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Pays de Bitche

Le pays de Bitche est une région naturelle de France, située au nord-est du département de la Moselle, en Lorraine, dans la région administrative Grand Est et dont la capitale est Bitche. Il est appelé Bitscherland en allemand standard, de même qu'en francique rhénan, dialecte traditionnel du pays de Bitche, et Bitcherland en français.

Pays de Bitche
Bitscherland
Image illustrative de l’article Pays de Bitche
Paysage entre Bannstein et Philippsbourg

Pays Drapeau de la France France
Région française Grand Est
Département français Moselle
Arrondissement français Sarreguemines
Canton français Bitche
Villes principales Bitche, Rohrbach-lès-Bitche
Siège du pays Bitche
CoordonnĂ©es 49° 03′ 09″ nord, 7° 25′ 33″ est
Superficie approximative 615,89 km2
Géologie Calcaire et grès
Relief Plateau lorrain et Vosges du Nord
Production Agriculture, bois, cristal, verre
Communes 47
Population totale 35 873 hab. (1999)
RĂ©gions naturelles
voisines
Alsace bossue, Bliesgau, Palatinat rhénan, pays de Hanau, Outre-forêt
RĂ©gions et espaces connexes Vasgovie, Vosges du Nord

Image illustrative de l’article Pays de Bitche
Le pays de Bitche incluant les limites communales.
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pays de Bitche Bitscherland
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(Voir situation sur carte : Moselle)
Pays de Bitche Bitscherland
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(Voir situation sur carte : Lorraine)
Pays de Bitche Bitscherland

Il constitue la partie lorraine des Vosges du Nord, classées réserve mondiale de la biosphère par l'UNESCO pour la richesse de leur patrimoine naturel et les nombreuses actions de protection et d'éducation en faveur de l'environnement.

Le pays de Bitche est composé de 47 communes dont 46 sont regroupées dans le canton de Bitche depuis le redécoupage cantonal de 2014, Kalhausen étant passée dans le canton de Sarreguemines en 2015.

Toponymie

Le nom de cette région naturelle provient de sa capitale, Bitche, qui s'écrit Bitche en français et Bitsch en allemand standard ainsi qu'en francique rhénan. Il s'écrit donc pays de Bitche en français et Bitscherland en allemand[1] ainsi qu'en francique rhénan. Lorsque l'expression germanique est reprise en français, elle est très souvent orthographiée Bitcherland.

Les habitants du pays de Bitche s'appellent les Bitscherländer en allemand standard et les Bitscherlänner en dialecte francique rhénan, mais aucun nom particulier ne leur est attribué en français même si les termes Bitscherländer, Bitscherlänner voire Bitcherlandais sont souvent utilisés en français pour désigner les habitants du pays de Bitche.

En 1945, les soldats américains qui libèrent le Bitcherland se surnommaient avec humour « sons of Bitche ».

GĂ©ographie

Le Bitscherland, ou pays de Bitche, se situe à l'extrême nord-est de la Lorraine, à cheval sur le plateau lorrain pour sa partie occidentale et sur les vallées rhénanes des Vosges du Nord pour sa partie orientale. Il est traversé en son milieu par la ligne de partage des eaux entre Rhin et Moselle : la partie occidentale appartient au bassin de la Sarre et de la Moselle, (bassins de l'Eichel et de la Blies) tandis que la partie orientale verse dans le Rhin via la Zinsel du Nord et le Falkensteinerbach, affluents de la Moder.

Une des particularités du Bitscherland est qu'il constitue un territoire mosellan dont les limites avec les territoires qui l'entourent sont de loin plus longues que celles avec le département lui-même. En effet, la plus longue frontière se fait avec l'Alsace (Bas-Rhin), puis le Palatinat, le Land de Sarre et enfin le reste de la Moselle avec l'agglomération de Sarreguemines. En suivant les aiguilles d'une montre, les territoires administratifs et culturels proches sont les suivants :

Région essentiellement forestière, le pays de Bitche, éloigné des grands centres urbains, possède cependant une situation géographique remarquable, en tant que canton frontalier avec deux Länder d'Allemagne et une situation profondément enclavée entre les deux anciennes régions d'Alsace et de Lorraine. Les grandes villes les plus proches de Bitche sont Sarrebruck (49 km), Strasbourg (72 km), Metz (111 km).

