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Huile de tung

L’huile de tung, ou huile d’abrasin ou huile de bois de Chine, est une huile jaune pĂąle extraite par pressage des graines olĂ©agineuses de deux arbres du genre Vernicia (Vernicia fordii et Vernicia montana), de la famille des Euphorbiaceae, originaires du sud de la Chine[5]. L’huile de tung provenant du Japon est extraite des graines du troisiĂšme arbre du genre Vernicia Ă  savoir Vernicia cordata Thunb.

Huile de tung
Identification
Nom UICPA tung oil
Synonymes

huile d’abrasin

No CAS 8001-20-5
No ECHA 100.029.338
No CE 232-272-3
Propriétés chimiques
Indice d’iode 147-211 (Wijs)[1]
Propriétés physiques
T° fusion 2-3 °C huile pressée à froid,
−17 °C Ă  −21 °C huile briĂšvement chauffĂ©e [2] - [3]
Masse volumique 0,936-0,945 g·cm-3 à 15 °C
Point d’éclair 110 °C
Viscosité dynamique = 113 mm2/s à 40 °C[4]
Précautions
Peau dermatite
Ingestion intoxication (vomissement, convulsions)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Les huiles provenant de ces deux premiĂšres espĂšces, endĂ©miques en Chine, sont trĂšs similaires et sont souvent dĂ©signĂ©es par le mĂȘme terme en chinois tongyou æĄæČč (morph. tong-you « huile de tung ») ; le caractĂšre æĄ est romanisĂ© en tung dans l’ancienne romanisation Wade-Giles, mais en tong dans le systĂšme contemporain pinyin.

Actuellement, la tendance est de considĂ©rer l’espĂšce Vernicia fordii (ou abrasin) comme la seule source de l’huile de tung, comme on peut le voir sur l’encyclopĂ©die chinoise en ligne BaiduBaike[6] ou dans de nombreux articles scientifiques sur l’huile de tong publiĂ©s en Chine[7] - [8].

Les graines contiennent environ 50–70 % d’huile (en masse)[9].

C’est une des plus anciennes huiles de finition (en Ă©bĂ©nisterie) connue, capable de former un film de couverture rĂ©sistant, impermĂ©able Ă  l’eau, semblable en cela Ă  l’huile de lin, le pendant europĂ©en de l’huile de tung asiatique[10]. Le lin fut cultivĂ© dans le Croissant fertile (il y a plus de 11 000 ans oĂč il a Ă©tĂ© domestiquĂ©[11]), en Égypte antique, en GrĂšce antique et en Gaule (Pline l’Ancien[12], HN, XIX, 7) oĂč les populations tissaient des tissus de lin. L’huile de lin est largement utilisĂ©e en Europe occidentale depuis le XVe siĂšcle dans les vernis et peinture (le peintre flamand Jan van Eyck (1390-1441) qui peignait sur bois, dĂ©couvrit qu'en mĂ©langeant Ă  l'huile de lin Ă  l'essence de tĂ©rĂ©benthine, l'huile sĂšche beaucoup plus vite). Le lin est une graine ramenĂ©e d’Asie centrale en Chine, par Zhang Qian (mort en -113).

En Chine l’huile de tung est utilisĂ©e depuis les dynasties Sui (580-618) et Tang (618-907). Elle Ă©tait utilisĂ©e comme revĂȘtement de protection des objets en bois, en tissu et papier, ainsi qu'Ă  la fabrication de vernis, de laque, de peinture, d’encre de Chine noire, etc. En combinaison avec d’autres produits comme la chaux et des fibres vĂ©gĂ©tales, elle servait au calfatage des navires.

L’huile de tung extraite Ă  froid par pressage est jaune et translucide ; elle Ă©tait utilisĂ©e pour vernir les meubles, les parapluies de papier et pour l’éclairage. L’huile extraite Ă  chaud par pressage est Ă©paisse, noirĂątre, opaque et moins chĂšre mais d’odeur fĂ©cale ; elle est utilisĂ©e dans le mastic pour calfater les navires[13]. L'odeur de l'huile de tung fraĂźche change aprĂšs un certain temps, elle prend une odeur assez peu agrĂ©able semblable Ă  celle du lard rance et de l'huile de saindoux[14].

