AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Cabinet de curiosités

Les cabinets de curiositĂ©s[1] sont des piĂšces, ou parfois des meubles, oĂč sont entreposĂ©es et exposĂ©es des « choses rares, nouvelles, singuliĂšres », pour reprendre la dĂ©finition du LittrĂ© : on y trouve un mĂ©lange hĂ©tĂ©roclite comprenant :

  • artificialia
    • objets crĂ©Ă©s par l'homme : objets archĂ©ologiques, antiquitĂ©s, mĂ©dailles, Ɠuvres d'art, armes, objets de vitrine (boĂźtes, tabatiĂšres, petits flacons)
    • modifiĂ©s : objets d’art, tels les peintures sur pierre, piĂšces en pierres fines ou prĂ©cieuses (camĂ©es, intailles), en cristal de roche, ivoire, ambre, nautiles montĂ©s en hanap, Ɠufs d’autruche, etc.
  • exotica (plantes, animaux exotiques, objets ethnographiques)
Frontispice de Musei Wormiani Historia (1655) montrant l'intérieur du cabinet de curiosités de Worm.
Cabinet d'un particulier, Frans II Francken, 1625, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Le Cabinet de curiosités par Domenico Remps (1690) - Florence.

L’une de leurs fonctions Ă©tait de faire dĂ©couvrir le monde, y compris lointain (dans le temps et l’espace), de mieux le comprendre, ou de confirmer des croyances de l'Ă©poque (on pouvait y voir des restes d'animaux mythiques, des cornes de licorne, l’Agneau tartare, mi-animal, mi-vĂ©gĂ©tal, ou des racines de Baara[2]).

L'édition de catalogues qui en faisaient l'inventaire souvent illustré, permettait d'en diffuser le contenu auprÚs des savants européens[3].

Histoire

Naissance

Les cabinets de curiositĂ©s marquĂšrent une Ă©tape vers une apprĂ©hension plus scientifique du monde. Apparus Ă  la Renaissance en Europe (studiolo en italien, Wunderkammer en allemand), leurs collections, souvent ouvertes Ă  la visite, formĂšrent par la suite le noyau des musĂ©es, musĂ©ums et jardins botaniques qui les remplacĂšrent peu Ă  peu. Ainsi, l’Ashmolean Museum d’Oxford ouvrit en 1683, prĂ©sentant les collections des cabinets des Tradescant, pĂšre et fils, et celles d’Elias Ashmole. Celui-ci Ă©tablit clairement le lien entre les collections de spĂ©cimens et la connaissance scientifique : « Parce que la connaissance de la Nature est trĂšs nĂ©cessaire Ă  la vie humaine, Ă  la santĂ© et aux conditions qui la permettent, et parce que cette connaissance ne se peut si bien trouver et ne peut ĂȘtre si utilement atteinte sans connaĂźtre et approfondir l’histoire naturelle ; et qu’à cette fin il est indispensable d’examiner des spĂ©cimens, en particulier ceux qui sont d’une constitution extraordinaire, ou utiles en mĂ©decine, ou qui peuvent ĂȘtre mis au service de l’industrie ou du commerce : moi, Elias Ashmole, par passion pour cette branche du Savoir pour laquelle j’ai Ă©prouvĂ© le plus vif plaisir, ce qui reste encore vrai aujourd’hui ; cause pour laquelle j’ai aussi amassĂ© une grande variĂ©tĂ© de corps composĂ©s et de corps simples, et en ai fait don Ă  l’universitĂ© d’Oxford [
] » (Statutes Orders & Rules, for the Ashmolean Museum, in the University of Oxford)[alpha 2]

De mĂȘme, Ă  Londres, la Royal Society (fondĂ©e en 1660) avait commencĂ© Ă  se constituer une collection en achetant le cabinet de « raretĂ©s naturelles » de Robert Hubert. C’est en 1669 qu’elle prit la dĂ©cision de complĂ©ter ses collections de maniĂšre plus systĂ©matique en commençant Ă  rĂ©unir un herbier exhaustif des Ăźles britanniques. Au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, le prince Ă©lecteur de Saxe FrĂ©dĂ©ric Auguste I, dit Auguste le Fort, transforma les salles de son trĂ©sor, le GrĂŒnes Gewölbe, en musĂ©e public. Enfin, alors que le jardin botanique de Pise existait dĂ©jĂ  depuis 1544, il fut imitĂ© Ă  la fin du siĂšcle, puis au dĂ©but du suivant, au jardin botanique de l'universitĂ© de Strasbourg, au jardin des plantes de Montpellier, puis au jardin royal des plantes mĂ©dicinales de Paris.

Cabinets de curiosités célÚbres

Ces cabinets pouvaient ĂȘtre prestigieux.

