Mimétisme
Le mimétisme est une stratégie adaptative d'imitation. Elle permet par exemple à une espÚce d'échapper à d'éventuels prédateurs. Le processus le plus étudié est le mimétisme visuel, mais il existe aussi des mimétismes chimique (olfactif, gustatif), acoustique, tactile, comportemental[1].
Les stratĂ©gies mimĂ©tiques visuelles sont de divers types, comme les espĂšces qui disposent de moyens d'Ă©chapper Ă la vision du prĂ©dateur â on parle alors de camouflage par mimĂ©tisme cryptique[2], homomorphique[3] ou homotypique[4] â ou comme le fait de se faire passer pour une autre espĂšce, par exemple en se parant des attributs d'espĂšces non comestibles, voire dangereuses. Toutefois, le mimĂ©tisme peut rĂ©pondre Ă d'autres contraintes, telles que la reproduction (cas des coucous ou de certaines orchidĂ©es), ou la prĂ©dation (cas de la blennie dĂ©voreuse).
Il existe une différence majeure entre le mimétisme et le camouflage du point de vue de leur évolution : si l'aptitude au camouflage, notamment par la couleur ou la texture, peut se développer assez rapidement au sein d'une population par le jeu des mutations et de la sélection (exemple de la phalÚne du bouleau), le mimétisme au contraire implique un mécanisme plus complexe de coévolution mettant en jeu trois espÚces : l'espÚce servant de « modÚle », l'espÚce imitatrice et l'espÚce dupée.
DĂ©couverte historique
C'est l'entomologiste britannique Henry Walter Bates (1825-1892), naturaliste et explorateur ayant passé onze ans en Amazonie, qui émit pour la premiÚre fois une théorie sur le mimétisme à propos de papillons d'aspects similaires, bien que n'étant pas d'espÚces proches : une espÚce inoffensive profitant de la répulsion provoquée par une espÚce vénéneuse ou venimeuse. Il créa alors le mot anglais mimicry, un néologisme façonné sur le grec et qui signifie « capacité à imiter ».
Fritz MĂŒller (1834-1895), un zoologiste allemand, expliqua pour la premiĂšre fois en 1878 le phĂ©nomĂšne selon lequel deux espĂšces non mangeables diffĂ©rentes vont adopter une mĂȘme apparence de leur livrĂ©e, leurs prĂ©dateurs apprenant plus vite Ă se mĂ©fier d'elles. C'est en leur honneur que les deux principaux types de mimĂ©tisme sont nommĂ©s : le mimĂ©tisme batĂ©sien et le mimĂ©tisme mĂŒllĂ©rien.
Trois acteurs du mimétisme
Les trois acteurs du mimétisme sont :
- le modĂšle, Ă©metteur de stimuli â signaux perceptibles par les sens â autrement dit l'espĂšce de rĂ©fĂ©rence ;
- le mime, celui qui imite l'espÚce référence, animale ou végétale, et qui tire avantage de sa ressemblance avec le modÚle ;
- le dupé, généralement un prédateur, dont les sens (par exemple la vue) perçoivent de maniÚre similaire les stimuli émis par le modÚle et par le mime. On l'appelle aussi « opérateur » car c'est lui qui exerce la pression sélective : c'est l'agent évolutif du mimétisme.
Formes de mimétisme
Mimétisme batésien
La prĂ©sence dâaposĂ©matisme, câest-Ă -dire lâusage de signaux dâavertissement visibles par des organismes pour annoncer leur nocivitĂ©, a provoquĂ© lâessor de nombreuses formes de mimĂ©tisme dans lesquelles des espĂšces diffĂ©rentes adoptent des apparences similaires (Wuster, 2004).
