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Pierre Geelen

Pierre Geelen (1916-1944) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un résistant belge en France, qui fit partie successivement :

  1. du réseau CARTE d’André Girard
  2. du réseau SOE Prosper-PHYSICIAN de Francis Suttill
  3. du réseau d’évasion POSSUM de Dominique Potier, réseau appelé aussi "Mission Martin" en Belgique.
  4. du réseau SOE LABOURER de Marcel Leccia.
Pierre Geelen
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  28 ans)
Buchenwald
Nationalité
Activité

Identités

  • État civil : Pierre Albert Hubert Geelen
  • Comme agent du SOE :
    • Nom de guerre (field name) : « Pierre »
    • Nom de code opĂ©rationnel : GRINDER (en français RÉMOULEUR)
    • Nom de code du Plan, pour la centrale radio (1944) : BOLÉRO
    • Surnom : Grand-Pierre (pour les rĂ©sistants en Ardennes),
    • Faux papiers d'identitĂ© : Pierre Garde (lors du parachutage en France).

Situation militaire : SOE, section F, general list ; grade : lieutenant ; matricule : 313547

Pour accéder à une photographie de Pierre Geelen, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d’article.

Famille

  • Sa femme : Giselle Saillard, nationalitĂ© Royaume-Uni puis F, nĂ©e le Ă  Pontarlier, dernier enfant d'une famille de dix, dĂ©cĂ©dĂ©e le . Mariage en .
  • Sa fille : Ghislaine, nĂ©e le Ă  Nottingham (Angleterre). Une jumelle, Mary, est morte dans les trois jours.
  • Ses frères et sĹ“urs. 3 frères : Henri (Rick), Jan et Jacques ; 1 demi-frère : ThĂ©odore (ThĂ©o) ; 3 demi-sĹ“urs : Élise, x, x.

Éléments biographiques

Avant la guerre

1916. Naissance de Pierre Geelen le Ă  Rotem, en Belgique.

Il est instituteur.

RĂ©seau CARTE

1942.

  • Juillet. Le 19, Pierre Geelen quitte la Belgique pour tenter de s'engager dans les Forces belges reconstituĂ©es au Royaume-Uni, en passant par la France et l'Espagne.
  • AoĂ»t. Ă€ Marseille, le Belge AndrĂ© Heyermans le recrute comme agent du rĂ©seau CARTE d'AndrĂ© Girard. Avec Walthère Marly, il suit Ă  Cannes pendant trois ou quatre semaines les cours d'instruction donnĂ©s par Peter Churchill « Raoul » sur la rĂ©ception des parachutages.
  • Septembre-octobre. Il participe Ă  cinq opĂ©rations.
  • Novembre. Il reçoit pour mission de se rendre en Belgique avec AndrĂ© Heyermans, afin d'y recruter des agents et d'y repĂ©rer des terrains d'atterrissage. Avant de gagner la Belgique, les deux hommes font Ă©tape Ă  Paris, oĂą ils rencontrent Germaine Tambour et Francis Suttill, le chef du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN. AndrĂ© Heyermans y est arrĂŞtĂ© le 23[1].
  • DĂ©cembre. Après avoir cherchĂ© en vain Ă  localiser la prison oĂą Heyermans est internĂ©, Geelen quitte Paris le 10, et se rend Ă  Cannes pour rendre compte de l'arrestation d'Heyermans Ă  AndrĂ© Girard.

1943.

  • Au dĂ©but de l'annĂ©e, Ă  la suite de querelles internes opposant le chef du rĂ©seau CARTE, AndrĂ© Girard, Ă  son adjoint Henri Frager, Pierre Geelen dĂ©cide de retourner Ă  Paris et de se mettre au service de Francis Suttill.

