d'une rĂ©gion Ă  l'autre, parfois de maniĂšre trĂšs marquĂ©e. L'un des costumes les plus connus de la ForĂȘt-Noire est celui des villages de Kirnbach, Reichenbach (en) et Gutach im Kinzigtal avec la coiffe caractĂ©ristique de Bollenhut. Les femmes cĂ©libataires portent les chapeaux avec des pompons rouges ou Bollen, les femmes mariĂ©es portent du noir. Les fiancĂ©es portent parfois une couronne de mariĂ©e (en) avant et le jour de leur mariage, appelĂ©e SchĂ€ppel, dont les plus grands exemplaires de la ville de St. Georgen pĂšsent jusqu'Ă  5 kilos.

Art

La rĂ©putation de la beautĂ© rurale ainsi que le sens de la tradition de ses habitants avaient attirĂ© de nombreux artistes dĂšs le XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcle, dont les Ɠuvres ont rendu la ForĂȘt-Noire cĂ©lĂšbre dans le monde entier. Parmi eux figurent Hans Thoma de Bernau, et son camarade d'Ă©tudes Rudolf Epp, parrainĂ© par le grand-duc de Bade, FrĂ©dĂ©ric Ier. Ces deux artistes ont utilisĂ© la ForĂȘt-Noire comme sujet tout au long de leur vie. L'artiste J. Metzler (en), de DĂŒsseldorf, voyageait Ă  travers la ForĂȘt-Noire pour peindre ses paysages. Les Ɠuvres de l'ensemble d'artistes rĂ©unis Ă  Gutach autour de Wilhelm Hasemann ont Ă©tĂ© largement admirĂ©es, leurs choix de paysage et de modĂšles capturant le caractĂšre de la ForĂȘt-Noire. Comme l'auteur local Heinrich Hansjakob, elles faisaient partie d'un mouvement de costume folklorique badois[7].

Artisanat

Dans le domaine de l'artisanat, la sculpture sur bois produit non seulement de l'art populaire comme les croix de Longinus (en), mais aussi des sculpteurs célÚbres comme Matthias Faller. La sculpture sur bois est une activité artisanale traditionnelle dans la région et les ornements sculptés sont maintenant produits en grand nombre comme souvenirs pour les touristes. Les coucous sont un exemple populaire.

Gastronomie

Le jambon de la ForĂȘt-Noire est originaire de cette rĂ©gion, tout comme le gĂąteau de la ForĂȘt-Noire, du moins de par son nom et sa rĂ©putation. Il est Ă©galement connu sous le nom de « gĂąteau aux cerises de la ForĂȘt-Noire » ou « gĂąteau de la ForĂȘt-Noire » et est fait avec du gĂąteau au chocolat, de la crĂšme, des cerises acides et du kirsch. Le flammekueche de la ForĂȘt-Noire est une spĂ©cialitĂ© badoise Ă  base de jambon, de fromage et de crĂšme. Le pfannkuche, une pĂątisserie Ă  base de crĂȘpe ou de type crĂȘpe (eierkuche ou palatschinke), est Ă©galement courant. La ForĂȘt-Noire est Ă©galement connue pour sa longue tradition en matiĂšre de cuisine gastronomique. En 2019[8], plus 25 restaurants Ă©toilĂ©s au Michelin Ă©taient situĂ©s dans la rĂ©gion, dont deux restaurants trois Ă©toiles[9] (les restaurants Bareiss et Schwarzwaldstube Ă  Baiersbronn) ainsi que le seul restaurant en Allemagne qui reçoit une Ă©toile Michelin chaque annĂ©e depuis 1966. Au Schwarzwald Hotel Adler Ă  HĂ€usern, trois gĂ©nĂ©rations de chefs de la mĂȘme famille ont dĂ©fendu cette rĂ©compense depuis la premiĂšre annĂ©e oĂč le Guide Michelin a sĂ©lectionnĂ© les restaurants en Allemagne jusqu'Ă  aujourd'hui[10].

Fastnacht/ fastnet

La fĂȘte allemande de la fastnacht, ou fasnet[11], comme on l'appelle dans la rĂ©gion de la ForĂȘt-Noire, a lieu pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant le carĂȘme. Le Fasnetmendig, ou le lundi prĂ©cĂ©dant le mercredi des Cendres, des foules de gens s'alignent dans les rues, portant des masques en bois, le plus souvent sculptĂ©s Ă  la main. L'un des styles de masques les plus connus de ce carnaval est le style de la ForĂȘt-Noire, originaire de la rĂ©gion de la ForĂȘt-Noire.