Lâune de ces formes de mimĂ©tisme est le mimĂ©tisme batĂ©sien, nommĂ© dâaprĂšs son dĂ©couvreur, un naturaliste anglais du XIXe siĂšcle nommĂ© Henry Walter Bates. Le mimĂ©tisme batĂ©sien dĂ©crit le phĂ©nomĂšne suivant : une espĂšce inoffensive adopte lâapparence physique (motifs, couleurs, etc.) dâespĂšces nocives avec pour but dâĂ©viter les prĂ©dateurs qui ont appris Ă Ă©viter les vraies espĂšces nocives aposĂ©matiques[5] - [6]. Le mime (câest-Ă -dire lâespĂšce inoffensive) bĂ©nĂ©ficie donc de la protection contre les prĂ©dateurs sans avoir Ă dĂ©penser de lâĂ©nergie pour consommer ou produire des toxines. LâimitĂ©, au contraire, en souffre, car les prĂ©dateurs risquent de comprendre que dans de nombreux cas le signal dâavertissement nâest pas honnĂȘte.
De nombreux exemples de mimĂ©tisme batĂ©sien viennent du monde des insectes ; Bates lui-mĂȘme a crĂ©Ă© le concept aprĂšs avoir examinĂ© des papillons inoffensifs prĂ©sentant des motifs similaires Ă ceux dâautres espĂšces du bassin amazonien, nocives celles-lĂ [7]. Lâexemple le plus citĂ© pendant longtemps venait de lâĂ©tude de Brower des papillons monarque et vice-roi. Dans le cadre de cette Ă©tude, Brower avait montrĂ© comment les papillons vice-rois, qui â pensait-on â n'avaient pas de dĂ©fenses chimiques, avaient Ă©voluĂ© pour ressembler Ă©normĂ©ment aux papillons monarques qui eux sont nocifs car ils mangent les feuilles dâune plante toxique, lâasclĂ©piade commune, lorsquâils sont encore au stade de chenilles (Brower, 1958). Mais des Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© quâen fait le vice-roi est nocif lui-mĂȘme grĂące Ă sa consommation dâacide salicylique, ce qui en fait donc un exemple de mimĂ©tisme mullĂ©rien (Ricklefs, 2010). NĂ©anmoins, il existe bien des cas de mimĂ©tisme batĂ©sien chez les papillons, comme Dismorphia et Ithomiini[7].
En plus des papillons, dâautres modĂšles du mimĂ©tisme batĂ©sien sont des insectes sociaux comme les fourmis et les guĂȘpes. Ces insectes ont tendance Ă avoir des adaptations anti-prĂ©dation (Ito et al., 2004). Les guĂȘpes en particulier sont la cible du mimĂ©tisme batĂ©sien, servant de modĂšle Ă des insectes comme les mantidĂ©s et les papillons de nuit (Ricklefs, 2010). Le phĂ©nomĂšne dâaraignĂ©es imitant des fourmis est aussi trĂšs bien documentĂ©, ainsi que le phĂ©nomĂšne de pieuvres de Malaisie imitant des serpents de mer[8] - [9]. Un exemple de mimĂ©tisme batĂ©sien chez les vertĂ©brĂ©s est celui de la couleuvre faux-corail Lampropeltis triangulum qui, comme son nom lâindique, mime le serpent corail.
Le mimĂ©tisme batĂ©sien en tant que concept thĂ©orique est bien dĂ©fendu par des preuves empiriques et par des analyses quantitatives. Lâarticle de Duncan et Sheppard (1965) est Ă la base des approches empiriques : il a Ă©tudiĂ© la rĂ©ponse des prĂ©dateurs au mimĂ©tisme grĂące Ă des expĂ©riences avec des poules. La modĂ©lisation mathĂ©matique a aussi dĂ©fendu lâhypothĂšse des bĂ©nĂ©fices du mimĂ©tisme batĂ©sien[10].
Aujourdâhui, le mimĂ©tisme batĂ©sien est reconnu comme une nette rĂ©ponse Ă©volutive qui a lieu dans de nombreuses parties du monde et concerne de nombreuses espĂšces.
Mimétisme mullérien
Le mimĂ©tisme mullĂ©rien est une forme de ressemblance biologique dans laquelle deux ou plusieurs espĂšces toxiques non apparentĂ©es ont des motifs et des couleurs dâavertissement similaires[5] - [6]. Le mimĂ©tisme mullĂ©rien est nommĂ© d'aprĂšs son dĂ©couvreur, Fritz MĂŒller, un zoologue allemand du XIXe siĂšcle (Ricklefs, 2010).