  • C'Ă©tait le cas des studioli italiens des d’Este (le Studiolo de Belfiore date de 1447), ceux des Montefeltro vers la fin du siĂšcle, des MĂ©dicis au siĂšcle suivant, sans oublier ceux des familles Gonzague, Farnese, ou Sforza.
  • Le Cabinet d’art et de merveilles ("Kunst- und Wunderkammer") de Archiduc Ferdinand II. (Tyrol) (1529-1595) dans le chĂąteau d’Ambras, Innsbruck en Autriche. Un des plus riches et cĂ©lĂšbres et la seule Kunstkammer de la Renaissance qui s’y trouve toujours au bĂątiment original[4] - [5]. Le chĂąteau d’Ambras est par consĂ©quent le plus ancien musĂ©e du monde.
  • FrĂ©dĂ©ric III (1452-1486) et son fils Maximilien Ier (1459-1519) avaient le leur[6]. En effet des Schatzkammern (trĂ©sors mĂ©diĂ©vaux) et pas encore de Kunstkammern (Cabinets de curiositĂ©s de la Renaissance et du baroque).
  • En France, Charles V (1337-1380) fut collectionneur, le duc Jean Ier de Berry (1340-1416) fut amateur d'Ɠuvres d'art et bibliophile.
  • François Ier (1494-1547) eut un cabinet Ă  Fontainebleau. Il fit d’AndrĂ© Thevet son cosmographe. Celui-ci, en rentrant du BrĂ©sil, Ă©crivit Les SingularitĂ©s de la France Antarctique (1557) comportant une description de diffĂ©rentes plantes et plus de quarante gravures (flore, faune, rituels des Tupinamba). Henri IV (1553-1610) eut un cabinet des singularitĂ©s au palais des Tuileries, et un autre Ă  Fontainebleau. Jean Mocquet lui rapporta notamment de ses voyages de nombreuses plantes exotiques qui, si elles avaient rĂ©sistĂ© au voyage, Ă©taient replantĂ©es dans le jardin du Louvre. Il introduisit en France le goĂ»t de la botanique exotique.
  • De Gaston d’OrlĂ©ans (1608-1660), frĂšre de Louis XIII, BonnaffĂ© nota que « RelĂ©guĂ© Ă  Blois, le Duc 
 forma dans ses jardins un musĂ©e de plantes vivaces indigĂšnes et exotiques. Le tout fut lĂ©guĂ© Ă  Louis XIV, et rĂ©parti plus tard entre le Louvre et le Jardin du roi[7] ». On connaĂźt prĂ©cisĂ©ment les plantes qu’il cultivait et l’évolution de son jardin grĂące aux catalogues[8] rĂ©digĂ©s par ses botanistes Abel Brunier, puis Robert Morison. En outre, Gaston d’OrlĂ©ans fit venir des peintres de fleurs Ă  Blois. Daniel Rabel pourrait ĂȘtre le premier d’entre eux, en 1631 et 1632. Le plus cĂ©lĂšbre, qui fut ensuite peintre en miniature de Louis XIV, est Nicolas Robert. Rabel et Robert ont notamment laissĂ© des peintures de tulipes, en pleine pĂ©riode de tulipomanie.
Les intailles, camĂ©es, mĂ©dailles (et sculptures antiques ?) du cabinet de Gaston d’OrlĂ©ans sont aujourd’hui au dĂ©partement des Monnaies, MĂ©dailles et Antiques de la BibliothĂšque nationale de France) ; les livres Ă  la BibliothĂšque nationale ; et les vĂ©lins de Nicolas Robert dans la collection des vĂ©lins du roi au MusĂ©um national d'histoire naturelle.
  • On possĂšde une description prĂ©cise du contenu du cabinet de Louis-Pierre-Maximilien de BĂ©thune, duc de Sully (1685-1761)[9].
  • La passion des plantes exotiques se prolongea jusqu’au dĂ©but du XIXe siĂšcle avec JosĂ©phine de Beauharnais (1763-1814), qui fit de la Petite Malmaison un jardin d'acclimatation comprenant une grande serre chaude. Elle apporta Ă©galement son soutien actif aux peintres de plantes et d’animaux. Pierre-Joseph RedoutĂ© fut son peintre officiel, aprĂšs avoir Ă©tĂ© celui de Marie-Antoinette.
  • Il n’y eut pas de collectionneurs de rang aussi Ă©minent au Royaume-Uni. NĂ©anmoins, le baronnet Hans Sloane (1660-1753), naturaliste, racheta de nombreux cabinets privĂ©s et constitua une riche collection de plantes qui fut mise Ă  la disposition de John Ray avant d’ĂȘtre offerte Ă  la nation afin d’ĂȘtre prĂ©sentĂ©e au public (British Museum, 1759, puis MusĂ©e d'histoire naturelle de Londres, 1881).

Edmond BonnaffĂ© note que « En effet, Ă  cĂŽtĂ© des grandes seigneurs de Paris et des villes principales, adorateurs exclusifs du grand art, se formait une armĂ©e d'hommes modestes et clairvoyants qui recueillaient, petit Ă  petit, les miettes de la curiositĂ©. C'Ă©taient des mĂ©decins, des chanoines, des apothicaires
[10] » Sans abandonner tout projet d’éblouir le public par le faste des Ɠuvres d’art prĂ©sentĂ©es ou de l’étonner par la prĂ©sentation d’objets insolites, voire monstrueux, les propriĂ©taires aux moyens plus modestes constituĂšrent bien souvent des cabinets d’histoire naturelle qui eurent souvent une influence scientifique, en partie grĂące Ă  la publication de leurs catalogues illustrĂ©s.

Parmi les cabinets contenant des « miettes de curiosités », on peut mentionner :

Mais un autre dira le merveilleux ouvrage
Lequel tu as receu d’Apollon en partage.
Ce grand livre oĂč tu fais Ă  ton divin Ogard
Les faitz de la Nature imiter par son art.
Ou au plus pres du vif il te peint cinq cens plantes,
Que dans ton Bel-esbat nees tu luy presentes.

