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Amazone (fleuve)

L'Amazone (en espagnol RĂ­o Amazonas, en portugais Rio Amazonas[2]) est un fleuve d'AmĂ©rique du Sud. C'est le plus puissant fleuve du monde : son dĂ©bit moyen estimĂ© Ă  l'estuaire — de 209 000 m3/s pour la pĂ©riode 1973-1990[3] — est de loin le plus Ă©levĂ© de celui de tous les fleuves de la planète et il Ă©quivaut au volume cumulĂ© des six fleuves qui le suivent immĂ©diatement dans l'ordre des dĂ©bits. Ă€ elle seule[grec 2], l'Amazone reprĂ©sente d'ailleurs environ un cinquième du dĂ©bit fluvial du monde entier[4].

Amazone
Marañón, Apurímac, Ene, Tambo, Ucayali, Amazonas, Solimões
Illustration
Vue satellite de l'embouchure de l'Amazone.
Carte.
Carte du bassin de l'Amazone, avec le fleuve surligné.
Caractéristiques
Longueur entre 6 259 et 6 992 km, voire 7 025 km [grec 1]
Bassin 6 112 000 km2
Bassin collecteur bassin amazonien
DĂ©bit moyen 209 000 m3/s (embouchure)
Nombre de Strahler 12[1]
RĂ©gime pluvial tropical
Cours
Source Falaise d'Apacheta
· Localisation Nevado Mismi (Arequipa, Pérou)
· Altitude 5 170 m
· CoordonnĂ©es 15° 31′ 05″ S, 71° 45′ 55″ O
Embouchure Océan Atlantique
· Localisation Brésil
· Altitude m
· CoordonnĂ©es 0° 42′ 28″ N, 50° 05′ 22″ O
GĂ©ographie
Principaux affluents
· Rive gauche Marañón, Napo, Putumayo, Caquetá, Negro
· Rive droite Ucayali, Juruá, Purus, Madeira, Tapajós, Xingu
Pays traversés Drapeau du Pérou Pérou, Drapeau de la Colombie Colombie, Drapeau du Brésil Brésil
Principales localités Iquitos, Leticia, Tabatinga, Coari, Manaus, Santarém, Macapá

Avec ses 7 025 km[5] (dans sa branche ApurĂ­mac-Ucayali[6]), c'est le plus long fleuve de la Terre avec le Nil[grec 1].

L'Amazone est aussi le plus grand fleuve par l'immensitĂ© de son bassin. Il draine une surface de 6 112 000 km2 (sans le rio Tocantins) soit 40 % de l'AmĂ©rique du Sud et l'Ă©quivalent d'une fois et demie la surface de l'Union europĂ©enne (le Congo, deuxième fleuve pour la superficie de son bassin, ne draine que 3,8 millions de km2). Le bassin de l'Amazone s'Ă©tend des latitudes 5° nord jusqu’à 20° sud. Le fleuve prend sa source dans la cordillère des Andes, traverse le PĂ©rou, la Colombie et le BrĂ©sil, et se jette dans l'ocĂ©an Atlantique au niveau de l'Ă©quateur.

Son rĂ©seau hydrographique compte plus de 1 000 cours d'eau. L'Amazone est Ă  l'origine de 18 % du volume total d'eau douce dĂ©versĂ©e dans les ocĂ©ans du monde. Ses deux principaux affluents, le rio Madeira et le rio Negro font eux-mĂŞmes partie des 10 plus importants cours d'eau du monde par leurs dĂ©bits (32 000 et 29 300 m3/s), et le troisième le rĂ­o Caquetá (18 600 m3/s) rivalise avec le Mississippi.

Dans son cours infĂ©rieur, la largeur du lit habituel de l'Amazone (qui, mĂŞme hors des pĂ©riodes de crue, atteint une moyenne de 10 km et plus en aval de Manaus[7]) est telle que l'on ne voit la rive opposĂ©e que par temps clair, ce qui, Ă©tant donnĂ© le niveau de l'hygromĂ©trie des rĂ©gions traversĂ©es, est relativement rare. C'est probablement pourquoi les populations autochtones de ces rives ont surnommĂ© l'Amazone el rĂ­o mar (« le fleuve mer ») et mĂŞme el rĂ­o ocĂ©ano (« le fleuve ocĂ©an »). On en trouve tĂ©moignage dans le poème Ă©pique Los Reinos Dorados (« Les Royaumes d'Or ») (2007), de Homero Carvalho Oliva (nĂ© en 1957), qualifiĂ© d'« Ă©popĂ©e postmoderne bolivienne » par Christina Ramalho professeure Ă  l'universitĂ© fĂ©dĂ©rale de Sergipe au BrĂ©sil, en lien avec les mythes indigènes (surtout Guaranis) de la « Mère de l'Eau » et de la « Terre sans Mal »[8].

La démesure de l'Amazone s'apprécie aussi en constatant qu'aucun pont ni barrage ne la franchit sur des milliers de kilomètres (la traversée se fait en bac ou ferry), et qu'il faut remonter très haut sur ses deux formateurs les río Marañón et río Ucayali pour trouver de tels aménagements. Tout s'y oppose : la largeur du fleuve, sa profondeur, sa puissance, la multitude d'îles et de bras fluviaux, les berges inondées plusieurs mois par an et remodelées à chaque crue. La technique d'aujourd'hui ne permet pas de s'affranchir de telles difficultés. C'est pourquoi les actuels projets de barrages ne concernent que les affluents (rio Madeira, rio Xingu). S'ils se concrétisent, ils prendront néanmoins place parmi les plus grandes réalisations hydrauliques au monde en surpassant les barrages des Trois-Gorges et d'Itaipu.

Le fleuve est navigable pour les bateaux Ă  vapeur jusqu'Ă  Iquitos, Ă  3 700 km de la mer, et pour les plus petits vaisseaux, sur encore 780 km jusqu'Ă  Achual Tipishca. Au-delĂ , les petits bateaux franchissent frĂ©quemment le dĂ©filĂ© du Pongo de Manseriche sur le rĂ­o Marañón.

Hydronyme

Avant la conquête de l’Amérique du Sud, le Río de las Amazonas n’avait pas de nom général ; à la place les différentes tribus indigènes avaient des noms qui désignaient chacune des sections qu’ils occupaient, tels Paranaguaza, Guyerma, Solimões et d’autres.

Vicente Yáñez Pinzón, qui fut le premier explorateur du fleuve, l’appela le fleuve Río Santa Maria de la Mar Dulce, du fait de l’absence de salinité en mer au niveau de son embouchure. Ce fut rapidement abrégé en Mar Dulce, puis enfin pour quelques années, après 1502, il fut connu sous le nom Río Grande.