Ce phĂ©nomĂšne peut ĂȘtre comparĂ© au mimĂ©tisme batĂ©sien, oĂč un mime inoffensif imite un modĂšle nocif et trompe ainsi le prĂ©dateur[11]. Le mimĂ©tisme mullĂ©rien est diffĂ©rent : les deux espĂšces sont nocives, et il nây a pas tromperie. Au contraire, la ressemblance des couleurs dâavertissement est avantageuse pour les deux espĂšces, car le prĂ©dateur a tendance Ă moins faire d'erreur (Huheey, 1976). Les prĂ©dateurs apprennent Ă Ă©viter plus efficacement les proies nocives, puisquâune mauvaise expĂ©rience du prĂ©dateur avec une espĂšce protĂšge tous les autres modĂšles mullĂ©riens (Ricklefs, 2010). Le mime et le modĂšle profitent donc tous deux de la prĂ©sence de lâautre grĂące au partage du fardeau que sont les prĂ©dateurs (Huheey, 1976). Des Ă©tudes ont montrĂ© que le mimĂ©tisme mullĂ©rien est aussi avantageux pour le prĂ©dateur, car il rĂ©duit la frĂ©quence des erreurs pendant lâapprentissage des diffĂ©rents signaux dâavertissement (Huheey, 1976).
La thĂ©orie du mimĂ©tisme mullĂ©rien explique de nombreuses situations dans lesquelles les couleurs dâespĂšces nocives coexistantes convergent vers un simple motif aposĂ©matique[12]. Un exemple classique est celui des espĂšces dâHeliconius en AmĂ©rique du Sud. Plusieurs de ces espĂšces ont Ă©voluĂ© vers des motifs similaires sur les ailes, et cela est avantageux pour toutes[6] - [13].
Mais ce mimĂ©tisme nâest pas limitĂ© Ă la faune : de nombreuses plantes avec des fleurs similaires bĂ©nĂ©ficient mutuellement du fait dâattirer le mĂȘme pollinisateur. Ces espĂšces ont convergĂ© vers des signaux similaires, et donc sont considĂ©rĂ©es comme un parallĂšle au mimĂ©tisme mullĂ©rien animal[14]. Dans toutes ces associations, les plantes offrent une rĂ©compense au pollinisateur, et donc il nây a pas de duplicitĂ©. Voici un exemple de ce mimĂ©tisme : les plantes pollinisĂ©es par des colibris, Ipomopsis aggregata, Penstemon barbatus et Castilleja integra[14]. Ces espĂšces ont convergĂ© dans les domaines suivants : couleur, taille et forme des fleurs. Cette Ă©volution est certainement due aux avantages quâil y a dâutiliser des signaux et des rĂ©compenses similaires pour attirer le mĂȘme colibri pollinisateur[14].
Ces deux exemples illustrent le mimétisme mullérien : des espÚces aux caractéristiques physiques et comportementales proches développent un style de « publicité » commun, pour le bénéfice de tous[13].
L'expĂ©rience montre qu'une rĂ©gion peut avoir un nombre d'espĂšces impliquĂ©es dans un systĂšme de mimĂ©tisme batĂ©sien et mullĂ©rien. Ces communautĂ©s sont connues sous le nom d'anneaux mimĂ©tiques[15]. De mĂȘme, de nombreuses observations montrent que dans ce type de classement distinguant mimĂ©tisme mullĂ©rien et batĂ©sien, il est question dâextrĂȘmes entre lesquels on trouve toutes sortes dâintermĂ©diaires, formant un continuum[16].
Mimétisme mertensien (ou emsleyen)
Micrurus tener (gauche) et Lampropeltis triangulum annulata (droite). |
Le mimĂ©tisme emselyen[17], ou mertensien dĂ©crit le cas particulier oĂč une espĂšce toxique imite une espĂšce moins dangereuse. D'abord proposĂ© par le biologiste Emsley[18], cette catĂ©gorie de mimĂ©tisme est ensuite dĂ©veloppĂ©e par le biologiste allemand Wolfgang Wickler dans Mimicry in Plants and Animals, et nommĂ©e d'aprĂšs le nom de l'herpĂ©tologiste allemand Robert Mertens[19]. Cependant, comme le note Sheppard, Hecht et Marien ont formulĂ© des hypothĂšses semblables dix ans plus tĂŽt[20] - [21].