Michel Tiraqueau possédait donc un herbier peint de 500 plantes[11].
  • Bernard Palissy possĂ©da un cabinet qu’il mentionne dans sa dĂ©dicace au « Sire Anthoine de Ponts » au dĂ©but de Discours admirables de la nature des eaux et fontaines 
 (1580)[alpha 4] : il l’avait constituĂ© afin de rĂ©unir des preuves des faits qu’il dĂ©fendait au sujet notamment des fossiles, qui Ă©taient, selon lui, des dĂ©bris d’animaux. On peut noter aussi qu’il oppose son approche en contact direct avec la rĂ©alitĂ© Ă©tudiĂ©e Ă  celle des « philosophes » reconnus qui trouvaient leur science dans des livres Ă©crits en latin.
  • Paul Contant. (1562-1629) possĂ©dait un jardin botanique avec un cabinet d’histoire naturelle. En 1609, il publia un poĂšme intitulĂ© Le Jardin, et Cabinet poĂ©tique. Il y Ă©voque les plantes qu’il cultive, les plus prisĂ©es par les collectionneurs, et chante leurs avantages. En outre, il chante plusieurs animaux qu'il collectionne aussi. Le poĂšme est accompagnĂ© de gravures et d’un index. Contant possĂšde en outre de riches herbiers de plantes exotiques.
  • Le mĂ©decin suisse FĂ©lix Platter (1536-1614) avait un cabinet d'histoire naturelle, un herbier (en partie conservĂ© Ă  l'UniversitĂ© de Berne) et une collection d'instruments de musique. C'est probablement par l'intermĂ©diaire de Guillaume Rondelet (1507-66) dont il suivit les cours Ă  Montpellier qu'il apprit la technique de sĂ©chage des plantes mise au point en Italie par le mĂ©decin et botaniste Luca Ghini (1490-1556).
  • Le Danois Ole Worm (1588-1654) possĂ©da un cabinet d’histoire naturelle comportant Ă©galement des piĂšces ethnographiques. Un inventaire (Museum Wormianum) illustrĂ© de gravures fut publiĂ© en 1655. Il utilisa ses collections comme point de dĂ©part pour ses explorations en philosophie naturelle. Il en eut Ă©galement une approche empirique qui le conduisit Ă  nier l’existence des licornes et Ă  Ă©tablir que leurs cornes devaient ĂȘtre attribuĂ©es aux narvals, mĂȘme si, sur d’autres points, il a continuĂ© Ă  croire Ă  des faits dont l’inexactitude a fini par ĂȘtre prouvĂ©e. AprĂšs sa mort ses collections furent intĂ©grĂ©es Ă  celles de FrĂ©dĂ©ric III, roi du Danemark.
  • Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) possĂ©dait un cabinet et un jardin d’acclimatation Ă  Aix-en-Provence. On en possĂšde encore deux inventaires, et plusieurs dessins d’objets d’art.
  • Athanasius Kircher (1602-1680) constitua le musĂ©e Kircher crĂ©Ă© en 1651 aprĂšs le don d’un cabinet de curiositĂ©s. Le musĂ©e a disparu, mais il reste deux catalogues illustrĂ©s.
  • Le pĂšre Claude Du Molinet (1620-1687) fut responsable de la bibliothĂšque de l’abbaye Sainte-GeneviĂšve de Paris Ă  partir de 1662, dans laquelle il crĂ©a un cabinet. Collectionneur de mĂ©dailles, il constitua un cabinet divisĂ© en deux parties: l'Histoire ancienne, regroupant les objets des civilisations grecques, romaines ou Ă©gyptiennes, et l'Histoire naturelle, oĂč il rassembla les vestiges des animaux les plus Ă©tranges[12].
  • Georg Everhard Rumphius (1627-1702) eut un cabinet dont le catalogue illustrĂ© (D'Amboinsche Rariteitkamer) parut en 1705.
  • RenĂ©-Antoine Ferchault de RĂ©aumur (1683-1757) assembla le plus grand cabinet de France, surtout consacrĂ© aux espĂšces animales, en particulier Ă  l’ornithologie. À la mort de RĂ©aumur, Buffon rĂ©ussit Ă  obtenir ses collections et Ă  les intĂ©grer dans le cabinet du roi.
  • Le cabinet de curiositĂ©s de Joseph Bonnier de La Mosson (1702-1744), dans l'hĂŽtel du Lude, au 58 rue Saint-Dominique, Ă  Paris, Ă©tait exemplaire en ce qu’il Ă©tait trĂšs structurĂ©. Les diffĂ©rentes parties du cabinet s'intĂ©ressaient chacune Ă  un domaine particulier: l'anatomie, la chimie, la pharmacie, les drogues, la mĂ©canique, les mathĂ©matiques ou encore les outils propres Ă  diffĂ©rents arts et mĂ©tiers. Enfin, il comprenait 3 cabinets d'Histoire Naturelle[13]. Par ailleurs, on pouvait y voir un coquillier, meuble servant Ă  ranger et prĂ©senter des coquilles (de mollusques). Une partie des armoires se trouve aujourd’hui Ă  la mĂ©diathĂšque du Museum[14].
  • Vers 1760, James Darcy Lever (1728-1788) commença Ă  amasser une immense collection. Il acheta le cabinet de Johann Reinhold Forster (1729-1798) quand celui-ci, privĂ© du soutien du gouvernement, fut ruinĂ©. En 1774, il ouvrit musĂ©e Ă  Londres, mais fut Ă  son tour ruinĂ© et ses collections dispersĂ©es dans l’indiffĂ©rence du gouvernement. À la mĂȘme Ă©poque, Joseph Banks (1743-1820) dĂ©veloppait aux Jardins botaniques royaux de Kew la culture des plantes indigĂšnes et exotiques utiles au progrĂšs Ă©conomique.
  • Le mĂ©decin et naturaliste alsacien Jean Hermann (1738-1800) crĂ©a Ă  partir de 1768, Ă  Strasbourg, un cabinet d'histoire naturelle riche d'un grand nombre d’animaux naturalisĂ©s et de plantes sĂ©chĂ©es. Ses collections et sa bibliothĂšque, riche de 20 000 volumes, sont Ă  l'origine du MusĂ©e de minĂ©ralogie de Strasbourg et du MusĂ©e zoologique de la ville de Strasbourg, oĂč son cabinet d'histoire naturelle a Ă©tĂ© recrĂ©Ă©. Hermann dirigeait en outre le jardin botanique.
  • La curiositĂ© est en essor constant durant le XVIIe siĂšcle, et son commerce atteint son apogĂ©e dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, 42 catalogues de cabinets Ă©tant imprimĂ©s par an. NĂ©anmoins, la curiositĂ© est Ă©touffĂ©e par la rĂ©volution française. En effet, elle existait principalement Ă  travers de riches cabinets, dont les propriĂ©taires ont fui la France. La curiositĂ© s'Ă©tait dĂ©jĂ  repliĂ© autour de Port-Royal, quartier apprĂ©ciĂ© des brocanteurs, mais ne subsiste dĂ©sormais qu'en marge de la capitale, chez les grandes fortunes de la Restauration. Elle ne reprendra son essor qu'au milieu du siĂšcle suivant, mais avec beaucoup moins d'aplomb[15].
  • Le premier museum de Cherbourg, ouvert en 1832 et devenu plus tard MusĂ©um Emmanuel-Liais, fut conçu autour des collections du cabinet d’un savant local, enrichies d’objets lĂ©guĂ©s par les grandes familles locales, et des collections de savants normands ou ayant des attaches normandes rĂ©unis au sein de la SociĂ©tĂ© nationale des sciences naturelles et mathĂ©matiques de Cherbourg tels que Louis CorbiĂšre et Emmanuel Liais. Liais avait dans sa propriĂ©tĂ© un jardin botanique (fondĂ© en 1878).
  • Aux XXe et XXIe siĂšcles, un intĂ©rĂȘt nouveau se manifeste pour les cabinets de curiositĂ©s, de la part d’artistes comme AndrĂ© Breton[16] ou Christophe Conan (Nature vivante)[17]: « Animaux des abysses » est exposĂ© au musĂ©e de Vernon. Des expositions sont organisĂ©es dans l’ancien cabinet du chĂąteau de La Roche-Guyon et dans les salles du chĂąteau d’Oiron.