Le pays de Bitche se distingue des régions avoisinantes par une dualité frappante, issue de sa constitution géologique. Il recouvre deux entités géographiques très différentes, séparées par une ligne imaginaire joignant Rahling au Sud-Ouest à Liederschiedt au nord-est. On trouve ainsi à l'ouest un pays peu accidenté, s'étendant à perte de vue, le pays découvert (Imgau), où domine le calcaire. À l'est par contre, on entre en pays couvert (Wasgau), qui se caractérise par un moutonnement de collines boisées où règne le grès.

Son climat lui vaut le surnom de « petite Sibérie »[2].

Le pays découvert

Le plateau aux environs d'Ohrenthal

Le pays dĂ©couvert appartient aux formations gĂ©ologiques triasiques, qui sont composĂ©es de calcaires du Muschelkalk, entrecoupĂ©s de marnes avec des lentilles gypseuses, et de calcaires Ă  cĂ©ratites et Ă  entroques, l'ensemble Ă©tant recouvert de limons et de lĹ“ss. Le modelĂ©, ici, est celui du plateau lorrain dans sa partie la plus orientale, variant entre 300 et 400 mètres. Ce paysage doucement vallonnĂ©, est Ă  peine barrĂ© par la cĂ´te du Muschelkalk, d'une cinquantaine de mètres de dĂ©nivellation, qui se dĂ©veloppe entre Erching et Rahling, en passant par Rimling et Rohrbach-lès-Bitche.

Le pays couvert

Pointements gréseux de l'Altschloss à Roppeviller

Le pays couvert, qui constitue la grande originalitĂ© du pays de Bitche, appartient quant Ă  lui au Buntsandstein triasique, dont les formations grĂ©seuses ont donnĂ© naissance Ă  un plateau variant de 200 Ă  plus de 450 mètres, fortement morcelĂ© par des vallĂ©es nombreuses, profondes et très ramifiĂ©es, et hĂ©rissĂ©es de barres et de pointements rocheux ruiniformes, offrant un paysage pittoresque.

L'imperméabilité des roches et l'abondance des eaux ont favorisé dès le Moyen Âge la multiplication d'étangs artificiels, grands pourvoyeurs de truites et de carpes, qui constituent aussi l'une des originalités du pays de Bitche. À la fin du XVIe siècle, il y en avait déjà une bonne cinquantaine, mais aujourd'hui on en compte près d'un millier, situés pour la plupart dans la région gréseuse. Un certain nombre d'entre eux entraînaient des moulins à grain, à huile, à foulon, des scieries et des forges, comme le Grafenweiher à Sturzelbronn ou l'étang du moulin de Saint-Louis à Saint-Louis-lès-Bitche.

Histoire

Préhistoire

Des sites du PalĂ©olithique moyen voire infĂ©rieur dĂ©couverts Ă  Rimling et Obergailbach attestent de la prĂ©sence de l'Homme de NĂ©andertal (entre - 200 000 et - 35 000 ans avant JĂ©sus-Christ). Il s'agit donc lĂ  des plus anciennes occupations humaines du pays de Bitche connues Ă  ce jour. Plusieurs gisements mĂ©solithiques et nĂ©olithiques ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©couverts[3].

Antiquité

À l'époque gallo-romaine, alors que le pays de Bitche appartient à la cité des Médiomatriques, en Gaule belgique, à la limite de la Germanie supérieure et des Triboques d'Alsace, les indices d'occupation se multiplient. Des villas rurales (110 recensés par la Société d’histoire et d’archéologie de Bitche) s'implantent essentiellement en pays découvert, leur chiffre pouvant s'élever à une douzaine comme à Bettviller. Leur répartition apparaît plus dense dans le canton de Volmunster et dans la partie occidentale du canton de Rohrbach. Dans la partie orientale du pays, les prospections s'avèrent plus difficiles en raison du relief accidenté et du couvert forestier.

