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Tamanoir

Myrmecophaga tridactyla ‱ Fourmilier gĂ©ant

Myrmecophaga tridactyla
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Tamanoir (Myrmecophaga tridactyla)

Genre

Myrmecophaga
Peters, 1867

EspĂšce

Myrmecophaga tridactyla
Linnaeus, 1758

Synonymes

  • Falcifer Rehn, 1900
  • Myrmecopha Fischer von Waldheim, 1803
  • Myrmecophagus Gray, 1825
  • espĂšce: "iubata" Weid, 1826[1]

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Bleu : présent; Orange : probablement éteint

Statut de conservation UICN

( VU )
VU A2c : Vulnérable

Statut CITES

Sur l'annexe  II  de la CITES Annexe II , RĂ©v. du 01/07/1975

Le tamanoir, Ă©galement nommĂ© fourmilier gĂ©ant ou grand fourmilier[2] (Myrmecophaga tridactyla), est une espĂšce de mammifĂšres de la famille des Myrmecophagidae. C'est la seule espĂšce du genre Myrmecophaga. C'est un grand mammifĂšre insectivore natif de l'AmĂ©rique centrale et du Sud. Il est l'une des quatre espĂšces vivantes de fourmiliers et classĂ©, avec les paresseux, dans l'ordre Pilosa. Le tamanoir est surtout terrestre, contrairement Ă  d'autres fourmiliers ou paresseux, qui sont arboricoles ou semi-arboricoles. L'espĂšce est la plus grande de sa famille avec une taille moyenne comprise entre 182 et 217 cm et un poids allant de 33 Ă  41 kg pour les mĂąles, de 27 Ă  39 kg pour les femelles. Le tamanoir est reconnaissable Ă  son museau allongĂ©, sa queue touffue, ses griffes avant longues et son pelage de couleur distincte.

Le fourmilier gĂ©ant se rencontre dans de multiples habitats, notamment les prairies et la forĂȘt tropicale. Il vit gĂ©nĂ©ralement Ă  cheval sur plusieurs biotopes vitaux. Le tamanoir se nourrit dans les zones ouvertes, pour se reposer dans les zones plus boisĂ©es. Il se nourrit principalement de fourmis et de termites, en utilisant ses griffes de devant pour les dĂ©terrer et sa longue langue collante pour les recueillir. Ils sont pour la plupart solitaires sauf pendant les relations mĂšre-jeunes ou lors de l'accouplement; les interactions entre mĂąles sont agressives. Les femelles portent leur progĂ©niture sur leur dos jusqu'au sevrage.

Le fourmilier géant est répertorié comme vulnérable par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il a disparu de nombreuses parties de son ancienne aire de répartition, y compris la quasi-totalité de l'Amérique centrale. Les menaces à sa survie comprennent la destruction des habitats, le feu, et le braconnage pour la fourrure et la viande de brousse, bien que certains fourmiliers habitent dans des zones protégées. Avec son apparence et ses habitudes distinctives, le fourmilier a été présenté dans les mythes précolombiens et contes populaires.

Taxonomie et phylogénie

Cette espĂšce a obtenu son nom binomial de LinnĂ© en 1758. Son nom gĂ©nĂ©rique, Myrmecophaga, et le nom spĂ©cifique, tridactyla, sont d'origine grecque, signifiant respectivement "dĂ©voreur de fourmis" et "trois doigts"[3]. Myrmecophaga jubata a Ă©tĂ© utilisĂ© comme synonyme. Trois sous-espĂšces ont Ă©tĂ© provisoirement proposĂ©e: M. t. tridactyla (allant du Venezuela et des Guyanes au nord de l'Argentine), M. t. centralis (originaire d'AmĂ©rique centrale, du nord-ouest de la Colombie, et du nord de l'Équateur), et M. t. artata (indigĂšne du nord/nord-ouest de la Colombie et Venezuela). Le fourmilier gĂ©ant est regroupĂ© avec les Tamandua du nord et du sud semi-arboricoles dans la famille Myrmecophagidae. Avec la famille Cyclopedidae, ils constituent le sous-ordre des Vermilingua[4].

