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TempĂȘte Lothar

La tempĂȘte Lothar, nom donnĂ© par les mĂ©tĂ©orologistes europĂ©ens, est une tempĂȘte synoptique hivernale Ă  caractĂšre explosif qui a touchĂ© l'Europe de l'Ouest, la premiĂšre des deux tempĂȘtes de fin dĂ©cembre 1999 en Europe. Ses vents moyens atteignant jusqu'Ă  115 km/h dans les terres (Orly), mais avec des rafales dĂ©passant 150 km/h de force quasiment Ă©quivalente Ă  un ouragan de catĂ©gorie 2[1] - [N 1] , ont dĂ©vastĂ© dans la journĂ©e du le nord de la France, de la Suisse et l’Allemagne. Ils causĂšrent des dommages importants, en particulier aux forĂȘts, avec des rafales atteignant en plaine 180 km/h Ă  Saint-Sylvain et jusqu'Ă  259 km/h (au mont Wendelstein dans les PrĂ©alpes bavaroises)[3] et 272 km/h (au mont Hohentwiel au nord du lac de Constance dans le Bade-Wurtemberg)[4] en altitude selon les sources.

TempĂȘte Lothar
La trajectoire de la tempĂȘte.
Localisation
Régions affectées
Caractéristiques
Type
TempĂȘte synoptique hivernale Ă  caractĂšre explosif
Vent maximal
272 km/h (vents moyens de 110-120 km/h)
Pression minimale
960 hPa
Largeur du corridor
150 km[1]
Cumul des précipitations
inconnue
Date de formation
Date de dissipation
Conséquences
Nombre de morts
110[2]
Coût
5,9 milliards euros (1999)[2]

Lothar s'est dĂ©placĂ© Ă  100 km/h sur un axe Bretagne (vers h) - Lorraine (vers h) et Alsace (11 h) avec un front mesurant 150 km de large[1].

Ce systĂšme explosif n'Ă©tait pas un ouragan (cyclone tropical), bien que ce nom lui soit donnĂ© par certains, mais une dĂ©pression explosive des latitudes moyennes exceptionnellement intense pour l'Europe[5] - [6]. Elle a Ă©tĂ© suivie le lendemain d'une seconde tempĂȘte nommĂ©e Martin qui a durement Ă©prouvĂ© le sud de la France, l'Espagne et le nord de l'Italie.

Situation météorologique

Du 26 au , les cyclones extra-tropicaux Lothar et Martin ont affectĂ© l’Europe de l’Ouest. À partir du , la dĂ©pression d'Islande se renforce et crĂ©e un fort contraste de tempĂ©rature le long d'un front polaire Ă  travers l'Atlantique. Pendant ce temps, un anticyclone recouvre l’Europe centrale et orientale. Le , l'anticyclone se dĂ©cale vers l'est ce qui permet un dĂ©placement de la zone frontale vers l'Europe. Le long de ce front une premiĂšre dĂ©pression, prĂ©nommĂ©e Kurt, affecte l'Europe de l'Ouest[7].

Tard le , une onde dans la circulation se dĂ©veloppa dans la basse troposphĂšre au sud de la Nouvelle-Écosse le long de la mĂȘme zone frontale. Elle se dĂ©plaça rapidement vers l'est tout en se renforçant, aidĂ©e par un environnement favorable oĂč un approvisionnement durable d'air froid polaire et d'air subtropical chaud et humide se rencontrait. Le , l'onde devint une dĂ©pression de pression centrale de 995 hPa[7]. Selon la tradition europĂ©enne, l'Institut mĂ©tĂ©orologique de l'UniversitĂ© libre de Berlin[8] donne un nom aux dĂ©pressions hivernales, et ce fut « Lothar Â» dans ce cas.

Lothar se dĂ©plaça rapidement, poussĂ©e par un fort courant-jet dans la matinĂ©e du , Ă  une vitesse proche de 130 km/h[6]. Elle atteignit une pression centrale de 985 hPa Ă  quelque 300 km au sud de l'Irlande. À l’approche des cĂŽtes du nord-ouest de la France, la tempĂȘte a ralenti pour atteindre 97 km/h avant de commencer une phase d’intensification rapide. La pression centrale a chutĂ© de 32 hPa en 8 heures, tombant Ă  960 hPa durant la pĂ©riode de passage de la tempĂȘte au-dessus de Paris, ce qui correspond Ă  la dĂ©finition d'une bombe mĂ©tĂ©orologique[7] - [6]. Son creusement s'est accentuĂ© sur terre en raison d'une interaction forte avec le courant jet d'altitude qui Ă©taient proches de 400 km/h Ă  9 000 m d'altitude[7] - [6].

Lothar Ă©tait extrĂȘmement intense et ne faisait que 300 km de diamĂštre, bien infĂ©rieur au diamĂštre de la majoritĂ© habituelle pour une dĂ©pression des latitudes moyennes[6]. Son intensification rapide a engendrĂ© un gradient de pression interne comparable Ă  ce que l’on observe dans les ouragans de CatĂ©gorie 2. Des vents exceptionnellement forts ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s dans une zone de 150 km situĂ©e au sud du centre de la dĂ©pression[6].

