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Colin Gubbins

Colin McVean Gubbins ( - Stornoway, ) fut un officier de carrière britannique d'origine écossaise, qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, dirigea le service secret britannique Special Operations Executive (SOE).

Biographie

Jeunesse

Gubbins est né à Shiba, Tokyo au Japon le . Son père, John Harington Gubbins (1852-1929), fut diplomate au Japon pendant 30 ans.

Il suivit ses études à la Normanton Grammar School dans le Yorkshire, puis au Cheltenham college. Il entra ensuite à l'académie militaire royale de Woolwich.

Première Guerre mondiale

Officier au sein de la Royal Field Artillery, unité d'artillerie de l'Armée de terre britannique, il combattit sur le front occidental où il fut blessé en 1916. Lieutenant, il est décoré de la Military Cross le et reçoit une citation (Mentioned in Despatch).

Entre-deux guerres

En 1919, il servit quelques mois en Russie, comme attaché militaire auprès du général Denikine, commandant en chef des armées blanches, qui harcelait encore les Bolcheviks. Ce fut sa première expérience de la guerre irrégulière. Entre 1919-21, deuxième expérience de la subversion au cours de la rébellion irlandaise.

Seconde Guerre mondiale

1939.

  • Avril. Il rejoint le MI(R), rĂ©cemment crĂ©Ă© par le major John Holland au sein du War Office. Sa première mission consiste Ă  rĂ©diger trois guides d'instruction, dans la perspective d'une invasion de la Grande-Bretagne par l'Allemagne.
  • ÉtĂ©. Il dispense des cours d'entraĂ®nement sur la thĂ©orie Ă©lĂ©mentaire de la guĂ©rilla pour des civils choisis — des explorateurs, des linguistes, des montagnards, des hommes ayant des contacts pour affaire Ă  l'Ă©tranger — dont certains auront plus tard des carrières remarquĂ©es au SOE. Il fait aussi deux voyages aĂ©riens secrets, l'un dans la vallĂ©e du Danube, l'autre en Pologne et dans les Ă©tats baltes, pour Ă©tudier les possibilitĂ©s d'une action de guĂ©rilla dans les pays situĂ©s Ă  l'est de l'Allemagne.
  • . Il se rend en Pologne, comme chef de mission militaire britannique, pour conseiller les Polonais et les Tchèques en matière de guĂ©rilla contre le futur envahisseur allemand.
  • Ă€ Varsovie, il fait partie du Service de renseignements du gĂ©nĂ©ral Adrian Carton de Wiart. Lorsque les Allemands envahissent la Pologne, il s'Ă©chappe par la Hongrie et les Balkans.

1940.

  • Mai. Le colonel Gubbins part pour la Norvège avec le corps expĂ©ditionnaire britannique. Il commande la Force Scissors, constituĂ©e de cinq Compagnies indĂ©pendantes[1]. Il commande plusieurs opĂ©rations qui prĂ©figurent les futures mĂ©thodes des commandos : sans appui aĂ©rien et en terrain difficile, les Gubbins Boys retardent les Allemands en multipliant les actes de sabotage. Son action lui vaut d'ĂŞtre dĂ©corĂ© de la DSO.
  • Juillet. Dans l'hypothèse redoutĂ©e d'un prochain dĂ©barquement allemand en Grande-Bretagne, on lui confie la mission de constituer des unitĂ©s spĂ©ciales secrètes, Auxiliary Units (UnitĂ©s auxiliaires), qui par leurs actions de guĂ©rilla seraient chargĂ©es de rĂ©pandre la confusion parmi les troupes d'invasion par des attaques et des sabotages[2]. Ă€ la mĂŞme Ă©poque, pour soutenir les mouvements de RĂ©sistance dans les pays occupĂ©s, Winston Churchill crĂ©e le Special Operations Executive, qui rĂ©unit le MI/R, la section D de l'Intelligence Service, et la section ultrasecrète EH de propagande noire au Foreign Office.
  • Novembre : Gubbins est nommĂ© par Dalton chef des opĂ©rations et de l'entraĂ®nement, au SOE (sigle « M », puis « D/CD/O »), avec le grade de A/Brigadier (gĂ©nĂ©ral de brigade) : il a la haute main sur les sections nationales (Country sections) et sur les Ă©coles d'entraĂ®nement spĂ©cial des agents.

1943. Après avoir été l'adjoint de Charles Hambro (en), il lui succède en septembre comme chef du SOE (sigle « CD »). Grade de T/Major General.

Retraite

Après la guerre, il disparaît de la scène politique, et ne réapparaît que très brièvement pour participer dans l'ombre à la préparation du complot anglo-américain destiné à renverser le gouvernement communiste en Albanie, le projet Valuable.

Il devient ensuite PDG d'une usine de fabrication de tapis, et finalement retourne dans son pays natal, oĂą il souhaite mourir, parmi les fermiers des HĂ©brides.

Il meurt le à Stornoway. Il est enterré au cimetière de Scarista, Harris (Écosse).