L’huile de tung sĂšche rapidement quand elle est exposĂ©e Ă  l’air et polymĂ©rise en un revĂȘtement rĂ©sistant, durable, impermĂ©able Ă  l’eau, et rĂ©sistant aux acides et bases, convenant bien pour la finition des meubles d’extĂ©rieur[10]. Elle est aussi utilisĂ©e dans les vernis et peinture sĂ©chant rapidement, et comme agent impermĂ©abilisant dans les linolĂ©ums, les toiles huilĂ©es.

L’huile de tung est toxique.

Histoire

Feuille et fruit d’abrasin

Chine

L’huile d’abrasin, fut dĂ©couverte en Chine et devint une spĂ©cialitĂ© chinoise assez unique en son genre.

Les sources textuelles et les fouilles archĂ©ologiques indiquent que l’huile d’abrasin commença Ă  ĂȘtre utilisĂ©e sous les dynasties Sui (581-618) et Tang (618-907)[15]. À cette Ă©poque, les navires Ă©taient souvent enduits d’huile d’abrasin et les interstices des planches et les fissures Ă©taient colmatĂ©es avec un mastic youhui æČč灰 fait avec cette huile, de la chaux et des fibres de chanvre.

Sous la dynastie Tang (618-907), des abrasins commencĂšrent Ă  ĂȘtre plantĂ©s et cultivĂ©s pour produire de l’huile.

L’huile d’abrasin est toxique et comme nombre de substances toxiques, elle fut utilisĂ©e Ă  faible dose comme substance mĂ©dicinale. L’ouvrage « SupplĂ©ments Ă  la matiĂšre mĂ©dicale » (æœŹè‰æ‹Ÿé— Běncǎo shĂ­yĂ­) publiĂ© en 692 par Chen Cangqi é™ˆè—ć™š indique que « l’abrasin yingzitong çœ‚ć­æĄ est trĂšs toxique ; l’huile obtenue par pressage peut empoisonner un rat qui en mourra immĂ©diatement ».

Sous la dynastie Song (960-1279), l’usage de l’huile d’abrasin s’élargit encore ce qui contribua au dĂ©veloppement d’importantes plantations d’abrasins. Au XIe siĂšcle, fut publiĂ©e la premiĂšre monographie Tongpu æĄè°± par Chen Zhu é™ˆçż„ sur les arbres tong. De grandes plantations d’abrasins se firent dans le Jiangnan æ±Ÿć—, rĂ©gion au sud de l’embouchure du Yangzi jiang. L’abrasin, alors appelĂ© yingzitong çœ‚ć­æĄ ou huzitong è™Žć­æĄ, connut le plus grand dĂ©veloppement de sa culture dans le Sichuan et le Hunan[15].

Les preuves archĂ©ologiques de l’utilisation d’un enduit, nommĂ© le chunam (æœ±ć—), utilisĂ© pour calfater la coque des navires, nous viennent des analyses des restes d’un naufrage ayant eu lieu entre 1320 et 1430 dans le dĂ©troit de Karimata en IndonĂ©sie. Le chunam est une combinaison d’huile de tung et de sumac, employĂ©s avec des fibres. Produit qui ne fut pas connu hors de Chine avant l’arrivĂ©e des Portugais en 1516 en Chine[16].

Sous la dynastie Qing (1644-1911), la rĂ©gion orientale du Sichuan restait encore la principale rĂ©gion productrice d’huile de tung. D’aprĂšs un dicton commun dans les campagnes « pas de montagne sans tung, pas de mĂ©nage sans tung »[n 1]. Dans le Sichuan, les chroniques du xian de Cangxi ă€Šè‹æșȘ掿濗》CāngxÄ« xiĂ nzhĂŹ, indiquent que « ce xian (district) peut produire plusieurs milliers de hottes [de noix] de tung, chacun pesant environ 200 livres ; l’huile est de bonne qualitĂ© et vendue aux marchands de Shunyu ».

