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Sculpture sur bois

La sculpture sur bois est une technique que l'on pratique en retirant de la matière. Elle désigne également l’œuvre réalisée en bois.

La sculpture sur bois Ă  Sainte-Soulle *
Image illustrative de l’article Sculpture sur bois
Porte du Parlement de Bourgogne à Dijon, sculptée par Hugues Sambin en 1580.
Domaine Savoir-faire
Lieu d'inventaire Nouvelle-Aquitaine
Charente-Maritime
Sainte-Soulle
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

Bien que la pratique de la sculpture sur bois soit très ancienne (il n'en reste aucune trace, car le bois est une matière qui ne résiste pas aux outrages du temps), la sculpture en argile demeure la première technique et le premier matériau utilisé pour la sculpture[1]. La sculpture sur bois constitue un savoir-faire reconnu par l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.

Présentation


La sculpture sur bois se différencie de la sculpture sur d'autres matériaux (argile, pierre…) :

  • il faut souvent faire un assemblage Ă  plat-joint avec plusieurs planches de bois (très sec), prĂ©alablement dĂ©gauchies et rabotĂ©es. Ces bois sont assemblĂ©s diffĂ©remment selon que l'on dĂ©sire rĂ©aliser un bas-relief ou une ronde-bosse (sculpture statuaire). L'assemblage du bois est rĂ©alisĂ© de manière Ă  Ă©viter les fissures, et rĂ©traction (ou dilatation du bois, en fonction du taux d'humiditĂ© ambiante) ;
  • les finitions pour bois sont spĂ©cifiques et très variĂ©es. Elles permettent une vĂ©ritable mise en valeur du bois autant que du sujet sculptĂ©. La sculpture peut ĂŞtre teintĂ©e aux ocres naturelles, puis une application de cire d'abeille reste la technique la plus connue et la plus simple. Le vernis au tampon est long Ă  mettre en application, environ quinze jours, mais fait ressortir le veinage du bois et donne Ă  ce dernier une impression de miroir. La dorure sur bois, par application de feuilles d'or nĂ©cessite plus de quatorze opĂ©rations et donne une finition de style. Il existe beaucoup d'autres finitions : Ă  huile siccative (de Tung, d'abrasin, de lin), la cire de carnauba, la gomme-laque, le vernis copal (dit de Saint-Petersbourg)… Chacune a sa spĂ©cificitĂ© et donne Ă  l'Ĺ“uvre son message dĂ©finitif.

On reconnait plusieurs Ă©tapes de la sculpture sur bois pour un bas relief, exemple :

  • le traçage. Reproduire Ă  l'aide d'un crayon le motif sur la pièce de bois. Selon la dimension du sujet on peut utiliser une craie ;
  • le dĂ©fonçage, permet de retirer le plus possible de bois autour du motif Ă  l'aide de gouges creuses, dans le fil du bois, en conservant une surcote de matière. Il peut ĂŞtre rĂ©alisĂ© Ă  la dĂ©fonceuse ;
  • la dĂ©coupe, dĂ©bute en gras avec une frappe inclinĂ©e lĂ©gèrement vers l'extĂ©rieur du dessin pour ne pas rentrer dans la sculpture, puis l'outil se redresse en rĂ©alisant le fond levĂ© (partie sur laquelle semble reposer la pièce). La finition de la dĂ©coupe doit ĂŞtre franche et nette sans marquer les fonds, elle est rĂ©alisĂ©e au fermoir ;
  • l'Ă©pannelage consiste Ă  descendre les hauteurs par des plans successifs avec les gouges mĂ©plates et le burin. Suivi du tracĂ© d'Ă©pannelage pour repositionner le motif prĂ©cisĂ©ment sur la pièce de bois ;
  • l'Ă©bauche ou le modelĂ©, est la recherche et la rĂ©alisation de la forme dĂ©finitive. Cette Ă©tape consiste Ă  galber les volumes et faire les dĂ©tails du motif ;
  • la finition pour Ă©liminer quelques coups d'outils trop apparents, et jouer avec les ombres et la lumière en accentuant les creux… Exemple : rĂ©aliser les crans dans les feuilles et donner sur celles-ci des coups de brettĂ©e ou de burin.