Évolution

Les cabinets de curiositĂ©s apparus au XVIe siĂšcle Ă©voluent pour devenir, au XVIIIe siĂšcle, des « cabinets d’histoire naturelle » ; ces derniers sont considĂ©rĂ©s comme les ancĂȘtres des musĂ©es d'histoire naturelle modernes[18]. Le cabinet de curiositĂ©s prĂ©sente dans le dĂ©sordre des piĂšces des rĂšgnes animal, vĂ©gĂ©tal et minĂ©ral ; l'objectif est de montrer la diversitĂ© du monde. Dans le cabinet d'histoire naturelle, en revanche, les collections sont structurĂ©es, et suivent une classification scientifique ; elles se spĂ©cialisent aussi ; apparaissent ainsi par exemple des collections de fossiles, d'oĂč sont exclus les spĂ©cimens d'espĂšces de la pĂ©riode historique[18]. Cette Ă©volution est en rapport avec les progrĂšs de la science. Les notions de genre et d'espĂšce sont mieux dĂ©finies par Carl von LinnĂ©, l'histoire de la Terre et des fossiles fait l'objet de tentatives d'explication rationnelles[18].

Critique des cabinets de curiosités

L'un des premiers critiques fut l’épigrammiste nĂ©erlandais Roemer Visscher qui nota au-dessus d'une gravure (la quatriĂšme de l'ouvrage) reprĂ©sentant des coquilles qu'« Il est Ă©trange de voir pour quelles choses un fou dĂ©pense son argent[19]. »

Descartes

Dans RĂšgles pour la direction de l’esprit (1628), parlant des Ă©coles, dont l’enseignement est mal conçu, Descartes Ă©nonce la rĂšgle IV :

« Les hommes sont poussĂ©s par une curiositĂ© si aveugle, que souvent ils dirigent leur esprit dans des voies inconnues, sans aucun espoir fondĂ©, mais seulement pour essayer si ce qu’ils cherchent n’y serait pas ; Ă  peu prĂšs comme celui qui, dans l’ardeur insensĂ©e de dĂ©couvrir un trĂ©sor, parcourrait perpĂ©tuellement tous les lieux pour voir si quelque voyageur n’y en a pas laissĂ© un
 »

Il en dĂ©duit la nĂ©cessitĂ© d’une mĂ©thode.

La BruyĂšre

Jean de La BruyĂšre consacre le chapitre ‘De la mode’ dans ses CaractĂšres (1688) aux amateurs de curiositĂ©s (amateurs de fleurs qui se pĂąment devant une tulipe, propriĂ©taires de cabinets de curiositĂ©s : il prĂ©sente la curiositĂ© comme une mode et une passion dĂ©vorante, ridicule et vaine, et conclut : « Que deviendront ces modes quand le temps mĂȘme aura disparu ? La vertu seule, si peu Ă  la mode, va au-delĂ  des temps. »

FuretiĂšre

Dans son Dictionnaire Universel de 1690, Antoine FuretiĂšre oppose les curieux et les savants :

« CURIEUX
 se dit en bonne part de celui qui a le dĂ©sir d’apprendre, de voir les bonnes choses, les merveilles de l’art et de la nature. 
 ‘Curieux’, se dit aussi de celui qui amasse des choses rares, singuliĂšres, excellentes, ou qu'il regarde comme telles ; car tous les curieux ne sont pas connaisseurs
 »

Il laisse entendre que les curieux pratiquent un amalgame entre sciences réelles et fausses sciences :

« On appelle les Sciences curieuses celles qui sont connues de peu de personnes, qui ont des secrets particuliers, comme la Chimie, une partie de l’optique qui fait voir des choses extraordinaires avec des miroirs et des lunettes ; & plusieurs vaines sciences oĂč l’on pense voir l’avenir, comme l’Astrologie Judiciaire, la Chiromance, la GĂ©omance, et mĂȘme on y joint la Cabale, la Magie, &c. »

Buffon

Dans L’Histoire naturelle, premier discours, ‘ThĂ©orie de la terre’, 1749, Buffon souligne l’intĂ©rĂȘt qu’il y a Ă  rĂ©unir des collections d’objets, mais souligne la nĂ©cessitĂ© d’échapper Ă  l’étonnement et de s’élever du particulier au gĂ©nĂ©ral :

« 
 il y a une espĂšce de force de gĂ©nie & de courage d’esprit Ă  pouvoir envisager, sans s’étonner, la Nature dans la multitude innombrable de ses productions, & Ă  se croire capable de les comprendre & de les comparer ; il y a une espĂšce de goĂ»t Ă  les aimer, plus grand que le goĂ»t qui n’a pour but que des objets particuliers ; & l’on peut dire que l’amour de l’étude de la Nature suppose dans l’esprit deux qualitĂ©s qui paroissent opposĂ©es, les grandes vĂ»es d’un gĂ©nie ardent qui embrasse tout d’un coup d’Ɠil, & les petites attentions d’un instinct laborieux qui ne s’attache qu’à un seul point. »

