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Sabotier

Le sabotier est une personne qui est spécialisée dans la fabrication des sabots.

La plane, appelée aussi paroir est utilisée par le planeur

Historique

Description d'une hutte de sabotiers

« La hutte, d'aspect primitif, Ă©tait (...) Ă  la fois lieu de vie et lieu de travail. Les sabotiers la construisirent dans la forĂȘt, Ă  proximitĂ© d'une source. Elle Ă©tait formĂ©e d'une armature de poteaux enfoncĂ©s dans le sol. Sur cette armature, on montait les murs et le toit, gĂ©nĂ©ralement avec les matĂ©riaux offerts par la forĂȘt et les alentours : mottes de terre, branchages, genĂȘt, paille.. La porte, seule ouverture de la hutte, Ă©tait faite de planches, de rondins ou de genĂȘts. Au milieu du toit Ă©tait percĂ© un trou afin de laisser s'Ă©chapper la fumĂ©e : un bon feu Ă©tait entretenu jour et nuit dans le foyer au centre de la hutte. Il avait plusieurs fonctions : rĂ©chauffer la hutte, cuire la nourriture et faire sĂ©cher les piles de sabots neufs creusĂ©s dans le bois vert »[1].

Hutte de sabotiers dans une forĂȘt bretonne vers 1900 (carte postale, Émile Hamonic)
Hutte de sabotiers en forĂȘt de ToulfouĂ«n (photographie de Philippe Tassier, entre 1908 et 1912).

Le travail des Sabotiers

1 Paroir sur son banc 2 Ebauche et cales 3 et 3a TariÚre 4 Rouannes 5 Herminette (Essette) 6 Doloire 7 Banc pour creuser 8-9-10 cuillÚres de différentes tailles 11 maillet appelé renard 12 Coutre 13 Agrandissement de la cuillÚre

Cette description des sabotiers bretons est probablement valable pour de nombreuses autres régions :

« Longtemps, les sabotiers s'Ă©taient bornĂ©s Ă  Ă©difier des cabanons temporaires sur les cantons en cours de vidange[2], se dĂ©plaçant tous les deux ou trois ans, au rythme des ventes. Au XVIIIe siĂšcle (...) on observe chez ces artisans une tendance Ă  la stabilisation, sans qu'ils se dĂ©partissent de leur esprit sauvage et volontiers particulariste. Le comte d'Essuiles[3] note (...) [en] 1785 que beaucoup d'entre eux ont Ă©difiĂ© des huttes au "plus Ă©pais des bois et Ă  demeure", certaines de grandes dimensions. (...) Les hommes s'adonnaient Ă  l'Ă©tronçage[4], au rabotage et au finissage des pieds de hĂȘtres dont ils s'Ă©taient portĂ©s sĂ©parĂ©ment adjudicataires ; les femmes Ɠuvraient Ă  l'apprĂȘt final des sabots (ciselures), nourrissant elles-mĂȘmes quelques volailles, voire quelques tĂȘtes de bĂ©tail (vaches, cochons) qu'elles laissaient vagabonder dans les landes environnantes. TrĂšs individualistes, les sabotiers ne travaillaient guĂšre en commun (...), frayant peu avec les paysans riverains, leurs principaux clients, qui les accusaient volontiers, Ă  tort, de pratiques malĂ©fiques. »

— Michel Duval, ForĂȘts bretonnes en RĂ©volution. Mythes et rĂ©alitĂ©s[5]

Musée vivant des vieux métiers d'Argol : atelier de sabotier.

À la fin du XVIIIe siĂšcle une nouvelle technique de fabrication des sabots, façon dite d'Auvergne, permit de fabriquer des sabots d'une plus grande lĂ©gĂšretĂ©, se dĂ©marquant des sabots rustiques traditionnels. On y apposait un vernis jaune et on incisait de fines entailles noires. « Moins rĂ©sistants que leurs lourds sabots dont usaient habituellement les populations rurales, ces galoches[6] devaient Ă  leur aspect sĂ©duisant de recevoir un meilleur accueil auprĂšs de la clientĂšle urbaine »[5].

Atelier de sabotier (reconstitution, ÉcomusĂ©e de Plouigneau).

Les sabotiers se répartissaient en deux catégories :

  • les planeurs qui façonnaient l'extĂ©rieur du sabot
  • les creuseurs qui rĂ©alisaient l'intĂ©rieur[7].

En France, leur saint patron est Saint René. En Belgique, c'est Saint Joseph qui est honoré à ce titre.

Il existe encore une dizaine d'artisans qui pratiquent ce métier en France, et seulement deux au Québec[8].

Le sabotier choisit le bois en fonction de l'utilisation future du sabot et des habitudes régionales (Voir sabot). Chaque essence a ses défauts et ses qualités.

Notes et références

  1. Sylvie Le Menn-Pellada, "Sabotiers des forĂȘts de Bretagne", Ă©ditions Le TĂ©lĂ©gramme, 1997, (ISBN 2909292231)
  2. C'est-à-dire d'abattage des arbres de la parcelle forestiÚre concernée
  3. Jean-François de Barandier, comte d'Essuiles (dit aussi de BarandiĂ©ry-Montmayeur d'Essuile), nĂ© en 1718, mort aprĂšs 1790, fut capitaine dans l'armĂ©e royale ; chargĂ© de faire une Ă©tude sur les forĂȘts domaniales, il obtint une concession pour en exploiter une pour le roi, mais la RĂ©volution l'en priva
  4. Coupe et découpe des troncs des arbres
  5. Michel Duval, ForĂȘts bretonnes en RĂ©volution. Mythes et rĂ©alitĂ©s., SpĂ©zet, Nature et Bretagne, , 237 p. (ISBN 2-85257-080-7)
  6. Une galoche Ă©tait un sabot Ă  semelle de bois avec dessus en cuir
  7. R. Huysecom, En passant par l'Ardenne avec mes sabots, Porcheresse (Belgique), Musée du sabot
  8. « Des métiers d'autrefois aux Forges », sur L'Hebdo du Saint-Maurice,

Bibliographie

  • Raymond Humbert, Le sabotier (coll. « MĂ©tiers d'hier et d'aujourd'hui »), Paris, Berger-Levrault, 1979, 104 p., ill.

Articles connexes

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