Les compagnons de Pinzón appelèrent le fleuve El Río Marañón. Le mot Marañón a, pour certains, des origines indigènes. Cette idée fut développée pour la première fois dans une lettre de Pierre Martyr d'Anghiera adressée à Lope Hurtado de Mendoza en 1513. Cependant, ce mot peut aussi dériver de l’espagnol maraña — qui signifie un enchevêtrement, une pagaïe — il représenterait ainsi les difficultés rencontrées par les premiers explorateurs lors de la navigation non seulement de l’embouchure du fleuve mais aussi des multiples canaux et des rives découpées qui forment l’actuel État brésilien du Maranhão.

Selon l'explication traditionnelle mais peut-être légendaire, c'est Francisco de Orellana qui lui donna le nom d'Amazone pour la simple raison que pendant son voyage sur le fleuve, il fut attaqué le par une tribu de femmes guerrières, établissant une analogie avec les Amazones[9]. Cette hydronymie est cependant controversée. Il est possible que Francisco de Orellana ait imité un terme indigène, à cause de son assonance, puisqu'une des étymologies d'Amazone fait remonter ce terme à amassona qui signifie dans les langues tupi « destructeur de bateau », en référence aux mascarets qui créent des vagues dévastatrices en amont pendant les grandes marées de printemps[10].

Le nom río Marañón a toutefois été conservé au Pérou pour désigner la partie du fleuve située en amont du confluent du río Ucayali.

Histoire

Les Amérindiens

Les Amérindiens ont laissé de nombreuses traces de leur vie antérieure à la colonisation. Elles donnent l'occasion de nombreuses recherches et de publications en conséquence. Dans les domaines de l'archéologie, l'ethnohistoire, l'anthropologie, l'écologie, la botanique ou la pédologie, en particulier[11].

L’exploration européenne

Pendant l’année 1500, Vicente Yáñez Pinzón, aux commandes d’une expédition espagnole, devient le premier Européen à explorer le fleuve, parcourant seulement son embouchure qu’il découvre en remarquant de l’eau douce en pleine mer.

C'est depuis sa source que l’Amazone a été réellement explorée. La première descente complète de l’Amazone par les Européens depuis les Andes jusqu’à la mer est due à Francisco de Orellana en 1541-1542[12] - [13]. Cette descente eut lieu par hasard car Orellana, qui avait été envoyé en reconnaissance par Gonzalo Pizarro pour rechercher des vivres, dut naviguer durant neuf jours avant d'en trouver et, ne pouvant revenir en arrière en raison du courant, décida de continuer la descente jusqu’à l’Atlantique. Le nom Amazone provient d’une bataille qui eut lieu contre la tribu des Tapuyas durant laquelle les femmes de la tribu se battaient aux côtés des hommes, selon la coutume des Tapuyas. D'après le récit détaillé que fait de l'expédition le moine Gaspar de Carvajal, ces femmes avaient leur propre royaume et vivaient séparées des hommes à la façon des Amazones d’Asie et d’Afrique de la mythologie, décrites notamment par Hérodote et Diodore.

La première remontée complète du fleuve par les Européens est due au Portugais Pedro Teixeira, qui, en 1638, fait la route inverse d’Orellana et atteint Quito en passant par le río Napo. Il redescend le fleuve en 1639 avec les pères jésuites Cristóbal de Acuña et Artieda, délégués par la vice-royauté du Pérou pour l'accompagner[14].

Henry Lister-Maw, en 1827, à partir du rio Huallaga, descend l'Amazone et rejoint l'océan[15].

En 1997, l'aventurier sud-africain Mike Horn descend l'Amazone en hydrospeed, sans assistance.

En 2007, le nageur slovène Martin Strel parcourt le fleuve Ă  la nage en le descendant sur une distance de 5 265 kilomètres en 66 jours[16].

Du au , Edward Stafford a parcouru Ă  pied toute la longueur de l'Amazone depuis sa source, soit 6 500 km[17].

RĂ©gime hydrologique

DĂ©bit

Le dĂ©bit du fleuve a Ă©tĂ© observĂ© pendant 69 ans (1928-1996) Ă  Ă“bidos, ville de l'État brĂ©silien du Pará situĂ©e Ă  537 km de son dĂ©bouchĂ© dans l'ocĂ©an Atlantique[18].

Ă€ Ă“bidos, le dĂ©bit annuel moyen ou module observĂ© sur cette pĂ©riode Ă©tait de 176 177 m3/s pour une surface drainĂ©e de 4 640 300 km2, soit 79,27 % du bassin versant total qui compte quelque 5 853 804 km2. En effet la surface Ă©tudiĂ©e ne comprend notamment ni les importants bassins « droits » du rio TapajĂłs (13 400 m3/s) et du rio Xingu (9 900 m3/s), ni les plus petits bassins « gauches » tels celui du rio Jari (1 300 m3/s), Ă©tant donnĂ© que le confluent de ces rivières se trouve en aval de la ville d'Ă“bidos.

La lame d'eau Ă©coulĂ©e dans l'ensemble de la surface Ă©tudiĂ©e atteint 1 197 mm/an. C'est plus de trois fois plus que pour le bassin du Congo, le Congo second fleuve du monde pour son dĂ©bit et dont la lame d'eau Ă©coulĂ©e mesurĂ©e Ă  Kinshasa — c'est-Ă -dire pour la quasi-totalitĂ© du bassin — ne s'Ă©lève qu'Ă  359 mm/an[19].

DĂ©bit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : Ă“bidos
(données calculées sur 69 ans)
DĂ©bit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : (estimation des débits moyens mensuels de l'Amazone
Ă  l'embouchure en prenant en compte ses 4 derniers affluents)
(données calculées sur 69 ans)

L'Ă©normitĂ© des dĂ©bits n'a pas Ă©tĂ© immĂ©diatement admise, et on a longtemps enseignĂ© que le dĂ©bit de l'Amazone Ă©tait de 100 000 m3/s, chiffre considĂ©rable mais plus « raisonnable » que les chiffres rĂ©els. Mais la bonne apprĂ©ciation, les jaugeages fiables Ă©taient difficiles Ă  calibrer compte tenu de particularitĂ©s de l'Ă©coulement : la pente est très faible de la Cordillère des Andes Ă  l'embouchure et le lit du fleuve est très profond (plus de 80 m) ce qui le situe en dessous du niveau de la mer. L'Ă©coulement, pourtant relativement rapide, ne provient donc pas ou peu de la pente, mais des masses d'eau en amont qui « poussent » les masses d'eau aval vers la mer. Il a fallu analyser finement cette mĂ©canique pour adapter les outils de jaugeage du fleuve et obtenir les bons chiffres.

Crue (débordement)

Vue satellitaire d'une portion du fleuve en crue, près des villes d'Óbidos et d'Oriximiná, à mi-chemin entre Manaus et le delta. Le reflet métallique du soleil sur l’eau boueuse montre les zones inondées.

