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Impression sur bois au Japon

L'impression sur bois au Japon (japonais : 朚版画, moku hanga) est une technique surtout connue pour son emploi dans le genre de l’ukiyo-e ; cependant, elle est Ă©galement trĂšs largement utilisĂ©e pour l'impression de livres Ă  la mĂȘme pĂ©riode. L'impression sur bois est utilisĂ©e en Chine depuis le IIIe siĂšcle av. J.-C. pour imprimer des livres, bien avant l'apparition du caractĂšre amovible, mais n'est largement adoptĂ©e au Japon que de façon Ă©tonnamment tardive, au cours de l'Ă©poque d'Edo (1603-1867). Bien que semblable Ă  la xylographie dans l'estampe occidentale Ă  certains Ă©gards, la technique moku hanga diffĂšre en ce qu'elle utilise des encres Ă  base d'eau par opposition Ă  la gravure sur bois occidentale qui utilise souvent des encres Ă  base d'huile. Les encres japonaises Ă  l'eau offrent un large Ă©ventail de couleurs vives, de glacis et de transparence.

Torii Kiyomasu actif 1697-mi 1720s, Ă©cole Torii. Ichikawa DanjĆ«rƍ I dans le rĂŽle de Soga Gorƍ/Takenuki Gorƍ. Estampe tirĂ©e en noir et peinte Ă  la main. 53.3 × 30.5 cm. MusĂ©e national de Tokyo
Hokusai (1760-1849). La Grande Vague de Kanagawa (ç„žć„ˆć·æȖæ”ȘèŁ, Kanagawa-oki nami-ura). Estampe H. 25,7 cm ; L. : 37,9 cm. Vers 1830-1832. MET

DĂ©finition et Ă©tymologie

Le kanji 朚 moku signifie « bois » en japonais. Le caractĂšre 版 prononcĂ© han signifie bloc d’impression et le caractĂšre 画, prononcĂ© ga, signifie image[1]. Le terme 版画 hanga peut se traduire par « gravure ». Bien que l’expression mokuhanga en japonais se rĂ©fĂšre plutĂŽt Ă  l’impression en tant qu’objet plutĂŽt qu’au processus de fabrication de l’estampe, Ă  l’international l’expression est surtout connue comme Ă©tant la technique utilisĂ©e pour imprimer les cĂ©lĂšbres gravures sur bois de la pĂ©riode Edo, connues sous le nom d’Ukiyo-e. L’Ukiyo-e dĂ©signe un style d’art qui comprenait la peinture et l’art dĂ©coratif ainsi que les estampes[1]. Les estampes sont la forme la plus connue de l’Ukiyo-e car elles Ă©taient produites en grand nombre et expĂ©diĂ©es dans le monde entier. æ”źäž–ç””, « Ukiyo-e » se traduit par « images du monde flottant »[1]. Le caractĂšre æ”ź, signifiant flotter, le caractĂšre 侖 signifie monde, et ç””, signifiant image[1].

Histoire

Les impressions sur bois de livres des temples bouddhistes chinois vers le Japon s’observent dĂšs le VIIIe siĂšcle. En 764 l'impĂ©ratrice Kƍken commande un million de petites pagodes en bois, contenant chacune un petit rouleau sur bois imprimĂ©es avec un texte bouddhiste (Hyakumantƍ Darani). Ils sont distribuĂ©s aux temples Ă  travers le pays comme action de grĂące pour la suppression de la rĂ©bellion d'Emi de 764[2]. Ce sont les premiers exemples de gravure sur bois connus ou documentĂ©s, du Japon.

Au XIe siÚcle, les temples bouddhistes au Japon produisent des livres imprimés de sutras, mandalas et autres textes et images bouddhistes. Pendant des siÚcles, l'impression est principalement limitée à la sphÚre bouddhiste car elle est trop chÚre pour la production de masse et ne dispose pas d'un public lettré réceptif pour marché. Cependant, un ensemble important d'éventails de la fin de l'époque de Heian (XIIe siÚcle), qui contient des images peintes et des sutras révÚlent à partir de pertes de peinture que le dessin sous-jacent pour les peintures a été imprimé à partir de blocs de bois[3].

