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Deuxième Bureau (France)

Le 2e bureau d'un Ă©tat-major dans l'ArmĂ©e française est le service chargĂ© de l'analyse du renseignement. L'expression deuxième bureau dĂ©signe communĂ©ment le service de renseignements de l'armĂ©e française entre 1871 et 1940, en rĂ©fĂ©rence au 2e bureau de l'État-Major gĂ©nĂ©ral dont il Ă©tait une composante.

Bande dessinée Échec à la Gestapo. 2e Bureau contre Gestapo, no 6. octobre 1950. Archives nationales de France.

Historique

Création et place du deuxième bureau au sein de l’État-major

Le deuxième bureau français a été créé en 1871 au sein de l’État-Major des armées.

L'État-Major est alors composé de quatre bureaux :

  • le 1er bureau, chargĂ© des effectifs, doit ĂŞtre en mesure de donner très exactement la situation des unitĂ©s, avec les variations subies par les effectifs et les dotations en matĂ©riel ; il traite Ă©galement les questions d’organisation, de service courant et de relations administratives avec les autoritĂ©s civiles.
  • le 2e bureau, chargĂ© du renseignement et des plans d'attaque ou de dĂ©fense. En temps de guerre notamment en AlgĂ©rie l'appellation officielle Ă©tait "bureau de renseignement-opĂ©ration". Aujourd'hui au niveau brigade ou EM de niveau DIV il est nommĂ© B2.
  • le 3e bureau, chargĂ© des opĂ©rations et de la traduction de la tactique de guerre en ordres prĂ©cis pour les unitĂ©s intĂ©ressĂ©es ;
  • le 4e bureau, chargĂ© des transports et du ravitaillement, s’occupe des questions pratiques liĂ©es aux ordres du commandement (plans de circulation, infrastructures, casernements, questions cartographiques, etc).

Le 2e bureau est chargĂ© de l'exploitation du renseignement pour l'État-major des ArmĂ©es. Il a sous ses ordres une section de statistique (Ă©galement crĂ©Ă©e en 1871), chargĂ©e de la recherche du renseignement. En 1899 la section de statistique est renommĂ©e section de renseignement ou section de recherche (SR). Ă€ partir des annĂ©es 1920, on parle Ă  la fois de « la SR Â» et « du SR Â» (service de renseignements), et SR et 2e bureau dans son ensemble sont facilement confondus.

Outre sa SR, le 2e bureau reçoit des renseignements d'attachés militaires, de missions militaires à l'étranger, de la presse étrangère et occasionnellement d'autres ministères (Affaires étrangères, Marine, Intérieur, Préfecture de police). Il contrôle aussi la section de centralisation du renseignement (SCR), service de contre-espionnage militaire qui surveille les activités de services étrangers en coopération avec la police.

La Première Guerre mondiale

Le deuxième bureau fut dirigé par le colonel Charles Joseph Dupont de 1913 à 1917 puis par le colonel Léon Edmond de Cointet (1870-1948).

Armée de l'armistice : les BMA

Après l'armistice de 1940, le SR Guerre est officiellement dissous. Les services de renseignements militaires sont clandestinement restructurés.

Le 5e bureau EMA est commandé par le colonel Louis Rivet. Officiellement, c'est le MA3. Sous son autorité, Paul Paillole dirige le contre-espionnage militaire offensif. Ce service est camouflé sous le nom d'entreprise de travaux ruraux (TR).

Les services spéciaux français font du renseignement en zone occupée et en zone interdite d'une part, du contre-espionnage en zone non-occupée d'autre part.

Pour le contre-espionnage, les activitĂ©s du SR Air et des TR sont communes. En zone libre, les enquĂŞtes et les arrestations sont du ressort de la police spĂ©ciale de Surveillance du territoire crĂ©Ă©e en 1937. Les BMA et les TR ciblent non seulement les espions de l'Axe, mais aussi les agents britanniques, les « gaullistes Â» et « communistes Â» considĂ©rĂ©s comme agents de l'Ă©tranger. La situation est compliquĂ©e. Au dĂ©part, Henri Frenay, Robert GuĂ©don, Pierre de Froment, sont parrainĂ©s par le colonel Baril. Maurice Chevance est un correspondant de Rivet. Frenay et Paillole sont des amis.

En août 1942, sous la pression allemande, les BMA sont dissous par Pierre Laval, aussitôt remplacés par un Service de Sécurité Militaire (SSM) par décret signé du même Laval.

Après les débarquements alliés en Afrique du Nord et l'invasion de la zone libre, la direction du SSM part en AFN. Rivet et Paillole, passés à Alger, poursuivent leur activité clandestine, en liaison avec les réseaux de métropole : "TR Ancien" et "TR Jeune", réseau Kleber, etc.

France Libre : le BCRA puis DGSS

SimultanĂ©ment, la France libre met en place, Ă  Londres, son propre service de renseignement, le « 2e Bureau Â» puis le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), sous la direction du colonel Passy (AndrĂ© Dewavrin).

Lors du rapprochement Giraud-de Gaulle, le comité français de la Libération nationale ordonne la fusion du BCRA et des services de renseignement de Rivet dans une nouvelle structure, la Direction générale des services spéciaux (DGSS). Opposé aux conditions de cette fusion, Louis Rivet démissionne.

Après-guerre

La DGSS devient la direction générale des études et recherches (DGER) le 26 octobre 1944. En 1946, elle est remplacée par le service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), dont la création est arrêtée lors du conseil des ministres du 28 décembre 1945[1]. Le SDECE deviendra la DGSE en 1982.

L'État-Major des armées n'a dès lors plus de service de recherche ni d'exploitation du renseignement sous ses ordres directs. Il est dépendant des 2e bureaux des trois armées. Les activités de renseignement de ces bureaux, des missions militaires et conseillers militaires subsistent, notamment en Afrique où elles coexistent avec le SDECE[2]. Diverses réorganisations du renseignement ont lieu au sein de l'État-Major des armées, notamment la création du centre d'exploitation du renseignement militaire (CERM) en 1976. Une nouvelle réorganisation est faite à la suite des faiblesses du renseignement militaire lors de la guerre du Golfe, qui voit la création de la direction du renseignement militaire (DRM) en 1992[1].

Équivalent contemporain

Les officiers G2 dans les états-majors au format OTAN sont chargés du renseignement.

Dans la fiction

Les romans de Paul Kenny mettent en scène des agents du deuxième bureau, dont le célèbre Francis Coplan alias FX-18.

Dans les romans de James Bond, René Mathis est un membre du Deuxième Bureau.

Références

  1. Claude Faure, « Bref historique des services de renseignement et de sécurité français contemporains », Revue historique des armées, no 247,‎ , p. 70-81 (ISSN 1965-0779, lire en ligne, consulté le ).
  2. Jean-Pierre Bat, « Le 2e bureau en Afrique équatoriale française », Revue historique des armées, no 273,‎ , p. 95-107 (ISSN 1965-0779, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

  • Olivier Forcade, La rĂ©publique secrète. Histoire des services spĂ©ciaux français de 1918 Ă  1939, Nouveau Monde Éditions, Paris, 2008.
  • Henri Navarre : Le Service de Renseignements (1871-1944), Ă©dition Plon, 1978 (ISBN 2-259-00416-4) (coĂ©crit avec un groupe d'anciens membres du SR).
  • Pierre Nord, La guerre du renseignement : Mes camarades sont morts, Paris, CAL, coll. « Bibliothèque de culture historique », , 288 p., 16,5 x 18 cm.
  • Paul Paillole : Services SpĂ©ciaux, Ă©ditions Robert Laffont, 1975.
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