Les fourmiliers et les paresseux appartiennent Ă  l'ordre Pilosa et au super-ordre Xenarthra au mĂȘme titre que Cingulata (dont les seuls membres existants sont les tatous). Les deux ordres de Xenarthra se sont divisĂ©s il y a 66 millions d'annĂ©es Ă  l'Ă©poque du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur. Les fourmiliers et les paresseux ont divergĂ© il y a environ 55 millions d'annĂ©es, entre les Ă©poques PalĂ©ocĂšne et EocĂšne. La lignĂ©e Cyclopes Ă©mergĂ© autour de 30 millions d'annĂ©es dans l'OligocĂšne, tandis que les lignĂ©es Myrmecophaga et Tamandua se sont divisĂ©s il y a environ 10 millions d'annĂ©es dans la sous-Ă©poque du MiocĂšne tardif[5]. Pendant la majeure partie de l'Ăšre CĂ©nozoĂŻque, les fourmiliers ont Ă©tĂ© confinĂ©s Ă  l'AmĂ©rique du Sud, qui Ă©tait autrefois une Ăźle-continent. AprĂšs la formation de l'isthme de Panama il y a environ 3 millions d'annĂ©es (PliocĂšne, HolocĂšne), les fourmiliers des trois genres existants ont envahi l'AmĂ©rique centrale dans le cadre du grand Ă©change faunique interamĂ©ricain[6].

Les archives fossiles pour les fourmiliers sont gĂ©nĂ©ralement clairsemĂ©es[7]. Certains fossiles connus comprennent le PliocĂšne avec le genre Palaeomyrmidon, un proche parent au fourmilier soyeux, Protamandua, un taxon[8] sƓur au clade qui comprend le fourmilier gĂ©ant et les tamanduas du MiocĂšne, et Neotamandua, un taxon sƓur de Myrmecophaga[9]. Protamandua Ă©tait plus grand qu'un fourmilier soyeux (voir Cyclopes didactylus) mais plus petit qu'un tamandua, tandis que Neotamandua Ă©tait plus important, se situant quelque part entre un tamandua et un fourmilier gĂ©ant. Protamandua ne semble pas avoir de pieds spĂ©cialisĂ©s pour la locomotion terrestre ou arboricole, mais il a peut-ĂȘtre eu une queue prĂ©hensile. Cependant pour Neotamandua, il est peu probable qu'il ait eu une queue prĂ©hensile et ses pieds Ă©taient intermĂ©diaire, une sous forme, entre ceux des tamanduas et du fourmilier gĂ©ant[7]. Les espĂšces borĂ©ales Neotamandua ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme un ancĂȘtre de ce dernier[10].

Le fourmilier gĂ©ant est la plus terrestre des espĂšces de fourmilier vivant. Ses ancĂȘtres Ă©taient sans doute Ă  l'origine adaptĂ©s Ă  la vie arboricole[9] ; la transition Ă  la vie sur terrain ferme aurait Ă©tĂ© facilitĂ©e par l'expansion des habitats ouverts tels que la savane en AmĂ©rique du Sud et de la disponibilitĂ© des insectes vivant en colonies, comme les termites, fournissant une source d'alimentation potentielle plus grande. Le fourmilier gĂ©ant comme le tamandua du sud est bien reprĂ©sentĂ© dans les fossiles de la fin du PlĂ©istocĂšne et de l'HolocĂšne[7].

Description

Vue de cÎté

Le fourmilier gĂ©ant peut ĂȘtre identifiĂ© par sa grande taille, un museau allongĂ©, et une longue queue[11]. Il a une longueur totale de corps comprise entre 182 et 217 cm. Les mĂąles pĂšsent de 33 Ă  41 kg et les femelles de 27 Ă  39 kg[3], caractĂ©ristiques rendant le fourmilier gĂ©ant la plus grande des espĂšces existantes dans son sous-ordre. La tĂȘte du fourmilier gĂ©ant a 30 cm de long[12], donc particuliĂšrement allongĂ©e, mĂȘme lorsqu'on le compare Ă  d'autres fourmiliers[13]. Son museau tubulaire, qui se termine par une petite ouverture, la bouche surmontĂ©e des narines, occupe la plus grande partie de sa tĂȘte. Ses yeux et ses oreilles sont relativement petits[3]. Il a une mauvaise vue[11], mais son odorat est 40 fois plus dĂ©veloppĂ© que celui des humains[14]. Les fourmiliers gĂ©ants peuvent vivre jusqu'Ă  16 ans en captivitĂ©[11].