Le scĂ©nario est quelque peu diffĂ©rent des autres types de mimĂ©tisme, puisqu'ici c'est l'espĂšce la moins dangereuse qui est copiĂ©e. Si le prĂ©dateur meurt, en effet, l'espĂšce moins dangereuse ne peut pas apprendre Ă reconnaĂźtre un signal d'alerte, et ainsi l'Ă©mission de tels signaux en cas d'attaque par un prĂ©dateur ne constitue pas un avantage : l'espĂšce aura plus avantage Ă ĂȘtre mieux camouflĂ©e afin d'Ă©viter les attaques. Mais s'il existe une autre espĂšce ressemblante, capable d'Ă©mettre des signaux d'alertes (aposĂ©matique), et dangereuse sans ĂȘtre mortelle, le prĂ©dateur apprendra Ă les reconnaĂźtre et Ă©vitera donc tous ces animaux. Ce type de mimĂ©tisme profite donc aux deux espĂšces, car elles seront attaquĂ©es moins souvent[20] - [21].
Le serpent corail (Micrurus) constitue un bon exemple de ce type particulier de mimétisme : il ressemble à la couleuvre tachetée (Lampropeltis) et au serpent faux-corail (Erythrolamprus). Ce dernier, bien que peu vénéneux, est trÚs désagréable à manger et protÚge ainsi aussi bien le vénéneux serpent corail que l'inoffensive couleuvre tachetée[22].
Mimétisme wasmanien
DĂ©couvert par l'entomologiste Erich Wasmann, ce type de mimĂ©tisme concerne le cas oĂč c'est un modĂšle social qui est copiĂ©. Ce cas concerne gĂ©nĂ©ralement des insectes sociaux tels que les fourmis, les termites, les abeilles ou les guĂȘpes[23].
Mimétisme peckhamien
Ce mimétisme décrit par Elizabeth et George Peckham[24] consiste pour un insecte (lucioles, araignées) à imiter une proie pour l'attirer et la manger[25].
Automimétisme
L'automimĂ©tisme est le cas d'animaux imitant une portion seulement du corps d'un prĂ©dateur ou de leur propre corps. Par exemple, de nombreux papillons et d'espĂšces de poisson d'eau douce ont des taches simulant un Ćil, appelĂ©es ocelles. Elles ont pour effet de crĂ©er la surprise sur le prĂ©dateur et de donner Ă la proie le temps de fuir. De plus, l'automimĂ©tisme peut, de par l'orientation du signal, tromper les perceptions du prĂ©dateurs. C'est le cas des serpents dits « Ă deux tĂȘtes », par exemple le Faux-corail Anilius scytale, qui, lorsqu'il est acculĂ© redresse sa queue en hauteur et la balance, dissimulant sa tĂȘte.
Camouflage
Le camouflage est une démarche différente puisqu'il consiste à imiter des objets inanimés de l'environnement comme une pierre (cas des poissons-pierres), une feuille, une brindille (cas des phasmes, ou des stratégies mimétiques variées des chenilles, chrysalides et imagos des papillons[26])⊠Les espÚces les plus grosses n'imitent pas un objet particulier mais un ton, ainsi les robes tachetées des léopards se fondent dans la brousse. La robe des zÚbres est particuliÚrement adapté au systÚme visuel de son prédateur le plus dangereux, le lion. Deux types de camouflage peuvent coexister : l'homochromie est le mimétisme des couleurs et l'homomorphie est le mimétisme des formes. Ce mimétisme est présent chez les insectes au moins depuis le Permien[27].
