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Flottage du bois

Le flottage du bois ou radelage est un mode de transport par voie d'eau pour des piĂšces de bois de tailles variables, Ă  l'Ă©tat brut ou dĂ©jĂ  dĂ©bitĂ©es, assemblĂ©es entre elles ou pas. InfluencĂ© par les caractĂ©ristiques typographiques, hydrographiques, culturelles et climatiques de chaque rĂ©gion du monde, il prend des formes diffĂ©rentes et trĂšs variĂ©es en fonction des essences d'arbres des grandes zones forestiĂšres de la planĂšte, mais surtout de la prĂ©sence ou du degrĂ© de flottabilitĂ© du cours d'eau qui est aux abords des massifs forestiers oĂč sont abattus les arbres.

Le radelage *
Image illustrative de l’article Flottage du bois
Radelage en Espagne en 2011
Pays * Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de l'Autriche Autriche
Drapeau du Canada Canada
Drapeau de l'Espagne Espagne
Drapeau de la Lettonie Lettonie
Drapeau de la Pologne Pologne
Drapeau de la Tchéquie Tchéquie
Liste Liste représentative
AnnĂ©e d’inscription 2022
* Descriptif officiel UNESCO
BĂ»ches perdues enchevĂȘtrĂ©es, Minnesota, annĂ©es 1800.

Tous ces facteurs variables engendrent une activitĂ© extrĂȘmement localisĂ©e, trĂšs marquĂ©e par le mode de vie des populations autochtones, ce qui se manifeste d'abord par un vocabulaire pratiquement toujours rĂ©gional. Des zones blanches cĂŽtoient des aires d'extension du flottage trĂšs actives dans de nombreux pays du monde. Le noyau gĂ©ographique du flottage est l'Eurasie tout entiĂšre. De lĂ , il a Ă©tĂ© exportĂ© par les colons vers l'AmĂ©rique, l'Afrique et l'OcĂ©anie. En dehors de l'AmĂ©rique du Nord, il reste nĂ©anmoins trĂšs marginal voire trĂšs localisĂ© dans ces trois continents. Il n'existe pas une forme de flottage du bois, notamment en trains, qui reprĂ©senterait une norme particuliĂšre et qui aurait Ă©tĂ© imitĂ©e au fil des millĂ©naires pour se rĂ©pandre dans le monde. La diversitĂ© est de mise car le flottage dĂ©pend de nombreux facteurs biochimiques et physiques qui influent sur la capacitĂ© du bois Ă  flotter plus ou moins bien, voire pas du tout, suivant qu’il est fraĂźchement coupĂ© ou stockĂ© et sĂ©chĂ©. De mĂȘme, certaines essences d’arbre en Asie sont naturellement peu flottables de sorte qu’il faut les arrimer Ă  des essences d’arbres qui leur servent de bouĂ©es d’appoint. Les civilisations antiques ont Ă©galement eu recours Ă  des outres de bouc gonflĂ©es ou des poteries en terre cuite inversĂ©es pour amĂ©liorer la flottabilitĂ© de l’assemblage de grumes.

Le flottage du bois n'appartient pas partout au passĂ© comme dans les pays europĂ©ens. Il est encore pratiquĂ© dans certaines rĂ©gions du monde. Le flottage contemporain est trĂšs fortement liĂ© aux forĂȘts tropicales mais aussi au bambou qui devient un gros marchĂ© en Asie. En Chine, mais aussi de plus en plus en Éthiopie[1], la ressource la plus importante en bois est le bambou dont l'exploitation et la transformation permettent l'emploi des millions de salariĂ©s. Il pousse plus vite que les essences d’arbres des zones tempĂ©rĂ©es et il est encore transportĂ© par flottage parallĂšlement au transport par camions, barges ou chemin de fer.

Train de bois ou radeau

Il ne faut pas confondre les radeaux et le flottage du bois bien qu'ils soient intrinsĂšquement apparentĂ©s. C'est la finalitĂ© qui diverge : un radeau, de sauvetage ou pas, ou encore un radeau-bac ont Ă©tĂ© construits intentionnellement comme embarcation[2] pour les hommes pour traverser une riviĂšre, relier des Ăźles (le « island hopping » des micronĂ©siens et polynĂ©siens[3]) ou servir de refuge improvisĂ© avant l'apparition des canots de sauvetage, et surtout quand les bateaux Ă©taient en bois et s’échouaient sur une rive. L’usage du radeau comme moyen de transport en Asie Ă©tait trĂšs courant comme au Japon durant la pĂ©riode Muromachi avec les radeaux aux extrĂ©mitĂ©s courbĂ©es vers le haut, mais on voit Ă©galement pour la mĂȘme Ă©poque sur une estampe exposĂ©e au Metropolitan Museum of Art de New York, rĂ©alisĂ©e par le Japonais Maejima SƍyĆ«, l’explorateur chinois Zhang Qian sur un radeau sur une riviĂšre qui ressemble en fait plus Ă  un seul tronc d’arbre mal en point. De mĂȘme, le dĂ©placement et les migrations par radeaux remontent trĂšs loin ; les IndigĂšnes du dĂ©troit de TorrĂšs ont usĂ© de radeaux en bambou traditionnels hĂ©ritĂ©s des temps immĂ©moriaux jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle.

Le radeau est plus associĂ© Ă  la mer dans les cultures europĂ©ennes, il a longtemps servi de ferry ou bac de riviĂšre en Asie (aujourd'hui encore dans le Kerala[2] en Inde du Sud-Ouest par exemple), parfois mĂȘme avec un seul tronc tirĂ© par une corde et auquel on s'accrochait.

Toutefois, les flotteurs, justement appelĂ©s parfois radeleurs, fabriquent en quelque sorte des radeaux puisqu'ils assemblent les grumes les unes aux autres pour rentabiliser l'expĂ©dition en transportant le maximum de piĂšces possibles jusqu'au port aux bois final. La finalitĂ© de ces radeaux est en premier lieu pratique et fonctionnelle : d'abord ils peuvent faire plus d'un mĂštre de profondeur, ensuite ils sont liĂ©s de maniĂšre interdĂ©pendante pour former un train qui peut atteindre des dimensions gigantesques sur lac ou fleuve. L'assemblage Ă©vite de perdre des piĂšces de bois pendant la descente avec un inconvĂ©nient majeur dĂ» Ă  sa taille : il n'est pas maniable ou facilement manƓuvrable.

Petite flotte en ForĂȘt-Noire transportant Ă©galement des passagers, Allemagne,1910.

Les hommes qui montent sur ces trains de bois ne sont pas des voyageurs qui se rendent d'un point Ă  un autre, mais des livreurs de bois qui grimpent sur leur marchandise Ă  leurs risques et pĂ©rils pour la diriger entre les rochers, les mĂ©andres, entre les piliers de pont et surtout Ă  travers les pertuis qui jalonnent les cours d'eau. Toutefois, pour les trains de bois assez stables sur les riviĂšres peu agitĂ©es, les flotteurs ont, selon les rĂ©gions bien sĂ»r, acceptĂ© de prendre des passagers sur leur train de bois sans pouvoir leur garantir une totale sĂ©curitĂ©. De mĂȘme, ce qui sĂšme la confusion avec les radeaux de passagers, c'est que pour les expĂ©ditions de plusieurs jours ou semaines il y avait sur les grands assemblages de radeaux des tentes ou des cabanes pour les flotteurs et leurs familles qui voyageaient avec eux. Enfin, et ce n’est pas la moindre des diffĂ©rences, le radeleur des bacs et des autres embarcations de voyageurs ne dĂ©monte pas son radeau une fois la cible atteinte tandis que le flotteur disloque tous les radeaux solidaires au port aux bois qui prend en charge le triage et la redistribution, il reprend ce qui peut ĂȘtre rĂ©utilisĂ© Ă  la prochaine expĂ©dition (cordages et harts, gaffes, crochets
) et il rentre Ă  pied. Dans les Ăźles Fidji, certains utilisent encore le bili-bili, radeau rĂ©alisĂ© en bambou, aussi appelĂ© le « bateau sans retour » car le marchand de l'Ăźle ne vend pas le bois du radeau avec lequel il a descendu le fleuve Navua pour vendre sa marchandise au marchĂ©. Le paysan revenait Ă  pied et le radeau Ă  usage unique dĂ©rivait vers la mer.

Quatre formes de flottage les plus répandues

Il faut distinguer :

  • le flottage Ă  bĂ»ches perdues ;
  • le flottage en trains de grumes ou de planches sur lequel montent au mininum deux flotteurs ;
  • les flottes aux billes dissociĂ©es mais reliĂ©es par un filin central ou enserrĂ©es dans un cadre dĂ©limitĂ© par des bois de garde, le tout tractĂ© ou propulsĂ© par un ou plusieurs bateaux ;
  • les radeaux Benson ou Joggins, mastodontes des flottes aux États-Unis au XXe siĂšcle.

Par pur rĂ©flexe, on pourrait penser que le premier type, fondĂ© sur l’observation empirique d’un arbre qu’on voit flotter sur l’eau sans rien faire de particulier, est le plus ancien dans l’histoire alors que le troisiĂšme est le plus rĂ©cent. La rĂ©alitĂ© et l’archĂ©ologie montrent que ce n’est pas tout Ă  fait vrai. Ainsi, comme les rĂ©cits anciens l’attestent, les bas-reliefs assyriens montrent aussi bien des flottes de cĂšdres non assemblĂ©s qui sont fixĂ©es Ă  des barques Ă  quatre rameurs qui tractent les troncs flottants que des radeaux compacts soutenus par des outres gonflĂ©es et manƓuvrĂ©s par des grandes perches, lesquels transportent toutes sortes de marchandises et sont dĂ©montĂ©s au port de destination pour ĂȘtre vendus. Les textes des auteurs antiques n’évoquent pas le flottage Ă  bĂ»ches perdues par un terme univoque pour le bassin mĂ©diterranĂ©en ou la MĂ©sopotamie. Il est Ă©galement intĂ©ressant de noter que, dans les pays industrialisĂ©s, le flottage en trains a disparu avant le flottage Ă  bĂ»ches perdues ou par flottes tractĂ©es. La concurrence des chemins de fer et du roulage lui a Ă©tĂ© fatal alors que le flottage en zones trĂšs accidentĂ©es ou trĂšs humides est encore pratiquĂ© de nos jours tout comme les grandes flottes propulsĂ©es monumentales nord-amĂ©ricaines ou asiatiques.

Le radelage est insrit sur sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2022[4].

Flottage à bûches perdues

La mĂ©thode la plus rudimentaire et donc la plus gĂ©nĂ©ralisĂ©e consiste Ă  rassembler le bois sur la rive, Ă  marquer chaque piĂšce du symbole choisi par son propriĂ©taire et Ă  laisser les bĂ»ches ou grumes descendre librement le cours d’eau au grĂ© du courant, de prĂ©fĂ©rence au moment des hautes eaux c’est-Ă -dire, pour les zones tempĂ©rĂ©es, au printemps et en automne. Contrairement aux idĂ©es reçues, les crues sont nĂ©fastes et dĂ©favorables pour ce type de flottage car elles rendent les choses incontrĂŽlables et dispersent les bĂ»ches. Toutefois, certains cours d’eau qui Ă©taient presque des petits ruisseaux insignifiants avaient un Ă©tiage insuffisant pendant toute l’annĂ©e de sorte qu’il fallut leur apporter des eaux supplĂ©mentaires pour gonfler le flot au moment du passage des bĂ»ches. C’est lĂ  la caractĂ©ristique de ce type de flottage : simple en apparence, il a parfois nĂ©cessitĂ© davantage d’amĂ©nagements et d’entretien de la part des flotteurs pour rendre des petits ruisseaux flottables. Pour mieux visualiser les petits gestes et les Ă©tapes nĂ©cessaires avant de lĂącher les bĂ»ches, les anciens flotteurs de la vallĂ©e de la Kinzig[5] en ForĂȘt-Noire en Allemagne ont rĂ©alisĂ© un sentier pĂ©dagogique du flottage Ă  bĂ»ches perdues, jalonnĂ© de panneaux informatifs Ă  chaque station de la randonnĂ©e[N 1]. Il fait autoritĂ© en Europe de l'Ouest puisque les techniques expliquĂ©es pour ce petit cours d’eau de montagne tributaire d’apports en eaux supplĂ©mentaires Ă©taient peu ou prou similaires dans les autres massifs de moyenne altitude en Europe oĂč l’ingĂ©niositĂ© des hommes a dĂ» compenser le manque d’eau ou de dĂ©bit des cours d’eau. Par ailleurs, il faut Ă©galement Ă©carter l’idĂ©e qu’un cours d’eau qui aurait assez d’eau ou assez de dĂ©bit serait toujours flottable Ă  bĂ»ches perdues. En rĂ©alitĂ©, certaines riviĂšres n’ont jamais Ă©tĂ© flottables Ă  cause de la morphologie du lit de la riviĂšre, de bancs de sable ou de rochers prĂ©sents Ă  des endroits dĂ©favorables. Enfin, compte tenu de la faible valeur marchande du bois de feu, tous les seigneurs rĂ©gionaux n’avaient pas forcĂ©ment envie de pratiquer ce type de flottage sur une riviĂšre qui leur apportait peut-ĂȘtre d’autres avantages ou d’autres activitĂ©s plus rĂ©munĂ©ratrices ou nourriciĂšres (pĂȘche, perles par exemple).

Les grumes ou bĂ»ches descendaient donc les cours d'eau de pertuis en pertuis ou s'accumulaient devant les barrages mobiles Ă  aiguilles ou des Ă©cluses. On « dĂ©masquait » le pertuis, le vannage ou l'Ă©cluse et le bois continuait son cours entrainĂ© par le courant. ArrivĂ© Ă  destination, il Ă©tait arrĂȘtĂ© par un barrage dressĂ© au travers de la riviĂšre, par des pieux fichĂ©s dans le lit ou par un cĂąble tendu. Ce procĂ©dĂ© se traduisait par des pertes significatives (Ă©chouages — bois canards —, vols, grumes coincĂ©es sous des ponts ou des rochers[N 2]). Avec le temps, des amĂ©nagements successifs des cours d’eau permettront d’amĂ©liorer ce type de flottage comme l’élaboration d’une lĂ©gislation du flottage incluant tous les acteurs impactĂ©s par le passage des bĂ»ches, la formation d’une police ou d’un organisme de contrĂŽle officiel suivant les États, les rectifications ou modifications des berges, les mises aux normes des Ă©cluses des moulins et des barrages d’usines ou les canaux de flottage spĂ©cialement conçus pour guider les bĂ»ches dans les endroits dĂ©licats ou pour les faire entrer dans les pertuis de maniĂšre plus contrĂŽlĂ©e avec le principe de l’entonnoir comme le font les estacades qui guident les bateaux vers le sas de l’écluse sur les canaux aujourd’hui. Dans le canal de Saint-Quentin et ses deux parties souterraines, le flottage Ă  bĂ»ches perdues est encore utilisĂ© en 1918 Ă  la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale ; soumis Ă  taxation comme les pĂ©niches : « Les trains d'arbres flottĂ©s paieront pour chaque arbre, sans Ă©gard Ă  la dimension, le droit fixe pour deux tonneaux, c'est-Ă -dire vingt centimes par arbre et par distance, 20 centimes » (au 1er janvier 1818, la taxe Ă©tant destinĂ©e dans ce cas au trĂ©sor public). Le flottage du bois dans les canaux deviendra incompatible avec la circulation des pĂ©niches quand elles seront Ă©quipĂ©es de moteurs Ă  hĂ©lice. Le bois sera alors transportĂ© par les chemins de fer, mais surtout en camion, avec plus de risque de se fendre en sĂ©chant trop vite.

Flottage en trains

Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siĂšcle, en Europe et en Asie, le flottage fut le mode de transport le plus courant et le moins onĂ©reux pour le bois, y compris en trains de radeaux, de madriers ou de planches. De ce fait, il continue d’ĂȘtre utilisĂ© dans les forĂȘts tropicales difficiles d’accĂšs en Asie du Sud-Est ou en Afrique centrale mĂȘme si les progrĂšs monumentaux pour les engins forestiers ont engendrĂ© des dĂ©forestations spectaculaires pour crĂ©er des couloirs d’accĂšs aux zones d’extraction du bois destinĂ©e Ă  l’exportation. La technique du flottage en trains demandait plus d’organisation en amont, mais remĂ©diait Ă  une partie des inconvĂ©nients de la prĂ©cĂ©dente, en tĂȘte desquels la dispersion et la perte. Elle demande que les troncs marquĂ©s ou les bois dĂ©bitĂ©s en planches le plus souvent soient reliĂ©s entre eux pour former une sorte de radeau gouvernable qui descend le courant. Suivant les rĂ©gions du monde concernĂ©es, il existe de grandes disparitĂ©s dans les modes d’assemblage des trains, dans leur dimension, dans le nombre de radeaux mis bout Ă  bout et dans le nombre de personnes pour les conduire. C’est la taille du cours d’eau qui reste le facteur dĂ©cisif ; on distingue trois flottes qui font un peu boule de neige : la premiĂšre intĂšgre la deuxiĂšme qui s’insĂšre dans la troisiĂšme. L’erreur consiste Ă  penser qu’un train de flottage dĂ©marre systĂ©matiquement Ă  la source et arrive aux grands ports aux bois des grandes villes, des ports maritimes ou des grands ports de redistribution internationaux.

  • la petite flotte (Dans les montagnes, sur les petits cours d’eau qu’on a souvent dĂ» gonfler artificiellement, rarement pour les bois longs ou bois de marine) ;
  • la moyenne flotte (Les petites flottes sont rassemblĂ©es en longueur et en largeur aux ports aux bois intermĂ©diaires pour devenir des moyennes flottes capables de circuler sur des riviĂšres au dĂ©bit suffisant) ;
  • la grande flotte (Sur les fleuves, les lacs, les grandes riviĂšres avec une profondeur suffisante et presque toujours navigables de toute façon; elles peuvent atteindre des proportions gigantesques et cĂŽtoient les bateaux avec qui elles partagent l’espace non sans conflits). En Allemagne, l’indication du nom de la riviĂšre ou du fleuve ajoutĂ© au mot « Floß » qui signifie « radeau » ou « flotte de bois », permet de savoir quelle est la taille de la flotte[N 3]. Ce sont des mots qui deviennent des noms communs dans le langage courant.

Le schĂ©ma en poupĂ©es russes n’est pas systĂ©matique. Tout dĂ©pend du lieu de dĂ©part et du lieu de livraison. En rĂ©alitĂ©, toutes les formes de flottage peuvent se combiner Ă  un moment de la chaĂźne. De mĂȘme, une rupture de charge s’avĂšre inĂ©vitable ou bien il est nĂ©cessaire d’apporter les grumes aux lieux d’assemblage avec des animaux de trait comme les bƓufs, les chevaux, les mules, les buffles ou encore les Ă©lĂ©phants qui tirent les grumes ou des attelages. Plus tard, les grumiers et les engins-dĂ©bardeurs remplaceront les bĂȘtes dans la quasi plupart des rĂ©gions du monde Ă  quelques exceptions prĂšs avec les buffles et Ă©lĂ©phants dans les zones inondĂ©es de l’IndonĂ©sie ou de la Birmanie. Chaque cas rĂ©gional rĂ©pond Ă  une stratĂ©gie spĂ©cifique : amener les bois par flottage Ă  bĂ»ches perdues jusqu’au port Ă  bois qui en fait des trains, ou au contraire d’abord flotter les piĂšces de bois vers les ports oĂč elles sont embarquĂ©s sur des barges ou entassĂ©s sur des grumiers entre autres cas de figure. Dans de rares cas avĂ©rĂ©s, les grandes flottes pouvaient ĂȘtre dotĂ©es d’un mĂąt et d’une voile pour s'aider du vent dans les manƓuvres ou progresser plus rapidement. Ce mode de transport n’est possible que sur des tronçons oĂč le cours d’eau est suffisamment large et peu tumultueux. Hormis le bois dont elles Ă©taient faites, ces embarcations pouvaient convoyer d'autres biens, parfois mĂȘme du bĂ©tail ou selon les rĂ©gions des passagers occasionnels ou rĂ©guliers.

Flottage par flotte tractée ou propulsée

À mi-chemin entre les deux premiers, ce type de flottage n’assemble pas les billes entre elles de maniĂšre serrĂ©e comme dans un radeau, mais les empĂȘche juste de dĂ©river comme en bĂ»ches perdues en utilisant deux mĂ©thodes diffĂ©rentes :

  • Ă  l’aide d’un cĂąble qui passe dans un trou ou un crochet plantĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© des billes de bois, on obtient une structure plus lĂąche qui est tractĂ©e par un bateau. En Asie, par exemple, les flottes de bois en arĂȘtes de poisson offrent de jolis clichĂ©s en vues aĂ©riennes. Cette mĂ©thode semble avoir Ă©tĂ© trĂšs reprĂ©sentĂ©e en MĂ©sopotamie antique ;
  • les billes sont attachĂ©es par des cĂąbles, suivant les pays dans le sens parallĂšle ou perpendiculaire au courant, par blocs lĂąches dont les tailles peuvent varier sans problĂšme car l’ensemble des blocs est entourĂ© de bois de garde qui forment un cadre duquel ne peuvent s’échapper les billes. La flotte peut ĂȘtre propulsĂ©e ou tractĂ©e en s’aidant du courant.

Ce type de flottage est pratiquĂ© en Afrique, en Asie, sur les grands plans d’eau de Finlande et en AmĂ©rique du Nord. La dimension gigantesque de ces flottes apparaĂźt trĂšs bien dans les photographies aĂ©riennes.

Radeau cigare de Benson aux États-Unis

radeau Benson propulsé par un bateau à roue descendant le fleuve Columbia.

TrĂšs spĂ©cifique aux États-Unis, le flottage impressionnant en trains de bois dits de Benson ou encore « radeau cigare » (Benson cigar raft) est adaptĂ© Ă  la navigation maritime. Cette mĂ©thode de transport fut utilisĂ©e pour la premiĂšre fois sur la cĂŽte pacifique en 1906 par Simon Benson, un marchand de bois influent de Portland en Oregon. Ce n’était pas le premier train de ce type en rĂ©alitĂ©, il avait Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© en 1883 sur la cĂŽte atlantique, puis abandonnĂ© Ă  la suite d’un grave accident[6]. La navigation Ă©tait trop incertaine et dangereuse. Ces flottes de bois gigantesques Ă©taient surnommĂ©es des « Leary » ou des « Joggins » sur la cĂŽte Est: ils passaient pour ĂȘtre les radeaux les plus grands jamais construits. ComposĂ©s de 24 000 grumes provenant de la baie de Fundy, ils faisaient 55 pieds de large, 595 pieds de long et nĂ©cessitaient 45 miles de cĂąbles et chaĂźnes. Ils pesaient jusque 15 000 t. Ils ressemblaient Ă  un iceberg de bois car les deux tiers du bois Ă©taient immergĂ©s. Six hommes gĂ©raient le transport avec ce colosse tractĂ© par des remorqueurs trĂšs puissants, le Underwriter et le Ocean King. À l’époque, ce fut une mĂ©thode radicalement nouvelle pour le transport des billes de bois car le radeau Joggins correspondaient Ă  45 goĂ«lettes remplies de grumes Ă  cette Ă©poque pour un prix modique[7].

Pour assembler les billes en un Ă©norme cigare de bois, les flotteurs recouraient Ă  un ber (craddle en anglais) dans lequel ils entassaient les piĂšces de bois. Un cĂŽtĂ© du ber se baissait pour faire glisser le radeau dans l’eau.

  • Train de bois Benson qui vient de sortir du ber, Californie, ca.1900.
    Train de bois Benson qui vient de sortir du ber, Californie, ca.1900.
  • flotte tractĂ©e par deux remorqueurs, dans la baie de Skagit, Puget Sound, Oregon.
    flotte tractée par deux remorqueurs, dans la baie de Skagit, Puget Sound, Oregon.
  • Train de bois Benson, Oregon.
    Train de bois Benson, Oregon.
  • Ber en train d’ĂȘtre rempli de grumes, Oregon.
    Ber en train d’ĂȘtre rempli de grumes, Oregon.
  • Simon Benson plaque at Multnomah Falls, Oregon.
    Simon Benson plaque at Multnomah Falls, Oregon.
  • Remplissage d’un ber pour train de bois longs.
    Remplissage d’un ber pour train de bois longs.

Vocabulaire français du flottage en trains

L’activitĂ© du flottage du bois en France comme ailleurs dans le monde s’intĂšgre totalement dans la culture rĂ©gionale ; de ce fait, la terminologie du mĂ©tier est trĂšs souvent liĂ©e Ă  la langue locale, patoisante ou non, de la famille française ou pas pour les rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques de France comme l’Alsace, la Lorraine, le pays niçois ou les PyrĂ©nĂ©es catalanes, bĂ©arnaises et basques. À ces aires linguistiques, il faut ajouter le wallon de Belgique et de l’Ardenne française et le romand de Suisse trĂšs apparentĂ© aux aires dialectales du Doubs et Jura français.

Parmi les mots les plus anciens, le terme « flotte » cohabite avec le terme « givĂ©e » dans certaines rĂ©gions françaises. Au Moyen Âge, le terme givĂ©e semble avoir Ă©tĂ© le plus rĂ©pandu dans l’Est de la France actuelle, particuliĂšrement en Champagne[8], en Ardenne française et belge et en terre liĂ©geoise. L’entrĂ©e « givĂ©e » existe aussi dans certains dictionnaires de la langue française mĂ©diĂ©vale sans prĂ©ciser l’origine gĂ©ographique exacte. Dans le dictionnaire du français des XIIe et XIIIe siĂšcles de CĂ©lestin Hippeau, la givĂ©e est une flotte de bois[9]. Cela implique que si le terme est dĂ©jĂ  employĂ© Ă  cette Ă©poque, la pratique des flottes de bois remonte plus loin que les premiĂšres mentions Ă©crites Ă  notre disposition actuellement en France bien que celles-ci aient Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es au dĂ©but du XIVe siĂšcle. En revanche, pour l'aire d'extension du mot givĂ©e, la premiĂšre mention Ă©crite remonte au tout dĂ©but du XIe dans un acte de l'abbaye de Waulsort Ă  Dinant.

Par consĂ©quent, le langage des flotteurs est d’abord celui de leur vie quotidienne dans des rĂ©gions de France oĂč la gĂ©nĂ©ralisation du français standard Ă©tait loin de la norme avant les mesures plus coercitives de la France rĂ©volutionnaire, et mĂȘme bien aprĂšs. Si l’on prend le dictionnaire analogique de la langue française de Prudence BoissiĂšre du XIXe siĂšcle, la dĂ©finition du train est « un grand nombre de piĂšces de bois assemblĂ©es qu’on met Ă  flot sur un canal ou une riviĂšre »[10]. Le BoissiĂšre complĂšte cette dĂ©finition par l’ajout de nombreux termes usitĂ©s Ă  cette Ă©poque par les flotteurs par trains. En les confrontant avec les termes en usage dans d’autres rĂ©gions de flottage francophones qu’on dĂ©couvre dans les ouvrages et articles qui lui sont consacrĂ©s, il apparaĂźt clairement que ce sont les mots employĂ©s dans le Bassin parisien influencĂ©s par la langue des flotteurs sur l’Yonne, la Marne et la Seine.

Certains termes rĂ©gionaux apparaissent encore dans les dictionnaires plus rĂ©cents avec la mention « vieux » ou « rĂ©gional » comme la hart[11] employĂ© par les flotteurs Vosgiens pour dĂ©signer un lien fait de branche flexible ou dĂ©fibrĂ©e puis torsadĂ©e comme du cordage, donc la « rouette » du dictionnaire de BoissiĂšre qui est encore rĂ©pertoriĂ©e dans le Petit Robert avec la mĂȘme mention sur l’usage vieillissant du mot. Par ailleurs, de nombreux termes usitĂ©s autrefois par les flotteurs de plusieurs rĂ©gions francophones sont rĂ©pertoriĂ©s sur les sites du Centre national de ressources textuelles et lexicales qui a Ă©laborĂ© le TrĂ©sor de la langue française grĂące au projet Analyse et traitement informatique de la langue française du CNRS. Le CNRTL offre l’avantage de proposer plusieurs entrĂ©es possibles en indiquant les textes anciens et les sources dans lesquels les termes anciens apparaissent.

L’uniformitĂ© n’est par consĂ©quent pas de mise pour le vocabulaire spĂ©cifique du flottage. Chaque rĂ©gion dispose de son jargon de flotteur, parfois mĂȘme trĂšs spĂ©cifique Ă  un topolecte d’une seule vallĂ©e oĂč se pratique le flottage dans tout un massif.

ArchĂ©ologie et premiĂšres traces de flottage du bois au NĂ©olithique et dans l’AntiquitĂ©

Villes assyriennes
Flottage du bois de cĂšdre vers Dur-Sharrukin Louvre AO19890

Le transport de marchandises sur l’eau par radeaux, barques et bateaux est trĂšs ancien, mais aussi grĂące Ă  divers objets servant de flotteur, c'est-Ă -dire d'Ă©lĂ©ment assurant la flottabilitĂ©. Cette trĂšs ancienne mĂ©thode de transport par des peaux d’animaux gonflĂ©es ou des gourdes de cuir (jāla en persan[12], taraáč‡áž en ourdou[13]) ou grĂące Ă  des jarres ou poteries inversĂ©es (les ćau-ghaáč›Ä en ourdou et hindi classique, les āluáž„ en sanskrit[14]) en guise de bouĂ©es est dĂ©jĂ  reprĂ©sentĂ©e sur des bas-reliefs assyriens du VIIe siĂšcle av. J.-C. Aucune fouille archĂ©ologique n’a pu confirmer cette pratique jusqu’à ce jour. On retrouve nĂ©anmoins des pratiques similaires aujourd’hui en Chine, en Afghanistan ou au Pakistan. On utilise Ă©galement des piĂšces de bois ou des jerricans d’essence[15].

Seuls cinq radeaux ont pu ĂȘtre excavĂ©s lors de fouilles archĂ©ologiques : deux Ă  Strasbourg[16] - [17] - [18] datant du IIe siĂšcle apr. J.-C. et trois de la pĂ©riode viking dans les pays de la mer Baltique. Au XVIe siĂšcle, les colonisateurs europĂ©ens dĂ©couvrent que le radeau est largement rĂ©pandu en Inde, en Asie du Sud-Est, en Chine, en OcĂ©anie et en AmĂ©rique latine. Certains radeaux prennent dans ces pays des allures d’embarcation cĂŽtiĂšre avec une voilure[15].

La recherche archĂ©ologique rĂ©vĂšle l’existence de radeaux en bottes de roseau ou de radeaux flottants :

  • Les radeaux en roseaux ou papyrus ligaturĂ©s en bottes compactes[19] (bundle raft) sont rĂ©alisĂ©s par les techniques de la vannerie torsadĂ©e en faisant des bottes de roseau que l’on attache les unes aux autres. Ces radeaux sont connus par les reprĂ©sentations des cultures antiques Ă©gyptienne, mĂ©sopotamienne ou indienne[15] - [19].
  • Les radeaux flottants (float raft) consistent Ă  fabriquer une structure de base avec des grumes dont la flottabilitĂ© est renforcĂ©e par des flotteurs Ă  base de peaux gonflĂ©es ou des pots en terre cuite hermĂ©tiquement scellĂ©s[15]. Peu rĂ©pandu, ce type de radeau est surtout pratiquĂ© sur les riviĂšres Ă  l’intĂ©rieur des terres, Ă  l’exception d’un radeau Ă  flotteurs trĂšs particulier dans le Chili prĂ©colombien qui Ă©tait mĂȘme capable de naviguer en mer. Les gravures Ă©trusques montrent des radeaux avec flotteurs en pot de terre cuite surmontĂ©s d’une voile et les radeaux avec flotteurs en peaux d’animaux gonflĂ©es sont attestĂ©s dans la pĂ©ninsule arabique au Ier siĂšcle apr. J.-C.[15]. La pratique ancestrale des peaux gonflĂ©es comme bouĂ©e a probablement existĂ© avant le radeau car un bas-relief assyrien montre des guerriers qui traversent les riviĂšres avec une peau de chĂšvre pour attaquer l'ennemi. Au Pendjab les hommes utilisent depuis des siĂšcles des peaux de bƓuf gonflĂ©es en guise de bouĂ©e pour traverser la riviĂšre Beas. Ces bouĂ©es s’appellent des mussacks. Pas trĂšs loin en Asie, les Naxi du Yunnan en Chine pratiquent encore la nage avec peau de chĂšvre gonflĂ©e.