Contrairement Ă  celui des autres mammifĂšres, le cou des fourmiliers, en particulier du fourmilier gĂ©ant, est plus Ă©pais que le dos et la tĂȘte[13]. Une petite bosse peut ĂȘtre situĂ©e Ă  l'arriĂšre de son cou. Le pelage du fourmilier gĂ©ant est principalement gris et sel avec du blanc. Ses membres antĂ©rieurs sont blancs, avec des bandes noires autour des poignets, tandis que ses membres postĂ©rieurs sont sombres. Une bande noire Ă©paisse avec des contours blancs s'Ă©tend de la gorge Ă  l'Ă©paule, oĂč elles se terminent en pointe triangulaire. Le corps se termine par une queue brune en toupet. Le pelage est long, particuliĂšrement sur la queue, ce qui la fait paraĂźtre plus grande qu'elle n'est rĂ©ellement. Il a un tronçon de criniĂšre trĂšs raide le long du dos[6]. Ses motifs sombres ont Ă©tĂ© pris pour ĂȘtre un "camouflage perturbateur", mais une Ă©tude de 2009 suggĂšre une coloration d'avertissement[15]. Alors que les mĂąles adultes sont lĂ©gĂšrement plus grands et plus musclĂ©s que les femelles, avec tĂȘte et cou plus larges, la dĂ©termination visuelle du sexe des individus peut ĂȘtre difficile. Le pĂ©nis et les testicules sont rĂ©tractĂ©s et situĂ©s Ă  l'intĂ©rieur entre le rectum et la vessie, les femelles ont une seule paire de glandes mammaires rapprochĂ©es[16].

Squelette de tamanoir
La structure interne d'un fourmilier géant. Il est remarquable que la langue soit attachée directement au sternum.

Le fourmilier géant a les flancs larges. Malgré son nom d'espÚce, il possÚde cinq orteils à chaque patte. Quatre orteils sur les pattes avant ont des griffes, les deuxiÚmes et troisiÚmes sont particuliÚrement allongées[16]. Le fourmilier géant déambule sur ses phalanges avant, semblablement à certains singes africains, en particulier gorilles et les chimpanzés. De la sorte, le fourmilier géant garde ses griffes intactes et ne les use pas en marchant. Les doigts du milieu, qui soutiennent le plus de son poids, sont allongés au niveau des articulations métacarpophalangiennes (Préhension) et pliés au niveau des articulations interphalangiennes (Préhension)[17]. Contrairement aux pattes avant, les pattes de derriÚre ont des griffes courtes sur les cinq orteils et sont utilisées de maniÚre plantigrade[11]. Comme un "crochet/pelle", la fosse supra-épineuse est élargie de maniÚre à donner au fourmilier géant une répartition du poids et de maniÚre croissante en tirant la puissance et ses membres antérieurs du muscle triceps aidant ainsi en puissance à la flexion du troisiÚme doigt et de ce fait aussi un épaississement des pattes avant[18].

Longue langue
Langue rétractée
Langue Ă©tendue

Le fourmilier gĂ©ant a une tempĂ©rature de corps relativement basse pour un mammifĂšre, environ 33 °C, de quelques degrĂ©s infĂ©rieure Ă  une tempĂ©rature typique de mammifĂšre de 36−38 °C[11]. GĂ©nĂ©ralement les Xenarthra ont tendance Ă  avoir des taux mĂ©taboliques plus faibles que la plupart des autres mammifĂšres, une tendance probablement en corrĂ©lation avec leurs spĂ©cialisations alimentaires et leur faible mobilitĂ©[19].

Anatomie du systĂšme alimentaire

Le fourmilier gĂ©ant n'a pas de dents et est capable de mouvements de mĂąchoire trĂšs limitĂ©s. Ces mouvements s'appuient sur la rotation des deux moitiĂ©s de la mĂąchoire infĂ©rieure, maintenues ensemble par un ligament en leur pointe[13], lui permettant ainsi d'ouvrir et fermer sa bouche, et grĂące Ă  ses muscles masticatoires[20], qui sont relativement sous-dĂ©veloppĂ©s[13]. La mĂąchoire crĂ©e une dĂ©pression, une ouverture orale assez grande pour que la langue Ă©lancĂ©e puisse sortir complĂštement. Elle mesure en moyenne 60 cm (24 pouces)[3] de long et est triangulaire en arriĂšre, arrondie en avant, et se termine par un petit sommet arrondi[13]. La langue est recouverte de papilles bombĂ©es vers l'arriĂšre et revĂȘtues d'une Ă©paisse salive collante sĂ©crĂ©tĂ©e par des glandes salivaires Ă©largies[12], lui permettant ainsi la collecte des insectes.

