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Pierre II (empereur du Brésil)

Pierre II ou Pedro II (de son nom complet Pedro de Alcùntara João Carlos Leopoldo Salvador Bibiano Francisco Xavier de Paula Leocådio Miguel Gabriel Rafael Gonzaga), né le à Rio de Janeiro et mort le à Paris (8e arrondissement), est empereur du Brésil de 1831 à 1889.

Pierre II
(pt) Pedro II
Illustration.
L’empereur Pierre II en 1876.
Titre
Empereur du Brésil
–
(58 ans, 7 mois et 8 jours)
Couronnement
Régent Isabelle du Brésil (1871-1872, 1876-1877 et 1887-1889)
Prédécesseur Pierre Ier du Brésil
Successeur Monarchie abolie
Manuel Deodoro da Fonseca (président du gouvernement provisoire)
Prétendant au trÎne du Brésil
–
(2 ans et 20 jours)
PrĂ©dĂ©cesseur Lui-mĂȘme (empereur du BrĂ©sil)
Successeur Isabelle du Brésil
Biographie
Titre complet Empereur constitutionnel et perpétuel défenseur du Brésil
Dynastie Maison de Bragance
Nom de naissance Pedro de Alcùntara João Carlos Leopoldo Salvador Bibiano Francisco Xavier de Paula Leocådio Miguel Gabriel Rafael Gonzaga de Habsburgo-Lorena e Bragança
Date de naissance
Lieu de naissance Rio de Janeiro (Brésil)
Date de dĂ©cĂšs (Ă  66 ans)
Lieu de décÚs Paris (France)
PÚre Pierre Ier du Brésil
MĂšre Marie-LĂ©opoldine d'Autriche
Conjoint ThérÚse-Christine de Bourbon-Siciles
Enfants Alphonse du Brésil
Isabelle du Brésil
Léopoldine du Brésil
Pierre-Alphonse du Brésil
Héritier Isabelle du Brésil

Signature de Pierre II(pt) Pedro II

Pierre II (empereur du Brésil)
Monarques du Brésil

SurnommĂ© « le Magnanime »[1] - [2], il est le second et dernier dirigeant de l'empire du BrĂ©sil, sur lequel il rĂšgne pendant plus de 58 ans[note 1]. Membre de la maison de Bragance, il est le septiĂšme enfant de l'empereur Pierre Ier et de l'impĂ©ratrice Marie-LĂ©opoldine d'Autriche. L'abdication soudaine et le dĂ©part de son pĂšre vers l'Europe, en 1831, le laissent seul avec deux de ses sƓurs, Ă  l'Ăąge de cinq ans. Devenu empereur, il passe une enfance et une adolescence tristes et solitaires. ObligĂ© de passer son temps Ă  apprendre son mĂ©tier, le jeune souverain ne connaĂźt que de brefs moments de bonheur et de rencontres avec quelques amis de son Ăąge. Ses expĂ©riences des intrigues de cour et de conflits politiques durant cette pĂ©riode affectent fortement son caractĂšre. Adulte, il a un important sens du devoir et de dĂ©vouement envers son pays et son peuple, mais vit mal son rĂŽle de monarque.

Héritant un empire au bord de la désintégration, Pierre II transforme le Brésil en une puissance émergente sur la scÚne internationale reconnue pour la stabilité de son régime politique, à savoir une monarchie constitutionnelle représentative, sa liberté d'expression, son respect des droits civiques, ainsi que sa croissance économique. Sous le rÚgne de Pierre II, le Brésil sort victorieux de trois conflits internationaux (la guerre de la Plata, la guerre uruguayenne et la guerre de la Triple-Alliance) et l'empereur joue un rÎle important dans plusieurs autres différends internationaux ou internes. Il pousse fermement à l'abolition de l'esclavage et se montre un partisan acharné de l'apprentissage, de la culture et des sciences. Son comportement suscite le respect et l'admiration de savants et écrivains tels que Charles Darwin, Victor Hugo et Friedrich Nietzsche, et il est un ami, entre autres, de Richard Wagner, Louis Pasteur, Alexander Graham Bell, Claude-Henri Gorceix et Henry Longfellow.

Bien que la plupart des BrĂ©siliens n'Ă©prouvent pas de vĂ©ritable dĂ©sir de changement de gouvernement, l'empereur est renversĂ© par un coup d'État soudain qui n'a presque pas de soutien en dehors d'un groupe de chefs militaires dĂ©sirant la crĂ©ation d'une rĂ©publique d'inspiration caudilliste. Devenu las de son rĂŽle de souverain et peu confiant dans les perspectives d'avenir de la monarchie, Pierre II ne cherche pas Ă  prĂ©venir son Ă©viction et ne tente pas de rĂ©tablir la monarchie par la suite. Il passe les deux derniĂšres annĂ©es de sa vie en exil en Europe, vivant seul avec trĂšs peu d'argent.

Quelques dĂ©cennies aprĂšs sa mort, Pierre II, ses restes reviennent au BrĂ©sil, oĂč, rĂ©habilitĂ©, il est dĂ©sormais considĂ©rĂ© comme un hĂ©ros national.

Jeunesse

Naissance

Pierre II Ă  l'Ăąge de 12 ans.

Le futur Pierre II naßt à 2 h 30, le , au palais de Saint-Christophe (Paço de São Cristóvão), à Rio de Janeiro[3] - [4] - [5]. Son nom est un hommage à saint Pierre d'Alcåntara[6] - [7]. Par son pÚre, Pierre II est membre de la branche brésilienne de la maison de Bragance. Il est le petit-fils du roi de Portugal Jean VI et le frÚre de la reine Marie II[8] - [9]. Sa mÚre est l'archiduchesse Marie-Léopoldine d'Autriche, fille de François II, le dernier empereur du Saint-Empire romain germanique. Par sa mÚre, il est aussi neveu (par alliance) de Napoléon Ier, cousin germain de François-Joseph Ier d'Autriche et de Maximilien Ier du Mexique[9] - [10] - [11].

Seul fils légitime de Pierre Ier ayant réussi à atteindre l'ùge de l'adolescence, il est officiellement reconnu héritier du trÎne du Brésil avec le titre de prince impérial, le [12] - [13]. L'impératrice Léopoldine meurt le , quelques jours aprÚs avoir donné naissance à un garçon mort-né[14], alors que Pierre n'a qu'un an[11]. Pierre n'a donc aucun souvenir de sa mÚre en dehors de ce qu'on lui dit plus tard d'elle[15] - [16]. La mémoire et l'influence de son pÚre vont également disparaßtre et, au moment d'arriver à l'ùge adulte, « il n'aura retenu aucune image forte de lui »[17].

Deux ans et demi aprĂšs la mort de LĂ©opoldine, l'empereur Ă©pouse AmĂ©lie de Leuchtenberg mais le jeune Pierre II ne passe que peu de temps avec sa belle-mĂšre. Cependant, mĂȘme s'il ne la revoit pas pendant quarante ans, leurs relations sont affectueuses[18] - [19] - [20] et tous deux gardent des contacts jusqu'Ă  la mort de l'impĂ©ratrice en 1873[21]. L'empereur Pierre Ier abdique le , aprĂšs un long conflit avec la faction libĂ©rale (que le futur empereur scinde Ă  la fin des annĂ©es 1830 en ce qui devient alors les deux partis dominants sous la monarchie : les conservateurs et les libĂ©raux). Pierre Ier et AmĂ©lie partent aussitĂŽt pour l'Europe pour rĂ©tablir Marie II de Portugal sur le trĂŽne portugais, que le frĂšre cadet de l'empereur, Michel Ier, a usurpĂ©[22] - [23]. LaissĂ© seul, Pierre devient Dom Pedro II, empereur constitutionnel et dĂ©fenseur perpĂ©tuel du BrĂ©sil[5].

Éducation

Au moment de quitter le pays, Pierre Ier dĂ©signe trois personnes pour prendre ses enfants brĂ©siliens en charge. Le premier est JosĂ© BonifĂĄcio de Andrada e Silva, ami de l’empereur et leader politique influent au moment de l’indĂ©pendance, qui est nommĂ© tuteur[24] - [25]. La deuxiĂšme est Mariana de Verna, qui occupait le poste d’aia (gouvernante) depuis la naissance de Pierre II[26]. Enfant, le prince impĂ©rial appelle cette derniĂšre sa « Dadama », comme il ne peut pas prononcer le mot dama (Madame) correctement[13]. Pierre II la considĂšre comme sa mĂšre adoptive et continue Ă  l’appeler par son surnom Ă  l’ñge adulte, par affection[3] - [27]. La troisiĂšme personne est RafaĂ«l, un mĂ©tis, vĂ©tĂ©ran de la guerre entre l'Argentine et le BrĂ©sil[26] - [28]. RafaĂ«l est un employĂ© du palais de SĂŁo CristĂłvĂŁo, rĂ©sidence principale de l’empereur pendant son enfance[29], en qui Pierre Ier a profondĂ©ment confiance et qui se voit chargĂ© de s’occuper de son fils, une charge qu’il assume pendant le reste de sa vie[12] - [28].

BonifĂĄcio est congĂ©diĂ© en et remplacĂ© par un autre tuteur[30] - [31] - [32]. Le jeune Pierre passe ses journĂ©es Ă  Ă©tudier[33], avec seulement deux heures quotidiennes allouĂ©es aux amusements[34]. Il se rĂ©veille Ă  6 h 30 et commence Ă  travailler Ă  7 heures, poursuivant ses Ă©tudes jusqu'Ă  22 heures, aprĂšs quoi il va se coucher[35]. On prend le plus grand soin, dans sa formation, de promouvoir chez lui un caractĂšre diffĂ©rent de celui de son pĂšre, qui s'Ă©tait montrĂ© impulsif et irresponsable[30] - [36]. Sa passion pour la lecture lui permet d'assimiler tout ce qu'on lui fait lire[37]. Sans ĂȘtre un gĂ©nie[38], c'est un enfant intelligent[39] qui acquiert des connaissances avec une grande facilitĂ©[40].

L'empereur connaĂźt une enfance malheureuse et solitaire[12] - [41]. La perte soudaine de ses parents le marque jusque tard dans sa vie[42]. Il a peu d'amis de son Ăąge[26] - [35] - [43] et le contact avec ses sƓurs, JanviĂšre et Françoise, est limitĂ©[30] - [33] - [43]. L'environnement dans lequel on l'Ă©lĂšve fait de lui une personne timide et en manque d'affection[44] - [45] qui voit dans les livres un refuge pour se retirer du monde rĂ©el[46] - [47].