Ce n'est pas avant 1590 qu'est imprimĂ© le premier livre sĂ©culier au Japon. Il s'agit du Setsuyƍ-shĆ«, dictionnaire chinois-japonais en deux volumes. Bien que les JĂ©suites utilisent un type de presse typographique mobile Ă  Nagasaki depuis 1590[4], le matĂ©riel d'impression ramenĂ© de CorĂ©e par l'armĂ©e de Toyotomi Hideyoshi en 1593 a beaucoup plus d'influence sur le dĂ©veloppement du mĂ©dium. Quatre ans plus tard, Tokugawa Ieyasu, avant mĂȘme de devenir shogun, fait crĂ©er le premier type mobile local en utilisant des piĂšces types en bois plutĂŽt qu'en mĂ©tal. Il supervise la crĂ©ation de 100 000 piĂšces type utilisĂ©es pour imprimer un certain nombre de textes politiques et historiques. En tant que shogun, Ieyasu mĂšne une politique de promotion de l'alphabĂ©tisation et de l'apprentissage, ce qui contribue Ă  l'Ă©mergence d'un public urbain Ă©duquĂ©.

L'impression n'est cependant pas dominĂ©e par le shogunat Ă  ce point. Des imprimeurs privĂ©s apparaissent Ă  Kyoto au dĂ©but du XVIIe siĂšcle et Toyotomi Hideyori, adversaire politique principal de Ieyasu, participe Ă©galement au dĂ©veloppement et Ă  la propagation du mĂ©dium. Une Ă©dition des Analectes de Confucius est imprimĂ©e en 1598 en utilisant une presse Ă  imprimer corĂ©enne Ă  caractĂšres amovibles sur l'ordre de l'empereur Go-Yƍzei. Ce document est le plus ancien ouvrage sorti d'une presse de type amovible japonais existant aujourd'hui. MalgrĂ© l'attrait des caractĂšres mobiles cependant, les artisans dĂ©cident bientĂŽt que l'Ă©criture semi-cursive des textes japonais est mieux reproduite en utilisant des blocs de bois. En 1640, les planches de bois sont une fois de plus utilisĂ©es pour pratiquement tous les usages.

Le support gagne rapidement en popularitĂ© parmi les artistes et est utilisĂ© pour produire des petites reproductions artistiques bon marchĂ© ainsi que des livres. Les grands pionniers dans l'application de cette mĂ©thode pour la crĂ©ation de livres d'art prĂ©cĂ©dant la production de masse pour la consommation gĂ©nĂ©rale, sont Honami Kƍetsu et Suminokura Soan. Dans leur studio Ă  Saga, Kyoto, tous deux crĂ©ent un certain nombre de blocs de bois des classiques japonais, Ă  la fois du texte et des images, reportant essentiellement les rouleaux manuels pour les livres imprimĂ©s et les reproduisant pour une consommation plus large. Ces livres, maintenant connus sous le nom « livres Kƍetsu », « livres Suminokura » ou « livres Saga », sont considĂ©rĂ©s comme les premiĂšres et les plus belles reproductions imprimĂ©es de la plupart de ces contes classiques; Le « livre saga » des Contes d'Ise (Ise monogatari), imprimĂ© en 1608, est particuliĂšrement rĂ©putĂ©.