Une fois la sculpture achevée, elle doit toujours être protégée à l'aide de produits de finition (vernis, cire, huile…).

Éléments historiques

Vierge en majesté, XIIIe siècle.

Depuis l'Antiquité gréco-romaine, la place du bois dans la hiérarchie des matériaux utilisés dans le travail de la sculpture est inférieure à celle des matières « nobles » que sont le bronze et le marbre. Les statues en bois antiques et médiévales sont généralement recouvertes d'une polychromie[2] parfois assez riche, mais se révèlent fragiles, d'où leur problème de conservation. « Si le corpus de la sculpture médiévale en bois est aujourd'hui aussi lacunaire, les destructions iconoclastes de la Réforme en sont une des causes premières, sans qu'il faille par ailleurs négliger les pertes intervenues lors de la Contre-Réforme, lorsque de nombreuses statues furent « cachées », ensevelies ou simplement détruites. Mais le matériau même de ces œuvres a considérablement desservi leur conservation, et pour plusieurs raisons : sa vulnérabilité, sa « mobilité », mais aussi le caractère populaire, « bon marché »[3]. »

Les outils du sculpteur sur bois

Les sculpteurs ont de nombreux outils, ils acquièrent et se fabriquent ceux-ci au-fur et à mesure, selon leur projet et leur évolution technique.

Outils traditionnels

Sculpture ornemaniste sur une colonne de lutrin.
Travail avec une gouge coudée pour accéder aux zones concaves.
Travail avec une gouge contre-coudée pour accéder aux zones convexes.
Gouges de sculpture. De gauche à droite : Gouge contre-coudée - Gouge cuiller - Gouge standard - Gouge méplate - Gouge à bretter - Fermoir.

Outils de maintien

  • L'Ă©tabli est gĂ©nĂ©ralement en hĂŞtre, ce bois absorbant les vibrations de manière optimale. Il peut contenir une presse allemande. Sa hauteur idĂ©ale de travail est au niveau du coude, debout face Ă  l'Ă©tabli.
  • L'Ă©tau Ă  chariot a les mors garnis de liège, de cuir ou de feutre.
  • Les serre-joints.
  • La vis anglaise ou queue-de-cochon.

Les outils d'entretien

  • La meule en grès Ă  eau, sert au dĂ©grossissage et Ă  l'affĂ»tage des biseaux extĂ©rieurs des gouges creuses, et les intĂ©rieurs des gouges assez ouvertes.
  • Les pierres Ă  morfiler servent Ă  Ă´ter le morfil laissĂ© par la meule Ă  eau. La pierre d'Arkansas et la pierre du Levant (Turquie) sont naturelles.
  • Le stap ou cuir sert Ă  donner un tranchant plus vif aux outils.

Les outils Ă  tracer

  • Les compas, droit, d'Ă©paisseur et de profondeur.
  • Le trusquin est un outil ingĂ©nieux qui permet de tracer des parallèles au cĂ´tĂ© de la pièce dĂ©jĂ  dressĂ© (exemple : la hauteur du fond levĂ© d'un bas relief). Il est Ă©quipĂ© d'une roue, ou d'une pointe, qui marque le bois.
  • L'Ă©querre et la fausse Ă©querre.

Les outils Ă  frapper

  • Le maillet est rond ou carrĂ© en bois dur pour l'Ă©bauche.
  • la massette est ronde ou carrĂ©e en acier ou alliage de zinc, pour le dĂ©fonçage, l'Ă©bauche et la dĂ©coupe.