Méditerranée orientale

De mĂȘme, l’édification des palais et des temples dans les sites antiques de MĂ©sopotamie sur l’Euphrate, comme Ă  Mari et son temple d’Ishtar a non seulement nĂ©cessitĂ© de grandes quantitĂ©s de pierres de construction dont la caractĂ©ristique montre qu’elles proviennent de la falaise de Doura Europos, mais aussi une quantitĂ© non nĂ©gligeable de bois importĂ©s des montagnes de l’actuelle Syrie ou Turquie qui ne peuvent qu’avoir Ă©tĂ© acheminĂ©s par flottage sur l’Euphrate vu la distance Ă  parcourir.

Un bas-relief[N 4] du VIIIe siĂšcle av. J.-C. qui ornait le mur Nord de la cour d’honneur du palais de Dur-Sharrukin, ancienne capitale de l’empire assyrien aujourd’hui Khorsabad dans le nord de l’Irak, reprĂ©sente une scĂšne de flottage de billes de bois non assemblĂ©es, percĂ©es d’un trou Ă  l’extrĂ©mitĂ© pour passer la corde et tirĂ©es par des barques remorqueurs manƓuvrĂ©es par quatre rameurs. D’aprĂšs la correspondance du roi Sargon II qui Ă©voque cet Ă©vĂ©nement, le bois de construction provenait de la rĂ©gion du haut Tigre ou des monts Nur[20]. Pour construire son nouveau palais, le roi Sargon II avait besoin d’une quantitĂ© impressionnante de bois et surtout de pierres de construction. Le port aux bois principal se trouvait alors Ă  Assur oĂč les piĂšces de bois Ă©taient entreposĂ©es en grandes quantitĂ©s avant d’ĂȘtre expĂ©diĂ©es Ă  Dur-Sharrukin par bateau. Elles arrivaient Ă  Assur ou Ă  Ninive par flottaison. En observant le bas-relief, on reconnaĂźt les cordes qui rattachent chaque piĂšce au bateau, mais pas entre elles. Il n’y a donc pas d’assemblage en radeaux ; cette technique rappelle davantage les flottes en Asie ou les flottes modernes avec le grand filin central auquel sont reliĂ©es les billes sĂ©parĂ©ment.

Dans la partie orientale du bassin mĂ©diterranĂ©en, le flottage a probablement dĂ©marrĂ© dĂšs l’ñge du bronze en Égypte antique ou en MĂ©sopotamie parallĂšlement aux progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la navigation qui Ă  l’époque utilisait encore beaucoup les radeaux de bambous. L’Égypte du 3e millĂ©naire av. J.-C. a besoin d’embarcations capables de porter des charges lourdes comme les pierres de construction. Les Égyptiens ont fait des voyages de prospection au sud des cataractes du Nil en direction de l’Afrique tropicale oĂč ils dĂ©couvriront deux essences d’arbres qui leur conviennent parfaitement par la taille et par la maniabilitĂ© dans le façonnage : l’acajou et l’okoumĂ©. Les billes de ces arbres abattus ont Ă©tĂ© trĂšs probablement flottĂ©es avec ou sans remorquage sur une distance de 2 000 km jusqu’aux chantiers navals de l’empire.

Dans le premier livre des Rois, chapitre 5, versets 15 Ă  26, la correspondance entre le roi Hiram et le roi Salomon au sujet des prĂ©paratifs de la construction du nouveau Temple Ă  JĂ©rusalem nous confirme que le flottage du bois Ă©tait pratiquĂ© sur mer le long des cĂŽtes. Suivant les traductions, le bois est expĂ©diĂ© par flottage sur la mer jusqu’à Jaffa[21] ou descendu Ă  la mer, assemblĂ© et remorquĂ© Ă  l’endroit que l’on indiquera au roi de Tyr[22]. La seconde version paraĂźt plus prĂ©cise car il est fort probable que les fĂ»ts de cĂšdre du Liban n’aient pas dĂ©rivĂ© seuls sur la mer. On ne peut donc pas parler de radeau ou train de bois au sens strict. Suivant les sources, Salomon importe du cĂšdre et du genĂ©vrier, pour d’autres du cĂšdre, du santal et du cyprĂšs. Dans tous les cas, ce passage de la Bible reprĂ©sente clairement la premiĂšre transaction commerciale Ă©crite entre un acheteur et un vendeur qui s’accordent sur les prix, la nature de la marchandise et surtout le moyen de transport par flottage (mer et cours d’eau).

Quelques Ă©crits anciens font allusion Ă  une forme de flottage en GrĂšce antique qui serait davantage du flottage sur mer, Ă  proximitĂ© des cĂŽtes et sur les cours infĂ©rieurs proches des cĂŽtes[23]. Il aurait Ă©tĂ© pratiquĂ© dans le golfe de NicomĂ©die, sur le cours infĂ©rieur du Sakarya et le lac de Sapanca. Les flotteurs Ă©taient dĂ©signĂ©s par le terme « schedionautĂȘs » (σχΔΎÎčÎżÎœÎ±áœÏ„Î·Ï‚) qui mot Ă  mot signifie « conducteur de radeau »[24]. Sinon quelques mentions sur le flottage sur riviĂšre apparaissent dans les grandes Ɠuvres de l’AntiquitĂ© : dans son ouvrage Les Histoires, Polybe Ă©voque le flottage du bois sur l'AĂŽos et sur l'AchĂ©loos[25]. Le Geographica de Strabon Ă©voque le flottage dans le territoire de Sinope et en Bithynie en Anatolie[26]. Le gĂ©ographe prĂ©cise que le matĂ©riel est facile Ă  transporter (« ulĂȘn eukatakomiston »). Polybe raconte aussi que Philippe V de MacĂ©doine dĂ©cide de fortifier ƒniadĂŠ en utilisant des matĂ©riaux pris Ă  Paianion qu’il fit dĂ©molir jusqu’aux fondations ; « puis il dĂ©molit les maisons, assembla bois et tuiles sous forme de radeaux qu'il achemina sans attendre et avec beaucoup d'ardeur par le fleuve jusqu'Ă  Oiniadai. »[N 5]. Ici, le rĂ©cit utilise le mot univoque de « schedĂ­as » qui signifie « radeau ». L’historien grec du Ier siĂšcle av. J.-C., Denys d'Halicarnasse dĂ©crit l’exploitation forestiĂšre de la forĂȘt « Syla » des colonies grecques d’Italie, RhĂȘgion et Locres, en montrant le rĂŽle crucial que jouent les voies d’eau dans cette activitĂ©[27]. Si les bois sont proches de la mer ou d’un cours d’eau, ils sont abattus et acheminĂ©s vers les ports les plus proches sans ĂȘtre dĂ©bitĂ©s. Si, en revanche, les arbres sont Ă©loignĂ©s de toute voie d’eau, ils sont immĂ©diatement dĂ©bitĂ©s en sections pour en faire sur place des rames, du bois d’Ɠuvre ou d’ébĂ©nisterie. Ce bois travaillĂ© sur place est transportĂ© par les hommes. Dans son texte, l’historien n’écrit toutefois pas le mot « flottage », mais juste « acheminer ». Vu que pour les bois Ă  l’écart de tout cours d’eau, ce sont les hommes[N 6] qui transportent le bois par voie terrestre, on peut en dĂ©duire que l’historien parle ici d’une forme de flottage dans le cas des grumes proches des cours d’eau. Denys d’Halicarnasse prĂ©cise d’ailleurs que la quantitĂ© de bois abattue proche des voies d’eau sont telles qu’elles suffisent Ă  fournir toute l’Italie en bois de marine et en bois de construction[27]. Strabon tient le mĂȘme langage quand il parle de l’exploitation des piĂšces de bois dans le Bruttium dans les secteurs qu’ils dĂ©crit comme « Î”áœ’Ï…ÎŽÏÎżÏ‚ »[27], donc abondants en eaux[28]. Les glissiĂšres pour faire rouler les grumes de cĂšdre du haut de la pente dans le mont Liban sont attestĂ©es Ă  l’époque de Nabuchodonosor II, de mĂȘme l’utilisation de bĂȘtes de somme pour tirer les grumes et le bois de feu a Ă©tĂ© maintes fois Ă©voquĂ©e dans les textes antiques. La question est de savoir si ces attelages de bƓufs ou de mules tractaient leurs grumes jusqu’au port ou jusqu’à la riviĂšre la plus proche. Des monnaies d’Apollonia d’Illyrie reprĂ©sentent en revanche une scĂšne de halage d’un tronc Ă©branchĂ© par trois hommes avec une corde[27]. La difficultĂ© pour les chercheurs et historiens semble rĂ©sider dans le manque de terme univoque des auteurs antiques pour dĂ©crire les scĂšnes en question : c’est comme si le mot « flottage » ou « radelage » n’existait pas en latin ou grec ancien. Les analystes supposent, dĂ©duisent et remettent en contexte pour s’approcher de la rĂ©alitĂ©.

Méditerranée occidentale

À l’inverse, dans la partie occidentale du bassin mĂ©diterranĂ©en, le flottage de piĂšces de grandes dimensions fut trĂšs rĂ©duit et se limitait Ă  quelques rares sites trĂšs localisĂ©s dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique ou italienne. Dans le livre II des GĂ©orgiques de Virgile aux vers 451 et 452 et dans le De architectura de Vitruve, livre II au chapitre 9 consacrĂ© aux bois de construction, il est indiquĂ© que le flottage se faisait sur le PĂŽ. Avec le Geographica de Strabon, les rĂ©fĂ©rences Ă  une forme de flottage sont explicites sur le Tibre dans le livre V consacrĂ© Ă  l’Italie[N 7].

En fait, le relief et le profil hydrographique y sont trĂšs dĂ©favorables. Ni le flottage, ni le roulage ne purent rĂ©ellement se dĂ©velopper comparĂ© Ă  l’Europe de l'Ouest. C’est pourquoi le commerce du bois se tourna trĂšs rapidement vers le cabotage Ă  partir de nombreux ports qui s’alimentaient dans les massifs forestiers trĂšs proches des cĂŽtes[29].

Vitruve explique que le transport de grosses piĂšces de mĂ©lĂšze poussant sur les rives du PĂŽ jusque Rome n’est malheureusement pas possible bien que ses qualitĂ©s y soient trĂšs recherchĂ©es dans la capitale : « Cujus materies si esset facultas adportationibus ad Urbem, maximae haberentur in aediflciis utilitates. »[30]. Cela montre explicitement que la technique du flottage de bois longs n’est pas encore trĂšs maĂźtrisĂ©e dans la Rome antique ou, au moins, une habitude bien ancrĂ©e.

Le flottage sur mer ne permettait nĂ©anmoins que des parcours cĂŽtiers car les radeaux redoutaient le creux des vagues : le danger de dislocation de l’assemblage faisait peur aux convoyeurs[31]. Ce point faible des premiers trains de bois mal assemblĂ©s explique notamment l’échec de le trop grande flotte de grumes partie de Corse (ÎšáœÏÎœÎżÏ‚) que raconta ThĂ©ophraste[32]. AprĂšs quelques recherches et vĂ©rifications linguistiques entre les premiers manuscrits et les textes publiĂ©s par aprĂšs, le rĂ©cit de l’évĂ©nement se rĂ©sume comme suit : Les Romains partirent avec 25 navires pour crĂ©er une ville-chantier sur la cĂŽte corse afin de faire une nouvelle flotte de bateaux. Ils eurent du mal Ă  pĂ©nĂ©trer dans les golfes et les rades d’une Ăźle encore trĂšs inhospitaliĂšre. Ils trouvĂšrent la forĂȘt impĂ©nĂ©trable et dense avec des arbres de trĂšs grandes tailles. Les Romains renoncĂšrent Ă  crĂ©er un site et coupĂšrent une grande quantitĂ© de bois qu’ils assemblĂšrent en un gigantesque (τηλÎčÎșÎ±áœÏ„ÎżÏ‚) radeau. Ayant amenĂ© des voiles, des cordages devenus inutiles pour leurs bateaux Ă  construire, ils les utilisĂšrent pour pousser le radeau vers les cĂŽtes romaines. Mais le radeau se disloqua en haute mer[33].

La recherche historique n’exclut donc pas que le flottage ait Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© dans l’AntiquitĂ© jusqu’au Moyen Âge[34].

Évolution du flottage du bois en Europe

Au Moyen Âge

Les premiĂšres mentions attestant d’un flottage prĂ©coce en Suisse sur le RhĂŽne ou en Belgique sur la Meuse montrent que l’activitĂ© Ă©tait certes dĂ©jĂ  pratiquĂ©e, mais pas forcĂ©ment de maniĂšre gĂ©nĂ©ralisĂ©e sur l’ensemble du continent europĂ©en au haut Moyen Âge. Les diffĂ©rents chercheurs qui se sont penchĂ©s respectivement sur les rĂ©gions Ă  forte tradition de flottage en Europe s’accordent pour dire que ce mode de transport fluvial s’est Ă©tendu Ă  pratiquement tous les pays europĂ©ens autour des massifs montagneux entre le XVe et le XVIIIe siĂšcle en dĂ©veloppant au fil des siĂšcles des associations et des confrĂ©ries dotĂ©es de rĂšglement intĂ©rieur et reconnues par les seigneurs locaux pour leur activitĂ© Ă©conomique. DĂšs le XIIIe siĂšcle, des manuscrits anglais nommĂ©s « rĂŽles de la Pipe » Ă©voquent le commerce du bois par voie maritime par les navires de la Ligue hansĂ©atique en provenance de Scandinavie et des pays baltes vers la Grande-Bretagne et les Pays-Bas[35].Si l’on Ă©carte la Scandinavie dont le flottage n’est pas si ancien qu’on pourrait le croire[N 8], Ă  cause notamment d’un relief et d’un rĂ©seau hydrographique dĂ©favorables[36], les rĂ©gions qui ont eu recours au flottage du bois, quelle que soit sa forme, se situent essentiellement le long d’une ligne allant des PyrĂ©nĂ©es au Caucase en passant par le massif alpin et les Carpates. Dans certains pays, les grandes montagnes situĂ©es sur cette ligne trouvent un prolongement dans de nombreux massifs de moyenne altitude dont tout le « Mittelgebirge » en Allemagne et les nombreux massifs anciens en France, en Pologne, Slovaquie et RĂ©publique tchĂšque. Parfois, ce sont davantage ces montagnes de moyenne, voire de petite altitude, qui feront naĂźtre une rĂ©elle tradition de flotteurs restĂ©e dans les mĂ©moires jusqu’à nos jours (Morvan, Vosges, Ardennes, ForĂȘt-Noire, Monts des GĂ©ants, Rhön entre autres).

De nombreuses petites riviĂšres europĂ©ennes ont Ă©tĂ© flottables pendant trĂšs longtemps, mais seules quelques-unes ont rĂ©ussi Ă  maintenir cette activitĂ© jusqu’au XXe siĂšcle. L’avĂšnement de la machine Ă  vapeur, le dĂ©veloppement des chemins de fer et l’amĂ©lioration des routes au XIXe siĂšcle ont sonnĂ© le glas du flottage du bois dans l’Europe occidentale avec quelques rares exceptions localisĂ©es. L’Europe du Nord et de l’Est ont poursuivi le flottage du bois un peu plus longtemps jusque dans les annĂ©es 1960, mais il faut reconnaĂźtre que le flottage d’aprĂšs-guerre a profitĂ© des nouvelles technologies pour tracter ou propulser les gigantesques flottes de grumes sur les lacs ou grands cours d’eau qui s’y prĂȘtent (SuĂšde, Finlande, Russie).

Dans l’Europe du Moyen Âge central, le flottage du bois reprĂ©sentait un nouvel enjeu Ă©conomique majeur car il approvisionnait les villes naissantes en bois d’Ɠuvre et de feu[37]. Au dĂ©but, cette ressource Ă©tait abondante Ă  proximitĂ© des villes. Mais trĂšs vite, la population croissante et les activitĂ©s artisanales et industrielles commencĂšrent par ĂȘtre trĂšs consommatrices de bois. Il fallut aller chercher cette ressource plus loin alors que les moyens de transport Ă©taient rudimentaires et le rĂ©seau routier dans les zones forestiĂšres isolĂ©es inexistant. Il ne faut pas non plus perdre de vue que la valeur marchande du bois Ă©tait faible Ă  ce moment-lĂ  et ne justifiait donc pas une dĂ©pense excessive en transport excĂ©dant la valeur du produit lui-mĂȘme. Le flottage sur les cours d’eau ou le transport par voie maritime s’avĂšrent longtemps ĂȘtre le seul moyen rentable pour amener le bois vers les marchĂ©s consommateurs[38]. Dans les pays appartenant Ă  l’ancien et vaste Saint-Empire romain germanique,le plus gros ensemble Ă©tatique du Moyen Âge central, le flottage du bois a Ă©tĂ© trĂšs prĂ©coce, particuliĂšrement dans les rĂ©gions montagneuses peu peuplĂ©es en pĂ©riphĂ©rie de centres urbains naissants le long du Rhin[39]. Le flottage Ă  bĂ»ches perdues se faisait logiquement en tĂȘte des bassins hydrographiques respectifs[37]. De nombreuses rĂ©gions allemandes, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg ou le Grand Est de la France ont dĂ©marrĂ© le flottage entre le XIe et le XIVe, donc avant l’intensification plus gĂ©nĂ©ralisĂ©e du flottage au XVIe dans la plupart des rĂ©gions françaises ou devenues françaises, notamment pour alimenter la ville de Paris Ă  partir du Morvan qui dĂ©marre dĂšs 1543[37].

DĂ©but de l’époque moderne

Les techniques se perfectionnent au dĂ©but des Temps Modernes en Europe occidentale, y compris dans les rĂ©gions non montagneuses comme l’Artois ou le couloir rhodanien. Le flottage est en fait d’abord Ă  bĂ»ches perdues dans un secteur gĂ©ographiquement trĂšs restreint sur les tronçons de riviĂšres flottables[34]. C’est au dĂ©but du XVIe siĂšcle que le mĂ©tier s’organise en un systĂšme plus rodĂ© et plus structurĂ©. Dans le royaume de France, cela concerne essentiellement les cours d’eau du Bassin parisien (Yonne, Serein, Armançon, puis Seine, Aube, Marne, Oise, Aisne entre autres)[34]. Si l’on rajoute les rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques qui seront en France plus tard, le flottage se dĂ©veloppe Ă  la mĂȘme Ă©poque en Lorraine, en Alsace, en Franche-ComtĂ©, dans les Alpes et les PyrĂ©nĂ©es[34].

Sous l'Ancien RĂ©gime, le flottage reprend un nouveau souffle car les arsenaux maritimes de Brest, Rochefort, Bayonne et Toulon entre autres ont du mal Ă  se faire livrer des bois de longueur ou de mĂąture aux XVIIe et XVIIIe[37], non pas parce qu’il en manque, mais parce que les forĂȘts qui pourraient les livrer sont dans des rĂ©gions peu accessibles, mal situĂ©es par rapport aux riviĂšres flottables capables de charrier des mĂąts ou des radeaux de mĂąts. En liaison avec l’histoire de la Marine française aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, une institution envieuse du statut de quasi-monopole des flottes commerciales hollandaises ou des flottes militaires anglaises[40] les ingĂ©nieurs forestiers et autres sont chargĂ©s par l’administration de la Marine royale française sous l’impulsion rĂ©formatrice de Colbert de rĂ©flĂ©chir Ă  des projets audacieux pour parvenir aux riches forĂȘts françaises plutĂŽt que de dĂ©pendre de l’importation de bois en provenance de pays avec lesquels la France est parfois en guerre ou en froid. Forestiers et ingĂ©nieurs prospectent de nombreuses forĂȘts dans les Vosges, le Haut-Forez, le BĂ©arn, l’Auvergne, la Savoie dans les vallĂ©es les plus reculĂ©es[37].

Flotteurs allemands de Souabe[41] au XIXe siĂšcle.

Le métier de flotteur

Il est particuliĂšrement dangereux : les ouvriers travaillent en Ă©quilibre sur des troncs dont la trajectoire peut ĂȘtre chaotique dans une riviĂšre en crue. Au Canada, ceux-ci sont appelĂ©s draveurs.

Terminologie du flottage en usage dans les rĂ©gions oĂč il est pratiquĂ©

DĂ©signations du flottage et des flotteurs dans de nombreux pays du monde

Termes usuels pour le flottage dans les pays oĂč il est pratiquĂ©
Français : Flottage : Flotteur : Radeau : A bûches perdues :
Français régional
Vosgien
Walage
Wolage
Voilage
Oualou
Walou
Wolou
Voileur
Wale
Wole
Voile
Bolovage
bollée
bolloyement
Boloyage
Wallon FlotĂądje Flotteu[42]
Bosselier[43]
Borchelier[43]
Givée, djivéye
Pouri-talon[44]
Bollée[42]
Bois flottants
Romanche Flottaziun[45] Flottader[45] Puntera[46]
Flöz, floz[47]
Radé, radhi[48]
?
Anglais Timber floating Raftsman Timber raft, log raft Log driving
Allemand FlĂ¶ĂŸerei FlĂ¶ĂŸer Floß WildflĂ¶ĂŸerei
Trift
Allemand dialectal
Alémanique1
Flözerei
Fleezerei
Flaizerei
Flözete[49]
Schwemme
Flözer
Fleezer
Flaizer, FlÀizer[50]
FlĂŒrzer, Flörzer[49]
Floz
Flotz
Florz, Flurz, FlĂŒrz[49]
Flaoz, Floez[50]
Wildflözerei
Wildfleezerei
Trift
Famille francique
moyen-allemand 2
Flözerei
Fleezerei
Flouzerei
Fleezer
Flözer
Flouzer, Flozer, Flotzer
Floß
Floz, Flouz, Fluz
Flotz, Flutz, Flétz
Flöz, FlĂŒz, Fleez, Fliz
Trift, Wildfleezerei
Allemand dialectal
Bas-allemand prussien3
FlĂ¶ĂŸerei
Fliss
Flissake
Flisse
FlĂŒsse
Floß Trift
NĂ©erlandais Houtvlotterij Houtvlotter Houtvlot ?
Norvégien TÞmmerflÞting TÞmmerflÞter TÞmmerflot LÞsflÞting
Suédois Timmerflottning Timmerflottare Timmerflott Lösflottning
Danois TĂžmmerflĂžding
FlÄdning
FlĂžder
FlÄder
Flod
FlÄd
LĂžsflĂžding
Finnois Uitto Tukinuitaja
TukkijÀtkÀ
Tukkilautta Tukinuitto
Italien Fluitazione Zattiere Zattera ?
Espagnol Maderada Ganchero AlmadĂ­a por troncos sueltos
por piezas sueltas
Espagnol régional
Navarre-Aragon-Catalogne
Maderada Ganxer
Nabatero
Raier
Almaderio
AlmadĂ­a
Navata
Rai
por troncs solts
por peças soltas
Polonais Flis
flisactwo
Flisak SpƂaw ?
Russe Splav leça
leçosplav
? Splav ?
Serbe Plaviti drva ? Splav
plav
?
SlovĂšne Flosarski Flosar Splav ?
Ukrainien ? Plotohon
plotĂĄr
plotovĂłd
Splav ?
Chinois æ”źèżæœšæ (pinyin : fĂșyĂčn mĂčcĂĄi) æ”ŸæŽ’ć·„ (pinyin : fĂ ngpĂĄi gƍng) 朚排 (pinyin : MĂč pĂĄi) 朚材攁送 (pinyin : MĂčcĂĄi liĂș sĂČng)
Japonais[51] いかだäč—ă‚Š (ikadanori - 筏äč˜) いかだäč—ă‚Š
いかだし (ikadashi - ç­ćž«)
いかだ (筏)(ikada)
いかだうけ (ikadauke)
うきいかだ (uki-ikada)
おっぱい (teppai)[N 9]
ă‚‚ăă„ (è—»ć±‘) (mokuzu)
Arabe[52] ŰȘŰčويم Ű§Ù„ŰŁŰźŰŽŰ§Űš مŰčوِّم Ű§Ù„ŰŁŰźŰŽŰ§Űš Ű·ÙˆÙ
كلك
ŰčŰ§Ù…Ű©
ŰčÙˆÙ‘Ű§Ù…Ű©
Ű±Ù…Ű«
Ű§Ù„ŰŁŰźŰŽŰ§Űš Ű§Ù„Ù€Ù…ÙÙ†Ù’ŰłŰ§Ù‚Ű© مŰč Ű§Ù„ŰȘÙŠÙŽÙ‘Ű§Ű±
Sanskrit[53] - [14] à€žà€Ÿà€Ș sāpa à€€à€°à€żà€• tarikáž„
à€Șà„à€“à€€à€”à€Ÿà€č potavāha
à€Șà„‹à€€à€Șà„à€Čà€” potaplava[N 10]
à€†à€Ąà„‚ ÄážĆ«áž„
à€†à€€à„ ātuáž„
à€†à€Čà„ āluáž„
à€‰à€Ąà„ uឍuáž„
à€•à€Ÿà€€à€° kātara
à€€à€°à€Ł taraáč‡áž„[N 11]
à€Šà€Ÿà€°à„à€Șà„à€Čà€Ÿà€”à€żà€€ dāruplāvita
Ourdou
Hindi classique[13] - [54] - [55]
? à€€à€°à€żà€• ŰȘŰ±Ùƒ Tarik à€Źà„‡à€Ąà€Œà€Ÿ ŰšÙŠÚ™Ű§ Beáč›Ä
à€€à€°à€Łà„à€Ą ŰȘŰ±Ù†Ú taraáč‡áž[N 12]
à€šà„Œ چو ćau[N 13]
Persan[56] - [57] ŰŹŰłÙ… کلك Ű±Ű§Ù† ŰŹŰ§Ù„Ù‡[N 14]
Ú˜Ű§Ù„[N 15]
Ű·ÙÙˆ
Ú†ÙˆŰš ۳ۭۧۚ

(1) La famille alĂ©manique concerne ici les dialectes suisses, alsaciens, badois et souabes. (2) La famille moyen-allemande concerne la Lorraine germanophone, l'extrĂȘme nord de l'Alsace, le Palatinat, la RhĂ©nanie et la Hesse. (3) Les dialectes bas-allemands orientaux sont ceux qu'on parlait dans les anciens territoires allemands avant la Seconde Guerre mondiale: la Prusse orientale, la PomĂ©ranie. Ce sont les dialectes allemands au contact du polonais et du russe.

Flottage du bois en Europe de l’Ouest

France

Le flottage du bois en France est logiquement liĂ© aux massifs forestiers, montagneux ou pas. De ce fait, vu le fort taux de boisement de la France mĂ©diĂ©vale, sa pratique s'est Ă©talĂ©e sur la plupart du territoire avec un accent particulier sur les zones hautement boisĂ©es et peu peuplĂ©es comme les moyennes montagnes des Vosges, du Jura, du Morvan, du Massif central et les hautes montagnes des PyrĂ©nĂ©es et des Alpes. Mais ce n’est pas exclusif aux rĂ©gions montagneuses car il ne faut pas omettre le flottage Ă  bĂ»ches perdues qui a Ă©tĂ© probablement pratiquĂ© Ă  plus petite Ă©chelle sur des plus petites distances autour des citĂ©s mĂ©diĂ©vales naissantes ou grandissantes qui disposaient encore jadis de forĂȘts suffisantes dans leur pĂ©riphĂ©rie pour s’alimenter en bois d’affouage et en bois d’Ɠuvre.

En Normandie, par exemple, le flottage Ă  bĂ»ches perdues remonte dĂ©jĂ  au Moyen Âge : par une ordonnance de 1415 du roi Charles VI, il est Ă©tabli que du bois de menuiserie normand parvenait Ă  Paris par flottes. Dans le pays de Caux, la forĂȘt de Lyons traversĂ©e par la Lieure, un affluent de l’Andelle qui se jette dans la Seine fournit du bois Ă  la capitale du royaume au XVe siĂšcle grĂące Ă  des trains de bois qu’il fallait tirer Ă  la remonte puisque cette forĂȘt est trĂšs loin en aval de Paris[37].

Plus les villes s’accroissaient et plus les forĂȘts environnantes n’étaient plus en mesure de fournir le bois de chauffage. Il fallait aller chercher plus loin dans des secteurs qui Ă©taient encore Ă  l’époque des dĂ©serts forestiers percĂ©s de quelques rares parcelles dĂ©frichĂ©es ou essarts. L’exploitation de la forĂȘt, alors peu rationalisĂ©e, mettait moins en pĂ©ril les ressources locales et pĂ©nalisait moins la trĂšs faible population de ces rĂ©gions. Donc les zones montagneuses[37] du territoire commençaient Ă  devenir intĂ©ressantes pour les grandes agglomĂ©rations ; le flottage du bois en trains ou Ă  bĂ»ches perdues s’intensifia en France Ă  partir du XVIe siĂšcle et connaĂźtra son apogĂ©e aux XVIIIe et XIXe siĂšcles. En consultant les diffĂ©rents rapports des ingĂ©nieurs chargĂ©s par les autoritĂ©s nationales de faire l’inventaire des cours d’eau flottables et navigables au XIXe siĂšcle, il apparaĂźt que de nombreux cours d'eau furent dĂ©clarĂ©s flottables, au moins Ă  bĂ»ches perdues, sans que pour autant le bois y ait Ă©tĂ© transportĂ© de cette maniĂšre. Plusieurs facteurs se combinaient pour faire naĂźtre une activitĂ© de flottage : le plus souvent, il s’agissait des agglomĂ©rations importantes dont la demande en bois de chauffage Ă©tait exponentielle ou des usines et manufactures dans les secteurs de la fonderie, la verrerie ou l’industrie saliniĂšre pour lesquelles le bois de feu Ă©tait un prĂ©alable Ă  leur fonctionnement. Dans un deuxiĂšme temps, lorsque les monarques français dĂ©cidĂšrent d’ériger une flotte de guerre capable de faire concurrence aux flottes espagnole et surtout anglaise, la France dĂ©pendait Ă  cette Ă©poque de l’approvisionnement en bois de marine provenant des pays de la mer Baltique. Pour s’en affranchir, tout fut mis en Ɠuvre pour dĂ©nicher les meilleurs sapins, chĂȘnes et hĂȘtres dans des rĂ©gions alors isolĂ©es voire vierges de toute prĂ©sence humaine. Les ingĂ©nieurs royaux partent sur le terrain dans les montagnes et les hautes vallĂ©es pour voir comment utiliser les riviĂšres pour faire descendre du bois long et du beau bois de mĂąture et ainsi rĂ©duire au maximum les frais de transport par rapport Ă  un produit dont la valeur marchande Ă©tait Ă  l’époque quasi nulle dans les esprits. Il fallut amĂ©nager les riviĂšres, faire preuve d’ingĂ©niositĂ© pour « gonfler les eaux » et arriver Ă  descendre des bois longs tant la demande en bois de mĂąt Ă©tait importante quand, pour des raisons gĂ©opolitiques, la France rompit avec les circuits traditionnels du commerce de bois de marine balte.