Les pluies saisonnières entraĂ®nent des crues, inondant de vastes zones bordant l’Amazone et ses affluents. La profondeur moyenne du fleuve pendant le gros de la saison des pluies est de 40 m et la largeur peut atteindre 40 km. Le niveau de l’eau commence Ă  s’élever en novembre, puis le volume grossit jusqu’en juin, avant de chuter jusqu’à la fin octobre. La crue de son affluent le rio Negro n’est pas synchronisĂ©e ; la saison des pluies ne dĂ©bute pas dans sa vallĂ©e avant fĂ©vrier ou mars, en juin son niveau est au plus fort et commence Ă  chuter avec l’Amazone. Le Madeira a, quant Ă  lui, exactement deux mois d’avance sur l’Amazone dans sa crue et sa dĂ©crue.

Pendant la saison des pluies, l’Amazone inonde d’un bout Ă  l’autre de son cours une surface de plusieurs centaines de kilomètres carrĂ©s, couvrant ainsi plus ou moins toutes les plaines inondables. Le niveau du fleuve est, Ă  certains endroits, 12 Ă  15 m plus haut que pendant la saison sèche. Pendant la crue, le niveau Ă  Iquitos est de m ; Ă  TefĂ© de 15 m ; près d'Ă“bidos, 11 m ; et Ă  Pará, m, au-dessus du niveau le plus bas pendant la saison sèche.

Cours de l'Amazone

Source et hautes terres

L'Amazone sort d'une falaise du Nevado Mismi, la source est indiquée par une croix en bois.

Depuis le XVIIe siècle, on tenait dĂ©jĂ  pour l'hypothèse la plus vraisemblable que l'Amazone prenait sa source dans les glaciers des Andes[20], sans pour autant arriver Ă  la localiser prĂ©cisĂ©ment et avec certitude. En 1953, on pensait enfin l'avoir dĂ©couverte près du sommet du Nevado Huacra, un glacier Ă  5 238 m, et c'Ă©tait le Français Michel Perrin qui en Ă©tait l'auteur[20]. Durant vingt ans, jusqu'en 1971, cette hypothèse a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme la plus solide, et c'est elle qui est prĂ©sentĂ©e dans l'Encyclopædia Universalis par Pierre Carrière[7].

En fait, la source la plus lointaine de l’Amazone dans les Andes pĂ©ruviennes n'a Ă©tĂ© fermement Ă©tablie que rĂ©cemment. C’est un ruisseau qui jaillit Ă  5 170 m[21] d'une falaise situĂ©e dans la rĂ©gion d'Arequipa sur un sommet de 5 507 m d’altitude, le Nevado Mismi, approximativement Ă  160 km Ă  l'ouest du lac Titicaca et environ Ă  650 km au sud-est de Lima. Cette montagne fut suggĂ©rĂ©e pour la première fois comme la vĂ©ritable source en 1971 par une expĂ©dition amĂ©ricaine dirigĂ©e par Moren McIntyre[20], mais ne fut pas confirmĂ©e avant dĂ©cembre 2000 par Andrew Pietowski[20], et encore en 2001[22] - [23] - [24].

Le ruisseau s’écoule depuis le Nevado Mismi jusqu’à la rivière Apurímac. L’Apurímac prend successivement le nom de Ene puis de Tambo et forme l'Ucayali après avoir rejoint le río Urubamba qui vient de Cuzco. L'Ucayali se joint au Marañón après un long parcours vers le nord. Le fleuve prend alors le nom d'Amazonas au Pérou et en Colombie, puis celui de rio Solimões en entrant au Brésil au niveau de Tabatinga, et à nouveau celui d'Amazone à la hauteur de Manaus, après avoir été rejoint par le rio Negro.

La longueur précise totale des fleuves est toujours sujette à controverse : en effet elle est complexe à établir sur le terrain et elle est dépendante des paramètres et du mode de calcul choisis, eux-mêmes difficiles à standardiser car s'appliquant à des situations hétérogènes. De plus des enjeux de fierté locale, scientifique, nationale ou même continentale s'attachent à la question de savoir qui est le découvreur de "la" source, quel lieu et quel pays la "détiennent", et quel fleuve détient le "record du monde" de longueur ou de puissance. Alors que, à l'évidence, puisque par nature un système fluvial est une arborescence descendante, toutes les sources de tous ses affluents sont à la source du flux d'eau douce qui s'embouche à la mer et s'y déverse, et que bien sûr toutes les sources contribuent à son cours. Ces controverses et ces enjeux montrent à l'envi l'importance des rôles économique et écologique majeurs, voire vitaux, que jouent les fleuves du monde, mais aussi la fascination qu'ils exercent et leur importance symbolique dans l'imaginaire collectif... La meilleure preuve en est la quête, devenue mythique — et encore d'actualité de nos jours — des sources du Nil et de celles de l'Amazone. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons qu'il existe pour la plupart des fleuves du monde des mesures différentes de leur longueur[grec 1].

Longueur (controversée) du fleuve

MĂŞme en tenant compte de ces rĂ©serves, on sait en tout cas aujourd'hui que l'Amazone le dispute au Nil pour la place de plus long fleuve du monde : ainsi, par exemple, le Dictionnaire "Le Robert"[6] indique que la longueur totale du fleuve Amazone de sa source Ă  son embouchure est de 6 400 km pour la branche mère du Marañon, mais 7 025 km pour la branche mère Ucayali-ApurĂ­mac (si l'on y inclut le bras nommĂ© rio Pará situĂ© au sud de l'Ă®le de MarajĂł dans l'embouchure que l'Amazone partage avec le rio Tocantins[25]). C'est aussi cette dernière mesure que retient Pierre Carrière dans l'Encyclopædia Universalis[7]. Or les mĂŞmes sources indiquent 6 671 km pour le Nil, ce qui le place en position exactement intermĂ©diaire entre les deux mesures donnĂ©es pour l'Amazone. D'autres sources indiquent que la longueur de l'Amazone serait pour sa branche Ucayali-ApurĂ­mac de 6 992 km[21] (c'est-Ă -dire sans inclure son embouchure maximum ni le chenal du rio Pará), ce qui met encore l'Amazone au-dessus du Nil. Toujours est-il que l'Amazone est de très loin, et cette fois sans conteste, le premier de tous les fleuves du monde par son dĂ©bit et la surface de son bassin.