La dĂ©pression en forme de tube et la petite ouverture de la bouche restreignent la langue Ă  des mouvements de rĂ©traction protubĂ©rante. Au cours de l'alimentation, la langue entre et sort environ 160 fois par minute (prĂšs de trois fois par seconde). Ces mouvements sont alimentĂ©s par la musculature unique du grand, long et flexible appareil hyoĂŻde du fourmilier gĂ©ant, s'appuyant Ă©galement sur l'orientation de sa tĂȘte. Lorsqu'elle est entiĂšrement dĂ©ployĂ©e, la langue peut atteindre 45 cm (18 pouces), taille supĂ©rieure Ă  la longueur du crĂąne. Les muscles buccinateurs lui permettent de glisser la langue d'avant en arriĂšre sans perdre les aliments collectĂ©s. Ils sont rapprochĂ©s et l'animal serre la bouche de maniĂšre Ă  empĂȘcher les aliments de s'Ă©chapper et ce mĂȘme avec une absorption rallongĂ©e du fait de la grande taille de la langue. Quand elle est rĂ©tractĂ©e, la langue est maintenue dans l'oropharynx par les muscles hyoĂŻde et le palais secondaire, ce qui l'empĂȘche de bloquer la respiration. Cette rĂ©traction est facilitĂ©e par le long muscle sternoglossus, qui est formĂ© par la fusion de la sterno (Muscle sterno-hyoĂŻdien) et le muscle hyo-glosse, qui n'est pas fixĂ© Ă  l'os hyoĂŻde[13]. Ainsi, la langue est directement ancrĂ©e au sternum[21].

Les fourmiliers gĂ©ants avalent Ă  un taux beaucoup plus Ă©levĂ© que la plupart des autres mammifĂšres. En effet lors de l'alimentation, ils avalent presque continuellement[13]. Avant d'ĂȘtre avalĂ©s, les insectes sont Ă©crasĂ©s contre le palais[12]. L'estomac du tamanoir, semblable au gĂ©sier d'un oiseau, possĂšde des plis durci et utilise de fortes contractions pour broyer les insectes. Le processus de digestion est facilitĂ© par l'ingestion de petites quantitĂ©s de sable et de terre[16]. Le fourmilier gĂ©ant ne peut pas produire d'acide gastrique de son propre chef, et utilise donc l'acide formique de sa proie pour la digestion[12].

Liste des sous-espĂšces

Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (19 avr. 2010)[22] :

  • sous-espĂšce Myrmecophaga tridactyla artata Osgood, 1912
  • sous-espĂšce Myrmecophaga tridactyla centralis Lyon, 1906
  • sous-espĂšce Myrmecophaga tridactyla tridactyla Linnaeus, 1758

Nom des naturalistes sur EOL[23]

Autres

  • Le fourmilier gĂ©ant est dotĂ© d'un petit cerveau comparĂ© aux autres mammifĂšres. Celui-ci s'est rĂ©duit au cours de son Ă©volution afin de rĂ©duire les besoins Ă©nergĂ©tiques de l'animal (le cerveau Ă©tant l'organe le plus gourmand en Ă©nergie chez les mammifĂšres).
  • Sa tempĂ©rature corporelle avoisine les 32 °C, ce qui en fait l'animal ayant la plus basse tempĂ©rature corporelle de la classe des mammifĂšres.
  • Ses oreilles sont petites et rondes, ses yeux sont petits.
  • Son odorat est 40 fois plus dĂ©veloppĂ© que celui de l’homme.

