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Norvégien

Le norvĂ©gien (norsk en norvĂ©gien) est une langue germanique parlĂ©e en NorvĂšge qui a pour racine historique le vieux norrois, utilisĂ© depuis le Moyen Âge en Scandinavie. Le vieux norrois est aussi l'ancĂȘtre direct du danois et du suĂ©dois modernes et a exercĂ© une influence sensible sur le vieil anglais pour former l'anglais[2] ; en France, il a fourni Ă  l'ancien normand certains Ă©lĂ©ments de vocabulaire.

Norvégien
norsk (no)
Pays NorvĂšge, SuĂšde, Finlande, Russie
Nombre de locuteurs NorvĂšge : 5 190 000 (2017)[1]
Total : 5 318 710[1]
Typologie SVO + V2, flexionnelle, accusative, accentuelle, Ă  accent de hauteur
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge
Drapeau du conseil nordique Conseil nordique
Régi par Conseil de la langue norvégienne
Codes de langue
IETF no
ISO 639-1 no
ISO 639-2 nor
ISO 639-3 nor
Étendue macro-langue
Type langue vivante
Glottolog norw1258
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français) :
  • BokmĂ„l : Artikkel 1: Alle mennesker er fĂždt frie og med samme menneskeverd og menneskerettigheter. De er utstyrt med fornuft og samvittighet og bĂžr handle mot hverandre i brorskapets Ă„nd.
  • Nynorsk : Artikkel 1: Alle menneske er fĂždde til fridom og med same menneskeverd og menneskerettar. Dei har fĂ„tt fornuft og samvit og skal leve med kvarandre som brĂžr.
Carte
Image illustrative de l’article NorvĂ©gien

Le norvégien actuel comporte en réalité un grand nombre de dialectes qui diffÚrent autant entre eux que le danois ou le suédois en diffÚrent. Il existe deux standards concurrents à l'écrit :

  • le bokmĂ„l (littĂ©ralement « langue des livres » ─ prononcĂ© /ˈbûːk.moːl/), hĂ©ritier du riksmĂ„l (littĂ©ralement « langue du royaume » ─ prononcĂ© /ˈrÉȘ̀ks.moːl/) c’est-Ă -dire du norvĂ©go-danois/dano-norvĂ©gien (norsk-dansk/dansk-norsk) Ă©laborĂ© pendant la longue pĂ©riode de domination danoise ;
  • le nynorsk (« nĂ©o-norvĂ©gien » ─ prononcĂ© /ˈnỳː.nɔʂk, /ˈnỳːn.ɔʁsk/), hĂ©ritier du landsmĂ„l (littĂ©ralement « langue des campagnes » ou « langue nationale » ─ prononcĂ© /lɑns.moːɜ/, /lɑns.moːl/), dont une variante moderne non officielle dĂ©crite plus « pure » mais « radicale » est dĂ©rivĂ©e, le hĂžgnorsk (« haut norvĂ©gien » prononcĂ© /ˈhĂžÌ‚ËÉĄ.nɔʂk/) plus proche du vieux norrois (et opposĂ©e Ă  la premiĂšre rĂ©forme de 1917).

Ces deux normes écrites sont construites, l'une (le bokmÄl) étant plus proche des dialectes parlés dans le sud-est (région d'Oslo), l'autre (le nynorsk) étant plus proche des dialectes parlés sur la cÎte ouest (la « NorvÚge des fjords »). Ils sont utilisés (à l'écrit uniquement) plus ou moins en fonction de cette proximité.

Histoire

Histoire ancienne

Extension approximative du vieux norrois et des langues dérivées au Xe siÚcle. La zone en rouge montre l'aire de répartition du scandinave occidental, la zone orange celle du scandinave oriental. La zone rose représente l'aire du Gutnisk et la zone verte les langues germaniques ayant des correspondances avec le vieux norrois.

Le norvégien actuel dérive du vieux norrois, qui était la langue utilisée par les Vikings.

Vers 872. À cette Ă©poque, date Ă  laquelle le roi Harald HĂ„rfagre unifia la NorvĂšge selon la tradition, on utilisait l'alphabet runique, et les pierres runiques de cette pĂ©riode indiquent que la langue connaissait alors peu de variations rĂ©gionales.

Vers 1030, avec l'arrivée du christianisme en NorvÚge, consacré par l'inauguration de la cathédrale de Nidaros à Trondheim (an 1000), est introduit l'alphabet latin. Les premiers manuscrits en caractÚres latins apparaissent un siÚcle plus tard.

Le vieux norrois se scinde aussi en deux familles : le scandinave occidental (en NorvÚge, en Islande, au Groenland, aux ßles Féroé et Shetland) et le scandinave oriental (au Danemark et en SuÚde).

Du vieux au moyen norvégien

Les langues d'Islande et de NorvÚge, qu'on nomme alors vieux norvégien et vieil islandais[3], restent trÚs proches jusque vers les années 1300 mais au XIVe siÚcle les différences entre vieil islandais et vieux norvégien s'accroissent.

Durant la période 1350-1525, le vieux norvégien évolue : la grammaire se simplifie, la syntaxe se fixe et du vocabulaire du moyen bas allemand est intégré. Le suédois et le danois subissent une influence similaire, au contraire du féroïen et de l'islandais[4]. Durant cette période, les royaumes de SuÚde, NorvÚge et Danemark sont unifiés dans l'union de Kalmar. La NorvÚge est subordonnée au Danemark, et le danois devient la langue de l'élite et de la littérature puis, avec la Réforme, celle de la liturgie et de l'organisation ecclésiastique[4].

Disparition du norvégien écrit

Durant le XVe siĂšcle, les langues danoise et suĂ©doise vont tenter d'influencer le norvĂ©gien. On passe alors du vieux au moyen-norvĂ©gien. Les derniers documents en moyen-norvĂ©gien sont des lettres datant de la fin du XVIe siĂšcle[5]. Le moyen-norvĂ©gien sous sa forme Ă©crite disparaĂźt ensuite mais reste vivant sous sa forme parlĂ©e Ă  travers les dialectes de l'ouest de la NorvĂšge et des montagnes. Ces mĂȘmes dialectes sont ceux qui serviront plus tard Ă  Ivar Aasen pour recrĂ©er une langue norvĂ©gienne Ă©crite.

Hégémonie linguistique danoise

À partir de 1450, le Danemark va tenter d'assimiler les langues norvĂ©giennes et suĂ©doises. Ce programme d'assimilation va d'abord consister Ă  mettre des personnes de langue danoise aux postes de pouvoir politique et religieux. Ensuite l'idĂ©e Ă©tait de remplacer les termes norvĂ©giens par des termes danois[6]. La Bible de Christian III et la littĂ©rature religieuse ne va pas susciter d'opposition en NorvĂšge, ce qui privera la NorvĂšge d'imprimerie[7].

