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Camp de concentration de Natzweiler-Struthof

Le Konzentrationslager (KL) Natzweiler, plus connu en France sous le nom de camp du Struthof ou camp de concentration de Natzweiler-Struthof, est un camp de concentration nazi implanté en 1941 sur le territoire de l'Alsace annexée par l'Allemagne nazie[note 1].

Camp de concentration de Natzweiler-Struthof
Camp de concentration du Struthof.jpg
L'entrée du camp de concentration de Natzweiler-Struthof
Présentation
Nom local KL Natzweiler-Struthof
Type Camp de concentration de niveau II (Lagerstufe II)

Haut lieu de la mémoire nationale

Gestion
Date de création
Géré par Inspection des camps de concentration puis Office central SS pour l'économie et l'administration
DirigĂ© par Hans HĂŒttig
Egon Zill
Josef Kramer
Friedrich Hartjenstein
Heinrich Schwarz. Camps annexes.
Date de fermeture 22 novembre 1944 (camp principal). Mars/avril 1945 pour les camps annexes de la rive droite du Rhin.
Victimes
Nombre de détenus Environ 52 000
Morts Environ 17 000
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Alsace
Commune de France Natzwiller
CoordonnĂ©es 48° 27â€Č 20″ nord, 7° 15â€Č 15″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Bas-Rhin
(Voir situation sur carte : Bas-Rhin)
Camp de concentration de Natzweiler-Struthof
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Camp de concentration de Natzweiler-Struthof

Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (1951, immeuble de la chambre Ă  gaz)
Logo monument historique ClassĂ© MH (2011, ensemble du pĂ©rimĂštre de l'ancien KL (hĂŽtel du Struthof et annexe, double enceinte intĂ©rieure et extĂ©rieure, Kartoffelkeller, Villa Ehret, Ravin de la Mort, blocks, sabliĂšre, chemin des DĂ©portĂ©s), carriĂšre (vestiges des constructions, galeries creusĂ©es), tous les chemins terrassĂ©s, chĂąteau d'eau, transformateur Ă©lectrique)

En septembre 1940, les nazis dĂ©couvrent, sur le Mont-Louise, Ă  proximitĂ© du village de Natzwiller, germanisĂ© en Natzweiler, un filon de granit rose. En mars 1941, le ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler ordonne d'implanter sur le site un camp de concentration pour exploiter la roche au profit du Reich.

Entre 1941 et 1945, environ 52 000 prisonniers sont enregistrĂ©s au camp principal et/ou dans son rĂ©seau de camps annexes[1]. Trente-deux nationalitĂ©s y sont reprĂ©sentĂ©es[2]. Pour le camp principal, les dĂ©tenus sont majoritairement des opposants politiques ou des rĂ©sistants. Pour les camps annexes, ce sont essentiellement des travailleurs forcĂ©s raflĂ©s dans les pays de l'Est de l'Europe avec 17% de Juifs.

Le KL Natzweiler est le seul camp de concentration Ă©tabli par les nazis sur le territoire français actuel. De 1941 Ă  1944, des expĂ©riences mĂ©dicales sont rĂ©alisĂ©es sur des dĂ©tenus du camp principal. À partir de 1942, il devient un lieu d'exĂ©cution pour les condamnations Ă  mort prononcĂ©es par les tribunaux nazis d'Alsace-Moselle et du Bade-Wurtemberg. À la fin de l'annĂ©e, il commence Ă  dĂ©velopper un rĂ©seau de camps annexes. En 1943, Natzweiler est dĂ©signĂ© comme camp de regroupement de tous les dĂ©tenus masculins, victimes du dĂ©cret Nuit et brouillard, dĂ©tenus dits « NN » (en allemand : Nacht und Nebel).

Fait unique dans l'histoire concentrationnaire, Natzweiler est le seul KL qui continue Ă  fonctionner, via ses camps annexes, aprĂšs l'Ă©vacuation du camp principal. On estime entre 17 000 et 22 000 le nombre de morts dans le camp et dans son rĂ©seau de sous-camps [3] - [4]. C'est le premier camp de concentration dĂ©couvert par les AmĂ©ricains le 25 novembre 1944 (sur l’autre front, Ă  l’est, Majdanek fut le premier camp de la mort dĂ©couvert par les Russes le 24 juillet 1944).