Les gouges

  • Fermoirs et nĂ©rons ont leurs biseaux identiques, le fermoir permet la dĂ©coupe du motif d'un bas-relief par la frappe et de parfaire le fond, le nĂ©ron est utilisĂ© pour dĂ©gager les angles.
  • Les gouges droites plates et mĂ©plates Ă©vitent de retirer trop de matière Ă  la fois lorsque l'on est proche du modelĂ© de la sculpture finale.
  • Les gouges droites creuses ont de très nombreuses fonctions dont celles d'Ă©vider la matière principalement.
  • Les gouges spatules ou queues de poissons, sont droites et Ă©troites et s'Ă©vasent vers l'extrĂ©mitĂ© (tranchant).
  • Les gouges Ă  bretter sont très creuses et ont les cĂ´tĂ©s remontants. Elles sont très polyvalentes.
  • Les gouges coudĂ©es permettent de travailler dans les zones concaves (creuses).
  • Les gouges contre-coudĂ©es permettent de travailler dans les zones convexes.
  • Les gouges cuillère (ou cuiller) permettent de travailler dans les zones concaves tout en restant dans le sens du fil du bois.
  • Les burins droits servent Ă  dessiner, Ă  graver, Ă  former certains motifs (grains d'Ă©pis de blĂ© par exemple).
  • Les burins cuiller ou coudĂ©s ont la mĂŞme fonction que les burins droits mais permettent d'accĂ©der aux zones convexes afin de travailler dans le sens du fil du bois.

Les outils de finition

  • Les rifloirs sont de petites râpes qui permettent de finir certaines formes ou de donner un rendu particulier Ă  certains dĂ©tails minutieux. Ils sont utilisĂ©s surtout pour la ronde-bosse.
  • Les racloirs sont des lames d'acier aux arĂŞtes vives, emmanchĂ©es dans un bois peu Ă©pais et maintenues par une virole de cuir, afin d'abattre les aspĂ©ritĂ©s laissĂ©es par la gouge. Ils sont utilisĂ©s de prĂ©fĂ©rence dans le sens du fil. Et sont principalement utilisĂ©s dans l'industrie du meuble (une sculpture ornementale traditionnelle se finit Ă  l'outil). Ils possèdent des formes variĂ©es en fonction des zones Ă  travailler. L'affiloir est l'outil qui permet d'affĂ»ter les racloirs.
  • Les râpes, limes et papier de verre.

Les outils Ă  estamper

Utilisés en frappe, les principaux sont :

  • les sabloirs donnent un aspect granitĂ© au fond ;
  • les perloirs donnent l'arrondi des perles dĂ©jĂ  Ă©bauchĂ©es ;
  • le poche-Ĺ“il sert Ă  former l'Ĺ“il des feuillages.

Les outils Ă  fonds et moulures

  • Les guimbardes sont des rabots avec des fers amovibles et interchangeables (plus ou moins larges, appelĂ©s « fer Ă  bouvet ») qui permettent de rĂ©aliser les fonds entre les motifs en se posant sur les parties qui resteront saillantes. La surface d'appuis est donc large, la lame est au centre et on tire Ă  soi l'outil. Cet outil est quasiment remplacĂ© par la dĂ©fonceuse, bien plus productive.
  • Le tarabiscot est l'ancĂŞtre (manuel) de la dĂ©fonceuse. Il permet la rĂ©alisation de moulures « faites main ». Il fait encore mouche de nos jours de par la qualitĂ© de cet outil et le plaisir qu'il procure Ă  son utilisateur.
  • Les wastringues, ou raclettes, sont des outils polyvalents qui servent Ă  racler, façonner les zones courbes ou galbĂ©es. Elles servent Ă©galement Ă  chanfreiner, arrondir ou aplanir le bois selon la forme de la lame de l'outil. Elles permettent une très grande prĂ©cision de finition mĂŞme sur les bois les plus difficiles grâce Ă  l'affĂ»tage Ă  angle faible de la lame (20-25°).

Outils contemporains

De nos jours, surtout depuis l'invention de l'électricité et la mécanisation, de nouvelles machines sont apparues dans le domaine de la sculpture. Certains de ces outils sont très intéressants et apportent une véritable valeur ajoutée au travail de sculpture, mais en revanche, d'autres sont plus fantaisistes et font du tort à la sculpture lorsqu'elles ne sont utilisées qu'à des fins de productivité accrues (machines à reproduire).

