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TempĂȘte Martin

La tempĂȘte Martin, dont le nom est donnĂ© par l'institut de mĂ©tĂ©orologie allemand, est une tempĂȘte synoptique hivernale Ă  caractĂšre explosif qui a touchĂ© l'Europe de l'Ouest, la seconde tempĂȘte de fin dĂ©cembre 1999. Abordant le littoral quelques heures aprĂšs la tempĂȘte Lothar, au soir du 27 dĂ©cembre 1999, Martin a principalement touchĂ© une large moitiĂ© sud de la France ainsi que les rĂ©gions les plus septentrionales de l'Espagne et de l'Italie. Les tempĂȘtes Lothar et Martin, considĂ©rĂ©es comme exceptionnelles par leur intensitĂ© sont souvent confondues et dĂ©signĂ©es sous le nom de « tempĂȘte du siĂšcle » (au singulier) dans certains mĂ©dia.

TempĂȘte Martin
Localisation
Pays
Caractéristiques
Type
TempĂȘte synoptique hivernale Ă  caractĂšre explosif
Vent maximal
Rafales 205 km/h mais vent moyen de 100 Ă  150 km/h[1]
Pression minimale
963 hPa
Date de formation
Date de dissipation
Conséquences
Nombre de morts
30[2]
Coût
milliards d'euros[3]
dont seulement 2,5 assurés[2]

Parmi les rĂ©gions les plus touchĂ©es par ce second cyclone extratropical, le sud-ouest de la France dont le dĂ©partement de la Charente-Maritime, oĂč 13 personnes trouvent la mort Ă  cause de la tempĂȘte.

Les rafales les plus violentes furent relevĂ©es Ă  Mandelieu (Alpes-Maritimes) Ă  205 km/h[1] - [N 1], sur l'Ăźle d'OlĂ©ron (au moins 198 km/h, les mesures exactes demeurant inconnues, l'anĂ©momĂštre du phare de Chassiron ayant Ă©tĂ© bloquĂ© Ă  son maximum) et Ă  Royan (194 km/h). La puissance de cette tempĂȘte l'a fait comparer Ă  un ouragan (vents de force 12 sur l'Ă©chelle de Beaufort, Ă©quivalentes Ă  un cyclone de force 2 sur l'Ă©chelle de Saffir-Simpson).

Cependant, par sa structure mĂȘme, Martin n'Ă©tait en rien un cyclone tropical, mais une tempĂȘte hivernale particuliĂšrement puissante appelĂ©e « bombe » par les mĂ©tĂ©orologistes[4] - [5].

Contexte météorologique

DĂ©gĂąts Ă  AngoulĂȘme, prĂ©fecture de la Charente, au matin du 28 dĂ©cembre 1999.

Quelques heures aprĂšs le passage dĂ©vastateur de la tempĂȘte Lothar sur le nord de l'Europe, une nouvelle dĂ©pression se creuse sur l'Atlantique-Nord. La chute brutale des pressions au cƓur de celle-ci indique l'Ă©mergence d'une nouvelle tempĂȘte de type « bombe » susceptible de causer des dĂ©gĂąts au moins aussi importants que celle que l'Europe vient de connaĂźtre quelques heures plus tĂŽt[6]. Les services de MĂ©tĂ©o-France Ă©mettent une nouvelle alerte le 27 dĂ©cembre Ă  9 heures 03, dont le communiquĂ© est ainsi rĂ©digĂ©[7] :

« Une nouvelle dĂ©pression se creuse actuellement sur le proche Atlantique et abordera le golfe de Gascogne en fin d'aprĂšs-midi. Elle se dĂ©calera rapidement dans la nuit vers l'est en longeant le 45e dĂ©plaçant la tempĂȘte des cĂŽtes atlantiques vers la MĂ©diterranĂ©e. Le vent d'abord au secteur ouest tournera rapidement au nord-ouest et c'est Ă  ce moment qu'il sera le plus fort. Des rafales entre 100 et 130 km/h sont attendues sur l'ensemble des rĂ©gions concernĂ©es par l'Alarme. Des pointes jusqu'Ă  150 km/h sont mĂȘme possibles par endroits. Les vents moyens seront Ă©galement soutenus entre 60 et 80 km/h, mĂȘme Ă  l'intĂ©rieur des terres. »

Le 27 dĂ©cembre Ă  midi, la dĂ©pression se situe au large de la Bretagne, progressant Ă  une vitesse de quelque 100 kilomĂštres Ă  l'heure sur un axe d'Ouest en Est. Dans les heures suivantes, les vents se renforcent sur les cĂŽtes vendĂ©ennes, tournant au secteur Nord-Ouest en Bretagne et Ouest sur le littoral atlantique. Le cƓur de la tempĂȘte atteint le littoral au niveau de l'estuaire de la Loire (Pointe de Chemoulin) au cours de la soirĂ©e, tandis que la pression en son centre n'est alors que de 963 hectopascals. Les rafales les plus violentes ravagent les rĂ©gions situĂ©es plus au sud, atteignant des valeurs Ă©quivalentes Ă  celles d'un cyclone tropical (205 kilomĂštres Ă  l'heure en certains points du littoral charentais)[8]. En altitude, le radiosondage effectuĂ© par MĂ©tĂ©o-France Ă  Brest le 27 dĂ©cembre Ă  00 h UTC enregistre un courant-jet soufflant Ă  la vitesse exceptionnelle de 529 kilomĂštres Ă  l'heure, vers 8 000 m[8].