Quelques espĂšces des forĂȘts tropicales humides ont dĂ©veloppĂ© une capacitĂ© Ă changer leur couleur pour se fondre dans leur environnement. Cette stratĂ©gie peut ĂȘtre aussi bien agressive que dĂ©fensive. C'est le cas par exemple des camĂ©lĂ©ons ou des geckos Uroplatus de Madagascar. Elles disposent de cellules de la peau appelĂ©es chromatophores qui sont capables de ce changement de coloration dite Ă©nigmatique.
En , une publication dans Current Biology[28] rĂ©vĂšle qu'une mĂȘme tige de la Vigne camĂ©lĂ©on (Boquila trifoliolata) peut prendre l'apparence des feuilles de diffĂ©rentes plantes sur laquelle elles s'accroche, afin d'Ă©chapper Ă l'attention des prĂ©dateurs. Les scientifiques cherchent Ă comprendre ce mĂ©canisme encore jamais observĂ©, qui permet Ă la plante de « reconnaĂźtre » et de copier l'apparence des plantes qu'elle rencontre lors de sa croissance[29].
- Les lignes jaunes de la chenille du Sphinx du peuplier imitent les nervures des feuilles.
- La position habituelle et l'immobilité de la chenille de l'Hibernie hùtive simulent le rameau qui lui sert de support.
- Les points blancs de la chrysalide de la Belle-Dame évoquent des gouttes de rosée sur une feuille morte.
Stratégies mimétiques
De nombreuses formes de vie exploitent une ressemblance morphologique avec un élément de leur milieu naturel pour s'y fondre. Par ses formes, couleurs, odeurs et saveurs, ou son, le mime ressemble le plus possible à une cible qui présente :
- un intĂ©rĂȘt nutritif limitĂ© pour le prĂ©dateur : le phasme a l'apparence d'une brindille qu'un oiseau insectivore dĂ©daignera, le poulpe se rend invisible en se confondant avec le fond marin, en imitant sa couleur et sa texture ;
- un risque pour le prĂ©dateur : certaines mouches ressemblent Ă s'y mĂ©prendre Ă des guĂȘpes comme certains lamiers ont l'apparence d'orties, les oisillons d'Aulia cendrĂ© imitent couleurs et gestuelle d'une chenille vĂ©nĂ©neuse[30] - [31], certains serpents non venimeux imitent le signal sonore du crotale et les grands murins, le bruit d'un vol de frelon[32] - [33], plusieurs espĂšces de papillons ont des motifs appelĂ©s ocelles sur leurs ailes qui ressemblent aux yeux d'un animal bien plus grand qu'eux ;
- un intĂ©rĂȘt gustatif ou nutritif important pour le fĂ©condateur : certaines plantes profitent de l'intĂ©rĂȘt des insectes pour une autre espĂšce pour leur propre reproduction ;
- un intĂ©rĂȘt nutritif pour leur proie : des plantes carnivores exhalent un parfum de chair en putrĂ©faction pour attirer des mouches dont elles se nourrissent ;
- un danger limité pour leurs proies : certains poissons se camouflent aux couleurs des algues dans lesquelles ils évoluent pour surprendre leur repas ;
- un signal admis par un congénÚre, rendant possibles certains comportements : les fourmis imitent leurs odeurs respectives par échange permanent, ce qui construit l'odeur caractéristique de leur colonie, qui leur permettra d'y entrer.
Génétique du mimétisme
Le mimĂ©tisme mĂŒllerien du papillon amazonien Heliconius numata (trois types chromosomiques imitant sept espĂšces de Melinaea) a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par Mathieu Joron et ses collĂšgues du CNRS et du MNHN (France). Ces chercheurs ont dĂ©couvert chez H. numata (sur le chromosome 15) un supergĂšne, groupement d'une trentaine de gĂšnes immobilisĂ© par des inversions de sĂ©quences gĂ©nĂ©tiques, qui de ce fait Ă©chappe aux recombinaisons chromosomiques. C'est pourquoi trois formes mimĂ©tiques coexistent avec sur le mĂȘme segment un contenu ADN nettement distinct du fait de l'absence de recombinaison[34] - [35] - [36].
Notes et références
- Georges Pasteur, Le Mimétisme, Presses Universitaires de France, , p. 17.
- Homochromie avec le substrat, cas de nombreux serpents, poissons et de nombreux insectes.