En France, comme dans d’autres pays europĂ©ens, le flottage du bois prend des formes diffĂ©rentes suivant le cours d’eau sur lequel on transporte les piĂšces de bois, assemblĂ©es en train ou non. Il ne faut pas confondre le flottage dans les hautes vallĂ©es des montagnes et les parties en plaine. En Allemagne, c’est assurĂ©ment encore plus flagrant qu’en France car la taille des radeaux entre la petite flotte des Vosges en France ou de la haute vallĂ©e de la Kinzig en ForĂȘt-Noire et les monstrueuses flottes qui arrivent Ă  la plaque tournante du bois flottĂ© Ă  Dordrecht en Hollande met en lumiĂšre les conditions de travail trĂšs difficiles et dĂ©favorables des flotteurs en altitude sur des cours d’eau souvent non propices Ă  cette activitĂ©. Vivant dans des zones montagneuses et forestiĂšres, les habitants n’avaient pas d’autres choix que de travailler dans la sylviculture car ils Ă©taient le plus souvent des fermiers-forestiers ou des bĂ»cherons-flotteurs occupant l’une ou l’autre fonction pendant la mauvaise saison. Le flottage du bois fut clairement une aubaine pour de nombreux montagnards en France et en Europe centrale : le phĂ©nomĂšne est supranational et les mĂ©canismes Ă©conomiques se ressemblent beaucoup d’un pays Ă  l’autre. D’ailleurs, en empruntant des fleuves et riviĂšres internationales, les flotteurs des rĂ©gions frontaliĂšres de la France actuelle ont soit travaillĂ© dans des rĂ©gions autrefois non françaises, soit traversĂ© plusieurs frontiĂšres avec les pĂ©ages et douanes que cela impliquait Ă  cette Ă©poque. Le flotteur s’apparente Ă  maints Ă©gards aux mĂ©tiers des colporteurs, des marchands itinĂ©rants et bien entendu les bateliers. En outre, le flottage du bois est intimement liĂ© Ă  d’autres activitĂ©s de l’exploitation forestiĂšre comme les schlitteurs, les bĂ»cherons et surtout les scieries qui s’accumulaient sur les cours d’eau en aval des secteurs de flottage.

Pour dĂ©gager les rĂ©gions de France oĂč le flottage du bois s’est pratiquĂ© sur des siĂšcles en dĂ©veloppant toute une organisation encadrĂ©e par une lĂ©gislation et des pratiques culturelles fortes, il n’est pas possible de compter les microrĂ©gions oĂč du bois a Ă©tĂ© flottĂ© Ă  bĂ»ches perdues sur Ă  peine quelques kilomĂštres pour alimenter uniquement une saline ou une fonderie. En restant sur des volumes plus important, les principales zones de flottage en altitude et en milieu a priori dĂ©favorable ont Ă©tĂ© les Vosges, le Jura, l’Ardenne, les Alpes, le Morvan, le Massif central, les PyrĂ©nĂ©es et les coteaux du Comminges. Les secteurs de flottage en plaine sur des cours d’eau plus larges et plus profonds (ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas eu d’amĂ©nagements successifs, ni aucune complication locale) furent le Bassin parisien cĂŽtĂ©s bourguignon, champenois et lorrain, la plaine rhĂ©nane, l’Aquitaine mĂ©ridionale et le couloir rhodanien. Les cours d’eau qui reviennent le plus souvent dans les rĂ©cits et les travaux consacrĂ©s Ă  cette activitĂ© artisanale sont pour la façade orientale du pays qui partage une histoire du flottage commune avec les pays voisins sont le RhĂŽne, le Doubs[58], le Rhin avec ses affluents et sous-affluents (Moselle, Meurthe, Sarre, Bruche), pour le Bassin parisien la Seine avec ses affluents et sous-affluents (Marne, Yonne, Cure), pour l’Aquitaine[59] l’Adour[60], la haute Garonne et les gaves pyrĂ©nĂ©ens[60]. Dans l’arc mĂ©diterranĂ©en, la tradition du flottage est attestĂ©e sur le Var en provenance des forĂȘts du BorĂ©on[61]

Historique

Namur, confluence de la Meuse avec la Sambre.
Abbaye de Waulsort,une de ses chartes de 1056 atteste le flottage Ă  Dinant.

La Belgique mosane a en Europe une trĂšs longue tradition de flottage par trains et Ă  bĂ»ches perdues qui remonte au moins au XIe siĂšcle pour les premiĂšres mentions Ă  LiĂšge comme Ă  Bruges, la derniĂšre apprĂ©ciant la qualitĂ© du bois ardennais pour ses activitĂ©s portuaires. La premiĂšre mention du flottage du bois sur la Meuse date de 1056 Ă  Dinant dans une charte de l’abbaye de Waulsort[62]. De mĂȘme, en 1070, un registre des droits du comte de Namur mentionne le flottage du bois Ă  Dinant sur la Meuse[63]. NĂ©anmoins, Dinant fut moins importante en termes de volume et d’écoulement des bois que LiĂšge, Namur et Maastricht. Le bois flottĂ© parvenait dans ces centres d’assemblage et de tri grĂące aux affluents de la Meuse des provinces de Namur et de Luxembourg : la Lesse, la Semois, la Sambre et l’Ourthe[42]. Les « mairniers », commerçants de merrains, avaient leurs ateliers sur berge dans les points de vente des grumes et poutres le long du fleuve, en tĂȘte desquels la ville Ă©vĂȘchoise de LiĂšge[64]. La cohabitation avec les bateliers et plus tard les haleurs ne se fit pas sans heurts. Il y avait Ă©galement une foire aux bois Ă  Maastricht au XIIIe siĂšcle.

Jusqu’à la fin du XVIIIe siĂšcle, la couverture forestiĂšre de la Belgique se concentre Ă  plus de 80 % dans le bassin mosan et donc en premiĂšre ligne les bois des forĂȘts ardennaises françaises et belges en RĂ©gion wallonne, mais aussi les rĂ©gions boisĂ©es de Namur, le Luxembourg belge et l’Hertogenwald dans le Limbourg proche des Hautes Fagnes. Les riviĂšres affluents de la Meuse permettaient l’acheminement du bois Ă  bĂ»ches perdues ; ce sont la Semois, la Lesse, l’Ourthe- AmblĂšve et la Marlagne. Pour le Namurois, il faut citer le Condroz[64]. Si l’on prend l’exemple de la Semois (ou Semoy) qui prend sa source au Luxembourg et se jette dans la Meuse Ă  la Val-Dieu prĂšs d’Aubel, le flottage en trains de radeaux se fait sur les derniers 17 km avant la confluence. Le bois est destinĂ© Ă  l’approvisionnement de la verrerie de MonthermĂ© et des villes de MĂ©ziĂšres ou Charleville[65].

Les givées ou pouris-talons de Belgique et Ardennes françaises

Traditionnellement, il faut distinguer les merrains qui, dans cette rĂ©gion, ont le sens de bois d'Ɠuvre des « leingnes » qui dĂ©signent le bois de chauffage. Les bois de chauffage, les charbons de bois et les bois travaillĂ©s Ă©taient transportĂ©s par bateau. Les fĂ»ts et les bois de construction comme les poutres sont flottĂ©s, d’abord Ă  bĂ»ches perdues sur les cours d’eau affluents de la Meuse, puis par « givĂ©es »[62] ou dans sa prononciation wallonne « djivĂ©yes » (prononcĂ© : [dÆ·ivej]), c’est-Ă -dire des trains de radeaux sur la Meuse. Dans certains secteurs wallons, on nommait les trains de radeaux plutĂŽt des « pouris-talons » ; ce sont les nombreux barrages construits sur la Meuse qui mirent fin au flottage par pouris-talons.

Une givĂ©e[66] - [67] est en rĂ©alitĂ© au terme ancien, y compris en France, dĂ©signant une sĂ©rie, une ligne composĂ©e de plusieurs Ă©lĂ©ments; par exemple, ceux qui construisaient les digues parlaient d'une « givĂ©e de fascinages » pour dĂ©crire les talus de terre qu'ils Ă©difiaient devant et derriĂšre les fascinages comme petite digue naturelle avant la construction de la digue Ă  proprement parler[68]. Dans les textes anciens, les termes de « bossĂ©ye » ou « boslĂ©ye » apparaissaient comme synonymes de givĂ©e car le terme de « borsĂȘ » ou « bourseau » dĂ©signe en wallon un Ă©lĂ©ment ou un radeau du train de bois, parfois seulement le premier radeau pendant que les autres prennent le nom de « naselle ». Dans les textes en latin du XIIIe siĂšcle, le radeau Ă  l'avant de la givĂ©e Ă©tait nommĂ© « borsellis », puis en langue vulgaire borsea, puis bourseau, borseau du XVe au XVIIIe siĂšcles. Le diminutif « bosselet » ou « bosset » apparaissent au XVIIe[67], le dernier terme Ă©tant Ă©trangement le mĂȘme terme que le « bosset » des Vosgiens pour dĂ©signer chaque partie du train de bois ou de planches qui descend la Meurthe ou la Sarre. Le terme « borsia » puis « borsulĂ© » dĂ©signant un ancien français un faisceau, une trochĂ©e, une brassĂ©e ou une flopĂ©e d'objets (de clefs, noisettes, herbe, brindilles
), chacun dĂ©duira que le train de bois ou « bossĂ©ye » est effectivement un chapelet de plusieurs radeaux ou une givĂ©e une succession de radeaux en ligne droite qui flotte sur l'eau.

Un bourseau est formĂ© de 12 Ă  15 piĂšces de bois rangĂ©es en longueur et comprennent en moyenne 30 Ă  45 piĂšces. Sous les troncs, on fixe des tonneaux vides qui amĂ©liorent la flottabilitĂ©. En ajoutant les radeaux les uns aux autres, on obtient une givĂ©e composĂ©e de 10 Ă  12 radeaux conduits par un « flotteu » ou « bosselier »[62] Ă  l’avant et Ă  l’arriĂšre de la givĂ©e[64]. Une givĂ©e faisait en gros entre 150 et 200 m de longueur, entre 6 et 7,5 m de largeur et jusque 1,5 m de profondeur. Cela reprĂ©sentait environ de 300 Ă  540 grumes[64]. Une givĂ©e transportait en mĂȘme temps d’autres marchandises. Cette taille importante obligeait parfois les conducteurs de givĂ©e Ă  dĂ©tacher certains Ă©lĂ©ments du train pour franchir les mĂ©andres trĂšs serrĂ©s. Cela bloque la navigation et prend du temps supplĂ©mentaire pour rĂ©-assembler la givĂ©e. Il fallait au minimum deux jours pour atteindre LiĂšge en partant de Namur et trois jours pour parvenir Ă  Maastricht. Comparable Ă  d’autres riviĂšres versatiles, la Meuse est flottable par trains au printemps et au dĂ©but de l’étĂ©.

Le passage est lucratif car les seigneurs locaux prĂ©lĂšvent un tonlieu sur chaque train de bois qui traverse leur territoire ou une taxe pour chaque propriĂ©taire des bois dont l’identitĂ© est connue au moment du tricage quand on observe les marquages. Le comte de Namur prĂ©lĂšve par exemple deux deniers sur chaque charge de bois de construction passant Ă  Dinant, mais seulement deux bĂ»ches quand il s’agit de bois de chauffage[42].

Comme les « naiveurs » de Dinant jouaient un rĂŽle Ă©conomique capital pour la citĂ© dinantaise tournĂ©e vers le commerce, les conflits avec les « bolleurs » n’étaient pas rares. Comme en Lorraine romane, on dĂ©signe par « bollĂ©e » une fournĂ©e de bois flottĂ©e Ă  bĂ»ches perdues. Normalement, quand une bollĂ©e a lieu, la riviĂšre est complĂštement envahie et les bateaux ne peuvent pas circuler. S’ils persistent Ă  le faire, ils peuvent endommager ou rompre les « serras », ces barrages flottants faits de cordages qui retiennent les bĂ»ches[42]. Cette cohabitation difficile fut frĂ©quente sur la Lesse Ă  Anseremme. Il faut en effet prendre compte que, sur la Meuse, tout le bois n’est pas flottĂ© mais aussi chargĂ© sur des barques marchandes ; c’est le cas des planches[42] par exemple plus faciles Ă  entasser sur un bateau qu’en train de planches comme sont obligĂ©s de le faire les voileurs de Raon-l'Étape dans les Vosges.

Les ports aux bois de LiĂšge et de Maastricht servaient de plaques tournantes pour l’approvisionnement rĂ©gional, mais aussi pour l’exportation en aval vers la Gueldre et la Hollande, concurrents en quelque sorte des rĂ©gions de flottage qu’étaient l’Alsace, le Bade et les pays rhĂ©nans en Allemagne qui desservaient Ă©galement le grand marchĂ© hollandais Ă  Dordrecht. Dans les traitĂ©s mĂ©diĂ©vaux conservĂ©s dans les archives, l’attrait des bois des Ardennes dans les rĂ©gions flamandes et hollandaises se manifeste par des exemptions de tonlieu x pour les givĂ©es qui leur apportent le bois si prĂ©cieux pour leurs activitĂ©s cĂŽtiĂšres[64]. Le bois « dit liĂ©geois » Ă  Dordrecht concurrence le bois balte et rhĂ©nan. Les Brugeois s’approvisionnent au XIVe siĂšcle en bois du bassin mosan Ă  hauteur de 30 Ă  79 % des livraisons suivant les annĂ©es, parmi celles-ci plus de 700 givĂ©es passent en deux ans Ă  HastiĂšre prĂšs de Dinant. Il n’y a rien de surprenant Ă  ce commerce du bois entre Bruges et Dinant puisque les deux citĂ©s entretiennent Ă©galement des relations Ă©conomiques trĂšs Ă©troites pour les marchandises rĂ©putĂ©s des batteurs dinantais, donc de la dinanderie en cuivre et laiton Ă©coulĂ©e par bateau dans le bassin de la mer du Nord grĂące Ă  son appartenance au kontor de Londres oĂč Dinant disposait de ses propres « Dinanter halls » sans ĂȘtre officiellement membre de la Hanse ni parler la langue allemande, ni ĂȘtre une ville portuaire maritime[69]. Au XVe siĂšcle, les comptes de pĂ©age de citĂ©s flamandes permettent de savoir que 4170 givĂ©es sont passĂ©es au pĂ©age de Vireux-Wallerand prĂšs de Givet. Des givĂ©es partent Ă©galement de Fumay vers Ruremonde[64]. Vireux semble avoir Ă©tĂ© le lieu d’assemblage[62] de la plupart des givĂ©es mosanes en partance pour LiĂšge, Maastricht, Dordrecht. Le flottage par givĂ©es aurait donnĂ© son nom Ă  l’agglomĂ©ration de Givet en raison de la forte activitĂ© de flottage dans cette ville oĂč on assemblait les givĂ©es. En rĂ©alitĂ©, vu les siĂšcles concernĂ©s, il faut davantage parler de l’histoire du flottage dans le duchĂ© de Luxembourg auquel ont appartenu les citĂ©s de Fumay, Givet et Vireux[70] avant de passer Ă  la France au XVIIIe siĂšcle.

Flottage du bois dans les Provinces-Unies, les Pays-Bas, la Hollande

Peinture d'Aelbert Cuyp, vue de Dordrecht en 1655.

Les Pays-Bas occupent une place Ă  part dans l’histoire du flottage. Pays extrĂȘmement pauvre en forĂȘts, il est pourtant la destination recherchĂ©e par des milliers de flotteurs en Europe centrale et occidentale. À l’image de son port aux bois international de Dordrecht, les Pays-Bas ont rĂ©ceptionnĂ© les flottes europĂ©ennes, redistribuĂ© ou utilisĂ© eux-mĂȘmes les bois de construction et de marine Ă  l’époque oĂč les Provinces-Unies ont connu leur SiĂšcle d’or.

Aidés par la banque d'Amsterdam, installés dans toutes les places de commerce à l'instar des Hanséates dont ils avaient pris la place à partir de la premiÚre moitié du XVIe siÚcle, les Hollandais exercent au XVIIe siÚcle sur le marché de la Baltique un véritable monopole. Ils tirent par ailleurs de la Baltique tout ce qui est nécessaire à leur prospérité et à leur subsistance: denrées et matériaux de construction navale[71]. Au XVIIIe siÚcle, elle est supplantée par l'Angleterre. La Hollande importait les grumes de sapin de la mer Baltique; par ailleurs, le teck et les autres essences proviennent de ses colonies (Java essentiellement). Les grumes qui descendent le Rhin représentent la partie la plus coûteuse de son commerce du bois[72].

Les gigantesques trains de bois allemands qui descendent le Rhin jusqu’au plus grand port Ă  bois d’Europe Ă  Dordrecht, de mĂȘme que ceux plus petits qui poursuivent jusque Amsterdam ou d’autres parties de la Hollande font sensation quand ils passent. Ils Ă©voquent encore Ă  cette Ă©poque un pĂ©riple, une aventure de plusieurs semaines. Les Ă©normes radeaux sont des lieux de vie avec une structure interne. Les familles suivent les maris et pĂšres flotteurs[72].

Le vice-consul du Royaume-Uni Ă  Rotterdam, Sir James Turing, Ă©crit dans son journal le la description suivante : « Les trains de flottage du Rhin sont dans leur mode de construction similaires Ă  ceux que j’ai vu descendre le Saint-Laurent. De fait, les bois flottĂ©s en grande quantitĂ© sur les riviĂšres amĂ©ricaines ont d’abord Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©s et introduits par les premiers colons nĂ©erlandais et allemands sur l’Hudson et le Saint-Laurent. Toutefois, les radeaux sur le Saint-Laurent et l’Ottawa sont assemblĂ©s de maniĂšre plus solide que ceux du Rhin car ces riviĂšres ont des rapides trĂšs importants. En revanche, j’ai l’impression que largeur des radeaux est identique sur les riviĂšres amĂ©ricaines et sur le Rhin : environ 60 Ă  70 ft de large, 600 Ă  800 ft de long, avec des cabanes en planches pour loger les flotteurs. Ils sont Ă©galement dirigĂ©s par des ancres et des immenses avirons. Les bateaux peuvent accompagner les radeaux »[72].

Au fur et Ă  mesure que les bois flottĂ©s progressent sur les torrents, les ruisseaux, les riviĂšres d’Allemagne ou de France, les radeaux prennent de plus en plus d’ampleur. Les grumes qui descendent par flottes lĂ©gĂšres le Main, le Neckar, la Murg, la Kinzig, la Sarre et la Moselle sont ensuite assemblĂ©s ou rĂ©unis Ă  des endroits particuliers et descendent le Rhin en une masse compacte de bois jusqu’en Hollande. La valeur marchande d’un de ces gigantesques trains de bois a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e au XIXe Ă  350 000 florins ou 30 000 ÂŁ. De l’abattage Ă  la vente aux nĂ©gociants ou aux scieries, on estime qu’environ 800 Ă  900 personnes ont Ă©tĂ© impliquĂ©es. Les grandes flottes du Rhin drainent des quantitĂ©s impressionnantes de nourriture, de matĂ©riel ; ils touchent de nombreux corps de mĂ©tiers, traversent de nombreux pays et font travailler de nombreux personnes de toutes les nationalitĂ©s[72].

Les hommes qui se rencontrent au port à bois de Dordrecht créent un environnement multiculturel et plurilingue.

De 1839-1841, la quantitĂ© de bois importĂ©e en Hollande par le Rhin s’éleva en moyenne Ă  110 500 000 kg, consistant pour l’essentiel en bois de marine, de construction et de lambrissage, chevrons et mĂątereaux, douves et bois de feu. L’essentiel est consommĂ© en Hollande, une infime part continue vers les colonies. Quelques annĂ©es plus tĂŽt, le bois flottĂ© du Rhin poursuivait sa route vers le Royaume-Uni ou la France par la mer et aprĂšs une rupture de charge[72]. Mais les relations politiques et la concurrence croissantes entre les Pays-Bas et les autres nations coloniales europĂ©ennes aboutissent Ă  un plus grand protectionnisme. De toute façon, la demande est particuliĂšrement forte en Hollande, non seulement pour les chantiers navals, mais aussi pour l’agrandissement des villes d’Amsterdam ou de Rotterdam.

Présentation générale du flottage, Flözerei ou flottaziun en Suisse

Le flottage du bois et la navigation pour le transport du bois entre autres remontent Ă  l’époque romaine sur le lac LĂ©man autour de GenĂšve. Le flottage dĂ©pendaient des bateliers dont il existait deux collĂšges : les ratiarii superiores (les radeliers supĂ©rieurs) et les nautae lacus lemani (les nautes du lac LĂ©man)[73]. la proximitĂ© entre bateliers et flotteurs ou radeleurs se retrouve dans la terminologie allemande pour tout le bassin germanophone en Europe : les flotteurs de bois sont dĂ©signĂ©s Ă©galement par le terme Schiffer qui signifie « batelier ». Avec l’accroissement du commerce lacustre au Moyen Âge, les bateliers-radeliers ont conclu des « droits de navage » avec les seigneurs locaux, en particulier pour ĂȘtre exemptĂ©s des prĂ©ages et tonlieux[73]. Chantiers navals et ports aux bois se dĂ©veloppent et entraĂźnent l’essor Ă©conomique des citĂ©s riveraines car le commerce dĂ©passe les frontiĂšres rĂ©gionales, surtout grĂące au transport par les barques Ă  voiles romaines ou « barques du LĂ©man ». Les riviĂšres suisses oĂč le flottage fut le plus pratiquĂ© jusqu’à la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle furent les cours d’eau qui descendaient des Alpes, des diffĂ©rentes PrĂ©alpes, du Jura ou du Napf dans le Plateau suisse. Les principaux bassin de flottage Ă©taient ceux de l'Aar, du Rhin, du Tessin, du RhĂŽne et de l'Inn. Comme partout en Europe mĂ©diane, le flottage Ă  bĂ»ches perdues servaient d’abord Ă  alimenter en bois d’Ɠuvre ou de chauffage les plus grandes agglomĂ©rations du Plateau suisse ou des grandes vallĂ©es alpines. ParallĂšlement au dĂ©veloppement des mines et Ă  l’accroissement des villes, le flottage s'Ă©tendit Ă  toutes les riviĂšres flottables du pays[74]. Comme partout en Europe, le saint patron des flotteurs suisses alĂ©maniques, romands ou romanches est saint Nicolas.

DĂ©valant les pentes par des couloirs amĂ©nagĂ©s, les troncs descendaient ensuite dans les ruisseaux de montagne avec ou sans l’aide d’écluses pour augmenter les prises d’eau, comme dans d’autres pays voisins. Les flottes lĂ©gĂšres Ă©taient rĂ©alisĂ©es dans les zones situĂ©es en altitude et descendaient les riviĂšres de moyenne montagne pendant les hautes eaux entre le printemps et l’automne. Sur les lacs et les riviĂšres plus profondes, les flottes s’agrandissent et sont guidĂ©es ou propulsĂ©es par une rame. Les dimensions des flottes Ă©taient prescrites selon la largeur et la nature de la riviĂšre : les radeaux du Rhin faisaient 12 m de long et 2,4 m de large au XVe siĂšcle. Au XIXe, les dimensions des radeaux de l'Aar s’agrandissent considĂ©rablement (Ă  15 Ă— 4,5 m puis Ă  21 Ă— 7,5 m). Les trains ne pouvaient dĂ©passer 30 Ă  42 m de longueur[74].

Le commerce et la transformation du bois Ă  plus grande Ă©chelle se concentraient surtout dans les ports de transit ou de stockage sur les fleuves comme BrĂ©gence, Constance, Schaffhouse, BĂąle pour le Rhin, GenĂšve pour le RhĂŽne et Bellinzone, Locarno pour le Tessin. On peut Ă©galement citer le port aux bois de Marzili Ă  Berne ou celui de la Holzschanz Ă  Zurich. La Suisse profita dĂšs le Moyen Âge de sa position centrale en Europe puisqu’elle pouvait approvisionner en bois de d’Ɠuvre et de marine vers le nord (Axe rhĂ©nan vers la Hollande), vers l’ouest et le sud-ouest par le couloir rhodanien en direction de la MĂ©diterranĂ©e et enfin vers le sud par la plaine du PĂŽ. La partie sud-orientale de la Suisse est plus verrouillĂ©e par les hautes montagnes qui font la frontiĂšre avec l’Autriche et l’Italie. NĂ©anmoins, le flottage, plutĂŽt modeste, sur l’Inn supĂ©rieur en Engadine permettait de rejoindre Innsbruck et les salines de Hall, puis le Danube jusqu'Ă  Vienne[74]. On notera que chaque aire gĂ©ographique correspond astucieusement aux trois grandes aires linguistiques de la ConfĂ©dĂ©ration suisse qui facilitent le contact commercial avec les pays visitĂ©s.

Comme dans les autres pays alpins, les flotteurs transportaient d’autres marchandises pour rentabiliser leurs courses. En augmentant la cargaison, il fallait Ă©galement payer des droits de douane ou autres octrois aux ponts et tonlieux divers. Le maĂźtre flotteur devait s’acquitter du droit de passage pour les propriĂ©taires de toute la cargaison mais aussi du radeau qui est lui-mĂȘme une marchandise. La cargaison supplĂ©mentaire peut se composer de produits pĂ©rissables et consommables comme des produits manufacturĂ©s. Parfois, le radeau transporte aussi des personnes[74].

La particularitĂ© du flottage en Suisse rĂ©side dans le fait qu’il n’appartenait pas au champ des droits rĂ©galiens ; il Ă©tait donc libre[74]. Dans la plupart des grandes zones de flottage europĂ©ennes, les corporations de flotteurs et les marchands de bois agissaient, en effet, sous l’autoritĂ© de souverains nationaux ou locaux qui accordaient des lettres patentes transfĂ©rant des droits aux professionnels intervenant dans des forĂȘts dont les seigneurs entendaient souvent contrĂŽler l’exploitation ou les abus. En Suisse, les flotteurs profitent d’un statut de transporteurs indĂ©pendants qui disposent de leur cargaison comme ils l’entendent en fonction des accords commerciaux qu’ils ont conclus avec les diffĂ©rents acteurs intĂ©ressĂ©s par leur bois et leur cargaison. Le parcours et la destination ne sont pas imposĂ©s, ni prĂ©dĂ©finis. Mais, sur le terrain, des flotteurs pouvaient s’associer en corporations afin de contrĂŽler de facto tel ou tel tronçon de la riviĂšre. Les corporations rassemblaient des flotteurs, des radeliers, des pĂȘcheurs ou des bateliers. Ces corporations disposaient Ă  ce moment-lĂ  d’un privilĂšge Ă  l’instar de celle de Stilli ayant un contrĂŽle quasi-monopole du trajet entre Brugg, trĂšs proche des confluences de la Reuss et de la Limmat avec l’Aar, jusque Laufenburg[74].

Les monopoles suivaient parfois une certaine logique sĂ©curitaire : les corporations imposaient leur pilote local pour passer des rapides ou des endroits dangereux qu’ils connaissaient particuliĂšrement bien Ă  l’instar des pilotes dans les ports. De mĂȘme, de maniĂšre comparable Ă  d’autres rĂ©gions de flottage, quelques familles finissent par contrĂŽler l’activitĂ© du flottage dans une vallĂ©e particuliĂšre, mĂȘme si ce n’était pas forcĂ©ment leur visĂ©e initiale[74].

Le flottage connut le mĂȘme dĂ©clin que dans les pays europĂ©ens voisins ; avec l’industrialisation et certaines industries dĂ©voreuses de bois, il y eut encore un essor important au XIXe siĂšcle, puis les chemins de fer et le transport sur route ont provoquĂ© le dĂ©clin progressif de cette activitĂ© sĂ©culaire[74].

Le flottage sur la Sarine et l’Aar

Affluent gauche de l'Aar, la Sarine prend sa source dans le massif des Diablerets dans le canton du Valais et va se jeter dans l'Aar Ă  Wileroltigen. Elle Ă©tait navigable dĂšs le Moyen Âge Ă  partir de Fribourg pour le transport de draps de cuirs pour les foires locales[75].

Les mentions Ă©crites dans les comptes de trĂ©sorerie de Fribourg sur le flottage sur la Sarine remonte au XVe siĂšcle. La production et la consommation sont locales : chauffage, construction, amĂ©nagement intĂ©rieur, objets du quotidien[76]. Mais c’est au XIXe siĂšcle qu’elle prend son essor parallĂšlement Ă  l’industrisalisation de la rĂ©gion[76]. Les sapins du pays de GruyĂšre sont transformĂ©s en charbon et flottĂ©s sur la Sarine et l'Aar pour approvionner les fonderies Von Roll dans le canton de Soleure. Une moyenne annuelle de 13 000 billes sont flottĂ©es sur la Sarine et ses affluents et le flottage se poursuivra jusqu'Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale[77]. Le bois du canton de Fribourg Ă©tait aussi trĂšs apprĂ©ciĂ© dans la construction navale et notamment pour les ports français qui reprĂ©sentait le deuxiĂšme dĂ©bouchĂ© le plus important aprĂšs les usines locales[77]. Il ne faut pas oublier la construction des chalets d'alpage[76] composĂ©s pour l’essentiel de bois.Le flottage du bois s’arrĂȘta autour de 1900[75]

Flottage et radé sur le lac Léman

On « radale »[48] sur le lac Léman quand on transporte le bois par radeau nommé localement « radé » ou « radhi »[48].

Le RhĂŽne est couvert de tronçons Ă  l’époque du flottage du bois, notamment Ă  hauteur de Saint-Maurice jusqu’à l’embouchure. Comme l’écrit Rodolphe Töpffer, « c’est lĂ , pour des gens qui flĂąnent, un spectacle merveilleusement rĂ©crĂ©atif. »[78]. Pour couvrir ses besoins Ă©nergĂ©tiques, la ville de GenĂšve devait importer le bois avant la construction du barrage hydroĂ©lectrique de Verbois. Le bois flottĂ© ou transportĂ© par bateau provient du canton du Valais et dans une moindre mesure des contreforts du lac LĂ©man. Si le bois de chauffage Ă©tait transportĂ© par barque, le bois de construction Ă©tait assemblĂ© en trains de « radĂ© » et remorquĂ©. D’abord rĂ©servĂ© Ă  un marchĂ© local (Ports de la Fusterie, du Molard et de Longemalle), les radĂ©s rhodaniens poursuivirent leur chemin vers la France, en particulier Lyon, Avignon et Marseille. Le bois de marine des montagnes valaisannes arrivaient en grandes quantitĂ©s jusqu’à Toulon pour la flotte française[79]. La concurrence du rail et de la route a mis fin au transport du bois sur l’eau par barques Ă  voiles latines typiques du lac LĂ©man[80] et construites au chantier naval de Saint-Gingolph sur la rive sud du lac LĂ©man Ă  la frontiĂšre franco-suisse[81].

Les punteras et flöz du canton des Grisons - les bĂ»ches perdues de l’Engadine

Dans le canton des Grisons de langue romanche, le flottage s’est fait suivant les zones Ă  bĂ»ches perdues ou par trains de radeaux[82]. En Basse Engadine oĂč le fond de vallĂ©e de l’Inn est trĂšs Ă©troit et accidentĂ©, les bois de chauffage et de construction abattus dans les hautes montagnes des Alpes lĂ©pontines Ă©taient flottĂ©s depuis le XIVe siĂšcle Ă  bĂ»ches perdues et quasi exclusivement destinĂ©s Ă  alimenter la saline de Hall dans le Tyrol voisin plus en aval sur l’Inn. Le bois de Haute et Basse Engadine fut Ă©galement flottĂ© Ă  bĂ»ches perdues vers la Lombardie et le Tessin par le Val Poschiavo, le Val Bregaglia ou la la vallĂ©e de la Moesa[45].