Le Moyen Ă‚ge

La première mention du nom de Bitis se trouve dans une lettre datée du milieu de XIIe siècle et dans laquelle le duc de Lorraine, Ferry Ier demande au comte de Sarrewerden de respecter les limites ainsi que les habitants de sa seigneurie. Dans cette lettre écrite en lettres gothiques, mais en latin, les limites de cette seigneurie sont parfaitement établies (voir cette lettre dans Wikisource : Seigneurie de Bitche en 1196). Dès 1170, un Bitis Castrum (château de Bitche) apparaît dans un document où Frédéric Ier se dénomme lui-même comme « Dominus de Bites » (seigneur de Bitche).

Au XIIIe siècle, la seigneurie de Bitche était le seul territoire du duc de Lorraine à se trouver dans le domaine linguistique allemand et du fait du morcellement des possessions des comtes de Zweibrücken, elle se trouvait géographiquement isolée. Le comte Eberhard II de Zweibrücken proposa alors un accord d’échange au duc de Lorraine. Cette transaction se fit par deux traités : celui du et celui du .

La Renaissance

Jusqu’au début du XVIe siècle, la seigneurie de Bitche dépendait en définitive du Saint-Empire romain germanique. Les habitants semblent avoir pris une grande part dans la guerre des paysans en 1525, puisque le comte Reinhart de Deux-Ponts-Bitche se plaignit au duc Antoine de Lorraine, que des six mille habitants de son fief, moins de six lui étaient restés fidèles. Le chef de bande des paysans lorrains révoltés était Hans Zoller, originaire de Rimling.

Lorsque Reinhard de Bitche mourut, en 1531, ses deux fils se partagèrent son domaine. Mais bien vite, ils se brouillèrent et se querellèrent si bien que le duc de Lorraine commença Ă  avoir des visĂ©es sur cette seigneurie. En fin de compte, AmĂ©lie de Bitche, fille de feu Simon Wecker et Ă©pouse de Philippe de Linange-Westerbourg, vendit la terre de Bitche au duc de Lorraine Charles II pour la somme de 50 000 Ă©cus.

Philippe V de Hanau-Lichtenberg réclama alors l’héritage de son beau-père Jacob. Le duc de Lorraine le lui reconnut. Cependant, le nouveau seigneur, protestant, voulut imposer cette religion à ses sujets selon la règle qui voulait à l’époque qu’on épouse la religion du souverain. Il y mit tant de vigueur, allant jusqu’à emprisonner le supérieur de l’abbaye de Sturzelbronn, qu’il incommoda le duc de Lorraine qui le convoqua devant les assises de Nancy. Philippe refusa de s’y rendre et fut déclaré félon. Le duc de Lorraine fit assiéger Bitche en 1572. Au bout de quelques jours, le château se rendit mais Philippe put s’enfuir. Les troupes du duc de Lorraine prirent même dans la foulée le château de Lemberg et les villages environnants, obligeant la population à prêter serment au duc. Ainsi, cet épisode contribua à confirmer l’autorité du duc de Lorraine sur la région de Bitche.

La guerre de trente ans et l'occupation française

En 1678, le traité de Nimègue mit fin à la guerre entre les Provinces-Unies et la France. Les troupes françaises commencèrent à se retirer mais le duc Charles V, neveu et successeur de Charles IV de Lorraine, n’accepta pas les termes du traité de Nimègue. Aussitôt, le roi de France revint occuper le pays de Bitche, afin de renforcer les défenses française du côté de l'Alsace, annexée à la France depuis peu, et vers la vallée du Rhin.

Vauban fit donc fortifier le Schlossberg et il fit aussi entourer la ville de remparts renforcés de bastions. Ces travaux attirèrent de nombreux ouvriers. Un arrêté du Conseil d’État de Louis XIV permit à la région de revivre. En effet, cet arrêté permit à tous les habitants du comté et à tous ceux qui acceptaient de s’y installer de défricher autant de terres qu’ils pouvaient en cultiver avec exemption de toutes taxes durant dix ans. En peu de temps, 60 villages se créèrent ou reprirent vie.