Cego

La ForĂȘt-Noire abrite un jeu de cartes inhabituel, le cego (en), qui fait partie du patrimoine culturel de la rĂ©gion. AprĂšs la dĂ©faite de l'Autriche antĂ©rieure, en 1805, une grande partie de son territoire a Ă©tĂ© attribuĂ©e au Grand-duchĂ© de Bade. Au cours des guerres napolĂ©oniennes qui ont suivi, des soldats du Bade se sont dĂ©ployĂ©s avec les troupes de NapolĂ©on en Espagne oĂč ils ont notamment appris un nouveau jeu de cartes, l'Hombre. Ils l'ont rapportĂ© Ă  Bade et l'ont adaptĂ© pour le jouer avec des cartes Ă  jouer du tarot (ou Tarock en Allemand) qui Ă©taient alors encore d'usage courant dans le Sud de l'Allemagne. Le cego Ă©tait suffisamment populaire pour devenir le jeu national du Bade et des Hohenzollern, et ce sont les seules rĂ©gions d'Allemagne oĂč l'on joue encore au tarot ou aux cartes de Tarock. Le jeu a connu une croissance organique et il existe de nombreuses variantes rĂ©gionales mais, ces derniĂšres annĂ©es, la crĂ©ation d'un championnat de ForĂȘt-Noire de cego a permis de dĂ©finir les rĂšgles officielles du tournoi. En outre, des cours rĂ©guliers et des tournois locaux sont organisĂ©s et c'est une des activitĂ©s permanentes de la Semaine alĂ©manique, qui se tient chaque annĂ©e en ForĂȘt-Noire Ă  la fin du mois de septembre[12].

Notes et références

Notes

  1. Plus prĂ©cisĂ©ment, selon une ligne, d’axe sud-nord puis ouest-est, passant prĂšs de Furtwangen par les monts Brend (en) (1 149 m) et Stöcklewald (en) (1 068 m), Sankt Georgen, entre Villingen et Schwenningen, puis dans le Jura souabe par Spaichingen, le mont Lemberg (1 015 m), Meßstetten, Bisingen et Burladingen, etc. en continuant vers l'est.
  2. Plateau sur lequel se trouve Donaueschingen.
  3. Le signe de balisage du sentier est un losange rouge foncé horizontal placé dans un fond rectangulaire blanc.

Références

  1. (de) Ekkehard Liehl et Wolf Dieter Sick, Der Schwarzwald. BeitrĂ€ge zur Landeskunde (Veröffentlichung des Alemannischen Instituts Freiburg i. Br. ; Nr. 47), BĂŒhl/Baden : Konkordia, (ISBN 3-7826-0047-9), p. 70
  2. (de) « Übersichtskarten », sur web.archive.org, (consultĂ© le )
  3. « Climat ForĂȘt-Noire », sur meteoblue (consultĂ© le )
  4. (de) « Kuckucksuhren Shop - Original Kuckucksuhren aus dem Schwarzwald », sur www.hausder1000uhren.de (consulté le )
  5. « site officiel du Vogtsbauernhof »
  6. « RĂ©serve de biosphĂšre de la ForĂȘt-Noire | Organisation des Nations Unies pour l'Ă©ducation, la science et la culture », sur www.unesco.org (consultĂ© le )
  7. (de) Brigitte Heck, Ein Hut macht Karriere., Karlsruhe, Badisches Landesmuseum Karlsruhe, (ISBN 978-3-937345-56-7), p. 256
  8. « Guide Michelin : 74 restos Ă©toilĂ©s en Alsace, ForĂȘt-Noire et dans la rĂ©gion de BĂąle », sur Rutsch, (consultĂ© le )
  9. « 1 village, 2 chefs, 6 Ă©toiles Michelin: pluie d'Ă©toiles sur la ForĂȘt-Noire », sur L'Echo, (consultĂ© le )
  10. (en-US) « Adler – HĂ€usern - a MICHELIN Guide Restaurant », sur MICHELIN Guide (consultĂ© le )
  11. « Carnaval en ForĂȘt-Noire », sur https://www.hochschwarzwald.de/fasnet (consultĂ© le )
  12. « Geheimtipp: Kartenspiel Cego - Schwarzwaldregion Freiburg », sur www.schwarzwaldregion-freiburg.de (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Cornelia Stubbe, La ForĂȘt-Noire : le dĂ©fi d'une industrie en moyenne montagne, L'Harmattan, Paris, Budapest, Kinshasa, 2005, 347 p. (ISBN 2-296-00071-1) (texte remaniĂ© d'une thĂšse)

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