Les flotteurs exerçant entre Thusis ((rm) TusĂĄun) et Felsberg ((rm) Favugn) Ă©taient organisĂ©s entre « societads da flottaziun » (SociĂ©tĂ© de flottage) dont celle de RhĂ€zĂŒns ((rm) RazĂ©n) est dĂ©jĂ  attestĂ©e en 1490. Les flotteurs de Coire appartenaient Ă  la confrĂ©rie des forgerons (Mastergnanza dals ferrers) dont le premier rĂšglement intĂ©rieur pour le flottage remonte Ă  1586. Au XVIIIe siĂšcle, 10 000 Ă  12 000 fĂ»ts (mutagls) Ă©taient flottĂ©s par an entre le mois d’avril et le mois d’octobre[45].

Entre La Punt Chamues-ch au pied du Piz Üertsch (3 333 m) et Lantsch/Lenz en contrebas du Lenzerhorn (2 906 m), les billes de bois flottĂ©es sur l’Albula sont assemblĂ©es en trains nommĂ©s « punteras » en romanche[45]. Comme on parle Ă©galement le suisse alĂ©manique dans le canton des Grisons, les formes « flöz » ou « floz » pour dĂ©signer les trains de radeaux sont aussi employĂ©s par les locuteurs romanches suivant les secteurs[47] - [83].

Une puntera qui descendait le Rhin Ă©tait composĂ©e de 12 Ă  18 blocs d’une longueur approximative de m chacun. Elle servait Ă©galement Ă  transporter des passagers et d’autres marchandises comme le riz, le vin, l’huile ou les fruits entre autres. Le plus grand centre de transbordement des bois d’Engadine transitant par le Rhin Ă©tait TrĂŒbbach dans le canton de Saint-Gall et Rheineck dans le mĂȘme canton Ă©tait le port principal pour la vente et l’écoulement des bois dans le pĂ©rimĂštre du lac de Constance.

Comme dans les autres rĂ©gions de flottage en montagne, une course en puntera n’était pas dĂ©nuĂ©e de dangers, y compris pour les passagers extĂ©rieurs Ă  la flotte. Ce n’était pas forcĂ©ment les plus fortunĂ©s qui profitaient des descentes de radeaux[N 16]. Le transport de passagers par puntera est entrĂ© dans les mƓurs au XIXe siĂšcle puisqu'un radeau pour passagers partait de Coire, la capitale du canton des Grisons, tous les mardis et tous les jeudis. Dans le meilleur des cas, le voyage en puntera jusque Rheineck durait deux jours avec une nuitĂ©e Ă  TrĂŒbbach[45]. À partir de 1851 et jusqu’en 1919, le flottage fut organisĂ© et contrĂŽlĂ© par une « commission de flottage » qui Ă©tait en quelque sorte la police des flotteurs suisses. D’abord il y eut les trois commissions de flottage du Rhin, de l’Inn et de la Mosea. À partir de 1920, les trois commissions fusionnĂšrent en une seule commission de flottage pour l’ensemble du canton[82].

Les mĂȘmes causes ont produit les mĂȘmes effets sur le flottage en Suisse du sud-est comme dans les autres rĂ©gions europĂ©ennes. Seule la rĂ©gion du Schanfigg ((rm) Scanvetg) parcouru par la Plessur a poursuivi le flottage Ă  bĂ»ches perdues jusqu’en 1968 jusqu’au grand port aux bois de Coire, ancienne plaque tournante du bois flottĂ© dans la rĂ©gion Ă©tant donnĂ© que d’autres bois arrivaient Ă©galement du Rhin antĂ©rieur et du Rhin postĂ©rieur. La Plessur prend sa source dans la commune d’Arosa dans les Alpes plĂ©ontines au lieu-dit Älpli Ă  2 600 m d’altitude. Elle se jette dans le Rhin Ă  Coire (560 m)[84]. Cette riviĂšre forme de nombreux mĂ©andres et prĂ©sentent plusieurs passages dĂ©licats en contrebas de Tschiertschen-Praden dont la population vivait essentiellement des activitĂ©s agro-sylvo-pastorales au-dessus de la forĂȘt de l’étage submontagnard dont les bois sont flottĂ©s Ă  bĂ»ches perdues dans la vallĂ©e[85].

Allemagne et Autriche

Écluse de flottage Erzherzog-Johann vue du bas, sur la Brandenberger Ache, Autriche.
GlissiĂšre Ă  bois en Autriche.
Reconversion d'un radeau sur l'Isar, BaviĂšre, pour les touristes.

Pour des raisons historiques et gĂ©opolitiques, les deux pays germanophones que sont l’Allemagne et l’Autriche, parties intĂ©grantes et influentes de la sphĂšre interculturelle rĂ©sumĂ©e par le concept de « Mitteleuropa », appartiennent Ă  une trĂšs grande zone de flottage du bois europĂ©enne qui va de la plaine rhĂ©nane aux monts des GĂ©ants et aux confins de la Prusse-Orientale pour le nord, du Tyrol du Sud aux Carpates pour la façade mĂ©ridionale. Ces deux pays ont, en effet, connu une longue pĂ©riode de leur histoire oĂč leur territoire respectif s’étalait sur de nombreux pays europĂ©ens actuels aux confins de la mer Noire ou de la Baltique. Or, tous ces pays de l’Est ont connu une forte activitĂ© de flottage du bois dans la mesure oĂč la couverture forestiĂšre de l’Europe centrale est fortement corrĂ©lĂ©e au paysage presque exclusivement composĂ© de moyennes et hautes montagnes trĂšs boisĂ©es et traversĂ©es par des fleuves qui servent de grands axes de circulation vers plusieurs mers : la mer Baltique, la mer Noire et la mer du Nord.

L’Europe centrale forme sans conteste le pĂŽle majeur du flottage du bois en Europe tant sur la durĂ©e de l’activitĂ© que sur les volumes transportĂ©s et les distances parcourues par les trains de bois dont la taille pouvaient atteindre des proportions gigantesques par rapport Ă  ce qui se pratiquait en France ou Espagne par exemple. L’Allemagne profite des deux bassins versants internationaux du Rhin[86] et du Danube, sans oublier la Vistule et l’Oder pour les pĂ©riodes de l’Empire allemand. L’Autriche fut entiĂšrement tournĂ©e vers le Danube et tous ses affluents gauches et droits, ce qui la relie Ă  tous ses voisins.

En restant sur les rĂ©gions situĂ©es aujourd’hui en Allemagne, l’aire rhĂ©nane fut de loin la plus reprĂ©sentative du flottage allemand. Il n’est pas possible de dissocier le flottage du bois en Allemagne de l’Ouest des Pays-Bas. Autrefois, les Provinces-Unies, qui connurent un Ăąge d’or Ă©conomique et culturel, faisaient incontestablement partie des nations maritimes coloniales avec un savoir-faire en construction navale et en assĂšchement des terres inondables ou marĂ©cageuses que leur enviaient les pays voisins. DĂ©pourvus de forĂȘts, les Provinces-Unies s’alimentaient en bois de marine dans les pays voisins : Belgique (Pays-Bas espagnols), France (Lorraine, Alsace, Ardenne) et surtout l’Allemagne qui livrait du bois en provenance de rĂ©gions fort lointaines comme les forĂȘts de Thuringe et de Franconie aux frontiĂšres de la BohĂȘme (RĂ©publique tchĂšque).

Deux ports aux bois, vĂ©ritables plaques tournantes du flottage europĂ©en, ont marquĂ© l’histoire de cette activitĂ© sur le Rhin :

  • le port de Namedy, aujourd’hui quartier d’Andernach dans l'arrondissement de Mayen-Coblence au nord de Coblence, c’est-Ă -dire Ă  la confluence entre le Rhin et la Moselle, fut le site intermĂ©diaire oĂč les petites et moyennes flottes provenant des massifs allemands, français et belges Ă©taient stockĂ©es et assemblĂ©es pour faire des grandes flottes dites rhĂ©nanes (Rheinfloß).
  • le port de Dordrecht en Hollande-MĂ©ridionale oĂč toutes les flottes Ă©taient disloquĂ©es, triĂ©es et Ă©coulĂ©es. Ce fut le plus grand port aux bois en Europe de l'Ouest pour le bois flottĂ© en trains[87].

La pratique du flottage en Autriche a causĂ© de nombreux amĂ©nagements et des ouvrages parfois impressionnants en raison du caractĂšre alpin prononcĂ© de ce pays. Les Ă©cluses de flottage (nommĂ©es Klause) pouvaient prendre des formes gigantesques, parfois une maison Ă©tait construite Ă  cĂŽtĂ© pour le flotteur qui y travaillait Ă  demeure Ă  l’instar des maisons d’éclusier connues sur les grands canaux français. Il a fallu Ă©galement construire des passerelles dans les gorges et les dĂ©filĂ©s Ă©troits pour dĂ©bloquer les embĂącles Ă  des endroits forcĂ©ment dangereux. Les pentes des montagnes alpines et les ruisseaux torrentiels n’étaient pas toujours favorables pour l’acheminement des fĂ»ts vers les cours d’eau flottables. C’est pourquoi une forte tradition de glissiĂšres, de biefs et de toboggans fabriquĂ©s avec des troncs d’arbres s’est dĂ©veloppĂ©e dans ce pays et dans les rĂ©gions alpines voisines. Les retenues collinaires se sont multipliĂ©es en Autriche et en BohĂȘme dont les traces se voient encore aujourd’hui puisque les lacs de retenue continuent Ă  exister ou sont reconvertis en points d’eau touristiques.

Les secteurs majeurs du flottage en Allemagne furent tous les massifs de moyenne montagne au centre et au sud du pays, les Préalpes et les Alpes bavaroises[88]. Les grandes confréries et compagnies de flotteurs se rencontrent en BaviÚre et dans le Bade.

Une enquĂȘte menĂ©e en Autriche rĂ©cemment a apportĂ© une dĂ©monstration inverse de ce que l’on dĂ©plore souvent Ă  propos du flottage : dĂ©gĂąts sur les berges ou sur les ouvrages publics, et conflits avec les riverains[89]. Il a Ă©tĂ© remarquĂ© que tant que les mines de sel du Salzkammergut avaient un Ă©norme besoin de bois qui Ă©tait transportĂ© par flottage depuis l’Engadine, les rives ont Ă©tĂ© entretenues et amĂ©nagĂ©es Ă  partir du XIVe siĂšcle avec des ouvrages en bois afin de protĂ©ger les populations riveraines des inondations et des coulĂ©es de boue. Ces ouvrages destinĂ©s au flottage du bois se dĂ©tĂ©riorĂšrent Ă  partir du XIXe quand les salines ont utilisĂ© le charbon au lieu du bois. En 1884, un dĂ©partement du gĂ©nie des torrents et des avalanches fut crĂ©Ă© pour protĂ©ger les cours d’eau des montagnes en Autriche. L’arrĂȘt du flottage et la construction des routes forestiĂšres qui ont souvent entraĂźnĂ© des corrections des lits de torrent ont aggravĂ© les effets des inondations et des crues importantes car il n’y avait plus d’ouvrages de flottage[90].

La maderada en Espagne

Un train de bois ou navata sur la riviĂšre GĂĄllego.

Le flottage du bois se dit en espagnol castillan maderada qu’on voit parfois francisĂ© en madĂ©rade.Il se pratique sur les riviĂšres Èbre, Tage, JĂșcar, Turia et la Segura, et dans une moindre mesure sur le Guadalquivir. En Espagne, le flottage de bois est donc caractĂ©ristique des PyrĂ©nĂ©es. Les flotteurs sont des gancheros pour le castillan, tandis que le terme catalĂĄn raiers rappelle le mot rĂ©gional français radeliers. On pratiquait le flottage Ă  bĂ»ches perdues et le flottage par trains de bois; nĂ©anmoins, en raison des conditions locales, le flottage par trains de bois n’a Ă©tĂ© pratiquĂ© que sur l’Èbre. Les autres riviĂšres ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour le flottage Ă  bĂ»ches perdues[91].

Les destinations principales des flotteurs pour la livraison du bois pyrĂ©nĂ©en de toutes natures furent Saragosse, Cuenca et Valence[91]. Aranjuez fut Ă©galement un port Ă  bois essentiel pour l’arrivage des bois d’Ɠuvre pour la construction du Palais royal d'Aranjuez et tous les travaux du Paysage culturel d'Aranjuez inscrit au Patrimoine mondial de l’HumanitĂ©[92].

La terminologie diverge suivant les rĂ©gions. Les radeaux et trains de bois en Navarre s’appellent des almadĂ­as, un mot empruntĂ© Ă  l’arabe maˁadiya dĂ©signant un bac, un ferry ou un transport de quelque chose d’un point Ă  un autre; en Aragon, la flotte prend le nom de nabata (ou navata, navade, navas, donc clairement associĂ© au latin navis) et en Catalogne, le nom local est rai (Ă©galement d’origine latine et proche du mot radeau) oĂč il a Ă©galement le sens de radeau, ferry ou bac. Les radeaux rĂ©pondent aux mĂȘmes principes de construction que dans la plupart des pays europĂ©ens : ce sont des assemblages de plusieurs tronçons qui forment des plateformes reliĂ©es et articulĂ©es entre elles que l’on manƓuvre grĂące des avirons avant et arriĂšre[93].

Les premiers documents attestant du trafic du bois par flottage remontent en Aragon au XIVe siĂšcle. À cette Ă©poque, les textes parlent de flottage du bois provenant de Sobrarbe par le Cinca. Du Moyen Âge au XVIIIe siĂšcle, il se poursuit sur le Cinca et se dĂ©veloppe comme on peut le lire dans les travaux de l’érudit Ignacio JordĂĄn Claudio de Asso y del RĂ­o[91]. Juan de Goyeneche Ă©tablit l'approvisionnement de la marine espagnole en bois de marine et en bois de mĂąture depuis les PyrĂ©nĂ©es, via l'Èbre jusqu'Ă  Tortosa. Trois fabriques sont implantĂ©es au cƓur des PyrĂ©nĂ©es: dans les monts de Laspuña acheminĂ©s jusqu'aux rive du Cinca jusqu'Ă  l'Èbre; dans le Valle de Echo et dans la ForĂȘt de Oza, acheminĂ©s jusqu'Ă  l'Aragon puis Ă  l'Èbre; et dans la vallĂ©e de Roncal et Valle de Belagua aussi via l'Aragon. De Tortosa les bois sont acheminĂ©s vers les arsenaux du Royaume[94] - [95]. C’est Ă©galement au XVIIIe siĂšcle que la communautĂ© Cheso originaire du Val d’Echo[96] du bassin de l’Aragon Subordan a monopolisĂ© le flottage sur l’Aragon en Aragon[93]. Le flottage aragonais disparait dans les annĂ©es 1930 ; il reprend pour 4 Ă  5 ans aprĂšs la Guerre civile espagnole et s’éteint dĂ©finitivement dans les annĂ©es 1940 (On parle alors des nouveaux nabateros de l’association des Nabateros du Sobrarbe) puisque, comme ailleurs en Europe, les routes et chemins forestiers ont remontĂ© les vallĂ©es et rĂ©unit les forĂȘts pyrĂ©nĂ©ennes avec les vallĂ©es majeures comme celle de l’Èbre[93]. En Navarre, le flottage arrĂȘte dans les annĂ©es 1940 comme dans la province voisine et en Catalogne, les raiers cessent leur activitĂ© encore plus tĂŽt dans les annĂ©es 1920 sans la reprendre pendant et aprĂšs la Guerre civile.

Dans un livre de comptes, le dernier flotteur Mariano Pallaruelo[97] Ă  Puyarruego inscrit la derniĂšre de ses livraisons de 65 m3 Ă  Tortosa le par flottage[93]. Les flotteurs espagnols pyrĂ©nĂ©ens de Laspuña et Puyarruego se montrent actifs et impliquĂ©s dans les diffĂ©rents projets de mise en valeur de ce patrimoine culturel en organisant des descentes de radeaux sur le plan local, national ou international. En 1987, les flotteurs de Navarre, Aragon et Catalogne organisent une rencontre interrĂ©gionale et, en 1988, les trois rĂ©gions participent Ă  la premiĂšre rencontre internationale au Pobla de Segur (LĂ©rida) et un an plus tard, ils sont prĂ©sents Ă  la rencontre europĂ©enne « Europa in Zattera » Ă  Belluno en Italie. Tous ces projets et toutes ces rencontres Ă  l’échelle europĂ©enne poursuivent le mĂȘme objectif : se souvenir d’un vieux mĂ©tier qui a marquĂ© des gĂ©nĂ©rations et des siĂšcles, crĂ©er des liens d’amitiĂ© entre les associations qui partagent cette passion et promouvoir des activitĂ©s dans le cadre du tourisme de montagne. La madĂ©rade (flottage) est conduite par une Ă©quipe (cuadrilla) de gancheros[91] dirigĂ©e par le « maĂźtre de riviĂšre »[98] assistĂ© de ses contremaĂźtres. Suivant les madĂ©rades, une centaine Ă  un millier de gancheros sont employĂ©s Ă  la bonne conduite des radeaux reliĂ©s. Le terme de ganchero provient du mot gancho qui signifie « crochet » ou « gaffe » (synonyme de bichero[98] dans d’autres rĂ©gions) et fait donc rĂ©fĂ©rence Ă  l’un des outils indispensables des flotteurs partout dans le monde pour manƓuvrer les grumes.

Trois Ă©quipes ou compagnies[98] distinctes se partagent les tĂąches: l’équipe dite de devant (La delantera[98] - [91]) se charge d’amĂ©nager la riviĂšre, de prĂ©parer le terrain pour Ă©liminer tous les obstacles, notamment dans les parties proches de la source. L’équipe du centre (la de en medio[98], ou centro[91]) est celle qui comporte le plus de gancheros ; elle doit veiller Ă  ce que les grumes flottent correctement, ne s’enchevĂȘtrent pas et ne provoquent aucun barrage. Le troisiĂšme groupe dit de derriĂšre (Zaga[98] - [91]) est de dĂ©monter les constructions rĂ©alisĂ©es par l’équipe de devant.

L’équipe de devant rĂ©alise les chenaux de flottage (encauzamientos[91]) soit pour resserrer le lit du ruisseau, soit pour adapter le dĂ©nivelĂ© ou pour Ă©viter les mĂ©andres du cours d’eau. Elle construit Ă©galement les pertuis (tabladas en espagnol rĂ©gional) pour passer les barrages et les obstacles plus importants sur une riviĂšre. Il s’agit d’un ouvrage de plus grande ampleur et nĂ©cessite pour pouvoir franchir sans dommages les barrages des moulins et les canaux d’irrigation si frĂ©quents sur les riviĂšres Turia, JĂșcar et Segura. Il se compose de 8 Ă  10 bĂ»ches (piĂšces de bois, madriers) qui forment une surface plane perpendiculaire au mur du barrage. Il s’agit d’un lit de riviĂšre surĂ©levĂ© par des madriers ou des planches vers lequel conduit un canal qui dirige les eaux vers ce passage surĂ©levĂ©[99]. Les hommes de devant construisaient Ă©galement l’ñne (asnao), un ouvrage qui retient le bois flottĂ© aux endroits et aux moments voulus.

Flottage en Italie : la fluitazione

Radeau d’une Ă©quipe participant Ă  la 10e course des radeleurs (Palio delle zattere), Valstagna, VĂ©nĂ©tie, Italie.

Le flottage comme activitĂ© professionnelle a disparu en Italie au XXe siĂšcle. Il ne reste plus que les balades en radeaux pour les touristes dans certaines villes. Toutes les formes de flottage ont Ă©tĂ© pratiquĂ©es dans le nord de l’Italie, donc le Trentin-Haut-Adige et la VĂ©nĂ©tie: le flot Ă  bĂ»che perdues, les flottes lĂ©gĂšres et les trains de bois de moyenne et grande taille[100]. Il n’existe plus de radeaux construits avec des troncs car ils ont Ă©tĂ© remplacĂ©s d’abord par barges motorisĂ©es, mais aussi parce que le transport par route ou par chemin de fer s’est avĂ©rĂ© plus rentable pour toutes les marchandises, y compris le bois. La voie navigable Padoue-Venise ou le tronçon navigable du PĂŽ n’ont pas de volumes de trafic de marchandises comparables aux grandes artĂšres fluviales comme le Rhin ou le Danube par exemple.

Le flottage du bois s’est concentrĂ© sur le Piave et l’Adige, et en gĂ©nĂ©ral dans les Dolomites italiennes, patrimoine mondial de l’UNESCO[101].

Les flotteurs sont nommĂ©s les « zattieri », terme qui provient du mot « zattere », le radeau. Donc la forme est comparable aux langues rĂ©gionales françaises qui parlent de « radeliers » en pensant au mot « radeau » (En Franche-ComtĂ© par exemple). Les zattieri s’associĂšrent en corporations qui elles-mĂȘmes Ă©taient souvent monopolisĂ©es par quelques familles se spĂ©cialisant dans le transport du bois par voie d’eau en provenance des Alpes ou des rĂ©gions trĂšs boisĂ©es. L’évolution et le dĂ©veloppement du flottage dans les hautes vallĂ©es alpines italiennes se rapprochent clairement des autres zones alpines au nord et Ă  l’ouest.

Contrairement Ă  aujourd’hui, le rĂ©seau routier dans les siĂšcles prĂ©cĂ©dents Ă©tait trĂšs rudimentaire, voire inexistant. Le commerce du bois de construction sur terre Ă©tait laborieux, pĂ©nible et dangereux sur une distance somme toute trĂšs longue entre les hautes vallĂ©es alpines et la mer Adriatique. Les cours d’eau et leur vallĂ©e respective jouaient, comme ailleurs en Europe, un rĂŽle primordial non seulement pour le transport de marchandises, mais aussi pour se dĂ©placer et s’orienter en suivant les riviĂšres jusqu’aux centres urbains de l’époque. En VĂ©nĂ©tie historique, tout convergeait vers Venise car la RĂ©publique de Venise et surtout la citĂ© des Doges elle-mĂȘme eurent un Ă©norme besoin en bois de construction, d’Ɠuvre et de chauffage. Les fondations des palais et maisons, les gros ouvrages et les chantiers navals vĂ©nitiens consommĂšrent le bois provenant des Dolomites. Les sites historiques cĂ©lĂšbres pour le flottage par trains de bois sont Borgo Sacco ou Rovereto dans le Trentin, Perarolo di Cadore et Codissago dans la province de Belluno en VĂ©nĂ©tie. Les radeaux des flotteurs haut-vĂ©nitiens Ă©taient rĂ©alisĂ©s avec des troncs assemblĂ©s et attachĂ©s traditionnellement par des joncs confectionnĂ©s Ă  base de branches de noisetier vrillĂ©es, dĂ©nommĂ©es sache (prononcĂ© : [sake]), dans d’autres rĂ©gions avec des cordages de chanvre. Un radelier se tient Ă  l’aviron avant, deux autres aux avirons latĂ©raux et d’autres encore manipulent les longs pieux qui servent Ă  sonder le fond de la riviĂšre durant les passages difficiles Ă  proximitĂ© de rochers ou de bas-fonds. Outre son propre poids, le radeau portait Ă©galement une cargaison qui prenait diffĂ©rentes formes : piquets, planches, bĂ»ches, sciages en tous genres et parfois d’autres marchandises qui n’ont rien Ă  voir avec le bois.

NorvĂšge

Flottage à Klevfoss, LÞten, comté de Hedmark, NorvÚge.

En NorvĂšge, le flottage de grumes (tĂžmmerflĂžting) a durĂ© jusqu’en 1991 dans la vallĂ©e du Trysilelva et mĂȘme jusqu’en 2006 sur les tronçons infĂ©rieurs du canal du Telemark avec la fermeture dĂ©finitive de la Norske Skog Union Ă  Skien[102].

L’essentiel du bois flottĂ© en NorvĂšge provient du flottage Ă  bĂ»ches perdues. Comme partout ailleurs en Europe, les bĂ»ches Ă©taient flottĂ©es ou Ă©clusĂ©es pendant les hautes eaux entre le printemps et l’automne. Des barrages ou retenues Ă©taient construits en amont pour augmenter le volume d’eau des ruisseaux Ă  faible dĂ©bit. Les trains de bois, en revanche, ne circulaient que sur les cours d’eau canalisĂ©s ou les lacs, et ils ne reprĂ©sentent qu’une petite partie du flottage global dans ce pays[102]. Les anciens barrages des flotteurs Ă  bĂ»ches perdues Ă©taient construits en pierre ou bien avec une structure faite de caissons de troncs remplis de pierres dans lesquels on prĂ©voyait un passage pour les flottes. Pour empĂȘcher que les bĂ»ches s’enlisent ou glissent sur la berge, un parapet de pierres ou de bois Ă©tait amĂ©nagĂ© aux endroits qui l’exigeaient (barrage latĂ©ral). Les grumes pouvaient ĂȘtre attachĂ©es ensemble avec des traverses et des harts ; aux lieux de tirage, un barrage de type rĂątelier retient les bĂ»ches qui sont retirĂ©es de l’eau. Quand un train de bois Ă©tait confectionnĂ©, les grumes Ă©taient Ă©corcĂ©es et sĂ©chĂ©es avant la confection du train tandis que d’autres marchands de bois recherchaient davantage des grumes Ă  l’état brut non Ă©corcĂ©es[102].

Les principaux cours d’eau en NorvĂšge terminent par « vassdraget » qui signifie « bassin fluvial » ou « elva » qui signifie « riviĂšre ». Le flottage, essentiellement Ă  bĂ»ches perdues, a Ă©tĂ© pratiquĂ© sur le Haldenvassdraget, le Trysilvassdraget, le Glommavassdraget, le Drammensvassdraget, le NumedalslĂ„gen, le Skiensvassdraget, le KragerĂžvassdraget, l’Arendalsvassdraget, le Tovdalsvassdraget, l’Otra, l’Orkla, la Nea, la StjĂžrdalselva, la Verdalselva, la Steinkjerelva, le Namsen, la Vefsna et la Rana. Le plus ancien flottage attestĂ© serait sur le Drammensvassdraget au dĂ©but du XIVe siĂšcle[102].

Les port aux bois oĂč on procĂ©dait au triage aprĂšs avoir arrĂȘtĂ© les grumes aux barrages se sont rĂ©pandus sur tous les cours d’eau du pays largement montagneux vers le XVIe siĂšcle. À l’origine, chaque marchand et transporteurs de bois flottait son propre bois avec son propre personnel. Comme plusieurs marchands de bois cohabitaient dans la mĂȘme vallĂ©e sur le mĂȘme cours d’eau, ils ont fini par s’associer pour assembler les radeaux de bois. Sur la Glomma, par exemple, la Christiania TĂžmmerdirektion, une association de sociĂ©tĂ© de flottage, a dirigĂ© cette activitĂ© jusqu’au dĂ©but du XXe siĂšcle[103].

SuĂšde

Train de bois, SuĂšde.

Le flottage du bois en SuĂšde (timmerflottning) n'est pas trĂšs ancien car le relief et la configuration hydrographique n'Ă©tait pas trĂšs favorable Ă  une pratique gĂ©nĂ©ralisĂ©e et rentable; du coup, le flottage Ă©tait ciblĂ© sur certaines rĂ©gions dotĂ©es d'une industrie trĂšs consommatrice de bois. Les rĂ©gions les plus concernĂ©es furent la DalĂ©carlie et la Laponie. Les SuĂ©dois ont privilĂ©giĂ© le transport par bateau et multipliĂ© les petits ports cĂŽtiers aux embouchures pour servir de ports-Ă©tapes au trafic du bois sur toute la mer Baltique, une des mers les plus concernĂ©es par le transport du bois de marine pendant des siĂšcles qui s'exportaient jusqu'en Europe du Sud pour l'Ă©dification des flottes civiles puis militaires. En revanche, avec les progrĂšs technologiques introduisant des cĂąbles, des crochets et des bateaux tracteurs ou propulseurs, le flottage du bois a durĂ© en SuĂšde plus longtemps en Europe que dans d'autres pays oĂč il Ă©tait une tradition depuis le Moyen Âge car les flotteurs suĂ©dois, comme leurs voisins finlandais, ont mis Ă  profit les lacs et les grands cours d'eau toujours orientĂ©s vers la mer.

Aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles en, les arbres abattus dans les forĂȘts de SuĂšde septentrionale Ă©taient flottĂ©s sur les riviĂšres pour descendre jusqu’aux mines de la SuĂšde centrale pour servir de combustible dans les fonderies. Le flottage a contribuĂ© fortement Ă  l’industrialisation de la SuĂšde car le pays a surtout dĂ©veloppĂ© une industrie forestiĂšre tournĂ©e vers l’exportation, basĂ©e sur les scieries et les moulins de dĂ©fibrage pour la pĂąte Ă  papier[104]. La SuĂšde a pu rĂ©pondre Ă  la demande croissante de bois sciĂ© et de billes Ă©quarries des Ă©conomies dĂ©veloppĂ©es de l’Europe de l’Ouest grĂące Ă  ses forĂȘts du nord du pays. L’exploitation forestiĂšre Ă  grande Ă©chelle Ă©tait rendue possible par l’orientation nord-sud de la plupart des riviĂšres et un rĂ©seau d’affluents dense. Le flottage se faisait sur des trĂšs longues distances jusqu’aux scieries et usines de transformation sur la cĂŽte de la mer Baltique. Les hautes eaux provoquĂ©es par la fonte des neiges ont considĂ©rablement facilitĂ© le flottage. En valeur, le sciage, le dĂ©fibrage et le papier reprĂ©sentaient Ă  eux seuls la moitiĂ© des exportations. Ce n’est que dans les annĂ©es 1980 que le flottage dut cĂ©der le pas au transport par voie terrestre[104].

Finlande

Canal de flottage, Joensuu, Finlande orientale.
Flottage du bois en hiver avant le tractage, Finlande.
Flotteurs à bûches perdues en Finlande sur timbre postal en 1963.

Contrairement aux pays europĂ©ens de l’ouest, la Finlande continue de pratiquer le flottage de grumes (Lauttaus) mĂȘme s’il n’y a plus de communes mesures avec le siĂšcle prĂ©cĂ©dent en termes de rendement et de volume. Le flottage s’est adaptĂ© et cohabite avec le transport par grumiers tandis que les trains de grumes ne sont plus assemblĂ©s avec des joncs naturels, mais par des cĂąbles d’acier. On ne construit plus forcĂ©ment de gigantesques radeaux, la prioritĂ© est donnĂ©e au flottage libre sur les grands cours d’eau avec une estacade d’arrĂȘt ou une flotte de troncs non liĂ©s entourĂ©s par des grumes enserrant le bois de flottage.

Le flottage Ă  bĂ»ches perdues prit de l’ampleur en Finlande Ă  partir de la fin de XIXe siĂšcle parallĂšlement Ă  l’essor de l’industrie forestiĂšre. L’ñge d’or du flottage de billes dura jusque dans les annĂ©es 1960 (environ 40 % de la consommation industrielle du bois domestique, soit 14 mill. m3 chaque annĂ©e[105].). Le flottage en Finlande Ă©tait autrefois d’une importance vitale pour obtenir du bois provenant des forĂȘts trĂšs Ă©loignĂ©es des moulins. Presque tous les lacs et riviĂšres en Finlande ont transportĂ© du bois Ă  un moment donnĂ©. Les volumes transportĂ©s par flottage Ă©taient les plus Ă©levĂ©es au dĂ©but des annĂ©es 1960, puis ils ont baissĂ© progressivement[105]. En effet, le dĂ©clin s’est d’abord amorcĂ© pour le flottage de grumes sur les petits cours d’eau qui demandait beaucoup de travail Ă©reintant pour peu de rendement. Puis il s’est gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă  toutes les formes de flottage sur les petits cours d’eau, riviĂšres et lacs. L’autre facteur aggravant fut le dĂ©veloppement du rĂ©seau routier pour les grumiers[105]. Il reste encore un peu de flottage sur les trĂšs grands lacs comme le lac Saimaa reliĂ© au Golfe de Finlande et Ă  d’autres petits lacs voisins favorables au flottage[106].