Un camp de concentration nazi en Alsace

Vue du camp aprÚs sa découverte. 1944.
L'entrée du camp. Décembre 1944.
Potence destinée aux exécutions.

C'est au cours d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte et ministre du Reich, note la prĂ©sence dans la rĂ©gion de granit rose[5]. La dĂ©cision fut alors prise d'y installer un camp visant Ă  l'extraction du granite par les dĂ©portĂ©s. C'est le gĂ©ologue SS-ObersturmbannfĂŒhrer (lieutenant-colonel) Karl Blumberg qui trouve le meilleur site pour l'extraction du granite et qui dĂ©termine l'emplacement du futur camp[6]. Il se trouve au lieu-dit du Struthof, un Ă©cart de la commune de Natzwiller.

Le camp est officiellement ouvert le [7]. Il est classé « Camp de niveau II » (Lagerstufe II)[8] - [9]. Les 21 et 22 mai, deux convois de 150 détenus chacun, en provenance du KL Sachsenhausen, arrivent sur site. "Logés" dans les dépendances de l'hÎtel du Struthof, ils vont travailler à la construction du camp et des routes d'accÚs[10].

À la fin de l’annĂ©e, 539 dĂ©tenus sont immatriculĂ©s Ă  Natzweiler, venus de Sachsenhausen, Dachau et

Buchenwald. Dans leur majoritĂ©, il s'agit d'Allemands (ou assimilĂ©s) dĂ©portĂ©s de droit commun, politiques et asociaux. Natzweiler n'est encore qu'un « camp fermĂ© » (geschlossenes Lager) et ne peut recevoir d’autres dĂ©tenus que ceux dĂ©jĂ  internĂ©s dans un autre camp.

Le 15 aoĂ»t 1942, Natzweiler devient un « camp d’affectation » (Einweisungslager)[11]: les dĂ©tenus peuvent lui ĂȘtre directement affectĂ©s par les services de police nazis. Les effectifs commencent Ă  croĂźtre et un premier kommando (camp annexe) ouvre Ă  Obernai le .

En 1943, les immatriculations quadruplent (4 089) et le camp est achevĂ© dans sa construction en octobre. Toute l’Europe y est prĂ©sente. Polonais et SoviĂ©tiques forment dĂ©sormais 35 % de l’ensemble des dĂ©tenus. Les Allemands et assimilĂ©s rĂ©gressent (22 %) tandis que la part des dĂ©tenus d’Europe occidentale augmente : Français, NorvĂ©giens, NĂ©erlandais. Les dĂ©tenus politiques sont devenus largement majoritaires.

L'annĂ©e 1944 connaĂźt une forte envolĂ©e du nombre d'immatriculations : du 1er janvier au , 23 199 arrivĂ©es sont enregistrĂ©es, et le KL reçoit dĂ©sormais des convois de femmes dans ses camps annexes.

Le plan Wuste entraine la crĂ©ation de sept camps extĂ©rieurs et de dix sites de production installĂ©s le long de la ligne de chemin de fer TĂŒbingen-Rottweil: parmi lesquels Erzingen, Schömberg, Schörzingen notamment consacrĂ©s Ă  l'extraction de schiste bitumineux. Natzweiler devient avant tout un sas de passage et de tri avant une affectation dans un de ses camps annexes. De fait, la grande majoritĂ© des dĂ©tenus alors immatriculĂ©s par le sigle administratif « KL-Na » ne connaissent pas le camp-souche. Au , sur les 23 199 immatriculations enregistrĂ©es depuis le mois de janvier de la mĂȘme annĂ©e, 18 151 (dont 2 398 femmes juives) sont dĂ©tenus dans un camp extĂ©rieur et on peut estimer Ă  35 000[12] ceux qui ne sont jamais passĂ©s par le camp principal[13].

Alors qu'il Ă©tait initialement prĂ©vu pour recevoir un total de 3 000 prisonniers[14], le camp-souche du KL en compte environ 6 000 en 1944[15]. Natzwiller se trouve alors au centre d'un complexe comprenant environ 30 kommandos[16], auxquels s'ajoutent 20 autres camps annexes aprĂšs [17], rĂ©partis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne.