Au cours du XIXe siÚcle, le danois connaßt une « norvégianisation » (fornorskingen) et une simplification grammaticale. C'est ce dano-norvégien qui est devenu la langue maternelle des Norvégiens lorsque l'union avec le Danemark prend fin en 1814.

Une nouvelle union commence avec la SuĂšde, mais durant tout le XIXe siĂšcle, la NorvĂšge tente d'Ă©merger en tant que nation et la langue devient un enjeu politique.

Histoire des deux standards à l'écrit de la langue norvégienne

La fin de l'union de la NorvĂšge et du Danemark en 1814 et la formation d'une nouvelle union, la mĂȘme annĂ©e, avec la SuĂšde, n'ont pas d'influence directe sur la langue Ă©crite : la langue administrative et religieuse demeure le dano-norvĂ©gien[8]. Dans les annĂ©es 1840, nombre d'Ă©crivains commencent toutefois Ă  « norvĂ©gianiser » le danois en incorporant des mots dĂ©crivant les paysages et la culture norvĂ©gienne. L'orthographe et la grammaire sont progressivement modifiĂ©es.

Dans le mĂȘme temps, un mouvement nationaliste et romantique milite pour le dĂ©veloppement d'une nouvelle forme Ă©crite du norvĂ©gien. AprĂšs cette pĂ©riode de romantisme patriotique effrĂ©nĂ©, certains veulent imposer un retour aux sources, c’est-Ă -dire au norvĂ©gien « originel » des campagnes ; mais les diverses institutions ne peuvent suivre ce mouvement, puisque toutes leurs archives Ă©taient rĂ©digĂ©es en danois.

La crĂ©ation d'un norvĂ©gien Ă©crit est le rĂ©sultat de l'ambition de deux Ă©crivains, chacun selon une mĂ©thode diffĂ©rente : cette tension explique la coexistence, aujourd’hui, de deux graphies norvĂ©giennes.

Ivar Aasen, un linguiste autodidacte commença dĂšs l'Ăąge de 22 ans ses travaux pour crĂ©er une nouvelle langue norvĂ©gienne Ă  partir de ses voyages dans tout le pays — oĂč il avait comparĂ© les dialectes de diffĂ©rentes rĂ©gions — et de l'Ă©tude de l'islandais, langue qui avait Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e largement des influences extĂ©rieures. Il appelle le fruit de ses travaux, publiĂ©s dans plusieurs livres de 1848 Ă  1873, le landsmĂ„l (littĂ©ralement « langue nationale »)[9].

Un autre écrivain, Knud Knudsen, part du dano-norvégien écrit dans lequel il incorpore des éléments du norvégien parlé par les élites. C'est cette version écrite de la langue qui prend le nom de riksmÄl[9] (« langue du royaume ») en 1899.

AprĂšs la dissolution de l'union avec la SuĂšde en 1905, les deux formes Ă©crites continuent Ă  se dĂ©velopper. Au cours du XXe siĂšcle, une sĂ©rie de rĂ©formes orthographiques tend Ă  rapprocher les deux formes, facilitant notamment l’utilisation de formes nynorsk en bokmĂ„l et rĂ©ciproquement.

En 1929, le riksmĂ„l est officiellement renommĂ© bokmĂ„l (« langue des livres »), et le landsmĂ„l fut renommĂ© nynorsk (« nouveau norvĂ©gien ») — les anciennes dĂ©signations dano-norvĂ©gien et norvĂ©gien sont abandonnĂ©es au parlement, car le label danois Ă©tait (et reste) trĂšs impopulaire parmi les utilisateurs du bokmĂ„l (riksmĂ„l). Cette adoption marque la reconnaissance officielle de deux graphies.

Le bokmÄl et le riksmÄl sont rapprochés via des réformes successives de 1917, 1938 et 1959 dans la perspective de fusionner le nynorsk avec le bokmÄl en une seule forme nommée samnorsk (norvégien commun)[10]. En 1946, un sondage montra que cette politique est soutenue par 79 % des Norvégiens d'alors.

Cependant, chacune des normes est défendue par des associations de sauvegarde comme le RiksmÄlsforbundet (1909)[10]. La réforme de 1938 avait suscité une forte opposition des partisans du bokmÄl, et surtout de l'introduction en son sein d'un genre féminin alors inusité, mais plus largement de toute idée de fusion en un standard écrit unique[10]. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dÚs 1945, est fondée la Foreldsreaksjonen mot samnorsk[10]. Avec les autres opposants à la politique officielle, ils organisent un mouvement massif de protestation contre le samnorsk dans les années 1950, en combattant particuliÚrement l'utilisation de formes « radicales » dans les livres scolaires de texte en bokmÄl.

Soucieux de calmer cette querelle linguistique, le Storting (Parlement norvĂ©gien) institue en 1951 une commission linguistique, le Norsk sprĂ„knemnd[11]. Mais au sein de cette commission mixte, la politique samnorsk reste la mĂȘme : une recherche de compromis et d'uniformisation qui aboutit en 1959 Ă  une nouvelle norme pour les manuels scolaires ratifiĂ©e par le Storting. Or cette rĂ©forme reçoit le mĂȘme accueil nĂ©gatif que les prĂ©cĂ©dentes. Toutefois, le dĂ©bat commence Ă  s'apaiser dans les annĂ©es 1960 grĂące Ă  une politique de tolĂ©rance envers les formes de chaque norme Ă©crite dans l'autre. En 1964 est nommĂ© le comitĂ© Vogt, du nom de son prĂ©sident le linguiste Hans Vogt (en) : cette nouvelle instance change de ligne directrice et adopte le principe de coexistence des deux normes et d'acceptation de formes de l'une dans l'autre. Sur recommandation du comitĂ© Vogt, le Storting crĂ©e en 1970 une institution permanente, le Conseil de la langue norvĂ©gienne, chargĂ© de veiller au maintien et aux Ă©volutions du norvĂ©gien sous ses deux variantes Ă©crites[11]. L'unification sous forme du samnorsk est officiellement abandonnĂ©e en 2002.

Alors qu'en 1917 on s'était contenté de regrouper les dialectes avec une orthographe commune dans l'un des deux groupes linguistiques, mais en laissant subsister des variantes locales, les réformes plus récentes de 1981 et 2003 (effective en 2005) du bokmÄl officiel permettent d'unifier les différences subsistant avec le riksmÄl (les différences résiduelles sont maintenant comparables à celles entre l'anglais britannique et l'anglo-américain).