Sculpture sur bois à la tronçonneuse en cours

Parmi les outils remarquables, qui ont contribué à faire évoluer positivement la sculpture sur bois en n'enlevant rien à la valeur artistique des œuvres réalisées, il existe :

  • le touret sert Ă  affĂ»ter les ciseaux et autres outils de sculpture nĂ©cessitant un tranchant parfait. Le système « Koch » est le mieux placĂ© pour effectuer des affĂ»tages parfaits sans risques de dĂ©trempages et sans avoir Ă  rĂ©aliser le dĂ©morfilage pour les outils plats ou faiblement cintrĂ©s. Pour les burins et les cintres importants, le dĂ©morfilage sur feutre reste la seule façon d'obtenir un tranchant adĂ©quat ;
  • la meule en grès Ă  eau, Ă©lectrique, elle prĂ©serve la durĂ©e de vie des gouges car l'affĂ»tage se fait principalement Ă  la pierre Ă  morfiler ;
  • la meule en plomb possède des disques de plomb de formes variĂ©es trempant dans une « potĂ©e », mĂ©lange d'Ă©meri et d'huile ;
  • la dĂ©fonceuse portative, outil très polyvalent qui permet de moulurer et rainurer. Elle permet aussi de rĂ©aliser en partie l'Ă©pannelage des bas-reliefs Ă  condition de garder une surcote Ă  finir Ă  la gouge. Cette machine permet de rĂ©aliser aussi les tenons et mortaises, le calibrage de certaines pièces Ă  l'aide d'un gabarit en contreplaquĂ© ;
  • la scie Ă  ruban permet de dĂ©ligner les plateaux de bois brut, c'est-Ă -dire d'en tirer l'aubier. Elle permet aussi de chantourner certaines pièces pour lesquelles une forme extĂ©rieure particulière est nĂ©cessaire. Elle sert Ă©galement Ă  rĂ©aliser la partie menuiserie des artisans sculpteurs ;
  • la rabot dĂ©gauchisseuse est une machine très puissante qui permet de dĂ©gauchir des pièces de bois brut, de mettre Ă  l'Ă©querre les chants de ces mĂŞmes bois, et de prĂ©parer les pièces de bois nĂ©cessaires Ă  la crĂ©ation de panneaux (principalement pour les bas et hauts-reliefs), de carrelets (pour la crĂ©ation de ronde bosse), de colonnes, de poutres, de linteaux… ;
  • les machines Ă  transmission flexible peuvent aider en sculpture mais leur efficacitĂ© est discutĂ©e. Les modèles actuels se sont largement amĂ©liorĂ©s avec, d'une part, l'apparition d'outils au carbure et diamantĂ©s permettant d'apprĂ©hender les bois durs (et mĂŞme la pierre), et d'autre part des vitesses de rotation variables. Toutefois les outils tel que les râpes Ă  picots au carbure permettent d'obtenir un rendu intĂ©ressant au niveau des « textures » dans certaines sculptures, surtout en ronde bosse et dans la sculpture animalière hyperrĂ©aliste ;
  • les disques Ă  sculpter servent Ă  Ă©baucher des sculptures statuaires gĂ©nĂ©ralement monumentales. Il s'agit de disques que l'on monte sur une Ă©barbeuse et qui contiennent deux ou trois pastilles tranchantes en carbure. Grâce Ă  une vitesse de rotation Ă©levĂ©e, ces disques sont redoutablement efficaces dans l'effort de coupe des bois massifs tendres ou durs ;
  • la tronçonneuse sert Ă  dĂ©grossir une ronde-bosse. Certains sculpteurs finalisent leurs Ĺ“uvres avec.

Références

  1. Frédéric Clarac, Alfred Maury, Musée de sculpture antique et moderne, ou Description historique et graphique du Louvre et de toutes ses parties, 1841, p. 38.
  2. Le recouvrement par de la peinture polychrome s'appelle l'estoffage (application de la polychromie sur enduit) et est confiée à l'enlumineur qui « estoffe » une statue.
  3. Laurent Golay, Pierre Dubuis, Stefania Gentile, Les sculptures médiévales, Payot, , p. 13.

Voir aussi

Bibliographie

  • Nouveau manuel complet de la sculpture sur bois - par M. S. Lacombe (1868) - Bibliothèque nationale de France, dĂ©partement Collections numĂ©risĂ©es. Domaine public
  • Sculptures sur bois - Techniques Traditionnelles et Modernes, Gilles Perrault, 1991 ; Éditions Vial. (ISBN 978-2-85101-016-2)

Articles connexes

Liens externes

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