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Pierre de Vomécourt

Pierre de Vomécourt, né le à Chassey-lès-Montbozon (Haute-Saône) et mort le [1] à Saint-Quentin-du-Dropt (Lot-et-Garonne), fut pendant la Seconde Guerre mondiale un agent secret français du Special Operations Executive, qui fonda et dirigea le premier réseau de résistance de cette organisation en France occupée, le réseau AUTOGIRO.

Pierre de Vomécourt
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Édouard Pierre Fourier de Crevoisier de Vomécourt
Nationalité
Activités
Espion, résistant, agent du SOE
Fratrie

Biographie

Avant la guerre

Il naît le 1er janvier 1906 à Chassey-lès-Montbozon (Haute-Saône)[2]. Il reçoit son éducation en Angleterre.

1940

  • Juin. Le 17, il entend Ă  la radio l’annonce de la demande d’armistice. Il ne l’accepte pas, et s’échappe en Angleterre par l’avant-dernier navire qui quitte Cherbourg pour l’Angleterre dans la nuit du 17/18.
  • Juillet. Il cherche le meilleur moyen de se rendre utile. Il lit dans les journaux que deux jeunes Français viennent d'ĂŞtre fusillĂ©s par les Allemands dans la rĂ©gion de Nantes pour avoir coupĂ© de lignes tĂ©lĂ©phoniques. Cette nouvelle Ă©veille en lui des projets : organiser en France un rĂ©seau d'agents pour combattre la propagande allemande, ralentir l'effort industriel imposĂ© par l'ennemi, exĂ©cuter des sabotages, et prĂ©parer le soulèvement gĂ©nĂ©ral de la France contre l'envahisseur. Il plaide auprès des Forces Françaises libres en faveur du sabotage, mais en vain. Il est Ă©conduit[3].
  • Il s'adresse aux Anglais, qui lui rĂ©pondent d'abord que les autres pays occupĂ©s, tels que la Pologne, organisent eux-mĂŞmes, avec le concours britannique Ă©videmment, leur rĂ©seau de propagande et de sabotage, et qu'il convenait de laisser aux Français de France le temps de s'organiser eux-mĂŞmes.

1941

  • Janvier. Las d'attendre, le SOE commence Ă  prĂ©parer l'envoi de ses premiers agents en France.
  • Pierre suit l'entraĂ®nement pour ĂŞtre agent sur le terrain.

Première mission en France : avec pour nom de guerre « Lucas », il a carte blanche pour commencer à organiser les réseaux action sur l'ensemble du territoire. Il sera ainsi le premier chef de réseau SOE, avec comme opérateur radio Georges Bégué, déjà sur place.