Répartition géographique, une espÚce vulnérable

Ici dans le Pantanal au Brésil, une zone de conservation pour le Tamanoir

Le fourmilier gĂ©ant est originaire d'AmĂ©rique centrale et du Sud. Son aire de rĂ©partition connue s'Ă©tend du Honduras au nord de l'Argentine, et des restes fossiles ont Ă©tĂ© trouvĂ©s au nord-ouest de Sonora, au Mexique[6](le plus au nord de son aire de rĂ©partition). Il est absent de la CordillĂšre des Andes[3] et a disparu en Uruguay[24]. Il peut Ă©galement ĂȘtre rencontrĂ© au Belize, au Costa Rica et au Guatemala[24]. L'espĂšce peut ĂȘtre rencontrĂ©e dans un certain nombre d'habitats, y compris les forĂȘts tropicales humides ou les zones arbustives xĂ©riques[11], fournissant suffisamment de nourritures[25].

L'espĂšce est classĂ©e vulnĂ©rable par l'IUCN, en raison du nombre des disparitions rĂ©gionales[24]. Il est aussi classĂ© Ă  l'Annexe II de la CITES,ce qui limite Ă©troitement le commerce des spĂ©cimens de l'animal[26]. Entre 2000 et 2010, la population totale a diminuĂ© de 30%[24]. En 1994, quelque 340 fourmiliers gĂ©ants sont morts Ă  cause de feux de forĂȘt dans le parc national des Emas au BrĂ©sil[27]. L'animal est particuliĂšrement vulnĂ©rable aux incendies en raison de ses lents mouvements et de son pelage Ă©pais.

Les menaces d'origine humaine comprennent les collisions avec les véhicules, les attaques de chiens, et la destruction de l'habitat. Le fourmilier géant est communément chassé en Bolivie, à la fois pour le sport et la subsistance. L'épaisse peau coriace de l'animal est utilisée pour fabriquer du matériel équestre dans le Chaco. Au Venezuela, il est chassé pour ses griffes[25]. Les fourmiliers géants sont tués pour des raisons de sécurité, en raison de leur réputation d'animaux dangereux. Cependant l'espÚce reste trÚs répandue. Certaines populations sont stables et l'animal peut se rencontrer dans diverses zones protégées de l'Amazonie et le Cerrado[25]. Il est officiellement protégé dans certaines provinces argentines comme une espÚce de patrimoine national[24].

Comportement et Ă©cologie

Tamanoirs ici au zoo de Sorocaba[28]

Le tamanoir peut utiliser plusieurs habitats. En effet, une Ă©tude de 2007 de l'espĂšce dans le Pantanal brĂ©silien a dĂ©montrĂ© que les animaux se nourrissent gĂ©nĂ©ralement dans des zones ouvertes et passent le reste du temps dans les zones boisĂ©es, peut-ĂȘtre parce que les forĂȘts sont plus chaudes que les prairies en saisons froides et plus fraiches pendant les saisons chaudes[29]. Les fourmiliers gĂ©ants peuvent ĂȘtre soit diurnes soit nocturnes. Une Ă©tude de 2006 dans le Pantanal dĂ©montrait qu'ils sont surtout nocturnes : ils sont plus actifs pendant la nuit et tĂŽt le matin, et se retirent quand la tempĂ©rature augmente. Les jours les plus froids, ils s'adaptent au temps de maniĂšre Ă  se dĂ©placer dans les heures de clartĂ©, et peuvent devenir diurnes[30]. Des fourmiliers gĂ©ants se dĂ©plaçant la nuit ont Ă©tĂ© observĂ©s Ă  Serra da Canastra[31](Parcs nationaux du BrĂ©sil). La nocturnitĂ© du tamanoir peut ĂȘtre une rĂ©ponse aux perturbations humaines[32]. Le fourmilier gĂ©ant se repose gĂ©nĂ©ralement dans les broussailles denses, mais peut utiliser les hautes herbes les jours plus frais. Il sculpte ou creuse une cavitĂ© peu profonde dans le sol pour se reposer. L'animal dort recroquevillĂ© avec sa queue touffue rabattue sur son corps. La queue sert Ă  la fois Ă  conserver la chaleur du corps et de camouflage. Un tamanoir a Ă©tĂ© observĂ© dormant avec sa queue dĂ©ployĂ©e, un matin ensoleillĂ© oĂč la tempĂ©rature ambiante Ă©tait de 17 °C ; il est possible qu'il se soit positionnĂ© de cette façon de maniĂšre Ă  permettre l'absorption par son corps de la chaleur[33].