Les utilisateurs des deux langues écrites ont résisté aux efforts de dilution des distinctions de leur langue écrite en général et de leur prononciation. Au cours des années, les normes pour le bokmÄl ont de plus en plus accommodé les anciennes formes du riksmÄl. De ce fait, certains ont préféré suivre une voie plus traditionnelle pour l'écriture du nynorsk, le hÞgnorsk (norvégien pur).

Le norvégien d'aujourd'hui

Situation actuelle des deux standards Ă  l'Ă©crit

  • zones oĂč le nynorsk est langue officielle
  • zone oĂč le bokmĂ„l est langue officielle
  • zones neutres oĂč les deux normes sont utilisĂ©es par l'administration
Carte des communes norvégiennes selon la norme linguistique qui y est officielle. Le bokmÄl domine à l'est et au nord ainsi que dans les agglomérations urbaines, mais les deux normes sont admises dans les grandes villes (Oslo, Trondheim, Bergen), sauf au sud-ouest de Stavanger, qui bien qu'étant en pleine zone nynorsk prescrit le bokmÄl à l'écrit.

Actuellement, le nynorsk est plus rĂ©pandu dans les rĂ©gions campagnardes du sud-ouest, de l’ouest, et aux montagnes de l'est de la NorvĂšge, alors que le bokmĂ„l se rencontre dans l'est et dans le nord du pays, ainsi que dans presque toutes les rĂ©gions urbaines.

Aujourd'hui, Ă  l’école, les Ă©lĂšves apprennent nĂ©cessairement les deux langues qui sont obligatoirement proposĂ©es Ă  l'enseignement dans le cycle primaire (grunnskolen) et doivent ĂȘtre capables de lire et de rĂ©diger des documents dans chacune d’entre elles Ă  partir de l'enseignement secondaire et supĂ©rieur. PrĂšs de 85,3 % des Ă©coliers norvĂ©giens reçoivent un enseignement primaire en bokmĂ„l, et 14,5 % en nynorsk. Sur les 433 municipalitĂ©s de NorvĂšge, 161 ont dĂ©clarĂ© vouloir communiquer avec les autoritĂ©s centrales en bokmĂ„l, 116 (reprĂ©sentant 12 % de la population) en nynorsk, les 156 autres restant neutres. Sur les 4 549 publications (parues en 2000), 92 % Ă©taient en bokmĂ„l ou riksmĂ„l, 8 % en nynorsk. Les grands quotidiens nationaux (Aftenposten, Dagbladet et VG) sont publiĂ©s en bokmĂ„l uniquement. Quelques quotidiens rĂ©gionaux (tels que Bergens Tidende et Stavanger Aftenblad) et nombre de journaux locaux utilisent les deux langues. Dag og Tid, hebdomadaire abordant des sujets plus profonds, est rĂ©digĂ© en riksmĂ„l et en nynorsk.

Cependant, d'autres influences rĂ©gionales subsistent, et si Ă  Oslo une rue s’appelle gate, Ă  KragerĂž (sud-ouest d’Oslo) on dit gade, tandis que dans le comtĂ© de l’Oppland, en direction de Lillehammer, on lit gutua sur les pancartes. Dans une grande partie du sud de la NorvĂšge, pourquoi se dit hvorfor, mais au nord, dans le Finnmark, on entendra kvorfor voire kvifor dans certaines communes, le k initial Ă©tant nettement appuyĂ©.

Noter accessoirement qu'il est de plus en plus courant d'entendre kanke parmi les nouvelles gĂ©nĂ©rations d'Ă©lĂšves, qui n'est autre que la contraction de kan ikke (“ne peux pas”), et est dĂ©sormais considĂ©rĂ© par les linguistes norvĂ©giens comme un mot nouveau, et non un mot argotique (gatesprĂ„k).

NĂ©anmoins, de solides divergences persistent entre les deux langues et un dĂ©bat souvent enflammĂ© persiste entre les tenants du nynorsk et ceux du bokmĂ„l, les premiers soutenant que le nynorsk, plus traditionnel et enracinĂ©, serait plus proche du norvĂ©gien parlĂ©, alors que les seconds mettent en avant le fait que les Ă©trangers apprennent plus facilement le bokmĂ„l ; mais la question est encore loin d’ĂȘtre rĂ©glĂ©e.

Aussi, on admet gĂ©nĂ©ralement qu'il existe une grande variĂ©tĂ© de diffĂ©rences dialectales, au point qu'il est presque impossible de les dĂ©nombrer. Des diffĂ©rences grammaticales, syntaxiques, lexicales et phonĂ©tiques se produisent Ă  des niveaux distincts des divisions administratives, au point que dans certains cas ils sont mutuellement inintelligibles aux locuteurs non avertis. Ces dialectes tendent Ă  se rĂ©gionaliser par enrichissement mutuel, mais on note un rĂ©cent intĂ©rĂȘt pour leur prĂ©servation.

Différences entre le bokmÄl et le nynorsk

Ci-dessous figurent quelques phrases donnant une indication des différences entre le bokmÄl et le nynorsk, comparées avec :

D=danois, R=riksmÄl, B=bokmÄl, N=nynorsk, H=hÞgnorsk, S=suédois anglais, allemand, néerlandais français
D/R/BJeg kommer fra Norge. I come from Norway Je viens de NorvĂšge.
SJag kommer frÄn Norge. Ich komme aus Norwegen
N/HEg kjem frÄ Noreg. Ik kom uit Noorwegen.
DHvad hedder han? What is he called (What is his name) ? Comment s'appelle-t-il ?
R/BHva heter han?
SVad heter han? Wie heißt er?
N/HKva heiter han? Wat is zijn naam (Hoe heet hij) ?
D/R/BDette er en hest. This is a horse. Ceci est un cheval.
SDetta Àr en hÀst. Das ist ein Pferd
N/HDette er ein hest. Dit is een paard.
D/RRegnbuen har mange farver. The rainbow has many colours. L'arc-en-ciel a beaucoup de couleurs.
BRegnbuen har mange farger.
SRegnbÄgen har mÄnga fÀrger.
NRegnbogen har mange fargar.
(ou : Regnbogen er mangleta)
Der Regenbogen hat viele Farben
HRegnbogen hev mange fargar.
(ou mieux : Regnbogen er manglĂŹta).
De regenboog heeft menige kleuren.

Écriture

Graphies

Depuis une date relativement rĂ©cente (tournant du XXe siĂšcle), le norvĂ©gien (bokmĂ„l et nynorsk) a abandonnĂ© l’écriture gothique et les majuscules « Ă  l’allemande » qui apparaissaient au dĂ©but des substantifs.