  • PremiĂšre de couverture (26.7 × 18.3 cm) d'un album xylographique de Nishikawa Sukenobu, 1739. The Metropolitan Museum of Art
    Premiùre de couverture (26.7 × 18.3 cm) d'un album xylographique de Nishikawa Sukenobu, 1739. The Metropolitan Museum of Art
  • Nishikawa Sukenobu.  BeautĂ©s fĂ©minines. Deux pages en vis-Ă -vis, du prĂ©cĂ©dent album. The Metropolitan Museum of Art
    Nishikawa Sukenobu. Beautés féminines. Deux pages en vis-à-vis, du précédent album. The Metropolitan Museum of Art
  • Nishikawa Sukenobu. 11e page de cet album, Ehon Asakayama (Parfums de la Montagne de l'Aube)
    Nishikawa Sukenobu. 11e page de cet album, Ehon Asakayama (Parfums de la Montagne de l'Aube)
  • Nishikawa Sukenobu. DerniĂšres pages de Kyƍkun chĆ«kai ehon kai kase (Livres de poĂšmes sur les coquillages), 1748. Metropolitan Museum of Art
    Nishikawa Sukenobu. DerniĂšres pages de Kyƍkun chĆ«kai ehon kai kase (Livres de poĂšmes sur les coquillages), 1748. Metropolitan Museum of Art
  • Nishikawa Sukenobu. Dos de couverture (22.5 × 16 cm) du prĂ©cĂ©dent album. The Metropolitan Museum of Art
    Nishikawa Sukenobu. Dos de couverture (22.5 × 16 cm) du prĂ©cĂ©dent album. The Metropolitan Museum of Art

L'impression sur bois, bien que plus fastidieuse et coĂ»teuse que les mĂ©thodes plus tardives, l'est beaucoup moins que la mĂ©thode traditionnelle d'Ă©criture manuelle de chaque exemplaire d'un livre; Ainsi, le Japon commence-t-il Ă  ĂȘtre tĂ©moin du dĂ©but de la production littĂ©raire de masse. Alors que les « livres saga » sont imprimĂ©s sur du papier fantaisie onĂ©reux et utilisent divers embellissements, Ă©tant imprimĂ©s spĂ©cifiquement pour un petit cercle de connaisseurs littĂ©raires, les autres imprimeries de Kyoto s'adaptent rapidement Ă  la technique de la production de livres moins chers en grand nombre, pour une consommation plus gĂ©nĂ©rale. Le contenu de ces livres est trĂšs variable, comprenant aussi bien des guides de voyage, des manuels de conseils, des kibyƍshi (romans satiriques), sharebon (livres sur la culture urbaine), des livres d'art et des manuscrits de piĂšces de thĂ©Ăątre pour le jƍruri (thĂ©Ăątre de marionnettes). Souvent, pour certains genres, comme les manuscrits de thĂ©Ăątre jƍruri, un style particulier d'Ă©criture devient-il la norme pour ce genre. Par exemple, le style calligraphique personnel d'une personne est adoptĂ© comme style standard pour les impressions de piĂšces.

Utamaro (1753–1806). L'atelier d'impression d'estampes, format trois oban en triptyque, vers 1795

Beaucoup de maisons d'Ă©dition apparaissent et se dĂ©veloppent en publiant des livres et des gravures individuelles. Une des plus cĂ©lĂšbres et des plus couronnĂ©es de succĂšs est appelĂ©e Tsuta-ya. La propriĂ©tĂ© d'un Ă©diteur des tablettes matĂ©rielles utilisĂ©es pour imprimer un texte ou une image donnĂ© constitue Ă  cette Ă©poque l'Ă©quivalent le plus proche de la notion moderne de copyright. Les Ă©diteurs ou les individus peuvent s'acheter des blocs de bois les uns des autres et ainsi prendre en charge la production de certains textes, mais au-delĂ  de la propriĂ©tĂ© de protection d'un ensemble donnĂ© de blocs (et donc d'une reprĂ©sentation trĂšs particuliĂšre d'un sujet donnĂ©), il n'existe aucune notion juridique de propriĂ©tĂ© des idĂ©es. Les piĂšces sont adaptĂ©es par les thĂ©Ăątres concurrents et soit reproduites entiĂšrement, ou seuls des Ă©lĂ©ments de l'intrigue individuelle ou des personnages peuvent ĂȘtre adaptĂ©s; cette activitĂ© est considĂ©rĂ©e comme lĂ©gitime et coutumiĂšre Ă  l'Ă©poque.

L'impression sur bois se poursuit aprĂšs le dĂ©clin de l' ukiyo-e et l'introduction des caractĂšres mobiles et autres techniques, comme procĂ©dĂ© et support pour l'impression de textes ainsi que pour la production artistique, Ă  la fois dans les modes traditionnels tels que le ukiyo-e et dans une variĂ©tĂ© de formes plus radicales ou occidentales qui peuvent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es comme de l'art moderne.