« Le premier obstacle qui se prĂ©sente dans l’étude de l’Histoire Naturelle, vient de cette grande multitude d’objets ; mais la variĂ©tĂ© de ces mĂȘmes objets, & la difficultĂ© de rassembler les productions des diffĂ©rens climats, forment un autre obstacle Ă  l’avancement de nos connoissances, qui paroĂźt invincible, & qu’en effet le travail seul ne peut surmonter ; ce n’est qu’à force de temps, de soins, de dĂ©penses, & souvent par des hasards heureux, qu’on peut se procurer des individus bien conservez de chaque espĂšce d’animaux, de plantes ou de minĂ©raux, & former une collection bien rangĂ©e de tous les ouvrages de la Nature. (p. 4-5) »

« Mais lorsqu’on est parvenu Ă  rassembler des Ă©chantillons de tout ce qui peuple l’Univers, lorsqu’aprĂšs bien des peines on a mis dans un mĂȘme lieu des modĂšles de tout ce qui se trouve rĂ©pandu avec profusion sur la terre, & qu’on jette pour la premiĂšre fois les yeux sur ce magasin rempli de choses diverses, nouvelles & Ă©trangĂšres, la premiĂšre sensation qui en rĂ©sulte, est un Ă©tonnement mĂȘlĂ© d’admiration, & la premiĂšre rĂ©flexion qui suit, est un retour humiliant sur nous-mĂȘmes. On ne s’imagine pas qu’on puisse avec le temps parvenir au point de reconnoĂźtre tous ces diffĂ©rens objets, qu’on puisse parvenir non seulement Ă  les reconnoĂźtre par la forme, mais encore Ă  sçavoir tout ce qui a rapport Ă  la naissance, la production, l’organisation, les usages, en un mot Ă  l’histoire de chaque chose en particulier : cependant, en se familiarisant avec ces mĂȘmes objets, en les voyant souvent, &, pour ainsi dire, sans dessein, ils forment peu Ă  peu des impressions durables, qui bien tĂŽt se lient dans notre esprit par des rapports fixes & invariables ; & de-lĂ  nous nous Ă©levons Ă  des vĂ»es plus gĂ©nĂ©rales, par lesquelles nous pouvons embrasser Ă  la fois plusieurs objets diffĂ©rens ; & c’est alors qu’on est en Ă©tat d’étudier avec ordre, de rĂ©flĂ©chir avec fruit, & de se frayer des routes pour arriver Ă  des dĂ©couvertes utiles. » (p. 5-6) »

Il montre qu’il est indispensable d’adopter une bonne mĂ©thode dont les dĂ©fauts Ă©ventuels seraient limitĂ©s par « La description exacte & l’histoire fidĂšle de chaque chose [qui] est, comme nous l’avons dit, le seul but qu’on doive se proposer d’abord. (p. 29) :

« 
 l’inconvĂ©nient est de 
 vouloir soĂ»mettre Ă  des loix arbitraires les loix de la Nature, de vouloir la diviser dans des points oĂč elle est indivisible, & de vouloir mesurer ses forces par notre foible imagination. Un autre inconvĂ©nient qui n’est pas moins grand, & qui est le contraire du premier, c’est de s’assujĂ©tir Ă  des mĂ©thodes trop particuliĂšres, de vouloir juger du tout par une seule partie, de rĂ©duire la Nature Ă  de petits systĂšmes qui lui sont Ă©trangers, & de ses ouvrages immenses en former arbitrairement autant d’assemblages dĂ©tachez ; enfin de rendre, en multipliant les noms & les reprĂ©sentations, la langue de la science plus difficile que la Science elle-mĂȘme. »

« 
 Cependant on a dit, & on dit tous les jours des choses aussi peu fondĂ©es, & on bĂątit des systĂšmes sur des faits incertains, dont l’examen n’a jamais Ă©tĂ© fait, & qui ne servent qu’à montrer le penchant qu’ont les hommes Ă  vouloir trouver de la ressemblance dans les objets les plus diffĂ©rens, de la rĂ©gularitĂ© oĂč il ne rĂšgne que de la variĂ©tĂ©, & de l’ordre dans les choses qu’ils n’aperçoivent que confusĂ©ment. » (p. 9-10) »

Il se moque ainsi de telle mĂ©thode imposant d'« aller le microscope Ă  la main, pour reconnoĂźtre un arbre ou une plante ; la grandeur, la figure, le port extĂ©rieur, les feuilles, toutes les parties apparentes ne servent plus Ă  rien, il n’y a que les Ă©tamines, & si l’on ne peut pas voir les Ă©tamines, on ne sçait rien, on n’a rien vĂ». Ce grand arbre que vous apercevez, n’est peut-ĂȘtre qu’une pimprenelle
 » (p. 19) Il conclut en soulignant la complĂ©mentaritĂ© de l’approche mĂ©thodique et de la description simple et sans apprĂȘt des objets d’étude :

« Il rĂ©sulte de tout ce que nous venons d’exposer, qu’il y a dans l’étude de l’Histoire Naturelle deux Ă©cueils Ă©galement dangereux, le premier, de n’avoir aucune mĂ©thode, & le second, de vouloir tout rapporter Ă  un systĂšme particulier. 
 la plupart de ceux qui, sans aucune Ă©tude prĂ©cĂ©dente de l’Histoire Naturelle, veulent avoir des cabinets de ce genre, sont de ces personnes aisĂ©es, peu occupĂ©es, qui cherchent Ă  s’amuser, & regardent comme un mĂ©rite d’ĂȘtre mises au rang des curieux ; ces gens-lĂ  commencent par acheter, sans choix, tout ce qui leur frappe les yeux ; ils ont l’air de desirer avec passion les choses qu’on leur dit ĂȘtre rares & extraordinaires, il les estiment au prix qu’ils les ont acquises, ils arrangent le tout avec complaisance, ou l’entassent avec confusion, & finissent bien tĂŽt par se dĂ©goĂ»ter : d’autres au contraire, & ce sont les plus sçavans, aprĂšs s’ĂȘtre remplis la tĂȘte de noms, de phrases, de mĂ©thodes particuliĂšres, viennent Ă  en adopter quelqu’une, ou s’occupent Ă  en faire une nouvelle, & travaillant ainsi toute leur vie sur une mĂȘme ligne & dans une fausse direction, & voulant tout ramener Ă  leur point de vĂ»e particulier, ils se rĂ©trĂ©cissent l’esprit, cessent de voir les objets tels qu’ils sont, & finissent par embarrasser la science & la charger du poids Ă©tranger de toutes leurs idĂ©es. On ne doit donc pas regarder les mĂ©thodes que les Auteurs nous ont donnĂ©es sur l’Histoire Naturelle en gĂ©nĂ©ral, ou sur quelques-unes de ses parties, comme les fondemens de la science, & on ne doit s’en servir que comme de signes dont on est convenu pour s’entendre. (p. 22-23))
 C’est ici le principal but qu’on doive se proposer : on peut se servir d’une mĂ©thode dĂ©jĂ  faite comme d’une commoditĂ© pour Ă©tudier, on doit la regarder comme une facilitĂ© pour s’entendre ; mais le seul & vrai moyen d’avancer la science, est de travailler Ă  la description & Ă  l’histoire des diffĂ©rentes choses qui en font l’objet. » (p. 24-25) »