Au dĂ©but de la RĂ©publique de Chine (1912-1949), l’huile de tung fut utilisĂ©e pour fabriquer de la peinture Ă  un prix intĂ©ressant, pour rĂ©pondre aux besoins de l’armĂ©e et de l’industrie.

Les États-Unis et les pays europĂ©ens vinrent se fournir sur le marchĂ© chinois. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, l’industrie de l’huile de tung atteignit son sommet.

Dans les premiers temps de la culture des abrasins, les agriculteurs fabriquaient de l’huile de tung pour s’éclairer et ne vendaient que leurs surplus. Puis de plus en plus d’utilisateurs se montrĂšrent intĂ©ressĂ©s par des usages nouveaux.

Les plus gros acheteurs d’huile de tung furent des propriĂ©taires de bateaux, des charpentiers et des constructeurs de maisons. Pour l’entretien des navires et bateaux de bois, il Ă©tait appliquĂ© une douzaine de fines couches d’huile d’abrasin jusqu’à ce qu’elle pĂ©nĂštre bien Ă  l’intĂ©rieur du bois et le rende impermĂ©able. Les artisans passaient Ă©galement Ă  l’huile les seaux Ă  eau en bois, les planchers des maisons, les poutres, les plinthes des meubles, les parapluies en papier, etc. L’huile non seulement pĂ©nĂštre bien en profondeur mais aussi elle forme en surface un fin film durable et hydrofuge qui conserve son Ă©lasticitĂ© et se dĂ©place avec le bois[15].

Le commerce de l’huile de tung s’amplifia considĂ©rablement entre 1918 et 1937, tant en volume qu’en prix unitaire, avec 70 % de la production allant vers les États-Unis. La guerre sino-japonaise (1937-1945) a ruinĂ© ce commerce et a poussĂ© les États-Unis Ă  dĂ©velopper de nouveaux produits de synthĂšse Ă  base de pĂ©trole[17]. À la fin du XXe siĂšcle, les peintures et vernis de synthĂšse vinrent concurrencer l’huile de tung. La production d’huile de tung s’étiola entrainant un dĂ©clin rapide des surfaces cultivĂ©es.

États-Unis

AprÚs les vastes coupes de peuplements de pins pour le bois, les agriculteurs de la cÎte du golfe du Mexique ont cherché une culture intéressante pour ces immenses surfaces. Le prix et la qualité fluctuantes des huiles de tung importées de Chine ont incité à construire une filiÚre de production locale[18].

En 1905, les premiĂšres graines d’abrasin ont Ă©tĂ© rapportĂ©es de Chine par le botaniste David Fairchild pour le compte de l'USDA (US Department of Agriculture). AprĂšs une phase d’expĂ©rimentation, le gouvernement incita les producteurs Ă  planter des abrasins en offrant des plants d’un an gratuit. En 1927, il y avait environ 400 producteurs et plus de 404 000 ha d’abrasins cultivĂ©s dans la rĂ©gion d’Alachua en Floride.

En 1941, juste avant que les États-Unis ne s’engagent dans la Seconde Guerre mondiale, l’huile de tung fut dĂ©clarĂ©e article stratĂ©gique pour la dĂ©fense : toute huile de tung produite devait ĂȘtre rĂ©servĂ©e Ă  l’effort de guerre. Toutes les munitions et tous les navires Ă©taient enduits de produits contenant de l’huile de tung. À la suite d’un embargo sur l’huile de tung chinoise, l’huile de tung amĂ©ricaine devint rentable[18].

La culture de l’abrasin s’est Ă©tendue de la Floride, Ă  la GĂ©orgie, l’Alabama, le Mississippi, la Louisiane et le Texas. Mais la concurrence de l’huile de tung d’Argentine, associĂ©e Ă  les pertes rĂ©currentes dues aux gels d’arbres et aux cyclones tropicaux, provoquĂšrent des pertes sĂ©vĂšres chez les producteurs. Quand s’ajouta la concurrence des produits de synthĂšses de substitution, les producteurs commencĂšrent Ă  raser au bulldozer leurs plantation d’abrasins[18].

