Denise Bloch
Denise Madeleine Bloch (dite Denise Bloch) , nĂ©e le Ă Paris et morte en janvier ou fĂ©vrier Ă RavensbrĂŒck, est une espionne et rĂ©sistante française pendant la Seconde Guerre mondiale. Membre du Special Operations Executive, elle mĂšne des actions clandestines au sein des rĂ©seaux Detective, Diplomat, Wheelwright, puis, aprĂšs une pĂ©riode dâentraĂźnement en Angleterre, Clergyman. Elle est arrĂȘtĂ©e par les Allemands en , emprisonnĂ©e et dĂ©portĂ©e Ă RavensbrĂŒck oĂč elle est exĂ©cutĂ©e.
Denise Bloch
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 29 ans) RavensbrĂŒck |
Nationalité | |
Activités |
Espionne, résistante, agent du SOE |
Conflit | |
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Lieu de détention | |
Distinctions | Liste dĂ©taillĂ©e Chevalier de la LĂ©gion d'honneurâ MĂ©daille de la RĂ©sistance Croix de guerre 1939-1945 Queen's Commendation for Brave Conduct (en) |
Prononciation
Identités
- Ătat civil : Denise Madeleine Bloch
- Comme agent du SOE, section F :
- Nom de guerre (field name) : « DaniÚle » (à Lyon) ; puis « Catherine » (Sud-Ouest) ; puis « Ambroise » (réseau CLERGYMAN)
- Nom de code opĂ©rationnel : SECRETARY (en français SECRĂTAIRE)
- Nom de code du Plan, pour la centrale radio : CRINOLINE
- Faux papiers : DaniĂšle Williams[1], Micheline Claude Rabatel
- Autre pseudonyme : Line (dans la région de Dourdan)[1]
Sa famille
Origine juive :
- son pĂšre : Jacques Henri Bloch ;
- sa mÚre : Suzanne, née Lévi-Strauss ;
- ses frĂšres : JeanâLouis Bloch, JeanâClaude Bloch et JeanâPierre Bloch.
Biographie
1916. Naissance de Denise Bloch, à Paris, 6 avenue Malakoff, aujourd'hui avenue Raymond Poincaré, dans le seiziÚme arrondissement[2].
1942.
- à Lyon, elle est secrétaire du lieutenant Jean Maxime Aron « Joseph », ancien dirigeant des usines Citroën et chef de la Résistance. Elle est fiancée à Dominique Mendelsohn (fiançailles de convenance, pour qu'il l'aide dans son travail).
- La famille de Denise Bloch, qui est juive, est raflée par la Gestapo en France occupée.
Clandestinité. Les débuts, à Lyon
- Juillet. Elle est recrutĂ©e par RenĂ© Piercy « Adolphe/Ătienne ». Ă son tour, elle recrute son fiancĂ©. Elle travaille d'abord dans le rĂ©seau DETECTIVE d'Henri Sevenet « Rodolphe » avec l'opĂ©rateur radio Brian Stonehouse « CĂ©lestin ». Elle est courrier du rĂ©seau ; de plus, elle aide et accompagne Brian Stonehouse, dont le français est insuffisant.
- Octobre. Le 24, elle assiste Ă l'arrestation de Brian Stonehouse dans la rue. Le 26, elle quitte Lyon pour Marseille. Le 31, elle a un rendez-vous Ă son hĂŽtel pour recevoir des documents secrets de l'agent L'Allemand. Le lendemain, il est arrĂȘtĂ©.
- Elle se porte volontaire pour emporter les documents Ă Lyon, Ă la place d'Aron. Mais Jean Maxime Aron et Henri Sevenet insistent pour l'accompagner, parce qu'elle est une femme seule. Ils ignorent avoir Ă©tĂ© trahis. Ă la gare, Aron est arrĂȘtĂ© prĂšs de la petite entrĂ©e[3]. Henri Sevenet, qui marche juste derriĂšre lui, passe au travers. Denise aussi, car elle a empruntĂ© la sortie principale. Elle retrouve AmĂ©dĂ©e Gontran.
Interruption
- Novembre. Le 3, Denise, Henri Sevenet et Amédée Gontran se cachent prÚs de Lyon, dans la maison de Madame Saint-Victor à Saint-Laurent-de-Chamousset. Le 10, elle part se cacher à Villefranche-sur-Mer et interrompt pendant deux mois son activité clandestine.