Autre question controversĂ©e donc : quelle est la vĂ©ritable branche mère du fleuve ? Ucayali ou Marañón ? Le système Ucayali-Tambo-Ene-ApurĂ­mac est nettement plus long que le Marañón (2 670 km contre 1 570), mais le Marañón a un bassin plus vaste que celui de l'Ucayali (380 000 contre 360 000 km2) ; son dĂ©bit est supĂ©rieur (16 400 contre 13 300 m3/s) et il dĂ©termine la direction gĂ©nĂ©rale ouest-est du fleuve. D'un point de vue hydrologique, le Marañón reste donc la branche mère de l'Amazone, mais il n'est pas absurde de prendre en compte l'Ucayali pour Ă©tablir la longueur maximale du rĂ©seau fluvial et Ă©tablir des comparaisons avec d'autres systèmes. On appliquera le mĂŞme raisonnement pour de nombreux cours d'eau, et non des moindres, comme le Mississippi (plus grande longueur = Mississippi + Missouri + Jefferson, plus gros dĂ©bit = Mississippi + Ohio + Allegheny), la Seine (longueur = Seine + Marne, dĂ©bit = Seine + Yonne), et mĂŞme le grand Nil (longueur = Nil + Nil Blanc, dĂ©bit = Nil + Nil Bleu).

Le rĂ­o Marañón quant Ă  lui prend sa source Ă  200 km au nord de Lima et Ă  120 km seulement de l'ocĂ©an Pacifique. Il suit un cours nord-nord est parallèle Ă  la cĂ´te Pacifique pendant 700 km, avant d'amorcer une courbe de 200 km en direction de l'Atlantique. Pour ce faire, il traverse les plis de la Cordillère par une sĂ©rie de dĂ©filĂ©s ou pongos et reçoit son premier grand affluent, le rĂ­o Santiago (1 700 m3/s) qui vient de l'Équateur et augmente son dĂ©bit de plus d'un tiers. Juste après ce confluent, il franchit le dernier et le plus impressionnant des pongos, le Pongo de Manseriche et entre dans l'immense plaine qu'il ne quittera plus jusqu'Ă  l'ocĂ©an Atlantique. Il reçoit trois grands affluents sur sa rive gauche (le Morona, le Pastaza, le Tigre) qui viennent aussi d'Équateur, et un quatrième plus important encore sur sa rive droite: l'Huallaga (3 800 m3/s). Ces nouveaux affluents multiplient son dĂ©bit par quatre. Il quitte la zone des Andes et pĂ©nètre dans les plaines inondĂ©es. Ă€ partir de ce point jusqu’à l'Ucayali et bien au-delĂ , sur environ 2 400 km, les rives forestières sont Ă  peine hors d’eau et restent longtemps inondĂ©es avant que le fleuve n’atteigne son niveau maximal. Les rives peu Ă©levĂ©es sont interrompues par seulement quelques collines, puis le fleuve pĂ©nètre l’énorme forĂŞt amazonienne. Ă€ Tabatinga, frontière avec le BrĂ©sil, il prend le nom de rio Solimões, son dĂ©bit atteint dĂ©jĂ  38 000 m3/s, soit presque celui du Congo Ă  son embouchure.

Selon une Ă©tude de 2007, la longueur de l'Amazone-Ucayali serait de 4 225 milles (6 800 km), le Nil s'Ă©tirant lui sur 4 160 milles (6 695 km) faisant de l'Amazone le plus long fleuve du monde[26]. D'autres Ă©tudes font Ă©tat d'une longueur supĂ©rieure Ă  7 000 km, mais elles intègrent comme on l'a vu le rio Pará comme appartenant Ă  l'Amazone alors que pour d'autres il s'agit surtout de l'estuaire d'un autre système fluvial, le rio Tocantins.

La forĂŞt amazonienne

La forêt amazonienne traversée par l’Amazone.

La forêt amazonienne débute à l’est des Andes. Elle est d’une grande importance écologique, étant capable d’absorber de gigantesques quantités de dioxyde de carbone. La conservation de la forêt amazonienne est un des plus grands problèmes écologiques de ces dernières années.

La forĂŞt tropicale est issue du climat extrĂŞmement humide du bassin amazonien. L’Amazone et ses milliers d’affluents s’écoulent lentement Ă  travers le paysage par une pente si faible que c’est en rĂ©alitĂ© la poussĂ©e de l’eau en amont qui pousse le flux vers la mer. La ville de Manaus, Ă  1 000 km de l’Atlantique, est situĂ©e seulement Ă  44 m au-dessus du niveau de la mer.

La biodiversitĂ© de la forĂŞt amazonienne est très importante : la rĂ©gion abrite plus de 2,5 millions d’espèces d’insectes, des dizaines de milliers de plantes, et quelque 2 000 espèces d'oiseaux et de mammifères. Une espèce d’oiseaux sur cinq est reprĂ©sentĂ©e dans la forĂŞt amazonienne.

La diversitĂ© de la flore dans le bassin amazonien est la plus forte du monde. Certains experts estiment qu’un kilomètre carrĂ© peut contenir jusqu’à 90 000 tonnes de matière vĂ©gĂ©tale vivante.

Vers la mer

La largeur de l’Amazone est, Ă  certains endroits, de 6 Ă  10 km d’une rive Ă  l’autre ; la largeur peut atteindre 40 km. Par ailleurs, sur de longues distances, le fleuve se divise en deux cours principaux avec, entre eux et sur leurs rives, de nombreux bras qui sont connectĂ©s entre eux par un rĂ©seau complexe de canaux naturels dĂ©coupant les basses plaines de l’igapo (jamais plus de m au-dessus du niveau du fleuve) en d’innombrables Ă®les.

Ă€ la passe d’Óbidos (600 km avant la mer), l’Amazone se resserre, s’écoulant uniquement dans un seul lit d’un peu plus d’un kilomètre de large et de plus de 60 m de profondeur, par lequel l’eau se prĂ©cipite vers la mer Ă  une vitesse de 6 Ă  8 km/h.

Confluent du rio Solimões et du rio Negro à Manaus.

Ă€ partir du village de Canaria (au niveau du grand coude du fleuve) jusqu’au Negro 1 000 km en aval, il y a seulement de très basses plaines, ressemblant Ă  celles de l’embouchure de l’Amazone. Les vastes surfaces de plaines de cette rĂ©gion sont submergĂ©es par les eaux montantes, seules les hautes branches des sombres forĂŞts apparaissent encore Ă  la surface. Près du confluent du rio Negro, presque au niveau du rio Madeira, les rives de l’Amazone sont basses mais en s’approchant de Manaus, elles s’élèvent et forment des collines ondulantes. Ă€ Ă“bidos, les collines forment une falaise surplombant le fleuve de 17 m. L’Amazone infĂ©rieure semble avoir Ă©tĂ© par le passĂ© un golfe de l’ocĂ©an Atlantique, dont les eaux ont alors baignĂ© les falaises près d’Óbidos.

L’eau drainée en aval d’Óbidos ne représente que 10 % environ de l’eau totale débitée par l’Amazone ; une très petite part de ces 10 % provient du versant septentrional de la vallée. La zone de drainage du bassin amazonien au-dessus d’Óbidos est d’environ cinq millions de km2, et, en dessous, d’un million de km2 soit 20 % (bassin du rio Tocantins non compris).