Production

Fruit de Vernicia fordii fendu

Les arbres Ă  huile de tung se dĂ©veloppent dans un sol humide, bien drainĂ© et lĂ©gĂšrement acide. Les arbres commencent Ă  porter des fruits au cours de leur troisiĂšme annĂ©e et produisent des quantitĂ©s commerciales Ă  quatre ou cinq ans[18]. Les meilleurs rĂ©coltes sont de 3 000 kg·ha-1.

L’huile de tung, produite Ă  l’origine en Chine, peut maintenant ĂȘtre aussi obtenue aux États-Unis, en Argentine, en Chine, et dans la province du Nord-Est de l’Inde[19].

En Chine, les principales zones de production sont en premier le Sichuan, puis le Guizhou, le Hunan, Hubei, puis le Guangxi, Zhejiang, Shaanxi[20]. Depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, la Chine a toujours Ă©tĂ© le principal exportateur d’huile de tung.

La production annuelle de fruits d’abrasin, Ă  la fin des annĂ©es 1990, Ă©tait d’environ 500 000 t, produit sur une surface de 170 000 ha. La Chine assurait 85 % de la production mondiale : 450 000 t de fruits donnant 80 000 t d’huile, exportĂ©e Ă  hauteur de 25 %. Les autres exportateurs importants Ă©taient le Paraguay, l’Argentine[5].

Toxicité

L’huile de tung est hautement toxique. Son contact prolongĂ© avec la peau peut provoquer des dermatites, des inflammations longues Ă  guĂ©rir.

L’intoxication survient lorsqu’elle est ingĂ©rĂ©e par erreur, confondue avec une huile alimentaire. Les symptĂŽmes d’intoxication surviennent dans les 40 min Ă  4 heures :

  1. nausées, vomissements, diarrhées, sang dans les selles etc.
  2. irritabilitĂ©, maux de tĂȘte, Ă©tourdissements, difficultĂ© Ă  respirer; dans les cas graves : convulsions, coma.
  3. lésions rénales, néphrites.
  4. lésions hépatiques[21].

La toxicitĂ© de l’huile vient de la prĂ©sence d’esters di- et triterpĂ©niques.

Composition en acides gras

La valeur Ă©conomique principale de l’huile de tung rĂ©side dans son acide α-Ă©lĂ©ostĂ©arique, un acide gras polyinsaturĂ©, possĂ©dant un systĂšme conjuguĂ© de trois doubles liaisons (C18 :3)[22]:

Acides gras (en %) de l’huile de tung
a. palmitique
C16:0
a. stéarique
C18:0
a. oléique
C18:1, ω9
a. linoléique
C18:2, ω6
a. α-linolénique
C18:3, ω3
a. α-éléostéarique
C18:3
a. ÎČ-Ă©lĂ©ostĂ©arique
C18:3
2,42,35,97,60,4 77,24,2

Cette huile contient un pourcentage Ă©levĂ© (90-95 %) des triglycĂ©rides d'acides gras insaturĂ©s avec deux ou trois doubles liaisons carbone-carbone non conjuguĂ©es (C=C). Celles-ci sont responsables de leur « sĂ©chage », en fait un processus chimique complexe connu sous le nom de polymĂ©risation oxydative, impliquant les doubles liaisons C=C et l'oxygĂšne de l'atmosphĂšre[10]. C’est donc la transformation du film de couverture de l'Ă©tat liquide Ă  l'Ă©tat solide qui est responsable des propriĂ©tĂ©s siccatives de l'huile.