Pour prendre un exemple de rĂ©gion marquĂ©e par le flottage en Finlande, la province de Pirkanmaa avec son Parc national de Seitseminen est trĂšs reprĂ©sentative[107]. L’histoire de la rĂ©gion se confond avec l’histoire de l’exploitation forestiĂšre en Finlande. TrĂšs isolĂ©e et marquĂ©e par une densitĂ© de population extrĂȘmement faible, elle n’est peuplĂ©e qu’au XIXe siĂšcle grĂące Ă  des fermiers qui s’installĂšrent dans des maisons qui Ă©taient donnĂ©es Ă  ferme. Donc les fermes sylvo-agricoles sont propriĂ©tĂ©s de l’État, mais gĂ©rĂ©es par des particuliers[107]. Elles existent encore aujourd’hui, certaines sont visitables dans le cadre des activitĂ©s proposĂ©es par le parc national[108]. À Seitseminen, l’exploitation forestiĂšre et le flottage du bois font partie du quotidien. Le volume de flottage le plus important rĂ©alisĂ© dans cette rĂ©gion a Ă©tĂ© atteint dans les annĂ©es 1920. Le nom de cette contrĂ©e forestiĂšre est Ă©galement associĂ© aux sapins qui ont poussĂ© sur l’esker de Seitsemisharju qui ont Ă©tĂ© abattus pour servir de mĂąts de navire en guise de rĂ©parations de guerre Ă  l’Union soviĂ©tique dans les annĂ©es 1940-50[107].

Les eaux dans la rĂ©gion de Seitseminen Ă©taient propriĂ©tĂ© de l’association des flotteurs KokemĂ€ki. Le bois de construction Ă©tait flottĂ© pour l’essentiel sur les riviĂšres Liesijoki et Seitsemisjoki en direction du lac KyrösjĂ€rvi. Le flottage du bois avait lieu au printemps pendant la fonte des neiges car c’était la pĂ©riode des hautes eaux qui facilitaient le flottage, y compris sur les petits cours d’eau Ă©troits. De plus, les flotteurs nettoyaient les lits de riviĂšres Ă©troites. Un chenal de flottage de 5 Ă  7 m de large a Ă©tĂ© construit entre le lac Liesilampi et le lac Kettulampi[107].

Le dernier flottage Ă  bĂ»ches perdues eut lieu sur la riviĂšre Kemi fin 1992 lorsque l’activitĂ© a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une navette ferroviaire. Depuis lors, seul le flottage par trains est encore d’actualitĂ©, et principalement sur les grands lacs au centre et Ă  l’est de la Finlande[105]. Les trains de bois Ă©taient remorquĂ©s grĂące Ă  un bateau muni de treuil. Une ancre au bout d’un trĂšs long cĂąble Ă©tait jetĂ© Ă  l’eau ou sur la rive et on attachait le bateau Ă  la flĂšche du radeau en rembobinant le cĂąble de l’ancre[106].

Ces derniĂšres annĂ©es, environ 1,3 mill. m3 ou 2,6 % des volumes de bois ont Ă©tĂ© transportĂ©s vers les usines par flottage. La distance moyenne est environ de 240 km car, en gĂ©nĂ©ral, le flottage est le meilleur mode de transport pour des distances supĂ©rieures Ă  100 km[105].

Les grumes arrivent sur camions sur les berges inclinĂ©es oĂč elles vont ĂȘtre jetĂ©es Ă  l’eau. Les grumes sont dĂ©jĂ  assemblĂ©es en bottes ou paquets sur le grumier grĂące Ă  des cĂąbles d’acier. Dans l’eau, les cĂąbles servent Ă  lier les paquets de grumes pour former un radeau. Quand c’est en hiver, l’opĂ©ration d’assemblage se fait sur la glace qui est assez Ă©paisse pour supporter le poids du bois. Chaque paquet de grumes est clairement Ă©tiquetĂ© et le radeau est formĂ© de maniĂšre Ă  faciliter une sĂ©paration de chaque Ă©lĂ©ment au fur et Ă  mesure que le radeau descend en aval. Chaque paquet de grumes contient environ 17 m3 de bois[105]. Chaque radeau est souvent composĂ© de 10 rangĂ©es de paquets de 100-120, ce qui correspond Ă  la charge de camion britannique donnant des volumes de radeau de 17 000 Ă  20 000 m3. Un remorqueur de 300 Ă  400 kW tire le radeau, tandis que les petits remorqueurs sont utilisĂ©s pour la direction et l’orientation. Pendant la saison le flottage - de mi-mai Ă  mi-novembre - le remorqueur tracteur fonctionne 24 heures par jour, sept jours par semaine[105].

En aval, les faisceaux de grumes sont dĂ©crochĂ©s de la structure gĂ©nĂ©rale, collectĂ©s et chargĂ©s directement sur un camion ou un tracteur Ă  semi-remorque oĂč on enlĂšve les cĂąbles en acier. Ce trajet rive-usine est pris en charge par la sociĂ©tĂ©.

Le flottage en Finlande a Ă©tĂ© organisĂ© en grande partie comme « flottage collectif ou associatif ». Certaines entreprises de l’industrie du bois rĂ©ussissent Ă©galement Ă  faire du « flottage privĂ© ». Ces derniĂšres annĂ©es, des activitĂ©s de flottage privĂ©es ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es en grande partie aux associations. Les associations de flottage ont Ă©galement fusionnĂ© : Ă  ce jour, il ne reste plus que la « Floating Association of Lake Finland » (JĂ€rvi-Suomen Uittoyhdistys). Un autre dĂ©veloppement consiste Ă  externaliser des activitĂ©s de remorquage des entreprises ou associations Ă  des sous-traitants privĂ©s[105].

Le flottage a dĂ» s’adapter, notamment pour les livraisons justes-Ă -temps. Autrefois, le flottage Ă©tait lent et basĂ© sur la constitution d’un stock important pendant la pĂ©riode hivernale. Cependant, beaucoup a Ă©tĂ© fait pour amĂ©liorer la compĂ©titivitĂ© de la flotte. Les opĂ©rations ont Ă©tĂ© accĂ©lĂ©rĂ©es et il y a des horaires stricts pour les activitĂ©s. Le bois de sciage est livrĂ© vers certaines scieries selon une planification rigoureuse. MalgrĂ© cette meilleure planification, le flottage demeure toujours majoritairement saisonnier[105]. L’hiver finlandais est long et peut ĂȘtre glacial et les eaux sont gelĂ©es.

D’un point de vue Ă©cologique, la Finlande a souhaitĂ© maintenir le flottage car c’est une bonne alternative de transport du bois pour ce qui concerne les Ă©missions de dioxyde de carbone et la consommation de carburant. Se rĂ©fĂ©rant aux calculs effectuĂ©s par l’Association de flottage finlandaise, la consommation de carburant pour les flottages pour le bateau tracteur est seulement 0,003 3 lm 3km[105].

Les exigences d’une chaĂźne d’approvisionnement du bois moderne causĂ©es par le calendrier, la vitesse de livraison et la qualitĂ© parlent souvent en dĂ©faveur du flottage. Mais les critĂšres ont changĂ© : les Finlandais pensent que les rĂ©sultats des amĂ©liorations techniques successives sont prometteurs. Le flottage restera un mode de transport important Ă  l’avenir. Certaines personnes voudraient mĂȘme que le volume augmente encore plus considĂ©rablement en mettant en avant les avantages environnementaux.

Flottage dans l’Europe de l’Est

En Ruthénie subcarpathique : Pologne, Ukraine et Roumanie

Flottage en Ukraine.

En RuthĂ©nie subcarpathique, aujourd’hui en Ukraine mais culturellement Ă  cheval sur la Roumanie, la Pologne, la Russie et l’Ukraine avec de nombreuses ethnies diffĂ©rentes, les Gorals et les Houtsoules se sont spĂ©cialisĂ©s dans le flottage et le transport par bateau sur les grands cours d’eau et les riviĂšres de montagne alors que les RuthĂšnes monopolisaient le transport de marchandises par voie terrestre. Traditionnellement, les Allemands Ă©coulaient quant Ă  eux les produits d’art et d’artisanat provenant de la SilĂ©sie et de l’Autriche jusqu’en Russie et en Turquie alors que les Juifs s’étaient spĂ©cialisĂ©s dans le transports de personnes sur route[109].

Dans le massif frontalier des Piénines : Pologne et Slovaquie

Gorges du Dunajec dans les Piénines.
Attraction prisée des Piénines : Descente du Dunajec en radeau de flottage.

Dans le plus petit parc national de Pologne crĂ©Ă© en 1932 se trouve la chaĂźne de montagne Pieniny CzorsztyƄskie, le massif de Trzy Korony et le massif des Pieninki. Ces montagnes faites de roches sĂ©dimentaires sont considĂ©rablement boisĂ©es et riches en cours d’eau dont le Dunajec. Ancienne terre de flottage du bois, elle a fait le choix de valoriser ce patrimoine immatĂ©riel en en faisant une attraction touristique pour locaux et Ă©trangers : la descente du Dunajec sur des radeaux de flotteurs afin de montrer les anciens usages de la rĂ©gion[110].

Le Dunajec et le massif des MaƂe Pieniny forment la frontiĂšre naturelle entre la Pologne et la Slovaquie. Deux parcs naturels enserrent la riviĂšre le PieninskĂœ nĂĄrodnĂœ park cĂŽtĂ© slovaque et le PieniƄski Park Narodowy en Pologne dans le massif des Pieniny ƚrodkowe. Les deux massifs frontaliers appartiennent Ă  la chaĂźne des Carpates. Comme pour les Alpes ou le massif des Vosges, le flottage du bois dĂ©passait les frontiĂšres et les langues.

Bassin de la BitrisĆŁa dans les Carpates orientales roumaines

Le pays de Hangu est une micro-rĂ©gion spĂ©cifique du Județ de Neamț au sein de la vallĂ©e de la Bistrița dans les Carpates Orientales roumaines qui se caractĂ©rise par une Ă©conomie montagneuse complexe[111]. À l’image de la ForĂȘt-Noire ou des Vosges, cette rĂ©gion de moyenne montagne a essentiellement vĂ©cu dans le passĂ© des activitĂ©s agro-pastorales et de l’exploitation du bois dont le flottage. Cette Ă©conomie a permis l’ouverture vers l’espace extracarpatique ou vers les plaines intra-carpatiques Ă  des fins commerciales[111]. Les produits de la montagne comme entre autres le bois Ă©taient recherchĂ©s d’un cĂŽtĂ© comme de l’autre. En effet, ce județ constituĂ© presque pour moitiĂ© de moyennes montagnes (< 2 000 m) est traversĂ© par le Siret, la Moldova et surtout cette riviĂšre Bicaz dont les gorges profondes forment la trouĂ©e de passage entre les rĂ©gions historiques de Transylvanie et de Moldavie.

Flottage sur l’Úpa dans les monts des GĂ©ants

Jusqu’au XVIIe siĂšcle de maniĂšre continue, puis jusqu’en 1856 de maniĂšre sporadique, le flottage Ă  bĂ»ches perdues a Ă©tĂ© pratiquĂ© sur l’Úpa dans la RĂ©publique tchĂšque dans les monts des GĂ©ants. À partir de Jaroměƙ, le flottage se poursuivait sur l’Elbe. Ce fois servait essentiellement Ă  alimenter la mine d’argent de KutnĂĄ Hora qui consommait jusqu’à 20 000 Klafter de bois par an. Le bois arrivait sous forme de rondins de 2 Ă  4 m de longueur[112].

La population locale ne suffisait pas pour assurer le bucheronnage et le flottage; des immigrĂ©s vinrent s’installer avec leurs familles dans la rĂ©gion pour trouver un emploi d’ouvrier forestier, mais aussi pour les travaux d’amĂ©nagement du cours de la riviĂšre Ă  hauteur de Trutnov. Parmi eux, les Tyroliens et notamment les habitants de Schwaz, constituaient une large part des nouveaux colons. Ils furent affectĂ©s aux travaux d’entretien du lit de la riviĂšre, des bassins de retenue, des canaux de flottage et des pertuis, tous Ă©tant mis Ă  mal par les chocs et les embĂącles provoquĂ©s par le flottage Ă  bĂ»ches perdues[112]. Les arbres abattus dĂ©valaient les pentes jusqu’à l’Úpa grĂące Ă  des glissiĂšres rĂ©alisĂ©es en bois. Les grands barrages en amont de KutnĂĄ Hora qu’on appelait « Klause » servaient Ă  augmenter le volume des eaux, Ă  mettre Ă  l’eau les grumes tout en les comptant et Ă  provoquer une augmentation du flux pour faire partir les grumes. Les ouvriers forestiers tyroliens ouvraient les canaux de flottage qui facilitaient le passage des pertuis et les rondins descendaient de pertuis en pertuis[112].

Des grumes disparaissaient parfois en route. L’empereur fit dĂ©crĂ©ter que le vol de bĂ»ches perdues serait puni de mort en 1589, ce qui laisse penser que cette ressource du mont des GĂ©ants avait encore une grande valeur amrcahnde Ă  cette Ă©poque. Par les sermons des pasteurs comme par les affiches placardĂ©es par le garde forestier impĂ©rial, l’interdiction de voler du bois flottĂ© Ă©tait rappelĂ© rĂ©guliĂšrement Ă  la population locale[112].

Ce n’est que lorsque les forĂȘts furent en danger de non-renouvellement que le flottage cessa dans la vallĂ©e de l’Úpa presque totalement. Les habitants durent s’adapter et se consacrer Ă  d’autres activitĂ©s pour assurer leur subsistance comme le tissage Ă  domicile, l’élevage. D’autres quittĂšrent la vallĂ©e et cherchĂšrent un emploi dans le Adlergebirge. Il y eut encore quelques rares sĂ©ances de flottage jusqu’au XIXe siĂšcle[112].

Le flottage des grumes qui commence sur la VĂĄh se poursuit sur le Danube jusqu’au port aux bois de HrĂĄdok dans la rĂ©gion de Trenčín dans les Carpates transfrontaliĂšres avec la Hongrie. Le bĂ»cheron abattait les arbres en hiver, les stockait sur les berges de la riviĂšre et les jetait Ă  l’eau Ă  la fonte des glaces et neiges. Il assemblait les grumes en radeaux vers de l’écorce flexible ou des branches fines torsĂ©es et descendait la riviĂšre avec le courant. Un barrage fermait la riviĂšre Ă  HrĂĄdok. C’est lĂ  que les radeaux franchissaient les chutes du pertuis. À HrĂĄdokles, les grumes sont marquĂ©es, triĂ©es et stockĂ©es pour ĂȘtre vendues[113]

Slovénie

La Drave Ă  Maribor, grand port aux bois en Carinthie slovĂšne.

Le transport par flottage est attestĂ© en Basse-Styrie Ă  Maribor depuis 1280, d’abord pour des besoins militaires, puis pour le bois d’ouvrage et de chauffage classique en provenance des montagnes de Pohorje[114]. Les flottes pouvaient atteindre jusque 120 m3 de volume de bois. Plus de mille trains de bois passaient chaque annĂ©e au port aux bois de Maribor avant la Seconde Guerre mondiale[114]. Le port aux bois, nommĂ© LĂ€nde, a donnĂ© son nom au quartier de la ville : Lent. Le nom slovĂšne Pristan signifie la mĂȘme chose mais il a du mal Ă  s’imposer dans les usages locaux. Le quartier Lent Ă  Maribor sur les rives de la Drave Ă©tait pauvre et malfamĂ©[114].

Le transport du bois par radeaux et trains remonte au dĂ©but du Moyen Âge sur la Drave car il n’y avait pas de chemins carrossables adaptĂ©s Ă  ce type de transport[115]. Le bois Ă©tait Ă  la fois la seule source de revenus pour les propriĂ©taires de forĂȘts et la matiĂšre premiĂšre la plus utilisĂ©e pour l’habitat et les gros ouvrages. Au XVIIIe, le mĂ©tier de flotteur Ă©tait trĂšs prisĂ© par les jeunes garçons qui voulaient intĂ©grer cette corporation malgrĂ© les risques connus de cette profession. Mais, toutes proportions gardĂ©es, le travail Ă©tait bien payĂ© quand il Ă©tait bien fait, mais surtout il permettait de voyager, de sortir de chez soi et de dĂ©couvrir d’autres cultures[115]. L’intercomprĂ©hension entre les terres germanophones et slavophones Ă©tait rendue possible par le fait que la Basse-Styrie est biculturelle puisque cette rĂ©gion aujourd’hui slovĂšne a longtemps appartenu au duchĂ© de Styrie sous l’égide des empereurs habsbourgeois. Ensuite, la Drave est un affluent droit du Danube qui met en contact avec la Hongrie, la Croatie et les pays de la Mer Noire.

Les flotteurs faisaient des trajets en radeaux :Floßfahrten ou Flosarska rajĆĄa. Ils duraient de deux semaines Ă  un mois. Le point le plus haut en amont Ă©tait Dravograd en Carinthie slovĂšne et le plus loin an aval Ă©tait en Roumanie sur les cĂŽtes de la Mer Noire. Les trajets plus courts faisaient Dravograd – Belgrade[115].

Le radeau basique Ă©tait chargĂ© de 100 Ă  130 m3 de bois, surtout du bois d’Ɠuvre et de construction. À l’occasion, les radeaux transportaient aussi d’autres marchandises hors bois. Le dĂ©mĂ©nagement que l’évĂȘque Anton Martin SlomĆĄek a dĂ» payer de sa poche[116] de son ancien diocĂšse de Sankt AndrĂ€, aujourd’hui en Autriche, vers son nouveau siĂšge Maribor en SlovĂ©nie, a Ă©tĂ© assurĂ© par les flotteurs de la Drave[115].

Flottage en Serbie

Une des rĂ©gions trĂšs boisĂ©es oĂč s’est pratiquĂ© le flottage (плаĐČљДњД ЮрĐČĐ°[117]) en Serbie est le bassin de la Tara. Le belvĂ©dĂšre de Banjska stena est l’un des sites les plus visitĂ©s du parc national des Monts Tara par les touristes[118]. Il se situe Ă  proximitĂ© de Mitrovac dans les Alpes dinariques Ă  l’ouest de la Serbie centrale. Les forĂȘts dominantes sont composĂ©es de sapins, Ă©picĂ©as et hĂȘtres. La caractĂ©ristique de ce lieu est que les bĂ»cherons ont utilisĂ© une pente d’éboulis naturelle d’une longueur de 1 300 m pour faire descendre les grumes jusqu’à la riviĂšre Drina oĂč elles sont mises Ă  l’eau (plaviti drva[117]) pour le flottage[118]. Les grumes y ont Ă©tĂ© assemblĂ©es en trains de flottage (splav, plav[117]) pour ĂȘtre livrer aux scieries en aval. Comme cette activitĂ© a cessĂ© aujourd’hui, la vĂ©gĂ©tation typique des haldes de dĂ©blais a de nouveau envahi la pente pierreuse ou le glissoir naturel de Banjska stena[118].

La Tara est une riviĂšre trĂšs agitĂ©e qui passe dans des canyons trĂšs escarpĂ©s[119]. Les radeaux confectionnĂ©s dans cette rĂ©gion sont assemblĂ©s avec une traverse qui passe dans des crochets mĂ©talliques en lieu et place des harts de jadis. Il y a un aviron avant et un aviron arriĂšre. L’aviron avant est directionnel puisque le courant de la Tara est assez fort. Le manche de l’aviron est percĂ© et enfoncĂ© sur un pieu puis calĂ© avec une mince branche de bois flexible. La pelle de l’aviron est plutĂŽt Ă©paisse et de taille importante. Le rameur se tient debout Ă  l’aviron[119]. L’aviron arriĂšre peut ou non ĂȘtre manipulĂ© ; il peut Ă  l’occasion servir d’aviron propulsif pour godiller par exemple.

Flottage en Russie

Vue du quartier Khamovniki Ă  Moscou par N.A.Naidenov (1891).
Flottage du bois Ă  BouĂŻ dans le Kostroma sur la Kostroma, Russie.

Le flottage en russe se dit Leçosplav (Đ»Đ”ŃĐŸŃĐżĐ»Đ°ĐČ) ou splav leça (сплаĐČ Đ»Đ”Ńa)[120] - [121]. Il est toujours pratiquĂ© dans ce vaste pays. Comme en AmĂ©rique du Nord ou sur le Rhin, les flottes russes atteignaient des proportions gigantesques avec une vie animĂ©e de dizaines de personnes dont certaines Ă©taient logĂ©es dans des cabanes de bois sur le train de grumes[122].

De fait, les flotteurs en Russie septentrionale sont en rĂ©alitĂ© d’abord des fermiers qui deviennent des manouvriers ou saisonniers[123]. Des recruteurs ou entrepreneurs de manutention Ă  la maniĂšre des aconiers dans les ports. Le recruteur donne au fermier une avance pour qu’il puisse payer ses impĂŽts et nourrir sa famille pendant tout le printemps en Ă©change de quoi il signe un contrat qui l’oblige Ă  le suivre pour le flottage dans les rĂ©gions de Olonets, Saint-PĂ©tersbourg, Novgorord, Pskov, Perm et autres provinces. Donc, en gros, il se rend partout oĂč on a du travail. Au moment du dĂ©gel au printemps, les fermiers quittent leur famille et foyer pour parcourir une centaine de kilomĂštres au point de rendez-vous qu’on lui a fixĂ©, comme une riviĂšre oĂč des grumes ont Ă©tĂ© stockĂ©es sur la rive. Le recruteur a conclu ce type de contrat avec une centaine de fermiers ; il transmet les contrats Ă  des marchands de grumes ou autres employeurs auxquels les fermiers doivent obĂ©ir complĂštement[123].

Exemple de trafic de trains de radeaux en Russie en 1830

Si l’on prend l’annĂ©e 1830 comme rĂ©fĂ©rence du trafic de radeaux de flotteurs et d’embarcations en tout genre pour la livraison des marchandises dans la partie europĂ©enne de la Russie impĂ©riale[124], et que l’on ne rĂ©cense que les radeaux avec ou sans cargaison supplĂ©mentaire :

  • 6 088 trains de bois sont arrivĂ©s Ă  Saint-PĂ©tersbourg par le rĂ©seau de canaux du Ladoga (Ne pas confondre avec le lac du Ladoga oĂč le transport se fait par bateau) sans cargaison autre que les grumes Ă  Ă©couler[124] ;
  • sur le Don, 173 radeaux ont descendu vers l’aval et les villes importantes comme Voronej ou Rostov[124] ;
  • le commerce du bois est particuliĂšrement actif sur la Dvina occidentale et surtout son affluent gauche, la Oulla: 183 radeaux avec cargaison, 427 radeaux sans cargaison et 3 815 piĂšces de bois non assemblĂ©es en radeaux ont descendu la Oulla contre seulement 31 barges et autres bateaux. Des rives de la Dvina sont parties 1 594 radeaux sans cargaison ; cela fait un total de 2 021 radeaux sans cargaison pour le bassin de la Dvina[124] ;
  • 568 radeaux sans cargaison supplĂ©mentaires ont descendu la Narva[124] ;
  • la riviĂšre NiĂ©men est la plus utilisĂ©e pour le transport du bois avec 281 506 piĂšces de bois et 34 842 trains de bois et 1 500 Faden Holz en provenance de Jurburg, dont 8 radeaux, 59 880 piĂšces et 13 773 trains de bois ont transitĂ© par le canal eginstique[124] ;
  • Sur la riviĂšre Bug de Brest Ă  la Vistule 20 407 piĂšces de bois, 16 015 trains de bois et 1 155 faden holz[124] ;
  • Sur les riviĂšres Dniepr, Soj et Desna 1 994 radeaux[124] ;
  • Par la Dwina mĂ©ridionale en direction de Astrakhan, 1 264 radeaux[124].

Ce qui fait un total en 1830 pour les riviĂšres europĂ©ennes de Russie 183 radeaux avec cargaison, 12 246 radeaux sans cargaison, 305 727 piĂšces de bois flottĂ©es, 50 857 tranis de bois et 2 705 Faden Holz[124].

Les bassins versants du IenisseĂŻ en Russie orientale et en Mongolie, du Tobol, de la Toura et de l’Irtych en SibĂ©rie sont Ă©galement concernĂ©s par le flottage du bois par trains ou Ă  bĂ»ches perdues. Dans ces rĂ©gions, le gel des riviĂšres dure plus longtemps et l’activitĂ© de flottage est suspendue[125]

La dérive des bûches perdues échappées en Union soviétique

Bois flotté échappé sur les cÎtes islandaises.

Les bandes cĂŽtiĂšres des Ăźles de l’Arctique sont jonchĂ©es de bois flottants Ă©chappĂ©s[126] alors que ces rĂ©gions ne sont quasi pas boisĂ©es. Les derniĂšres Ă©tudes suggĂšrent qu’il provient en rĂ©alitĂ© du flottage pratiquĂ© en SibĂ©rie centrale pendant l’Union soviĂ©tique[127]. Ce bois Ă©chappĂ© est rĂ©cupĂ©rĂ© par les riverains qui s’en servent comme bois de chauffage et parfois de construction[128] ; en Islande septentrionale oĂč ne pousse aucun arbre, il existe mĂȘme une scierie spĂ©cialement construite pour exploiter le bois Ă©chouĂ© sur ses cĂŽtes[128]. Il possĂšde Ă©galement un intĂ©rĂȘt scientifique pour les dendrochronologues qui peuvent en tirer des informations intĂ©ressantes. Certains troncs sont dĂ©jĂ  enfouis sous des couches de sĂ©diments[128]. Cela intĂ©resse les climatologues qui peuvent en retirer des informations sur le rĂ©chauffement climatique planĂ©taire car les cernes larges des conifĂšres de forĂȘts borĂ©ales renvoient Ă  des conditions mĂ©tĂ©orologiques chaudes, et vice-versa.

Pendant des siĂšcles, le bois flottĂ© issu des forĂȘts borĂ©ales d'AmĂ©rique du Nord, d'Europe et d'Asie a Ă©tĂ© entraĂźnĂ© par la glace de mer, voyageant ainsi avec le courant de la dĂ©rive transpolaire Ă  travers l'ocĂ©an Arctique jusqu'Ă  ce qu'il parvienne sur les rives du Groenland, de l'Islande, de Svalbard ou des Îles FĂ©roĂ©[127]. Lorsque la glace fond en Ă©tĂ©, des dĂ©pĂŽts massifs de bois flottĂ© s’entassent. Bien que des Ă©tudes antĂ©rieures aient suggĂ©rĂ© que la majoritĂ© du bois dans ces dĂ©pĂŽts ait des milliers d'annĂ©es, la nouvelle recherche penche pour un scĂ©nario diffĂ©rent. S'appuyant sur des travaux antĂ©rieurs qui ont montrĂ© qu'une grande partie du bois provient du centre de la SibĂ©rie, une Ă©quipe de chercheurs a maintenant datĂ© une grande partie des 2 556 Ă©chantillons de bois flottĂ© qu'ils ont collectĂ©s dans les rivages de l'Arctique[127].

GrĂące Ă  l’étude dendrochronologique effectuĂ©e par des chercheurs de l’Institut fĂ©dĂ©ral de recherches sur la forĂȘt, la neige et le paysage en Suisse, il a Ă©tĂ© dĂ©couvert que l’arbre le plus reprĂ©sentĂ© sur tous les sites d’échouage Ă©tait en fait le pin sylvestre, et en comparant avec des Ă©chantillons de bois flottant avec une bibliothĂšque de cernes dĂ©jĂ  existante[128], les chercheurs ont pu expliquĂ© dans la revue scientifique Arctic, Antarctic, and Alpine Research que 75 % des pins ont Ă©tĂ© abattus entre 1920 et 1975 dans les bassins fluviaux de Russie septentrionale[128] avec un pic d’activitĂ© autour de 1960. L’exploitation forestiĂšre s’est dĂ©veloppĂ©e entre les annĂ©es 1920 et 1930. Elle atteint son plus haut niveau aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. Avant 1975, les pertes de bois flottĂ©s sur le Yenisei et les autres riviĂšres sibĂ©riennes furent trĂšs importantes. Les nouvelles technologies dĂ©veloppĂ©es Ă  la fin du XXe siĂšcle ont fait baisser significativement le nombre de bĂ»ches Ă©chappĂ©es[127].

Cas rare de flotteurs juifs

DĂšs que la politique d’expulsion et de discrimination morale ou physique a commencĂ© en Russie au XVIIIe siĂšcle et dĂšs que la quasi totaliltĂ© des juifs rĂ©sidant en Russie ont Ă©tĂ© contraints de vivre dans la Zone de RĂ©sidence, les juifs se sont retrouvĂ©s dans une situation socioĂ©conomique dramatique qui a fait d’eux un lumpenprolĂ©tariat Ă  la merci des employeurs chrĂ©tiens[129]. Dans la mesure oĂč il Ă©tait interdit aux juifs de s’installer Ă  la campagne et dans les plaines agricoles, ils se sont entassĂ©s dans les villes oĂč ils ne trouvĂšrent pas de travail. Dans la partie polonaise de la Zone de RĂ©sidence, de 11 Ă  17 % de la population totale Ă©tait de confession juive et de culture ashkĂ©naze. Mais dans certaines villes, la moitiĂ© voire deux tiers de cette population juive n’avait pas d’emploi salariĂ©[129].

Non seulement la misĂšre s’intalla au sein de cette communautĂ© dissĂ©minĂ©e sur les zones frontaliĂšres des pays de l’Europe de l’Est, mais en plus le dĂ©sespoir poussa hommes, femmes et enfants Ă  accepter toutes les tĂąches journaliĂšres[129] qui pouvaient rapporter quelques roubles ou kopecks[N 17]. Comme tout le monde savait sur place que ces populations soumises aux vexations et Ă  la mendicitĂ© rĂ©currentes Ă©taient prĂȘtes Ă  accepter toutes les basses besognes[129] comme journaliers ou manouvriers, on retrouvait les juifs dans des corps de mĂ©tiers, des branches de l’artisanat impensables dans les pays de l’Europe occidentale oĂč de nombreux mĂ©tiers contrĂŽlĂ©s par des corporations leur Ă©taient interdits. Par le truchement des confrĂ©ries qui choisissaient un saint patron (Pour les flotteurs saint Nicolas ou saint NĂ©pomuk), les juifs Ă©taient Ă©cartĂ©s de facto de nombreuses activitĂ©s artisanales[130].

C’est ainsi que des hommes juifs se sont retrouvĂ©s dans la situation, inhabituelle en tout cas pour la juiverie occidentale, de travailler pour la majoritĂ© d’entre eux Ă  tous les postes du flottage du bois oĂč on ne les attend objectivement pas du tout. Or, le flottage Ă©tait malfamĂ© et peu considĂ©rĂ© en Russie au XIXe siĂšcle puisque c’est clairement un travail de force dangereux[129]. Contrairement Ă  d’autres pays europĂ©ens oĂč les jeunes homems pouvaient ĂȘtre fiers d’intĂ©grer la corporation des flotteurs, les hommes russes des rĂ©gions moins isolĂ©es Ă©vitaient ce travail. Le salaire hebdomadaire d’un flotteur juif s’élevait dans le meilleur des cas Ă  2 ou 3 roubles. Les hommes et mĂȘme les vieillards restaient dans l’eau plus de 13 heures par jour pour faire flotter les bĂ»ches. Le contexte sociopolitique confĂšre donc au flottage du bois dans la Zone de RĂ©sidence une connotation avilissante de misĂšre ou de dĂ©cadence[129].

Train de bois sur la Koura Ă  Mtskheta, GĂ©orgie.

Flottage en GĂ©orgie

La Qwirila, affluent gauche du Rioni, qui prend sa source dans le Ratcha dans la chaßne du Grand Caucase en Ossétie-du-Sud a connu une période de flottage à bûches perdues[131].