Avant la dissipation de Lothar, une nouvelle perturbation s'est crĂ©Ă©e prĂšs de l’endroit oĂč Lothar s’était formĂ©. Cette tempĂȘte, appelĂ©e Martin, a empruntĂ© un trajet Ă  200 km au sud de Lothar et a atteint sa pression minimale enregistrĂ©e de 964 hPa. Ses vents Ă©taient d’intensitĂ© maximale Ă  l’approche des cĂŽtes françaises dans la soirĂ©e du 27 dĂ©cembre comparables Ă  celles de Lothar : 190 km/h sur les cĂŽtes et 158 km/h Ă  l’intĂ©rieur des terres[6].

Prévision

AprĂšs les problĂšmes de la TempĂȘte de 1987, les services mĂ©tĂ©orologiques europĂ©ens ont beaucoup amĂ©liorĂ© leurs modĂšles de prĂ©vision numĂ©rique du temps et MĂ©tĂ©o-France a prĂ©vu Lothar. Les guides numĂ©riques de prĂ©vision pour Lothar ont Ă©tĂ© mĂ©diocres Ă  cause de l’instabilitĂ© extrĂȘme de l’atmosphĂšre. Certaines prĂ©visions tablaient sur un passage du front au-dessus du Royaume-Uni tandis que d’autres ne signalaient mĂȘme pas d’intensification possible de la dĂ©pression et des vents associĂ©s[6].

Cependant, l’intensitĂ© du courant-jet, avait Ă©tĂ© prĂ©vue neuf jours auparavant par le Centre europĂ©en de prĂ©vision mĂ©tĂ©orologique Ă  moyen terme (CEPMMT) et les mĂ©tĂ©orologues français, utilisant les modĂšles ainsi que les variations de tempĂ©ratures et de pression exceptionnelles, ont pu envoyer une alerte mĂ©tĂ©orologique avec 24 heures de prĂ©avis et ont travaillĂ© en contact Ă©troit avec les services de la sĂ©curitĂ© civile[6]. MalgrĂ© tout, les prĂ©visions de vitesse de vent n’étaient que de 90 Ă  130 km/h au lieu des vitesses observĂ©es entre 125 et 175 km/h. AprĂšs la tempĂȘte, les prĂ©visionnistes se sont demandĂ© si l’apport supplĂ©mentaire de donnĂ©es cĂŽtiĂšres aurait pu amĂ©liorer les prĂ©visions ou si le dĂ©veloppement dramatique de cette tempĂȘte dĂ©passait les capacitĂ©s des modĂšles numĂ©riques opĂ©rationnels de prĂ©vision[6].

Des lacunes dans la diffusion de cette alerte, et de celle pour Martin moins de deux jours plus tard, a amené à la mise sur pied du programme de vigilance météorologique de Météo France le 1er octobre 2001 pour mieux toucher le public.

D'autre part, les services météorologiques allemands ont été critiqués pour ne pas avoir émis des avertissements pour Lothar.

Rafales enregistrées

Selon les services météorologiques des pays cités :

DĂ©gĂąts

Selon les assureurs et les autorités des pays, il a été dénombré 110 victimes dont[2]
Nationalité Morts
France[15] 53
Suisse 29 (14 directement et 15 autres victimes lors des travaux de dĂ©blaiement en forĂȘt)
Allemagne[15] Au moins 17
  • Les pertes Ă©conomiques furent estimĂ©es Ă  5,9 milliards euros (1999)[2] ;
  • Les arbres abattus[16] - [17] - [18] :
    • Bade-Wurtemberg en Allemagne, 25 millions de mĂštres cubes ;
    • France : il n'y a pas de sĂ©paration des dĂ©gĂąts entre les tempĂȘtes Martin et Lothar qui se sont succĂ©dĂ© en fin dĂ©cembre 1999. On rapporte de 115 Ă  140 millions de mĂštres cubes de bois abattus au total pour les deux systĂšmes, l'Ă©quivalent d'un convoi ferroviaire ininterrompu d’Oslo Ă  Gibraltar ;
    • Suisse, 13 millions de mĂštres cubes de bois.

Cette tempĂȘte est la plus forte jamais enregistrĂ©e en Europe depuis que des relevĂ©s mĂ©tĂ©orologiques fiables existent[19]. Avant cela, le premier Ă©vĂšnement apparemment comparable serait la Grande tempĂȘte de 1703 survenue les 7 et en Bretagne et dans le sud de l'Angleterre (plus de 8 500 victimes)[20].

  • Chablis dans une forĂȘt de Arenbachtal dans le Bade-Wurtenberg aprĂšs la tempĂȘte.
    Chablis dans une forĂȘt de Arenbachtal dans le Bade-Wurtenberg aprĂšs la tempĂȘte.
  • Travaux de dĂ©blaiement dans un Chablis en ForĂȘt Noire prĂšs de Baden-Baden.
    Travaux de dĂ©blaiement dans un Chablis en ForĂȘt Noire prĂšs de Baden-Baden.
  • Parcelle de sapins Douglas renversĂ©s par la tempĂȘte Lothar du 26 dĂ©cembre 1999 en forĂȘt de FrĂ©teval, Loir-et-Cher, France.
    Parcelle de sapins Douglas renversĂ©s par la tempĂȘte Lothar du 26 dĂ©cembre 1999 en forĂȘt de FrĂ©teval, Loir-et-Cher, France.