Le norvĂ©gien utilise des graphies pouvant ĂȘtre dĂ©concertantes pour le lecteur Ă©tranger :

    • sj correspond Ă  notre son [ʃ] (chocolat). Cette graphie existe dans d'autres langues, comme le limbourgeois ou le nĂ©erlandais par exemple. Se retrouve aussi dans la forme skj avec la mĂȘme prononciation : kanskje (“peut-ĂȘtre”), contraction de det kan skje (“cela est possible”), ou encore kanskje ya, kanskje nei (“peut-ĂȘtre que oui, peut-ĂȘtre que non”, proverbe nordmann).
    • kj correspond au [ç] allemand, comme dans le mot nicht. On le retrouve aussi dans plusieurs langues, comme le corĂ©en, l’espagnol, l’estonien, le finnois, le japonais et le russe, pour en mentionner quelques-unes. En norvĂ©gien, le son est assez rĂ©pandu, et l’on le trouve dans par exemple kjĂžkken (“cuisine”), kjole (“robe”) et kjĂŠreste (“chĂ©ri(e)”). Le son s’écrit parfois ki, comme dans kino (“cinĂ©ma”), kirke (pron. chirque, "Ă©glise"), ou tj, comme dans tjern (â€œĂ©tang”). Dans quelques rĂ©gions de NorvĂšge de l’Est, le son a tendance Ă  ce confondre avec [ʃ], surtout parmi les jeunes ; ici, tous les mots Ă©crits avec kj, ki ou tj sont prononcĂ©s comme s’ils Ă©taient Ă©crits avec sj ou skj.
  • identiquement Ă  ce qui se produit en allemand, le y ne correspond pas au ii du français mĂ©diĂ©val hĂ©ritĂ© du latin, mais prend une sonoritĂ© nettement entre i et u : sy (“coudre”), fylke (“comtĂ©â€, province administrative), byen ("la ville")
  • la graphie o correspond Ă  notre [u] (jour).

CaractÚres supplémentaires

Le bokmÄl et le nynorsk utilisent trois caractÚres supplémentaires par rapport au français :

  • le Ă„ (a rond en chef), code ASCII Alt+0229, qui correspond Ă  un « o » assez ouvert, [ɔ], comme fort, ou loge, et non comme dans mot, ou auto ; au XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, ce signe Ă©tait remplacĂ© dans les textes par la graphie aa ; (sous Microsoft Windows : Alt + 0229 ; Linux Ubuntu: AltGr + z)
  • le Ăž (o barrĂ©, code ASCII Alt+0248, qui correspond Ă  « eu », [Ɠ], de sƓur, jeune, Ɠuf, instituteur, menteur, tracteur ("traktĂžr") (et non le « eu », [Ăž], de euphĂ©misme, jeu, peu) ; (sous Microsoft Windows : Alt + 0248 ; Linux Ubuntu: AltGr + s)
  • et le ĂŠ (ligature ash), code ASCII Alt+0230, qui correspond Ă  un « Ăš », [ɛ] ou [ĂŠ], mais plus ouvert que dans claire, terre, colĂšre, plus proche du « a » et Ă  anglais « a » dans cat ou sad ; Linux Ubuntu : AltGr + g)

Ces trois caractĂšres se retrouvent en danois ; mais lorsque l’on compare les deux langues, on constate que de nombreux ĂŠ sont devenus de simples e en norvĂ©gien, le bokmĂ„l ayant tendance Ă  fermer et Ă  avancer davantage les voyelles. Comme en danois, les trois caractĂšres supplĂ©mentaires se trouvent Ă  la fin de l'alphabet Ă  l'ordre ĂŠ, Ăž, Ă„. On les considĂšre comme des lettres propres, et pas des lettres modifiĂ©es.

La lettre "Ă„" est la derniĂšre lettre de l'alphabet norvĂ©gien, elle a donnĂ© son nom au bourg de Å i Lofoten, le dernier village Ă  l'extrĂ©mitĂ© des Ăźles Lofoten, au bout de la voie europĂ©enne E10.

De nos jours, le Ă„ est encore parfois remplacĂ© par la graphie aa (gaard ou gĂ„rd, "jardin", maane ou mĂ„ne, "lune", maaned ou mĂ„ned, "mois"), graphie rencontrĂ©e le plus souvent dans les noms propres, qui ne sont pas touchĂ©s par les modifications orthographiques, et bien que les deux graphies soient enseignĂ©es sans distinction aux enfants. On le voit aussi oĂč le matĂ©riel informatique ne comprend pas un clavier norvĂ©gien. Lorsque la graphie aa signifie le son o, on va l'alphabĂ©tiser comme un Ă„ ; c'est-Ă -dire Ă  la fin de l'alphabet.

Prononciation

Phonétique

Le norvégien est une langue à accent de hauteur.

Diphtongues et monophtongues dans bokmÄl et nynorsk

Les diphtongues de l'ancien norrois furent remplacées par des monophtongues dans le danois et aussi dans les dialectes de l'est de la NorvÚge. On voit cette différence dans l'écriture en bokmÄl et nynorsk des mots qui avaient des diphtongues en norrois:

  • La diphtongue ei devient parfois e en bokmĂ„l.
  • La diphtongue Ăžy (du norrois ey) devient parfois Ăž en bokmĂ„l.
  • La diphtongue au devient parfois Ăž en bokmĂ„l.
norrois nynorsk bokmÄl riksmÄl danois français
steinnsteinstein (sten)stenstenpierre
lausslauslĂžs (laus)lĂžslĂžslĂąche
eyraĂžyra (Ăžyre)ĂžreĂžreĂžreoreille

Grammaire

Verbes

Les verbes se conjuguent en sept temps, et n’ont qu’une seule forme par temps, commune Ă  toutes les personnes. Les temps qui sont utilisĂ©s en norvĂ©gien sont presens (prĂ©sent), preteritum (prĂ©tĂ©rit), presens perfektum (passĂ© composĂ©), preteritum perfektum (plus-que-parfait), futurum (futur) futurm perfektum/1. kondisjonalis (futur antĂ©rieur/conditionnel prĂ©sent) et preteritum futurum perfektum/2. kondisjonalis (conditionnel passĂ©). Comme en anglais, le futur se fait en utilisant un auxiliaire. Les temps composĂ©s perfektum, preteritum perfektum et futurm perfektum sont utilisĂ©s comme en français, pour marquer un Ă©vĂšnement du passĂ© du temps du texte. Il y a quatre autres formes du verbe norvĂ©gien : infinitif, participe prĂ©sent, participe passĂ© et impĂ©ratif.