Dans le Grand Caucase, la Bolchaya Laba, affluent du fleuve Kouban avec lequel elle conflue Ă  Oust-Labinsk a Ă©galement acheminĂ© des bĂ»ches perdues quand elle est libĂ©rĂ©e des glaces qui l’encombrent de dĂ©cembre Ă  mars. Aujourd’hui, elle a apprĂ©ciĂ© des amateurs de rafting.

Flottage en Asie

Flottage séculaire et actuel en Chine

Long train de bambou, Suzhou, Jiangsu, Chine, début XXe s.

Les Chinois ayant Ă©tĂ© pionniers dans la fabrication de gros bateaux pour la navigation maritime et intercontinentale au XVe siĂšcle sous la dynastie Ming ont eu besoin trĂšs tĂŽt de bois de marine pour construire leur bateau-trĂ©sor ou bǎochuĂĄn. Les grumes furent flottĂ©es depuis les terres intĂ©rieures aux forĂȘts impĂ©nĂ©trables sur le Min et le Yangzi Jiang jusqu’aux chantiers navals en aval[132] L’histoire de cette pĂ©riode est retracĂ©e dans les rĂ©cits de et sur le grand amiral et explorateur Zheng He.

Une trĂšs ancienne aquarelle du vieux Ganzhou dĂ©peint la vie quotidienne de la ville et l’on voit non seulement des barques et bateaux sur la riviĂšre Gan, affluent du fleuve bleu, mais aussi de grands trains de bois qui descendent. Le flottage en trains de bois remonte trĂšs loin en Chine. Jiangxi est la province qui est rĂ©putĂ©e pour une trĂšs forte production de bois, avec 300 000 m3 de bois par an, flottĂ©s sur le Gan. Depuis peu, les chants de travailleurs de la province ont Ă©tĂ© nommĂ©s patrimoine culturel immatĂ©riel par l’UNESCO et parmi ce cycle de chants nĂ©cessitant une sauvegarde urgente, il y a la chanson des flotteurs Nanchang Chao Yang Zhou. Les hommes capables de la chanter sont devenus trĂšs rares en raison de leur Ăąge avancĂ©[133].

Un carnet de voyage des membres de l’ambassade britannique en Chine de 1792 Ă  1794 nous rĂ©vĂšle qu’en dĂ©cembre 1793 ils ont observĂ© des trains de flotteurs sur la riviĂšre Ă  hauteur de Ty-ang-Koa en ces termes : « Nous vĂźmes Ă  cet endroit des trĂšs longs radeaux de bois flottant et descendant la riviĂšre, avec plusieurs huttes de bambou dessus, avec les familles qui y habitent. Un nombre considĂ©rable de gens Ă©taient aussi employĂ©s Ă  apporter les grumes sur les rives, soit sur leurs Ă©paules, soit dans des wagonnets ; pendant ce temps, d’autres Ă©taient occupĂ©s Ă  assembler des radeaux »[134]. Ils poursuivent leur voyage vers Tya-waung et Shaw-choo.

Un autre ouvrage du XIXe consacrĂ© aux maniĂšres, coutumes, mentalitĂ©s et costumes des gens de l’empire chinois ajoutent des Ă©lĂ©ments trĂšs spĂ©cifiques sur les pratiques de flottage : « Les radeaux de flottage qui descendent les riviĂšres chinoises prĂ©sentent un aspect vraiment singulier aux yeux des visiteurs Ă©trangers. Les flottes consistent en de nombreux petits radeaux liĂ©s entre eux par des branches d’osier vrillĂ©es de telle sorte qu’ils bougent de maniĂšre autonome comme dans une chaĂźne. Ils sont guidĂ©s par des hommes avec des gaffes et des rames, et ils recouverts par les abris des convoyeurs avec leurs familles. Ces maisonnettes sont vendues en mĂȘme temps aux endroits oĂč ils Ă©coulent leurs grumes. Les enfants sont attachĂ©s aux radeaux par de longues cordes de façon Ă  faire tout ce qu’ils ont Ă  faire sans prendre le risque de tomber par-dessus bord. Leurs mĂšres leur attachent parfois une calebasse creuse Ă  la nuque pour que, s’ils devaient tomber Ă  l’eau, leur tĂȘte flotte au-dessus de l’eau le temps qu’on vienne les chercher. »[135].

La carte du flottage en Chine Ă©volue de maniĂšre rĂ©gionale depuis le siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Le flottage est toujours pratiquĂ© en Chine au XXe siĂšcle mĂȘme si les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes qu’en Europe commencent Ă  faire pĂ©ricliter cette activitĂ© dans certaines rĂ©gions du pays. C’est surtout le cas au nord-est de la Chine oĂč les autoritĂ©s ont choisi de changer les modes de dĂ©veloppement des ressources locales comme le bois entre autres[136]. Des routes ont Ă©tĂ© construites et des gigantesques grumiers scandinaves et japonais ont Ă©tĂ© importĂ©s pour les convois de transport dans le nord-est du pays[136].

À l’inverse, dans le sud et le sud-ouest de la Chine, le flottage Ă  bĂ»ches perdues ou par train est encore pratiquĂ© mais les pertes et les dĂ©gĂąts sont importants[136]. Ce n’est qu’en 1986 que le systĂšme de la responsabilitĂ© contractuelle fut introduit pour le flottage. En effet, jusqu’à cette date, les corporations de flotteurs n’étaient pas tenues pour responsables de l’acheminement et des livraisons[136]. Les analystes du marchĂ© du flottage locaux et internationaux pensent que les rendements et la qualitĂ© du flottage augmenteraient significativement si les flotteurs n’étaient pas payĂ©s pour les frais de production ou d’acheminement mais bien si on mettait en place une valeur pondĂ©rĂ©e de la qualitĂ© du produit livrĂ©[136].

Enfin, en Chine centrale et méridionale, le flottage du bambou est encore trÚs commun, y compris maintenant pour le tourisme avec des radeaux de bambou sur lesquels ont été fixées des chaises en bambou, par exemple dans la ville trÚs touristique Hangzhou[137].

C’est par exemple le cas dans le Xian de Chun'an aux montagnes riches en bambou et en bois qui furent flottĂ©s vers la mer par les riviĂšres sinueuses avec des radeaux trĂšs longs. La population locale et les touristes peuvent encore observer ces anciens trains de bois le jour de la FĂȘte des bateaux-dragons qui a lieu traditionnellement le 5e jour du 5e mois lunaire[138]. Dans le Xian de Suichang et la rĂ©gion de Lishui, on pratique encore dans le petit village de Kowloon une tradition millĂ©naire de flotteurs de trains de bois qui consiste Ă  descendre la riviĂšre en radeaux en chantant Ă  tue-tĂȘte et avec une voix de tĂȘte aigĂŒe un cycle de chants de radeliers. La tradition est aujourd’hui intĂ©grĂ©e aux festivitĂ©s nationales plus solennelles des bateaux-dragons au printemps, devenues patrimoine culturel immatĂ©riel en 2009. Il s’agit ici de radeaux de flottage : le radeau-dragon de tĂȘte avec ses fanions rouges est composĂ© de 9 sections et il est suivi de 9 autres « dragons »[139].

Plus au centre dans la province de Hunan, l’activitĂ© forestiĂšre et de flottage a Ă©tĂ© trĂšs importante jsuqu’au XXe siĂšcle ; le parc d’entrepĂŽt et d’assemblage des grosses flottes de Yuanjiang sur la trĂšs longue riviĂšre Yuan Jiang, affluent du fleuve bleu, le Yangzi Jiang[140] - [141].

Japon

Radeau Oi Tezaki à Taishƍ-ku, Japon.

Au Japon, le flottage Ă  bĂ»ches perdues remonte dĂ©jĂ  avant Ă  l’époque d'Edo. Une gravure sur bois de cette Ă©poque reprĂ©sente dĂ©jĂ  trois hommes du hameau Kamihira dĂ©pendant du village historique Ageo-shuku qui guident les billes descendant la riviĂšre Sho. Leur gaffe est exagĂ©rĂ©ment longue car ils se sont placĂ©s sur une proĂ©minence rocheuse qui surplombe une cascade emportant les billes[142]. Le bois provenant des massifs boisĂ©s du mont Yaotome ou du Mont Takashozu qui Ă©tait flottĂ© jusque dans la plaine de Tonami dans la prĂ©fecture de Toyama Ă©tait surtout abattu dans les Alpes japonaises. Une autre gravure datĂ©e de l’époque d’Édo montre l’arrivĂ©e de billes en masse en bas de la riviĂšre Sho, en amont du point de contrĂŽle du Shogounat des monts Hida, dits aussi Alpes du Nord japonaises. Les billes arrivent Ă  la mer Ariisoumi et sont ensuite transportĂ©es vers Osaka et Edo[142]. La riviĂšre Sho traverse le village, Shirakawa-gƍ, classĂ© au Patrimoine mondial de l’HumanitĂ© ; l’architecture et les ouvrages publics y sont totalement en bois, ce qui laisse Ă  penser que le flottage du bois sur cette riviĂšre a Ă©tĂ© une activitĂ© vitale.

Comme, en Europe, les bois flottĂ©s Ă  bĂ»ches perdues sont stoppĂ©s par des barrages types rateliers avec des pieux entrecroisĂ©s en travers de la riviĂšre aux endroits de contrĂŽles ou de stockage pour ĂȘtre assemblĂ©s. Dans les parcs Ă  bois, les flottes sont liĂ©es en radeaux.

De nos jours, le Japon est encore plutĂŽt bien boisĂ©. AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de milliers de scieries des millions de m3 de sciages ; des centaines d’usines fabriquaient des contre-plaquĂ©s ou de la pĂąte Ă  papier. « Le potentiel de production de toutes les scieries d’aprĂšs 1947 est encore insuffisant pour faire face aux besoins en bois crĂ©Ă©s par les effets de la guerre. Il y a Ă©galement pĂ©nurie de traverses de chemin de fer, de bois de mine et de bois de pĂąte
 Les principaux problĂšmes qui se posent aux industries du bois au Japon comprennent le rĂ©tablissement des moyens de transport et l'approvisionnement en certaines matiĂšres premiĂšres, telles que la colle pour l'industrie du contre-plaquĂ©, et le charbon et les produits chimiques pour celles de la pĂąte et du papier. »[143]. Le flottage n’est plus pratiquĂ© et le Japon dispose de vĂ©hicules spĂ©cialisĂ©s dans l’exploistation forestiĂšre qui sont exportĂ©s dans toute l’Asie en concurrence des engins de Scandinavie ou d’AmĂ©rique.

Flottage toujours en activité en Inde

Bûches au sol en Inde.
Radeau de bambou sur le lac Periyar, traversée et tourisme, Inde, 2016.

L’exploitation forestiĂšre est assurĂ©e en Inde par des entreprises indĂ©pendantes auxquelles le gouvernement vend des parts de forĂȘts sur pied par enchĂšres publiques. Des lots sont mis sur le marchĂ©, chaque lot comportant environ 300 arbres. Les prix varient Ă©videmment des dimensions, des espĂšces, de la qualitĂ©, de la nature du transport, des routes et des distances Ă  parcourir[144].

Le programme de dĂ©veloppement qui a Ă©tĂ© lancĂ© en 2017 sous l’égide de Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ou FAO dans l’état de Maharashtra en Inde centrale montre que, dans quelques rares rĂ©gions indiennes, c’est le gouvernement qui gĂšre directement l’exploitation forestiĂšre lui-mĂȘme. Dans certaines situations, le gouvernement externalise seulement certaines tĂąches comme l’acheminement du bois vers les dĂ©pĂŽts de bois gouvernementaux oĂč c’est lui qui assurera la vente des bois par enchĂšres publiques. Un systĂšme de coopĂ©rative des entreprises chargĂ©es de couper le bois a Ă©tĂ© introduit dans certains Ă©tats indiens[144].

La FAO a lancĂ© un projet de formation pour tous les acteurs de l’exploitation forestiĂšre, notamment les instructeurs et formateurs locaux qui transmettront le savoir, mais aussi le personnel qui travaillera sur le terrain comme les cadres et les agents forestiers. FAO et PNUD sont chargĂ©s de mettre en place des centres de formation pour l’exploitation forestiĂšre[144] dont le premier but est de rendre l’activitĂ© plus rentable, plus rationnelle en Ă©vitant les pertes et en maximisant les diffĂ©rentes Ă©tapes de l’abattage Ă  la vente. Depuis le milieu du XXe siĂšcle, les haches ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par des tronçonneuses pour l’abattage et pour la transformation sur place. C’est surtout le cas dans l’Himalaya oĂč la transformation du bois doit se faire sur place pour Ă©viter les dommages causĂ©s aux bois pendant le transport. Dans les rĂ©gions reculĂ©es et inaccessibles, une bonne partie du travail forestier, comme l’ébranchage ou l’écimage, se fait encore Ă  la hache (une hache locale), certains types de scie n’ont pas encore eu accĂšs Ă  ces rĂ©gions comme la scie Ă  archets ou la scie Ă  tronçonner. La scie de long reste la plus utilisĂ©e[144].

Afin d’amĂ©liorer le flottage des grumes, le projet de la FAO et du PNUD inclut l’amĂ©nagement des lits des cours d’eau de l’Himalaya en prĂ©voyant Ă©galement des opĂ©rations de dynamitage. De mĂȘme, il est prĂ©vu de construire des dĂ©valoirs, glissoirs ou glissiĂšres de diverses natures (chenal fait de tronces en bois[145], les devaloirs Ă  sec, etc), des dĂ©valoirs pour faire descendre les arbres abattus sur les hauteurs ou bien encore des chemins de schlittage afin de faire parvenir plus facilement aux rives des cours d’eau ou aux sites de chargement. ParallĂšlement, d’autres travaux d’amĂ©nagement trĂšs importants touchent surtout le transport par voie terrestre[144]. Le transport sur petites distances est encore majoritairement non motorisĂ©. Ainsi, les exploitants utilisent ici les Ă©lĂ©phants, les buffles ou les bƓufs. Depuis 1912, un agent forestier, C.H. Donald dĂ©veloppe un systĂšme de transport avec cĂąbles aĂ©riens (« Donald’s gravity ropeway ») pour extraire les billes des rĂ©gions inaccessibles de l’Himalaya sur des pentes de 17 Ă  45 °[144]. Routes, chemins de fer et traction animale contribuent Ă  rĂ©duire de plus en plus la part de transport par flottage.

Le transport des grumes par les cours d’eau est, de fait, la mĂ©thode la plus ancienne de l’Inde parce que ce fut la moins chĂšre. Comme en Europe, le passage aux chemins de fer et aux grumiers sur route a permis de limiter les pertes et les dĂ©gĂąts occasionnĂ©s tout le long du parcours de flottage. Le transport terrestre est considĂ©rĂ© plus rapide et les camions rĂ©pondent Ă  la demande trĂšs rapidement en termes de frĂ©quence par exemple. Par voie de consĂ©quence, le flottage du bois a quasi disparu en Inde Ă  l’exception de l’Himalaya, les rĂ©gions montagneuses et quelques rares zones cĂŽtiĂšres[144]. Par exemple, les forĂȘts, et particuliĂšrement les forĂȘts de conifĂšres du Nord et Nord-Est, sont probablement le seul atout naturel le plus important de Sikkim. Aucune mesure d’exploitation n’avait Ă©tĂ© prise jusqu’à ce que le flottage fut dĂ©marrĂ© il y a un an. Le gouvernement indien a envoyĂ© un expert qui a dĂ©clarĂ© que le flottage offrirait des perspectives considĂ©rables. Le flottage devrait donc y prendre une place plus importantte. Les experts locaux et internationaux estiment que 18 lakh3 de grumes de sapin pourraient ĂȘtre abattus par an au Nord du pays oĂč les forĂȘts sont inaccessibles et toujours inexploitĂ©es. La premiĂšre chose Ă  faire est de prĂ©parer un projet de travail solide[146].

Le bois long n’est pas forcĂ©ment assemblĂ© en trains comme en Europe, notamment sur les lacs oĂč il y a beaucoup de place comme le lac de Munnar[147] dans le Kerala. Le flottage Ă  bĂ»ches perdues se pratique dans les zones plus Ă©levĂ©es et sur les cours supĂ©rieurs des riviĂšres trop Ă©troits, peu profonds et parsemĂ©s de rochers. Dans l’Himalaya, pour dĂ©bloquer les embĂącles de buches sur les riviĂšres, les « skinmen » se servent de peaux de buffles gonflĂ©es comme de bouĂ©e et ainsi se protĂ©ger au maximum pendant son travail[148]. Le flottage en trains de bois est rĂ©alisĂ© dans les plaines, sur les lacs et les riviĂšres Ă  haut dĂ©bit[144].

Le flottage cÎtier pratique dans les ßles Andaman se caractérise par des radeaux remorqués le long des criques par des power launches. En pleine mer, les radeaux sont démantelés et les billes sont transportées par des petites embarcations à moteur.

Pakistan et Afghanistan

Passerelle sommaire au-dessus de la riviĂšre Kunar.
RiviĂšre Swat, Pakistan.

Pratique du flottage trĂšs ancienne

La pratique du flottage Ă  bĂ»ches perdues ou par radeaux flottants est trĂšs ancienne en Afghanistan. Elle est toujours actuelle dans ce pays. NĂ©anmoins, le flottage du bois n’est pas Ă©pargnĂ© par les annĂ©es de conflits meurtriers, ni par le voisinage compliquĂ© avec le Pakistan qui partage des massifs montagneux et une riviĂšre avec l’Afghanistan. De chaque cĂŽtĂ© des crĂȘtes des montagnes, ce sont des zones tribales qui rendent la pratique du flottage lĂ©gale trĂšs compliquĂ©e.

Les rĂšglements qui statuent sur le flottage en zone frontaliĂšre existaient dĂ©jĂ  dans les annĂ©es coloniales au dĂ©but du XXe siĂšcle ; par exemple, au paragraphe 2 du traitĂ© de Kaboul du 3 fĂ©vrier 1934[149] qui dĂ©finit les modalitĂ©s des relations britannico-afghanes dans les comtĂ©s de Arnawai et Dokalim, la dĂ©lĂ©gation britannique confirme que le gouvernement de sa majestĂ© et le gouvernement de l’Inde approuvent et confirment que les populations du Dokalim sont autorisĂ©es Ă  utiliser l’eau de la riviĂšre Arnawai Khwar et la population de l’Arnawai est autorisĂ© Ă  pratiquer le flottage du bois pour usages locaux, y compris sur la portion de la riviĂšre Arnawai Khwar qui sert de frontiĂšre internationale entre les deux nations[150].

Le chapitre 5 du rĂ©gime juridique des ressources en eau internationales[151] de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculure dĂ©crit aux articles XXI-XXV les bases juridiques du flottage sur les cours d’eau servant de frontiĂšre communes entre plusieurs Ă©tats « sauf dans les cas oĂč la flottage de grumes est rĂ©gi par des rĂšgles de navigation relevant du droit applicable ou d’une coutume ayant force obligatoire dans les pays riverains ». Article XXII Il appartient aux États riverains d’un cours d’eau international utilisĂ© pour la navigation de dĂ©cider d’un commun accord si la flottage de grumes peut avoir lieu sur ce cours d’eau ainsi que les conditions de ce flottage. Article XXIII (1) Il est recommandĂ© que chacun des États riverains d’un cours d’eau non utilisĂ© pour la navigation consente, compte tenu des autres utilisations de ce cours d’eau, Ă  ce que les autres États riverains utilisent ledit cours d’eau et ses berges dans le territoire de chaque État riverain aux fins du flottage de grumes. (2) Ce consentement devrait s’étendre Ă  toutes les activitĂ©s nĂ©cessairement exercĂ©es par les Ă©quipes de flottage la long des berges et Ă  l’implantation de tcute installation requise pour la flottage de grumes. Article XXIV Si un État riverain a besoin d’installations permanentes pour assurer la flottage de grumes dans le territoire d’un autre État riverain, ou s’il est nĂ©cessaire d’assurer la rĂ©gulation du dĂ©bit du cours d’eau, tous problĂšmes relatifs Ă  ces installations et mesures devraient ĂȘtre rĂ©solus par accord entre les États intĂ©ressĂ©s. Article XXV Les États riverains d’un cours d’eau qui est ou doit ĂȘtre utilisĂ© pour la flottage de grumes devraient nĂ©gocier en vue d’un accord sur la rĂ©gime administratif du flottage et, le cas Ă©chĂ©ant, de la crĂ©ation d’une institution ou commission mixte destinĂ©e Ă  faciliter la rĂšglementation du flottage de grumes sous tous ses aspects.

Contrebande et interception de bois flotté

En dehors des attaques inopinĂ©es, le premier danger pour les populations afghanes du Nord-Est sont les violents orages causant des inondations dĂ©vastatrices[152]. En juillet 2012 par exemple, les eaux gonflĂ©es du Kunar et les arbres ou les grumes ont Ă©tĂ© emportĂ©s par la riviĂšre vers l’aval. Les scieries trop proches de la rive ont Ă©tĂ© totalement inondĂ©es et les grumes de contrebande stochĂ©es ont flottĂ© en aval. Pendant ces inondations, la population locale n’hĂ©site pas Ă  entrer dans l’eau tumultueuse jusqu’aux Ă©paules pour intercepter des bĂ»ches et autres piĂšces de bois[152]. La contrebande de bois par voie terrestre comme par voie fluviale est certes combattue par les autoritĂ©s locales et notamment aux frontiĂšres comme aux points de contrĂŽle situĂ©s Ă  la sortie du Swat[153]. Mais la police dĂ©clare son impuissance Ă  contrĂŽler et Ă  arrĂȘter ce qui se passe sur les cours d’eau. La vente de grumes provenant du Swat est toujours lucrative au XXIe siĂšcle. La contrebande et l’interception de grumes flottĂ©es depuis le Haut-Swat se fait la nuit. Le bois flottĂ© est ligaturĂ© en paquets de 20 pieds de hauteur. À la surface du paquet, 4 chambres Ă  air de tracteur gonflĂ©es avec un conducteur muni de son gilet de sauvetage. Les accidetns et les noyades ne sont pas rares[153]. La contrebande et le commerce illĂ©gal de bois menace les forĂȘts des montagnes frontaliĂšres avec le Pakistan, environ 200 km de frontiĂšre commune[154]. La couverture forestiĂšre diminue dangereusement cĂŽtĂ© afghan Ă  un tel point que les autoritĂ©s locales et nationales commencent Ă  s’inquiĂ©ter sans pour autant mettre en place des mesures drastiques et coercitives pour enrayer le phĂ©nomĂšne[154]. Le bois passe illĂ©galement au Pakistan par les cols frontaliers et proviennent de la province montagneuse du Kunar. Les bois les plus exploitĂ©s sont le cĂšdre de l'Himalaya, le pin de l'Himalaya et le pin pleureur de l’Himalaya[154]. Bien sĂ»r, il ne faut pas oublier les destructions importantantes qu’a provoquĂ©es la guerre d’Afghanistan pendant des annĂ©es, mais une partie des forĂȘts a survĂ©cu aux conflits. En rĂ©alitĂ©, l’autoritĂ© de l’état n’est plus assurĂ©e dans cette rĂ©gion de l’Afghanistan partiellement aux mains des Talibans et partiellement aux mains de chefs tribaux locaux bien implantĂ©s[154] dans les rĂ©gions montagneuses de l’Est, mais aussi de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre, dans la zone tribale du Pakistan. Les grumes et billes de bois sont entassĂ©es le long de la riviĂšre Kunar pour ĂȘtre chargĂ©es sur des camions ou ils descendent la riviĂšre en aval en plein jour sans prendre grandes prĂ©cautions. Le groupe Ă©cologiste Save the environment Afghanistan fait remarquer que des annĂ©es de non-droit et d’impunitĂ© pour les fraudeurs ont creusĂ© des trous bĂ©ants dans les forĂȘts du Kunar[154]. La presse d’investigation qui enquĂȘte sur place a Ă©galement mis au jour des exportations vers les pays du Moyen-Orient. Descendus par flottage, chargĂ©s sur des grumiers, les bois ne restent pas souvent en Afghanistan[154].

En Iran

Village du Mazandéran, Perse, photo d'Annemarie Schwarzenbach, 1935.

En Iran, la seule rĂ©gion oĂč l’on peut rentabiliser une exploitation forestiĂšre est sur les pentes nord de l’Elbourz avec leurs hĂȘtraies-chĂȘneraies. Elle ne peut en aucun cas approvisionner le pays et encore moins le Moyen-Orient. Le bois iranien est importĂ© d’Europe, d’AmĂ©rique et des forĂȘts tropicales d’Afrique, Malaisie et Inde. Le gouvernement iranien pratique depuis des annĂ©es une politique de protection de ses forĂȘts menacĂ©es. Il doit lutter contre la contrebande[155]. En 2017, une saisie importante de deux tonnes de grumes d’aulnes abattus illĂ©galement dans la province de MazandĂ©ran dans le secteur d’Amol a Ă©tĂ© effectuĂ©e par les services d’ordre en collaboration avec l’office rĂ©gional des eaux et forĂȘts. Les aulnes, poussent Ă©galement dans le Golestan et le Gilan et dans les villes de Taleqan, Lahijan, Astara et Talesh[155]. Mais ils ne sont plus flottĂ©s. En janvier 2017, le gouvernement iranien a dĂ©crĂ©tĂ© une interdiction totale d’exploitation des ForĂȘts mixtes hyrcaniennes de la Caspienne pour dix ans. Aucune licence d’exploitation ne sera renouvelĂ©e. L’Iran importe ses bois de Russie et d’Ukraine[155].

Le souvenir du flottage remonte donc à des temps reculés.

En Irak

Il y a un siĂšcle encore, des bĂ»cherons de Bagdad montaient dans les montagnes de As-Sulaymaniya au Kurdistan irakien pour abattre des arbres[156]. Ils descendaient les grumes par flottage sur les cours d’eau gonflĂ©es des eaux du printemps dans le bassin versant du Tigre avec des hommes postĂ©s tous les 1,6 km pour empĂȘcher le vol. Ils sortaient les grumes ou bĂ»ches de l’eau Ă  Bagdad. Aujourd’hui, il serait difficile de trouver un arbre de ce type dans tout le Sulaymaniya Liwa[156].

Flottage en Asie du Sud-Est

Flottage du bambou sur RiviĂšre des Parfums, HuĂ©, ViĂȘt Nam,2005.

Avant la guerre du ViĂȘt Nam, l'exploitation forestiĂšre Ă©tait presque exclusivement aux mains des Chinois et des Malais. Au Cambodge, le transport du lieu de coupe jusqu'Ă  la route ou Ă  la riviĂšre se faisait par chariots de bois traĂźnĂ©s par des bƓufs et parfois Ă  l'aide de tracteurs on d'Ă©lĂ©phants. Les grumes Ă©taient alors transportĂ©es par camions, jetĂ©es Ă  bĂ»ches perdues ou remorquĂ©es sur les riviĂšres jusqu'aux scieries et aux parcs Ă  bois. Le MĂ©kong fut et reste la principale voie de flottage des grumes dans cette rĂ©gion du monde : il transporte un grand nombre de grumes de teck qui sont envoyĂ©es du Siam aux scieries de SaĂŻgon oĂč elles sont travaillĂ©es.

Myanmar

Teck flotté sur Irrawaddy.

La Birmanie est boisĂ©e Ă  58 %. Transport de moindre coĂ»t, le flottage est encore pratiquĂ© sur l'Irrawaddy, le Salouen et leurs affluents[157]. Le bois le plus flottĂ© est le teck ; il est trĂšs demandĂ© Ă  l’échelle mondiale depuis les annĂ©es 1930 car il est indiquĂ© pour les ponts et les passerelles, les lambris et les garnitures, la construction navale, la construction de wagons et les traverses de chemin de fer, et enfin dans le bĂątiment extĂ©rieur ou intĂ©rieur; tout descend vers Rangoon et Moulmein oĂč se concentrent les centres de sciages et d'exportation. Comme le Service du bois d'Ɠuvre du Service forestier national prend en charge l'extraction du teck, les grumes de teck en cours de flottage sont contrĂŽlĂ©es Ă  des points prĂ©cis pour vĂ©rifier la prĂ©sence du cachet qui atteste que la redevance gouvernementale a Ă©tĂ© acquittĂ©e. Les ventes aux enchĂšres ont gĂ©nĂ©ralement lieu en aval Ă  Rangoun et Ă  Moulmein. Avant la guerre, la Birmanie produisait environ 710 000 m3 de teck annuellement[157].

Le rapport dans la revue Unasylva de la FAO présente les types forestiers de la Birmanie ainsi[157] :

  • dans les forĂȘts envahies par la marĂ©e, de nombreuses variĂ©tĂ©s de palĂ©tuviers (bois de combustion et de tanin) ;
  • sur les lais Ă©troits, non submergĂ©s Ă  marĂ©e haute, forĂȘts de dunes et forĂȘts cĂŽtiĂšres de Casuarina, d'Hibiscus et de Pongamia, dont on tire du bois de combustion, des fibres pour cordage et des produits de tournerie ;
  • sur les sites ombragĂ©s, les essences tropicales Ă  feuilles persistantes (Dendrocalamus et bambous pour la construction de huttes et la vannerie), les diptĂ©rocarpes (Hopea, Parashorea et Lagerstroemia) comme bois de construction;
  • en forĂȘts mixtes peu arrosĂ©es, le peuplement le plus dominant en Birmanie, les essences qui dominent sont de nombreuses variĂ©tĂ©s de bambous, de teck tectona grandis, et le pyinkado (XyIia xylocarpa), le Terminalia, le padauk (Pterocarpus) et le Shorea.

L’exploitation forestiĂšre birmane inspirĂ©e du schĂ©ma indien, y compris le flottage, Ă©tait indissociable de l'Ă©lĂ©phant. On le retrouvait partout : en pleine forĂȘt, dans les scieries et les ports Ă  bois. Il tractait et dĂ©plaçait ce qu’on lui demande[157].

MĂȘme si d'importants travaux de construction de routes ou pistes forestiĂšres ont introduit le transport motorisĂ© en lieu et place des Ă©lĂ©phants, le flottage est maintenu en Birmanie et bĂ©nĂ©ficie Ă©galement d’amĂ©nagements importants des cours d’eau pour rĂ©duire au maximum les dĂ©pĂŽts de vase qui encombrent les principales voies de flottage des grumes. Des chenaux de flottage ont Ă©tĂ© construits depuis l’époque coloniale britannique[157].

La production de teck est aujourd'hui infĂ©rieure Ă  celle du dĂ©but du XXe siĂšcle. La guerre a dĂ©sorganisĂ© le pays et le programme de nationalisation de la plupart des secteurs Ă©conomiques fait naĂźtre de grosses incertitudes. La Birmanie exporte surtout des plots, des carrelets et des sciages non dĂ©bitĂ©s Ă  75 % vers l’Inde Ă  l'Inde (75 pour cent), 20 % vers l'Europe et 5 % vers les autres pays[157].

Le dĂ©bardage et le transport est mixte : flottage Ă  bĂ»ches perdues, grumiers et bateaux. Peut-ĂȘtre trouve-t-on encore ci et lĂ  un Ă©lĂ©phant.

Indonésie, Malaisie

Train de bois sur la riviÚre Bengawan à Ngandong, Indes orientales néerlandaises.