Couronnement

Le couronnement de Pierre II le 18 juillet 1841.

La régence, mise en place jusqu'à la majorité du jeune empereur, est une période de crise, sans doute la plus sombre de l'histoire du Brésil[48]. Des différends entre les factions politiques conduisent à plusieurs rébellions et aboutissent à une situation instable, presque anarchique[49].

À partir de 1835, on envisage la possibilitĂ© de confier la rĂ©gence Ă  la sƓur aĂźnĂ©e du souverain ou d'abaisser l'Ăąge de la majoritĂ© du jeune empereur, pour ne pas attendre ses 18 ans, le [50] - [51] - [52]. La seconde idĂ©e reçoit le soutien des deux principaux partis politiques[51] - [53]. Ceux qui vont aider l'empereur Ă  prendre le pouvoir pensent sans doute ĂȘtre en mesure de manipuler ce jeune homme sans expĂ©rience[54]. Pourtant, selon l'historien Roderick J. Barman, en 1840, « ils ont perdu toute confiance en leur capacitĂ© Ă  gouverner le pays par leurs propres moyens ». Ils acceptent Pierre II comme « une figure d'autoritĂ© dont la prĂ©sence est indispensable Ă  la survie du pays[55] ». Les BrĂ©siliens eux-mĂȘmes appuient l'abaissement de l'Ăąge de la majoritĂ©[56] car la population considĂšre le souverain comme « le symbole vivant de l'unitĂ© de la patrie » ; sa position de prince hĂ©ritier lui donne, « aux yeux de l'opinion publique, une autoritĂ© supĂ©rieure Ă  celle de tout rĂ©gent[57] ».

Les partisans d'un passage immĂ©diat du souverain Ă  l'Ăąge de la majoritĂ© adoptent une motion demandant Ă  l'empereur d'assumer les pleins pouvoirs[58]. Une dĂ©lĂ©gation est envoyĂ©e au Palais impĂ©rial pour lui demander s'il accepte ou non une telle idĂ©e[58] - [59] - [60]. Le jeune homme rĂ©pond timidement « Oui » lorsqu'on lui demande s'il veut que l'Ăąge de sa majoritĂ© soit abaissĂ© et « maintenant » lorsqu'on lui demande s'il prĂ©fĂšre qu'elle entre en vigueur immĂ©diatement ou s'il prĂ©fĂšre attendre son anniversaire en dĂ©cembre[61] - [62]. Le lendemain, le , l'AssemblĂ©ia Geral (le Parlement) dĂ©clare officiellement Pierre II majeur[63] - [64]. Dans l'aprĂšs-midi, le jeune empereur prĂȘte serment[65] - [66]. Il est acclamĂ©, couronnĂ© et sacrĂ© le [67] - [68].

La consolidation du pouvoir

Le mariage

ThérÚse-Christine de Bourbon-Siciles, femme de Pierre II, en 1846, à 24 ans.

La fin de la rĂ©gence factieuse stabilise le pouvoir. Avec un monarque sur le trĂŽne, l'autoritĂ© est exercĂ©e d'une seule et claire voix. Pierre II conçoit son rĂŽle comme celui d'un arbitre, refusant de prendre parti pour l'une ou l'autre faction. Le jeune empereur est diligent dans son nouveau rĂŽle, faisant tous les jours des inspections et des visites personnelles Ă  diffĂ©rents services gouvernementaux. Ses sujets sont impressionnĂ©s par son apparente confiance en soi[69], mĂȘme si sa timiditĂ© et son manque de sens des relations sont considĂ©rĂ©s comme des dĂ©fauts. L'habitude qu'il a de ne rĂ©pondre Ă  ses interlocuteurs que par un mot ou deux dans les conversations directes est ainsi difficile Ă  supporter[70]. Ce comportement taciturne, de prudence dans les relations, trouve sans doute ses racines dans l'abandon, les intrigues et les trahisons qu'il a vĂ©cus pendant son enfance[71].

En coulisse, un groupe de hauts fonctionnaires et d'importants hommes politiques connus sous le nom de « Faction des Courtisans », a une forte influence sur le jeune empereur et certains deviennent trĂšs proches de lui[72]. Ils utilisent habilement le souverain pour Ă©liminer leurs ennemis (rĂ©els ou prĂ©sumĂ©s). Leurs rivaux n'ont que difficilement accĂšs au souverain et les informations qu'ils lui transmettent sont strictement contrĂŽlĂ©es. Ces courtisans utilisent des sĂ©ries continues de rĂ©unions, d'Ă©tudes, d'apparitions en public et de problĂšmes de gestion des affaires du gouvernement, pour distraire l'attention de l'empereur, le garder occupĂ© en permanence, l'isoler des autres sans qu'il ait conscience d'ĂȘtre exploitĂ©[73].

PrĂ©occupĂ©s par le mutisme de l’empereur et son manque de maturitĂ©, ces courtisans imaginent que son mariage permettrait d’amĂ©liorer son comportement et son caractĂšre[74]. SondĂ© par le gouvernement brĂ©silien, le Royaume des Deux-Siciles propose la princesse ThĂ©rĂšse-Christine de Bourbon-Siciles comme future Ă©pouse[75] - [76] - [77]. On envoie alors un portrait de la princesse Ă  Pierre II. Devant la beautĂ© du tableau, le jeune monarque accepte le projet d’union[78] - [79]. Pierre II et ThĂ©rĂšse-Christine se marient par procuration Ă  Naples le [80] - [81] - [82]. La nouvelle impĂ©ratrice arrive au BrĂ©sil le [83] - [84]. Cependant, lorsqu’il la voit, l’empereur est trĂšs déçu[85] - [86] - [87]. L’image qu'on lui a envoyĂ©e est une idĂ©alisation Ă©vidente : ThĂ©rĂšse Christine est petite, un peu enrobĂ©e, elle boite fortement et, si elle n’est pas vraiment laide, elle n’est pas non plus jolie[85] - [86] - [88]. L’empereur ne cherche guĂšre Ă  cacher sa dĂ©ception. Un observateur dĂ©clare qu’il tourne le dos Ă  sa femme, un autre dit qu’il est tellement choquĂ© qu’il a besoin de s’asseoir[85]. Ce soir-lĂ , Pierre II pleure et se plaint Ă  Mariana de Verna : « Ils m’ont trompĂ©, Dadama ! »[85] - [87] - [89]. Il faut plusieurs heures pour le convaincre que son devoir est d’accepter la situation[85] - [87] - [89]. La messe de mariage officielle avec l’échange des serments a lieu le lendemain, le [90] - [91] - [92].

L’autoritĂ© impĂ©riale est Ă©tablie

Pierre II, à 20 ans en uniforme de parade d’amiral, 1846.

En 1846, Pierre II a mĂ»ri physiquement et mentalement. Il n'est plus dans la situation de prĂ©caritĂ© de ses 14 ans, lorsqu'il Ă©tait influencĂ© par les commĂ©rages, les soi-disant complots secrets et autres tactiques de manipulation[93]. Il a grandi et c'est un homme de 1,90 m[94] - [95], blond aux yeux bleus[60] - [85] - [94] et dĂ©crit comme beau[37] - [85] - [96]. En vieillissant, ses points faibles s'effacent et ses points forts passent au premier plan. Pierre II a appris Ă  ĂȘtre non seulement impartial et diligent, mais aussi courtois et patient. Lorsqu'il commence Ă  exercer pleinement le pouvoir, ses compĂ©tences et sa diligence Ă  gouverner ont grandement contribuĂ© Ă  son image d'efficacitĂ©[93]. L'historien Roderick J. Barman le dĂ©crit Ă  ce moment-lĂ  : « Il cache ses Ă©motions sous une discipline de fer. Il n'est jamais grossier et ne perd jamais son sang-froid. Il est exceptionnellement discret et prudent dans ses actions exceptionnelles. »[97]

À la fin de 1845 et au dĂ©but de 1846, l'empereur fait une visite dans les provinces du sud du BrĂ©sil, visitant les États de Santa Catarina, SĂŁo Paulo (dont fait partie le ParanĂĄ Ă  l'Ă©poque) et de Rio Grande do Sul. Il est confortĂ© par l'accueil chaleureux et enthousiaste qu'il reçoit. Ce succĂšs l'encourage, pour la premiĂšre fois de sa vie, Ă  agir avec assurance, de sa propre initiative et selon ses idĂ©es[98]. Plus important encore, cette pĂ©riode voit la fin de la Faction des Courtisans dont Pierre II parvient Ă  Ă©carter en douceur les membres de son entourage[99].

Premiùre photo de l’empereur Pierre II, vers 1848.

Pierre II doit faire face à trois crises entre 1848 et 1852. La premiÚre est liée au commerce des esclaves importés illégalement. Interdite en 1826 dans le cadre d'un traité avec la Grande-Bretagne, la traite s'est cependant poursuivie sans relùche et, de ce fait, le parlement britannique vote en 1845 la loi Aberdeen qui autorise les navires de guerre britanniques à aborder les navires marchands brésiliens et à saisir tout bateau impliqué dans la traite des esclaves[100]. Alors que le Brésil est aux prises avec ce problÚme, éclate la deuxiÚme crise, la révolte praieira, le . Il s'agit là d'un conflit entre factions politiques locales dans la province de Pernambouc opposant une majorité de la population aux grands propriétaires terriens partisans de l'esclavage et qui s'achÚve en mars 1849. Le , une nouvelle loi donne au gouvernement de larges pouvoirs pour lutter contre le commerce illégal des esclaves. Avec ce nouvel outil, le Brésil peut supprimer la traite. En 1852, cette premiÚre crise est terminée, la Grande-Bretagne accepte de reconnaßtre que ce commerce est réglé[101].

La troisiĂšme crise est un conflit avec la ConfĂ©dĂ©ration argentine pour le contrĂŽle de territoires adjacents au RĂ­o de la Plata et la libre navigation sur le fleuve. Depuis les annĂ©es 1830, le dictateur argentin Don Juan Manuel de Rosas soutient les rĂ©bellions en Uruguay et au BrĂ©sil. Ce n’est qu'en 1850 que le BrĂ©sil peut faire face Ă  la menace reprĂ©sentĂ©e par Rosas. Une alliance est conclue entre le BrĂ©sil, l’Uruguay et les opposants argentins[102], conduisant Ă  la guerre de la Plata et au renversement de la junte argentine en [103] - [104]. Selon l’historien Roderick J. Barman, une partie « considĂ©rable du crĂ©dit de cette affaire doit ĂȘtre affectĂ©e Ă  [
] l’empereur, dont le calme, la tĂ©nacitĂ© et le rĂ©alisme se sont avĂ©rĂ©s indispensables[97] ».