L'aprĂšs Lothar

La rĂ©gion du Schliffkopf dans la ForĂȘt-Noire se trouve dans le Bade-Wurtemberg en Allemagne. Elle est connue pour ses forĂȘts et ses nappes d'eau souterraines, et, depuis 1938, dĂ©clarĂ©e zone protĂ©gĂ©e de la nature.

À la fin de juin 2003 fut ouvert sur les lieux, un parcours d'observation nommĂ© le « Lotharpfad Â». La tempĂȘte Lothar, dont les vents de force d'ouragan ont atteint 272 km/h au mont Hohentwiel au nord du lac de Constance, a lourdement atteint la rĂ©gion en 1999, et, en parcourant ce sentier d'observation de 800 m de long, les visiteurs peuvent dĂ©couvrir prĂšs de 10 ha (100 000 m2) dĂ©vastĂ©s par la tempĂȘte.

Notes et références

Notes

  1. On ne peut cependant pas directement comparer ces rafales avec les vents soutenus qui servent Ă  classer les cyclones tropicaux. Ainsi un ouragan de catĂ©gorie 1 peut gĂ©nĂ©rer des rafales dĂ©passant les 185 km/h mĂȘme si ses vents soutenus sont entre 119 Ă  150 km/h.

Références

  1. « Une situation mĂ©tĂ©orologique exceptionnelle », TempĂȘtes de dĂ©cembre 1999, MĂ©tĂ©o-France (consultĂ© le ).
  2. (en) Yörn Tatge, « Looking Back, Looking Forward: Anatol, Lothar and Martin Ten Years Later », Air-Worldwide (consulté le )
  3. (de) Abteilung Klima und Umwelt, « Bewertung der Orkanwetterlage am 26.12.1999 aus klimatologischer Sicht » [PDF], Deutscher Wetterdienst (consulté le ).
  4. (de) « Wetterextreme », sur unwetterzentrale.de (consulté le )
  5. (en) U. Ulbrich, A. H. Fink, M. Klawa et J.G. Pinto, « Three extreme storms over Europe in December 1999 », Weather, UniversitĂ© de Cologne,‎ (lire en ligne)
  6. (fr + en) « Les tempĂȘtes Lothar et Martin » [PDF], Risk management Solutions (RMS) (consultĂ© le )
  7. Eugen MĂŒller, Stephan Bader et Patrick HĂ€chler, « Lothar - 10 ans aprĂšs » [PDF], MĂ©tĂ©oSuisse, (consultĂ© le ).
  8. (en) « History of Naming Weather Systems », Université libre de Berlin, (consulté le ).
  9. Marie-Claire Baleste, Hubert Brunet, Alain Mougel, Jean Coiffier, Nicole Bourdette et Pierre Bessemoulin, Les tempĂȘtes exceptionnelles de NoĂ«l 1999, MĂ©tĂ©o-France/ Direction de la Production, coll. « Bulletin climatique annuel », pdf (ISSN 1159-1056).
  10. « Bulletin climatique » [PDF], sur Météo-France, (consulté le )
  11. Pierre Bousselin, « Aspects mĂ©thodologiques et historiques des tempĂȘtes et des chablis » [PDF] (consultĂ© le ).
  12. « Lothar le 26 décembre 1999 », Météo-France (consulté le ).
  13. « Bulletin climatique du Loir-et-Cher » [PDF], sur Météo-France, (consulté le ).
  14. Ludwig Z'graggen et Andreas Hostettler (trad. Ch. Salamin), « TempĂȘte d'ouest et tempĂ©ratures record » [PDF], ActualitĂ©s mĂ©tĂ©orologiques, MĂ©tĂ©oSuisse, (consultĂ© le ).
  15. « TempĂȘte du 26 dĂ©cembre 1999 », sur alertes-meteo.com (consultĂ© le )
  16. DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de l'Environnement, des Transports, de l'Énergie et de la Communication, LOTHAR : Prix et marchĂ© du bois, ConfĂ©dĂ©ration suisse, (lire en ligne [PDF])
  17. Michel Spicher, « L'ouragan Lothar, un cataclysme dans le monde forestier », Site officiel du Canton de Fribourg (Suisse), (consulté le )
  18. Michel Denis, « Expertise collective suite aux dĂ©gĂąts en forĂȘt lors des tempĂȘtes de dĂ©cembre 1999 », Cemagref, (version du 19 fĂ©vrier 2006 sur Internet Archive)
  19. M. HontarrĂšde, « Les tempĂȘtes jumelles de NoĂ«l 1999 », Revue Met-Mar, no 187,‎ , p. 3-5 (lire en ligne [PDF]).
  20. R. Chaboud, La mĂ©tĂ©o, questions de temps, Paris, Éditions Nathan, , 288 p. (ISBN 9782092605400).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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