Dans les plus petites sections droites du fleuve, la rive nord consiste en une série d’abruptes collines à sommet plat, elles s’étendent depuis le rio Xingu jusqu’à Monte Alegre. Ces collines alignées et abruptement découpées contrastent avec le fleuve.

Monte Alegre atteint une altitude de plusieurs dizaines de mètres. Sur la rive sud, au-dessus du rio Xingu, un alignement quasi ininterrompu de basses falaises s’étend jusqu’à Santarém en formant de légères courbes avant de tourner vers le sud-ouest et de se fondre avec les falaises qui forment les terrasses de la vallée du rio Tapajós.

Embouchure du fleuve

Image satellite de l'embouchure du fleuve.

La largeur de l’embouchure du fleuve est souvent mesurĂ©e de Cabo do Norte jusqu’à Punto Patijoca, ce qui fait une distance de 330 km ; mais ceci inclut l’embouchure du rio Pará (60 km de large) qui doit ĂŞtre dĂ©duite, car il s'agit de l'estuaire du Tocantins. Cela inclut Ă©galement la façade atlantique de MarajĂł, une Ă®le mesurant Ă  peu près la taille de la Suisse et qui se trouve entre l’embouchure de l’Amazone et le Pará-Tocantins. Cette Ă®le est sĂ©parĂ©e du continent Ă  l'ouest par les « furos », chenaux qui relient les deux systèmes fluviaux, mais il arrive qu'aucun courant n'y soit perceptible. C'est pourquoi le Tocantins est le plus souvent considĂ©rĂ© comme indĂ©pendant du système amazonien, surtout par les BrĂ©siliens, car il est le plus grand fleuve qui coule entièrement en territoire national.

Cette analyse est parfois discutée. Quelques études indiquent que l'apport de l'Amazone au rio Pará par les « furos » serait loin d'être négligeable, et constituerait le tiers de l'eau douce qui passe au sud de l'île de Marajó. Cela n'implique pas que le rio Tocantins soit un affluent de l'Amazone, mais qu'il s'agit seulement d'un autre fleuve qui partage la même embouchure[25] - [27].

Le volume d'eau douce dĂ©versĂ© dans l'ocĂ©an Atlantique par l'Amazone (et le Tocantins) est si Ă©levĂ© que la salinitĂ© et la couleur sont modifiĂ©es jusqu'Ă  300 km des cĂ´tes. Les eaux limoneuses de l'Amazone, qui lui donnent sa teinte jaune caractĂ©ristique (portugais : rios brancos) dans les zones alluviales, dĂ©versent chaque annĂ©e dans l'Atlantique 1 million de tonnes de particules solides et ne commencent Ă  fusionner vraiment avec la masse des eaux ocĂ©aniques qu'Ă  plus de 100 km au large de l'embouchure[7].

Toutefois, un certain nombre d'indices concordants semblent indiquer qu'une profonde rivière souterraine, — ou peut-ĂŞtre plutĂ´t un aquifère[28] —, nommĂ©e Hamza, encore hypothĂ©tique en 2011[28] - [4] - [29], coulerait sous l'Amazone et parallèlement Ă  elle, drainant le mĂŞme bassin versant qu'elle Ă  une profondeur de 4 000 m[30]. L'Hamza se dĂ©verserait dans les profondeurs de l'ocĂ©an Atlantique et serait probablement co-responsable avec l'Amazone elle-mĂŞme des poches Ă  faible salinitĂ© observĂ©es dans la zone d'embouchure, mais dĂ©jĂ  loin au large des cĂ´tes[31]. Ainsi, selon un communiquĂ© publiĂ© par le DĂ©partement de gĂ©ophysique Ă  l’Observatoire national du BrĂ©sil, « il est probable que cette rivière, ou fleuve souterrain d'eau douce [l'Hamza] est aussi responsable du faible niveau de salinitĂ© des eaux de mer dans la rĂ©gion autour de l’embouchure de l’Amazone »[4] - [30].

En tout cas, quels que soient le qualificatif que l'on donnera finalement Ă  l'important système hydrologique souterrain de l'Hamza et la description que l'on en fera, et malgrĂ© la lenteur relative de son flux (de 10 Ă  100 m par an[30]), il semble bien que (outre le rio Tocantins) l'Amazone ne soit pas Ă  elle seule responsable de cet adoucissement considĂ©rable et inhabituel de l'eau marine que l'on observe dans l'ocĂ©an après son embouchure.

Vague déferlante

Longeant les cĂ´tes, un peu au nord de Cabo do Norte, et sur 160 km le long de la marge de la Guyane, il existe une ceinture d’îles quasi submergĂ©es ainsi que des bas-fonds et des bancs de sable. Ici un phĂ©nomène de marĂ©e appelĂ© mascaret (vague dĂ©ferlante), ou Pororoca, se produit, lĂ  oĂą la profondeur n’excède pas 7 mètres. La vague dĂ©ferlante dĂ©bute par un simple rouleau, grossissant constamment, et progressant Ă  une vitesse de plus de 60 km/h, et une hauteur de 1,5 Ă  4 mètres. Le mascaret est la raison pour laquelle l’Amazone ne possède pas de vĂ©ritable delta : l’ocĂ©an emporte rapidement le vaste volume de vase drainĂ©e par l’Amazone, ce qui rend impossible la formation d’un delta.

Principaux affluents

Le fleuve Amazone possède plus de 1 000 affluents. Les plus notables sont :

  • Anajas (300 km, 950 m3/s)
  • BadajĂłs (450 km, 1 300 m3/s)
  • Caquetá ou Japurá (2 420 km, 18 600 m3/s)
  • Coari (450 km, 1 300 m3/s)
  • Curuá ou Cuminapanema (480 km, 550 m3/s)
  • Curuá Una (280 km, 680 m3/s)
  • Huallaga (1 060 km, 3 800 m3/s)
  • Jandiatuba (520 km, 980 m3/s)
  • Jari (790 km, 1 300 m3/s)
  • Javari (1 090 km, 4 500 m3/s)
  • Juruá (3 100 km, 8 400 m3/s)
  • JutaĂ­ (980 km, 3 400 m3/s)
  • Madeira (4 207 km, 32 000 m3/s)
  • Manacapuru (300 km, 550 m3/s)
  • Marañón (1 570 km, 16 400 m3/s branche mère ouest)
  • Morona (530 km, 1 000 m3/s)
  • Nanay (410 km, 930 m3/s)
  • Napo (1 110 km, 6 200 m3/s)
  • Negro (2 400 km, 29 300 m3/s)
  • Nhamundá (590 km, 900 m3/s)
  • Rio Paru de Oeste (790 km, 970 m3/s)
  • Pastaza (740 km, 2 700 m3/s)
  • Purus (3 090 km, 10 970 m3/s)
  • Putumayo (ou Içá) (1 930 km, 8 670 m3/s)
  • Samiria (350 km, 640 m3/s)
  • Santiago (500 km, 1 700 m3/s)
  • TapajĂłs (2 280 km, 13 400 m3/s)
  • TefĂ© (480 km, 810 m3/s)
  • Tigre (940 km, 2 700 m3/s)
  • Trombetas (760 km, 2 560 m3/s)
  • UatumĂŁ (710 km, 2 200 m3/s)
  • Ucayali (2 570 km, 13 300 m3/s branche mère sud)
  • Urubu (450 km, 450 m3/s)
  • Xingu (2 270 km, 9 900 m3/s)

Cette liste comporte seulement les affluents du flux principal (ceux qui se jettent dans le Marañón, le rio Solimões, ou l'Amazone), elle ne mentionne pas les sous-affluents dont beaucoup sont considérables en comparaison des standards européens.