Pour cette rĂ©gion du monde, il est question des forĂȘts dĂ©cidues humides tropicales et subtropicales avec leurs essences endĂ©miques et sauvages mĂ©langĂ©es les unes aux autres. De plus, l’accĂšs Ă  la forĂȘt pluviale est particuliĂšrement ardu, voire dangereux. Avant la Seconde Guerre mondiale, deux mĂ©thodes traditionnelles Ă©taient employĂ©es en Malaisie[158] pour dĂ©barder et transporter les bois Ă  l’instar des Vosgiens avec le schlittage et le flottage :

  • le mengasang est le flottage Ă  bĂ»ches perdues des arbres abattus en bordure de rives. Ils sont poussĂ©s dans l’eau de la riviĂšre qui subit les effets de la marĂ©e. Les arbres Ă©taient entraĂźnĂ©s par la marĂ©e jusqu’à l’embouchure du cours d’eau. L’assemblage en radeau se fait donc sur la cĂŽte et le flottage devient marin cĂŽtier[158]. Les billes sont ensuite exportĂ©es dans le monde entier soit entiĂšres soit dĂ©bitĂ©es, avec une prĂ©fĂ©rence pour la seconde mĂ©thode d’annĂ©e en annĂ©e[159]. Le marchĂ© intĂ©rieur europĂ©en est un des premiers clients de la Malaisie : dans les annĂ©es 1970, la France importe environ 100 000 m3 de bois de ce pays et elle rĂ©expĂ©die contre 50 000 m3 pour l’Allemagne et la Belgique respectivement. Le deuxiĂšme fournisseur en bois exotiques est la CĂŽte d'Ivoire avec 50 000 m3 par an[159].
  • le kuda-kuda est le dĂ©bardage par une technique de traĂźne qui rappelle le chemin de raftons des schlitteurs vosgiens mĂȘme si un aspect les oppose totalement : la pente. En effet, on utilise le kuda-kuda que sur terrain plat ou lĂ©gĂšrement ondulĂ©s. Les grumes Ă©taient rĂ©alisĂ©es sur place aprĂšs l’abattage et placĂ©es de suite sur un traĂźneau sommaire qui est halĂ© Ă  force d’homme sur un chemin composĂ© de rails et traverses en bois de brousse graissĂ©es[158]. Cette technique fut appliquĂ©e jusque dans les annĂ©es 1950. Au bout de la piste de kuda-kuda, des voies ferrĂ©es permettaient de transporter les grumes vers la riviĂšre flottable la plus proche. En consĂ©quence, les parcelles de forĂȘts sur terrains pentus ou trop Ă©loignĂ©s des rives restĂšrent intactes jusqu’à la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle. La distance de dĂ©bardage ne dĂ©passait pas les 800 m avant 1945. Elle s’est mĂȘme rĂ©duite aprĂšs la guerre[158].

Le radeau peut ĂȘtre confectionnĂ© avec toutes les grumes et billes qui arrivent des forĂȘts par kuda-kuda. D’abord, les ouvriers assemblaient 4 Ă  5 grumes reliĂ©es par des harts en rotin pour faire une rame. Les rames Ă©taient ensuite reliĂ©es entre elles pour former un radeau de 20 Ă  60 rames, soit 100 Ă  600 piĂšces. Le radeau est remorquĂ© par un bateau sur une distance de 80 Ă  160 km. Les essences d’arbres qui flottent trĂšs bien compensent celles dont le degrĂ© de flottabilitĂ© est mĂ©diocre[158].

Pour les rĂ©gions marĂ©cageuses et humides, il fallait utiliser les buffles pour sortir les piĂšces de bois prĂ©-sciĂ©es sur place. Cela concernait surtout les essences Ramin et Jongkong. Des tentatives de cĂąbles aĂ©riens type « highlead » ont Ă©tĂ© faites par les Britanniques pour extraire davantage de bois des forĂȘts marĂ©cageuses, mais elles n’ont pas Ă©tĂ© concluantes[158].

AprĂšs la forte mĂ©canisation (dĂ©bardeurs-chargeurs, grumiers, etc.) le flottage du bois par radeau ne fut pas abandonnĂ© pour autant : 90 % du bois abattu sont acheminĂ©s par grumiers vers les ports aux bois en bordure de riviĂšres. Les bois sont ensuite flottĂ©s jusqu’aux 16 parcs centraux d’exportation de grumes dissĂ©minĂ©s sur la cĂŽte de Sabah. LĂ , ils sont chargĂ©s sur les navires. Aux ports aux bois, les grumes sont triĂ©es selon le degrĂ© de flottabilitĂ© : celles qui flottent bien continuent sur l’eau, les autres sont chargĂ©es sur des barges.

Deux flottes sont possibles en Malaisie au XXe siĂšcle :

  • la plus apprĂ©ciĂ©e est le radeau en « arĂȘte de poisson » ; les billes de bois ne sont attachĂ©es qu’à une extrĂ©mitĂ© Ă  un Ă©norme cĂąble qui serait la grande arĂȘte centrale. Ainsi, un seul bateau suffit pour tirer ce radeau dont la forme provoquĂ©e par le dĂ©placement rappelle clairement les arĂȘtes de poisson.
  • l’autre mĂ©thode est celle qu’on connaĂźt en Russie par exemple. Des Ă©lĂ©ments rectangulaires de 10 Ă  15 m de large et de 120 Ă  150 m de long sont reliĂ©s entre eux, mais avec les billes placĂ©es perpendiculairement au sens du courant. Les billes sont attachĂ©es Ă  chaque extrĂ©mitĂ© par un filin soit dans un trou soit par un anneau enfoncĂ© dans l’arbre. Pour ce type de radeau, il faut un bateau remorqueur avant et un autre arriĂšre[158].

Flottage, sylviculture et combat contre la déforestation au Sarawak

Ana Rais, Sarawak, Malaisie.

En Malaisie, le territoire du Sarawak sur l'Ăźle de BornĂ©o, ancienne colonie anglaise, est recouvert de forĂȘts Ă  89 %. On y trouve une part importante de diptĂ©rocarpes et, en moindre quantitĂ©, des forĂȘts de palĂ©tuviers de grande valeur.

La sylviculture de cette rĂ©gion a pour objets principaux la production du jelutong pour la fabrication de la gomme Ă  mĂącher, et la plantation de Shorea et de Casuarina. Au milieu du XXe siĂšcle, la production atteignait 14 millionsm ·3 de grumes de sciage, en plus du bois de combustion et du charbon de bois. La forĂȘt du Sarawak prĂ©sente les mĂȘmes difficultĂ©s de pĂ©nĂ©tration que les autres forĂȘts humides tropicales. Aussi le flottage des grumes a longtemps Ă©tĂ© le seul moyen de transport des grandes billes de bois exotiques. À partir de la fin du XXe siĂšcle, la mĂ©canisation et l’intervention des engins dĂ©bardeurs-chargeurs ont commencĂ© Ă  dĂ©vaster la forĂȘt sans prĂ©voir de renouvellement puisqu’à la place de la forĂȘt tropicale, les autoritĂ©s ont encouragĂ© les plantations de palmiers Ă  huile beaucoup plus rentables Ă  l’exportation.

Le Sarawak a Ă©galement fait la chronique sur le plan international Ă  cause des scandales liĂ©s Ă  l’industrie forestiĂšre dans les forĂȘts pluviales oĂč vivent des tribus autochtones condamnĂ©es Ă  abandonner leur mode de vie ancestrale par la destruction de leur habitat naturel sans concertation avec leurs reprĂ©sentants. Le militant Ă©cologiste suisse Bruno Manser a servi de porte-parole en occident au Punan pour dĂ©fendre ces Ă©cosystĂšmes fragiles et les cultures locales. Son compagnon malaisien est parti en exil au Canada et Manser est portĂ© disparu.

Flottage en Océanie

Flottage en Australie : le timber floating

Des bûcherons préparent les billes pour le flottage en trains, Moggill Creek, Brisbane

La pratique du flottage est attestĂ©e en Australie sur la Clarence River[160]. Elle est associĂ©e au colon allemand, Wilhelm Kirchner originaire de Francfort-sur-le-Main, qui Ă©migra en Australie en 1832. Il fut d’abord commerçant Ă  Sydney, puis il dĂ©cida de crĂ©er Ă  Grafton une manufacture de savon et de bougies qui nĂ©cessita la construction d’une scierie attenante (Factory sawmill)[161]. Cette scierie transforma les bois flottĂ©s sur la Clarence non seulement pour la manufacture, mais aussi pour construire les nouvelles maisons des nouveaux arrivants et les Ă©difices publics de Grafton. Le bois provient des forĂȘts de feuillus de Clarenza, pour l’essentiel il s’agit d’eucalyptus mouchetĂ©[160]. Il Ă©tait transportĂ© jusqu’à un quai et ensuite flottĂ© grĂące Ă  des tonneaux pour traverser la riviĂšre jusqu’à la scierie. Le cĂšdre arrivait par radeaux qui descendaient la riviĂšre en profitant des marĂ©es; les flotteurs avaient une tente sur le radeau. Le bois de cĂšdre Ă©tait ensuite chargĂ© sur des bateaux Ă  voile depuis l’usine[160]. Kirchner devint un agent recruteur pour l’immigration allemande en partance du port de Hambourg[161]. C’est notamment grĂące Ă  son partenariat avec Johann Caesar Godeffroy, un armateur hambourgeois, qu’il peut faire venir des milliers de colons allemands. Les premiĂšres vagues d’émigration touchĂšrent surtout les rĂ©gions du sud-ouest de l’Allemagne[161], donc des terres essentiellement agricoles, forestiĂšres et montagneuses.

Kirchner est arrivĂ© en Australie avec quelques-uns de ses compatriotes et leurs familles. Mais les annĂ©es suivantes, les migrants allemands continuent d’arriver : le navire Caesar Godeffroy, parti de Hambourg, est arrivĂ© dans le Queensland en mars 1855 avec 182 immigrants allemands[162] Kirchner a embauchĂ© de nombreux Allemands dans la scierie et la manufacture de savon. La plupart des colons venaient des villes allemandes et Ă©taient employĂ©s dans l’artisanat. Une fois le service dĂ» Ă  Kirchner terminĂ©, ils se sont mis Ă  leur compte. Mais il y avait aussi des fermiers-forestiers qui ont Ă©galement dĂ©frichĂ© les campagnes aux alentours et ont introduit les vignes et la culture du vin dans cette rĂ©gion australienne[161]. Bien qu’ils se soient appropriĂ© l’anglais, ces colons ont continuĂ© Ă  parler allemand entre eux et ont introduit des pratiques culturelles et culinaires allemandes dans le district de Grafton[N 18]. Le flottage du bois en fait partie.

Flottage en Amérique

Canada

Dans l'Outaouais (QuĂ©bec), premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, le bois Ă©quarri reprĂ©sente la plus grande partie des exportations vers la Grande-Bretagne. L'Ă©quarri prend le nom de plançon, il est flottĂ© sur les cours d'eau, assemblĂ© par trois en « brelle », puis en « cage », d'oĂč le mĂ©tier de cageur. Les cages sont assemblĂ©es en trains de bois[163].

  • Photographie, Butting square timber, les extrĂ©mitĂ©s des plançons sont taillĂ©es en pointe, ce qui les protĂšge des rochers pendant le flottage. QuĂ©bec, QC, 1872, William Notman (1826-1891), Plaque de verre au collodion humide, 20 x 25 cm
    Photographie, Butting square timber, les extrémités des plançons sont taillées en pointe, ce qui les protÚge des rochers pendant le flottage. Québec, QC, 1872, William Notman (1826-1891), Plaque de verre au collodion humide, 20 x 25 cm
  • Train de bois, riviĂšre des Outaouais, Ont.-QC, vers 1890, Wm. Notman & Son, Plaque sĂšche Ă  la gĂ©latine, 20 x 25 cm
    Train de bois, riviÚre des Outaouais, Ont.-QC, vers 1890, Wm. Notman & Son, Plaque sÚche à la gélatine, 20 x 25 cm
  • William James Topley. Train de bois photographiĂ© prĂšs de la colline du Parlement Ă  Ottawa vers 1882.
    William James Topley. Train de bois photographié prÚs de la colline du Parlement à Ottawa vers 1882.
  • William James Topley. Repas et cuisine du train de bois du flotteur J.R. Booth sur la RiviĂšre des Outaouais vers 1880.
    William James Topley. Repas et cuisine du train de bois du flotteur J.R. Booth sur la RiviĂšre des Outaouais vers 1880.

États-Unis

Guyane

Bien que la Guyane soit trĂšs riche en ressources forestiĂšres, leur exploitation s’avĂšre trĂšs compliquĂ©e et peu rentable comme dans la plupart des pays tropicaux de l’AmĂ©rique latine[164]. Il faut penser par exemple aux conditions sanitaires au fond des forĂȘts tropicales oĂč les Ă©pidĂ©mies sont dĂ©vastatrices. Un autre aspect typique de la Guyane est la dispersion des essences sur un vaste territoire avec le dĂ©faut supplĂ©mentaire des multiples riviĂšres jalonnĂ©es de rapides peu franchissables pour les trains de bois. Les spĂ©cialistes considĂšrent de plus que les essences locales sont trop denses pour un flottage adaptĂ©[165]. Avant mĂȘme de parler de flottage, c’est en fait l’exploitation forestiĂšre dans son ensemble qui reste trĂšs limitĂ©e en Guyane[164].

Flottage à bûches perdues au Pérou

Bassin versant de l’Amazone, riviĂšre de flottage Huallaga au PĂ©rou.

Peu d’activitĂ©s de flottage du bois sont attestĂ©es au PĂ©rou et en gĂ©nĂ©ral en AmĂ©rique latine, ce qui ne prouve en rien que le flottage Ă  bĂ»ches perdues n’y ait pas eu lieu de maniĂšre spontanĂ©e.

Les carnets de voyages par W. Smyth et F. Lowe[166] apportent un tĂ©moignage intĂ©ressant pour la riviĂšre RĂ­o Huallaga dont ils disent qu’elle est dangereuse par son dĂ©bits, ses rapides, ses berges instables et parce qu’elle est recouverte de bois flottant Ă  bĂ»ches perdues (« drift timber floating »). Le bois arrive au port de « Mayro » dans la province de Pachitea. Le Huallaga est un affluent droit du Marañón, branche mĂšre de l’Amazone. Donc si commerce par flottage il y a, il est orientĂ© vers le BrĂ©sil.

Flottage en Afrique

Flottage transrégional sur le Congo

Lambaréné, flotte tractée, Gabon, 2006.
Constitution d'une rame de grumes.

L’évacuation du bois se faisait auparavant par flottage jusqu’à Brazzaville. La voie ferrĂ©e jusqu’au port de Pointe-Noire a pris le relais. Une jonction avec le rĂ©seau routier et le chemin de fer du Cameroun permet d’acheminer les produits jusqu’au port de Douala[167].

L’encombrement des parcs Ă  bois avant l’exportation des grumes et billons de bois exotique pousse les chercheurs Ă  expĂ©rimenter diffĂ©rentes techniques de stockage. Par exemple, une Ă©quipe a fait flotter pendant deux mois deux billes de limba Terminalia superba en eau de mer pour vĂ©rifier si cela altĂ©rait la qualitĂ© du bois. La conclusion est qu’une diffĂ©rence n’a pas ĂȘtre constatĂ©. En consĂ©quence, le flottage plus long du limba au port pourrait diminuerl’encombrement des quais Ă  l’exportation. L’okoumĂ© supporte Ă©galement cette mĂ©thode de stockage par flottage prolongĂ©. Ce serait clairement une alternative au tout routier ou au tout rail en revenant Ă  la pratique du flottage, mais cette fois Ă  des fins de conservation et de dĂ©pĂŽt[168].

Les autoritĂ©s compĂ©tences dans la gestion du commerce de bois sont en mĂȘme temps confrontĂ©es aux problĂšmes des maladies qui se dĂ©veloppent sur les billes et diminuent la qualitĂ© du produit et finalement son prix de vente[169]. Il s’agit de lutter contre les piqĂ»res d’insectes et les Ă©chauffures de champignons. L’écorce protĂšge naturellement nuisances. Mais, au moment du dĂ©bardage, l’écorce des billes est maltraitĂ©e et endommagĂ©e. Les insectes profitent des fentes qui se sont formĂ©es et les champignons attaquent les parties du tronc oĂč l’écorce a Ă©tĂ© arrachĂ©e. Le problĂšme s’aggrave logiquement quand les billes ont Ă©tĂ© Ă©corcĂ©es. C’est pourquoi les programmes d’exploitation des forĂȘts tropicales Ă  l’échelle internationale recommandent de procĂ©der Ă  un traitement de surface des billes par temps sec, dĂšs le tronçonnage, avec un pulvĂ©risateur en fonction des essences Ă©tĂ© des saisons[169]. Pour les espĂšces d’arbres trĂšs sensibles qu’on Ă©corce rapidement pour ĂȘtre rapidement jetĂ©es Ă  l’eau pour un tranpsort par flottage, les exploitants utilisent des traitements avant la mise Ă  l’eau qui ne se dĂ©lavent pas au contact de l’eau et donc amoindrissent la valeur marchande du bois. La FAO demande que ces traitements soient Ă©galement Ă©coresponsables. Ces traitements chimiques montrent que le stockage sur parc portuaire ou d’usine est probablement trop long[169].

Le transport par voie d'eau demeure le moins onĂ©reux au Gabon et en Afrique centrale, mais comme il n’est plus pratiquĂ© seul, mais cohabite avec le rail et le rĂ©seau routier car on ne peut utiliser certains cours en Ă©tiage ; ce sont les ruptures de charge qui coĂ»tent cher aux exploitants : d’abord cela prend du temps, puis les dĂ©lais d’acheminement sont rallongĂ©s. En rĂ©alitĂ©, le schĂ©ma est inversĂ© par rapport aux traditions europĂ©ennes il y a deux siĂšcles ou plus : le flottage par radeaux ou Ă  bĂ»ches perdues ne se fait pas en amont sur le lieu d’abattage. D’abord les billes sont transportĂ©es par la route sur des gros grumiers. La destination des grumiers est le dĂ©barcadĂšre le plus proche qui permet de mettre les billes Ă  l’eau grĂące Ă  une rampe sur rive (Rondins perpendiculaires Ă  la rive recouverts de planches) ou de monter les bois sur des barges, notamment pour les essences qui flottent pas ou peu. Certaines essences d'arbre africaines tropicales peuvent, en effet, flotter juste aprĂšs l’abattage, d’autres doivent ĂȘtre sorties de la forĂȘt et traitĂ©es avant d’ĂȘtre flottĂ©es. Pour ne donner qu’un seul exemple, le Entandrophragma utile est flottable dĂšs la coupe, donc encore frais tandis que l’Abachi (Triplochiton scleroxylon) doit ĂȘtre rapidement sorti de la forĂȘt et traitĂ© avant le flottage[170].

Le lieu du dĂ©barcadĂšre est choisi en aval Ă  l’endroit oĂč le tirant d’eau est satisfaisant toute l’annĂ©e. Le dĂ©barcadĂšre constitue le point de rupture entre transport routier et transport par voie d’eau. C’est le diamĂštre des plus grosses billes et le tirant d’eau des remorqueurs qui sont dĂ©terminants (DiamĂštre autour de 1,8 m et −0,8 Ă  1,5 m). Une fois mises Ă  l’eau, les billes qui s’accumulent sont arrĂȘtĂ©es par une estacade composĂ©e de grumes reliĂ©es par un cĂąble[169]. C’est Ă  cet endroit que les radeaux sont constituĂ©s de maniĂšres diffĂ©rentes en fonction des besoins et des rĂ©gions :

  • Le premier type de radeau en usage au Congo ressemble Ă  ceux d’Europe par le fait qu’il est constituĂ© par des billes alignĂ©es parallĂšlement au sens du courant et reliĂ©es par des traverses de 15 Ă  20 cm de diamĂštre. Ce ne sont plus des joncs ou du rotin, mais des cĂąbles et des crampons qui fixent les traverses grĂące Ă  des anneaux enfoncĂ©es dans les billes. À chaque extrĂ©mitĂ© du radeau, on fixe une bille transversale de sorte que la rame de billes est entourĂ©e par un cadre rectangulaire, Ă  la maniĂšre des « sapins de garde » dans les Vosges. Les rames sont assemblĂ©es les unes aux autres pour former un train de bois plutĂŽt long et robuste qui sera poussĂ© par un tracteur arriĂšre[169].
  • Le second type de radeau plutĂŽt rĂ©pandu au Gabon consiste Ă  placer les billes perpendiculairement Ă  la direction du courant. Elles sont fixĂ©es entre elles par un filin qui passe Ă  travers des crampons enfoncĂ©s dans les billes. Il faut intercaler les bois lĂ©gers et les bois lourds voire fondriers afin de transporter par flottage toutes les essences d’arbres indĂ©pendamment de leur degrĂ© de flottabilitĂ©. Le radeau est Ă©laborĂ© avec des rames ou sections de 60 Ă  80 billes et il est tractĂ© par un remorqueur avant. Les bois de densitĂ© voisine de 1, ne flottant pas, peuvent cependant ĂȘtre transportĂ©s par flottage, Ă  condition de les intercaler avec des bois flottants, plus lĂ©gers[169].

Quand les bois ne sont pas flottés, ils sont chargés sur des barges ou chalands au moyen d'un engin de levage.

Ce type de flottage exige le respect de quelques rÚgles réglementaires :

  • Il faut nettoyer le dĂ©barcadĂšre et enlever les morceaux d’écorce, les anneaux, les crampons, les morceaux de cĂąble et tout ce qui peut traĂźner par-terre.
  • Les mangroves ne doivent pas ĂȘtre utilisĂ©es pour le stockage du bois.
  • Comme le remorquage ne se fait jamais Ă  contre-courant, les radeaux ne remontent jamais les riviĂšres. On attend la marĂ©e favorable quand il y en a ou sinon c’est le courant de la riviĂšre qui met le radeau en mouvement. Le cĂąble du remorqueur est long, il doit rester dans l’eau et ne pas se tendre brusquement. En rĂ©alitĂ© le remorqueur ou le pousseur contrĂŽlent la vitesse et la direction du train de bois[169].

Rencontres internationales des flotteurs

Le International Timber Raftsmen Meeting, fondée à l'initiative des associations espagnoles en 1989, a d'abord eu lieu tous les ans jusqu'en 1998 à Embrun dans les Hautes-Alpes. Il fonctionne dorénavant en biennale depuis 2000. Il ne faut pas le confondre avec la réunion annuelle de l'association internationale des flotteurs qui, comme n'importe quelle association à but non lucratif, fait le bilan annuel des comptes et des actions menées, débat sur les activités à mettre en place, éventuellement sur l'adhésion de nouveaux membres. Aujourd'hui l'association internationale compte 53 associations de flotteurs.

Les rencontres tous les deux ans ont lieu dans des sites oĂč une association de flotteurs se montre particuliĂšrement active et engagĂ©e, met en valeur le patrimoine locale et prĂ©sente aux visiteurs des autres pays leur pratique du flottage. Ceci permet Ă  chaque pays membre de se rendre compte des points communs et des divergences entre le mĂ©tier de flotteur dans un pays mĂ©diterranĂ©en et dans un pays nordique. Un flotteur français n'associe pas forcĂ©ment la Finlande ou la Lettonie au flottage du bois. L'intĂ©rĂȘt de ces rencontres consiste Ă©galement Ă  briser les idĂ©es prĂ©conçues et Ă  dĂ©couvrir d'autres cultures et milieux naturels.

Saints patrons des flotteurs en Europe

Saint NĂ©pomucĂšne surgissant du Tramigna, cours d'eau du Cazzano di Tramigna, Italie.

Le saint patron des flotteurs est Nicolas de Myre dans la plupart des pays européens catholiques. Mais il existe aussi saint NépomucÚne.

Saint Nicolas est bien le patron des flotteurs en ForĂȘt-Noire dans la vallĂ©e de la Kinzig et non saint Nepomuk. La confusion vient du fait que le second est Ă©galement trĂšs vĂ©nĂ©rĂ© dans la rĂ©gion mais plutĂŽt comme protecteur des catastrophes sur l’eau et des ponts dont les flotteurs craignent les piliers et les culĂ©es par exemple[171]. Toutefois, pendant son sĂ©jour Ă  Prague, le jeune garçon qui deviendra gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e britannique, John Moore, Ă©crit dans ses rĂ©cits de voyage : « On l’appelle, je crois, saint NĂ©pomucĂšne. Je n’avais jamais entendu parler de lui avant de venir ici, mais il est en grande rĂ©putation dans cette ville »[172].

Le marquis de La Grange constate Ă©galement « qu’en Allemagne chaque pont est sous le patronage de saint NĂ©pomucĂšne, et qu’on fait au saint des donations qui profitent ainsi Ă  l’entretien du pont. »[173].

Pour qu’un Anglais ou un Français voyageurs et Ă©rudits reconnaissent n'avoir dĂ©couvert ce saint qu’à l’occasion de pĂ©riples ou fonctions professionnelles dans les pays oĂč il est vĂ©nĂ©rĂ©, il faut en dĂ©duire que le saint patron des ponts et des flotteurs Jean NĂ©pomucĂšne Ă©tait littĂ©ralement inconnu dans leur pays respectifs. NĂ©pomucĂšne est en fait protomartyr de la confession et patron des confesseurs. Il est le saint patron des prĂȘtres, des bateliers, des flotteurs et des meuniers. Il est aussi saint protecteur des ponts, contre les dangers provoquĂ©s par les eaux et des maladies de la langue. Son culte se dĂ©veloppa grĂące aux lĂ©gendes qui couraient dans les classes populaires de l’Europe centrale. Avec ce culte populaire, il est devenu avant tout le saint des eaux et protecteur des ponts. Dans les statues, il tient la palme de la victoire des athlĂštes du Christ. Comme il est mort par les eaux, il a fini par les dominer et les contrĂŽler[174]. Son culte s’est d’abord rĂ©pandu en BohĂȘme et en Moravie, puis dans tout le bassin d’Europe centrale et de l’Europe de l'Est, mais finalement surtout aussi grĂące au Saint-Empire romain germanique qui comportait de nombreuses rĂ©gions aujourd’hui dans de nombreux pays europĂ©ens comme l’Alsace, la Lorraine, la Franche-ComtĂ©, etc. Il est devenu, en effet, un saint dynastique de la dynastie des Habsbourg Ă  l’époque maĂźtresse de la BohĂȘme. De ce fait, NĂ©pomucĂšne, de son vrai nom Wölflein, fut longtemps associĂ© Ă  la contre-rĂ©forme catholique contre Jan Hus, le rĂ©formateur protestant de culture tchĂšque, qui pour les TchĂšques reprĂ©sente davantage la nouvelle rĂ©publique tchĂšque indĂ©pendante. Jean NĂ©pomucĂšne, deuxiĂšme saint patron des JĂ©suites, est perçu comme allemand par les TchĂšques et trop associĂ© Ă  la monarchie autrichienne[174]. De fait, alors qu’il est quasi inconnu en Europe de l'Ouest, il apparaĂźt dans les pays qui ont Ă©tĂ© influencĂ©s par les Habsbourg : l’Espagne, les Pays-Bas espagnols (Belgique) et l’Italie. Par le jeu de l’émigration, on peut trouver un culte nĂ©pomucĂ©nien de maniĂšre sporadique dans les colonies : en AmĂ©rique ou en Chine oĂč il est le saint patron de la province de Nankin[174]. De ce fait, il n’est pas forcĂ©ment apprĂ©ciĂ© de l’administration française qui dirige le duchĂ© de Lorraine de Stanislas Leszczynski avant son annexion Ă  la France en 1766. Le chancelier de Lorraine, Antoine-Martin Chaumont de La GalaiziĂšre ne partageait pas la dĂ©votion du duc pour NĂ©pomucĂšne[N 19].

En Lorraine qui fait exception en France, son culte populaire est arrivĂ© de BohĂȘme par les rĂ©gions germanophones qui l’ont apportĂ© Ă  leur tour en Alsace et dans la Lorraine septentrionale, toutes deux terres germanophones au XVIIIe siĂšcle. De plus, les reprĂ©sentations et les statues de NĂ©pomucĂšne se concentrent pratiquement toutes dans le pays de Bitche en Moselle, rĂ©gion francique rhĂ©nane trĂšs dialectophone et catholique qui a accueilli un siĂšcle plus tĂŽt des verriers de BohĂȘme, ce qui ne peut expliquer la rĂ©ceptivitĂ© des habitants pour le saint tchĂšque un siĂšcle plus tard. En revanche, les immigrĂ©s tyroliens et bavarois arrivĂ©s aprĂšs la guerre de Trente Ans pour repeupler la rĂ©gion peuvent logiquement avoir introduit le culte nĂ©pomucĂ©en en Moselle[175].

En BaviĂšre, plus prĂ©cisĂ©ment Ă  Wolfratshausen qui a obtenu le label international de « ville de flotteurs » (FlĂ¶ĂŸerstadt), les derniĂšres familles de flotteurs ont continuĂ© d’invoquer le saint et les familles de flotteurs bavarois organisent tous les trois ans la « procession du radeau de saint Jean » (Johannifloßprozession) qui en lieu en juin Ă  la tombĂ©e de la nuit. Flotteurs et radeaux sont bĂ©nis par le prĂȘtre et le pasteur de la paroisse. Les spectateurs et visiteurs s’installent sur les berges de la Loisach et sur les ponts et passerelles de la vieille ville pour assister au spectacle[176]

Le flottage dans l’art

Représentation du flottage dans l'art pictural

La reprĂ©sentation du flottage dans l'art pictural a commencĂ© tĂŽt avec les gravures et les estampes sino-japonaises. Les scĂšnes de flottage du bois sont des motifs trĂšs apprĂ©ciĂ©s des artistes japonais depuis des siĂšcles, notamment pour la gravure. Les hanga apprĂ©cient les thĂšmes de la vie quotidienne et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale l’art ukiyo-e.

On peut y voir des rapides ou des riviĂšres avec de hautes falaises, couvertes de troncs d’arbre flottĂ©s Ă  bĂ»ches perdues. Une gravure montre Ă©galement que les mĂąts Ă©taient descendus par flottage individuellement avec huit hommes assis par quatre Ă  chaque extrĂ©mitĂ© du mĂąt sur une structure qui laisse penser qu’en dessous de l’arbre il y a un mĂ©canisme immergĂ© qui facilite la flottabilitĂ© du mĂąt. NĂ©anmoins, on remarque qu’une petite embarcation avec un rameur suit le mĂąt dĂ©rivant[177].

Une estampe de 1920 provenant du cycle de 12 peintures sur bois de Hasui Kawase du renouveau pictural japonais intitulĂ©es Douze scĂšnes de Tokyo (Toky junidai) reprĂ©sente le quartier de Kiba (district de Kƍtƍ) cĂ©lĂšbre pour son port aux bois qui est devenu le Parc de Kiba depuis 1969. Son titre est Kiba no yugure, en français CrĂ©puscule Ă  Kiba[178]. On voit un plan d’eau courvert de grumes avec un chenal au milieu. En arriĂšre-plan, les mauson en bois du quartier de Kiba. Le flottage du bois a dĂ©marrĂ© Ă  l’époque d'Edo et s’est arrĂȘtĂ© seulement au XXe siĂšcle dans ce quartier de Tokyo spĂ©cialisĂ© dans l’industrie forestiĂšre.

Avec la crĂ©ation du Parc de Kiba qui a conservĂ© le bassin de stockage des grumes, chevrons et madriers, une association de sauvegarde des traditions de flotteurs de Kiba, « Kakunori », a crĂ©Ă© un festival qui propose un spectacle d'Ă©quilibrisme sur des chevons et madriers flottant sur l’eau de l’ancien bassin de flottage. Les artistes portent le costume traditionnel et montrent leur habilitĂ© Ă  avancer ou reculer sur ces chevrons en les faisant tourner. Puis ils font des figures acrobatiques pour montrer leur sens de l’équilibre. Ce n’est pas une dĂ©monstration des techniques authentiques de flottage ; les artistes s’en inspirent, certains parmi eux sont encore d’anciens flotteurs ou enfants de flotteurs, pour crĂ©er un spectacle qui s’apparente Ă  l’art du cirque tout en commĂ©morant le travail difficile de la corporation des flotteurs. Les joutes entre flotteurs pour mettre Ă  l’épreuve leur Ă©quilibre sur des grumes existent aussi en Europe comme d’ailleurs le « kakunori » au Japon. Il s’agit avec ce festival de lui confĂ©rer une plus grande audience grĂące Ă  un festival annuel dans un parc d’agrĂ©ment trĂšs frĂ©quentĂ© de la capitale accessible en mĂ©tro avec la station de Kiba.