ParallĂšlement, les rĂ©gions situĂ©es au nord subissent l'influence d'un courant froid provoquant des chutes de neige tenant au sol. Les plus significatives ont lieu sur la Bretagne, la Normandie et une partie du bassin parisien[6]. Ce phĂ©nomĂšne s'explique par la circulation des vents autour d'une dĂ©pression qui est dans un sens inverse Ă  celui des aiguilles d'une montre, provoquant une circulation d'air froid sur les rĂ©gions septentrionales, tandis que le sud bĂ©nĂ©ficie dans le mĂȘme temps de tempĂ©ratures relativement douces.

Le 28 dĂ©cembre au matin, le cƓur de la tempĂȘte a dĂ©jĂ  parcouru des centaines de kilomĂštres Ă  travers les terres, se situant non loin de la ville de Venise. Bien que la dĂ©pression ait dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  se combler, les pressions en son centre sont toujours de l'ordre de 976 hectopascals.

Déroulement des intempéries

Les premiÚres rafales de vent atteignent les cÎtes bretonnes et vendéennes dans l'aprÚs-midi du 27 décembre 1999. Quelques heures plus tard, de violentes bourrasques balaient les ßles de Ré et d'Oléron, tandis que des vents dont la force est comparable à celle d'un ouragan dévastent les cÎtes charentaises et aquitaines en cours de soirée.

À La Rochelle, les rafales atteignent les 150 kilomĂštres Ă  l'heure, provoquant de nombreux dĂ©gĂąts matĂ©riels, estimĂ©s par la suite Ă  82 millions de Francs[9]. Toitures arrachĂ©es, bateaux renversĂ©s, 7 000 arbres dĂ©racinĂ©s, Ă©difices publics et mobilier urbain endommagĂ©s tĂ©moignent de la violence des Ă©lĂ©ments.

Dans la grande salle de l'hÎtel de ville, une centaine de lits sont installés par l'armée pour accueillir des personnes sinistrées. Parmi les témoins des événements de La Rochelle, l'ancienne ministre Corinne Lepage indique dans une entrevue parue ultérieurement dans un journal local :

« C'était un spectacle de désolation : il n'y avait personne dans les rues, des arbres en travers partout, des cabines téléphoniques qui valsaient, je ne sais pas comment j'ai fait pour rejoindre le commissariat de police sur la place de Verdun[9] »

Vers 19 heures 30, le trafic ferroviaire est interrompu dans le département de la Charente-Maritime. Plusieurs centaines de personnes sont bloquées en gare de La Rochelle et de Saintes.

Plusieurs localités du département sont sinistrées, tant du fait des destructions dues aux rafales de vent ou aux chutes d'arbres, que des inondations qui frappent une partie du littoral.

Dans la rĂ©gion de Royan, la forĂȘt domaniale de la Coubre, composĂ©e en majoritĂ© de pins maritimes, est en partie dĂ©truite, tandis que plusieurs infrastructures du zoo de la Palmyre sont endommagĂ©es.

Dans les heures qui suivent, une partie du département est privée d'électricité.

En Gironde, la centrale nucléaire du Blayais est partiellement inondée, obligeant l'Institut de protection et de sûreté nucléaire à enclencher une alerte de niveau 2[10].

Dans le mĂȘme temps, la ligne Ă  haute-tension reliant la centrale au reste du rĂ©seau est arrachĂ©e par les bourrasques.

Dans ce dernier dĂ©partement, le MĂ©doc est victime de nombreuses chutes d'arbres. À Bordeaux, la Garonne en crue inonde les quais, tandis que les pompiers effectuent de nombreuses interventions. Plusieurs monuments et infrastructures publiques sont endommagĂ©s, le trafic ferroviaire et routier est interrompu, de mĂȘme que le trafic aĂ©rien[11]. À Toulouse, plusieurs trains Ă  destination de Bordeaux sont arrĂȘtĂ©s en gare de Matabiau.

Dans le Limousin, les dégùts sur les lignes électriques provoquent de nombreuses coupures d'électricité. Dans le Puy-de-DÎme, des rafales de prÚs de 150 kilomÚtres à l'heure provoquent l'effondrement d'une partie de la tour de contrÎle de l'aéroport de Clermont-Ferrand.

Le lendemain, 28 dĂ©cembre, le premier ministre Lionel Jospin se rend sur des lieux sinistrĂ©s, en particulier Ă  La Rochelle. Des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux imposent des restrictions sur l'achat de l'eau minĂ©rale, l'eau courante Ă©tant coupĂ©e Ă  cause des intempĂ©ries. Les forces armĂ©es sont mises Ă  contribution afin de rĂ©tablir les infrastructures.