Le systĂšme collaboratif

La maniĂšre dont les peintures et les gravures ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es, acquises et apprĂ©ciĂ©es, requiert un Ă©ventail de participants Ă  leur monde artistique : fabricants, Ă©diteurs, mĂ©cĂšnes, spectateurs, collectionneurs et autres[5]. Pour les peintures commandĂ©es, le modĂšle du monde de l’art peut sembler, Ă  premiĂšre vue, se rĂ©sumer Ă  la relation centrale du peintre et son client, mais il s’agit en fait de la collaboration de plusieurs autres personnes par exemple pour les matĂ©riaux (terres, pigments, encres, supports) dont la fabrication nĂ©cessitait une main-d’Ɠuvre qualifiĂ©e[5]. Dans le cas des estampes, ces contributions Ă©taient basĂ©es sur une division du travail appropriĂ©e qui permettait de rĂ©aliser le travail de maniĂšre efficace[6]. L’utilisation du terme « collaboration » peut sembler proposer un modĂšle d’échange entre Ă©gaux, mais il faut comprendre que dans ce cas le fait de travailler ensemble ne signifie pas nĂ©cessairement que chaque membre du groupe aurait eu un statut Ă©quivalent ou aurait eu un droit de regard Ă©gal sur le produit final[6]. Il est plus probable que cet effort ait contenu une dynamique de pouvoir explicite ou implicite qui a affectĂ© les membres du groupe. Parmi ces participants, l’éditeur occupait une position clĂ© dans le circuit de production et de rĂ©ception[6]. Son rĂŽle dĂ©pendait du fait qu’il Ă©tait l’agent principal, qu’il fabriquait des Ɠuvres par spĂ©culation pour le marchĂ©, ou qu’il agissait comme coordinateur pour une commission[6]. Pour les imprimĂ©s destinĂ©s au commerce (y compris les feuilles, les livres populaires, etc.), l’éditeur Ă©value le marchĂ© et charge des ouvriers qualifiĂ©s de produire le contenu[6]. Il engageait des concepteurs et des Ă©crivains pour rĂ©aliser les premiĂšres esquisses et rĂ©diger les manuscrits, souvent selon ses directives[6]. AprĂšs avoir approuvĂ© le contenu, l’éditeur engageait des sculpteurs pour rĂ©aliser les blocs de bois et des imprimeurs pour produire les Ɠuvres imprimĂ©es Ă  partir des blocs[6]. Ce processus s’appuyait sur la disponibilitĂ© d’une main-d’Ɠuvre spĂ©cialisĂ©e et qualifiĂ©e et, bien que les cas individuels varient, chaque participant Ă©tait rĂ©munĂ©rĂ© pour le travail effectuĂ©[6]. En organisant la main-d’Ɠuvre pour ces projets, l’éditeur s’appuyait souvent sur la rĂ©putation des Ă©coles, s’associait Ă  des vendeurs Ă©prouvĂ©s et tirait parti de l’expĂ©rience de l’école[6]. Le produit final Ă©tait ensuite vendu au public par l’éditeur, avec la signature de l’artiste, le nom de l’éditeur et parfois l’adresse de l’éditeur[7]. Les graveurs sur bois et les imprimeurs restaient les artisans mĂ©connus de l’impression sur bois japonaise[7]. Leur apprentissage Ă©tait long, parfois allant jusqu’à dix ans[7]. Leur dĂ©vouement Ă  leur mĂ©tier Ă©tait absolu, mais ce n’est que dans de trĂšs rares cas que leur nom apparaissait sur une estampe[7]. Le processus de crĂ©ation d’une Ɠuvre de l’Ukiyo-e commençait avec l’artiste[7]. Il Ă©tait chargĂ© de produire un dessin ou une « image prĂ©paratoire », appelĂ©e shita-e, Ă  l’encre noire sumi pour l’éditeur[7]. Parfois, l’artiste dĂ©veloppait son dessin jusqu’à un trĂšs haut niveau de dĂ©tail et d’exhaustivitĂ©[7]. D’autres fois, il fournissait un dessin plus sommaire, ne montrant peut-ĂȘtre que les contours de ses personnages et des suggestions pour l’arriĂšre-plan[7]. Les dĂ©tails Ă©taient ensuite complĂ©tĂ©s par des par des copistes professionnels (hikko), ou mĂȘme par des Ă©tudiants avancĂ©s[7]. Le hikko crĂ©ait alors un calque ou « image de base » (hanshita-e) sur un papier translucide trĂšs fin, qui Ă©tait ensuite transmis au graveur de blocs pour l’étape suivante — le transfert du dessin sur la planche de bois[7].