Famille

  • Sa première femme : Norah Creina Somerville (nĂ©e Warren) Gubbins. Mariage en 1919 et divorce en 1944.
  • Sa deuxième femme : Anna Elise (« Tulla ») Jensen, d'origine norvĂ©gienne. Mariage en 1950. Veuve de Rolf Torbjorn Tradin, lieutenant dans la Luftforsvaret, tuĂ© Ă  Caen le (612 Squadron).

Personnalité de Colin Gubbins

Selon M.R.D. Foot

Dès le début, il eut une influence sur toute la pyramide du SOE, les collègues, les subordonnés, les agents… Il combinait la vision d'un highlander écossais avec la ténacité d'un officier de carrière, un esprit aiguisé, et beaucoup d'expérience en matière de diplomatie et de renseignements ; et avant le deuxième anniversaire du SOE, un observateur très bien placé le décrivait comme le ressort principal du SOE.

Selon RĂ©sistance et collaboration

On dit souvent que les apparences sont trompeuses. Ce fut particulièrement vrai de Colin Gubbins. Raide, crispé, conformiste, parfaite incarnation du militaire britannique, il s'exprimait laconiquement en détachant bien les syllabes, arborait une moustache impeccablement taillée et se comportait en rigoriste. Mais ses dehors conventionnels cachaient un esprit très cultivé, une vive imagination et une bravoure parfois romanesque… Dalton fut impressionné par « la vitalité, l'énergie de Gubbins… sa vivacité intellectuelle, son esprit de synthèse… » Dalton aurait pu mentionner aussi l'autorité, la sérénité dans l'adversité, la détermination et le doigté nécessaires pour fondre dans le SOE des hommes en provenance de nombreux pays et d'horizons sociaux différents.

Ĺ’uvres

  • Guides d'instruction :
    • The Art of Guerilla Warfare (L'Art de la guĂ©rilla),
    • Partisan Leader's Handbook (Manuel du chef de partisans),
    • How to use high explosives (Mise en Ĺ“uvre des explosifs brisants).
  • Resistance Movements in the War, JRUSI, London, 1948.

Distinctions

Notes et références

Notes

  1. Ces unitĂ©s, qu'on appelle les Compagnies indĂ©pendantes (en anglais : Independant Companies), Ă©taient apparentĂ©es Ă  ce qu'on appela plus tard les commandos. Chacune se composait uniquement de volontaires, recrutĂ©s dans des brigades territoriales et comptait environ 400 hommes et 20 officiers.
  2. Ne voulant pas de militaires de carrière - il redoute leur formalisme et leur conditionnement par la discipline -, Gubbins choisit des civils habitués à une vie indépendante, voire insolite, et néanmoins dotés d'une certaine expérience militaire. Tels sont, entre autres : Peter Fleming, le frère de Ian Fleming, le créateur de James Bond, qui prend en charge le Kent ; Andrew Croft, explorateur du Groenland, le Suffolk ; Donald Hamilton-Hill, le Lincolnshire ; John Cwynne le Sussex, ou encore le futur acteur Anthony Quayle. [Dominique Venner].

Sources et liens externes

  • (en) « Photographies de Colin Gubbins », sur Special Forces Roll of Honour, site consacrĂ© aux forces spĂ©ciales
  • (en) « Biographie sur le site du King's College de Londres » ; Liddell Hart Centre for Military Archives
  • (en) « La London Gazette, le Journal Officiel britannique, pour les dĂ©corations, citations, promotions, nominations… »
  • Bernard Ash, Norvège 1940, Presses de la CitĂ©, 1965.
  • RĂ©sistance et collaboration, coll. La Guerre au jour le jour, Genève, Édito-Services S.A., 1981
  • (en) Peter Wilkinson et Joan Bright Astley, Gubbins and SOE, London, Leo Cooper, , 272 p. (ISBN 978-0-850-52556-4).
  • M. R. D. Foot (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou, prĂ©f. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac), Des Anglais dans la RĂ©sistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-847-34329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Anthony Cave Brown, La guerre secrète : le rempart des mensonges, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 426-427), , 2 vol. (722, 716 p.) (ISBN 978-2-262-03616-4 et 978-2-262-03617-1, OCLC 779745875).
  • Roger Faligot, Les services spĂ©ciaux de Sa Majeste, Paris, Temps actuels, coll. « La VĂ©ritĂ© vraie », , 322 p. (ISBN 978-2-201-01580-9).
  • Dominique Venner, Histoire critique de la RĂ©sistance, Paris, Pygmalion/G. Watelet, coll. « rouge et blanche », , 500 p. (ISBN 978-2-857-04444-4, OCLC 246267091).

Voir aussi

  • Giles Milton (trad. de l'anglais par Florence Hertz), Les saboteurs de l'ombre : la guerre secrète de Churchill contre Hitler [« The Ministry of Ungentlemanly Warfare »], Libretto, (1re Ă©d. 2018) (ISBN 9782369147565).
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