RĂ©seau Prosper-PHYSICIAN

  • Mars. Dès qu'il a reçu l'argent, Pierre Geelen, accompagnĂ© de Walthère Marly, revient Ă  Paris le 8, et reprend contact avec Francis Suttill, qui les affecte comme conseillers techniques pour les parachutages : Walthère Marly au centre de Muno (section Godfrin) et Pierre Geelen dans le secteur d'Hirson, au centre d'Origny-en-ThiĂ©rache (section Manes), oĂą il s'installe chez les sĹ“urs Oudin[2].
  • Mars Ă  juin. Pierre Geelen organise trois opĂ©rations de parachutage sur un terrain situĂ© entre Origny-en-ThiĂ©rache et Hirson sur le territoire de la commune de Buire, dont une en prĂ©sence d'Armel Guerne « Gaspard »[3]. Il se rend deux fois en Belgique pour y chercher des nouvelles de sa famille et rendre visite Ă  Walthère Marly. Geelen et Marly se retrouvent Ă  plusieurs reprises Ă  Carignan chez Georges Lefèvre qui les hĂ©berge, et sert de boĂ®te aux lettres entre eux et Armel Guerne, que Georges Lefèvre ne connaĂ®t que sous son pseudo de « Gaspard ».
  • Juin. Le 17, Pierre Geelen se rend Ă  Paris pour rendre compte de son activitĂ©, et signaler l'endommagement du poste Ă©metteur larguĂ© le 14/. Francis Suttill l'informe que sa photographie et celle de Marly ont Ă©tĂ© trouvĂ©es par la police allemande venue arrĂŞter Germaine Tambour dans son appartement parisien le . ConsidĂ©rant que cela est dĂ©sormais devenu trop dangereux, il lui demande de ne plus venir Ă  Paris. Le 21, Pierre Geelen reçoit Ă  Origny-en-ThiĂ©rache une lettre d'Armel Guerne dĂ©clarant qu'il est malade et qu'il ne faut lui adresser aucune lettre afin, Ă©crit-il de « ne pas faire monter la fièvre », message signifiant Ă  Geelen qu'il ne doit pas chercher Ă  reprendre contact avec Guerne Ă  Paris.
  • Juillet. Walthère Marly rejoint Geelen Ă  Origny-en-ThiĂ©rache le 5. Sans nouvelle de Francis Suttill - qui a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©, mais ils l'ignorent - ils envoient Ă  Paris Adrien Saulnois et le chef de gare d'Hirson, Delavelle, pour s’informer de la situation. ArrĂŞtĂ©s, ceux-ci seront relâchĂ©s au bout d'une semaine. Dans la soirĂ©e du 6, Geelen et Marly eux-mĂŞmes sont arrĂŞtĂ©s Ă  Origny-en-ThiĂ©rache par une patrouille allemande au cours d'un contrĂ´le d'identitĂ©, et conduits devant le maire, Monsieur Fontaine, qui parle allemand et sert d'interprète. Mais ils parviennent Ă  prendre la fuite au moment oĂą les Feldgendarmes veulent les emmener pour perquisitionner au domicile de Geelen, oĂą il avait cachĂ© un pistolet sous son oreiller. Ils se rendent Ă  pied Ă  Charleville, puis vont se rĂ©fugier en Belgique. Pierre Geelen y est hĂ©bergĂ© Ă  Florenville chez Catherine Waltener[4], et Ă  Chiny, chez Madeleine Grandjean[5]. Walthère Marly se rĂ©fugie chez les parents d'AndrĂ© Heyermans Ă  Herbeumont, oĂą il Ă©chappe de peu Ă  une nouvelle arrestation.