  • Mai. Dans la nuit du 10 au 11, il est parachutĂ© près de Châteauroux, et y prend contact avec son opĂ©rateur radio, Georges BĂ©guĂ©, sur place depuis quelques jours. Le matin du 12, il se prĂ©sente Ă  la propriĂ©tĂ©[4] de son frère Philippe, qu'il recrute aussitĂ´t. Ils se mettent d'accord pour se partager l'action sur le territoire français comme suit : Ă  Philippe la zone libre ; Ă  Pierre, la zone occupĂ©e ; Ă  Jean, qui habite Pontarlier, ils proposeront la zone interdite (Lorraine et Franche-ComtĂ©). Ainsi, Pierre interviendra dans le nord et montera un rĂ©seau, AUTOGIRO, en Ă©tant basĂ© Ă  Paris. Il utilise une grande partie de sa fortune personnelle pour soutenir l'activitĂ© initiale du rĂ©seau : recherche de maisons sĂ»res pour les planques, les boĂ®tes Ă  lettres et les dĂ©pĂ´ts d'armes pour les armes qui seront parachutĂ©es.
  • Septembre. Le 6, un second opĂ©rateur radio, AndrĂ© Bloch est parachutĂ©. Il commence Ă  travailler Ă  Paris Ă  partir du 15.
  • Octobre. Le 26, Georges BĂ©guĂ©, l'opĂ©rateur radio, est arrĂŞtĂ© Ă  Marseille.
  • Novembre. Le 13, AndrĂ© Bloch, seul opĂ©rateur radio SOE en zone occupĂ©e, est arrĂŞtĂ© au Mans.
  • DĂ©cembre. Pierre de VomĂ©court rencontre Mathilde CarrĂ© (surnommĂ©e La Chatte) qui lui fait croire qu'elle aurait rĂ©ussi Ă  Ă©chapper aux arrestations du rĂ©seau INTERALLIÉ (en rĂ©alitĂ©, c'est elle qui est Ă  l'origine de la plus grande partie de l'hĂ©catombe, et elle travaille maintenant pour l'Abwehr) et qu'elle disposerait d'un opĂ©rateur radio qui a Ă©galement Ă©chappĂ© (en rĂ©alitĂ©, ce sont les allemands qui disposent des postes radio du rĂ©seau INTERALLIÉ et peuvent ainsi tromper Londres). Il voit lĂ  une occasion d'Ă©tablir la liaison tant attendue avec Londres, ce qu'elle accepte (en rĂ©alitĂ© ses messages seront envoyĂ©s et rĂ©ceptionnĂ©s sous le contrĂ´le complet du Feldwebel Hugo Bleicher.

1942

  • Janvier. Plusieurs anomalies lui mettent la puce Ă  l'oreille. Dans un entretien avec Mathilde, il l'amène Ă  reconnaĂ®tre sa trahison et Ă  changer de camp.
  • FĂ©vrier. Dans la nuit du 26 au 27, Mathilde et lui rentrent en Angleterre par bateau.

Bilan de la mission : début de la mise en place de réseaux en zone occupée.

  • Pendant son sĂ©jour Ă  Londres, il fait un rapport sur ses activitĂ©s et sur la situation en France. Il a des entretiens avec Anthony Eden, le ministre des affaires Ă©trangères, Lord Selborne, ministre de la guerre Ă©conomique (qui a la tutelle du SOE), et Sir Alan Brooke, chef d’état major impĂ©rial, Ă  la suite desquels un ordre aurait Ă©tĂ© signĂ© pour que la « première prioritĂ© » soit donnĂ©e Ă  la fourniture et au transport par avion, d’armes et d’explosifs, non plus pour quelques sabotages mais pour armer la RĂ©sistance.

Deuxième mission en France : avec le nouveau nom de guerre de « Sylvain », il vient reprendre ses activités à Paris.

  • Avril. Le 1er, il revient en France parachutĂ© près de la propriĂ©tĂ© de son frère Philippe, Ă  l’est de Limoges.
  • Avril (suite). Le 25, il est arrĂŞtĂ©. Il est battu par Georges Delfanne (alias Christian Masuy), puis remis Ă  Hugo Bleicher de l'Abwehr, moins brutal mais plus fin et donc plus dangereux.
  • Il sauve sa vie en dĂ©nonçant douze ou treize de ses agents Ă  Hugo Bleicher en Ă©change de la promesse qu'ils seraient considĂ©rĂ©s comme prisonniers de guerre[5].
  • Il est jugĂ© avec plusieurs de ses compagnons et emprisonnĂ© pendant dix-huit mois Ă  Fresnes, dont dix au secret.

1943

  • Le , il est dĂ©portĂ© en Allemagne, dans la forteresse de Colditz, oĂą il termine la guerre.

En 1945, il est libéré le par les Américains. Après la guerre, il est consultant, dans l'ouest parisien. Il meurt en 1986.