En réussissant à sortir l'Empire grandi de ces crises, Pierre II améliore considérablement la stabilité et le prestige du Brésil qui s'impose comme une puissance marquante de l'Amérique du Sud[105]. Au niveau international, les Européens commencent à considérer que le pays incarne les idéaux libéraux qui leur sont familiers, comme la liberté de la presse et le respect constitutionnel des libertés publiques. La monarchie constitutionnelle brésilienne contraste fortement avec les dictatures et l'instabilité endémique des autres nations d'Amérique du Sud au cours de cette période[note 2] - [106] - [107] - [108].

Croissance

Pierre II vers l'Ăąge de 25 ans.

Au début des années 1850, le Brésil jouit de la stabilité interne et de la prospérité économique[109] - [110]. Le pays, connecté par le chemin de fer, le télégraphe et les voies de navigation, forme désormais une seule entité. De l'avis général, tant au Brésil qu'à l'étranger, ces réalisations n'ont été possibles que pour deux raisons : « le mode de gouvernement monarchique et le caractÚre de Pierre II »[109].

Pierre II n'est ni un souverain figurant de type britannique, ni un autocrate comme les tsars russes. Il gouverne en accord avec les Ă©lus, les partenaires Ă©conomiques et l'assentiment populaire. Cette interdĂ©pendance a jouĂ© un grand rĂŽle sur l'orientation du rĂšgne de Pierre[111]. Ses principaux succĂšs politiques sont en grande partie atteints grĂące Ă  son refus de la confrontation et sa volontĂ© de coopĂ©rer avec ceux avec lesquels il travaille. Pierre II est remarquablement tolĂ©rant, acceptant les critiques, les dĂ©saccords ou mĂȘme l'incompĂ©tence[112]. Il est diligent et judicieux dans la nomination aux postes au gouvernement et cherche Ă  lutter contre la corruption[113]. N'ayant pas le pouvoir constitutionnel d'imposer seul ses dĂ©cisions, son approche collaborative du gouvernement permet Ă  la nation de progresser et au systĂšme politique de fonctionner avec succĂšs[114].

Les incertitudes de son enfance et les manipulations qu'il a subies pendant sa jeunesse font qu'il est dĂ©terminĂ© Ă  prendre en main seul son propre destin. Atteindre une telle dĂ©termination nĂ©cessite d'avoir et de maintenir un pouvoir suffisant[115]. Pierre II utilise sa participation active et essentielle au gouvernement pour influencer ses dĂ©cisions. Sa direction devient indispensable, sans qu'elle ne dĂ©gĂ©nĂšre en la « dĂ©cision d'un seul homme ». Il respecte les prĂ©rogatives du Parlement, mĂȘme quand celui-ci lui rĂ©siste, retarde ou contrarie ses objectifs et rendez-vous[116].

Le systĂšme politique brĂ©silien ressemble aux autres rĂ©gimes parlementaires. L'empereur, chef de l'État, demande au chef de file de l'une ou l'autre des deux principales formations politiques, conservateurs ou libĂ©raux, de former un gouvernement. L'autre parti forme l'opposition Ă  l'AssemblĂ©e lĂ©gislative, un contrepoids et contrĂŽle du parti au pouvoir. Si le soutien au parti au pouvoir chute ou si le cabinet dĂ©missionne, l'empereur peut faire appel Ă  d'autres personnes de l'un des partis pour former un nouveau gouvernement. « Dans son traitement des deux partis, il a besoin de maintenir sa rĂ©putation d'impartialitĂ©, d'accord avec le sentiment populaire, et Ă©vite toute imposition flagrante de sa volontĂ© sur la scĂšne politique »[117].

La prĂ©sence active de Pierre II est importante dans l'organisation du pouvoir, qui comprend aussi le gouvernement, la Chambre des DĂ©putĂ©s et le SĂ©nat (ces deux derniers formant l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale). La plupart des hommes politiques apprĂ©cient et appuient le rĂŽle de l'empereur. Beaucoup ont vĂ©cu la pĂ©riode de la rĂ©gence, oĂč l'absence de chef placĂ© au-dessus des intĂ©rĂȘts mesquins et Ă©goĂŻstes a conduit Ă  des annĂ©es de conflits entre les factions politiques. Leur expĂ©rience de la vie publique a crĂ©Ă© une conviction que l'empereur est « indispensable pour que le BrĂ©sil continue d'avancer dans la paix et la prospĂ©ritĂ© »[118].

Vie familiale

Les princesses LĂ©opoldine et Isabelle (assise).

Le mariage entre Pierre II et ThĂ©rĂšse Christine a mal commencĂ© mais, avec l'Ăąge, de la patience et la naissance de leur premier enfant, Alphonse, leurs relations s'amĂ©liorent[103] - [119]. Par la suite, l'impĂ©ratrice donne naissance Ă  plusieurs autres enfants : Isabelle en 1846, LĂ©opoldine en 1847, et enfin, Pierre, en 1848[89] - [120] - [121] - [122]. Cependant, les deux garçons meurent trĂšs jeunes ce qui laisse l'empereur effondrĂ©[89] - [121] - [123]. Au-delĂ  de sa souffrance de pĂšre, sa vision de l'avenir de l'Empire change complĂštement. MalgrĂ© son affection pour ses filles, Pierre II ne croit pas qu'Isabelle, devenue princesse hĂ©ritiĂšre, soit capable d'assurer correctement les fonctions impĂ©riales. Il pense au contraire que son successeur doit ĂȘtre de sexe masculin pour que la monarchie puisse ĂȘtre viable[124]. Il considĂšre de plus en plus que le systĂšme impĂ©rial lui est liĂ© de façon inextricable et qu'il ne peut lui survivre[125]. Isabelle et sa sƓur reçoivent une Ă©ducation exceptionnelle[126] mais l'empereur ne les prĂ©pare pas du tout Ă  diriger la nation. Il exclut ainsi Isabelle de toute participation aux rĂ©unions et dĂ©cisions gouvernementales[127].

Vers 1850, Pierre II commence Ă  avoir des relations discrĂštes avec d'autres femmes[128]. La plus cĂ©lĂšbre et durable de ces relations l'unit Ă  LuĂ­sa Margarida Portugal de Barros, comtesse de Barral, avec qui il entretient une liaison romantique et intime, mais non adultĂ©rine, aprĂšs sa nomination comme gouvernante de ses filles en [121] - [129] - [130]. Tout au long de sa vie, l'empereur s'accroche Ă  l'espoir de trouver l'Ăąme sƓur, car il se sent toujours trompĂ©[131] en raison de la nĂ©cessitĂ© de son mariage avec une femme pour laquelle il ne ressent pas la moindre passion[132]. Ce n'est lĂ  qu'un exemple illustrant la double identitĂ© de l'empereur : d'un cĂŽtĂ© « Dom Pedro II », qui assure assidĂ»ment le devoir que le destin lui a assignĂ©, et de l'autre, « Pedro de AlcĂąntara » qui considĂšre son rĂŽle impĂ©rial comme une charge ingrate et qui est plus heureux dans le monde de la littĂ©rature et des sciences[133].

Pierre II est ce qu'on appelle un « bourreau de travail » et il mĂšne une vie trĂšs exigeante. GĂ©nĂ©ralement, l'empereur se lĂšve Ă  7 heures et ne se couche pas avant 2 heures du matin. Sa journĂ©e est consacrĂ©e aux affaires d'État et il passe le peu de temps qui lui reste Ă  la lecture et Ă  l'Ă©tude[134]. Il s'habille en pantalon, cravate et simple queue noire. Dans les occasions spĂ©ciales, il porte le costume de cour et il n’apparaĂźt dans ses plus beaux atours avec couronne, manteau et sceptre que deux fois par an, lors de l'ouverture et de la clĂŽture de l'AssemblĂ©e parlementaire[135] - [136].

Pierre II oblige les politiciens et les fonctionnaires de son gouvernement Ă  suivre les normes strictes qu’il s’impose[106]. Il demande Ă  ses collaborateurs de travailler au moins huit heures par jour et sĂ©lectionne strictement les fonctionnaires en se basant sur leur morale et leur mĂ©rite[137]. Pour montrer l’exemple, Pierre II vit simplement. Bals et rĂ©unions mondaines cessent aprĂšs 1852[133] - [138]. Il refuse Ă©galement de demander ou de permettre qu’on augmente le montant de sa liste civile (environ 800 000 rĂ©aux par an[139]), de 1840, oĂč elle reprĂ©sente 3 % des dĂ©penses du gouvernement, Ă  1889, oĂč elle n’en reprĂ©sente plus que 0,5 %[140] - [141]. L’empereur refuse tout luxe[142] - [143] - [144], dĂ©clarant une fois : « Je crois que les dĂ©penses inutiles privent la nation[145] ».

Patron des arts et des sciences

« Je suis nĂ© pour me consacrer Ă  la culture et aux sciences » Ă©crit-il dans son journal intime en 1862[146] - [147]. Pierre II veut toujours apprendre et trouve dans les livres un refuge contre les exigences de sa fonction[148] - [149]. L'empereur a des capacitĂ©s remarquables Ă  mĂ©moriser des passages qu'il a lus dans le passĂ©[150] - [151]. Ses sujets d'intĂ©rĂȘt sont trĂšs variĂ©s ; ce sont notamment l'anthropologie, l'histoire, la gĂ©ographie, la gĂ©ologie, la mĂ©decine, le droit, les religions, la philosophie, la peinture, la sculpture, le thĂ©Ăątre, la musique, la chimie, la physique, l'astronomie, la poĂ©sie, la technologie[152] - [153]. À la fin de son rĂšgne, trois bibliothĂšques de son palais abritent plus de 60 000 volumes[154]. Il a une telle passion pour les langues qu'il continue toute sa vie Ă  en apprendre de nouvelles et est capable de parler et d'Ă©crire non seulement le portugais, mais aussi le latin, le français, l'allemand, l'anglais, l'italien, l'espagnol, le grec, l'arabe, l'hĂ©breu, le sanskrit, le chinois, l'occitan et le tupi-guarani[155] - [156] - [157] - [158] - [159]. Pierre II devient le premier photographe brĂ©silien Ă  acquĂ©rir un appareil photo daguerrĂ©otype en [160] - [161]. Il crĂ©e Ă  SĂŁo CristĂłvĂŁo un laboratoire consacrĂ© Ă  la photographie et un autre Ă  la chimie et la physique. Il fait construire aussi un observatoire astronomique[150].