Le règne de Stanislas Leszczinski

En 1735 et 1736 furent signés des accords spécifiant que le duc de Lorraine François Stéphane renonçait aux duchés de Bar et de Lorraine au profit du roi de Pologne en exil : Stanislas Leszczynski dont la fille avait épousé le roi de France Louis XV. Le roi déchu vint donc s’installer à Lunéville et prit le titre de duc de Lorraine. Avant de quitter la France, par les accords de Meudon, l'ex-roi polonais remit la réalité de l'exercice du pouvoir à son gendre qui lui fit nommer un intendant français dont la première mission était de permettre l'assimilation des duchés à la France. Louis XV autorisa à reconstruire la place forte de Bitche sur les plans de Vauban. Et sous la direction du maréchal de camp de Bournay. Quand celui-ci mourut en 1740, il fut remplacé par un homme providentiel pour la ville de Bitche, le comte Henri François de Bombelles.

Dès 1741, Bombelles se mit à l’ouvrage et lorsqu’en 1744 les mercenaires guerroyant pour l’Autriche s’approchèrent de Bitche, ils furent repoussés. Les travaux de fortification durèrent jusqu’en 1754. En 1748 furent prises les premières mesures qui réprimaient l'usage du platt. À la mort de Stanislas Leszczyński, le , les duchés de Lorraine et de Bar furent officiellement rattachés à la France. Bitche devint française... pour un siècle...

La révolution et l'Empire

A la différence de ses prédécesseurs, Napoléon ne combattit pas l'usage du platt. Pragmatique voire cynique, il aurait déclaré : « Qu'ils parlent ce qu'ils veulent pourvu qu'ils sabrent français »[4].

Le XIXe siècle et l'Empire allemand

Les allemands construisirent un camp militaire Ă  Bitche, qui est toujours utilisĂ©. L'empereur allemand Guillaume II vint inaugurer la gare de Bitche le 14 mai 1903, construite pour permettre au camps de Bitche, contenant 7 000 soldats, de pouvoir faciliter le transport de plus de troupes Ă  la frontière. Ils commencèrent Ă©galement la construction d’une ligne de chemins de fer entre Saint-Louis-lès-Bitche et le reste de l’empire afin de transporter le cristal fabriquĂ© lĂ  bas. Elle ne fut jamais achevĂ©e en raison du dĂ©but du conflit et fut transformĂ©e après la guerre en piste cyclable.