Au soir de ce mĂȘme jour, le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac intervient Ă  la tĂ©lĂ©vision :

« Au nom de la nation tout entiÚre, je voudrais exprimer, à toutes celles et à tous ceux qui souffrent, sympathie et compassion[12] »

Au cours de cette mĂȘme intervention, il indique que « la solidaritĂ© nationale joue et jouera en faveur de tous ceux qui en ont besoin ».

Le 29 décembre, une premiÚre aide gouvernementale de 140 millions de Francs est débloquée.

Victimes

La tempĂȘte Martin laisse derriĂšre elle 30 morts, dont 27 en France. Parmi ces derniers, 13 sont originaires du dĂ©partement de la Charente-Maritime, 8 de celui de la Charente, trois du dĂ©partement de la Gironde, deux de celui de la Dordogne et une du dĂ©partement des Landes[13].

Dommages matériels

238 000 hectares de forĂȘt sont dĂ©vastĂ©s lors du passage de la tempĂȘte Martin en 1999, dont prĂšs de 40 000 hectares dans le MĂ©doc. PrĂšs de 30 % de la forĂȘt landaise Ă©tait sensiblement endommagĂ©e par les vents violents relevĂ©s dans la rĂ©gion.

À la suite du passage de la tempĂȘte, environ 1 433 000 foyers sont privĂ©s d'Ă©lectricitĂ©, tandis que 170 000 personnes sont privĂ©es de tĂ©lĂ©phone[13].

Le bilan Ă©conomique de la tempĂȘte Martin approche quatre milliards d'euros de dĂ©gĂąts. Les dommages rĂ©pertoriĂ©s touchent principalement les bĂątiments, les infrastructures, le rĂ©seau Ă©lectrique, tandis que plusieurs monuments historiques sont endommagĂ©s Ă  des degrĂ©s divers[14].

Rafales enregistrées

Notes et références

Notes

  1. À La Rochelle, en Charente-Maritime, l'anĂ©momĂštre du Port de plaisance aurait bloquĂ© Ă  son maximum de 256 km/h selon un communiquĂ© de la Mairie de La Rochelle du 31 dĂ©cembre 1999 dans les archives dĂ©partementales. Cependant, ceci n'est pas une rĂ©fĂ©rence vĂ©rifiable et ne dit rien sur l'homologation de cette donnĂ©e qui n'est pas corroborĂ©e par MĂ©tĂ©o-France.

Références

  1. « Bulletin climatique » [PDF], sur Météo-France, (consulté le ), p. 9.
  2. (en) Yörn Tatge, « Looking Back, Looking Forward: Anatol, Lothar and Martin Ten Years Later », Air-Worldwide (consulté le )
  3. « Dossier : La tempĂȘte Martin », PrĂ©vention 2000 (consultĂ© le )
  4. (en) U. Ulbrich, A. H. Fink, M. Klawa et J.G. Pinto, « Three extreme storms over Europe in December 1999 », Weather, UniversitĂ© de Cologne,‎ (lire en ligne)
  5. (fr + en) « Les tempĂȘtes Lothar et Martin », Risk management Solutions (RMS) (consultĂ© le ) [PDF]
  6. « Une situation mĂ©tĂ©orologique exceptionnelle », TempĂȘtes de dĂ©cembre 1999, MĂ©tĂ©o-France (consultĂ© le )
  7. « L'ouragan du 27 décembre 1999 », Météo-France (consulté le )
  8. « TempĂȘte Martin : Trajectoire du centre de la dĂ©pression », MĂ©tĂ©o-France (consultĂ© le )
  9. « ...et la tempĂȘte du siĂšcle », Journal de La Rochelle, no 50,‎ (lire en ligne [archive du ]).
  10. Les tempĂȘtes Lothar et Martin
  11. Dans Sud-Ouest, édition du 29 décembre 1999
  12. In Journal Télévisé de France 2, INA, Archives pour tous
  13. Supplément spécial du journal Sud-Ouest : 1999-2009, la malédiction, 28 janvier 2009
  14. Site Prévention 2000.
  15. Statistiques climatiques de la France : 1971-2000, Paris, Météo-France, Direction de la Climatologie, , 287 p. (ISBN 978-2-11-098718-1).
  16. 1 Marie-Claire Baleste, Hubert Brunet, Alain Mougel, Jean Coiffier, Nicole Bourdette et Pierre Bessemoulin, Les tempĂȘtes exceptionnelles de NoĂ«l 1999, MĂ©tĂ©o-France, Direction de la Production (ISSN 1159-1056).
  17. Pierre Bousselin, « Aspects mĂ©thodologiques et historiques des tempĂȘtes et des chablis » [PDF] (consultĂ© le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • François Dedieu, Une catastrophe ordinaire. La tempĂȘte du 27 dĂ©cembre 1999, Éditions de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales,

Liens externes

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