Fin aoĂ»t 1944, devant l'avancĂ©e des forces alliĂ©s, le WVHA dĂ©cide d'Ă©vacuer le camp principal. Le 1er septembre, le commandant du camp, Fritz Hartjenstein rĂ©dige l'ordre d'Ă©vacuation. Elle dĂ©bute le 4 septembre et s'achĂšve le 22 novembre. Dans le mĂȘme temps, les camps annexes de la rive gauche du Rhin sont Ă©galement Ă©vacuĂ©s. La majoritĂ© des dĂ©tenus est transfĂ©rĂ©e Ă  Dachau[18].

L'administration SS s'installe à Guttenbach, Binau et Neunkirchen[19]. Les kommandos de Natzweiler situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler, et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à l'évacuation des derniers camps annexes[6].

Le , une patrouille de la 3e division d'infanterie américaine pénÚtre dans un KL totalement vidé de ses occupants[20].

La carriĂšre de granit rose

Une partie de l'ancienne carriĂšre aujourd'hui.
Intérieur de l'un des trois tunnels de la carriÚre.

La carriĂšre se situe Ă  environ 800 mĂštres du camp. Elle est exploitĂ©e par la Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH (DEST). L'extraction du granit dĂ©bute vĂ©ritablement avec l'arrivĂ©e, le 14 mars 1942, de 401 dĂ©tenus en provenance du KL Buchenwald[21]. Jusqu'Ă  1 400 dĂ©portĂ©s vont travailler Ă  l'extraction du granite. Le travail est particuliĂšrement dur et souvent meurtrier. Hans Stein, dĂ©portĂ© Ă  Natzweiler le 23 mai 1941, tĂ©moigne[22] :

« C'Ă©tait un travail particuliĂšrement pĂ©nible car nous devions dĂ©tacher le granite Ă  l'aide d'outils manipulĂ©s Ă  la main. Nous devions travailler sans interruption, quelles que soient les intempĂ©ries sous la surveillance de SS et de kapos. Afin de nous interdire tout repos, il y avait des W.C. ambulants montĂ©s sur des roues en fer, qui se trouvaient toujours Ă  proximitĂ© des travailleurs. J'ai pu constater, notamment en Ă©tĂ©, que les internĂ©s tombaient, frappĂ©s Ă  mort par suite d'insolation. On devait travailler de 6 heures du matin Ă  7 heures du soir avec une pause de 3/4 d'heure Ă  midi pour que nous puissions dĂ©jeuner. La nourriture nous Ă©tait apportĂ©e sur place. [...] Les heures de travail Ă©taient les mĂȘmes durant l'hiver, la carriĂšre Ă©tant Ă©clairĂ©e par des projecteurs. »

En 1942, la dĂ©gradation de la situation militaire de l'Allemagne va amener un profond changement dans la mission des KL. Le 30 avril, le  chef du WVHA, Oswald Pohl rĂ©dige une note Ă  Himmler dans laquelle il prĂ©cise[23] :

« La guerre a apporté des changements structuraux visibles dans les camps de concentration, et a radicalement modifié leurs tùches, en ce qui concerne l'utilisation des détenus. La détention pour les seuls motifs de sécurité, éducatifs ou préventifs, ne se trouve plus au premier plan. Le centre de gravité s'est déplacé vers le cÎté économique. »

Natzweiler, comme les autres KL, est directement affectĂ© par ce changement de cap. En 1943, l'exploitation du granite ralentit. Un ensemble de quatorze baraques est construit sur le site de la carriĂšre. À l'intĂ©rieur les dĂ©portĂ©s travaillent au dĂ©montage de moteurs d'avions abattus ou tombĂ©s en panne, au profit de l'avionneur Junkers dont une succursale est installĂ©e Ă  Strasbourg. À partir de 1944, des dĂ©portĂ©s creusent trois tunnels dans la carriĂšre. Ils doivent, Ă  terme, se rĂ©unir pour former une galerie capable d'accueillir des ateliers mĂ©caniques Ă  l'abri des bombardements. Lâ€˜Ă©vacuation du camp en septembre ne permet pas l'aboutissement du projet[24].

