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Hazrat Inayat Khan

Hazrat Inayat Khan (1882 – 1927) est un pionnier de la transmission à l'Occident du soufisme.

Hazrat Inayat Khan
Hazrat Inayat Khan (vers 1920).
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  44 ans)
New Delhi
Nationalité
Activités
Période d'activité
Ă  partir de
Père
Rahmat Khan (d)
Mère
Khadija Bibi (d)
Fratrie
Conjoint
Ameena Begum (en)
Enfants

Venu du Nord de l’Inde en Occident en tant que musicien, incité par son maître à harmoniser l'Orient et l'Occident par sa musique, il se tourne rapidement vers l’introduction et la transmission de la pensée et des pratiques soufies en Occident. Son message d’unité divine se concentre sur les thèmes de l'unité fondamentale sous-jacente des prédications de toutes les grandes religions, de l’amour, de l’harmonie et de la beauté.

Diverses branches du mouvement fondé par Inayat Khan à Londres en 1914 sont aujourd'hui présentes en Allemagne, en Angleterre, en Australie, au Canada, aux États-Unis, en France, aux Pays-Bas et en Russie. Dans ses écrits tels que La Musique de la Vie et Le Mysticisme du Son et de la Musique, Inayat Khan couple sa passion pour la musique avec son parcours soufi, formulant ainsi un éloquent manifeste de la musique en tant que fil harmonieux de l’Univers.

Biographie[1]

La maison de Suresnes.

Inayat Khan nait en 1882 à Baroda, dans une famille de musiciens connue depuis plusieurs générations. Accompli très précocement, il commence à voyager dès l’âge de 20 ans à travers l’Inde, donnant des concerts, des conférences et des cours particuliers. À cette époque il parle déjà du besoin de dissoudre les différences entre les personnes/peuples, et en particulier, entre les personnes de confession hindoue et celles de confession musulmane de son pays.

Lorsqu’il arrive à Hyderabad, son aptitude à suivre le chemin spirituel est reconnue, et il y vit de 1903 à 1907 comme disciple de son maître soufi. Son sens de la fraternité des hommes s’approfondit et se relie à son parcours spirituel, car étant mystique, il comprend que tous émanent d’une unique source.

Lorsque son maître meurt, Inayat voyage à travers l’Inde, Ceylan et la Birmanie, donnant des concerts qui rencontrent un succès croissant. Mais son maître lui avait donné pour mission non seulement d’œuvrer à rassembler les Indiens entre eux, mais également de participer à unir les peuples d’orient et d’occident.

En 1910 il se rend aux États-Unis avec ses frères, également musiciens. Il donne des concerts et des conférences en Amérique, en France et en Russie, et rencontre les grands artistes de l’époque. Entre 1914 et 1920, il est à Londres et y fonde le Mouvement du « Soufisme Universel », pour faire connaître l’« idée de l’unité, qui est à la racine de tout ». Il exprime cette vérité d’une telle manière que des Occidentaux, malgré toutes les différences culturelles, peuvent comprendre son message. Il transmet le soufisme sous une forme universelle qui s’adresse à des auditoires de toutes confessions. Progressivement Inayat abandonne sa musique pour se consacrer pleinement à la transmission des enseignements et son mouvement croit. De petits groupes de disciples s’établirent dans les lieux qu’il visitait et assurèrent la continuité de sa pensée tandis qu’il poursuivait ses voyages. La forme orientale constituée d’un groupe de disciples autour d’un maître fut ainsi adaptée aux besoins occidentaux.

Il épouse une jeune Américaine, Ora Ray Baker avec qui il a quatre enfants. Après de longues années de pérégrination la famille s’établit finalement, en 1920, dans une maison située 23 rue de la Tuilerie, à Suresnes, près de Paris[2], où une école d’été annuelle est fondée.

Entre 1920 et 1926, il voyage en Amérique et en Europe, suivi par un nombre croissant de disciples. Il fonde des centres soufis dans 12 pays, recevant gloire et admiration, mais aussi incompréhension et résistance.

Vers la fin de l’année 1926, Inayat Khan retourne en Inde où il meurt, l’année suivante, à Delhi. Ses livres (conférences, aphorismes, pièces) sont encore rééditées à ce jour. Ses descendants, Noor-Un-Issa Inayat Khan, officier du renseignement britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, déportée et assassinée par les Nazis au camp de Dachau en 1944, Pir Vilayat Inayat Khan, Hidayat et Khair-un-Nisa, ainsi que ses disciples, dans tous les continents ont poursuivi et continuent de poursuivre son travail. Beaucoup participent aux rencontres soufies et pratiquent ses enseignements au quotidien.