La rencontre des affluents avec le flux principal est complexe et constitue une autre particularité de ce fleuve. La puissance du « fleuve-mer » crée un barrage qui contrarie les affluents dont beaucoup sont eux-mêmes d'immenses cours d'eau. Et ce d'autant plus que la pente est nulle ou presque. Ce phénomène aboutit à la création de deux sortes de confluents bien différenciés, ce qui est très visible sur les vues aériennes :

  • Les affluents aux « eaux blanches », chargĂ©s d'alluvions, crĂ©ent de vĂ©ritables deltas parfois Ă©talĂ©s sur de vastes surfaces le long de la rive du fleuve. C'est notamment le cas du Caquetá ou Japurá et du Madeira. La prise en compte ou non des bras secondaires (qui Ă©coulent quand mĂŞme des volumes importants) contribue Ă  une incertitude de plusieurs centaines de kilomètres pour la longueur totale de ces affluents.
  • Les affluents aux « eaux noires » ou « claires », qui transportent peu de sĂ©diments, crĂ©ent de vĂ©ritables « lacs-estuaires » avant l'embouchure. Ils peuvent atteindre des largeurs impressionnantes, de 10 Ă  20 km (supĂ©rieures Ă  celles de l'Amazone), sur des centaines de kilomètres. Ce phĂ©nomène est particulièrement visible sur le Xingu, Negro, et le TapajĂłs. Il est sans doute amplifiĂ© par la tectonique dans les deux derniers cas. Ce phĂ©nomène se produit aussi pour des affluents moins importants comme le RĂ­o TefĂ©, le rio Coari, ou le RĂ­o Manacapuru, rivières qui ont crĂ©Ă© les lacs du mĂŞme nom, soit autant de sites favorables Ă  l'installation de ports fluviaux importants comme TefĂ© et Coari.

Dans tous les cas, cet effet de barrage (voire de refoulement lors des crues) perturbe fortement l'Ă©coulement des eaux et ne permet pas des jaugeages directs fiables sur le cours infĂ©rieur des affluents. C'est pourquoi ces jaugeages sont faits largement en amont et extrapolĂ©s pour Ă©tablir les dĂ©bits Ă  l'embouchure, ou mĂŞme sont calculĂ©s indirectement par le bilan hydrique, avec une marge d'erreur. C'est ainsi que la mesure du dĂ©bit du Negro Ă  Manaus n'est pas fiable car trop proche de l'Amazone. Les dĂ©bits indiquĂ©s pour cet affluent (de 28 000 Ă  31 000 m3/s) sont donc Ă©tablis indirectement.

Faune de l’Amazone

Un piranha.

Les eaux de l’Amazone abritent une faune riche et variĂ©e. Avec l’OrĂ©noque, le fleuve est l’un des principaux habitats du boto, Ă©galement connu sous le nom de dauphin de l’Amazone. C’est la plus grande espèce de dauphin d’eau douce pouvant atteindre 2,6 m.

Également prĂ©sents en grand nombre, les cĂ©lèbres piranhas, poissons carnivores qui se regroupent en de larges bancs et qui peuvent s’attaquer au bĂ©tail et mĂŞme Ă  l’homme. Bien que beaucoup d’experts pensent que leur rĂ©putation de fĂ©rocitĂ© soit injustifiĂ©e, un banc de piranhas est apparemment responsable de la mort de 300 personnes qui chavirèrent près d’Óbidos en 1981.

L’anaconda géant vit également dans les eaux troubles du bassin amazonien. C’est l’une des plus grandes espèces de serpent. L’anaconda passe le plus clair de son temps dans l’eau, avec seulement ses narines dépassant à la surface. Quelques attaques de pêcheurs par des anacondas ont été rapportées.

Le fleuve abrite également des milliers d’espèces de poissons, d’amphibiens, de crabes et de tortues.

Le bassin de l'Amazone contient environ le quart de toutes les espèces animales répertoriées sur la planète et bien d'autres encore qui restent à identifier.

L'Amazone regroupe divers types de biotope possédant plusieurs qualités d'eau qui influent sur les biotopes. On distingue habituellement trois types de cours d'eau, les eaux noires (agua preta), les eaux blanches (agua blanca), les eaux claires (agua clara).

L’eau noire

C'est une eau marron foncé, couleur thé bien concentré, qu'elle doit à l’énorme quantité de matière végétale en décomposition qui la charge de matières humiques.

Malgré cette couleur, l’eau n’est pas trouble mais limpide, et la visibilité y est importante. Son pH est faible, compris entre 3,5 et 5. Ces eaux sont exemptes de carbonates et leur dureté totale est quasi inexistante. Les végétaux y sont très rares, la pénétration de la lumière dans l’eau étant fortement atténuée par la coloration de celle-ci et son acidité est également incompatible avec leur développement. Le fond des rios est sablonneux, d’un sable clair et fin et jonché de feuilles et de branches tombées dans l’eau.

Les principaux rios à eaux noires sont : le rio Negro, le rio Abacaxis, le haut rio Trombetas et le haut rio Nhamundá.

L’eau blanche

Contrairement au nom qu’elle porte, l'eau de ces cours d'eau est ocre-jaune. Son aspect trouble et sa couleur lui sont donnés par la grosse quantité d’argile en suspension qu’elle contient. Son pH est compris entre 6,2 et 7,2 et sa dureté totale inférieure à 1°.

Dans ce type de biotope, la visibilité dans l’eau est quasiment nulle et la pénétration de la lumière dans celle-ci est encore moins forte que dans les eaux noires. Par contre, le fond des rios, constitué d’argile, est jonché des mêmes matières que dans l’eau noire, à savoir feuilles et branchages.

Les principaux rios à eaux blanches sont : le rio Solimões, le rio Amazonas, le rio Madeira et le rio Branco.