Exemple : Ă„ vĂŠre, « ĂȘtre », au prĂ©sent de l’indicatif :

bokmÄlnynorskfrançaisbas saxonnéerlandaisanglaisallemand
jeg ereg erje suisik bĂŒnik benI amich bin
du erdu ertu esdu bĂŒstje bentyou aredu bist
han, hun, det erhan, ho, det eril, elle, on esthe, se, dat ishij, ze, het ishe, she, it iser, sie, es ist
vi ervi (me) ernous sommeswi sĂŒndwe zijnwe arewir sind
dere erde ervous ĂȘtesji sĂŒndjullie zijnyou areihr seid
de erdei erils, elles sontse sĂŒndzij zijnthey aresie sind

Il y a deux groupes de verbes réguliers : Le groupe un et deux, en nynorsk on les a surnommés le groupe d'a et le groupe d'e.

Exemple : Ä elske, « aimer » du groupe 1 et Ä kjÞre (bokmÄl) Ä kÞyre (nynorsk) « conduire » du groupe 2. Comme on a déjà vu que le verbe se conjugue seulement en temps, ce tableau ne montre que le verbe conjugué. La premiÚre ligne est bokmÄl, la ligne au-dessous est nynorsk.

infinitifprésentpassé composéprétéritplus-que-parfaitfuturfutur antérieurconditionnelparticipe présentparticipe passéimpératifpassif
Ă„ elskeelskerhar elsketelskethadde elsketskal elskeskulle elskeskulle (ha) elsketelskendeelsketelskelskes
Ă„ elske/elskaelskarhar elskaelskahadde elskaskal elske/elskaskulle elske/elskaskulle (ha/hava) elskaelskandeelskaelskelskast
kjĂžrekjĂžrerhar kjĂžrtkjĂžrtehadde kjĂžrtskal kjĂžreskulle kjĂžreskulle (ha) kjĂžrtkjĂžrendekjĂžrtkjĂžrkjĂžres
kĂžyre/kĂžyrakjĂžyrerhar kĂžyrt/kĂžyrdkĂžyrte/kĂžyrdehadde kĂžyrt/kĂžyrdskal kĂžyre/kĂžyraskulle kĂžyre/kĂžyraskulle (ha/hava) kĂžyrt/kĂžyrdkĂžyrandekĂžyrt/kĂžyrdkĂžyrkĂžyrast

La plupart des verbes norvĂ©giens se terminent en -e Ă  l'infinitif. En nynorsk, on peut aussi choisir d'y avoir la terminaison -a ; la raison est que beaucoup de dialectes terminent l'infinitif en -a, et on souhaite que l'Ă©criture reflĂšte la langue parlĂ©e. De la mĂȘme façon, pour les formes passĂ©es des verbes du deuxiĂšme groupe, on peut choisir entre les terminaisons -te, -t et -de, -d. (L'utilisation de -de et -d se limite aux verbes dont le racine se termine par -l, -n, -m ou -r.) L'auxiliaire ha souvent tombe au conditionnel, et donc on n'a que l'auxiliaire skulle au passĂ© suivi de participe passĂ©.

Tous les verbes en temps composĂ©s prennent l'auxiliaire Ă„ ha (avoir) ; pour quelques verbes, on peut utiliser l'auxiliaire Ă„ vĂŠre (ĂȘtre), mais il n'y a aucun verbe avec lequel il faut l'utiliser, Ă„ ha est toujours possible et il est le plus utilisĂ©.

Comme en allemand, il existe des verbes « forts » qui possÚdent des prétérits et des participes passés particuliers.

La forme passif en bokmĂ„l s'utilise soit en tant qu'infinitif soit en tant que verbe indĂ©pendant au prĂ©sent. En nynorsk le passif est exclusivement utilisĂ© Ă  l'infinitif. Pour faire le passif aux autres temps, le norvĂ©gien utilise plusieurs verbes : en bokmĂ„l on peut utiliser le verbe Ă„ vĂŠre (ĂȘtre) ou le verbe Ă„ bli (devenir) comme auxiliaire suivi par le participe passĂ© du verbe principal. En nynorsk une troisiĂšme forme existe utilisant le verbe Ă„ verte qui a le mĂȘme sens que bli. Comme en français, le passif utilisant vĂŠre (ĂȘtre) donne une impression du passĂ©, c'est-Ă -dire, l'action que l'on dĂ©crit est complĂšte : leksene er gjort (les devoirs sont faits), ce qui signifie que les enfants ont fini les devoirs que leur professeur leur a donnĂ©. La forme utilisant bli (devenir) ou en nynorsk, Ă©galement, verte (mĂȘme sens) signifie que l'action a lieu au mĂȘme temps : leksene blir gjort (les devoirs se font), ce qui signifie que les enfants sont en train de faire leurs devoirs, mais n'ont pas fini quand cette remarque a Ă©tĂ© faite.

Pronoms personnels

bokmÄl nynorsk anglais néerlandais français
nominatifaccusatifpronom réfléchinominatifaccusatifpronom réfléchinominatifaccusatifpronom réfléchinominatifaccusatifpronom réfléchinominatifaccusatifpronom réfléchi
jegmegmegegmegmegImemyselfIkmemijzelfjememe
dudegdegdudegdegyouyouyourselfjejoujouwzelftutete
hanhamseghanhanseghehimhimselfhijhemhemzelfillese
hunhenneseghoho/hennesegsheherherselfzehaarhaarzelfellelase
dendenseghan/hohan/honom/ho/hennesegitititselfhethetzichzelfil/ellele/lase
detdetsegdetdetsegitititselfhethetzichzelfil/ellele/lase
viossossvi/meossossweusourselvesweonsonszelvenousnousnous
derederederededykkdykkyouyouyourselvesjulliejulliejijzelvevousvousvous
dedemsegdeideisegtheythemthemselveszijzezijzelveils/elleslesse

En norvĂ©gien, la forme est la mĂȘme pour le complĂ©ment d'objet direct et le complĂ©ment d'objet indirect, aussi pour la troisiĂšme personne (en français « lui/leur »). Le pronom den en bokmĂ„l s'utilise pour un nom qui est masculin ou fĂ©minin, mais qui n'est pas une personne, par exemple bok (livre), qui est fĂ©minin, ou mat (nourriture), qui est masculin, sont remplacĂ©s par den. En nynorsk, comme en français, on utilise les mĂȘmes pronoms que l'on utilise pour une personne, donc, le livre (toujours fĂ©minin en norvĂ©gien) est ho (elle) et la nourriture (toujours masculin) est han (il). En bokmĂ„l, pour les animaux, les deux sont valables. Au fur et Ă  mesure que l'on connaĂźt l'animal, on va utiliser un pronom plus « personnel », c'est-Ă -dire han ou hun, selon le genre de l'animal spĂ©cifique dont on parle. C'est-Ă -dire, pour son cheval (hest, le genre du mot est masculin), on utilise le pronom personnel suivant le genre de ce cheval-ci. S'il s'agit d'un mĂąle, han, s'il s'agit d'une femelle hun.