Les tamanoirs sont de bons nageurs et sont capables de se déplacer dans de larges fleuves[3]. Des comportements de baignade ont été observés[34]. Ils sont également en mesure de grimper et ont été observés escaladant des monticules et des arbres pour se nourrir de termites. Un individu a été observé accroché à une branche avec simplement ses pattes arriÚre touchant le sol[35].

Espacement des territoires

L'Ă©tendue des territoires vitaux des fourmiliers gĂ©ants varie en taille en fonction de l'emplacement. Au parc national de Serra da Canastra au BrĂ©sil (Parcs nationaux du BrĂ©sil), les femelles tamanoir ont un domaine vital de l'ordre de 3,67 km2 (910 acres), tandis que les mĂąles vivent sur des domaines vitaux de 2,74 km2 (680 acres). Dans d'autres parties du BrĂ©sil, les fourmiliers peuvent avoir km2 (2 200 acres) de domaine vital. Les fourmiliers originaires du Venezuela ont Ă©tĂ© observĂ©s vivant sur des Ă©tendues parfois atteignant les 25 km2 (6200 acres)[31]. Les individus vivent le plus souvent seuls, exception faite des femelles qui allaitent leurs petits ou des mĂąles courtisant les femelles. Les fourmiliers gĂ©ants communiquent leur prĂ©sence et leur condition sexuelle grĂące aux sĂ©crĂ©tions de leurs glandes anales. Ils annoncent Ă©galement leur prĂ©sence aux autres individus et autres espĂšces de maniĂšre gĂ©nĂ©rale pour indiquer par exemple leur prĂ©sence sur un territoire avec le marquage d'arbres par l'urine[36]. Ils semblent ĂȘtre en mesure de reconnaĂźtre leurs salives par leurs odeurs[14].

Les femelles semblent ĂȘtre plus tolĂ©rantes entre elles que les mĂąles, ce qui conduit Ă  un plus grand chevauchement des territoires vitaux des femelles. Les mĂąles sont plus susceptibles et adoptent des comportements Ă©goĂŻstes et territoriaux[31], le plus souvent en encerclant lentement l'autre et en le conduisant Ă  un affrontement[14]. Les tamanoirs se faisant surprendre ou ayant approchĂ© indirectement un congĂ©nĂšre peuvent adopter un comportement de soumission et "pleurer" Ă©mettant des "harrr". Au combat, ils se battent Ă  coups de griffes avec pour but de renverser l'adversaire au sol[3]. Pendant ses combats les fourmiliers peuvent Ă©mettre des "rugissements" ou des "soufflets"[31]. Les mĂąles sont Ă©ventuellement territoriaux[14].

Alimentation

Tamanoir probablement Ă  la recherche d'insectes, ici dans du bois mort, au zoo de Brevard[37]

Cet animal est un insectivore, se nourrissant principalement de fourmis ou de termites. Dans les rĂ©gions oĂč ils sont familiers des inondations saisonniĂšres, comme les plaines herbeuses des llanos vĂ©nĂ©zuĂ©liens, les tamanoirs se nourrissent principalement de fourmis, parce que les termites sont moins disponibles[14]. À l'inverse, les tamanoirs du parc national Emas se nourrissent principalement de termites, disponibles en haute densitĂ© sur les prairies[38]. Au Serra da Canastra (Parcs nationaux du BrĂ©sil), les fourmiliers gĂ©ants passent principalement des fourmis pendant la saison des pluies (octobre Ă  mars) aux termites pendant la saison sĂšche (de mai Ă  septembre)[14].

Les fourmiliers pistent leurs proies Ă  l'odeur[11]. AprĂšs avoir trouvĂ© un nid, l'animal "pleure" (verse des larmes "pour humidifier et assouplir" le sol) et creuse au moins lĂ©gĂšrement avec ses longues griffes de devant puis insĂšre sa longue langue collante pour recueillir ses proies. Un fourmilier passe en moyenne une seule minute par nid pour s'en nourrir, et peut visiter jusqu'Ă  200 nids par jour afin de consommer presque 30 000 insectes[16]. Les tamanoirs peuvent ĂȘtre chassĂ©s des nids de fourmis ou termites par les attaques mordantes des soldats ou des projections chimiques[16]. Certaines espĂšces de termites comptent sur leurs monticules fortifiĂ©s de protection et de nombreux prĂ©dateurs renoncent rapidement aprĂšs avoir commencĂ© Ă  essayer de creuser[38]. Ces modes de dĂ©fense empĂȘchent une colonie entiĂšre d'ĂȘtre mangĂ©e lors de l'attaque d'un fourmilier[14].