Originalité de son enseignement soufi[3]

« La grâce est pour toute âme, car toute âme quelle que soit sa religion ou sa croyance, appartient à Dieu », disait Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan. Son enseignement est donc non confessionnel, ne privilégie aucune religion, et ne considère pas comme nécessaire une conversion à une autre religion ou croyance particulière que celle que l'on a déjà.

Hazrat Inayat Khan disait « la vraie religion pour le Soufi est l’océan de vérité et toutes les différentes croyances en sont les vagues »[4].

Il met l'accent sur le développement harmonieux de toutes ses possibilités et de tous les aspects de sa vie personnelle et sociale, ce développement est cependant centré sur sa vie spirituelle.

La religion du cœur

Celle-ci consiste à « voir Dieu dans le cœur de l'homme », dans son propre cœur et dans celui des autres. Respecter et comprendre le sentiment d'un autre en est donc le premier pas.

Le message

« Le Message Soufi n'est pas pour une seule nation, race ou communauté : il est pour l'humanité tout entière. Son seul et unique objectif est d'amener une meilleure compréhension entre les parties divisées de l'humanité en éveillant leur conscience au fait que l'humanité est une seule famille. Si une seule personne de la famille est malade ou malheureuse, cela causera certainement une souffrance pour toute la famille. Cependant, même cette image n’est pas la plus appropriée. L'humanité est un seul corps, la totalité de la vie étant une dans sa source et dans son but, à son commencement et à sa fin. Aucun scientifique ne peut le nier. Si une partie du corps souffre, tôt ou tard le corps tout entier sera affecté. Tant qu’un de nos doigts ressent une douleur, notre corps n'est pas libéré de la souffrance. Ainsi, aucune nation, race ou communauté ne peut être considérée comme une partie séparée de l'humanité. »

Au fil du temps, Hazrat Inayat Khan s’est de plus en plus recentré sur ce message d’unité.

Par conséquent, le Message Soufi n'est pas réservé à une race particulière, une nation ou une Église. C'est un appel à s'unir dans la sagesse. Le Mouvement Soufi est un groupe de personnes appartenant à des religions différentes, qui n'ont pas abandonné leurs religions mais appris à mieux les comprendre, et leur amour est l'amour pour Dieu et l'humanité plutôt que pour une de ses parties. Le Mouvement Soufi n'incite pas l'homme à quitter sa croyance ou son Église : il l'invite à la vivre.

La tragédie de la vie vient de l'absence de pureté. Et parce que pur signifie réellement être naturel, l'absence de pureté signifie être très loin du naturel. L'eau pure veut dire qu'aucune autre substance ne s'y trouve mélangée, en d'autres mots, c'est sa condition naturelle. C'est pourquoi le soufisme est le processus pour rendre la vie naturelle. On peut appeler ce processus une religion, une philosophie, une science ou une mystique, comme on le souhaite. Tous les enseignants religieux venus dans ce monde à des périodes différentes, ont apporté ce processus de purification sous la forme de la religion. Ce n'est pas un processus nouveau, c'est ce même ancien processus que les sages de tous les temps ont conféré. Si quelque chose de nouveau y est trouvé c'est par la forme dans laquelle il est présenté pour s'adapter à une certaine époque du monde.

On pourrait peut-être penser que spiritualité c'est apprendre ce que l'on ne sait pas encore, devenir extraordinairement bon, acquérir quelques pouvoirs inhabituels ou avoir des expériences surnaturelles. Le soufisme ne promet aucune de ces choses, bien que sur le chemin du Soufi rien ne soit trop merveilleux pour lui. Le Soufi peut atteindre toutes ces choses et même davantage, mais ce n'est pas son objectif. Au moyen du soufisme l'être réalise sa propre nature, sa vraie nature, et ainsi l'être réalise la nature humaine. Et par l'étude de la nature humaine on réalise la nature de la vie en général.

C'est dans la réalisation de soi que se trouve le centre du mystère de toute la vie. C'est le remède de toutes maladies; c'est le secret du succès dans tous les chemins de la vie; c'est une religion et plus qu'une religion. Et actuellement, quand le monde entier est bouleversé, le Message Soufi transmet au monde le Message divin. L'erreur de l'humanité aujourd'hui est qu'elle n'est pas elle-même et ceci est la cause de tous les malheurs du monde. C'est pourquoi seul ce processus amené par les sages et philosophes de tous temps peut répondre au besoin de l’humanité, en conduisant les âmes à la réalisation/l’accomplissement de soi.