- Homomorphie lorsque la forme ressemble avec des éléments du milieu dans lesquels elles vivent.
- Homomotypie lorsque la forme et couleur ressemblent avec des éléments du milieu dans lesquels elles vivent, tels les poissons-pierres.
- (en) « Batesian mimicry », sur EncyclopÊdia Britannica, (consulté le ).
- Ricklefs, 2010.
- Bates 1862.
- Joron, 2008.
- Ruxton, 2004.
- Emlen, 1968.
- Huheey, 1976.
- Brown et Benson, 1974.
- Dafni, 1984.
- Brown et Brown, 1979.
- (en) Riddhi Deshmukh, Saurav Baral, A. Gandhimathi, Muktai Kuwalekar & Krushnamegh Kunte, « Mimicry in butterflies: co-option and a bag of magnificent developmental genetic tricks », Wiley Interdiscip Rev Dev Biol, vol. 7, no 1,â (DOI 10.1002/wdev.291, lire en ligne).
- (en) Hannah M. Rowland, Johanna Mappes, Graeme D. Ruxton, Michael P. Speed, « Mimicry between unequally defended prey can be parasitic: evidence for quasiâBatesian mimicry », Ecology Letters, vol. 13, no 12,â , p. 1494-1502 (DOI 10.1111/j.1461-0248.2010.01539.x).
- (en) Pasteur, G., « A classificatory review of mimicry systems », Annual Review of Ecology and Systematics, vol. 13,â , p. 169â199 (DOI 10.1146/annurev.es.13.110182.001125).
- (en) M. G. Emsley, « The mimetic significance of Erythrolamprus aesculapii ocellatus Peters from Tobago », Evolution, vol. 20,â , p. 663â64 (DOI 10.2307/2406599).
- (de) R. Mertens, « Das Problem der Mimikry bei Korallenschlangen », Zool. Jahrb. Syst, vol. 84,â , p. 541â76.
- (en) M. K. Hecht et D. Marien, « The coral snake mimic problem: a reinterpretation », Journal of Morphology, vol. 98,â , p. 335â365 (DOI 10.1002/jmor.1050980207).
- (en) P. M. Sheppard et Wolfgang Wickler, « Review of Mimicry in plants and animals by Wolfgang Wickler », Journal of Animal Ecology, vol. 38,â , p. 243 (DOI 10.2307/2762).
- « Mimétisme », sur Cours de climatologie et biodiversité.
- (de) E. Wasmann, Kritisches Verzeichniss der myrmecophilin und termitophilen Arthropoden, Felix Dames, Berlin, 1894, xi + 231 p.
- (en) Elizabeth G. Peckham, « Protective resemblances of spiders », Occasional Papers of Natural History Society of Wisconsin, 1, 1889, p. 61â113.
- Christophe Bouget, Secrets d'insectes: 1001 curiosités du peuple à 6 pattes, Quae, , p. 100.
- Tristan Lafranchis, Philippe Geniez, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Biotope, , p. 42.
- (en) Romain Garrouste, Sylvain Hugel, Lauriane Jacquelin et Pierre Rostan, « Insect mimicry of plants dates back to the Permian », Nature Communications, vol. 7,â (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/ncomms13735, lire en ligne, consultĂ© le ).
- volume XXIV (no 9) de Current Biology paru en mai 2014.
- Cahier Science et médecine, Le Monde no 21650, 27 août 2014, p. 1.
- (en) Jason Bittel, « Watch: Bird Mimics Caterpillar (and Other Animal Imposters) », sur National Geographic, (consulté le ).
- (en) Gustavo A Londoño, DuvĂĄn A GarcĂa et Manuel A SĂĄnchez MartĂnez, « Morphological and behavioral evidence of Batesian mimicry in nestlings of a lowland Amazonian bird », The American Naturalist, Chicago, University of Chicago Press, vol. 185, no 1,â , p. 135-141 (ISSN 0003-0147 et 1537-5323, OCLC 45446849 et 1480477, PMID 25560558, DOI 10.1086/679106).