En Europe, la pĂ©riode romantique, paysagiste ou rĂ©aliste s'empare du thĂšme en insĂ©rant les trains de bois dans des scĂšnes bucoliques, souvent montagnardes. Les Ruines de Poilvache de Ferdinand Marinus dans la collection de la Province de Namur est un exemple d'huile sur toile qui reprĂ©sente en arriĂšre-plan une vallĂ©e encaissĂ©e bordĂ©e de montagnes et, au centre, un grand cours d’eau avec un long train de radeaux sur lequel on n’aperçoit que deux flotteurs. Il s’agit de la Meuse en contrebas du chĂąteau de Poilvache.

En dehors de la peinture et des gravures, la LĂŒftlmalerei bavaroise sur les pignons offre Ă©galement des motifs dĂ©diĂ©s aux flotteurs et aux forestiers. Un des exemples connus est la peinture murale de la maison Moralt Ă  Bad Tölz du XVIIIe siĂšcle oĂč l'on reconnaĂźt les deux saints patrons des flotteurs: saint Nicolas Ă  droite et saint NĂ©pomucĂšne Ă  gauche, allusion univoque au flottage ancestral sur l'Isar Ă  Bad Tölz.

Au MusĂ©e des beaux-arts du Canada, les Ɠuvres les plus remarquables de Edwin Holgate liĂ©es au flottage du bois ou drave s’intitulent Le draveur (1924) et Draveurs (1925). Il s'agit de gravures sur bois de bout sur papier vergĂ©. De mĂȘme, le graveur Leonard Hutchinson a rĂ©alisĂ© la gravure sur bois intitulĂ©e La drave en 1939.

  • De George Caleb Bingham, Flotteurs du Mississippi jouant aux cartes, XIXe s.
    De George Caleb Bingham, Flotteurs du Mississippi jouant aux cartes, XIXe s.
  • ScĂšnes de flottage en trains au GrĂŒner Baum, Munich, Allemagne.
    ScĂšnes de flottage en trains au GrĂŒner Baum, Munich, Allemagne.
  • Radeaux d’AlexeĂŻ Savrassov, peintre paysagiste russe.
    Radeaux d’Alexeï Savrassov, peintre paysagiste russe.
  • Enchantement – flotteurs de Wojciech Gerson, 1856.
    Enchantement – flotteurs de Wojciech Gerson, 1856.
  • Illustration sur le flottage en NorvĂšge, 1848, extrait du livre Norway in 1848-1849 de Thomas Forester.
    Illustration sur le flottage en NorvĂšge, 1848, extrait du livre Norway in 1848-1849 de Thomas Forester.
  • Lumber Raft on the St. Lawrence, peinture Ă  l’huile de Cornelius Krieghoff, 1867.
    Lumber Raft on the St. Lawrence, peinture à l’huile de Cornelius Krieghoff, 1867.
  • Grume flottĂ©e, Meredith par Wilkie, Robert D., 1828-1903, publiĂ©e par L. Prang & Co., chromolithographie.
    Grume flottée, Meredith par Wilkie, Robert D., 1828-1903, publiée par L. Prang & Co., chromolithographie.
  • Nakagawaguchi dans les Cent vues d'Edo : barques et radeaux Ă  la confluence du KyĆ«naka et du Onagi.
    Nakagawaguchi dans les Cent vues d'Edo : barques et radeaux à la confluence du Kyƫnaka et du Onagi.
  • Kawaguchi no watashi Zenkƍji dans les Cent vues d'Edo : Trains de bois Ă  Kita-ku, peinture 20.
    Kawaguchi no watashi Zenkƍji dans les Cent vues d'Edo : Trains de bois à Kita-ku, peinture 20.
  • ChĂąteau Sternberg, Ă  KaurĆŸimer d'aprĂšs Carl Wolf de Joann Venuto, 1817
    ChĂąteau Sternberg, Ă  KaurĆŸimer d'aprĂšs Carl Wolf de Joann Venuto, 1817
  • Frances Anne Hopkins. The Lumber Raft. Aquarelle et gouache sur graphite sur papier vergĂ©. vers 1868
    Frances Anne Hopkins. The Lumber Raft. Aquarelle et gouache sur graphite sur papier vergé. vers 1868

Le flottage dans la littérature et les adaptations pour le cinéma

Signe d’une prĂ©sence rĂ©elle au sein de la population rurale au quotidien, les flotteurs russes sont bien Ă©voquĂ©s dans les contes traditionnels[179]. Le sort des fermiers-flotteurs est traitĂ© par la prose dite rurale en Russie. Fiodor Abramov, Vassili Belov, Valentin Raspoutine et Victor Astafiev reprĂ©sentent cette prose rurale du XXe siĂšcle. AbrĂĄmov est moins connu en dehors de la Russie que les derniers. Mais en revanche, ses nouvelles ont donnĂ© le cadre de films et sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es qui dĂ©peignent la vie des fermiers. AbrĂĄmov s’insurge contre la discrimination que subit la population des campagnes Ă  cause du systĂšme des passeports qui lie les gens au kolkhoze ou aux recruteurs saisonniers pour le flottage au printemps comme on peut le lire dans la nouvelle Deux hivers et trois Ă©tĂ©s, en 1968, deuxiĂšme tome de la tĂ©tralogie qu’il consacra Ă  la vie des paysans du nord de la Russie[180]. Dans le village de Pekachino, la nouvelle raconte comme une chronique les Ă©vĂ©nements qui jalonnent les saisons. L’intrigue dĂ©marre avec le retour au village de Mikhail Priaslin Ă  la fin de la saison du flottage des grumes, donc Ă  la fin de l’automne[181] - [180].

En Espagne, José Luis Sampedro a reflété la vie dangereuse des flotteurs espagnols dans son roman Le fleuve qui nous emporte (1961) qui a été adapté pour le cinéma par Antonio del Real en 1989 (avec Alfredo Landa, Toni Peck, fils de Gregory Peck, Eulalia Ramón et Fernando Fernån Gómez dans les rÎles principaux.

En Allemagne, un roman Pakt der FlĂ¶ĂŸer (Pacte des flotteurs) de Ralf Dorweiler[182], suit le pĂ©riple d'un train de bois destinĂ© au marchĂ© hollandais avec 600 personnes Ă  bord, cabanes, Ă©tables, Ă©curies. Les flotteurs sont partis de la vallĂ©e de la Kinzig jusque Amsterdam. Avec le roman, le lecteur se rend compte du processus des poupĂ©es russes inversĂ©: de petite flotte dans les vallons reculĂ©s de la ForĂȘt-Noire, le train de bois va s'agrandir au fur et Ă  mesure qu'il arrive aux ports aux bois oĂč on rajoute d'autres flottes venues des autres rĂ©gions d'Allemagne centrale ou du massif des Vosges.

Au Canada, et particuliĂšrement au QuĂ©bec, le roman Menaud, maĂźtre-draveur[183] du prĂȘtre FĂ©lix-Antoine Savard est « considĂ©rĂ© comme l'un des chefs-d'Ɠuvre romanesques du terroir quĂ©bĂ©cois. Dans cet hymne de mĂ©moire et de survivance, on suit Menaud, draveur sur les riviĂšres de Charlevoix, qui conduit dans la montagne un convoi pour le compte des Anglais. »[184] - [185]. Le draveur, flotteur quĂ©bĂ©cois, porte un message d’authenticitĂ© et de combat pour le respect des valeurs traditionnelles. Il est finalement le hĂ©ros des Canadiens francophones car, dans l’intrigue du roman, Menaud lutte contre l’appropriation de terres appartenant Ă  des francophones par des anglophones.

Une poĂ©sie aux rimes fĂ©minines deux fois redoublĂ©es a Ă©tĂ© Ă©crite en 1895 par Rainer Maria Rilke. L'atmosphĂšre est en mĂȘme temps solennelle et joyeuse. La lecture laisse apparaĂźtre avec un effet de crescendo plusieurs saints ou saintes, protecteurs et protectrices, Ă  qui les fidĂšles adressent leurs suppliques face aux statues en pierre ou en bois. Parmi eux, il y a bien sĂ»r sainte Anne et sainte Catherine, le poĂšte veut bien encore Ă©voquer le saint patron de l'actuelle RĂ©publique tchĂšque, saint Venceslas, parmi tous les autres qui lui paraissent moins importants. La derniĂšre strophe met l'accent final sur ce saint si particulier, NĂ©pomucĂšne, avec l'interjection de celui qui en rirait presque Ă  l'Ă©vocation de toutes ces statues de NĂ©pomucĂšne aux portes de ville ou sur les ponts: Rilke, comme pour les autres saints dans la poĂ©sie, met le nom propre au pluriel : « Mais ces NĂ©pomucĂšne »... « Partout, partout des NĂ©pomucĂšne ». Ce faisant, il matĂ©rialise le saint et le rend omniprĂ©sent dans la statuaire et dans la vie quotidienne des gens. Par la derniĂšre strophe, le poĂšte se met dans la peau de ses lecteurs: c'est le saint qu'on ne peut rater quand on vit en Europe centrale dans les rĂ©gions de flottage et de navigation.

Dans la BD en France

La bande dessinée Le Flume (1986) dans la série Lucky Luke met en scÚne le transport du bois dans un canal de flottage.

La France a choisi la bande dessinée pour relater l'histoire des flotteurs de bois en trains du Morvan à Paris par l'Yonne et la Seine avec une place importante consacrée à Clamecy; Serge Aillery a écrit et Jean-Luc Hiettre a dessiné Le Grand Fleuve éditée par Dupuis en 1990, puis rééditée en septembre 2015 par les éditions Paquet.

Dans poésie japonaise

Dans la poésie Tanka, la premiÚre partie est traditionnellement un tercet de 17 mores d'une structure 5-7-5 et la deuxiÚme un distique de 14 mores de structure 7-7[186].

Une tanka de ce type a Ă©tĂ© Ă©crite par Sone no Yoshitada; elle est intitulĂ©e « ÉtĂ© ». Ce poĂšte du haut Moyen Âge japonais, l’époque de Heian, dont on sait peu de choses est considĂ©rĂ© comme une personne au tempĂ©rament impatient et facilement emportĂ© dans la vie et dans sa poĂ©sie. Bien que formĂ© Ă  l’école de l’orthodoxie littĂ©raire dirigĂ©e par Ki no Tsurayuki, son style familier et simple dĂ©tona et dĂ©plut Ă  la cour. On lui attribue un penchant pour le mystĂšre et l’intĂ©rioritĂ©. Dans le poĂšme « ÉtĂ© », les critiques littĂ©raires y voit Ă©galement un penchant pour les scĂšnes clairement non conmformes Ă  la vie des courtisans de son temps. Toutefois, il figure sur la liste des 36 plus grands poĂštes de son temps. C’est le mot « ikada » qui signifie « radeau de grumes » et les racines « uki, uka » veulent dire « flotter ».

Dans la musique

Les flotteurs forment une corporation qui s’est montrĂ©e plutĂŽt pieuse, parfois superstitieuse, mais dans tous les cas trĂšs fidĂšle aux traditions et Ă  ses saints protecteurs. Que ce soit en Europe ou en Asie, les flotteurs s’intĂšgrent souvent comme partie prenante aux fĂȘtes rĂ©gionales religieuses ou paĂŻennes. Dans la musique populaire, dans les pays germaniques et slaves, ils forment des chƓurs masculins et aiment animer les expĂ©ditions de flottage en chantant dans les paysages montagnards ou dans les tavernes oĂč ils font les pauses.

Pour l’anecdote, le chant de NoĂ«l « Douce nuit, sainte nuit » a Ă©tĂ© chantĂ© et presque improvisĂ© Ă  Oberndorf en Autriche devant une communautĂ© paroissiale appauvrie et sans emploi aprĂšs les mĂ©faits des guerres napolĂ©oniennes et les vaches maigres sur le plan Ă©conomique. MĂȘme l’orgue est, dit-on, tombĂ© en panne le jour du rĂ©veillon comme symbole de la dĂ©tresse ambiante. Le prĂȘtre de la petite paroisse Joseph Franz Mohr et l’organiste Franz Xaver Gruber voulurent remonter le moral et donner espoir Ă  la communautĂ© composĂ©e pour la majoritĂ© de bateliers et de flotteurs qui pendant quelque temps avaient perdu leurs dĂ©bouchĂ©s, leurs clients et leur gagne-pain. Le chant a fait mouche et fut rĂ©pandu par des commerçants itinĂ©rants du Tyrol[190]

StanisƂaw Moniuszko a Ă©crit un opĂ©ra en un acte intitulĂ© « Flis » (Flotteur en polonais) qui met en scĂšne des flotteurs et leurs proches. Il fut un succĂšs en Pologne. Certains chants traditionnels tournent autour du mĂ©tier de flotteur, soit parce que ce sont eux qui les chantent en diverses occasions, soit parce que le motif est repris par la tradition populaire comme comptine, chanson Ă  boire par exemple. Dans cette sĂ©rie[N 20], on peut Ă©voquer la petite rengaine des flotteurs de Clamecy[191], la chanson des raftsmen au Canada[192] - [193] - [194], la chanson des flotteurs d‘UhlstĂ€dt en Thuringe ou la chanson des flotteurs de Kronach en Frankenwald.

Dans la statuaire du saint des flotteurs et des ponts NepomucĂšne

Saint NĂ©pomucĂšne sur son pont Ă  la Porta romana de Milan en 1886.

NĂ©pomucĂšne, Nepomuk en Allemagne et les pays de l'ESt, fait l'objet d'un culte populaire dans les rĂ©gions de batellerie et flottage au titre de la protection du saint contre les dangers de l'eau. Sa prĂ©sence proche d 'un cours d'eau, d'un plan d'eau ou d'un canal, bien sĂ»r sur un pont, rassure les gens de passage et les navigateurs. Il n'est pas question ici des statues Ă  l'intĂ©rieur des Ă©glises ou des chapelles, mais des monuments et bildstöcke si typiques des rĂ©gions françaises qui partagent une partie de l'histoire du Saint-Empire romain germanique, une statue isolĂ©e de saint NĂ©pomucĂšne sur un pont (assez rare en France) ou sur la rive Ă  l'entrĂ©e du pont, est un indice probable de la prĂ©sence de flotteurs et bateliers sur le cours d'eau oĂč est placĂ©e la statue. NĂ©pomucĂšne est initialement le protomartyr de la confession, mais dans les rĂ©gions germanophones et le Benelux, c'est surtout le culte populaire du protecteur de tous ceux qui travaillent sur l'eau qui s'est rĂ©pandu.

Reconversion du patrimoine des flotteurs dans le tourisme

Kayakistes
Tour en radeau
Activités touristiques sur l'ancien canal de flottage à Munich.

Manifestations, activités touristiques

Les pays de l’Est et de l’Europe centrale ont davantage optĂ© pour la reconversion du flottage industriel en flottage touristique. En gĂ©nĂ©ral, ils associent des paysages authentiques comme les gorges, les canyons et les mĂ©andres de riviĂšres de montagne Ă  la mise en valeur d’un ancien mĂ©tier comparable aux forestiers ou aux chasseurs. Ils ont leur costume traditionnel, leurs chants et leur esprit de corps qui attirent volontiers les touristes. Par exemple, la riviĂšre polonaise San, affluent droit de la Vistule, prend sa source sur les flancs orientaux du Mont Piniaszkowy en Ukraine. Il traverse les Beskides occidentales, le piĂ©mont des Beskides centrales et la plaine Sandomierz. Le bassin du San se situe intĂ©gralement dans la voĂŻvodie des Basses-Carpates. Les flotteurs de UlanĂłw organisent des balades et descentes en radeaux de flotteurs sur cette riviĂšre[195].

En Espagne, l’une des fĂȘtes populaires les plus courues en Navarre est le DĂ­a de la AlmadĂ­a (JournĂ©e du flottage) qui a lieu tous les ans Ă  Burgui, dans le vallĂ©e de Roncal.L’équivalent catalan est la « JournĂ©e des Radeleurs » (Diada dels Raiers) Ă  La Pobla de Segur. Les almadĂ­as sont les radeaux ou trains de bois utilisĂ©s jusqu’au milieu du XXe siĂšcle pour transporter le bois sur les riviĂšres de la CommunautĂ© forale de Navarre. Le mĂ©tier de flotteur a disparu aujourd’hui, mais le souvenir de cette Ă©poque perdure. Des descentes sur plusieurs types de radeaux et trains de bois sont organisĂ©es ce jour-lĂ  sur la riviĂšre Esca. Le trajet dure environ km et termine au pont mĂ©diĂ©val de Burgui[196]. Des fĂȘtes populaires similaires sont organisĂ©es Ă  Laspuña, El Pont de Claverol et Coll de NargĂł tout comme dans l’enclave pyrĂ©nĂ©enne du Val d'Echo oĂč l’Association des flotteurs du Val d’Echo organise des descentes de radeaux[197] dans un contexte montagneux Ă  vocation touristique indiscutable.

En Italie, Ă  Trente, le 26 janvier, au siĂšge de la sociĂ©tĂ© des alpinistes tridentins, l’exposition « Wood River » fut organisĂ©e par le parc naturel de Paneveggio - Pale di San Martino et raconte le transport du bois au cours des siĂšcles dans la vallĂ©e du Vanoi et de Primiero jusqu’à Venise par le biais du flottage. « Wood River » retrace, en particulier Ă  travers les peintures de l’artiste et l’anthropologue Roswitha Asche, mais aussi avec un grand diaporama, l’intĂ©gralitĂ© du chemin parcouru par les grumes depuis la montagne jusqu’à la lagune. Le but est de prĂ©senter les aspects sociaux et humains dans les siĂšcles passĂ©s autour du flottage du bois.

En Italie toujours, le Palio delle Zattere (Course des radeliers) a lieu depuis 1987 le dernier dimanche de juillet, cette compétition qui attire de nombreux visiteurs et touristes dans la vallée de Valstagna. Les 9 cantons ou sections forestiÚres du Valstagna (Oliero, Londa, S. Marco, Torre, Mori, Fantoli, San Gaetano, Sasso Stefani et Costa) sont en compétition pour désigner le vainqueur de la course sur un petit radeau avec trois radeleurs[198] - [199].

Un sentier pĂ©dagogique du flottage a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă  Finowfurt, dĂ©clarĂ© village de flotteurs international le 3 juillet 2015, pour retracer et expliquer aux visiteurs l’impact et le fonctionnement du flottage sur le canal de Finow depuis le XVIIIe siĂšcle. Les trains de bois arrivaient de Russie et de Pologne et rejoignaient Berlin par ce canal de Finow[200].

Le canal de flottage de Munich est utilisé en permanence par les kayakistes pour le plaisir personnel ou pour les compétitions nationales et internationales. Par ailleurs, des tours en trains de bois sont organisés pour le grand public sur le LÀndkanal dans les environs de Munich.

Musées consacrés au flottage du bois

Rencontre internationale des flotteurs

Des anciens flotteurs ou des amoureux du flottage autour d'anciens qui ont connu le flottage en Espagne et en Italie se sont montrĂ©s particuliĂšrement dynamiques en Europe en crĂ©ant une association Ă  but non lucratif internationale avec pour objectif de dĂ©fendre le patrimoine immatĂ©riel mondial qu'est le flottage du bois. CrĂ©Ă©e Ă  Barcelone, l'association fĂ©dĂ©ratrice comptait au dĂ©part 7 associations locales. Une association locale organise tous les ans, puis tous les ans depuis 1998 une rencontre internationale des flotteurs pour se partager les expĂ©riences associatives et les diffĂ©rentes pratiques du flottage en Europe et pour s'entendre sur les actions Ă  mener pour le tourisme par exemple. Les statuts de l'association seront officiellement confirmĂ©s et signĂ©s Ă  Venise en 1992; depuis, l'association compte 42 associations membres. Pour l'instant, elle est encore trop europĂ©enne mĂȘme si en 1995 la 9erencontre internationale a eu lieu pour la seule et unique fois dans l'histoire de la fĂ©dĂ©ration Ă  Trois-RiviĂšres au Canada. En France, la 8e rencontre a lieu Ă  Clamecy en 1995 et la 11e s'est dĂ©roulĂ©e Ă  Embrun en 1998. Les membres de l'association internationale sont originaires des pays suivants: Espagne, Italie, France, Allemagne, Autriche, SlovĂ©nie, Bosnie, Finlande, Lettonie, Roumanie, RĂ©publique tchĂšque.

Impacts environnementaux

Si le flottage a pu diminuer l'appel aux camions ou bateaux motorisĂ©s, ses inconvĂ©nients et impacts Ă©cologiques ne sont pas mineurs. On compte que 50 % de l'Ă©corce des arbres se dĂ©tache des grumes. La dĂ©composition de tonnes d'Ă©corce augmente la demande chimique en oxygĂšne de l'eau, et libĂšre des produits chimiques — tanins, polyphĂ©nols — qui altĂšrent la qualitĂ© de l'eau et dĂ©truisent la faune bentique. Les billes creusent les berges et modifient le lit des riviĂšres[222].

Dans les riviĂšres oĂč le flottage du bois est pratiquĂ©, la qualitĂ© de l'eau devient douteuse, la faune et la flore aquatiques en souffrent. De plus, le cours de la riviĂšre a parfois Ă©tĂ© rectifiĂ©, certains obstacles naturels tels que Ăźles, seuils ou sauts Ă©tant Ă©liminĂ©s pour faciliter la descente des troncs ou radeaux. Ces amĂ©nagements ont modifiĂ© le rythme et l'importance des inondations et de la sĂ©dimentation qui jouent un rĂŽle crucial dans la structuration des biotopes riverains.

La régression de grands migrateurs comme le saumon, puis l'anguille, a entrainé une prise de conscience croissante de la nécessité de rétablir des régimes d'écoulement naturels (« libre circulation des poissons ») pour les poissons, mais la naturalité des régimes de crues et décrue joue aussi un rÎle dans la préservation de la biodiversité végétale des ripisylves et zones humides associées au cours d'eau.

Les effets de la restauration des berges et des mĂ©andres commencent Ă  ĂȘtre Ă©tudiĂ©s, notamment sur l'UmeĂ€lven (dans le nord de la SuĂšde) oĂč les Ă©cosystĂšmes riverains ont Ă©tĂ© affectĂ©s par des rectifications voire par une canalisation faites au XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe pour faciliter le flottage du bois. La SuĂšde a entrepris de restaurer cette riviĂšre, et une Ă©tude a comparĂ© la biodiversitĂ© des communautĂ©s vĂ©gĂ©tales rivulaire et riveraines des zones restaurĂ©es par rapport Ă  leur Ă©tat antĂ©rieur. En trois Ă  dix ans aprĂšs les travaux de renaturation, la richesse en espĂšces a augmentĂ© significativement tout comme la frĂ©quence d'inondation du lit majeur[223].

Dans certaines régions reculées, du Canada notamment, il faut légiférer pour imposer le transport par route, qui coûte parfois dix fois plus cher que la drave. C'est par exemple le cas depuis février 1994 sur la riviÚre des Outaouais.

Au Québec, le Saint-Maurice a été la derniÚre riviÚre utilisée pour le flottage du bois, interdit dans les riviÚres fréquentées par le saumon[224].

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Chansons et vidéos en relation avec les flotteurs en Europe

Notes et références

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  176. Regarder la vidĂ©o sur YouTube qui montre les grands moments de la procession sans commentaire sur : (de) [vidĂ©o] Altes Brauchtum neu erweckt - Die Johannifloßprozession sur YouTube.
  177. Pour voir les images se reporter au site du musĂ©e Tonami sur : (ja) « ïŒ’èż‘äž–ă€€ç””ć›łă«ăżă‚‹æ”é€ăƒŒé‹æć›łäŒšă‚’äŸ‹ă«ă—ăŠăƒŒ », sur Tonami Digital Archives,‎
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Notes

  1. Des code QR pour les audioguides et les tĂ©lĂ©phones portables permettent d’écouter les explications Ă  chaque Ă©tape (en allemand). Des flyer en format PDF dans d’autres langues sont accessibles sur leur site.
  2. Ce type de flottage fut cependant le seul Ă  ĂȘtre employĂ© durant des siĂšcles sur de nombreux cours d'eau par exemple en France dans les Vosges, sur la Meurthe et la Moselle, et jusque dans la Dordogne, ou sur l'Yonne et la Cure prĂ©alablement Ă  la constitution des trains Ă  Clamecy et Vermenton. Il Ă©tait encore utilisĂ© dans le Morvan au dĂ©but du XXe siĂšcle. Il permettait notamment d'alimenter des usines grandes consommatrices de bois, dont les Cristalleries de Baccarat, la FaĂŻencerie de LunĂ©ville-Saint-ClĂ©ment, les salines de RosiĂšres-aux-Salines.
  3. La flotte du Rhin (Rheinfloß) ou celle du Danube (Donaufloß) sont plus grandes qu’une « flotte de l’Isar » (Isarfloß) ou « flotte de la Kinzig» (Kinzigfloß).
  4. Le bas-relief se trouve aujourd’hui au Louvre.
  5. « ΀αύτης ΎΔ Ï„Îż ΌΔΜ Ï„Î”ÎŻÏ‡ÎżÏ‚ ÎșατέσÎșαψΔ παΜ ΔÎčς Î­ÎŽÎ±Ï†ÎżÏ‚, τας ÎŽ' ÎżÎčÎșÎźÏƒÎ”Îčς ÎŽÎčαλύωΜ τα Ούλα ÎșαÎč Ï„ÎżÎœ ÎșÎ­ÏÎ±ÎŒÎżÎœ ΔÎčς ÏƒÏ‡Î”ÎŽÎŻÎ±Ï‚ ÎșÎ±ÎžÎźÏÎŒÎżÎ¶Î” ÎșαÎč συΜΔχώς ÎșÎ±Ï„Î·ÎłÎ”Îœ αύτας τω Ï€ÎżÏ„Î±ÎŒÏ‰ ÎŒÎ”Ï„ÎŹ Ï€ÎżÎ»Î»ÎźÏ‚ φÎčÎ»ÎżÏ„ÎčÎŒÎŻÎ±Ï‚ ΔÎčς Ï„ÎżÏ…Ï‚ ÎŸÎŻÎœÎčÎŹÎŽÎ±Ï‚ ».
  6. « Ï†ÎżÏÎŹÎŽÎ·Îœ υπ' αΜΞρώπωΜ ÎșÎżÎŒÎčÎ¶ÎżÎŒÎ­ÎœÎ·. »
  7. Livre V, chapitre 2, ligne 5.
  8. Pierrick Pourchasse Ă©crit dans le rĂ©sumĂ© de son travail : « L’espace Baltique au XVIIIe siĂšcle est une zone Ă©conomique active, pourvoyeuse de matiĂšres premiĂšres pour la construction navale vers l’Europe occidentale qui fournit en contrepartie des produits agricoles, manufacturĂ©s et coloniaux. La Baltique prĂ©sente un rĂ©seau portuaire dĂ©veloppĂ© mais dĂ©sĂ©quilibrĂ© : dense au nord et lĂąche au sud sur la cĂŽte continentale. MalgrĂ© un cadre mercantiliste peu favorable Ă  leurs activitĂ©s, les petits centres portuaires scandinaves trouvent leur place dans les trafics maritimes. Ils sont indispensables au fonctionnement des ports de commandement, en collectant les produits destinĂ©s Ă  l’exportation, mais dĂ©veloppent aussi leurs propres activitĂ©s maritimes. Leur dynamisme les fait participer Ă  la montĂ©e en puissance des marines scandinaves dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle » In : Pierrick Pourchasse, « Le dynamisme des petits ports de l’espace baltique au XVIIIe siĂšcle », Revues mĂ©diterranĂ©ennes, no 35 « Les petits ports »,‎ , p. 99-115 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. Le « teppai » un radeau en bambou de Taïwan.
  10. Comme dans les europĂ©ens, les mots se recoupent beaucoup entre bateliers, mariniers, radeleurs comme conducteur d’une embarcation sur l’eau, etc. Si l’on prend l’allemand rĂ©gional qui dĂ©signe aussi un FlĂ¶ĂŸer (flotteur) par Schiffer (batelier), il n’est pas logique de chercher un terme trĂšs prĂ©cis pour une langue plus ancienne que l’allemand de plusieurs siĂšcles.
  11. Les noms des radeaux varient en fonction du matĂ©riau ou s’ils comportent des flotteurs supplĂ©mentaires Ă  base de poteries ou de peaux gonflĂ©es, etc.
  12. Le Tarand est un radeau de bambous reliés entre eux dont on améliore la flottabilité avec des jarres ou des gourdes de cuir inversées.
  13. Le ćau ghaáč›Ä est un radeau dont la flottabilitĂ© est amĂ©liorĂ©e par des pots en terre cuite inversĂ©s.
  14. La Jùla est en fait un radeau qui flotte grùce à des gourdes en cuir gonflées.
  15. La ZhĂąl est un radeau rudimentaire voire un seul tronc qu'on utilisait pour traverser les riviĂšres
  16. En 1804, 77 Suisses souhaitant Ă©migrer vers la Russie par la Hollande partent de Malans dans le canton de Saint-Gall se noient lors d’un accident meurtrier de la puntera. In : Article « Flottaziun », Lexicon istoric retic, 2017
  17. Parmi les autres travaux oĂč on recrutait les femmes juives, il faut essentiellement citer les usines de tabac oĂč pratiquement la totalitĂ© des travailleuses sont juives, ou encore les usines d’alumettes trĂšs nocives pour la santĂ© avec un salaire de 30 kopeks par jour. En Lituanie, tous les casseurs de pierre sont juifsFeiwel 1903, p. 88.
  18. « The barque “Caesar Godeffroy” arrived in March 1855 with 182 German immigrants. Many descendants of these people live in this district today, including the Beckmans, Wunderlich’s, Zeitsch’ s and Schafer’s ».
  19. Denis Metzger raconte une anecdote rĂ©vĂ©latrice de cet Ă©tat d’esprit : « En 1729, l'annĂ©e mĂȘme de la canonisation de Jean NĂ©pomucĂšne, on Ă©rige sur le pont de Mousson une statue de la Vierge ; les Ă©tudiants allemands de l'UniversitĂ© voisine, profitent de la circonstance pour apposer sur son socle, une inscription gravĂ©e dans le marbre, en l'honneur du saint de Prague. En 1740 lorsque la vĂ©nĂ©ration de NĂ©pomucĂšne prend par trop d'importance Ă  ses yeux, l'Intendant fait enlever cette plaque et ordonne aux JĂ©suites de l'UniversitĂ© mussipontaine, de la remplacer par une Ă©pigraphie Ă  la gloire du duc rĂ©gnant. De la GalaiziĂšre ne pouvait ignorer que le chanoine tchĂšque Ă©tait le patron secondaire de la Compagnie de JĂ©sus, pas plus qu'il n'ignorait que Stanislas, qui se flattait de compter le saint dans son lignage, lui vouait une dĂ©votion ancienne qu'il partageait avec sa fille Marie Leszczynska, devenue reine de France ! » in : ">Denis Metzger, « Saint Jean NĂ©pomucĂšne dans le diocĂšse de Metz », ANM sur Revues et CongrĂšs,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  20. Les paroles sont dans l'article sur les flotteurs.
  21. Ouvert en 1976 et construit par l’ingĂ©nieur autrichien Ernest Klaus pour illustrer le flottage du bois dans les Carpates sur la Tereblia, puis la Tysa jusqu’en Hongrie. Des inondations en 1998 et 2001 ont gravĂ© endommagĂ© le musĂ©e, mais une partie est encore visitable.
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