Le vouvoiement est possible en norvégien, mais rare, usité par un besoin de déférence : normalement, on s'adresse à quelqu'un en le tutoyant. Pour vouvoyer, en bokmÄl, on utilise la troisiÚme personne du pluriel (comme en allemand). En nynorsk, on utilise la deuxiÚme personne du pluriel (comme en français). Dans les deux cas, pour indiquer la politesse, les pronoms s'écrivent avec une majuscule : hyggelig Ä mÞte Dem (enchanté de faire votre connaissance). Selon les rÚgles de la cour, on ne vouvoie pas le roi. On s'adresse à lui et aux membres de sa famille à la troisiÚme personne du singulier. Normalement ça se fait en utilisant leur titre, et les pronoms de la troisiÚme personne du singulier pour éviter la répétition. « Hva synes Kongen om X/Kva tenkjer Kongen om X? » (Que pense le Roi de X ?).

Noms et articles

Le norvĂ©gien connaĂźt trois genres : le fĂ©minin/masculin d’un cĂŽtĂ©, le neutre de l’autre. Jusqu’à une Ă©poque rĂ©cente, on faisait encore la diffĂ©rence entre masculin et fĂ©minin ; mais, comme en danois, la tendance en bokmĂ„l est Ă  la fusion des deux, et il est donc grammaticalement correct de mettre les noms fĂ©minins au masculin. Certains locuteurs en bokmĂ„l choisissent de les diffĂ©rencier. Ceci donne Ă  leur langage un certain effet : leur langue Ă©crite devient plus proche de la langue parlĂ©e, bien que certains la qualifient de plus rurale. On trouve ainsi parfois ei strand au lieu de en strand (« une plage »), mais on retrouve cette variante Ă©galement dans la forme dĂ©finie : stranda se rencontre autant que stranden (« la plage »). Enfin, certains mots sont exceptionnellement restĂ©s au fĂ©minin : c’est par exemple le cas de ei sild, « un hareng » ou encore ei lue, lua, « un bonnet » (mais ces mots-ci pourraient Ă©galement ĂȘtre Ă©crits au masculin).

Contrairement à ce qui se produit en allemand, les noms ne se déclinent pas en bokmÄl ; en revanche, leur terminaison peut varier selon leur genre et leur nombre : en tre, trÊr («un arbre, des arbres»)

De plus, l’article dĂ©fini (singulier et pluriel) ainsi que l’article indĂ©fini pluriel est postposĂ© et enclitique (« collĂ© » Ă  la fin du substantif), comme en suĂ©dois: c’est cette disposition particuliĂšre qui produit un « effet de dĂ©clinaison » auprĂšs du non-initiĂ©.

Exemples

NB: en skog (une forĂȘt) est masculin, mais ei seng (un lit) est fĂ©minin.

masculin féminin
indéfini défini indéfini défini
françaisbokmÄlnynorskfrançaisbokmÄlnynorskfrançaisbokmÄlnynorskfrançaisbokmÄlnynorsk
une forĂȘten skogein skogla forĂȘtskogenskogenun litei sengei sengle litsengasenga/sengi
des forĂȘtsskogerskogarles forĂȘtsskogeneskoganedes litssengersengerles litssengenesengene

En bokmĂ„l, il est Ă©galement possible de dĂ©cliner les noms fĂ©minins au masculin. La diffĂ©rence va se voir seulement au singulier, car les formes plurielles en bokmĂ„l sont les mĂȘmes pour un nom masculin et un nom fĂ©minin.

neutre
indéfini défini
françaisbokmÄlnynorskfrançaisbokmÄlnynorsk
une tableet bordeit bordla tablebordetbordet
des tablesbordbordles tablesbordeneborda/bordi

On voit qu'au pluriel, indĂ©fini, le nom a la mĂȘme forme qu'au singulier indĂ©fini : La seule diffĂ©rence est qu'au pluriel, le nom ne prend pas d'article (quant Ă  la forme singulier indĂ©fini, il prend toujours un article). La forme du nynorsk au pluriel dĂ©fini, « borda », est aussi valable en bokmĂ„l, mais est trĂšs peu utilisĂ©e.

Si un nom se termine avec un e inaccentué, le e tombe avant qu'on mette en place l'article défini ou pluriel. Un mot comme dame (femme) se décline: ei/en dame, dama/damen, damer, damene. Le mot femme traduit par kvinne (de genre féminin plutÎt que dame, ce dernier rappelant généralement une femme mariée), se rencontre désormais le plus souvent sous les formes : en kvinne (de moins en moins ei kvinne), kvinner, denne kvinna (de moins en moins denne kvinnen), kvinnene. Si un nom se termine avec un e accentué, l'article se met aprÚs le e, comme dans le mot bre (glacier) : en/ein bre, breen, breer/brear, breene/breane. Dans les mots d'origine étrangÚre qui s'écrivent avec un accent, l'accent tombe dans la déclination : en/ein idé (idée), idéen, idéer/idéar, idéene/idéane.

Les adjectifs démonstratifs sont toujours utilisés avec l'article défini, alors qu'en danois et en suédois, ils sont utilisés seuls.

bokmÄlnynorskfrançaisbokmÄlnynorskfrançais
den musen/den musaden musa/den musicette souris/la souris-lĂ denne musen/denne musadenne musa/denne musicette souris-ci
den guttenden gutence garçon/le garçon-làdenne guttendenne gutence garçon-ci
det husetdet husetcette maison/la maison-lĂ dette husetdette husetcette maison-ci
de musenedei musene/dei myseneces souris/les souris-lĂ disse musenedesse musene/desse myseneces souris-ci
de guttenedei gutaneces garçons/les garçons-làdisse guttenedesse gutaneces garçons-ci
de husene/de husadei husa/dei husices maisons/les maisons-lĂ disse husene/disse husadesse husa/desse husices maisons-ci

La forme sans l'article dĂ©fini est vieillie, et donc on va la trouver dans les vieux textes. Il existe aujourd'hui une diffĂ©rence entre les formes sans et avec l'article dĂ©fini : avec l'article dĂ©fini, on parle d'un objet spĂ©cifique, mais sans l'article, on parle surtout d'une institution. « Den norske kirke » est l'Église de NorvĂšge, l'Ă©glise de l'État, or « den norske kirken » (ou Ă©galement « den norske kirka ») est une Ă©glise spĂ©cifique (un bĂątiment) qui est norvĂ©gienne, par exemple l'Ă©glise norvĂ©gienne Ă  Paris.

La morphosyntaxe nominale du nynorsk

Du point de vue de la morphologie nominale, la principale diffĂ©rence entre bokmĂ„l et nynorsk tient au nombre de genres : alors que le bokmĂ„l tend Ă  n’en conserver que deux, le nynorsk, lui, fonctionne toujours avec les trois genres (masculin - fĂ©minin - neutre).