- Sofia Quaglia, « Pour faire fuir les prédateurs, ces chauves-souris imitent les frelons », sur National Geographic, (consulté le ).
- (en) Leonardo Ancillotto Donatella Pafundi Federico Cappa Marco Gamba Rita Cervo Danilo Russo, « Bats mimic hymenopteran insect sounds to deter predators », Current Biology, Royaume-Uni, Cell Press et Elsevier,â (ISSN 0960-9822 et 1879-0445, OCLC 45113007, DOI 10.1016/J.CUB.2022.03.052).
- Loïc Mangin, « Le supergÚne du papillon », sur Pour la science, (consulté le ).
- Michel Cast, Génétique de la coloration alaire chez H. numata.
- (en) Robert T Jones, Patricio A Salazar, Richard ffrench-Constant, Chris Jiggins et Mathieu Joron, « Evolution of a mimicry supergene from a multilocus architecture », Proceedings of the Royal Society B, Royal Society, vol. 279, no 1727,â , p. 316-325 (ISSN 0962-8452 et 1471-2954, PMID 21676976, PMCID 3223682, DOI 10.1098/RSPB.2011.0882).
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) H. W. Bates, « Contributions to an insect fauna of the Amazon valley â Lepidoptera: Heliconidae », Transactions of the Entomological Society, Londres, vol. 23,â , p. 495-566
- Brower, JVZ. (1958) Experimental studies of mimicry in some North American butterflies. Part I. The monarch, Danaus plexippus and viceroy Limenitis archippus. Evolution (12)32 pp. 42-58.
- Roger Reboussin, Le mimétisme au point de vue du peintre, L'oiseau et la revue française d'ornithologie, no 1, 1931.
- Duncan, C. J. (1965) Sensory Discrimination and Its Role in Evolution of Batesian Mimicry. Behavior (24)4 p. 249-282.
- Emlen, J. M. (1968) Batesian Mimicry: A Preliminary Theoretical Investigation of Quantitative Aspects. The American Naturalist (102)925 p. 235-241
- Ito, Fuminori et al. (2004) Spectacular Batesian Mimicry in Ants. Naturwissenschaften. (91)10 p. 481-484.
- Joron, M. (2008). « Batesian Mimicry: Can a Leopard Change Its Spots- and Get them Back? » Current Biology (18)11 p. 476-479.
- Ruxton, G. D., Sherratt, T. N., and M. P. Speed. (2004) Avoiding Attack: The Evolutionary Ecology of Crypsis, Warning Signals & Mimicry, Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni.
- Wuster Wolfgang, et al. (2004) Do Aposematism and Batesian mimicry require brightcolours? A test, using European viper markings. The Royal Society. 271 p. 2495â2499.
- Brown, K. S., & Benson, W. W. (1974) Adaptive Polymorphism Associated with Multiple Mullerian Mimicry in Heliconius numata, Biotropica, 6(4), p. 205-228.
- Brown, J. H., & Brown, A. K. (1979) Convergence, Competition and Mimicry in a Temperate Community of Hummingbird Pollinated Flowers, Ecology, 60(5), p. 1020-1035.
- Britannica Online (2010) Mullerian Mimicry, retrieved online le from http://www.britannica.com/EBchecked/topic/396909/Mullerian-mimicry.
- Dafni, A. (1984) Mimicry and Deception in Pollination, Ann. Rev. Ecol. Syst., 15, p. 259-78.
- Huheey, J. E. (1976) Studies in Warning Coloration and Mimicry: Evolutionary Consequences of a Batesian-Mullerian Spectrum: A Model for Mullerian Mimicry, Evolution, 30, p. 86-93.
- Ricklefs, R. E. (2010) The Economy of Nature, 6e Ă©dition, New York, W. H. Freeman and Company.
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative à la santé :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « L'art de la supercherie : mimétisme et camouflage »
- Warning Colour and Mimicry âą Lecture outline from University College London
- Camouflage and Mimicry in Fossils
- Chemical Mimicry in Pollination
- www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap7/olivieri.html â Ăvolution du mimĂ©tisme chez les papillons tropicaux du genre Heliconius