L'Ă©rudition de l'empereur Ă©tonne Friedrich Nietzsche lorsque les deux hommes se rencontrent[121] - [162] - [163]. Victor Hugo lui dit un jour : « Sire, vous ĂȘtes un grand citoyen, vous ĂȘtes le petit-fils de Marc-AurĂšle »[164] - [165] et Alexandre Herculano l'appelle « un Prince qui, de l'avis gĂ©nĂ©ral, est le plus Ă©minent de son Ă©poque en raison de ses dons de l'esprit et de l'application constante de ces dons aux sciences et Ă  la culture »[146]. Pierre II devient membre de la Royal Society[166], de l'AcadĂ©mie des sciences de Russie[167], de l'AcadĂ©mie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique[168] et de la SociĂ©tĂ© GĂ©ographique AmĂ©ricaine[169]. En 1875, il est Ă©lu Ă  l'AcadĂ©mie des sciences française, un honneur qui n'a prĂ©cĂ©demment Ă©tĂ© accordĂ© qu'Ă  deux autres chefs d'État : Pierre le Grand et NapolĂ©on Bonaparte[165] - [170]. L'empereur Ă©change des lettres avec des scientifiques, des philosophes, des musiciens et d'autres intellectuels. Beaucoup de ses correspondants deviennent ses amis. C'est le cas de Richard Wagner[171], Louis Pasteur[172], Claude-Henri Gorceix, Louis Agassiz[173], John Greenleaf Whittier[174], Michel-EugĂšne Chevreul[175], Alexandre Graham Bell[176], Henry Wadsworth Longfellow[177], Arthur de Gobineau[178], FrĂ©dĂ©ric Mistral[179], Alessandro Manzoni[180], Alexandre Herculano[181] et Camilo Castelo Branco[182].

Pierre II se rend vite compte qu'il peut mettre les connaissances qu'il a accumulĂ©es au service du BrĂ©sil[183]. Il considĂšre l'Ă©ducation comme un sujet d'importance nationale et est lui-mĂȘme un exemple concret de la valeur de l'enseignement[183] - [184]. Pierre II fait remarquer : « Si je n'Ă©tais pas empereur, je voudrais ĂȘtre enseignant, je ne connais pas de tĂąche plus noble que d'orienter les jeunes esprits et de prĂ©parer les hommes de demain[185] ». L'Ă©ducation contribue Ă©galement Ă  crĂ©er un sentiment d'identitĂ© nationale au BrĂ©sil[186]. Son rĂšgne voit la crĂ©ation de l'Institut historique et gĂ©ographique brĂ©silien chargĂ© de promouvoir la recherche et de conserver les sciences historiques, gĂ©ographiques, culturelles et sociales[186]. Il fonde Ă©galement l'AcadĂ©mie impĂ©riale de musique et l'OpĂ©ra national[187] et le ColĂ©gio Pedro II qui doit servir de modĂšle Ă  toutes les Ă©coles du BrĂ©sil[188]. Il soutient et dĂ©veloppe l'AcadĂ©mie impĂ©riale des Beaux-Arts, crĂ©Ă©e par son pĂšre[189]. L'empereur utilise une partie des revenus de sa liste civile pour financer des bourses afin que les Ă©tudiants brĂ©siliens puissent Ă©tudier dans les universitĂ©s, Ă©coles d'art et conservatoires de musique en Europe[184] - [190]. Il finance Ă©galement la crĂ©ation de l'Institut Pasteur, aide Ă  garantir la construction du Palais des festivals de Bayreuth et souscrit Ă  d'autres projets similaires[191]. Ses efforts sont reconnus tant dans son pays qu'Ă  l'Ă©tranger. Charles Darwin dit de lui : « L'Empereur fait tant pour la science, que tout homme de science est tenu de lui montrer le plus grand respect[121] - [192] ».

PopularitĂ© et entrĂ©e en conflit avec l’Empire britannique

Pierre II avec sa femme et ses filles dans le sud du Minas Gerais en 1861.

À la fin de 1859, Pierre II quitte la capitale pour un voyage dans les provinces du Nord. Il visite EspĂ­rito Santo, Bahia, Sergipe, Alagoas, Pernambuco et ParaĂ­ba. Il revient en fĂ©vrier 1860 aprĂšs y avoir passĂ© quatre mois. Le voyage est un Ă©norme succĂšs, l'empereur est accueilli partout avec chaleur et joie[193] - [194] - [195].

La premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 1860 voit un BrĂ©sil en paix et prospĂšre. Les libertĂ©s civiles sont maintenues[196] - [197]. La libertĂ© d'expression, qui existe depuis l'indĂ©pendance du BrĂ©sil[198], continue d'ĂȘtre fortement dĂ©fendue par Pierre II[199] - [200]. Les journaux nationaux et provinciaux sont pour lui un moyen idĂ©al d'avoir connaissance de l'opinion publique et de la situation gĂ©nĂ©rale de la nation[145]. Un autre moyen est le contact direct avec ses sujets. Il organise Ă  cet effet des audiences publiques le mardi et le samedi. N'importe qui (y compris les esclaves[201]) peut ĂȘtre reçu et prĂ©senter ses pĂ©titions ou raconter son histoire[202] - [203]. Il visite Ă©coles, prisons, expositions, usines, casernes et profite de toutes ses apparitions publiques pour recueillir des informations de premiĂšre main[204].

Cette tranquillitĂ© disparaĂźt lorsque le consul britannique Ă  Rio de Janeiro, William Christie Dougal, se dĂ©clare prĂȘt Ă  dĂ©clencher une guerre entre son pays et le BrĂ©sil. Le diplomate, qui croit en la diplomatie de la canonniĂšre[205], envoie au BrĂ©sil un ultimatum abusif aprĂšs deux incidents mineurs Ă  la fin de 1861 et au dĂ©but de 1862. Le premier est le naufrage d'un navire marchand anglais sur la cĂŽte du Rio Grande do Sul et le pillage de ses biens par les habitants locaux. Le second est l'arrestation d'officiers britanniques ivres qui sont Ă  l'origine de bagarres dans les rues de Rio[205] - [206] - [207]. Le gouvernement brĂ©silien refuse de cĂ©der et William Christie Dougal donne des ordres pour que les navires de guerre britanniques capturent les navires marchands brĂ©siliens Ă  titre d'indemnitĂ©[208] - [209] - [210]. La marine brĂ©silienne se prĂ©pare alors Ă  un conflit imminent[211]. L'empereur ordonne l'achat de matĂ©riel d'artillerie cĂŽtiĂšre[212], les cuirassĂ©s et les dĂ©fenses reçoivent l'autorisation[213] de faire feu sur tout navire de guerre britannique essayant de capturer un navire brĂ©silien[214]. Pierre II mĂšne la rĂ©sistance du BrĂ©sil et rejette toute concession[215] - [216] - [217]. Cette rĂ©ponse est une surprise pour Christie, qui change de comportement et propose un rĂšglement pacifique par voie d'arbitrage international[218] - [219] - [220]. Le gouvernement brĂ©silien prĂ©sente ses arguments et, voyant la position du gouvernement britannique affaiblie, rompt ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne en juin 1863[220] - [221] - [222].

Guerre de la Triple Alliance

Le « volontaire patriote »

Pierre II Ă  39 ans, en 1865.

Alors que la guerre avec l'Empire britannique menace, le Brésil doit porter son attention sur ses frontiÚres méridionales. Une nouvelle guerre civile a commencé en Uruguay[223] - [224] - [225]. Ce conflit interne s'accompagne de l'assassinat de Brésiliens et du pillage de leurs biens dans le pays[226]. Le gouvernement brésilien décide d'intervenir, de peur de donner une impression de faiblesse aux Britanniques[227]. L'armée brésilienne envahit l'Uruguay en décembre 1864 pour y mener une brÚve campagne victorieuse qui prend fin le [228] - [229] - [230].

Pendant ce temps, en dĂ©cembre 1864, le dictateur du Paraguay, Francisco Solano LĂłpez profite de la situation pour essayer de faire de son pays une puissance rĂ©gionale. L'armĂ©e paraguayenne envahit la province brĂ©silienne du Mato Grosso (actuellement l'État du Mato Grosso do Sul), dĂ©clenchant ainsi la guerre de la Triple Alliance. Quatre mois plus tard, les troupes paraguayennes envahissent l'Argentine avant d'attaquer la province brĂ©silienne de Rio Grande do Sul[228] - [231] - [232].

Conscient de l'anarchie qui rĂšgne dans la rĂ©gion, de l'incapacitĂ© et de l'incompĂ©tence de ses chefs militaires Ă  rĂ©sister Ă  l'armĂ©e paraguayenne, Pierre II dĂ©cide d'aller au front en personne[233]. Mais tant le Conseil des ministres que le Parlement refusent d'adhĂ©rer au souhait de l'empereur[233] - [234]. AprĂšs avoir Ă©galement reçu un avis dĂ©favorable de la part du Conseil d'État, Pierre II fait la dĂ©claration suivante : « Si on ne peut m'empĂȘcher d'aller lĂ -bas comme empereur, on ne peut m'empĂȘcher d'abdiquer et d'y aller en tant que Volontaire patriote »[233] - [234] - [235] - [236]. C'est pourquoi les BrĂ©siliens qui se portent volontaires pour aller Ă  la guerre sont connus dans tout le pays comme les « Volontaires Patriotes », en hommage Ă  Pierre II[234]. Le monarque lui-mĂȘme est appelĂ© populairement le « volontaire NumĂ©ro un »[121] - [237].

Pierre II quitte la capitale pour le sud du pays en juillet 1865[238] - [239] - [240]. Il débarque dans le Rio Grande do Sul quelques jours plus tard et poursuit sa route par voie terrestre[241]. Le voyage se fait à cheval et en charrette et, la nuit, l'empereur dort dans une tente de campagne[242]. Pierre II arrive à Uruguaiana, une ville brésilienne occupée par l'armée paraguayenne, le 11 septembre[243]. Lorsqu'il arrive, les troupes paraguayennes sont assiégées[244] - [245]

En uniforme d'amiral à l'ùge de 44 ans, les années de guerre l'ont vieilli prématurément[246].