Utagawa Kunisada (1786–1865). Artisans dans la sĂ©rie "Une parodie mise Ă  jour des quatre classes", format 25.4 x 36.8 cm chaque feuille, en triptyque. MET.

Technique

La technique pour l'impression de textes et d'images est gĂ©nĂ©ralement la mĂȘme. Les diffĂ©rences Ă©videntes sont le volume produit lorsque l'on travaille avec des textes (nombreuses pages pour une seule Ɠuvre), et la complexitĂ© de plusieurs couleurs sur certaines images. Les illustrations des livres sont presque toujours en noir et blanc (encre noire seulement), et pendant un temps, les estampes sont Ă©galement monochrome ou faites en seulement deux ou trois couleurs.

Le texte ou l'image est d'abord dessinĂ© sur du washi (papier japonais), puis collĂ© sur une planche de bois, habituellement de cerisier. Le bois est ensuite dĂ©coupĂ© autour des contours du dessin. Un petit objet en bois dur appelĂ© baren est utilisĂ© pour appuyer ou polir le papier contre le bloc de bois encrĂ© pour appliquer l'encre sur le papier. Bien que cela puisse avoir Ă©tĂ© fait uniquement Ă  la main dans un premier temps, des mĂ©canismes complexes de bois sont bientĂŽt inventĂ©s et adoptĂ©s pour aider Ă  tenir la gravure sur bois parfaitement immobile et appliquer une pression adĂ©quate durant le processus d'impression. Cela est particuliĂšrement utile avec l'introduction de plusieurs couleurs qui doivent ĂȘtre appliquĂ©es avec prĂ©cision sur des couches d'encre prĂ©cĂ©dentes.

Une fois encore, alors que le texte est presque toujours monochrome, tout comme les images dans les livres, le développement de la popularité de l'ukiyo-e entraßne une demande pour un nombre toujours croissant de couleurs et une complexité des techniques. Les étapes de ce développement sont :

  • Sumizuri-e (ćąšæ‘șă‚Šç””, « images imprimĂ©es Ă  l'encre ») — impression monochrome utilisant uniquement de l'encre noire
  • Benizuri-e (箅æ‘șă‚Šç””, « images imprimĂ©es en pourpre ») — dĂ©tails Ă  l'encre rouge ou point saillant ajoutĂ©s Ă  la main aprĂšs le processus d'impression, le vert est aussi parfois utilisĂ©
  • Tan-e (äžčç””) — reflets orangĂ©s en utilisant un pigment rouge appelĂ© tan
  • Aizuri-e (藍æ‘șă‚Šç””, « images imprimĂ©es Ă  l'indigo »), Murasaki-e (玫甔, « images violettes »), et autres modĂšles dans lesquels une seule couleur est utilisĂ©e en complĂ©ment ou Ă  la place de l'encre noire,
  • Urushi-e (挆甔) — mĂ©thode qui Ă©paissit l'encre avec de la colle, et renforce l'effet de l'image. Les imprimeurs utilisent souvent l'or, le mica, et d'autres substances pour amĂ©liorer davantage l'image. L'urushi-e peut Ă©galement dĂ©signer la peinture utilisant de la laque Ă  la place de la peinture. La laque est rarement, voire jamais, utilisĂ©e sur les impressions.
  • Nishiki-e (錊甔, « images de brocard ») — ProcĂ©dĂ© d'utilisation de blocs multiples pour des portions distinctes de l'image, en utilisant un certain nombre de couleurs pour obtenir des images complexes et dĂ©taillĂ©es. Un bloc sĂ©parĂ© est sculptĂ© pour appliquer uniquement sur la partie de l'image destinĂ©e Ă  recevoir une seule couleur. Des marques d'identification appelĂ©es kentƍ (èŠ‹ćœ“) sont utilisĂ©es pour assurer la correspondance entre l'application de chaque bloc.