Reprise d'activité à Toulouse et Agen
1943.
- Janvier. Elle se déplace à Toulouse. Henri Sevenet la présente à Maurice Dupont du réseau DIPLOMAT, qui doit l'aider à aller en Espagne à partir d'Oloron. Une premiÚre tentative échoue en raison de l'abondance de la neige et de la présence de patrouilles ennemies. Ils rentrent à Toulouse. Elle y rencontre George Starr « Hilaire », chef du réseau WHEELWRIGHT, qui la confie à Philippe de Vomécourt, avec qui elle commence à travailler à Agen (Lot-et-Garonne).
En Angleterre
- Avril. Le 13, deux agents juifs, Maurice Pertschuk « EugĂšne » et l'opĂ©rateur radio Marcus Bloom « Urbain », sont arrĂȘtĂ©s. George Starr, se trouvant sans liaison radio avec Londres, dĂ©cide de lâenvoyer Ă Londres, accompagnĂ©e par Maurice Dupont, pour y porter un rapport dĂ©taillĂ©. Le 29, ils quittent Agen et entament un voyage de 22 jours pour rejoindre Londres. PremiĂšres Ă©tapes : Toulouse, Montrejeau.
- Mai. Suite du voyage, avec les Ă©tapes suivantes : âą Cier-de-Luchon (HĂŽtel des Trois Ormeaux, dont le propriĂ©taire trouve deux passeurs) âą traversĂ©e des PyrĂ©nĂ©es (marche de 17 heures, jusqu'Ă 3 300 m, avec l'aide des deux passeurs) âą samedi Ă 15 h, arrivĂ©e Ă Bausen, paiement des passeurs (5 000 francs) âą attente d'un bus pendant 3 jours ; les carabiniers espagnols lui confisquent tous ses papiers, y compris le rapport de George Starr âą Viella âą , arrivĂ©e Ă LĂ©rida, oĂč elle rencontre le consul britannique de Barcelone, qui l'invite Ă dĂźner et qui lui donne ses papiers pour continuer âą , arrivĂ©e Ă Madrid, oĂč elle reste cinq jours et rencontre quatre aviateurs alliĂ©s âą , arrivĂ©e Ă Gibraltar, oĂč elle reste trois jours âą Lisbonne âą , arrivĂ©e Ă destination Ă Londres. Dans son rapport verbal au SOE, elle souligne notamment la pĂ©nurie d'armes, d'argent, d'Ă©metteurs radio et de fournitures gĂ©nĂ©rales (vĂȘtements et nourriture font cruellement dĂ©faut Ă George Starr).
- Elle est enrĂŽlĂ©e comme Ensign du First Aid Nursing Yeomanry (FANY). Pendant neuf mois, le SOE lui fait suivre lâentraĂźnement complet dâopĂ©rateur radio.
Mission SOE en France
- DĂ©finition de la mission. Sous le nom de guerre « Ambroise », elle sera Ă la fois courrier, codeur et opĂ©rateur radio du rĂ©seau CLERGYMAN que Robert Benoist « Lionel » doit tenter de relancer dans la rĂ©gion de Nantes. Elle doit aider aux sabotages de pylĂŽnes sur la Loire Ă l'Ăźle HĂ©ron, aux coupures de voies ferrĂ©es et de lignes tĂ©lĂ©phoniques vers Nantes, qui doivent dĂ©sorganiser les communications de l'ennemi avant le dĂ©barquement. De plus, elle aura autoritĂ© pour les questions techniques, les questions de transmission ou de sĂ©curitĂ© radio. Elle devra coder les messages elle-mĂȘme (Leo Marks lui a communiquĂ© son « poem code » personnel).
1944.
- 2/. Avec Robert Benoist, elle est renvoyée en France. Un Lysander les dépose vers Chartres[4].
- Ils procÚdent à un premier repérage de leurs cibles dans la région de Nantes.
- Ils retournent chez Benoist dans la banlieue sud-ouest de Paris. Ils y reprennent contact avec Jean-Pierre Wimille et y retrouvent des armes de CHESTNUT. Benoist met son groupe S.O.E. au service du rĂ©seau TURMA VENGEANCE de la rĂ©sistance de Dourdan (auj. Essonne) en mars. Il installe son Ă©quipe dans une petite maison du village voisin de Sermaise, oĂč Denise Bloch officie comme agent radio, chargĂ©e des relations avec Londres. Plusieurs parachutages d'armes sont rĂ©alisĂ©s jusqu'en juin.
