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Clou

Un clou est une pièce, généralement métallique, de forme allongée servant à fixer deux objets l'un à l’autre. Il est composé d’une extrémité plate, parfois élargie, nommée tête et d'un corps, se terminant par une forme pointue. Ils sont fabriqués par des cloutiers.

Clous.

Histoire

Clous anciens.

Les clous les plus anciens ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s en MĂ©sopotamie ; ils servaient Ă  fixer des feuilles de cuivre sur une statue datant de 3 500 ans av. J.-C. En effet, connu depuis l’AntiquitĂ©, Homère citait le clou comme cheville de bois dur unissant deux planches. Les Romains fabriquaient des clous en fer pour garnir les chaussures des soldats.

L'historien romain Tite-Live rapporte un rituel expiatoire pratiqué dans les premiers siècles de la République romaine à la suite de calamités publiques : un dictateur était nommé, qui devait planter un clou dans une paroi du Capitole[1]. Le conservatisme religieux des Romains et l'étrangeté incompréhensible de ce rite laisse présumer de son archaïsme, peut-être est-il antérieur à la fondation de Rome et d'origine indo-européenne, comme d'autres rites anciens des Romains.

Au Moyen Âge, les clous étaient fabriqués à la main par les cloutiers qui étiraient des tiges de fer dans différents orifices de diamètre décroissant. À l'époque, les clous étaient des objets onéreux, c'est pourquoi les charpentiers notamment leur préféraient les chevilles.

Les premières machines à fabriquer les clous furent brevetées en 1786 aux États-Unis par Ezekial Reed et en 1790 au Royaume-Uni par Thomas Clifford. Aux États-Unis l'arrivée sur le marché de clous bon marché va permettre l'émergence de la construction à ossature croisée dite « balloon frame ». De manière générale le clouage va souvent remplacer les méthodes traditionnelles d'assemblage en bois.

Aujourd’hui en France, il ne reste que cinq pointeries ou clouteries qui assurent la production d’environ 20.000 tonnes des 300 variétés de clous utilisées dans le pays, le reste de la production venant essentiellement de Chine. L’essor de cette fabrication industrielle se développa en Lorraine et dans les Vosges qui disposent des ressources hydrauliques nécessaires au fonctionnement des presses.

Clou Ă  tĂŞte ronde, provenant de la porte de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de VĂ©zelay.

Généralement, on frappe sur la tête du clou avec un marteau afin d’enfoncer le corps dans le premier élément, l'extrémité pointue facilitant la pénétration. Il faut continuer à frapper jusqu’à perforation totale du premier élément et, enfouissement du corps dans le second élément. Cette ultime étape effectuée, on peut considérer les deux éléments fixés l’un à l'autre, autrement dit le premier est « cloué » sur le second.