L’eau claire

Les cours d'eau limpides et translucides sont appelés cours d'eau claire. Ils prennent de temps en temps une couleur verdâtre quand elle est chargée en phytoplancton. La visibilité y est exceptionnelle. Son pH est compris entre 4,5 et 7,5. Son taux de carbonates est aussi très bas ainsi que sa dureté totale.

L’extrême clarté de l’eau permet la pénétration de la lumière jusqu’à une profondeur substantielle, ce qui permet la fonction chlorophyllienne, condition indispensable au développement de plantes ou d’algues. Le fond des rios est constitué de sable clair et fin et jonché de feuilles et de branches.

Les principaux rios à eaux claires sont : le rio Tapajós, le rio Xingu, le río Guaporé (et le rio Tocantins).

La rencontre des Eaux

Rencontre des Eaux.

Le confluent du rio Solimões (aux eaux boueuses) et du rio Negro (aux eaux noires) est remarquable au point que le fleuve prenne dĂ©finitivement le nom d'Amazone Ă  cet endroit prĂ©cis. Remarquable non seulement par la largeur comparable des deux tributaires (près de km chacun, et mĂŞme 10 km en amont pour le rio Negro), mais par leurs teintes très contrastĂ©es, et le fait que ces eaux s'Ă©coulent sans se mĂ©langer pendant des dizaines de kilomètres, comme deux fleuves s'Ă©coulant cĂ´te Ă  cĂ´te dans le mĂŞme lit. Le mĂ©lange finit quand mĂŞme par se faire car le rio Solimões est beaucoup plus profond et rapide que le rio Negro. Il est en rĂ©alitĂ© trois fois plus puissant (103 000 m3/s contre 29 300), ses eaux passent sous les eaux noires du rio Negro et finissent par les absorber. L'arrivĂ©e du rio Madeira, encore plus boueux que le rio Solimões, achève ce processus 150 km en aval.

Le même phénomène se reproduit à Santarém, au confluent du rio Tapajós aux eaux claires, mais dans de bien moindres proportions.

Adaptation de la faune Ă  l'Amazone

Le bassin de l'Amazone est favorable Ă  la faune mais particulièrement exigeant. Nulle part au monde, le mĂ©lange de l'eau et de la terre n'est aussi intime. Chaque annĂ©e, 65 000 km2 de terre sont inondĂ©s pendant plus de six mois. Le fleuve, en lui-mĂŞme assez pauvre en nutriments, se dĂ©verse bien au-delĂ  des berges, lĂ  oĂą pousse une riche vĂ©gĂ©tation. Les animaux, terrestres ou aquatiques, se sont, au fil du temps, très bien adaptĂ©s et tirent un profit maximum de cette situation exceptionnelle.

Ainsi, chez certains mammifères terrestres, la morphologie a évolué afin de réduire les inconvénients de ces inondations : queues préhensiles chez le tamanoir, l'opossum, le kinkajou et le porc-épic ; transformation en animal amphibie chez le cabiai.

À la suite de l'obligation pour les animaux aquatiques de se nourrir en grande partie des aliments terrestres, certains poissons ont acquis des molaires leur permettant de consommer des fruits. D'autres ont subi une transformation stomacale augmentant la capacité de stockage des graisses.

D'autres animaux se sont peu à peu équipés d'organes sensoriels leur permettant de percevoir le monde sans besoin de la vue. En effet, la visibilité dans l'eau est très réduite en raison de la présence importante de sédiments.

Ces adaptations diverses ont permis à ces espèces, non seulement de survivre, mais aussi, grâce à la richesse des plaines alluviales de l'Amazonie, d'atteindre des poids et dimensions imposants. C'est là que, entre autres, on trouve les tortues fluviales, les loutres, les rongeurs, les serpents et les aigles les plus grands du monde.

Exploitation

Habitat traditionnel dans la forĂŞt amazonienne.

Durant les 350 années qui suivirent la première exploration européenne de l’Amazone par Vicente Yáñez Pinzón et Francisco de Orellana, les populations amérindiennes d'Amazonie subirent le choc des épidémies. On estime qu'entre 50 et 95 % de la population ont disparu par les effets conjugués de la variole, de la coqueluche, de la grippe, etc. À cela il faut ajouter les « courses » des marchands d'esclaves raflant des villages entiers, les guerres inter-tribales encouragées par les rivalités entre les grandes nations européennes (essentiellement les Espagnols et les Portugais), ainsi que les regroupements forcés de populations liés aux exigences de l'évangélisation (cela a multiplié le pouvoir destructeur des épidémies). On sait aujourd'hui que les grandes cultures des rives de l'Amazone, succinctement décrites par les premiers explorateurs (notamment le moine Gaspar de Carvajal), avec leurs petites villes, leur culture matérielle raffinée, leurs temples, leurs chefs (ressemblant sous certains aspects à de vrais rois), furent balayées en quelques décennies. La rareté des textes de l'époque ont jeté dans l'oubli ces cultures précolombiennes d'Amazonie que l'on est aujourd'hui en train de redécouvrir. Il est donc difficile d'estimer la démographie de l'Amazonie avant le contact avec les Européens, mais il est fort probable qu'elle fut bien plus importante que ce que l'on a avancé jusqu'à récemment.

Quelques comptoirs ont Ă©tĂ© Ă©tablis par le Portugal sur les rives de l’Amazone et de ses affluents dans le but de commercer avec les AmĂ©rindiens et de les Ă©vangĂ©liser. En 1850, la population totale dans le bassin brĂ©silien de l’Amazone Ă©tait d’environ 350 000 habitants, dont les deux tiers Ă©taient des EuropĂ©ens ou des esclaves, on comptait alors 25 000 esclaves.

La principale ville commerciale, Pará, maintenant BelĂ©m (ou BelĂ©m du Pará), regroupait entre 10 000 et 12 000 habitants, esclaves compris. La ville de Manáos, maintenant Manaus, situĂ©e Ă  l’embouchure du Rio Negro, en comptait entre 1 000 et 1 500. Les autres villages, jusqu’à Tabatinga / Leticia sur la frontière entre le BrĂ©sil, la Colombie et le PĂ©rou, Ă©taient relativement modestes.

Le , l’empereur Pierre II du Brésil autorisa la navigation des vapeurs sur l’Amazone, et délégua à Irineu Evangelista de Sousa, appelé aussi Barão de Mauá, la tâche de mettre cela en œuvre. Il fonda la « Compania de Navigacao e Commercio do Amazonas » à Rio de Janeiro en 1852 ; dans les années qui suivirent il débuta les opérations avec trois petits vapeurs, le « Monarch », le « Marajo » et le « Rio Negro ».

Manaus.