RĂ©seau POSSUM

  • Juillet (suite). Le 15, Madeleine Grandjean apprend Ă  Pierre Geelen que deux parachutistes britanniques – en rĂ©alitĂ© l'officier belge, Dominique Potier, chef de la Mission MARTIN, et son radio canadien, Conrad Lafleur - ont atterri Ă  quelques kilomètres de Chiny. Geelen, après avoir examinĂ© les parachutes et les harnais pour vĂ©rifier lui-mĂŞme qu'il s'agit bien de parachutistes venant d'Angleterre, dĂ©cide de leur porter secours. Geelen rencontre Dominique Potier Ă  Muno et lui demande d'envoyer pour lui un message Ă  Londres. La rĂ©ponse que reçoit Potier est qu'il serait très dangereux pour lui de rester en contact avec Geelen, et qu'il ferait mieux de le quitter. MalgrĂ© l'avertissement de Londres, Dominique Potier intègre Pierre Geelen Ă  son Ă©quipe. Comme Potier n'a pu obtenir de couverture pour sa mission en France, Pierre Geelen lui fournit, ainsi qu'Ă  Lafleur, des papiers d'identitĂ©, des certificats de travail et des cartes de ravitaillement français, avec l'aide d'Arthur Dacremont et de Gaston Biazot.
  • AoĂ»t. Le 14. Potier va chez Raymond Gallet, artisan peintre de Fismes, et lui expose l'objet de sa mission : mettre en place dans le triangle Laon-Soissons-Reims, un rĂ©seau d'hĂ©bergement des Ă©quipages alliĂ©s abattus en territoire occupĂ©, et assurer leur rapatriement par avion. Le 17, Pierre Geelen arrive Ă  Fismes et s'installe chez Raymond Gallet quelques jours, avant de trouver une chambre dans un hĂ´tel. Alerte : alors qu'il se trouve Ă  Fismes, Geelen est interpellĂ© par deux Feldgendarmes, mais parvient Ă  leur Ă©chapper.
  • Nuit du 13 au . C'est le premier pick up du rĂ©seau POSSUM, par Lysander[6]. ProgrammĂ© depuis le , il a lieu sur le terrain BRASENOSE[7] et ramène trois pilotes : Fred Gardiner, Herbert Pond. En rĂ©alitĂ© le troisième a Ă©tĂ© refoulĂ© Ă  la frontière franco-belge, et Dominique Potier lui substitue Pierre Geelen qui, recherchĂ© par les Allemands, constitue un danger pour le rĂ©seau. C'est ainsi que Pierre Geelen revint en Angleterre par un Lysander pilotĂ© par Hugh Verity.

RĂ©seau LABOURER

1944

  • Avril. Après sept mois en Angleterre, Pierre Geelen, qui vient d'ĂŞtre commissionnĂ© lieutenant de l'armĂ©e britannique, est parachutĂ© en France, Ă  NĂ©ret (Indre), dans la nuit du 5 au . Il vient comme opĂ©rateur radio du rĂ©seau LABOURER, avec Marcel Leccia « Baudouin », chef du rĂ©seau et ÉlisĂ©e Allard « Henrique », adjoint. Son nom de guerre est « Pierre ». Pour des rĂ©cits dĂ©taillĂ©s, se reporter Ă  l'article Marcel Leccia, section Mission en France : RĂ©cit de la rĂ©ception de l'Ă©quipe LABOURER et ActivitĂ© de l'Ă©quipe LABOURER.

Aux mains de l’ennemi

  • Mai. Peu après leur arrivĂ©e Ă  Paris oĂą ils cherchent Ă  Ă©tablir des contacts, les lieutenants Marcel Leccia, ÉlisĂ©e Allard et Pierre Geelen sont dĂ©noncĂ©s et arrĂŞtĂ©s. L'arrestation est connue Ă  Londres le 9. Ils sont enfermĂ©s Ă  Fresnes.
  • AoĂ»t. Pierre Geelen est dĂ©portĂ© Ă  Buchenwald le 5. Traversant la Champagne, le train qui l'emmène en Allemagne est bombardĂ© aux environs de Châlons-sur-Marne et mis hors d'usage. Un camion l'achemine Ă  Verdun, Metz, puis Sarrebruck, puis Ă  nouveau en train jusqu'Ă  Buchenwald.
  • Septembre. Pierre Geelen est exĂ©cutĂ© le , suspendu par le cou Ă  un crochet scellĂ© dans le mur du four crĂ©matoire.

Reconnaissance

Distinction

Aucune distinction n'est mentionnée dans la brochure Le Mémorial de la section F.