Outils et matériels utilisés

La technique d'impression. Musée d'Edo-Tokyo, Tokyo, Japon.

Le Mokuhanga diffĂšre de la gravure sur bois occidentale Ă  trois Ă©gards importants[1]. Il est imprimĂ© avec de l’encre sumi Ă  base d’eau et de l’aquarelle brossĂ©e sur le bloc avec des brosses rigides plutĂŽt que roulĂ©e sur la surface avec des brayers ; il est imprimĂ© avec un baren Ă  main plutĂŽt qu’avec un outil de frottement dur ou une presse mĂ©canique ; et il emploie le systĂšme d’enregistrement prĂ©cis kento, coupĂ© directement dans le bloc, plutĂŽt que d’aligner les blocs dans un gabarit[1]. Le systĂšme d’enregistrement kento est une invention japonaise qui facilite l’alignement prĂ©cis du papier pour l’impression de plusieurs couleurs[1]. Bien qu’il ne fasse pas partie du processus d’impression proprement dit, le washi, papier japonais fabriquĂ© Ă  la main, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une autre caractĂ©ristique essentielle la gravure sur bois japonaise[1]. La fabrication du papier a sa propre tradition artisanale raffinĂ©e, parallĂšle Ă  celle de l’impression[1]. Afin de crĂ©er les gravures dĂ©taillĂ©es de la pĂ©riode Edo, les graveurs s’appuyaient sur les papetiers pour obtenir un washi solide et stable[8]. Ces papetiers ont conçu un papier spĂ©cialement pour l’impression mokuhanga, faits de fibres solides et rĂ©silientes de maniĂšre qu’elles restent absorbantes, mais ne s’étirent pas au cours des multiples impressions lorsqu’elles Ă©taient humides (le papier est humidifiĂ© avant l’impression afin qu’il soit suffisamment souple pour absorber facilement la couleur tout au long de l’impression)[8]. Les outils et les techniques du mokuhanga ont Ă©voluĂ© au cours de la pĂ©riode Edo (1603-1867)[8]. Au fil du temps, la demande commerciale pour plus de couleurs et d’effets d’impression plus inhabituels a entraĂźnĂ© un raffinement des outils, du papier et d’autres matĂ©riaux, ainsi que des techniques d’impression avancĂ©es pour crĂ©er des effets spĂ©ciaux[8].

Écoles et mouvements

"Shƍki zu" (Shƍki en marche), par Okumura Masanobu, c. 1741-1751. Exemple d'impression au format en pilier, Ă  l'origine 69,2 Ă— 10,1 cm.

L'estampe japonaise, comme de nombreuses autres expressions de l'art japonais, tend Ă  s'organiser en Ă©coles et mouvements. Les Ă©coles les plus remarquables et, plus tard, les mouvements moku hanga sont les suivants :

D'autres artistes, tels qu'Utamaro, Sharaku et Hiroshige ne se rattachent à aucune école spécifique et tirent leur inspiration de traditions plus étendues.

Tailles des papiers

Il existe un certain nombre de tailles standard pour les impressions de l'Ă©poque d'Edo, dont voici quelques-unes. (Toutes les mesures en centimĂštre sont approximatives).