Les détenus

Les dĂ©tenus sont arrĂȘtĂ©s pour des motifs divers. Les premiers dĂ©portĂ©s du camp sont essentiellement allemands, dĂ©tenus de droit commun, « asociaux », Tsiganes ou politiques. À partir de 1942, parmi les dĂ©portĂ©s on trouve des SoviĂ©tiques, parfois prisonniers de guerre, des Polonais et quelques dĂ©portĂ©s originaires des territoires annexĂ©s par le IIIe Reich : TchĂšques, Alsaciens, Lorrains[25]. En 1943, arrivent en grand nombre des dĂ©portĂ©s luxembourgeois, puis des RĂ©sistants de diffĂ©rentes nationalitĂ©s, venant de divers camps de concentration ou prisons en Europe : Belges, NĂ©erlandais, NorvĂ©giens et Français. Parmi ces derniers, de nombreux militaires, notamment membres de l'ArmĂ©e secrĂšte et de l'Organisation de rĂ©sistance de l'armĂ©e, sont aussi dĂ©portĂ©s au camp de Natzweiler. Les rĂ©sistants alsaciens et mosellans, tel que La Main Noire de Marcel Weinum, sont eux, principalement internĂ©s au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck. En juin 1943, le premier convoi de dĂ©tenus Nacht und Nebel arrive au camp.

Sur les 52 000 dĂ©portĂ©s enregistrĂ©s au camp, environ 25 000 sont de nationalitĂ© polonaise ou soviĂ©tique, soit prĂšs de 50 % du total des effectifs[26].

Plus de 7 000 Français ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s au KL Natzweiler[27].

Les juifs (déportés pour raisons raciales ou faits de résistance) représentent 11 % du nombre total des détenus de Natzweiler[28]. La plupart d'entre eux, originaires de Hongrie et de Pologne, arrivent à partir de 1944 au camp et sont affectés dans des camps annexes[25].

Les conditions inhumaines de travail et de dĂ©tention, la malnutrition, les sĂ©vices des kapos et des SS, ainsi que les nombreuses exĂ©cutions par balle ou pendaison[29], ont provoquĂ© la mort de milliers de dĂ©tenus. L'Ă©vacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors des « marches de la mort », a coĂ»tĂ© la vie Ă  environ 5 000 dĂ©portĂ©s.

Les gardiens

La villa du Struthof et sa piscine. SiĂšge de la Kommandantur du KL Natzweiler de 1941 Ă  1944.

Les premiers SS arrivent sur le site courant avril 1941. Ils prennent leurs quartiers dans l'auberge du Struthof et dans la villa situĂ©e Ă  moins de 100 mĂštres du futur camp. Ils y installent la Kommandantur. Le 28 avril, Hans HĂŒttig, le premier commandant, rĂ©dige le Kommandantur-Befehl (ordonnance) No 1. Il y annonce l'ouverture officielle du camp le 1er mai[30]. Une partie des SS qui escortent les convois des 21 et 23 mai va constituer la compagnie de garde[31]. La garnison va s'Ă©tablir progressivement Ă  80 hommes pour la Kommandantur et Ă  150 hommes pour la compagnie de garde (1/SS-Totenkopfsturmbann)[32]. Avec le dĂ©veloppement des camps annexes, de nouvelles compagnies de garde sont crĂ©Ă©es. En septembre 1944, Natzweiler en compte 11[33]. Alors que le camp principal est en train de disparaĂźtre, l'Ă©tat des effectifs, du 14 octobre 1944, mentionne 1 676 personnels dont 21 femmes (gardiennes ou auxiliaires radio) [34]. Ce ne sont pas tous des membres de la SS. À partir de l'Ă©tĂ© 1944, de nombreux soldats de la Wehrmacht (Heer et Luftwaffe), pour beaucoup inaptes au combat, sont affectĂ©s Ă  Natzweiler[35]. Entre 1941 et 1945, au moins 2 200 hommes et femmes ont servi Ă  Natzweiler et dans ses annexes. Plus de 800 provenaient de la Wehrmacht [36].

Cinq commandants se succĂšdent Ă  la tĂȘte du KL Natzweiler : Hans HĂŒttig (1941-1942), Joseph Kramer (interim), Egon Zill (1942), Joseph Kramer (1942-1944), Fritz Hartjenstein (1944-1945) et Heinrich Schwarz (1945). Ce dernier ne dirigera que les camps annexes de la rive droite du Rhin.