Rattachements géographiques

Communes et organisations

Les communes et les anciennes communes du pays de Bitche

Bitche depuis la citadelle.
Etting au début du XXe siècle.
Nom français Nom francique rhénan[5] Nom allemand
AchenAcheAchen
Althorn AlthornAlthorn
BærenthalBäredalBärenthal
BettvillerBettwillerBettweiler
BiningBiningeBiningen
BitcheBitschBitsch
BoussevillerBusswillerBusweiler
BreidenbachBreidebach/BreirebachBreidenbach
DollenbachDollebachDollenbach
ÉguelshardtEgelshad/EgelshatEgelshardt
EnchenbergEnschebärschEnchenberg
EppingEppinge/EbbingeEppingen
ErchingErschingeErchingen
EschvillerEschwillerEschweiler
EttingEttinge/EddingeEttingen
GœtzenbruckGetzebrikk/GetzebriggGötzenbrück
Gros-RĂ©derchingGrossrederchingeGrossrederchingen
GuisingGisingeGiesingen
HanvillerHonnwillerHanweiler
HaspelschiedtHaschbelschid/HaschbelschittHaspelscheidt
HoellingHellingeHöllingen
HolbachHolbachHolbach
HottvillerHottwillerHottweiler
KalhausenKalhuseKalhausen
LambachLambachLambach
LembergLembärschLemberg
LengelsheimLengelseLengelsheim
LiederschiedtLiderschid/LirerschidtLiederscheidt
LoutzvillerLutzwillerLutzweiler
MeisenthalMeisedalMeisenthal
MontbronnMumereMombronn
MouterhouseMuterhĂĽse/MuderhĂĽseMutterhausen
Nousseviller-lès-BitcheNusswillerNussweiler
ObergailbachOwergailbach/OwergäälbachObergailbach
OhrenthalOhredalOhrenthal
OlsbergOlschberj/OlschbärschOlsberg
OpperdingOpperdinge/ObberdingeOpperdingen
OrmersvillerOrmerschwillerOrmersweiler
Petit-RéderchingKlärederchinge/KlärererchingeKleinrederchingen
PhilippsbourgFillipsbueri/PhillipsburchPhilippsburg
RahlingRahlingeRahlingen
ReyersvillerReierschwillerReyersweiler
RimlingRimlingeRimlingen
Rohrbach-lès-BitcheRohrbach/RoerbachRohrbach
RolbingRolwingeRolbingen
RoppevillerRoppwillerRoppweiler
Saint-Louis-lès-BitcheMinzdalMünzthal
SarreinsbergKinnisberri/KenichbärschSaareinsberg
SchmittvillerSchmittwillerSchmittweiler
SchorbachSchorbachSchorbach
SchweyenSchweijeSchweyen
SiersthalSiirschelSiersthal
SinglingSinglingeSinglingen
SouchtSuchtSucht
SturzelbronnStirzelbrunn/SdirzelbronnStĂĽrzelbronn
UrbachUrbachUrbach
VolmunsterWolminschter/WolminschderWolmĂĽnster
WaldhouseWaldhuse/WalthuseWaldhausen
WalschbronnWalschbronnWalschbronn
WeidesheimWädsemeWeidesheim
WeiskirchWisskirchWeisskirchen

Intercommunalité: communauté de communes du Pays de Bitche

Population

Au recensement de 1999, le pays de Bitche comptait 35 873 habitants pour 47 communes.

Économie

Pays du Verre et du Cristal

Dans le domaine des industries, l'activité verrière occupe une place de choix puisqu'elle est la plus ancienne et la plus répandue. Les conditions naturelles sont particulièrement favorables à son implantation : présence de sable et de bois en abondance, mais aussi possibilité d'extraire la potasse des bruyères et des fougères.

Produisant toutes du verre à vitres et de la gobeleterie, elles ont des caractères communs : elles ont toutes été fondées par des verriers allemands venus de Hesse, de Souabe et du Spessart, et elles sont itinérantes en raison de la raréfaction du bois de combustible au bout de quelques années. La guerre de Trente Ans leur porte un coup fatal et il faut attendre le début du XVIIIe siècle pour voir de nouvelles verreries, désormais sédentaires, s'implanter à Meisenthal (1702), Goetzenbruck (1721), Montbronn (1723) et Saint-Louis-lès-Bitche (1767), leurs productions restant toutefois les mêmes.

Au XXe siècle, celles-ci vont se diversifier, la verrerie industrielle (optique, fabriques de thermomètres, glacerie) s'ajoutant à la verrerie traditionnelle et à la cristallerie, par exemple à la verrerie de Mont-Royal à Goetzenbruck (1938). De nos jours, on assiste peu à peu à une concentration des entreprises qui passent sous le contrôle de puissantes sociétés : ainsi la cristallerie de Saint-Louis rachetée en 1989 par le groupe Hermès, et la cristallerie de Lemberg, fondée en 1925, absorbée en 1990 par la société Lalique. Il subsiste cependant de nombreux artisans installés à domicile, qui continuent de travailler le verre et le cristal.

Activité sidérurgique

Vue des anciennes forges de Bærenthal.

L'industrie sidérurgique, pour sa part, est née d'une volonté des ducs de Lorraine d'exploiter les richesses minières de cette région favorisée par la présence de bois et d'eau en abondance.