La vie, la nature humaine, la nature autour de nous représentent toutes une révélation pour le Soufi. Cela ne veut pas dire qu'un Soufi n'a pas de respect pour les écritures sacrées révérées par l'humanité. Au contraire, il les considère toutes aussi sacrées que le font les adeptes de ces écritures ; Le Soufi dit seulement que toutes les écritures ne sont que les interprétations différentes de cette écriture unique qui est constamment devant nous telle un livre ouvert, si nous pouvions seulement la lire et la comprendre.

L'objet d'adoration du Soufi est la beauté : pas seulement la beauté dans les formes, les lignes et les couleurs, mais la beauté dans tous ses aspects, du plus brut au plus raffiné.

Quelle est la morale du Soufi? La lumière qui guide le Soufi sur la voie est sa propre conscience, et l'harmonie en est la justification, qui le guide en avant, pas à pas, vers le but de son idéal. S'harmoniser avec soi-même n'est pas suffisant; on doit aussi s'harmoniser avec les autres en pensée, en parole et en action; c'est cela l'attitude du Soufi.

Le ciel le plus haut pour le Soufi est son propre cœur et ce que l'homme connait généralement comme amour, pour le Soufi est Dieu. Des peuples différents ont pensé la divinité comme étant le Créateur, le Juge, le Roi, l'Être Suprême; mais les Soufis l'appellent le Bien-aimé.

Ce que le Soufi s'efforce d'obtenir c'est la réalisation de soi, et il parvient à cette réalisation de soi à la faveur de son idéal divin, son Dieu. Il aborde ainsi à cette vérité qui est le but ultime et le désir ardent de chaque âme. Ce n'est pas seulement une réalisation; C'est un bonheur qu'aucun mot ne peut expliquer. C'est cette paix à laquelle chaque âme aspire.

Et comment l'obtient-il ? En pratiquant la présence de Dieu; en réalisant l'unité de l'être dans sa totalité; en maintenant, à chaque moment de la journée, consciemment ou inconsciemment, la vérité devant sa vision, en dépit des vagues de l'illusion, qui s'élèvent sans cesse, détournant le regard de l'homme de la vérité absolue. Il importe peu que cela soit au nom d'un groupe particulier, d'un culte ou d'une croyance, aussi longtemps que les âmes tendent leurs efforts vers cet objet, pour le Soufi elles sont toutes des soufies. L'attitude du Soufi envers toutes les religions différentes est une attitude de respect. Sa religion est le service de l'humanité, et sa seule acquisition est la réalisation de la vérité[5].

Un musicien au service du Musicien Ultime

Hazrat Musicien

En parlant de lui-mĂŞme Hazrat Inayat Khan Ă©crivit en 1922 dans un de ses carnets de notes[3] :

« Je suis né musicien dans une famille de musiciens, nourri par la musique, élevé dans une ambiance musicale. J'ai vécu dans la musique, j'ai aimé la musique jusqu'à ce que la musique commence à m'apparaître comme une simple expression en miniature de la Vie qui est tout entière musique. J'ai alors recherché le Musicien en Lequel j'ai trouvé la source de ma vie. C'est cette poursuite qui m'a tenu occupé ».

Et en 1925, il dicta les lignes suivantes :

« J'ai abandonné ma musique. Dans le service de Dieu l'on doit sacrifier ce qui vous est le plus cher et c'est ce que j'ai fait. J'ai composé des chants, j'ai chanté et j'ai joué de la vîna, jusqu'à ce qu'enfin j'ai touché, grâce à cela, la musique des sphères. Alors chaque âme est devenue pour moi une note de musique, et la totalité de la vie est devenue musique. J'ai parlé et les cœurs ont été attirés par mes paroles au lieu de l'être par mes chants ».
« Maintenant je suis occupé à accorder les âmes, au lieu d'accorder les notes. J'avais joué de la vîna jusqu'à ce que mon cœur devint un instrument que j'ai donné au divin Musicien, l'Être Unique ».
« Depuis lors, je suis devenu Sa flûte, de laquelle Il joue lorsqu'il le désire ».