Types de clous

Clous pour fixation permanente

1 : normal, 2 : tête d’homme, 3 : à béton, 4 : torsadé, 5 : cranté, 6 : calotin, 7 : cavalier, 8 : vitrier, 9 : semence, 10 : tapissier, 11 : aiguille, 12 : cordonnier, 13 : laiton, 14 : cloueuse.
  • Clou tĂŞte plate : En fer ou en acier doux, c'est le modèle le plus rĂ©pandu pour associer 2 pièces de bois
  • Clou tĂŞte d'homme : En fer ou en acier doux, pour des assemblages soignĂ©s car sa tĂŞte peut se dissimuler dans l'ouvrage au moyen d'un chasse-goupille.
  • Clou pointe cassĂ©e: en acier trempĂ©, il s'agit d'une aiguille sans tĂŞte de 30 Ă  35 mm de long utilisĂ© pour accrocher discrètement des pièces fragiles (moulures dĂ©coratives de portes...)
  • Clou Ă  BĂ©ton: en acier trempĂ©, il est de couleur noire. Ce clou ne se tord pas, il casse.
  • Clou Ă  tĂŞte demi-ronde : en aluminium, laiton, cuivre, il est souvent utilisĂ© comme clou dĂ©coratif
  • Clou cavalier ou crampillon: en acier doux, ce clou a la forme d'un U et, en agriculture, les pointes sont munies de barbe. Il permet de maintenir un câble, fil, ficelles, ils peuvent parfois ĂŞtre remplacĂ©s par des agrafes. (Aussi appelĂ© "Vertigelle" en Ardennes).
  • Clou semence (utilisĂ© en tapisserie) : En acier bleutĂ©, c'est le clou du tapissier. De petite taille, sa tige très effilĂ©e pĂ©nètre dans les bois les plus durs, pour maintenir les tissus.
  • Clou torsadĂ© est un clou dont la tige est torsadĂ©e, ce qui lui donne une meilleure prise
  • Clou sans tĂŞte, (Clou Ă  finir [fam.]; clou de finition au Canada) utilisĂ© pour crĂ©er des assemblages plus discrets Ă  l'aide d'un chasse-clou. Ces derniers sont Ă©galement employĂ©s par les vitriers pour positionner les vitres sur les huisseries. On parle de finette pour des clous de très faibles diamètres.
  • La carvelle est un type de clou utilisĂ© en construction navale.
  • Clou sur bande, dans le bâtiment on utilise les clous sous des formes les plus diverses et en particulier avec des cloueurs portatifs, ayant pour but principal de faire gagner du temps. Les charpentiers entre autres, utilisent souvent ce type d'outil.
  • Clou calotin ou Ă  tĂŞte large, clou de couvreur muni d’une tĂŞte large en galvanisĂ©e, rapportĂ©e pour maintenir les tĂ´le de rive sur un toit, ou Ă  tĂŞte large unique en cuivre pour la fixation de bande bitumĂ©e.
  • Clou crantĂ©s, pour la fixation de deux pièces de bois au moyen de plaques perforĂ©es clouĂ©es.
  • Clou Ă  crochet : dont l’extrĂ©mitĂ© est Ă  angle droit pour retenir un objet (barre Ă  rideau par exemple).
  • Clou Ă  patte ou happe: dont la tĂŞte, droite ou en Ă©querre, est aplatie et percĂ©e d’un trou pour passer un lien.

Types spéciaux

Clous forgés et découpés-forgés.
  • Clous forgĂ©s : sont les premiers clous fabriquĂ©s manuellement par forgeage du bronze puis du fer. Comportent une grosse tĂŞte, gĂ©nĂ©ralement Ă  quatre faces.
  • Clous dĂ©coupĂ©s, ou clous carrĂ©s, (cut nails en anglais) sont obtenus par le cisaillement d'une plaque de mĂ©tal ce qui confère Ă  leur tige une forme rectangulaire fuselĂ©e (qui s'amincit vers l'une de ses extrĂ©mitĂ©s). La pièce de mĂ©tal obtenue est cunĂ©iforme et peut donc servir de clou. Ces clous sont encore très utilisĂ©s dans la construction navale en Afrique et sont obtenus par forgeage manuel Ă  chaud d’un morceau de tĂ´le dĂ©coupĂ©e dans une vieille carrosserie de voiture[2].
  • Clou de coffreur : utilisĂ© pour la fabrication artisanale de coffrages de bĂ©ton, il est Ă©quipĂ© d'une double tĂŞte plate, ce qui permet de l'Ă´ter aisĂ©ment quand le bĂ©ton est sec.

Les rebords affilés d'un clou découpé lui donnent une meilleure prise que celle d'un clou dont la forme de la tige est cylindrique. Pour cette raison, les clous découpés sont toujours utilisés dans certains domaines spécifiques comme la construction d'édifices, de bateaux, et de voies ferrées[3]. On les utilise aussi dans les projets de restauration d'artéfacts construits au temps où ce type de clou était répandu. Dans l'usage général, les clous découpés ont été remplacés par les clous de fil métallique au XXe siècle[4].

Clou cannelé

Il est utilisé pour clouer dans le métal, dans un forage qui n'est pas taraudé. Il peut être en acier ou Inox.

Clous de décoration

Porte cloutée à Sidi Bou Saïd - Tunisie.
  • Clou Ă  garnir (utilisĂ© en tapisserie) : en laiton poli il assure la finition soignĂ©e des objets, tapissĂ©s. Sa tĂŞte en forme de calotte sphĂ©rique recouvre les clous semences prĂ©cĂ©demment plantĂ©s. GĂ©nĂ©ralement dorĂ©e. Ce clou se positionne avec un ramponneau, ou marteau de tapissier.
  • Clou de dĂ©coration, utilisĂ© pour embellir un objet telle une porte de bâtiment.