Dès les premières années du XVIIe siècle, Louis de Bettainvillers, maître des forges de Moyeuvre, et des mineurs de Sainte-Marie-aux-Mines sont envoyés dans le comté pour "découvrir quelque apparence de mine". À l'est, sur la Zinsel du Nord, une forge est créé en 1760 à Bærenthal pour transformer la fonte venue de Franche-Comté, tandis qu'à Bellerstein, une scierie installée sur le Falkensteinerbach est reconvertie en 1765 en "manufacture de tôle, fer battu et lames de liens".

En dépit des recherches de minerai ordonnées par les autorités en 1627, à la suite de la pénurie de matière première, ces établissements vont très vite péricliter et disparaître en 1632. Ils reperndront leur activité seulement au début du XVIIIe siècle, le duc Léopold Ier de Lorraine accordant des privilèges aux successeurs de Jean-Valentin de Dithmar en 1723.

À l'est, sur la Zinsel du Nord, une forge est créé en 1760 à Baerenthal pour transformer la fonte venue de Franche-Comté, tandis qu'à Bellerstein, une scierie installée sur le Falkensteinerbach est reconvertie en 1765 en "manufacture de tôle, fer battu et lames de liens". En dépit des difficultés intervenues dans les années -, notamment à cause de la concurrence des fonderies de Diemeringen (Bas-Rhin), les forges de Mouterhouse suivent seules. Elles sont rachetées en 1843 par la famille de Dietrich, installée à Niederbronn, et modernisées dans les années qui suivent. Le premier four Bessemer y est installé en 1863 mais la crise industrielle et l'apparition de la grande sidérurgie, vont entraîner très vite le déplacement de cette activité vers l'Alsace, autour de Niederbronn et de Reichshoffen, d'autant plus que depuis le début du XIXe siècle, le minerai de fer provenait en grande partie de la région de Brumath.

Autres

Parmi les autres activités traditionnelles, il convient de citer les tuileries installées en pays découvert (à Hottviller, Bitche, Schorbach ou Weidesheim), les fours à chaux de Rolbing, les plâtreries de Rohrbach-lès-Bitche, les fabriques de potasse de la vallée de Sturzelbronn, les scieries, ou moulins à scie du pays couvert, installés à Bellerstein, dans la vallée de Meisenthal ou sur l'ancien ban d'Eidenheim près de Montbronn.

Dans chaque village ou presque, les femmes tissaient pendant l'hiver, tandis que les hommes distillaient la pomme de terre. Des foulons à drap existaient à Hanviller, Achen et Walschbronn dès le XVIIe siècle ; des tanneries de Bitche étaient alimentés en tan par les moulins de Haspelschiedt, Reyersviller et Siersthal. Sur la plupart des rivières, même les plus médiocres, des moulins à farine et à huile tournaient. Le nombre des meuniers de la seigneurie de Bitche était si important que le duc de Lorraine Henri II les avait autorisé à se regrouper en corporation dès 1615.

Ces activités, qui ont contribué à la richesse du pays de Bitche depuis le XVIIe siècle, parfois même avant, ne sont plus aujourd'hui que des souvenirs, ayant parfois laissé des souvenirs dans le paysage, comme les moulins ou les fours à chaux.

MĂ©dias

Radio Studio 1 et Mosaik Cristal[6] (anciennement TV Cristal) sont respectivement la chaîne de radio et de télévision du pays de Bitche. Ces médias qui diffusent principalement en français font aussi des émissions en francique rhénan[7] - [8].

Transports

RĂ©seau routier

Le pays de Bitche est traversé d'est en ouest par la route nationale 62, reliant Haguenau à Deux-Ponts (puis, à partir de 1972, à Sarreguemines), et dont la portion Niederbronn-Bitche est construite entre 1824 et 1826.

RĂ©seau ferroviaire

La ligne de chemin de fer reliant Haguenau à Sarreguemines est construite entre 1866 et 1869 et permet un désenclavement partiel de la région. La gare n'est actuellement plus desservie par fer, mais des autocars TER Lorraine continuent d'assurer la liaison depuis Sarreguemines, Niederbronn ou Haguenau.