Les exécutions massives et crimes de guerre

Le four crématoire du camp, 1944.
Plaque à la mémoire des membres du réseau Alliance, assassinés dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944 au KL Natzweiler.
Plaque à la mémoire des résistants du GMA-Vosges, assassinés dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944 au KL Natzweiler.
Plaque d'identité du sergent Frederick Habgood, découverte dans la fosse aux cendres du KL Natzweiler en août 2018.

À partir de 1942, le camp a servi de lieu d'exĂ©cution pour de nombreux rĂ©sistants et prisonniers de guerre issus de la majeure partie des pays occupĂ©s par l'Allemagne nazie et condamnĂ©s par les juridictions nazies. Le dĂ©portĂ© AimĂ© Spitz tĂ©moigne :

« Hors du camp, Ă  quelque 100 mĂštres, se trouvait une sabliĂšre. C'est lĂ  qu'environ cinq cents camarades furent fusillĂ©s, soit Ă  coups de mitraillette, soit Ă  coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, aprĂšs 18 heures, onze Luxembourgeois appartenant Ă  la RĂ©sistance furent fusillĂ©s dans cette sabliĂšre. Ce genre d'exĂ©cution, ordonnĂ©e par le ministĂšre de la SĂ»retĂ© d'État de Berlin, avait lieu le soir aprĂšs l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant la Schreibstube (secrĂ©tariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'une Sonderbehandlung (traitement spĂ©cial). Ce genre de dĂ©tenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils Ă©taient amenĂ©s par la Gestapo pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. Leurs corps Ă©taient ensuite transportĂ©s au crĂ©matoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part[37]. »

Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes[38].

Peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre mentionnĂ©s les faits suivants :

  • les 17 et , quatorze jeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillĂ©s Ă  la carriĂšre pour avoir refusĂ© leur incorporation de force dans la Wehrmacht et tentĂ© de quitter la zone annexĂ©e[39] ;
  • ImmatriculĂ©s au camp le 18 mai 1944, huit Luxembourgeois et trois Français, rĂ©sistants du rĂ©seau F-16,9, sont fusillĂ©s le lendemain Ă  la sabliĂšre du camp.
  • Quatre femmes, deux Britanniques et deux Françaises, agents du Special Operations Executive, un service secret britannique, sont exĂ©cutĂ©es par injection le . Une plaque commĂ©morative apposĂ©e dans le block crĂ©matoire rappelle leurs noms : Diana Rowden, Vera Leigh, AndrĂ©e Borrel et Sonia Olschanezky ;
  • deux officiers de la RAF ayant pris part Ă  la Grande Évasion du Stalag Luft III, Dennis H. Cochran et Tony Hayter sont exĂ©cutĂ©s Ă  proximitĂ© du Struthof respectivement les et ; leurs corps sont ensuite immĂ©diatement incinĂ©rĂ©s dans le four crĂ©matoire du camp.
  • Dans la nuit du 28 au , un avion anglais Lancaster s'Ă©crase au pied du mont Sainte-Odile. Le sergent Frederick Harold Habgood (21 ans) a sautĂ© en parachute de l'avion avant qu'il ne s'Ă©crase et atterrit au Langen Weg, Ă  Ottrott. Il est alors pris en charge par la population pour ĂȘtre remis Ă  la RĂ©sistance. DĂ©noncĂ© Ă  la Gestapo, il est internĂ©, le 30 juillet au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck. Le lendemain, il est transfĂ©rĂ© Ă  Natzweiler oĂč il est pendu. Son corps n'a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©[40] ; la dĂ©couverte en 2018 de sa plaque d'identitĂ© dans la fosse aux cendres du camp confirme que celui-ci a Ă©tĂ© incinĂ©rĂ© rapidement aprĂšs son dĂ©cĂšs[41] - [42]. Le 12 septembre 2021, la plaque est remise aux descendants de F. Habgood qui l'ont confiĂ©e le 1er dĂ©cembre, Ă  St Clement Danes, l'Ă©glise de la RAF[43].
  • Antoine Becker, ancien commissaire des Renseignements gĂ©nĂ©raux de Strasbourg, puis commissaire central de police Ă  Marseille sous l'Occupation, est abattu d'une balle dans la nuque lors de son transfert Ă  Natzweiler courant aoĂ»t 1944. Il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le par la Gestapo en raison de ses activitĂ©s contre les autonomistes et les agents allemands entre les deux guerres en Alsace. Antoine Becker avait notamment participĂ© Ă  la rĂ©pression du rĂ©seau Karl Roos. ImmĂ©diatement aprĂšs son assassinat, son corps est incinĂ©rĂ© dans le four crĂ©matoire du camp[44].
  • Face Ă  l'avancĂ©e des troupes alliĂ©es, les SS commencent Ă  massacrer systĂ©matiquement certains dĂ©tenus, particuliĂšrement les rĂ©sistants français, qui arrivent en grand nombre au camp du 31 aoĂ»t au . Ainsi, dans la nuit du 1er au 2 septembre[45] - [46], 106 rĂ©sistants du RĂ©seau Alliance, dont 15 femmes, sont transfĂ©rĂ©s depuis le camp de Schirmeck Ă  Natzweiler, afin d'y ĂȘtre exĂ©cutĂ©s d'une balle dans la nuque, puis immĂ©diatement incinĂ©rĂ©s dans le four crĂ©matoire[47]. Au cours de la mĂȘme nuit, 35 membres des Groupes mobiles d'Alsace-Vosges (GMA-V), capturĂ©s par les Allemands Ă  la suite de l'Ă©chec de l'OpĂ©ration Loyton, sont Ă©galement exĂ©cutĂ©s[48]. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes)[49] qui auraient Ă©tĂ© assassinĂ©s au Struthof[50].

