Preuve empirique
Preuve empirique, donnĂ©es ou connaissance, aussi appelĂ©e expĂ©rience des sens, est un terme collectif pour dĂ©signer la connaissance ou les sources de la connaissance acquise au moyen des sens, en particulier par l'observation et l'expĂ©rimentation[1]. Le terme vient du mot grec ancien pour expĂ©rience, áŒÎŒÏΔÎčÏία (empeirĂa).
AprÚs Emmanuel Kant, il est habituel en philosophie d'appeler une connaissance ainsi acquise connaissance a posteriori. Cela en opposition à une connaissance a priori, connaissance accessible à partir de la pensée spéculative seule.
Signification
Une preuve empirique est une information qui justifie une croyance dans la vérité ou la fausseté d'une allégation. Du point de vue empiriste, on ne peut prétendre avoir une connaissance que lorsque l'on dispose d'une véritable croyance fondée sur des preuves empiriques. Ceci s'oppose au point de vue rationaliste selon lequel la raison ou la seule réflexion est considérée comme une preuve de la vérité ou de la fausseté de certaines propositions[2]. Les sens sont la principale source de preuves empiriques. Bien que d'autres sources de données, telles que la mémoire et le témoignage d'autres, remontent finalement à une expérience sensorielle donnée, elles sont considérées comme secondaires, ou indirectes[2].
Dans une autre acception, la preuve empirique peut ĂȘtre synonyme de rĂ©sultat d'une expĂ©rience. En ce sens, un rĂ©sultat empirique est une confirmation unifiĂ©e. Dans ce contexte, le terme « semi-empirique » est utilisĂ© pour qualifier les mĂ©thodes thĂ©oriques qui utilisent, en partie, des axiomes de base ou des lois scientifiques postulĂ©es et des rĂ©sultats expĂ©rimentaux. Ces mĂ©thodes sont opposĂ©s aux mĂ©thodes thĂ©orique ab initio, mĂ©thodes qui sont purement dĂ©ductives et fondĂ©es sur des principes premiers.
Dans les sciences, une preuve empirique est nécessaire pour qu'une hypothÚse soit acceptée par la communauté scientifique. Cette validation est normalement réalisée par la méthode scientifique de l'engagement d'hypothÚse, un plan d'expériences, une évaluation par les pairs, un examen contradictoire, la reproduction des résultats, des conférences de présentation et des publications scientifiques. Cela nécessite une communication rigoureuse de l'hypothÚse (généralement exprimée en termes mathématiques), des contraintes expérimentales et des contrÎles (exprimés nécessairement en termes de dispositif expérimental standard) et une compréhension commune de la mesure.
Les affirmations et arguments qui dépendent de preuves empiriques sont souvent qualifiés d'a posteriori (« à la suite de l'expérience ») par opposition à a priori (« qui la précÚde »). La connaissance ou justification a priori est indépendante de l'expérience (par exemple « Tous les célibataires ne sont pas mariés »), alors que la connaissance ou la justification a posteriori dépend de l'expérience ou de preuves empiriques (par exemple « Certains célibataires sont trÚs heureux »). La notion de distinction entre a priori et a posteriori comme équivalent à la distinction entre connaissances empiriques et non empiriques provient de la Critique de la Raison pure de Kant[3].
Le point de vue positiviste standard de l'information acquise de maniĂšre empirique est que l'observation, l'expĂ©rience, et l'expĂ©rimentation servent d'arbitres neutres entre thĂ©ories concurrentes. Cependant, depuis les annĂ©es 1960, une critique persistante souvent associĂ©e Ă Thomas Kuhn[4] fait valoir que ces mĂ©thodes sont influencĂ©es par les croyances et les expĂ©riences antĂ©rieures. Par consĂ©quent, on ne peut s'attendre Ă ce que deux scientifiques lors d'une observation, d'une expĂ©rience ou d'une expĂ©rimentation sur un mĂȘme Ă©vĂ©nement fassent les mĂȘmes observations neutres de thĂ©orie. Le rĂŽle de l'observation comme arbitre indĂ©pendant d'une thĂ©orie peut ne pas ĂȘtre possible. La dĂ©pendance Ă la thĂ©orie de l'observation signifie que, mĂȘme s'il existait des mĂ©thodes d'infĂ©rence et d'interprĂ©tation convenues, les scientifiques pourraient encore ĂȘtre en dĂ©saccord sur la nature des donnĂ©es empiriques[5].
Notes et références
- Pickett 2011, p. 585.
- Feldman 2001, p. 293.
- Craig 2005, p. 1.
- Kuhn 1970.
- Bird 2013.
Bibliographie
- (en) Alexander Bird, « Thomas Kuhn », dans Edward N. Zalta (dir.), Stanford Encyclopedia of Philosophy, (lire en ligne)
- (en) Edward Craig, A posteriori (The Shorter Routledge Encyclopedia of Philosophy), Routledge, , 1077 p. (ISBN 978-0-415-32495-3)
- (en) Richard Feldman, « Evidence », dans Robert Audi, The Cambridge Dictionary of Philosophy, Cambridge, UK, Cambridge University Press, , 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1999) (ISBN 978-0521637220), p. 293â294
- (en) Thomas S. Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, University of Chicago Press, , 2e Ă©d. (1re Ă©d. 1962), 210 p. (ISBN 978-0-226-45804-5)
- (en) Joseph P. Pickett, « Empirical », dans The American Heritage Dictionary of the English Language, Houghton Mifflin, , 5e éd. (ISBN 978-0-547-04101-8)
Liens externes
- (en) « A Priori and A Posteriori », dans Internet Encyclopedia of Philosophy (lire en ligne)
Source de la traduction
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Empirical evidence » (voir la liste des auteurs).