D’un point de vue syntaxique, le nynorsk prĂ©fĂšre la pĂ©riphrase prĂ©positionnelle au gĂ©nitif saxon pour indiquer l’appartenance : on dira en nynorsk boka til Anna (« le livre d’Anne »), alors que le bokmĂ„l utilisera la tournure Annas bok. La forme Anna si bok (« Anna son livre ») se voit aussi.

Adjectifs

Comme pour les noms, la distinction principale se fait entre le neutre et le genre masculin-féminin, et entre la forme indéfinie au singulier et la forme définie au singulier et la forme pluriel. Le neutre est marqué par un -t final, quant à la forme définie et la forme plurielle, elles sont marquées par un -e final.

L'adjectif stor (grand, seulement avec un rapport Ă  la taille d'un objet) peut avoir les formes suivantes :

norvégien (bokmÄl) norvégien (nynorsk) français
en stor guttein stor gutun grand garçon
ei/en stor jenteei stor jente/jentaune grande fille
et stort huseit stort husune grande maison
den store guttenden store gutenle grand garçon
den store jenten/jentaden store jentala grande fille
det store husetdet store husetla grande maison
store gutterstore gutardes grands garçons
store jenterstore jenter/jentordes grandes filles
store husstore husdes grandes maisons
de store guttenedei store gutaneles grands garçons
de store jentenedei store jentene/jentoneles grandes filles
de store husene/husadei store husa/husiles grandes maisons

On voit que les noms définis, quand ils sont accompagnés par un adjectif, prennent deux articles : un avant l'adjectif, et un à la fin du nom. En danois, on n'utilise qu'un seul article : celui avant l'adjectif. Le double article fait que, quand un nom est modifié par un adjectif, la distinction entre les articles le/la/les (fait par le suffixe) et les articles ce/cette/ces (fait par les articles avant les noms) n'existe plus.

Il n'y a qu'un seul adjectif qui s'accorde au féminin, c'est l'adjectif liten (petit) ; il s'accorde selon le modÚle suivant :

en liten gutt, ei lita jente, et lite hus; den lille gutten; smÄ jenter; de smÄ guttene.

La forme dĂ©finie, singulier est la mĂȘme pour les trois genres ; au pluriel, liten devient smĂ„ (aussi la mĂȘme forme pour les trois genres).

Gentilés

Rares sont les villes qui dĂ©clinent en adjectifs les noms de leurs habitants, mais pour chaque ville et commune, il y a un nom que l'on peut utiliser en se rĂ©fĂ©rant Ă  ses habitants. Un habitant d'Oslo est qualifiĂ© Osloborger, et n'a pas d'autre traduction en français qu'habitant d'Oslo. À Bergen, le rĂ©sident est un bergenser. À TromsĂž vit un tromsĂžvĂŠring. Un originaire du comtĂ© du TrĂžndelag (chef-lieu Trondheim) est appelĂ© un trĂžnder (le langage vernaculaire qui y est parlĂ© est le trĂžndersk). Une personne de Stavanger est un siddis, et une personne de Sandnes est un sandnesgauk.

Cela Ă©tant, on utilise ces noms pour les habitants des rĂ©gions : sĂžrlending, vestlending, et Ăžstlendig (habitant du sud, de l'ouest et de l'est), qui ont les adjectifs correspondants : sĂžrlandsk, vestlandsk, et Ăžstlandsk. Pour la NorvĂšge du nord, il n'y a pas un tel gentilĂ©, suivant la logique, il devrait ĂȘtre nordlending avec l'adjectif nordlandsk, mais ceux-ci sont utilisĂ©s pour les ressortisants du Nordland.

Pronoms et adverbes interrogatifs

On retrouve en bokmĂ„l et en nynorsk la mĂȘme sĂ©rie de pronoms interrogatifs qu’en allemand et en anglais :

bokmÄl nynorsk traduction
Hva? Kva? Quoi ?
Hvem? Kven? Qui ?

Les adverbes interrogatifs suivent la formation des pronoms :

bokmÄl nynorsk traduction
Hvor? Kvar? OĂč ?
Hvorfor? Kvifor? Pourquoi ?
Hvordan? Korleis? Comment ?

Sur le passage de la graphie Hv en bokmÄl à Kv en nynorsk : en islandais, la graphie Hv se prononce précisément [kv] : voir par exemple Sigur Rós, « Flugufrelsarinn » (dans ÁgÊtis Byrjun).

Vocabulaire du bokmÄl

Pour un locuteur français, on peut distinguer trois strates principales dans le vocabulaire du bokmÄl :

  • les mots d'origine germanique et/ou anglo-saxonne : par exemple le fameux tre, « arbre », clairement apparentĂ© au tree anglais ; ou encore le verbe Ă„ like, « aimer, apprĂ©cier », parfait Ă©quivalent de l'anglais to like ; « sagesse » se dit visdom, comme wisdom en anglais (mĂȘme racine que le verbe Ă„ vise, montrer, prĂ©ciser, expliquer)
 Les exemples de proximitĂ© entre le norvĂ©gien et l'anglais sont nombreux. Plus proches de l'allemand sont les noms terminĂ©s en -het, Ă©quivalent du suffixe germanique -heit : sikkerhet signifie « sĂ»retĂ©, sĂ©curitĂ© », comme la Sicherheit allemande ; Ă  l’hemmelighet (« secret ») norvĂ©gienne, correspond la Heimlichkeit allemande.
  • les mots d'origine scandinave, que l'on retrouve en suĂ©dois et en danois, voire en islandais, mais pas dans les autres langues germaniques ; le nom donnĂ© Ă  la fĂȘte de NoĂ«l, « Jul », en est un bon exemple. En fait, ce mot correspondait Ă  la fĂȘte scandinave du solstice d’hiver (jĂłl en norrois), sur laquelle est venue se greffer la fĂȘte de NoĂ«l au moment oĂč l’ensemble de la pĂ©ninsule a Ă©tĂ© christianisĂ©. La fĂȘte de NoĂ«l tient son origine d'une trĂšs ancienne tradition finlandaise, oĂč le personnage alors connu sous le nom de Nisse Ă©tait au centre de la fĂȘte annuelle des enfants, et Ă©tait reprĂ©sentĂ© peu ou prou dans la tenue rouge et blanche que nous lui connaissons aujourd'hui.
  • et les mots proprement norvĂ©giens, finalement peu nombreux, bien qu'il en existe quelques-uns.

Comme toutes les langues europĂ©ennes, le bokmĂ„l a Ă©galement empruntĂ© de nombreux termes au vocabulaire « international », ceux des pays d’Europe occidentale des XIXe et XXe siĂšcles.