- Juin. Le 18, Robert Benoist est arrĂȘtĂ© Ă Paris.
Aux mains de l'ennemi
- Juin (suite). Le lendemain, le 19, elle est arrĂȘtĂ©e Ă son tour Ă Sermaise, avec l'ensemble du groupe SOE (sauf Jean-Pierre Wimille qui rĂ©ussit Ă s'enfuir). Elle sera interrogĂ©e et torturĂ©e, puis envoyĂ©e en Allemagne.
- Elle est emprisonnĂ©e Ă Torgau et Ă Königsberg, oĂč elle souffre de privation, de froid et de malnutrition.
- Finalement elle est envoyĂ©e au camp de concentration de RavensbrĂŒck.
1945.
- à une date comprise entre le et le , Denise Bloch, ùgée de 29 ans, est exécutée par les Allemands, et son corps est jeté dans un four crématoire[5].
Reconnaissance
Distinctions
- Grande-Bretagne :
- King's Commendation for Brave Conduct.
- France :
Monuments
Denise Bloch est honorée sur les monuments suivants :
- Mémorial de Brookwood à Brookwood, dans le Surrey, Angleterre : panneau 36, colonne 3 ; il y a aussi une plaque séparée qui lui rend hommage, ainsi qu'à Violette Szabo, Lilian Rolfe et Cecily Lefort.
- En tant que lâun des 104 agents de la Section F du SOE morts pour la France, Denise Bloch est honorĂ©e au MĂ©morial de Valençay, Indre, France.
- MĂ©morial First Aid Nursing Yeomanry (FANY) de l'Ă©glise Saint Paul Ă Londres (Wilton place, Knightsbridge).
- Plaque commĂ©morative au camp de RavensbrĂŒck.
Notes
- Source Bruno Durand, p. 19.
- Paris, Archives de Paris, cote 16N 116_1, 21 janvier 1916.
- Les hommes de la Gestapo possĂšdent sa photographie depuis qu'ils ont fait une descente dans son appartement. Plus tard, Aron parviendra Ă s'Ă©vader et Ă rentrer en Angleterre le .
- Selon Hugh Verity, le terrain est situé à l'E/SE de Chartres, à 1,5 km à l'ouest de Baudreville (Eure-et-Loir)
- Lilian Rolfe and Violette Szabo, deux autres femmes du SOE dĂ©tenues aussi Ă RavensbrĂŒck, sont exĂ©cutĂ©es dans la mĂȘme pĂ©riode. En mai, juste avant la capitulation allemande, lâagent SOE Cecily Lefort est aussi exĂ©cutĂ©e Ă RavensbrĂŒck.
Sources et liens externes
- (en) Biographie de Denise Bloch par Nigel Perrin
- Fiche Denise Bloch, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour.
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de lâhistoire du SOE en France.
- (en) Jewish virtual library : Daughters of Yael - Two Jewish Heroines of the SOE, par Martin Sugarman, archivist, British Association of Jewish Ex-Servicemen and Women â AJEX - Jewish Military Museum, London.
- Bruno Durand, Le groupe du S.O.E. de Robert Benoist, le maquis de Sermaise et la rafle des 19 au de Dourdan à St Sulpice de FaviÚres, 56 pages (p. 9-64), in Bulletin de la Société Historique de Dourdan no 49, .
- Maurice Rouneau-Rendier, Quatre ans dans l'ombre :
- Ădition originale : 1948 ;
- RĂ©Ă©dition, revue et corrigĂ©e, en tant que premiĂšre partie de Le RĂ©seau Victoire dans le Gers, mĂ©moires du Ă la LibĂ©ration, documents rassemblĂ©s par Jeanne et MichĂšle Robert, collection « TĂ©moignages et RĂ©cits », Ăditions Alan Sutton, 2003, (ISBN 2-84253-837-4). La deuxiĂšme partie est le tĂ©moignage de sa femme Jeanne Robert, intitulĂ© « Ăvasion 1943 (passage des PyrĂ©nĂ©es) ». L'activitĂ© de Denise Bloch est Ă©voquĂ©e p. 50.
- (en) Denise Bloch 1916 - 1945. jewishlivesproject.com
Liens externes
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