D'autres de leurs proies comprennent les larves de colĂ©optĂšres et les abeilles occidentales qui ont leurs ruches situĂ©es dans des termitiĂšres. Les fourmiliers peuvent cibler des termitiĂšres avec des ruches d'abeilles[14]. En captivitĂ©, les fourmiliers sont nourris de mĂ©langes Ă  base de lait, d'Ɠufs, de vers de farine, et de bƓuf hachĂ©[32]. Pour boire, un fourmilier peut creuser en l'absence de disponibilitĂ© d'eau en surface, et crĂ©er ainsi des points d'eau pour d'autres animaux[34].

Prédateurs

Les fourmiliers géants sont des proies pour les jaguars et les pumas. Ils fuient généralement le danger en galopant, mais s'ils sont acculés[32], ils opteront pour une posture défensive, se tenant sur leurs pattes arriÚre et essayant de faire fuir l'attaquant[39]. Les griffes avant du fourmilier géant sont des armes redoutables, capables de tuer un jaguar[40].

Agressif ou sur la défensive

Bien que timide et gĂ©nĂ©ralement tentĂ© d'Ă©viter les humains, on rapporte des cas de spĂ©cimens de cette espĂšce ayant blessĂ© des humains qui avaient essayĂ© de les coincer, les avaient trop acculĂ©s. Les fourmiliers gĂ©ants peuvent causer de graves blessures avec leurs griffes avant. Deux chasseurs ont rĂ©cemment Ă©tĂ© tuĂ©s par des fourmiliers gĂ©ants au BrĂ©sil et dans les deux cas, les chasseurs s'agitaient, blessaient et acculaient dans des angles sans Ă©chappatoires les animaux, ce qui conduisit sans doute Ă  des attaques qui semblaient ĂȘtre simplement des comportements dĂ©fensifs[41]. En , un fourmilier du zoo de Florencio Varela a tuĂ© une jeune gardienne de 19 ans avec ses griffes avant[42] (il semble que l'animal - prĂ©nommĂ© RamĂłn - avait la rĂ©putation d'ĂȘtre agressif[43]).

Reproduction et parentalité

Femelle adulte avec sa progéniture accrochée à son dos au Zoo de San Diego[44]

Les fourmiliers gĂ©ants peuvent s’accoupler tout au long de l’annĂ©e[14]. Pendant la parade nuptiale, un mĂąle en rut cherche une femelle en chaleur. AprĂšs s’ĂȘtre reniflĂ©s, ils se joignent. Les couples mĂąles et femelles sont connus pour se nourrir ensemble, dans les mĂȘmes nids d'insectes[31]. Lors de l’accouplement, la femelle se met dans la mĂȘme position et direction que le mĂąle, ce dernier s’accroupit sur elle. Un couple peut rester ensemble pendant trois jours, et s’accoupler plusieurs fois au cours de cette pĂ©riode[14]. La gestation dure environ 190 jours[31] et se termine par la naissance d'un seul petit[16], qui pĂšse gĂ©nĂ©ralement autour de 1,4 kg (3,1 lb)[40]. Les femelles donnent naissance debout[14].

Les nouveau-nĂ©s naissent avec les yeux fermĂ©s et commencent Ă  les ouvrir au bout de six jours. La mĂšre porte son petit sur son dos[32]. Les bandes noires et blanches acquises dĂšs la naissance s’alignent avec ceux de la mĂšre et offrent un parfait camouflage[16]. Les jeunes communiquent avec leurs mĂšres grĂące Ă  des sifflements aigus et perçants et utilisent leurs langues pendant l’allaitement. AprĂšs trois mois, le petit commence Ă  manger des aliments solides et est entiĂšrement sevrĂ© Ă  dix mois. La mĂšre nettoie sa progĂ©niture pendant les pĂ©riodes de repos pouvant durer jusqu'Ă  une heure. Le toilettage est trĂšs particuliĂšrement prononcĂ© pendant les trois premiers mois et dĂ©cline progressivement jusqu’à l’ñge de neuf mois, se terminant au dixiĂšme mois. Cette baisse de toilettage reflĂšte la diminution des liaisons entre la mĂšre et sa progĂ©niture ; les jeunes tamanoirs devenant gĂ©nĂ©ralement indĂ©pendants vers neuf ou dix mois[3]. Les tamanoirs sont sexuellement matures entre 2,5 et 4 ans[32].