L'empereur monte à l'assaut d'Uruguaiana avec un fusil pour montrer son courage mais les Paraguayens n'osent pas l'attaquer[247] - [248]. Pour éviter de nouvelles effusions de sang, l'empereur propose au commandant paraguayen de se rendre avec des conditions honorables, ce que celui-ci accepte[244] - [249] - [250]. La coordination des opérations militaires par l'empereur et son exemple personnel jouent un rÎle décisif pour permettre de repousser l'invasion paraguayenne[251]. On croit alors que la guerre touche à sa fin et que la reddition de López est imminente[244] - [252] - [253]. Avant de quitter Uruguaiana, l'empereur reçoit l'ambassadeur britannique Edward Thornton, qui lui présente publiquement des excuses au nom de la reine Victoria et du gouvernement britannique pour la crise entre les deux empires[249] - [250]. Pierre II estime que cette victoire diplomatique sur la nation la plus puissante du monde est suffisante et renoue des relations amicales entre les deux nations[250]. Il retourne à Rio de Janeiro et y est reçu en héros[254].

Fin des hostilités

Contre toute attente, la guerre continue pendant prĂšs de cinq ans. Pendant cette pĂ©riode, l'empereur consacre son temps et son Ă©nergie Ă  la poursuite de l'effort de guerre[255] - [256]. Il travaille sans relĂąche Ă  lever et Ă©quiper des troupes pour renforcer ses lignes de front et Ă  faire avancer la construction de nouveaux navires de guerre[236]. En mĂȘme temps, il s'efforce d'Ă©viter les querelles entre les partis politiques pour qu'elles ne nuisent pas Ă  l'effort militaire[257] - [258]. Son refus d'accepter un rĂ©sultat Ă  court terme plutĂŽt qu'une victoire totale sur l'ennemi est crucial Ă  ses yeux pour le rĂ©sultat final[259] - [260]. Sa tĂ©nacitĂ© finit par payer avec la mort de LĂłpez au combat le et la fin de la guerre[261] - [262].

Plus de 50 000 soldats brĂ©siliens meurent au combat[263] et le coĂ»t de la guerre reprĂ©sente onze fois le budget annuel du gouvernement[264]. Cependant, le pays est si prospĂšre, que le gouvernement peut rembourser la dette de guerre en dix ans seulement[265] - [266]. Le conflit stimule la production nationale et la croissance Ă©conomique[267]. Pierre II refuse la proposition de l'AssemblĂ©e d'Ă©riger une statue Ă©questre Ă  son effigie pour commĂ©morer la victoire et il choisit d'utiliser l'argent pour construire des Ă©coles Ă©lĂ©mentaires[268] - [269] - [270] - [271].

L’apogĂ©e

Un abolitionniste sur le trĂŽne

Pierre II, ùgé de quarante-six ans, prononce son discours du trÎne (1872).

La victoire diplomatique sur l'Empire britannique et la victoire militaire sur l'Uruguay en 1865, suivies d'une conclusion heureuse de la guerre avec le Paraguay en 1870 marquent le début de ce qu'on considÚre comme l'« ùge d'or » et l'apogée de l'Empire brésilien[272]. Les années 1870 sont des années heureuses au Brésil et la popularité de l'empereur est à son apogée. Le pays réalise des progrÚs dans les domaines social et politique et toutes les couches de la société bénéficient des réformes et du partage de la prospérité croissante[273]. La réputation internationale du Brésil, tant pour sa stabilité politique que pour son potentiel d'investissement, est grandement améliorée. L'Empire est considéré comme une nation moderne et son progressisme est inégalé en Amérique latine[272]. L'économie connaßt une croissance rapide et l'immigration est en expansion. On commence la construction de nouvelles lignes de chemin de fer, de nouveaux moyens de transport et d'autres modernisations comme le téléphone ou le timbre-poste. « Avec l'esclavage destiné à disparaßtre et d'autres réformes projetées, les perspectives de « progrÚs moral et matériel » semblent immenses »[274].

En 1870, peu de Brésiliens s'opposent à l'esclavage et moins nombreux encore sont ceux qui osent prendre ouvertement position contre lui. Pierre II est l'un des rares à le faire[275] - [276] et il considÚre l'esclavage comme « une honte nationale »[277]. L'empereur ne possÚde d'ailleurs pas d'esclave[276]. En 1823, les esclaves formaient 29 % de la population brésilienne, mais ce chiffre tombe à 15,2 % en 1872[278]. Cependant, l'abolition de l'esclavage est un sujet délicat au Brésil. Presque tout le monde, du plus riche au plus pauvre, a ses esclaves[279] - [280]. L'empereur veut pourtant mettre fin à l'esclavage progressivement[246] - [281] afin d'atténuer l'impact de l'abolition sur l'économie nationale[282]. Il feint ainsi d'ignorer les dommages croissants que causent à son image et à celle de la monarchie son soutien à l'abolition[283].

L'empereur n'a pas le pouvoir constitutionnel d'intervenir directement pour mettre fin à cette pratique[284]. Il doit utiliser toutes ses compétences pour convaincre, influencer et obtenir le soutien des politiciens pour atteindre son but[285]. Son premier geste public contre l'esclavage[277] a lieu en 1850, lorsqu'il menace d'abdiquer si le Parlement ne déclare pas la traite atlantique illégale[286].

Une fois l'arrivée de nouveaux esclaves étrangers interdite, Pierre II s'attaque, au début des années 1860, à l'asservissement des enfants nés de parents esclaves[287] - [288]. La loi est rédigée à son initiative[287] mais le conflit avec le Paraguay en retarde la discussion devant l'Assemblée[288] - [289]. Pierre II demande publiquement l'éradication progressive de l'esclavage dans son discours du TrÎne de 1867[290] mais il est alors fortement critiqué et sa décision est considérée comme « un suicide national »[289] - [291] - [292]. On le lui reproche et fait savoir « que l'abolition est son désir personnel et non celui de la nation »[293]. Finalement, le projet de loi est adopté et la loi dite « du ventre libre » est promulguée le . Grùce à elle, tous les enfants nés de femmes esclaves aprÚs cette date naissent libres[293] - [294] - [295].

En Europe et Afrique du Nord

Auguste Mariette (assis, à gauche) et Pierre II (assis, à droite) visitent la nécropole de Gizeh à la fin de 1871.

Le , Pierre II et son Ă©pouse partent en voyage en Europe[296] - [297]. Il y a longtemps que l'empereur souhaite voyager Ă  l'Ă©tranger. Quand on lui apprend que sa fille cadette, LĂ©opoldine, est morte Ă  23 ans, Ă  Vienne, de la fiĂšvre typhoĂŻde, le , il a enfin une raison majeure de s'aventurer hors de l'Empire[296] - [298] - [299]. En arrivant Ă  Lisbonne, il se rend immĂ©diatement au palais Janelas Verdes, oĂč il retrouve sa belle-mĂšre, AmĂ©lie de Leuchtenberg. Ils ne se sont pas vus depuis quarante ans et leur rencontre est chargĂ©e d'Ă©motion. Pierre II Ă©crit dans son journal : « J'ai pleurĂ© de bonheur et aussi de tristesse en voyant ma mĂšre si tendre envers moi, mais si vieille et si malade[296] - [300] - [301] ».

L'empereur visite l'Espagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, l'Italie, l'Égypte, la GrĂšce, la Suisse et la France. À Cobourg, il se rend sur la tombe de sa fille[301] - [302]. Ce voyage est pour lui « un moment de libĂ©ration et de libertĂ© ». Il voyage sous le nom d'emprunt de Dom Pedro de AlcĂąntara, insistant pour ĂȘtre traitĂ© de maniĂšre informelle et se contentant de descendre dans les hĂŽtels[296] - [303]. Il passe ses journĂ©es Ă  rencontrer des scientifiques et d'autres intellectuels avec qui il partage des centres d'intĂ©rĂȘts et Ă  discuter avec eux[296] - [301]. Son sĂ©jour europĂ©en est un succĂšs ; son attitude et sa curiositĂ© lui attirent le respect dans les pays qu'il visite. Le prestige du BrĂ©sil et de l'empereur sont renforcĂ©s lors de sa tournĂ©e quand arrive du BrĂ©sil la nouvelle que la loi du ventre libre a Ă©tĂ© ratifiĂ©e. Le couple impĂ©rial retourne triomphalement au BrĂ©sil le [274].

La querelle avec les Ă©vĂȘques

Pierre II Ă  49 ans, en 1875.

Peu aprĂšs son retour au BrĂ©sil, Pierre II est confrontĂ© Ă  une crise inattendue. Le clergĂ© est depuis longtemps en sous-effectif, indisciplinĂ© et peu instruit[304] - [305], ce qui conduit Ă  une perte de respect pour l'Église catholique[304]. Le gouvernement impĂ©rial a lancĂ© un programme de rĂ©formes pour remĂ©dier Ă  ces lacunes[304]. Comme le catholicisme est religion d'État, l'empereur exerce un contrĂŽle sur les affaires de l’Église[304], le paiement des salaires des membres du clergĂ©, la nomination des curĂ©s et des Ă©vĂȘques, la ratification des bulles pontificales et la supervision de sĂ©minaires[304] - [306]. Poursuivant sa rĂ©forme, le gouvernement nomme des Ă©vĂȘques qui satisfont Ă  ses critĂšres pour l'Ă©ducation, le soutien des rĂ©formes et le retour aux valeurs morales[304] - [305]. Cependant, comme les hommes plus aptes commencent Ă  remplir les rangs de la hiĂ©rarchie de l'Église, le ressentiment contre le contrĂŽle gouvernemental augmente[304] - [305].