Clous de sécurité

  • Clous anti-usure :
    • plantĂ©s dans une porte ou un volet de bâtiment pour protĂ©ger ceux-ci des effractions par objet contondants (marteau, pique, hache,..) au Moyen Ă‚ge.
    • Clous plantĂ©s sur le pourtour d’une boule de bois de pĂ©tanque pour la protĂ©ger de l’usure et des chocs[5].
    • Clous Ă  godasse ou Ă  souliers : plantĂ©s sous la semelle pour la protĂ©ger de l’usure et dont l’entretien Ă©tait la hantise des militaires qui les portaient.
  • Clous d’alpiniste ou piton, plantĂ© dans la roche pour maintenir les cordages.
  • Clous pour chaussures de sport, fixĂ©s en permanence sous la semelle pour amĂ©liorer les performances (crampons pour courses Ă  pied, football) ou crampons rapportĂ©s pour le maintien sur la glace.
  • Clous pour pneu, de petite taille pour les pneus anti-dĂ©rapants d’hiver, ou de grande taille pour les pneus utilisĂ©s pour les courses (moto, auto, vĂ©lo) sur neige ou glace.
  • tapis cloutĂ©, barrière Ă  clous tendue en travers de la chaussĂ©e, par la police, pour stopper les vĂ©hicules.
  • Clous Ă  plusieurs pointes, formĂ©s de 3 ou 4 pointes, dĂ©posĂ©s sur la chaussĂ©e pour stopper les vĂ©hicules poursuivants.
  • Pointe anti-pigeon, montĂ©e sur bandes plastique, se colle sur le rebord de fenĂŞtres ou d’édifices pour empĂŞcher les volatiles de se poser et occasionner des dĂ©gradations.
  • Passage cloutĂ©, pour la sĂ©curitĂ© des piĂ©tons.
  • Bande de roulement cloutĂ©e, Ă©lĂ©ments mĂ©talliques plantĂ©s sur les cĂ´tĂ©s de la bande de roulement pour signaler, grâce aux vibrations, que le vĂ©hicule dĂ©vie de sa trajectoire.

Types de fixation

Un clou dans du bois.
  • Fixation normale : le clou traverse les parties de bois Ă  assembler
  • Fixation avec rabat : La pointe du clou qui, par sa longueur dĂ©passe des pièces Ă  assembler, est rabattue de plusieurs manières :
    • rabat simple : la pointe est pliĂ©e Ă  90° et rabattue (cloutage des semelles de chaussure, de fer Ă  cheval,..)
    • rabat en agrafe : la pointe est pliĂ©e en arrondi sur un objet mĂ©tallique, puis enfoncĂ©e dans le bois.
    • double rabat : la tĂŞte et la pointe sont rabattues sur les pièces assemblĂ©es empĂŞchant tout mouvement de l’une par rapport Ă  l’autre.
  • Fixation par plaques perforĂ©es :

Expressions liées aux clous

  • Moucher un clou : aplatir (Ă©pointer) lĂ©gèrement la pointe d’un clou pour lui permettre de pĂ©nĂ©trer le bois sans l’éclater.
  • Clouage ou clouement : action ou manière de clouer.
  • Cloutage : par exemple la manière de fixer le fer Ă  la corne du pied d’un cheval. DĂ©coration faite Ă  l’aide de clous dont les tĂŞtes forment un dessin harmonieux.
  • Clouter : dans un article de presse ou un reportage, Ă©crire une partie de manière extrĂŞmement claire et dĂ©taillĂ©e afin d'Ă©viter une difficultĂ© de comprĂ©hension sur un point complexe.
  • ĂŠtre clouĂ© sur place ou clouĂ© au lit : ĂŞtre immobilisĂ© quelque part ou au lit.
  • Ça ne vaut pas un clou : chose de peu de valeur.
  • Mettre au clou : se dĂ©barrasser d’une chose sans trop de valeur ou la mettre au mont-de-piĂ©tĂ©.
  • Maigre comme un clou.
  • Un clou chasse l’autre : un ennui est chassĂ© par un autre.
  • Enfoncer le clou : exagĂ©rer un fait ou une situation.
  • Le clou de la fĂŞte : (ou du salon, de la soirĂ©e) Ă©vĂ©nement marquant dans une situation.
  • Vieux clou : chose qui a perdu toute sa valeur (vieux vĂ©lo ou vieille auto,..)
  • Compter les clous de la porte : attendre derrière une porte.
  • Planter son clou : asseoir sa situation, s’établir dĂ©finitivement quelque part.
  • River son clou Ă  quelqu’un ou lui clouer le bec : lui rĂ©pondre de manière qu’il n’ait aucune rĂ©plique Ă  faire.
  • Clou de rue : affection au pied d’un cheval causĂ©e par un clou perdu sur la chaussĂ©e.
  • Ne tenir ni Ă  fer ni Ă  clou : ne tenir Ă  peu ou Ă  rien du tout.
  • Suspendre un objet au clou : se dĂ©barrasser d’un objet en l’abandonnant ou en l’accrochant derrière une porte.
  • ĂŠtre au clou : prendre des jours de salle de police ou de prison pour un militaire.
  • Passage cloutĂ© : passage piĂ©ton de nos villes qui, Ă  une certaine Ă©poque, Ă©tait dĂ©limitĂ© par de gros clous Ă  tĂŞte ronde enfoncĂ©s dans les intervalles des pavĂ©s
  • ĂŠtre dans les clous : ĂŞtre conforme Ă  la règle ou la loi.
  • Clou en mĂ©decine dĂ©signe un abcès ou un furoncle.
  • ĂŠtre cassĂ© comme un clou : expression du QuĂ©bec voulant dire on n'a plus un sou