MĂ©moires

Pierre de Vomécourt a relaté, à plusieurs occasions, son action pendant la guerre, notamment dans les documents suivants :

  • Document remis par Pierre de VomĂ©court Ă  Marcel Ruby en , et repris par ce dernier dans son livre, chapitre III, § 1, L’épopĂ©e des De VomĂ©court, p. 41-56.
  • Dossier des archives nationales, cote 72 AJ 39/I, pièces 14a et b.
  • Dossier P 474414, consultable au SHD, Vincennes : Compte rendu de Pierre de VomĂ©court (dit Étienne, dit Lucas, dit Sylvain) sur son arrestation et les Ă©vĂ©nements qu’il est nĂ©cessaire de connaĂ®tre pour l’apprĂ©ciation du rĂ´le jouĂ© par les diffĂ©rentes personnes impliquĂ©es, tapuscrit, signĂ© le , 20 pages.

Identités

  • État civil : Édouard Pierre Fourrier de Crevoisier de VomĂ©court
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre : « Lucas » (première mission), puis « Sylvain » (deuxième mission)
    • Nom de code opĂ©rationnel : AUTOGIRO
    • Papiers d’identitĂ© : sans objet (première mission ; il est parachutĂ© sous sa propre identitĂ©) ; de Mondore (deuxième mission)

Pour accéder à des photographies de Pierre de Vomécourt, se reporter à la section Sources et liens externes, en fin d'article.

Famille

La famille de Vomécourt est originaire de Lorraine.

  • Son grand-père : torturĂ© et tuĂ© en 1870.
  • Son père : en 1914, âgĂ© de 45 ans, il s'engagea et fut tuĂ© au front presque immĂ©diatement, laissant cinq enfants, que la mort de la mère rendit orphelins peu de temps après.
  • Ses deux frères, qui ont Ă©galement travaillĂ© pour le SOE : Jean (1899-1945) ; Philippe (1902-1964), dont la propriĂ©tĂ© Bassoleil, Ă  Saint-LĂ©onard-de-Noblat, près de Limoges, a constituĂ© un point sĂ»r dès les premiers envois d'agents en France, en .

Sources et liens externes

  • Fiche sur Pierre de VomĂ©court, avec photographies : voir le site Special Forces Roll of Honour.
  • Marcel Ruby, La guerre secrète : les rĂ©seaux Buckmaster, Paris, France-Empire, , 275 p. (ISBN 978-2-7048-0448-1).
  • Michael R. D. Foot et Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac (annot.) (trad. de l'anglais par Rachel Bouyssou), Des Anglais dans la RĂ©sistance : le service secret britannique d'action (SOE) en France, 1940-1944 [« SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944 »], Paris, Tallandier, , 799 p. (ISBN 978-2-84734-329-8).
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Benjamin Cowburn, Sans cape ni Ă©pĂ©e, Gallimard, 1958.
  • Paul Guillaume, La RĂ©sistance en Sologne, J. LoddĂ©, sans date (1946 ?).
  • Philippe de VomĂ©court (trad. de l'anglais par Patricia Owen), Les artisans de la libertĂ© : histoire de la rĂ©sistance française, 1940-1945 [« Who lived to see the day »], Paris, PAC, , 254 p. (ISBN 2-85336-010-5 et 978-2-853-36010-4).

Notes

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Source : Patrice Miannay, p. 227.
  3. Paul Guillaume décrit l'épisode comme suit : Pierre de Vomécourt présenta son plan d'action au chef du 2e bureau des Forces françaises libres, qui ne s'intéressa, ni à la propagande alliée, ni au sabotage, et refusa d'utiliser les navires que les Anglais mettaient à la disposition des Français qui voulaient être rapatriés, pour transporter à peu de frais les agents de ce réseau. Les milieux militaires de carrière restaient hermétiquement fermés à la conception de la guerre secrète qui affaiblit le moral ennemi par la propagande et attaque l'organisation militaire par le sabotage.
  4. Bas-Soleil, situĂ© Ă  15 km Ă  l’est de Limoges, Ă  Saint-LĂ©onard-de-Noblat.
  5. « " LA CHATTE " ESPIONNE FRANÇAISE principale figure d'un procès en diffamation à Francfort », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
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