Lamarck

Le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle[20], appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc. Par une société de naturalistes et d'agriculteurs, Volume 7, 1817 (deuxiÚme édition) fut publié par Jean-François Deterville[alpha 5].

L’article « conchyliologie » de l’édition de 1817, apparemment confiĂ© Ă  Jean-Baptiste Lamarck, est une profonde rĂ©vision de l'article de la premiĂšre Ă©dition[21], Ă©crit par un autre auteur qui ne faisait aucune rĂ©fĂ©rence aux propriĂ©taires de cabinets. Lamarck en parle assez longuement, mĂȘlant louanges et, surtout, rĂ©probation. Il note que c’est grĂące aux collectionneurs que les scientifiques ont pu voir beaucoup de coquilles, et mĂȘme des spĂ©cimens rares :

« 
 les coquilles sont devenues un objet de commerce, et un sujet de spĂ©culation pour les nĂ©gocians voyageurs ; le prix extrĂȘmement Ă©levĂ© par les amateurs, de celles qui sont trĂšs-rares, soit par leur espĂšce, soit dans leur volume et la vivacitĂ© de leurs couleurs, y ayant donnĂ© lieu. En cela, les naturalistes y ont beaucoup gagnĂ© ; car ils en ont eu l'occasion d'en observer un grand nombre, dont, sans cette cause, ils eussent probablement ignorĂ© l'existence. » (p. 414) »

Toutefois, les cabinets avaient pour objet « l'amusement des personnes oisives » (p. 413) qui « se born[aient] Ă  rassembler et placer avec symĂ©trie dans des armoires, des coquilles choisies d'aprĂšs leur Ă©clat et leur beautĂ© » (p. 414), et non le progrĂšs de la science : « A la vĂ©ritĂ©, pendant long-temps, la conchyliologie n'a Ă©tĂ© qu'un vain objet d'amusement, qu'un sujet d'ostentation et mĂȘme de luxe ; en sorte que les collections dont elle Ă©toit le but, ne produisoient guĂšre dans l'esprit des propriĂ©taires ou de ceux qui les considĂ©roient, qu'une stĂ©rile admiration, soit de la multiplicitĂ© et de la singularitĂ© des formes des coquilles, soit de la variĂ©tĂ© presque infinie, et de la vivacitĂ© de leurs couleurs. » (p. 413) Le contenu des collections Ă©tait aussi impropre Ă  favoriser la science : le choix des spĂ©cimens Ă©tait guidĂ© par leur esthĂ©tique ou leur originalitĂ© :

« Autrefois, pour former ces collections, on ne donnoit d'attention qu'aux coquilles d'un beau volume, d'une forme Ă©lĂ©gante ou piquante par sa singularitĂ© ; on choisissoit surtout celles qui sont ornĂ©es des couleurs les plus Ă©clatantes. (
) Quant aux coquilles petites et sans Ă©clat, on les nĂ©gligeoit, on les rejetoit avec mĂ©pris, et l'on ne daignoit pas leur donner place parmi les autres
 (p. 414) »

Autre inconvénient : les coquilles étaient souvent dénaturées, « mutilées par l'art » :

« Le plus souvent, pour mettre à découvert la belle nacre dont la plupart des coquilles sont formées, on les mutiloit, on les limoit, on les usoit, enfin on les polissoit aprÚs en avoir fait disparoßtre les stries, les écailles, les tubercules, les pointes, et tout ce qui pouvoit servir à les caractériser spécialement. » (p. 414) »

Lamarck note plus bas que cet inconvénient majeur a désormais disparu, et que les collections se font plus scientifiques :

« Depuis quelques annĂ©es, les choses ont beaucoup changĂ© Ă  cet Ă©gard. On s'est enfin aperçu que l'Ă©tude bien entendue des coquilles pouvoit avoir un but utile, et devoit contribuer rĂ©ellement aux progrĂšs de l'histoire naturelle ; on a senti qu'une collection suivie de ces objets, dans un Ă©tat convenable, pouvoit favoriser singuliĂšrement cette Ă©tude. DĂšs lors, (
) on a entrepris de former des suites complĂštes de tout ce que la nature nous offre en ce genre, estimant Ă©galement les objets, indĂ©pendamment de leur taille et des couleurs plus ou moins brillantes dont ils peuvent ĂȘtre ornĂ©s. » (p. 414) »

Les collections des amateurs de curiosités ont donc, malgré leur défauts, été utiles à la science, et été modifiées par les exigences scientifiques.

Critiques au XXe siĂšcle

On peut mentionner notamment Michel Foucault dans Les Mots et les Choses, 1966 ; Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise, XVIe – XVIIIe siĂšcle, Gallimard, Paris 1987 ; et Antoine Schnapper : compte-rendu par Olivier Bonfait dans « XVIIe siĂšcle : bulletin de la SociĂ©tĂ© d'Ă©tude du XVIIe siĂšcle », octobre 1989 (sur Gallica).