Lieux et monuments

Les sites du pays de Bitche classés monuments historique sont :

Les autres sites intéressants du pays de Bitche sont :

Culture

Le passé industriel de la région (et plus particulièrement le pays du Verre et du Cristal) est encore très présent bien qu'au XXIe siècle ne subsiste plus que la Cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche. Les métiers verriers demeurent encore nombreux avec notamment un grand nombre de tailleurs de cristal.

Le pays de Bitche, tout comme le reste de la Moselle et de l'Alsace, est également très marqué par les nombreux changements de nationalités de ses habitants. En effet, la région a basculé six fois de nationalité entre 1871 et 1945.

Au début du XXIe siècle, cette double culture franco-allemande demeure très présente. Il n'est donc pas rare de rencontrer des personnes âgées parlant encore très mal, voire pas du tout le français, du fait de l'éducation allemande qui leur a été prodiguée mais également du fait que dans le pays de Bitche, tout comme dans une large partie de la Moselle, le dialecte francique est encore très utilisé à cette époque.

Du point de vue linguistique, le Bitscherland relève du domaine du moyen allemand. On y parle le dialecte francique rhénan lorrain comme dans la zone allant de Saint-Avold (Moselle) à l’Alsace bossue (région de Sarre-Union, Diemeringen et Drulingen) incluse. On distingue grosso modo trois variétés du Bitscherlänner Platt ou Bitscherlänner Ditsch :

Le francique rural du Bitscherland se caractérise par une diphtongaison particulière quand une voyelle est suivie d'un [r] : òar, ìar, iar ùar, uar, äar, èar… (un [a] s'intercale entre la voyelle et le [r] qui selon les locuteurs est plus ou moins prononcé : Ich hòn Dùa(r)scht / j’ai soif), par l'abondance de voyelles ouvertes et par une multitude de sons graves correspondant à des voyelles ouvertes.

Le dialecte des villages verriers se distingue par des diphtongues inexistantes dans le reste du Bitscherland :

Villages verriers : méi naues Hous / Reste du Bitscherland : min néies Hus (allemand standard : mein neues Haus / français : ma nouvelle maison).

Le dialecte citadin de Bitche ne connaît pas les diphtongues des deux autres variétés. Les [r] précédés d’une voyelle y sont plus audibles et, de manière générale, la prononciation se rapproche de celle du reste de l’Est mosellan.

La guerre de Trente Ans ayant ravagé le Bitscherland comme une grande partie de la Lorraine, de nombreux villages ont été repeuplés par des immigrants germanophones originaires de Suisse alémanique, du Tyrol, de Bavière et de Bohême. Il est possible que les dialectes de ces immigrants ont modifié les dialectes parlés avant leur arrivée.

À la différence d'une grande partie de la Lorraine germanophone, les parlers du Bitscherland connaissent le ich-Laut qui existe en allemand standard (noté /ç/ dans l'alphabet phonétique international).

Exemple : Ich (pronom personnel, première personne du singulier) se prononce également [Iç] comme en allemand standard et non Isch comme à Sarreguemines.

Contrairement à ce que l'on peut lire parfois, les villages de Bærenthal et Philippsbourg n'appartiennent pas au domaine des parlers alémaniques (allemand supérieur) mais relèvent toujours du moyen-allemand. La ligne P/PF (de) (Appel/Apfel, Pund/Pfund) qui sépare les dialectes du moyen-allemand de ceux de l'allemand supérieur passe à l'est du Bitscherland et certains villages alsaciens (Dambach et Obersteinbach) sont encore dans la zone du francique rhénan lorrain. En revanche, il est vrai que, à l'instar des parlers de certaines localités du pays de Phalsbourg, les parlers des localités de Bærenthal et Philippsbourg présentent des caractères alémaniques au niveau de certaines voyelles : par exemple le son [u] y devient [ü], Hus/Hüs (maison), Mus/Müs (souris) ou Mutter/Mütter (Mère).