Les Ă©vĂȘques d'Olinda et de ParĂĄ sont deux Ă©vĂȘques de la nouvelle gĂ©nĂ©ration de ce clergĂ© instruit, de zĂ©lĂ©s religieux brĂ©siliens. Ils sont influencĂ©s par l'ultramontanisme qui se propage dans le catholicisme Ă  cette Ă©poque. En 1872, ils ordonnent que des francs-maçons soient expulsĂ©s des confrĂ©ries de frĂšres lais[307] - [308] - [309]. Bien que la franc-maçonnerie europĂ©enne ait souvent tendance Ă  prĂŽner l'athĂ©isme et l'anticlĂ©ricalisme, les choses sont trĂšs diffĂ©rentes au BrĂ©sil[310] oĂč les ordres maçonniques sont lĂ©gion, mĂȘme si l'empereur lui-mĂȘme n'en fait pas partie[311]. Le gouvernement tente Ă  deux reprises de persuader les Ă©vĂȘques d'annuler leur dĂ©cision, mais ils refusent. Ils sont alors traduits devant la Cour supĂ©rieure de justice et condamnĂ©s. En 1874, les Ă©vĂȘques sont condamnĂ©s Ă  quatre ans de travaux forcĂ©s, que l'empereur transforme seulement en une peine d'emprisonnement[312] - [313] - [314]. Pierre II joue un rĂŽle dĂ©cisif en soutenant sans Ă©quivoque les dĂ©cisions du gouvernement[304] - [308] - [315].

Pierre II est un fervent partisan du catholicisme, qu'il considĂšre comme assurant la promotion d'importantes valeurs de civilisation et de civisme. Bien que trĂšs orthodoxe en matiĂšre de doctrine, il se sent libre de penser et d'agir[316]. L'empereur accepte les nouvelles idĂ©es, comme la thĂ©orie de Charles Darwin sur l'Ă©volution, dont il fait remarquer que « les lois qu'il [Darwin] a dĂ©couvertes glorifient le CrĂ©ateur »[317]. Il est modĂ©rĂ© dans ses croyances religieuses[318], mais il ne peut pas accepter un manque de respect Ă  la loi civile et Ă  l'autoritĂ© du gouvernement[308] - [319]. Comme il le dit Ă  son beau-fils : « [Le gouvernement] doit veiller Ă  ce que la constitution soit respectĂ©e dans ces procĂ©dures, il n'y a pas de volontĂ© de protĂ©ger la maçonnerie
 mais le but est de dĂ©fendre les droits du pouvoir civil »[320]. La crise est rĂ©solue en septembre 1875 lorsque l'empereur dĂ©cide d'accorder une amnistie complĂšte aux Ă©vĂȘques et d'annuler leurs ordres d'expulsion[314] - [321]. La principale consĂ©quence de la crise est que le clergĂ© ne voit plus aucun avantage Ă  soutenir Pierre II[308]. Mais s'il a abandonnĂ© l'empereur, il attend ardemment l'arrivĂ©e au pouvoir de sa fille aĂźnĂ©e et hĂ©ritiĂšre, Isabelle, en raison de ses idĂ©es jugĂ©es ultramontaines[322].

Voyage aux États-Unis, en Europe et au Moyen-Orient

Pierre II (assis, Ă  droite) aux chutes du Niagara, en 1876.

L'empereur part ensuite une nouvelle fois en voyage Ă  l'Ă©tranger, cette fois Ă  destination des États-Unis. Il est accompagnĂ© de Rafael, son fidĂšle serviteur, qui l'a Ă©levĂ© dĂšs l'enfance[323]. Pierre II arrive Ă  New York le et part de lĂ  visiter le pays ; il va ainsi jusqu'Ă  San Francisco Ă  l'ouest, La Nouvelle-OrlĂ©ans au sud, Washington et au nord Toronto, au Canada[324] - [325] - [326]. Le voyage est « un triomphe complet », Pierre II fait une profonde impression sur le peuple amĂ©ricain par sa simplicitĂ© et sa bontĂ©[169] - [327] - [328]. Lors de sa visite Ă  l'exposition universelle de Philadelphie en , il contribue grandement Ă  faire connaĂźtre l'invention d'un alors obscur professeur pour enfants sourd-muets, Alexander Graham Bell. Alors qu'il fait chaud et que les membres du jury sont fatiguĂ©s, il insiste pour tester la machine de Bell. En entendant la voix de Bell, il s'exclame "Mon Dieu ! Cette machine parle !"[329].

Il traverse ensuite l'Atlantique et visite le Danemark, la SuĂšde, la Finlande, la Russie, l'Empire ottoman, la GrĂšce, la Terre sainte, l'Égypte, l'Italie, l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, la Suisse et le Portugal[330] - [331]. Il retourne au BrĂ©sil le [332].

Ses voyages Ă  l'Ă©tranger ont un impact psychologique profond sur l'empereur. Il se libĂšre en effet largement des restrictions imposĂ©es par sa fonction[333]. Sous le pseudonyme de Pedro de AlcĂąntara, il peut se dĂ©placer comme une personne ordinaire, allant mĂȘme jusqu'Ă  partir en voyage en train seul avec sa femme. C'est uniquement lors de ses tournĂ©es Ă  l'Ă©tranger que l'empereur peut quitter l'existence formelle et les exigences de la vie qu'il mĂšne au BrĂ©sil[333]. Victor Hugo note avec quelle bonhommie l’empereur, venu lui rendre visite le 22 et dĂźner le , se comporta avec lui-mĂȘme et ses petits-enfants. Il rapporte que son invitĂ© appelle les rois et les empereurs rĂ©gnants « ses collĂšgues » et s’exclame modestement : « Je n’ai pas de droits, je n’ai qu’un pouvoir dĂ» au hasard. Je dois l’employer pour le bien. ProgrĂšs et libertĂ© [334]! » Il lui devient alors plus difficile de reprendre son rĂŽle de chef de l'État aprĂšs son retour[335]. AussitĂŽt aprĂšs la mort de ses fils, sa foi en l'avenir de la monarchie s'est Ă©vaporĂ©e. Ses voyages Ă  l'Ă©tranger lui font maintenant avoir un profond ressentiment envers le destin qui a placĂ© une telle charge sur ses Ă©paules alors qu'il Ă©tait seulement un enfant de cinq ans. S'il a dĂ©jĂ  compris qu'il n'a aucun intĂ©rĂȘt Ă  chercher Ă  conserver le trĂŽne pour la prochaine gĂ©nĂ©ration, il n'a plus envie de s'y maintenir pour le restant de sa propre vie[336].

DĂ©clin et chute

La décadence

Pierre II à 61 ans, en 1887 : un empereur résigné à l'abdication.
L'empereur Pierre II photographié à Paris par Alphonse Liébert en 1887.

Pendant les annĂ©es 1880, le BrĂ©sil continue de prospĂ©rer et la composition sociale de sa population se diversifie sensiblement, tandis que le combat pour les droits des femmes commence Ă  s'y dĂ©velopper[337]. Les lettres Ă©crites par Pierre II nous montrent un homme cultivĂ© mais de plus en plus las du monde et pessimiste sur son avenir[338] - [339]. L'empereur reste respectueux de ses fonctions et mĂ©ticuleux dans l'exĂ©cution des tĂąches qui lui sont demandĂ©es, mĂȘme s'il les assure souvent sans enthousiasme[339]. En raison de son indiffĂ©rence croissante Ă  l'Ă©gard du sort du rĂ©gime[340] et de son manque de rĂ©action face aux contestations du systĂšme impĂ©rial, certains historiens lui attribuent la « principale, peut-ĂȘtre l'unique, responsabilitĂ© » de la chute de la monarchie[341].

Connaissant les dangers et les obstacles au gouvernement, les personnalitĂ©s politiques des annĂ©es 1830 considĂ©raient l’empereur comme la source fondamentale de l’autoritĂ© indispensable Ă  la fois pour le gouvernement et la survie nationale[55]. Cependant, cette gĂ©nĂ©ration d’hommes politiques disparaĂźt ou se retire progressivement du gouvernement jusqu’à ce que, dans les annĂ©es 1880, elle soit presque entiĂšrement remplacĂ©e par un nouveau groupe de politiciens qui n’a aucune expĂ©rience de la RĂ©gence et des premiĂšres annĂ©es du rĂšgne de Pierre II, quand des dangers externes et internes menaçaient l'existence mĂȘme de la nation. Ils n'ont connu qu'une administration stable et la prospĂ©ritĂ©[55]. À l'opposĂ© de ceux de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente, les nouveaux hommes politiques ne voient donc aucune raison de dĂ©fendre le rĂŽle impĂ©rial comme une force unificatrice bĂ©nĂ©fique pour la nation[342]. Le rĂŽle de Pierre II dans la rĂ©alisation de l'unitĂ© nationale, de la stabilitĂ© et du bon gouvernement est maintenant complĂštement oubliĂ© et nĂ©gligĂ© par les Ă©lites dirigeantes. Par son humilitĂ©, l'empereur a donnĂ© l'impression que son rĂŽle Ă©tait inutile[343].

L'absence d'hĂ©ritier mĂąle permettant d'envisager une nouvelle direction de la nation diminue Ă©galement les perspectives Ă  long terme de la monarchie brĂ©silienne. L'empereur aime sa fille Isabelle, mais il estime qu'une femme au pouvoir est impossible au BrĂ©sil. Il considĂšre la mort de ses deux fils comme un signe que l'Empire est destinĂ© Ă  ĂȘtre supplantĂ©[344]. La rĂ©sistance Ă  accepter une femme Ă  la tĂȘte de l'État est Ă©galement partagĂ©e par l’establishment politique[345]. MĂȘme si la constitution permet une succession fĂ©minine au trĂŽne, le BrĂ©sil est encore trĂšs traditionnel et envisage seulement un successeur mĂąle comme chef d'État[125].

Le rĂ©publicanisme est une croyance qui n'a jamais prospĂ©rĂ© au sein de l'Ă©lite brĂ©silienne[346] - [347] et rencontre peu de soutien dans les provinces[348] - [349] - [350]. Cependant, la combinaison des idĂ©es rĂ©publicaines avec la diffusion du positivisme au sein de l'armĂ©e et des officiers de bas ou de moyens grades constitue un grave danger pour la monarchie et conduit Ă  l'indiscipline au sein du corps militaire. Certains soldats rĂȘvent ainsi d'une rĂ©publique dictatoriale qui serait supĂ©rieure Ă  la monarchie libĂ©rale et dĂ©mocratique[351] - [352] - [353].

L’abolition de l'esclavage et le coup d’État rĂ©publicain

La derniÚre photographie de la famille impériale au Brésil, en 1889.