Représentations de cabinets

Le musĂ©e du Louvre possĂšde un tableau d’Anne Vallayer-Coster, Panaches de mer, lithophytes et coquilles (1769), et plusieurs d'Alexandre Isidore Leroy de Barde, reprĂ©sentant peut-ĂȘtre le cabinet dont il Ă©tait propriĂ©taire. Frans Francken II a reprĂ©sentĂ© Ă  plusieurs reprises des cabinets de curiositĂ©s.

Notes et références

Notes

  1. « Sous le nom de pierres Ă  [ou : de] tonnerre on comprend, en pays gallot, les haches ou les couteaux polis de main d'homme, et aussi certains cailloux ronds ou oblongs qu'on trouve dans les champs, et que les paysans croient ĂȘtre tombĂ©s du ciel au moment des orages. » Pierre Saintyves (1870-1935), Pierres magiques, bĂ©tyles, haches-amulettes et pierres de foudre : traditions savantes et traditions populaires, 1936 p. 118. MĂȘme information chez Antoine Joseph Dezallier d’Argenville : « Ceraunia, chelonistes, brontia, ovum anguinum, ombria, sont appelĂ©es communĂ©ment Pierres de foudre, sur ce que les Anciens ont crĂ» qu'elles tombaient avec le tonnerre. Ces Pierres ont Ă©tĂ© figurĂ©es de la main des hommes, qui avant l'usage du fer, en faisoient des armes, des haches, des marteaux, des couteaux, des flĂšches & des coins : on les nomme encore Cunei mallei. » L'Histoire naturelle Ă©claircie dans une de ses parties principales : l'oryctologie, qui traite des terres, des pierres, des mĂ©taux, des minĂ©raux, et autres fossiles, 1755, p. 302-303.
  2. « Because the knowledge of Nature is very necessarie to humaine life, health and the conveniences thereof, and because that knowledge cannot be soe well and usefully attain'd, except the history of Nature be knowne and considered ; and to this, is requisite the inspection of Particulars, especially those as are extraordinary in their Fabrick, or usefull in Medicine or applied to Manufacture or Trade : I Elias Ashmole, out of my affection to this sort of Learning, wherein myselfe have taken, and still doe take the greatest delight ; for which cause also, I have amass'd together great variety of naturall Concretes and Bodies, and bestowed them on the University of Oxford [
] ».
  3. Hymne de Marie Tiraqueau.
  4. ƒuvres complĂštes avec des notes et une notice historique par P. A. Cap, Paris: Dubochet et Cie, 1844, p. 130 : « Tels liures pernicieux [ceux des alchimistes] m'ont causĂ© gratter le terre l’espace de quarante ans, et foĂŒiller les entrailles d'icelle, Ă  ïŹn de connoistre les choses qu’elle produit dans soy, et par tel moyen i’ay trouuĂ© grace deuant Dieu, qui m’a fait connoistre des secrets qui ont estĂ© iusques Ă  present inconnuz aux hommes, voire aux plus doctes, comme l'on pourra connoistre par mes escrits contenuz en ce liure, ie sçay bien qu'aucuns se moqueront, en disant qu’il est impossible qu’vn homme destituĂ© de la langue Latine puisse auoir intelligence des choses naturelles; et diront que c’est Ă  moy vne grande temeritĂ© d’escrire contre l'opinion de tant de Philosophes fameux et anciens, lesquels ont escrit des effects naturels, et rempli toute la terre de sagesse. Ie sçay aussi qu’autres iugeront selon l'exterieur, disans que ie ne suis qu'un pauure artisan : et par tels propos voudront faire trouuer mauuais mes escrits. A la veritĂ© il y a des choses en mon liure qui seront difficiles Ă  croire aux ignorans. Nonobstant toutes ces considerations, ie n’ay laissĂ© de poursuyure mon entreprise, et pour couper broche Ă  toutes calomnies et embusches, i'ay dressĂ© vn cabinet auquel i’ay mis plusieurs choses admirables et monstrueuses, que i'ay tirees de la matrice de la terre, lesquelles rendent tesmoignage certain de ce que ie dis, et ne se trouuera homme qui ne soit contraint confesser iceux veritables, apres qu’il aura veu les choses que i’ay prĂ©parees en mon cabinet, pour rendre certains tous ceux qui ne voudroyent autrement adiouster foy Ă  mes escrits. S'il venoit d’auenture quelque grosse teste, qui voulut ignorer les preuues mises en mon cabinet, ie ne demanderois autre iugement que le vostre, lequel est suffisant pour conuaincre et renuerser toutes les opinions de ceux qui y voudroyent contredire. » .
  5. Imprimeur libraire nĂ© Ă  Grainville-sur-Odon (15-04-1766 - 02-10-1842), il publia notamment : Histoire naturelle de Buffon (An VII-An XI = 1803) ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, appliquĂ©e aux arts, an XI-1803 - an XII-1804, 24 vol. in-8° ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, 1816-17. Voir Jean-Paul Fontaine, dit Le Bibliophile Rhemus, « La RĂ©ussite discrĂšte de Jean-François Deterville (1766-1842), ami de Bernardin de Saint-Pierre », sur Histoire de la Bibliophilie, (consultĂ© le ).