Dans la culture populaire

  • L'expression « des clous ! » signifie « pas grand chose », « rien du tout » ou « pas question »[6]
* Les premiers explorateurs qui dĂ©barquèrent en AmĂ©rique apportèrent dans leurs bagages du matĂ©riel de construction oĂą figuraient Ă©galement les clous. Les indigènes, qui avaient l’habitude de construire leurs cases avec une ossature bois liĂ©e, trouvèrent l’utilisation des clous beaucoup plus pratique et Ă©changèrent ceux-ci contre des objets ou bijoux en mĂ©tal prĂ©cieux. Lorsque l’objet d’échange Ă©tait considĂ©rĂ© de peu de valeur, les conquĂ©rants rĂ©torquaient : « Ă§a ne vaut pas un clou ! Â».
  • Au Mont de PiĂ©tĂ©, Ă  Paris, aujourd'hui le CrĂ©dit municipal, on prĂŞtait sur gage et l'objet Ă©tait accrochĂ© a un clou. Lorsque l'objet Ă©tait sans valeur, il ne valait pas un clou.
[réf. nécessaire]

* Dans les Ardennes belges, on frottait un bouton (furoncle ou abcès) avec un clou qui était ensuite planté dans un arbre pour en évacuer la douleur. D’où des arbres à clous, qui sont encore visibles çà et là dans les campagnes.

* Pour la crucifixion de Jésus, les Romains auraient utilisé des clous sans tête de l’époque, alors que les peintres ou sculpteurs ont toujours peint cette scène avec des clous à tête forgée.
  • Faute d'un clou le fer fut perdu, faute d'un fer le cheval fut perdu, faute d'un cheval le cavalier fut perdu, faute d'un cavalier le message fut perdu, faute d'un message la bataille fut perdue, faute d'une bataille le royaume fut perdu, et ainsi le peuple perdit sa libertĂ©. On attribue ce poème Ă  George Herbert (1593-1633) auquel Benjamin Franklin l'a peut-ĂŞtre empruntĂ©.
[réf. nécessaire]
  • Attention Ă  ne pas confondre clouer[7] et clouter[8], le premier dĂ©signant l'action de fixer avec des clous, le second de garnir (dĂ©corer) avec des clous.

Télévision

Dans le jeu Fort Boyard, l'une des épreuves classiques de la phase des duels consiste à enfoncer un clou dans un billot de bois, chaque personne frappant un coup de marteau en alternance avec l'autre. Celui qui parvient à enfoncer le clou le premier de telle manière qu'il ne dépasse plus du billot remporte la manche[9].

Annexes

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Tite-Live, Histoire de Rome, livre VIII, 18
  2. Chantier naval au village des pĂŞcheurs au bord du Niger Ă  Mopti au Mali
  3. Glasgow Steel Nail - What are cut nails?
  4. Artefacts Canada
  5. Musée de la fabrication des boules de pétanque cloutées à Aiguines
  6. « Des clous ! », Dictionnaire, sur langue-francaise.tv5monde.com (consulté le ).
  7. « Marteaux : règle du jeu », sur fort-boyard.fr (consulté le ).
  8. Informations sur le site officiel de la commune.
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