  • ChĆ«ban (䞭戀, taille moyenne) (26 Ă— 19 cm)
  • ChĆ«tanzaku (侭短憊) (38 Ă— 13 cm) - aussi connu sous le nom tanzaku; un demi ƍban, coupĂ© dans le sens de la longueur
  • Hashira-e (柱甔) (68-73 x 12–16 cm) - format vertical Ă©troit souvent appelĂ© « impression pilier »
  • Hosoban (现戀) (33 Ă— 15 cm) - plusieurs hosoban sont coupĂ©s d'un ƍ-ƍban (性性戀, grande taille); l'hosoban est la plus petite des tailles des feuilles habituelles.
  • Kakemono-e (掛物甔) (76,5 Ă— 23 cm) - grand format en hauteur constituĂ© approximativement de deux ƍban disposĂ©s l'un sur l'autre. Le kakemono dĂ©signe aussi les rouleaux peints suspendus.
  • ƌban (性戀, grande taille) (39 Ă— 26,5 cm) - taille de feuille la plus courante.
  • ƌ-hosoban (性现戀) (38 Ă— 17 cm) - aussi connu sous le nom ƌ-tanzaku
  • Shikishiban (21 Ă— 18 cm) - souvent utilisĂ© pour les surimono

Les termes japonais pour les formats d'images verticales (portrait) et horizontales (paysage) sont tate-e (立お甔) et yoko-e (æšȘç””), respectivement.

Notes et références

  1. (en) April Vollmer, Japanese Woodblock Print Workshop, New York, Watson-Guptill Publications,
  2. « Pre-Gutenberg Printing - The Schoyen Collection », sur schoyencollection.com (consulté le ).
  3. Paine, 136
  4. Fernand Braudel, "Civilization & Capitalism, 15-18th Centuries, Vol 1: The Structures of Everyday Life", William Collins & Sons, London 1981
  5. (en) Helen Merritt, Modern Japanese woodblock prints : the early years, Honolulu, University of Hawaii Press,
  6. (en) Julie Nelson Davis, PARTNERS in PRINT, Honolulu, University of Hawaii Press,
  7. (en) Frederick Harris, Ukiyo-e, Tokyo, Rutland (Vermont), Singapore, Tuttle Publishing,
  8. (en) Hugo Munsterberg, The Japanese Print : A Historical Guide, New York, Tokyo, John Weatherhill, Inc.,

Annexes

Bibliographie

  • Forrer, Matthi, Willem R. van Gulik, Jack Hillier A Sheaf of Japanese Papers, The Hague, Society for Japanese Arts and Crafts, 1979. (ISBN 90-70265-71-0)
  • Kaempfer, H. M. (ed.), Ukiyo-e Studies and Pleasures, A Collection of Essays on the Art of Japanese Prints, The Hague, Society for Japanese Arts and Crafts, 1978. (ISBN 90-70216-01-9)
  • Nussbaum, Louis FrĂ©dĂ©ric and KĂ€the Roth. (2005). Japan Encyclopedia. Cambridge: Harvard University Press. (ISBN 0-674-01753-6 et 978-0-674-01753-5); OCLC 48943301
  • Friese, Gordon (2007). "Hori-shi. 249 facsimiles of different seals from 96 Japanese engravers." Unna, Nordrhein-Westfalen: Verlag im bĂŒcherzentrun.
  • Lane, Richard. (1978). Images from the Floating World, The Japanese Print. Oxford: Oxford University Press. (ISBN 0192114476 et 9780192114471); OCLC 5246796
  • Paine, Robert Treat, in: Paine, R. T. & Soper A, The Art and Architecture of Japan, Pelican History of Art, 3rd ed 1981, Penguin (now Yale History of Art), (ISBN 0140561080).
  • Sansom, George (1961). A History of Japan: 1334-1615. Stanford, California: Stanford University Press.
  • Davis, J. N. (2015). PARTNERS in PRINT. Honolulu : University of Hawaii Press.
  • Harris, F. (2012). Ukiyo-e. Tokyo, Rutland (Vermont), Singapore: Tuttle Publishing.
  • Merritt, H. (1990). Modern Japanese woodblock prints: the early years. Honolulu: University of Hawaii Press.
  • Munsterberg, H. (1982). The Japanese Print: A Historical Guide. New York, Tokyo: John Weatherhill, Inc.
  • Vollmer, A. (2015). Japanese Woodblock Print Workshop. New York: Watson-Guptill Publications.

Liens externes

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