Monuments

  • En tant que l'un des 104 agents du SOE section F morts pour la France, Pierre Geelen est honorĂ© au mĂ©morial de Valençay (Indre).
  • Une stèle est Ă©rigĂ©e Ă  NĂ©ret Ă  la mĂ©moire du groupe de trois agents SOE qui Ă©taient venus installer le rĂ©seau LABOURER (Marcel Leccia, chef du rĂ©seau, ÉlisĂ©e Allard, son adjoint et Pierre Geelen, son opĂ©rateur radio). La stèle se trouve Ă  l'endroit oĂą ils avaient Ă©tĂ© parachutĂ©s dans la nuit du 5 au . Lieu : NĂ©ret dans l'Indre, au sud-est de Châteauroux, au lieu-dit Acre, au bord de la route du Château d'Acre. Date d'inauguration : .
  • Brookwood Memorial, Surrey, panneau 22, colonne 1.
  • au camp de Buchenwald, une plaque, inaugurĂ©e le , honore la mĂ©moire des officiers alliĂ©s du bloc 17 assassinĂ©s entre et , notamment vingt agents du SOE, parmi lesquels figure « Geelen, Lt. P.A.H. Â».

Annexes

Notes

  1. André Heyermans a déjà été arrêté en septembre 1942 en voulant franchir la Ligne de démarcation à La Réole en Gironde. Il a été interné dans un camp en France, d'où il est parvenu à s'évader au bout de deux mois.
  2. Elles ont auparavant hébergé Armel Guerne « Gaspard », chargé au sein de l'état-major parisien du réseau Prosper-PHYSICIAN de piloter le groupe de Muno, et déjà venu superviser plusieurs opérations dans ce secteur.
  3. L'opération PHYSICIAN 18 échoua le 12/13 mars 1943 en raison de l'absence de réception, mais réussit le 13/14 avril un parachutage de 5 containers. L'opération PHYSICIAN 30 largue 10 containers et 1 paquet, le 21/22 mai. Selon Pierre Geelen (mais les détails manquent dans les dossiers), une autre opération réussit le 14/15 juin, mais un parachute ne s'ouvre pas, ce qui endommage le poste émetteur destiné à John Macalister « Valentin », lequel est parachuté la nuit suivante en Sologne.
  4. Catherine Waltener, commerçante à Florenville, appartient au groupe de Chiny du Corps franc ardennais ; elle héberge des pilotes alliés, leur procure de faux papiers et fait la liaison entre les différents groupes de résistance du secteur de Chiny-Florenville-Muno et le maquis du Banel.
  5. Madeleine Grandjean, née Kinsbergen, épouse d'un officier belge prisonnier en Allemagne, dirige le groupe de Chiny du Corps franc ardennais et travaille aussi pour le service de renseignements Bayard d'Adelin Husson.
  6. Message de la BBC : « Le soleil luira pour tout le monde ».
  7. S de Laon, km S/SE de Dhuizel (Aisne)

Sources et liens externes

  • Fiche Pierre Geelen, sous son pseudo Pierre Garde, avec photographie, sur le site Special Forces Roll of Honour
  • Jean-Pierre Husson, dossier en ligne Histoire et mĂ©moires des rĂ©seaux, Centre rĂ©gional de documentation pĂ©dagogique de Champagne-Ardenne, 2000-2008.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8) / EAN 13 : 9782847343298. Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004. Ce livre prĂ©sente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une rĂ©fĂ©rence essentielle sur le sujet du SOE en France. Le rĂ©seau LABOURER est Ă©voquĂ© page 513.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit…, prĂ©face de Jacques Mallet, 5e Ă©dition française, Éditions Vario, 2004. (ISBN 2-913663-10-9). Voir p. 278. Pierre Geelen est le passager que Verity appelle « Grand-Pierre ».
  • Le MĂ©morial de la section F, Gerry Holdsworth Special Forces Charitable Trust, 1992.

Sources Ă  exploiter

  • Alfred Dubru, Pages d'histoire de la RĂ©sistance dans la rĂ©gion de Florenville (1940-1944), Arlon.
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