Les acides α- et ÎČ-Ă©lĂ©ostĂ©ariques sont des isomĂšres de l’acide α-linolĂ©nique qui possĂšdent un systĂšme conjuguĂ© de trois doubles liaisons. Ils reprĂ©sentent plus de 80 % des acides gras. La forme ÎČ de l’huile est plus stable que la forme α qui tend Ă  se convertir lentement pendant des annĂ©es en la forme ÎČ. AprĂšs une exposition plus ou moins longue Ă  l’air, ils durcissent en formant un film dur et solide Ă  la surface de l’objet huilĂ©, mate, impermĂ©able et rĂ©sistant aux alcalis. Cette caractĂ©ristique de polymĂ©risation oxydative fait de l’huile de tung un excellent produit Ă  utiliser dans l’industrie des peintures et vernis. UtilisĂ©e comme produit de finition, elle modifie lĂ©gĂšrement la couleur naturelle du bois et en rĂ©hausse la beautĂ©.

C’est aussi l’acide Ă©lĂ©ostĂ©arique qui fait de l’huile de tung un purgatif violent lorsqu’on le prend par voie interne. Il est irritant pour les muqueuses et peut endommager le foie et les reins[23].

Au XXe siĂšcle, l’huile de tung additionnĂ©e de monoxyde de plomb a permis de faire un antirouille efficace.

Utilisations

Corps de guitare en aulne, brut ou enduit d’huile de tung

L’huile de tung a d’abord Ă©tĂ© utilisĂ©e par les paysans chinois qui cultivaient l’abrasin pour s’éclairer. Mais c’était une bien piĂštre huile pour les lampes car elle produisait une fumĂ©e noire, nausĂ©abonde et suffisamment toxique pour pouvoir donner des maux de tĂȘte. Les meilleures huiles d’éclairage Ă©taient l’huile de la graine de l’arbre Ă  suif (Triadica sebifera), l’huile de colza, de lin etc.

Elle Ă©tait traditionnellement appliquĂ©e sur les objets en bois comme les seaux Ă  eau, les poutres, les planchers, les meubles ou sur des toiles ou du papier pour impermĂ©abiliser des vĂȘtements ou les parapluies en papier.

Sous les dynasties Ming et Qing, le mobilier d’intĂ©rieur recevait souvent un traitement de surface avec l’huile de tung, en particulier dans le Sud oĂč les abrasins sont cultivĂ©s. Actuellement, le bois extĂ©rieur des portes et fenĂȘtres peut ĂȘtre huilĂ© par mesure de protection mais c’est rarement le cas des meubles d’intĂ©rieur. À l’époque impĂ©riale, on ajoutait de la colophane en poudre Ă  l’huile comme agent de sĂ©chage. Actuellement, si les meubles sont finis Ă  l’huile de tung, une certaine quantitĂ© de solvant organique est ajoutĂ© pour accĂ©lĂ©rer le processus de sĂ©chage. Mais ces solvants organiques affectent la qualitĂ© de l’air intĂ©rieur[24]. L’huile de tung a Ă©tĂ© et continue Ă  ĂȘtre trĂšs utilisĂ©e pour la fabrication de laque, de vernis, de peintures, d’encre de Chine noire etc. Elle assure un « sĂ©chage chimique » rapide de ces substances, en se polymĂ©risant. Les huiles de tung de moindres qualitĂ©s servaient Ă  la fabrication de savons ou de linoleum[5].

De nos jours, l’huile de tung, sous forme pure ou dans des formulations avec d’autres huiles et catalyseurs, est commercialisĂ©e comme enduit de finition de navire, rĂ©sistant Ă  la corrosion saline ou comme traitement du bois, Ă  sĂ©chage rapide et non noircissant[25].

Les ponts en bois des bateaux sont soumis aux dommages causĂ©s par les UV, l’humiditĂ©, l’eau stagnante, la pollution, les champignons et les variations de tempĂ©ratures. L’action hydrophobe de l’huile tung rĂ©ussit trĂšs bien dans les vernis marins.