Travaux

Ĺ’uvres musicales

Publications en langue anglaise

  • 1914 : A Sufi Message of Spiritual Liberty
  • 1915 : The confessions of Inayat Khan
  • 1918 : A Sufi Prayer of Invocation
  • Hindustani Lyrics
  • Songs of India
  • The Divan of Inayat Khan
  • Akibat
  • 1919 : Love, Human and Divine
  • The Phenomenon of the Soul
  • Pearls from the Ocean Unseen
  • 1921 : In an Eastern Rosegarden
  • 1922 : The Way of Illumination
  • The Message
  • 1923 : The Inner Life
  • The Mysticism of Sound
  • Notes from the Unstruck Music from the Gayan
  • Manuscript
  • The Alchemy of Happiness
  • 1924 : The Soul – Whence and Whither
  • 1926 : The Divine Symphony, or Vadan

Publications en langue française

  • Gayan, Vadan, Nirtan, trad. M. Guillaume
  • Gayan, les notes de la musique silencieuse, Paris, Ed. Koutoubia, 2009
  • La Vie intĂ©rieure, Paris, Ed. Koutoubia, 2009
  • Le Mysticisme du son, Paris, Ed. Encre d’Orient, 2011
  • L’UnitĂ© des IdĂ©aux spirituels, Ed. Assoc. LSPS, 2015
  • Un thème de mĂ©ditation pour chaque jour, extraits de Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan sĂ©lectionnĂ©s par Pir Vilayat, trad. Sophia Bertelsen, Ed. Le Souffle d’or, 1983
  • La Danse de l’âme, Gayan, Vadan, Nirtan, trad. Alain Sainte Marie, Ed. Actes Sud, 2016
  • Gayan Vadan Nirtan, Notes de la musique silencieuse La divine symphonie La danse de l'âme, Ed. Atramenta 2017
  • La Coupe de l’échanson. ÉphĂ©mĂ©ride spirituelle, 366 aphorismes, trad. Alain Sainte Marie, Ed. Actes Sud, 2017

Ĺ’uvres Posthumes

Publications en langue anglaise :

  • 1927 : The Purpose of Life
  • 1928 : The Unity of Religious Ideals
  • 1931 : Health
  • Character Building, The Art of Personality
  • 1934 : Education
  • 1935 : The Mind World
  • Yesterday, Today, and Tomorrow
  • 1936 : The Solution of the Problem of the Day
  • 1937 : Cosmic Language
  • Moral Culture
  • 1938 : Rassa Shastra: The Science of Life's Creative Forces
  • 1939 : Three Plays
  • Metaphysics : the Experience of the Soul in Different Planes of Existence

Œuvres réunies en collection

  • 1960-67 : The Sufi Message of Hazrat Inayat Khan, 12 vols.
  • 1988 : Complete Works of Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan:Original Texts, 11 vols.

Bibliographie

  • Regina Miriam Bloch, The Confessions of Inayat Khan, Londres : The Sufi Publication Society, 1915
  • De Jong-Keesing, Inayat Khan: A Biography, La Haye : East-West Publications, 1974.
  • Inayat answers, Londres et La Haye : Fine Books Oriental and East-West Publications, 1977.
  • Élise Guillaume-Shamhart, Munira Van Voorst van Beest (ed.), The Biography of Pir-o-Murshid Inayat Khan, La Haye : East-West Publications, 1979.
  • Inayat Khan, Pir Vilayat, The Message in Our Time : The Life and Teachings of the Sufi Master Pir-o-Murshid Inayat Khan, San Francisco : Harper Row, 1979.
  • Inayat Khan, Pirzade Zia (ed.), A pearl in Wine: Essays in the Life, Music, and Sufism of Hazrat Inayat Khan, New Lebanon : Omega Publications, 2001
  • Inayat Khan, The Story of My Mystical Life, la Haye : East-West Publications, 1982.
  • Musharaff Moulamia Khan, Pages in the Life of a Sufi, La Haye : East-West P Publications, 1982.
  • Sophia Saintsbury-Green, Images of Inayat, New Lebanon, NY : Omega Publications, 1992.
  • Kismet Dorothea Stam, Rays, La Haye : East-West Publicatins, n.d.
  • Wil Van Beek, Hazrat Inayat Khan, Master of Life, Modern Sufi Mystic, New York : Vantage Press, 1983.
  • Theo Van Hoorn, Recollections of Inayat Khan and Western Sufism, traduction, annotation et introduction par Hendrik J.Horn, Leiden : Foleor Publishers, 2010.
  • Sirkar Van Stolk, Daphne Dunlop, Memories of a Sufi Sage Hazrat Inayat Khan, East-West Publications, 1975.

Notes et références

  1. (en) Elisabeth de Jong-Keesing, Inayat Khan, a biography,
  2. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « L’exemplaire destinée de la princesse agent secret », Suresnes Mag n°304,‎ , p. 42-43 (lire en ligne).
  3. Aimé Deselles, « Soufi Inayat Khan », sur www.soufi-inayat-khan.org (consulté le )
  4. (en) Hazrat Inayat Khan, Gayan, notes de la musique silencieuse, Editions Jacques Bollmann S.A.,
  5. (en) Hazrat Inayat Khan, The Sufi Message, London, Barrie and Rockliff,

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