Références

  1. https://curiositas.org : Les cabinets de curiosités en Europe.
  2. Jean Céard, « De la racine de Baara et de quelques autres plantes merveilleuses à la Renaissance », sur curiositas.org (consulté le ).
  3. Christine Davenne, ModernitĂ© du cabinet de curiositĂ©s, Éditions L'Harmattan, 2004, p. 172.
  4. Kunst- und Wunderkammer - Schloss Ambras Innsbruck.
  5. Chamber of Art and Curiosities, Ambras Castle.
  6. « La Schatzkammer de Maximilien Ier d’Autriche » (consultĂ© le )
  7. Bonnaffé p. 93.
  8. « Cabinet de D’OrlĂ©ans, Gaston (duc) » (consultĂ© le )
  9. https://curiositas.org/cabinet/curios296.
  10. Edmond Bonnaffé, Les collectionneurs de l'ancienne France, 1873, p. 41.
  11. « Cabinet de Tiraqueau, Michel », sur curiositas.org (consulté le ).
  12. Claude (1620-1687) Auteur du texte Du Molinet, Le cabinet de la bibliotheque de Sainte Genevieve . Divisé en deux parties
 Par le R. P. Claude du Molinet, chanoine régulier de la Congrégation de France, (lire en ligne sur Gallica).
  13. Edme-François (1696?-1750) Auteur du texte Gersaint, Catalogue raisonnĂ© d'une collection considĂ©rable de diverses curiositĂ©s en tous genres contenuĂ«s dans les cabinets de feu M. Bonnier de La Mosson ,
 Par E.-F. Gersaint, (lire en ligne).
  14. « Le Cabinet Bonnier de La Mosson », sur MusĂ©um national d’histoire naturelle (consultĂ© le ).
  15. Edmond (1825-1903) Auteur du texte Bonnaffé, Le Commerce de la curiosité / Edmond Bonnaffé, (lire en ligne).
  16. (en) Didier Ottinger, « The Wall : Various Objects », sur andrebreton.fr (consulté le ).
  17. « Collection Nature Vivante », sur christopheconan.com (consulté le ).
  18. « Exposition - "De la curiosité à la science, les fossiles et les cabinets d'histoire naturelle au XVIIIe siÚcle." », sur ouest-paleo.net.
  19. « Tis misselijck waer een geck zijn gelt aen leyt. » (Sinnepoppen, 1614). La cinquiÚme gravure, consacrée aux tulipes, provoque ce commentaire : « Een dwaes en zijn gelt zijn haestghescheyden ».
  20. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts, à l'agriculture, à l'économie rurale et domestique, à la médecine, etc., t. 7, Paris, Deterville, , 582 p., 21 cm (OCLC 271100447, lire en ligne), p. 413.
  21. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquĂ©e aux arts, principalement Ă  l'agriculture et Ă  l'Ă©conomie rurale et domestique, 1803-1804 (1re Ă©dition), t. 6, p. 111ff.

Bibliographie

  • Christine Davenne, ModernitĂ© du Cabinet de CuriositĂ©s, Paris, L'Harmattan, , 299 p. (ISBN 978-2-74755-860-0, OCLC 475134898).
  • Christine Davenne et Christine Fleurent, Cabinets de curiositĂ©s : la passion de la collection, Paris, La MartiniĂšre, , 225 p., 32 cm (ISBN 978-2-7324-4663-9, OCLC 830145045).
  • Patricia FalguiĂšres, Les Chambres des merveilles, Paris, Bayard-Centurion, coll. « Le rayon des curiositĂ©s », , 140 p., 18 cm (ISBN 978-2-22747-094-1, OCLC 51767826).
  • (en) Arthur Grant MacGregor et Oliver Richard Impey, The origins of museums : the cabinet of curiosities in sixteenth and seventeenth century Europe, New York, Ursus Press, , xx-431, 29 cm (ISBN 9781842321324, OCLC 1137352570).
  • Capucine LemaĂźtre et HervĂ© RonnĂ©, Cabinets de curiositĂ©s & collections insolites, Paris, Éditions Ouest-France, , 192 p., 30 cm (ISBN 978-2-73738-320-5, OCLC 1134409370, lire en ligne).
  • Camille NoĂ© Marcoux (mĂ©moire master en histoire de l'art moderne), Objets d'Ă©changes et regards croisĂ©s, entre l'Afrique de la CĂŽte-de-l'Or et l'Europe des CuriositĂ©s (XVIe – XVIIIe siĂšcle), Clermont-Ferrand, UniversitĂ© Blaise Pascal, , 132 p.
  • Myriam Marrache-Gouraud,Pierre Martin, Dominique Moncond'Huy et GĂ©raldine Garcia (sous la direction de), La licorne et le bĂ©zoard : Une histoire des cabinets de curiositĂ©s, catalogue de l'exposition du MusĂ©e Sainte-Croix Ă  Poitiers, Gourcuff Gradenigo, 2013 (ISBN 978-2-35340-161-1).
  • Pierre Martin et Dominique Moncond'Huy, CuriositĂ© et cabinets de curiositĂ©s, Neuilly, Atlande, , 202 p., 18 cm (ISBN 978-2-35030-000-9, OCLC 57056964).
  • Patrick MauriĂšs, Cabinets de curiositĂ©s, Paris, Gallimard, , 259 p., 31 cm (ISBN 978-2-07011-738-3, OCLC 50866095, lire en ligne).
  • Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise : XVIe – XVIIIe siĂšcle, Paris, Gallimard, coll. « BibliothĂšque des Histoires », , 376 p. (ISBN 978-2-07-070890-1).
  • Antoine Schnapper, Le gĂ©ant, la licorne et la tulipe ; collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siĂšcle. I. Histoire et histoire naturelle, Flammarion, collection « Art, Histoire, SociĂ©tĂ© », 1988, 415 pages, (ISBN 978-2-08012-802-7). RĂ©Ă©d. en poche, revue et complĂ©tĂ©e Ă  partir des notes de l'auteur : Le gĂ©ant, la licorne et la tulipe. Les cabinets de curiositĂ©s en France au XVIIe siĂšcle, Flammarion, coll. « Champs Arts », 2012, 768 p. (ISBN 978-2-0812-8263-6).
  • Julius von Schlosser (prĂ©f. et postface de Patricia FalguiĂšres), Les Cabinets d'art et de merveilles de la Renaissance tardive : une contribution Ă  l’histoire du collectionnisme, Paris, Macula, coll. « La littĂ©rature artistique », , 372 p. (ISBN 978-2-86589-073-6).
  • Massimo Listri, Cabinet of curiosities, Cologne, Taschen, , 355 p., 40 cm (ISBN 978-3-83654-035-3, OCLC 1163869762).

Voir aussi

Articles connexes

Littérature

  • Douglas Preston & Lincoln Child, La chambre des curiositĂ©s, J'ai lu, 2005, (ISBN 9782290339435)
  • CĂ©line MaltĂšre, Le Cabinet du Diable, La Clef d'Argent, 2016 (Ă  propos du collectionneur Louis Mantin)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.