Au dĂ©part, la navigation se limitait au fleuve principal. En 1857, le gouvernement obligea la compagnie Ă  effectuer un service mensuel entre Pará et Manáos avec des vapeurs d’une capacitĂ© de 200 tonnes, une deuxième ligne, effectuant six liaisons par an entre Manáos et Tabatinga, et une troisième reliant deux fois par mois Pará et Cametá. Ce fut un premier pas vers l’ouverture du vaste espace intĂ©rieur.

Le succès rencontré par cette entreprise attira l’attention sur les opportunités d’exploitation économique de l’Amazone, bientôt une deuxième compagnie fut créée et entreprit son commerce sur le rio Madeira, le fleuve Purus et le rio Negro ; une troisième établit une liaison entre Pará et Manáos ; et enfin une quatrième trouva bénéfique de faire naviguer les plus petits vapeurs. Durant cette même période, la Compagnie de l’Amazone agrandit sa flotte, et de petits promoteurs privés se lancèrent avec leur navire à vapeur sur l’Amazone et ses affluents.

Le , le gouvernement brésilien, sous pression constante du pouvoir maritime et des pays encerclant le bassin amazonien supérieur, décréta l’ouverture de l’Amazone à tous les pavillons, tout en la limitant par des points définis : Tabatinga sur l’Amazone, Cametá sur le Tocantins, Santarém sur le rio Tapajós, Borba sur le Madeira, et Manáos sur le rio Negro. Le décret prit effet le .

Manaus, la plus grande ville de l'Amazone, depuis une vue satellitaire de la NASA, bordée par les eaux troubles de l'Amazone et les eaux sombres du Negro.

Manáos (Manaus), Pará et Iquitos sont maintenant des villes commerciales certes prospères mais minées par les inégalités sociales, la délinquance et le trafic de drogue. Les premiers échanges commerciaux entre l’étranger et Manáos débutèrent en 1874. Le commerce local fut ensuite mené par le successeur britannique de la Compagnie de l’Amazone : « the Amazon Steam Navigation Company » (la Compagnie de navigation à vapeur de l’Amazone) ainsi que par les multiples petites compagnies de vapeurs engagées dans le commerce du caoutchouc. Les principales exportations de la vallée étaient le caoutchouc, le cacao, les noix brésiliennes et quelques autres produits d’importance mineure.

Inquiétudes du XXe siècle

Autrefois, le total des surfaces cultivĂ©es dans le bassin amazonien Ă©tait probablement infĂ©rieur Ă  65 km2, incluant les surfaces grossièrement cultivĂ©es des montagnes entourant les cours supĂ©rieurs de l’Amazone. Cette situation a dramatiquement changĂ© durant le XXe siècle.

La déforestation de la forêt amazonienne est sans doute à l'origine de la grave sécheresse de 2005 qui a entraîné une baisse spectaculaire du niveau de l'Amazone, d'une amplitude jamais vue auparavant[32].

Ponts

Le fleuve n'est traversé par aucun pont. Il est large, néanmoins la construction d'un tel ouvrage d'art serait possible, mais le fleuve traverse des régions ayant peu de routes, la plupart du temps les ferries suffisent[33] - [34].

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Soublin, Histoire de l’Amazonie, Payot, 2000

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Entre l'Amazone et le Nil, la question de dĂ©terminer avec prĂ©cision lequel est le plus long fleuve du monde est sujette Ă  dĂ©bat depuis plus d'un siècle. Le point de vue actuellement majoritaire est de considĂ©rer que l'Amazone est le plus important en volume et que le Nil est le plus long. NĂ©anmoins les mesures varient entre 6 259 km et 7 025 km pour l'Amazone et 6 499 km et 6 895 km pour le Nil. Par exemple :
    • Dictionnaire Hachette : Nil = 6 671 km ; Amazone = 6 280 km.
    • Dictionnaire Larousse : Nil = 6 700 km ; Amazone = 7 000 km depuis les sources du RĂ­o ApurĂ­mac.
    • Le Robert encyclopĂ©dique : Nil = 6 671 km ; Amazone = 6 762 km.
    • Le Petit Robert des noms propres (Ă©d. 1977) : Nil = 6 671 km ; Amazone = 6 400 km pour la branche mère du Marañon, mais 7 025 km pour la branche mère Ucayali- ApurĂ­mac.
    • Encyclopædia Universalis [en ligne] : Nil = 6 671 km (depuis la source de la Luvironza en Tanzanie), et 6 058 km (depuis le lac Victoria) ; Amazone = 7 025 km (pourtant l'auteur indique comme cours supĂ©rieur de l'Amazone le Marañon, plus court).
    Les différences proviennent des méthodes de mesures, du suivi plus ou moins détaillé des méandres, des différentes définitions de la source et de l'estuaire de chaque cours d'eau, de la branche mère qu'on lui choisit et des différentes manières de déterminer, à chaque confluent, lequel est l'affluent et lequel le cours principal (voir la section « Critères de discrimination affluent/cours d'eau principal » de l'article consacré au concept d'"Affluent"). Pour l'Amazone, les principales différences de mesure résident dans la prise en compte ou non du bras situé au sud de l'île de Marajó dans l'embouchure que l'Amazone partage avec le rio Tocantins, ainsi que dans le choix de la branche mère : celle du Marañon, ou celle de l'Ucayali. Dans les deux cas, la branche mère la plus longue n'est pas la plus puissante. Pour le Nil, la plus longue est : Nil - Nil Blanc - Kagera, et la plus puissante (mais très irrégulière) : Nil - Nil Bleu. Pour l'Amazone, la plus longue : Amazone - Río Ucayali - Río Apurímac, et la plus puissante : Amazone - Río Marañon. En 2007, une équipe brésilienne a déclaré avoir découvert une nouvelle source pour l'Amazone qui tendrait à prouver que l'Amazone est le plus long (voir en ligne sur nationalgeographic.com et earthobservatory.nasa.gov)
  2. Bien que le masculin soit très usité, le genre du nom propre du fleuve « Amazone » devrait être féminin, comme il l'était initialement en espagnol et en portugais : Amazonas, féminin pluriel devenu masculin singulier par abréviation de la locution originelle. Le choix a été fait dans cet article de privilégier la forme féminine.

Références

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  2. Autres noms : Apurímac, Ene, Tambo, Ucayali/Marañon, Amazonas, Solimões.
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  12. Gaspar de Carvajal, Descubrimiento del río de las Amazonas, Séville, (lire en ligne); Jean-Marie Warêgne, Francisco de Orellana : découvreur de l'Amazone, Paris, Harmattan, coll. « Romans historiques. Série XVIe siècle », , 281 p. (ISBN 978-2-343-02742-5, OCLC 882903265, lire en ligne).
  13. Warêgne, Jean-Marie., Francisco de Orellana : découvreur de l'Amazone, Paris, Harmattan, , 281 p. (ISBN 978-2-343-02742-5 et 2-343-02742-0, OCLC 882903265, lire en ligne)
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