À la fin des annĂ©es 1880, la santĂ© de l'empereur s'aggrave considĂ©rablement[354] et ses mĂ©decins lui conseillent d'aller se faire soigner en Europe[355]. Pierre II quitte donc le BrĂ©sil le tandis que sa fille Isabelle assure la rĂ©gence[355]. Pendant son sĂ©jour Ă  Milan, l'empereur reste deux semaines entre la vie et la mort et reçoit les derniers sacrements[356] - [357] - [358]. Alors qu'il est en convalescence, sur son lit d'hĂŽpital, on l'informe, le , que l'esclavage est aboli au BrĂ©sil. D'une voix faible et les larmes aux yeux, il dit : « Quel grand peuple ! Quel grand peuple ! »[359] - [360] - [361]. Il retourne au BrĂ©sil et dĂ©barque Ă  Rio de Janeiro le [362] - [363]. « Le pays tout entier l'accueille avec un enthousiasme jamais vu auparavant. De la capitale, des provinces, de partout, arrivent preuves d'affection et de vĂ©nĂ©ration[364] ». Les signes de dĂ©votion exprimĂ©s par les BrĂ©siliens au retour de l'empereur et de l'impĂ©ratrice montrent Ă  quel point la monarchie semble bĂ©nĂ©ficier d'un soutien inĂ©branlable[365] et ĂȘtre au sommet de sa popularitĂ©[362] - [366] - [367].

Le pays bĂ©nĂ©ficie d'un important prestige international pendant les derniĂšres annĂ©es de l'Empire[368] et est devenu une puissance Ă©mergente sur la scĂšne internationale[note 3]. Les prĂ©dictions d'un bouleversement Ă©conomique et d'une flambĂ©e du chĂŽmage provoquĂ©s par l'abolition de l'esclavage ne se sont pas matĂ©rialisĂ©es et la rĂ©colte du cafĂ© de 1888 est un succĂšs[369]. Pourtant, la fin de l'esclavage aboutit Ă  un transfert explicite de soutien au rĂ©publicanisme par les riches et puissants producteurs de cafĂ© qui tiennent un grand pouvoir politique, Ă©conomique et social dans le pays[370] - [371]. Ceux-ci considĂšrent l'Ă©mancipation comme la confiscation d'une partie de leurs biens personnels[372]. Pour tenter d'amortir cette rĂ©action rĂ©publicaine, le gouvernement utilise les rĂ©serves disponibles du pays dues Ă  sa prospĂ©ritĂ©. Il met Ă  la disposition des gros planteurs des prĂȘts massifs Ă  des taux d'intĂ©rĂȘt rĂ©duits et accorde gĂ©nĂ©reusement titres et honneurs pour rĂ©cupĂ©rer les faveurs de personnalitĂ©s politiques influentes devenues mĂ©contentes[373]. Le gouvernement commence aussi Ă  s'attaquer indirectement au problĂšme de l'armĂ©e rĂ©calcitrante par la revitalisation d'une Garde nationale moribonde qui n'existe surtout que sur le papier[374].

Les mesures prises par le gouvernement inquiÚtent les républicains et les militaires positivistes. Mais, se rendant compte que ces dispositions minent le pouvoir et favorisent leurs propres fins, les républicains poussent le gouvernement à prendre d'autres décisions analogues[375]. La réorganisation de la Garde nationale est lancée par le gouvernement en et la création d'une force rivale pousse des officiers dissidents à envisager des mesures désespérées. Pour les républicains et les militaires, c'est « maintenant ou jamais »[376]. Bien que la majorité de la population n'ait aucun désir de changer de forme du gouvernement[350], les républicains commencent à faire pression sur les militaires positivistes pour renverser la monarchie[377].

Ces derniers rĂ©alisent un coup d'État et instituent la rĂ©publique le [378] - [379] - [380] - [381]. Dans un premier temps, les quelques personnes qui voient ce qui se passe ne se rendent pas compte qu'il s'agit d'une rĂ©bellion[382] - [383]. L'historienne LĂ­dia Besouchet note que : « rarement une rĂ©volution n'a Ă©tĂ© aussi rĂ©duite »[384]. Pendant toute l'Ă©preuve, Pierre II ne montre aucune Ă©motion, se souciant apparemment peu de l'issue des Ă©vĂ©nements[385]. Il rejette toutes les propositions que lui font les politiciens et les chefs militaires pour rĂ©primer la rĂ©bellion[386] - [387] - [388]. Quand l'empereur entend la nouvelle de sa dĂ©position, il la commente simplement de ces mots : « S'il en est ainsi, je prendrai ma retraite, j'ai assez travaillĂ© et je suis fatiguĂ© ; je vais aller me reposer[380] ». Pierre II part donc en exil avec sa famille le [389].

L’exil et l’hĂ©ritage

Les derniÚres années

Débarquement de Dom Pedro, à Lisbonne : le canot impérial abordant à l'Arsenal de la Marine.

Les importantes rĂ©actions pro-monarchistes sont rĂ©primĂ©es aprĂšs la chute de l’Empire[390]. Des Ă©meutes Ă©clatent pour protester contre le coup d’État ainsi que des batailles rangĂ©es entre des troupes monarchistes de l’armĂ©e et les milices rĂ©publicaines[391]. « Le nouveau rĂ©gime supprime avec une prompte brutalitĂ© et un mĂ©pris total des libertĂ©s civiles toutes les tentatives de crĂ©er un parti monarchiste ou de publier des journaux monarchistes »[392]. L’impĂ©ratrice ThĂ©rĂšse-Christine meurt quelques jours aprĂšs l’arrivĂ©e de la famille impĂ©riale en Europe[393] - [394] et la princesse Isabelle et sa famille dĂ©mĂ©nagent en Normandie pendant que l’empereur reste Ă  Paris[395] - [396]. Ses derniĂšres annĂ©es sont solitaires et mĂ©lancoliques ; il vit dans des hĂŽtels modestes, sans argent, Ă©crit dans son journal son souhait d’ĂȘtre autorisĂ© Ă  rentrer au BrĂ©sil[397] - [398] - [399].

Pierre II, dans son uniforme de marĂ©chal de l’armĂ©e brĂ©silienne sur son lit de mort le 6 dĂ©cembre 1891.

Un jour, Pierre II fait un long trajet en voiture dĂ©couverte le long de la Seine alors qu’il fait trĂšs froid. Le soir, il se sent mal aprĂšs son retour Ă  l’hĂŽtel[400] - [401]. La maladie se transforme en pneumonie dans les jours suivants[400] - [402].

Pierre II dĂ©cline rapidement et meurt Ă  0 h 35 le [403] - [404] Ă  l'hĂŽtel Bedford au 17, rue de l'Arcade (8e arrondissement de Paris)[405] entourĂ© de sa famille[406]. Ses derniers mots sont : « Deus que me conceda esses Ășltimos desejos – paz e prosperidade para o Brasil
 » (« Que Dieu m'accorde ces derniers souhaits : paix et prospĂ©ritĂ© pour le BrĂ©sil
 »)[407]. Tandis qu'on prĂ©pare son corps, on trouve un emballage scellĂ© dans la piĂšce, avec un message Ă©crit par l'empereur lui-mĂȘme : « C'est le sol de mon pays, je souhaite qu'il soit placĂ© dans mon cercueil au cas oĂč je mourrais loin de ma patrie »[404] - [408] - [409]. Le paquet, qui contenait de la terre de toutes les provinces du BrĂ©sil, est bien placĂ© Ă  l'intĂ©rieur du cercueil[408] - [410].

Funérailles de Pierre II, empereur de Brésil (dessin d'aprÚs nature, de M. Charles Morel).

La princesse Isabelle souhaite organiser un enterrement discret et privĂ©[411] mais elle accepte finalement la demande du gouvernement français de lui offrir des obsĂšques nationales[404] - [412] - [413]. Le , des milliers de personnes assistent Ă  la cĂ©rĂ©monie Ă  l'Ă©glise de la Madeleine. En dehors de la famille, y assistent notamment : François II, ancien roi des Deux-Siciles, Isabelle II, ancienne reine d'Espagne, le comte de Paris et d'autres membres des familles royales europĂ©ennes[414] - [415]. Sont Ă©galement prĂ©sents, le gĂ©nĂ©ral Joseph BrugĂšre, reprĂ©sentant le prĂ©sident de la RĂ©publique Sadi Carnot, les prĂ©sidents du SĂ©nat et de la Chambre des dĂ©putĂ©s[412] ainsi que des diplomates. D'autres reprĂ©sentants du gouvernement français[416] et presque tous les membres de l'Institut de France sont lĂ [412] - [417]. D'autres gouvernements d'AmĂ©rique et d'Europe ont Ă©galement envoyĂ© des reprĂ©sentants, de mĂȘme que des pays lointains comme l'Empire ottoman, la Chine, le Japon et la Perse[416]. AprĂšs la cĂ©rĂ©monie, le cercueil est portĂ© en procession jusqu'Ă  la gare, d'oĂč il est transportĂ© au Portugal. Environ 300 000 personnes[418] se rendent le long du parcours malgrĂ© la pluie incessante et le froid[419]. Le voyage se poursuit jusqu'Ă  l'Ă©glise de SĂŁo Vicente de Fora, prĂšs de Lisbonne, oĂč l'empereur est inhumĂ© le dans le PanthĂ©on des Bragance[420] - [421].

Le gouvernement rĂ©publicain brĂ©silien, « de peur d'une rĂ©action Ă  la mort de l'empereur », interdit toute manifestation officielle[422]. NĂ©anmoins, le peuple brĂ©silien est loin d'ĂȘtre indiffĂ©rent Ă  la mort de Pierre II et « les rĂ©percussions au BrĂ©sil sont Ă©galement immenses. MalgrĂ© les efforts du gouvernement pour les rĂ©primer, il y a des manifestations de tristesse dans tout le pays : cessation d'activitĂ©, fermeture de volets, drapeaux en berne, brassards noirs, glas, cĂ©rĂ©monies religieuses. »[420] - [423]. Des messes sont cĂ©lĂ©brĂ©es Ă  sa mĂ©moire, et la monarchie reçoit des Ă©loges dans les sermons qui suivent[423].

HĂ©ritage

La tombe de Pierre II et de son Ă©pouse dans la cathĂ©drale de PetrĂłpolis dans l'État de Rio.