Les vernis marins classiques contiennent[26] :

  1. de l’huile de tung (ou de lin), ayant un rîle hydrophobe
  2. une rĂ©sine, un liant formant un film de type glycĂ©ro-phtalique (ou alkyde) Ă  base d’huile modifiĂ©e par cuisson ou d’alkyde-urĂ©thane etc.
  3. un ou plusieurs solvants (qui s’évaporent), un siccatif pour accĂ©lĂ©rer le sĂ©chage
  4. des filtres UV.

Ces vernis sont appliqués en 4 à 9 couches, séparées par un ou deux jours pour le séchage.

En menuiserie et Ă©bĂ©nisterie, deux Ă  quatre couches d’huile de tung suffisent pour protĂ©ger le support. On applique l’huile avec un chiffon en une mince couche. AprĂšs 20 Ă  30 min on essuie minutieusement pour ne pas laisser d’excĂ©dent Ă  la surface du bois ce qui pourrait garder la surface lĂ©gĂšrement collante[27].

Le traitement thermique de l’huile de tung est un processus fondamental pour la prĂ©parer Ă  servir de revĂȘtements. Lorsqu'elle est chauffĂ©e Ă  hautes tempĂ©ratures, elle a tendance Ă  se gĂ©lifier plus rapidement.

Les coques de navires et autres piĂšces d’acier ou alliages immergĂ©s dans l’eau de mer ont aussi grand besoin d’ĂȘtre protĂ©gĂ© de la corrosion. Les peintures sous-marines qui doivent sĂ©cher Ă  froid, peuvent comporter des couches primaires anticorrosion comportant des vernis gras Ă  l’huile de tung.

Autres usages:

Les feuilles, l’huile d’abrasin et les graines sont utilisĂ©es comme insecticide contre les pucerons, chenilles, mouches, courtiliĂšres...

Les fruits immatures, les graines, l’huile d’abrasin, les fleurs, les racines et les feuilles font partie de la matiĂšre mĂ©dicale chinoise[28].

Notes

  1. æ— ć±±äžæĄïŒŒæ— æˆ·äžæĄ wu shan bu tong, wu hu bu tong

Références

  1. P. H. List, L. Hörhammer: Hagers Handbuch der Pharmazeutischen Praxis. 7. Band: Arzneiformen und Hilfsstoffe, Teil B, Springer, 1977 (ISBN 978-3-642-65823-5), S. 172.
  2. H. Gnamm, K. Grafe u. a.: Handbuch der Gerbereichemie und Lederfabrikation. Dritter Band: Das Leder, 1. Teil, Springer, 1936 (ISBN 978-3-7091-2211-2), S. 362.
  3. E. Bames, A. Bömer u. a.: Handbuch der Lebensmittelchemie. 4. Band, Springer, 1939 (ISBN 978-3-642-88819-9), S. 505.
  4. Nelson Zornitta, Willian CĂ©zar Nadaleti et al.: Evaluation of the Tung’s fruits as a possible source of sustainable energy. In: Acta Scientiarum. Technology. MaringĂĄ. 39(4), 2017, S. 487–493, DOI 10.4025/actascitechnol.v39i4.29857.
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  7. Bruna O Ribeiro,Victor S ValĂ©rio,Alessandro Gandini,Talita M Lacerda, « æœšèšçł–èĄç”Ÿçš„çł é†‡ć’Œć€©ç„¶äœŽèšæĄæČčèĄç”Ÿç‰©çš„ć…±èšç‰© », International Journal of Biological Macromolecules,‎ (lire en ligne)
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  10. Xinyou LIU, Maria Christina TIMAR, Anca Maria VARODI, Songlin YI, « Tung oil and linseed oil as traditional finishing materials important for furniture conservation », PROLIGNO, vol. 11, no 4,‎ (lire en ligne)
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  26. Plaisance écologique, « Protection et réfection des bois sur un bateau » (consulté le )
  27. RenĂ© Carrier (30/06/2013), « L’huile d’abrasin, la connaĂźtre et mieux l’utiliser » (consultĂ© le )
  28. Francine FÚvre, Georges Métailié, Dictionnaire RICCI des plantes de Chine ; chinois-français, latin, anglais, Association Ricci, les Editions du Cerf,

Liens internes

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