On retrouve aussi quelques mots clairement empruntés au français, quoique pas toujours reconnaissables au premier abord à cause des modifications orthographiques du XXe siÚcle, dont le but était d'avoir une orthographe trÚs proche de la prononciation norvégienne:

  • en sjĂ„fĂžr, c’est « un chauffeur ». (conducteur de taxi, par exemple) (La graphie sj correspond au « ch » français)
  • en sjeselong, c'est non pas une « chaise longue », mais un fauteuil RĂ©camier, une mĂ©ridienne
  • pommes frites peut ĂȘtre lu sur les enseignes de quelques vendeurs ambulants. Prononcer pomĂšss fritĂšss pour ĂȘtre compris
  • on peut parfois lire chaussĂ© deformĂ© sous des panneaux de signalisation de certaines voies isolĂ©es dans des recoins provinciaux
  • Ă  la poste, on peut expĂ©dier un pli en rekommandĂ©, rĂ©miniscence de la langue française comme langue officielle de l'Union Postale Universelle.

Le norvégien et les autres langues scandinaves

Du fait de leur origine commune, le norvĂ©gien, le danois et le suĂ©dois sont restĂ©s assez proches et un NorvĂ©gien comprendra facilement les deux langues-sƓurs Ă  l'Ă©crit ; Ă  l’oral, certaines diffĂ©rences de prononciation peuvent nĂ©anmoins entraver la comprĂ©hension tant que l'on ne les connaĂźt pas. De plus, il existe beaucoup de faux amis : par exemple, roligt signifiera calme pour un norvĂ©gien ou un danois mais ce mot signifiera amusant pour un suĂ©dois, le mot rar signifiera joli ou beautĂ© en danois mais Ă©trange en norvĂ©gien. En pratique, un NorvĂ©gien et un SuĂ©dois, ou un NorvĂ©gien et un Danois, discutent ensemble en parlant chacun leur langue et se comprennent correctement. Cependant, ces barriĂšres de comprĂ©hension commencent Ă  disparaĂźtre car beaucoup de programmes tĂ©lĂ©visĂ©s sont exportĂ©s entre les pays, ces derniers ne sont pas doublĂ©s mais seulement sous-titrĂ©s ce qui permet Ă  chacun d'apprendre Ă  reconnaĂźtre les diffĂ©rences de prononciation/faux amis de ses voisins.

L'intercomprĂ©hension entre NorvĂ©giens et Islandais est en revanche plus limitĂ©e : si les NorvĂ©giens cultivĂ©s saisissent grosso modo le sens d'un texte Ă©crit en islandais, la langue orale leur est aussi Ă©trangĂšre que l'ancien français du XIIIe siĂšcle l'est Ă  un Français d'aujourd’hui. Cela tient au fait que linguistiquement parlant, l'islandais est toujours restĂ© trĂšs proche du norrois mĂ©diĂ©val.

Un pidgin de la rĂ©gion frontiĂšre entre la NorvĂšge et la Russie, le russenorsk, fut pratiquĂ© aux XVIIIe et XIXe siĂšcles. C'Ă©tait un mĂ©lange d'Ă©lĂ©ments norvĂ©giens et russes, crĂ©Ă© par des marchands et des chasseurs Ă  la baleine provenant de la NorvĂšge du nord et de la pĂ©ninsule russe de Kola. Le manque d'une langue commune força la crĂ©ation d'un outil minimal de communication. Le russenorsk avait une grammaire rudimentaire et un vocabulaire assez limitĂ©, composĂ© pour la plupart des mots essentiels pour le commerce et la pĂȘche arctique.

Exemples

Vocabulaire

FrançaisNorvégien bokmÄlPrononciation française
terrejordiourd
cielhimmel'himĂšl
eauvannvan'
feubrannbran'
hommemannman'
femmekvinnekviné
mangerspisespisé
boiredrikkedri-ke
grandstorstour
petitlitenliteun
nuitnattnatte
jourdagdague

Exemples littéraires

  • RiksmĂ„l
    • Jeg gik ind gjennem skogen, jeg begyndte Ă„ rĂžres til tĂ„rer og var henrykt, jeg sa hele tiden: Gud i himlen at jeg skulde komme hit igjen ! Knut Hamsun, Under hĂžststjĂŠrnen, 1906
    • (Je pĂ©nĂ©trai dans la forĂȘt, je commençai Ă  ĂȘtre Ă©mu aux larmes et plein de ravissement, je ne cessais de rĂ©pĂ©ter : Dieu du ciel, fais que je puisse revenir ici !) Knut Hamsun, Sous l’étoile d’automne, 1906
  • BokmĂ„l
    • Jeg skal fortelle deg noe du ikke vet. Minst to tredjeparter av de som gifter seg Ăždelegger sitt og motpartens liv. Arthur Omre, Hun, den fĂžrste; 1957
    • (Je vais te dire quelque chose que tu ne sais pas. Au moins les deux tiers de ceux qui se marient dĂ©truisent leur vie et celle de leur partenaire.) Arthur Omre, Elle, la premiĂšre, 1957
  • Nynorsk
    • Eg blir reddare kvar gong, trur eg, for det blir farlegare kvar gong. Hege sit i kjĂžkkenet og er ikkje det minste redd. Ikkje redd noken ting. Tarjei Vesaas, Fuglane, 1957
    • (J’ai Ă  chaque fois plus peur, je crois, car c’est chaque fois plus dangereux. Hege est assise dans la cuisine et n’a pas peur du tout. Elle n’a peur de rien.) Tarjei Vesaas, Les oiseaux, 1957

Notes et références

  1. Ethnologue [nor].
  2. Université d'Oslo 2012.
  3. Guillot et Storelv 2002, p. 34.
  4. Guillot et Storelv 2002, p. 36.
  5. (nn) Gustav IndrebĂž, Norsk MĂ„lsoga, Bergen, A.S. John Griegs Boktrykkery, , 503 p., p. 292.
  6. (nb) Didrik Arup Seip, Norsk og nabosprÄkene i slutten av mideladeren os senere tid, Oslo, Skandinavisk Kulturforlag, , p. 29
  7. (nb) Bull Ole et Paasche Fredrik, Norsk litteratur historie, t. 2, Oslo, Aschehoug & Co, , p. 7
  8. Guillot et Storelv 2002, p. 38.
  9. Guillot et Storelv 2002, p. 40.
  10. Guillot et Storelv 2002, p. 41.
  11. Guillot et Storelv 2002, p. 42.

Voir aussi

Bibliographie

  • ClĂ©mence Guillot et Sven Storelv, Parlons norvĂ©gien : langue et culture, L'Harmattan, coll. « Parlons », , 350 p. (ISBN 2747529800 et 9782747529808, lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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