Dans les annĂ©es 1980, une enquĂŞte faite auprès de 1 107 personnes dans le pays de Bitche par un professeur du CES de Lemberg, donnait les rĂ©sultats suivants : 97,4 % de la gĂ©nĂ©ration des aines, 94,2 % de la gĂ©nĂ©ration moyenne et 88,5 % de la gĂ©nĂ©ration scolarisĂ©e parlent souvent ou toujours le « francique bitchois »[9].

Neggel est un diminutif local pour Nicolas, prénom qui était souvent employé pour désigner l'homme des enfers et c'est probablement de ce funèbre sobriquet qu'est restée l'appellation locale du pain noir : Bumberneggel[10].

Vie politique

Le pays de Bitche était traditionnellement de centre droit. Dès 1995, il évolue et apporte massivement ses suffrages à la droite nationale. Il conserve, toutefois un des plus forts électorats centristes donnant à François Bayrou et au MoDem un des meilleurs scores nationaux et départementaux.

Personnalités

Références

  1. Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale.
  2. Sophie de Ruffray, « Contribution à l'élaboration d'une méthodologie de développement local et à la conception d'un outil d'aide à la décision : application au pays de Bitche », Revue géographique de l'Est, vol. 36,‎ , p. 302 (lire en ligne).
  3. Pour en savoir plus, voir Sébastien Schmit, « Découverte de gisements préhistoriques en Moselle Est, au Pays de Bitche, à Rimling et environs », sur ac-nancy-metz.fr
  4. Serge Haartman, « « Pourvu qu’ils sabrent français… » », Dernières Nouvelles d'Alsace,‎ (lire en ligne Accès libre)
  5. www.geoplatt.com
  6. https://www.mosaik-cristal.tv/
  7. le Platt Ă  la TV sur culture-bilinguisme-lorraine.org
  8. Stations de radio Ă©mettant en dialecte et en allemand standard sur culture-bilinguisme-lorraine.org
  9. Daniel Laumesfeld, La Lorraine francique : Culture mosaĂŻque et dissidence linguistique, L'Harmattan, 1996
  10. Commentaire d'un quatrain scandé bitchois, dans Les Cahiers Lorrains, N°3, 1958.

Voir aussi

Bibliographie

  • Patrimoine religieux dans le Bitscherland
  • Jules Thilloy, « Les ruines du comtĂ© de Bitche », dans MĂ©moires de l'AcadĂ©mie impĂ©riale de Metz, 43e annĂ©e, 1860, p. 153-232 (lire en ligne)
  • JoĂ«l Beck, Moulins : huileries, tailleries, scieries du pays de Bitche, 1999 (ISBN 2-7085-0227-1).
  • JoĂ«l Beck, Le pays de Bitche 1900-1939, 2005 (ISBN 2-84910-267-9).
  • JoĂ«l Beck et Martine Fitoussi, D'Spotnäme im Bitcherland : Les sobriquets du Pays de Bitche, 2014 (ISBN 978-2-36329-050-2)
  • La Lorraine : entre Alsace Bossue et Pays de Bitche (p.595-600), in Gallia Rustica-1, projet europĂ©en "Rurland" (direct. M. ReddĂ©), Ă©dit. Ausonius, 2017.
  • Le Pays de Bitche, Didier Hemmert 1990.
  • Bitche et son pays, AndrĂ© Schutz 1992.
  • Les Grelots du vent, images et mirages du Pays de Bitche, abbĂ© Bernard Robin 1984.
  • Un sablier de brumes, abbĂ© Bernard Robin, 1989.
  • Manteaux de grès et dentelles de sapin, abbĂ© Bernard Robin 1992.
  • Bitche et son canton, des origines Ă  1945, Francis Rittgen 1988.
  • Joseph Schaefer, Le pays de Bitche, passionnĂ©ment, Éd. Serpenoise, Metz, 2004, 174 p. (ISBN 2-87692-643-1)
  • Auguste Lauer, La syllabe "bach" dans la toponymie du pays de Bitche, 1965.
  • Albert Hudlett, Morphologie verbale dans les parlers du Pays de Bitche (Moselle germanophone), 1989 (ISBN 3261039930)

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