Peter Churchill
Peter Churchill (1909-1972) était un agent du service secret Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses missions l'amenèrent quatre fois en France. Il dirigea le réseau SPINDLE dans le sud-est de la France. Il fut arrêté et déporté par les Allemands, mais survécut. Peter Churchill n'avait aucun lien de parenté avec Winston Churchill.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 63 ans) Le Rouret |
Nationalité | |
Formation |
Gonville and Caius College Malvern College (en) |
Activités |
Militaire, agent du SOE |
Père |
William Algernon Churchill (en) |
Mère |
Violet Myers (en) |
Fratrie | |
Conjoint |
Odette Sansom (de Ă ) |
Arme | |
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Grade militaire | |
Conflit | |
Lieu de détention | |
Distinctions |
Biographie
1909. Le , naissance de Peter Churchill Ă Amsterdam.
Élève à la public school de Malvern, Worcestershire.
À l'Université de Cambridge, il obtient une licence ès lettres. Il excelle principalement en athlétisme et en hockey.
1939. Lorsque se déclare la Seconde Guerre mondiale, il devient agent de renseignements.
1940. Il rejoint le Special Operations Executive, section F.
1941.
- En prévision de missions en France, Peter Churchill suit l'entraînement SOE.
- Décembre. Il est envoyé en mission.
- Première mission en France (WILLOW)
- Son nom de guerre est « Michel ». Son identité de couverture est Pierre Chauvet. La mission consiste à inspecter les principaux réseaux SOE mis en place, en évaluant leurs forces et leurs faiblesses et en recensant leurs besoins, à leur communiquer des instructions et à leur remettre de l'argent (un million de francs) :
- • Pour le réseau URCHIN de Francis Basin « Olive »[1] à Antibes : 400 000 francs.
- • Pour le réseau SPRUCE de Georges Duboudin « Alain »[2] à Lyon : 500 000 francs.
- • Pour Ted Coppin « Olivier » à Marseille : 300 000 francs.
- Il apporte également un million de francs à remettre au colonel Deprez, à Marseille, en vue d'acheter des consciences pour faire sortir dix patriotes français (Dubois, Erlanger, Jeanville...) de la prison du fort Saint-Nicolas.
- Il commence par se rendre à Gibraltar sur le bateau polonais Batory. La traversée dure sept jours.
1942.
- Janvier. Du 1er au , un sous-marin l'amène de Gibraltar à la côte d’Azur, près de Cannes[3]. Guidé par les lumières d'un hôtel, il rejoint la côte en canoë à Théoule-sur-Mer (hameau de Miramar, à l’ouest de Cannes). Il accoste et monte à terre en empruntant l'escalier d'un plongeoir, le long d'un rocher. Il est 21 h 15. Le lendemain, il se rend chez son contact, le Docteur Élie Lévy « Louis », 31 boulevard du Maréchal-Foch, à Antibes, et lui remet 450 000 francs pour le réseau URCHIN. Il se rend ensuite à Lyon en compagnie d’Emmanuel d'Astier de La Vigerie « Bernard ». Là , grâce à Virginia Hall « Marie » (qu'il connaît sous le nom de Germaine), il rencontre Georges Duboudin « Alain » (qu'il connaît sous le nom de Charles), chef du réseau SPRUCE, à qui il remet 500 000 francs, et Francis Basin « Olive », chef du réseau URCHIN. Il se rend ensuite à Marseille. Il y rencontre d'abord le colonel Deprez, qui refuse d'aider à la libération des prisonniers, puis le lieutenant Ted Coppin « Olivier », qui accepte et à qui il remet tout l'argent qui lui reste. Sa mission est terminée. Il apprendra que les dix prisonniers avaient été transférés à Périgueux. André Girard, chef du réseau CARTE, suivra cette affaire.
- Février. Dans la nuit du 4/5, il franchit les Pyrénées.
- Il rejoint Madrid, puis Gibraltar, d'oĂą il retourne en Angleterre par avion.
- Dans l'appartement d’Orchard Court, il fait le rapport de sa mission WILLOW à Jacques Vaillant de Guélis et Maurice Buckmaster.
- Il est promu Capitaine.
- Deuxième mission en France
- Sa mission consiste à accompagner à Antibes deux radio-opérateurs : Isidore Newman « Julien » (ou Georges 49) pour le réseau URCHIN de Francis Basin « Olive » et Edward Zeff « Mathieu » (ou Georges 53) pour le réseau SPRUCE de Georges Duboudin « Alain ».
- FĂ©vrier. DĂ©part le 26 : train pour Bristol, puis avion CW-20 pour Gibraltar.
- Mars. Entraînement. Fin du mois, départ du sous-marin P-42 Unbroken, avec les deux agents prévus et deux autres agents, Victor Gerson « René », qui vient mettre en place un réseau d’évasion (VIC) pour la section DF et Marcel Clech « Bastien », qui vient comme opérateur radio du réseau AUTOGIRO de Pierre de Vomécourt.
- Avril. Il aide au débarquement des quatre agents et de leur matériel dans la région où il a lui-même débarqué au début de l’année. Dans la nuit du 20 au , il accompagne sur terre Isidore Newman et Edward Zeff à Antibes, et la nuit suivante, du 21 au , il accompagne Victor Gerson et Marcel Clech à Miramar, près de Cannes[4]. Il retourne en Angleterre via Gibraltar par le même sous-marin, ramenant avec lui Emmanuel d'Astier de La Vigerie « Bernard » sur demande du Dr Élie Lévy « Louis ».
- Troisième mission en France
- Sa mission consiste à organiser le réseau SPINDLE, qui doit diriger dans le sud-est de la France la livraison des fournitures destinées aux maquis.
