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Zone interdite (Seconde Guerre mondiale)

Lors de la Seconde Guerre mondiale, après la signature de l'armistice du 22 juin 1940, deux types de territoires ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s de « zone interdite Â» en France :

  • la zone rĂ©servĂ©e, ou zone de rĂ©serve, ou zone nord-est,
  • la zone militaire littorale.
La France coupĂ©e en plusieurs parties en 1940 : la zone libre, la zone d'occupation italienne, la zone occupĂ©e, la zone annexĂ©e Alsace-Moselle, la zone placĂ©e sous l'administration militaire allemande de Bruxelles, et les deux territoires classĂ©s « zone interdite Â» (zone nord-est et zone militaire littoral).

La zone réservée

La ligne du Nord-Est (Nordost Linie en allemand) ou ligne noire (Ă©galement appelĂ©e « ligne du FĂĽhrer Â»), crĂ©Ă©e le 7 juillet 1940 et mise en fonction le 20 juillet de la mĂŞme annĂ©e[1], s'Ă©tend de la Somme Ă  la frontière suisse[2].

Les départements du Nord et du Pas-de-Calais sont rattachés au gouvernement militaire de Bruxelles. La Moselle et l'Alsace sont annexées au Reich.

Le reste de cette vaste étendue de territoire au nord et à l’est de la France occupée devient « zone interdite » ou « zone réservée »[3]. Elle comprend :

Zone reservée dans le nord-est.

Ces territoires devenus « zones rĂ©servĂ©es » Ă©taient destinĂ©s Ă  devenir des zones de peuplement allemand (Hitler souhaitant la constitution d'un « pays thiois » germanisĂ© jouant le rĂ´le de zone-tampon Ă  l'ouest de l'Allemagne). Une colonisation agricole a Ă©tĂ© tentĂ©e, particulièrement dans les Ardennes et le nord de la Meuse (170 000 hectares et 11 300 exploitations passent sous contrĂ´le allemand)[4].

Le retour des habitants de la zone interdite est rendu impossible par ordre du commandement suprĂŞme de l’armĂ©e du Reich allemand du , dĂ©cision dont le gouvernement de Vichy est averti le . Cette interdiction ne s’applique qu’aux rĂ©fugiĂ©s français, non aux belges, hollandais et luxembourgeois (environ 1 500 000) autorisĂ©s Ă  franchir la ligne du nord-est. Le passage des mineurs vers les bassins houillers du Nord et du Pas-de-Calais est Ă©galement autorisĂ©[5]. Jusqu’au des autorisations ont Ă©tĂ© largement accordĂ©es aux techniciens, ouvriers qualifiĂ©s, chefs d’entreprise, employĂ©s des transports, Ă  certains fonctionnaires. Après cette date, la ligne du nord-est a Ă©tĂ© hermĂ©tiquement fermĂ©e. Il restait 250 000 rĂ©fugiĂ©s des rĂ©gions nord en zone occupĂ©e et 350 000 en zone libre (sur environ 1 000 000 de rĂ©fugiĂ©s partis de la zone interdite en juin)[5]. En , le rĂ©gime a Ă©tĂ© assoupli, autorisant l'entrĂ©e de personnes utiles Ă  l’économie et de familles dont le chef de famille Ă©tait restĂ© sur place[5]. Le 18 dĂ©cembre 1941, le commandement militaire supprime les postes de contrĂ´le. Les rĂ©fugiĂ©s peuvent revenir de fait Ă  partir de cette date. L’interdiction de franchissement de la ligne est cependant maintenue de jure jusqu’au 1er mars 1943. Les clandestins non-juifs arrĂŞtĂ©s par un contrĂ´le volant s'acquittaient d'une amende de 300 francs avant d'ĂŞtre autorisĂ©s Ă  poursuivre leur voyage[6].

Attestation des autorités allemandes d'occupation permettant à une personne de pénétrer en zone interdite (Musée de la Résistance en Argoat, Saint-Connan).

La zone côtière

La zone côtière interdite mise en place à partir d' est une bande de terre de 20 à 30 kilomètres de large de Dunkerque à Hendaye le long des côtes de la mer du Nord, de la Manche et de l’océan Atlantique, située entre la frontière belge et la frontière espagnole. Cette zone est créée pour faciliter la défense côtière par la construction du mur de l'Atlantique[7].

Une réglementation précise est publié le 20 octobre 1941. Les laissez-passer pour entrer dans la zone littorale ne sont délivrés aux non résidents qu'en cas de décès, de maladie grave, de mariage ou de la naissance d'un proche. Les contrevenants sont passibles d'emprisonnement, de la peine de mort dans les cas les plus graves. En 1942, le franchissement de cette frontière aurait été plus difficile que celui de la ligne de démarcation[7].

La zone alsacienne

Le , en Alsace annexée de fait, le Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (« Bulletin officiel de l'administration civile en Alsace ») publie une ordonnance qui crée, le long des Vosges et de la frontière suisse, une zone interdite d'une largeur de trois kilomètres. Cette zone est interdite à toute personne âgée de plus de quinze ans. L'ordonnance entre en application le 1er octobre 1942. Elle est la conséquence des évasions de nombreux prisonniers de guerre, des jeunes après l'instauration du Reichsarbeitsdienst (RAD) le et de l'incorporation de force dans l'armée allemande le enfin par la traversé de l'Alsace par des personnalités évadées comme le général Henri Giraud ou le député Robert Schuman[8].

Notes et références

  1. Nicolas Mariot, Claire Zalc, Face à la persécution, 991 Juifs dans la guerre, éditions Odile Jacob, 2010 (ISBN 978-2-7381-2175-2), p. 76.
  2. Nicolas Mariot, Claire Zalc, op. cit., p. 39; Peter Schöttler, Du Rhin à la Manche. Frontières et relations franco-allemandes au XXe siècle, Tours, Presses universitaires Francois Rabelais, 2017, p. 89-138.
  3. Jean-Pierre Azéma, 1940 l'année noire, Paris, Fayard, , 477 p. (ISBN 978-2-213-65452-2), p. 294-296
  4. Jean-Luc Leleu, Françoise Passera, Jean Quellien, Michel Daeffler, La France pendant le Seconde Guerre mondiale, Fayard-ministère de la Défense, 2010 (ISBN 978-2-213-65461-4), p. 113.
  5. Le Nord-Pas-de-Calais dans la main des Allemands, p. 86.
  6. La ligne de démarcation, p. 221.
  7. La ligne de démarcation, p. 40.
  8. Bertrand Merle, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (préf. Victor Convert, intro. Marie-Claire Vitoux), 50 mots pour comprendre la Résistance alsacienne (1939-1945), Strasbourg, Éditions du Signe, , 196 p. (ISBN 978-2-7468-4334-9), p. 14-17

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Éric Alary, La ligne de dĂ©marcation : 1940-1944, Paris, Perrin, , 556 p. (ISBN 978-2-262-03236-4). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Étienne Dejonghe et Yves Le Maner, Le Nord-Pas-de-Calais dans la main allemande 1940-1944, Lille, La Voix du Nord, , 400 p. (ISBN 2-84393-015-4). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Bertrand Merle, Association pour des Ă©tudes sur la RĂ©sistance intĂ©rieure des Alsaciens (AERIA) (prĂ©f. Victor Convert, intro. Marie-Claire Vitoux), « Les zones », dans 50 mots pour comprendre la RĂ©sistance alsacienne, Strasbourg, Éditions du Signe, , 196 p. (ISBN 978-2-7468-4334-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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