Dans la culture

Masque de fourmilier et « scratcher » utilisé par les garçons Kayapos dans leurs cérémonies.

Dans la mythologie et le folklore des peuples autochtones du bassin de l'Amazone, le fourmilier gĂ©ant est dĂ©peint comme un « malin » ou un « arnaqueur » contrecarrant le jaguar, ainsi qu'une touche affective d'humour en raison de son long museau. Dans un conte « Shipib », un fourmilier dĂ©fie un jaguar Ă  un concours d’apnĂ©e sous l'eau. Le jaguar accepte . Une fois leurs corps submergĂ©s, le fourmilier a sautĂ© hors de l'eau et a volĂ© la fourrure du jaguar, laissant ce dernier avec la fourrure du tamanoir. Dans un mythe « Yarabara », l'ogre du mal « Ucara » est transformĂ© dans l’intĂ©rieur et par le soleil. Ce mythe souligne le caractĂšre presque immobile de la bouche du tamanoir, qui a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme un fardeau[45]. Les « Kayapos » portent des masques d'animaux divers, y compris de tamanoir, au cours du nommage et de cĂ©rĂ©monies d'initiation. Ils croient que les femmes qui ont touchĂ© des masques de fourmilier ou que les hommes qui ont trĂ©buchĂ© tout en les portants mouraient ou recevaient une sorte de trouble physique[46].

Pendant la colonisation espagnole des AmĂ©riques, le fourmilier gĂ©ant Ă©tait l'un des nombreux animaux indigĂšnes capturĂ©s pour ĂȘtre exposĂ©s et exhibĂ©s en Europe. Dans un premier temps, les EuropĂ©ens croyaient majoritairement que les spĂ©cimens prĂ©sentĂ©s de tamanoirs Ă©taient tous des femelles et qu’ils s’accouplaient avec leur nez, une idĂ©e Ă©videmment fausse et corrigĂ©e par le naturaliste FĂ©lix de Azara[47]. Au XXe siĂšcle, Salvador DalĂ­ a Ă©crit : « imaginons que les fourmiliers gĂ©ants atteignent des tailles plus grandes que le cheval, possĂšdent d'Ă©normes fĂ©rocitĂ©s, ayant un pouvoir musculaire exceptionnel, ils seraient des animaux terrifiants. » DalĂ­ reprĂ©sentait un fourmilier dans le style de Le Grand Masturbateur. Il a Ă©tĂ© utilisĂ© comme un ex-libris pour AndrĂ© Breton, qui a comparĂ© les tentations qu’un homme Ă©prouve dans la vie Ă  ce que « la langue du tamanoir doit offrir Ă  la fourmi. »[48]

En 1940 un dessin animĂ© de Max Fleischer « dans les plantes, une colonie de fourmis repoussent un fourmilier crapuleux. » Sortie pendant la DrĂŽle de guerre, le film peut avoir fait allusion Ă  la ligne Maginot de la France[49]. Un tamanoir est aussi un personnage rĂ©current dans la bande dessinĂ©e BC. Ce personnage Ă©tait l'inspiration de Pierre le fourmilier la mascotte de l’équipe de Irvine, d’une UniversitĂ© de Californie[50]. Le dessin animĂ© trĂšs court Happy Tree Friends dispose d’un fourmilier nommĂ© « Sniffles ». Dans la mini-sĂ©rie de Stephen King Kingdom Hospital, le caractĂ©riel « Antubis » apparaĂźt sous la forme d'une crĂ©ature ressemblant Ă  un fourmilier, avec des dents acĂ©rĂ©es[51].

Galerie

Notes et références

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Références taxinomiques

Genre Myrmecophaga

EspĂšce Myrmecophaga tridactyla

liens externes

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