- Août. Dans la nuit du 27 au 28, un Halifax l'emmène dans la région de Montpellier (Hérault), où il est parachuté à l'aveugle. Il prend en charge la suite du réseau URCHIN, dont le chef, Francis Basin « Olive », a été arrêté le . Notamment, l'opérateur radio Isidore Newman se met à son service.
- Novembre. Le 9, arrive Odette Sansom « Lise ». Peter Churchill obtient qu'elle devienne son courrier. Il développe une relation avec elle. Cependant, de nombreux résistants désapprouvent le style de vie flamboyant de Churchill et son manque de tact. Il se replie en Haute-Savoie à Faverges, près d'Annecy, change son nom de guerre en « Raoul » et son identité de couverture en Pierre Chambrun.
- Finalement l’Abwehr infiltre le réseau.
1943
- . Dans la nuit du 23/24, Churchill retourne en Angleterre.
- Quatrième mission en France
- . Il est parachuté au-dessus de Saint-Jorioz sur les rives du lac d'Annecy
- . Hugo Bleicher de l’Abwehr l’arrête, ainsi qu’Odette Sansom, à l'hôtel de la Poste de Saint-Jorioz[5]. Ils déclarent être mariés et apparentés à Winston Churchill. Ils sont torturés et envoyés en camp de concentration, mais échappent à l’exécution.
1945. Il est libéré du camp à la fin de la guerre.
1947. Peter Churchill et Odette Sansom se marient.
1956. Ils divorcent.
1972. Peter Churchill meurt le .
MĂ©moires de Peter Churchill
- (en) Of Their Own Choice, London, Hodder and Stoughton, 1952. Texte en ligne
- (en) Duel of Wits, 1953, Texte en ligne. Traduction en français : (fr) Missions secrètes en France 1941-1943, Presses de la Cité, 1967.
- (en) The Spirit of the Cage, Hodder and Stoughton, 1954. PĂ©riode Ă partir de son arrestation en .
- (en) By Moonlight, 1958.
Reconnaissance
Peter Churchill a reçu les décorations suivantes :
- Royaume-Uni : Distinguished Service Order (DSO),
- France : Croix de guerre 1939-1945 (CG).
Identités
- État civil : Peter Morland Churchill
- Comme agent du SOE :
- Nom de guerre (field name) : « Michel » puis « Raoul ».
- Nom de code opérationnel : SPINDLE (en français FUSEAU)
- Identités de couverture :
- Pierre Marc Chauvet, né le à Buenos Aires, publiciste, dom. 31 rue de Chazelles (Paris 17e) ; signalement : 1,77 m, cheveux châtain, yeux bruns[6] ; ancien officier de liaison dans l'armée française[7] puis.
- Pierre Chambrun.
Famille
- Son père : William Algernon Churchill (en) (1865–1947), consul britannique qui fut en poste à Amsterdam, Stockholm et Milan.
- Sa mère : Violet née Myers (en).
Ses frères (2) :
Annexes
Notes
- Ou Capitaine Bazin « Laurent », selon Peter Churchill, p. 57.
- Ou capitaine Dolan « Charles », selon Peter Churchill, p. 28.
- Opération DELAY : le sous-marin P-36, commandé par Lt H.N. Edwards, R.N. effectue un périple en partant de Gibraltar le 1er janvier 1942 et y revenant le 15 janvier, en ayant déposé Peter Churchill le 9 janvier près de la côte. [Source : Brooks Richards, p. 924]
- Opération : DELAY II ; sous-marin P-42 Unbroken, commandé par Lt A.G.C. Mars, R.N. ; agents débarqués (4) : dans la nuit du 20/21 avril, Isidore Newman et Edward Zeff ; et dans la nuit du 21/22, Victor Gerson et Marcel Clech [Source : Sir Brooks Richards, p. 925], mais les dates sont corrigées ici selon Foot et Boxshall, alors que Brooks Richards indique les nuits du 19/20 et 20/21 avril.
- Oscar Reile, L'Abwehr. Le contre espionnage allemand en France de 1935 Ă 1945, France-Empire (1er janvier 1970)
- Terry Crowdy, p. 24.
- Nouzille.
Bibliographie, sources et liens externes
- Fiche Peter Churchill, avec photographies sur le site Special Forces Roll of Honour.
- Dossier personnel de Peter Churchill aux National Archives britanniques. Le dossier HS 9/314-315 est accessible depuis le .
- Michael Richard Daniell Foot et Jean-Louis Crémieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la Résistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944, Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) M. R. D. Foot, SOE in France an account of the work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London London Portland, OR, Whitehall History Pub. Frank Cass, (ISBN 978-0-7146-5528-4). Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
- François Musard, Les Glières, , Robert Laffont, 1965. Notice sur Peter Churchill en appendice et Éditions J'ai lu Leur aventure No A193
- Vincent Nouzille, L'espionne : Virginia Hall, une Américaine dans la guerre, Paris, Fayard, , 443 p. (ISBN 978-2-213-62827-1).
- Sir Brooks Richards (trad. Pierrick Roullet), Flottilles secrètes : les liaisons maritimes clandestines en France et en Afrique du Nord : 1940-1944 [« Secret Flotillas »], Le Touvet (Isère), MDV, (ISBN 978-2-910821-41-8).
- Thomas Rabino, Le réseau Carte : histoire d'un réseau de la résistance antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anticollaborationniste, Paris, Perrin, , 398 p. (ISBN 978-2-262-02646-2).
- Fiche Peter Churchill sur le site de Nigel Perrin, avec photographie.
- Terry Crowdy, Combattants de la résistance française l'armée de l'ombre, Barcelone, RBA, (ISBN 978-84-473-6429-9)