AprĂšs sa chute, les BrĂ©siliens restent attachĂ©s Ă  cet empereur populaire qu'ils considĂšrent comme un hĂ©ros[424] et continuent Ă  le percevoir comme un symbole national, le PĂšre du peuple personnifiĂ©[425]. Cette opinion est encore plus forte chez les personnes d'ascendance africaine, qui ont assimilĂ© la monarchie Ă  la libertĂ©[426]. Le phĂ©nomĂšne continu de soutien au monarque dĂ©chu est largement attribuĂ© Ă  une croyance encore actuelle qu'il Ă©tait un « dirigeant sage, bienveillant, austĂšre et honnĂȘte »[427]. Cette image positive du souverain et la nostalgie que laisse son rĂšgne, n'a fait que grandir dans une nation qui tombe rapidement dans une sĂ©rie de crises Ă©conomiques et politiques que les BrĂ©siliens attribuent au renversement de l'empereur[428]. Il n'a jamais cessĂ© d'ĂȘtre un hĂ©ros populaire et devient progressivement un hĂ©ros officiel[429].

Des sentiments inattendus de culpabilitĂ© se manifestent chez certains rĂ©publicains et ils deviennent de plus en plus importants aprĂšs la mort de l'empereur en exil, Ă  la fin de 1891[430]. Ceux-ci couvrent alors de louanges le souverain mort qu'ils considĂšrent comme un modĂšle d'idĂ©al rĂ©publicain[431] et l'Ă©poque impĂ©riale, qui selon eux, devrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un exemple Ă  suivre par la jeune rĂ©publique[432]. Au BrĂ©sil, les nouvelles de la mort de l'empereur suscitent un « vĂ©ritable sentiment de regret chez ceux qui, sans sympathie pour une restauration, reconnaissent Ă  la fois les mĂ©rites et les rĂ©alisations de leur souverain dĂ©funt »[424] - [427] - [433] - [434].

Les restes de Pierre II, ainsi que ceux de sa femme, retournent finalement au BrĂ©sil en 1921 et le gouvernement accorde au corps de l'empereur les honneurs dus Ă  un chef d'État[435]. Le jour du retour de sa dĂ©pouille est dĂ©clarĂ© fĂ©riĂ© et il est fĂȘtĂ© comme le retour d'un hĂ©ros national[436] dans tout le pays[431]. Des milliers de personnes assistent Ă  la cĂ©rĂ©monie principale Ă  Rio de Janeiro. Pedro Calmon dĂ©crit ainsi la scĂšne : « Les personnes ĂągĂ©es pleuraient ; beaucoup s'agenouillaient ; tout le monde applaudissait. Il n'y avait pas de distinction entre rĂ©publicains et monarchistes. Ils Ă©taient tous brĂ©siliens »[437]. Cet hommage marque la rĂ©conciliation des BrĂ©siliens rĂ©publicains avec le passĂ© monarchique[438].

Les historiens tiennent en haute estime Pierre II et son rĂšgne. La littĂ©rature scientifique qui traite de lui est vaste et, Ă  l'exception de la pĂ©riode immĂ©diatement aprĂšs son Ă©viction, extrĂȘmement positive, mĂȘme Ă©logieuse[439]. Il est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© par les historiens brĂ©siliens comme le plus grand homme du BrĂ©sil[1] - [440] - [441]. De maniĂšre assez similaire aux mĂ©thodes utilisĂ©es par les rĂ©publicains, les historiens considĂšrent l'empereur comme un exemple Ă  suivre, bien qu'aucun n'aille jusqu'Ă  prĂ©coniser un retour de la monarchie. Richard Graham note : « La plupart des historiens du XXe siĂšcle regardent la pĂ©riode du rĂšgne de Pierre II avec nostalgie, leurs descriptions de l'Empire leur permettant de critiquer, parfois subtilement, parfois non, les rĂ©gimes rĂ©publicains ou dictatoriaux qui ont suivi »[442].

Famille

Généalogie ascendante

Les ascendants de Pierre II sont[443] :

32. Pierre II de Portugal
16. Jean V de Portugal (= 36)
33. Marie-Sophie de Neubourg
8. Pierre III de Portugal
34. LĂ©opold Ier du Saint-Empire
17. Marie-Anne d'Autriche (= 37)
35. ÉlĂ©onore de Neubourg
4. Jean VI de Portugal
36. Jean V de Portugal (= 16)
18. Joseph Ier de Portugal
37. Marie-Anne d'Autriche (= 17)
9. Marie Ire de Portugal
38. Philippe V d'Espagne (= 40,44,52,56)
19. Marie-Anne-Victoire d'Espagne
39. Élisabeth Farnùse (= 41,45,53,57)
2. Pierre Ier du Brésil
40. Philippe V d'Espagne (= 38,44,52,56)
20. Charles III d'Espagne
41. Élisabeth Farnùse (= 39,45,53,57)
10. Charles IV d'Espagne
42. Auguste III de Pologne (= 54,58)
21. Marie-Amélie de Saxe
43. Marie-JosĂšphe d'Autriche (= 55,59)
5. Charlotte d'Espagne
44. Philippe V d'Espagne (= 38,40,52,56)
22. Philippe Ier de Parme
45. Élisabeth Farnùse (= 39,41,53,57)
11. Marie-Louise de Bourbon-Parme
46. Louis XV de France
23. Élisabeth de France
47. Marie Leszczynska
1. Pierre II du Brésil
48. LĂ©opold Ier de Lorraine (= 60)
24. François Ier du Saint-Empire
49. Élisabeth-Charlotte d'OrlĂ©ans (= 61)
12. LĂ©opold II du Saint-Empire
50. Charles VI du Saint-Empire (= 62)
25. Marie ThérÚse d'Autriche
51. Élisabeth-Christine de Brunswick-WolfenbĂŒttel (= 63)
6. François Ier d'Autriche
52. Philippe V d'Espagne (= 38,40,44,56)
26. Charles III d'Espagne (= 20)
53. Élisabeth Farnùse (= 39,41,45,57)
13. Marie-Louise d'Espagne
54. Auguste III de Pologne (= 42,58)
27. Marie-Amélie de Saxe (= 21)
55. Marie-JosĂšphe d'Autriche (= 43,59)
3. Marie LĂ©opoldine d'Autriche
56. Philippe V d'Espagne (= 38,40,44,52)
28. Charles III d'Espagne (= 20)
57. Élisabeth Farnùse (= 39,41,45,53)
14. Ferdinand Ier des Deux-Siciles
58. Auguste III de Pologne (= 42,54)
29. Marie-Amélie de Saxe (= 21)
59. Marie-JosĂšphe d'Autriche (= 43,55)
7. Marie-ThérÚse de Bourbon-Naples
60. LĂ©opold Ier de Lorraine (= 48)
30. François Ier du Saint-Empire (= 24)
61. Élisabeth-Charlotte d'OrlĂ©ans (= 49)
15. Marie-Caroline d'Autriche
62. Charles VI du Saint-Empire (= 50)
31. Marie ThérÚse d'Autriche (= 25)
63. Élisabeth-Christine de Brunswick-WolfenbĂŒttel (= 51)

Descendance

Nom Portrait Naissance-DĂ©cĂšs Notes
avec ThĂ©rĂšse-Christine des Deux-Siciles ( – ; Ă©pousĂ©e le )
Alphonse,
prince impérial du Brésil
Alphonse, prince impĂ©rial du BrĂ©sil –
Prince impérial du Brésil de sa naissance à sa mort en 1847.
Isabelle,
princesse impériale du Brésil
Half-length photographic portrait of a young lady in profile with light-colored hair held back by a dark velvet ribbon and wearing a Victorian-style dress of lace with a cameo on a dark ribbon around her neck –
Princesse impériale du Brésil, régente du Brésil, qui épouse le
prince Gaston d'Orléans (1842-1922), comte d'Eu ;
le comte de Paris est un de leurs descendants.
Princesse LĂ©opoldine du BrĂ©sil Half-length photographic portrait of a young lady with dark-colored hair swept back and wearing a high-necked, dark Victorian era satin dress with dark buttons –
Ă©pouse le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary,
quatre garçons naissent de ce mariage.
Pierre-Alphonse,
prince impérial du Brésil
A painting of a blond toddler in a white dress being supported by another child wearing a blue dress. –
Prince impérial du Brésil de sa naissance à sa mort en 1850.

DĂ©corations

L'empereur Pierre II est titulaire des décorations suivantes[444] :

Décorations brésiliennes

DĂ©corations Ă©trangĂšres

Dans la culture populaire

Logo du Colégio Pedro II.

Toponymie

Sport

L'Esporte Clube Dom Pedro II est un club de football brésilien basé à Brasilia.

Enseignement

Le Colégio Pedro II est un important établissement d'enseignement public brésilien situé à Rio de Janeiro.

Littérature

Pierre II semble avoir inspirĂ© le personnage du roi de MalĂ©carlie, issu de l'Ɠuvre de Jules Verne L'Île Ă  hĂ©lice[445].

Cinéma et télévision

Jeux vidéo

Dans les jeux Civilization V: Brave New World et Civilization VI, il est proposé aux joueurs d'incarner Pierre II pour mener une partie avec le Brésil.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. « Le second empire qui est la pĂ©riode pendant laquelle notre empereur fut D. Pedro II, a durĂ© 58 ans, depuis l'abdication de son pĂšre, D. Pedro I, en 1831, jusqu'Ă  la proclamation de la rĂ©publique en 1889. » —HĂ©lio Vianna. Vianna (1994), p. 467.
  2. « La paix fut conclue et permit, avec la mise en application de ses idĂ©aux, l'Ă©volution de la dĂ©mocratie au BrĂ©sil. Il n'y a pas de plus longue pĂ©riode continue de tranquillitĂ© dans l'histoire de l'AmĂ©rique du Sud, si diffĂ©rente des situations des pays voisins du BrĂ©sil [les rĂ©publiques sud-amĂ©ricaines, anciennes colonies espagnoles] que J.B. Alberdi la considĂšre comme le miracle brĂ©silien. Quand l'empereur fut renversĂ© en 1889, Rojas PaĂșl, prĂ©sident du Venezuela, dit : « C'est fini pour la seule rĂ©publique qui existait en AmĂ©rique du Sud : l'Empire brĂ©silien ». Mitre l'appelait « une dĂ©mocratie couronnĂ©e » » —Pedro Calmon. Calmon (2002), p. 217.
  3. L'historien Roderick J. Barman dit que l'opinion de l'importance croissante du Brésil était largement partagée par les autres nations. Barman (1999), p. 306.

Références

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