Les « expériences médicales »

La plaque commémorative rappelant les noms des quatre-vingt-six Juifs gazés par le professeur Hirt en août 1943 pour ses « expériences » pseudo-scientifiques.
Le bùtiment de la chambre à gaz située à km en contrebas du camp.
Intérieur de la chambre à gaz.
Un soldat américain et un FFI examinent la table d'autopsie dans le block crématoire. 1944.
Table d'autopsie du camp.

DÚs 1941, des expériences médicales sont menées à Natzweiler.

ExpĂ©riences sur les sulfamides : À la fin de l'annĂ©e, des mĂ©dicaments Ă  base de sulfamides (Eleudron et Albucid) sont administrĂ©s Ă  des dĂ©tenus atteints de diarrhĂ©es et d'affections oculaires. Ces expĂ©riences sont menĂ©es par l'HauptsturmfĂŒhrer Hans Eisele, 2e mĂ©decin en chef du camp, sous le contrĂŽle de l'IKL[51].

En novembre 1942, afin de mener des expĂ©riences mĂ©dicales Ă  caractĂšre militaire, la Sonderabteilung H (pour Hirt) de l’Ahnenerbe s'installe dans le camp[52] - [53]. Trois professeurs, exerçant Ă  l'universitĂ© du Reich de Strasbourg (ReichsuniversitĂ€t Strassburg), vont y mener des recherches : l'anatomiste August Hirt, le virologiste Otto Bickenbach et le bactĂ©riologiste Eugen Haagen.

Expériences sur le gaz moutarde : DÚs le 25 novembre, Hirt commence ses expériences pour étudier l'efficacité d'un traitement contre les effets du gaz moutarde (ypérite)[54]. Les archives de Hirt ayant été détruites par sa secrétaire, il y a peu d'information sur ces expérimentations. Cependant, deux détenus qui travaillaient à la station Ahnenerbe, Ferdinand Holl et Hendryk Nales ont pu témoigner aprÚs guerre. Le 19 mai 1948, F. Holl est auditionné par la justice militaire française. Il raconte[55] :

« 30 hommes tous Allemands, condamnĂ©s de droit commun, ont Ă©tĂ© conduits Ă  la station Ahnenerbe. Pendant plusieurs jours, ils ont reçu la mĂȘme nourriture que les SS et ont absorbĂ© 30 gouttes de Vigan (vitamines). Lorsqu'il eurent repris des forces, on commença les expĂ©riences [...]. Sur la face interne des deux poignets, l'officier plaçait une goutte de gaz liquide. Ce gaz avait une terrible action corrosive [...]. AprĂšs 10 ou 12 heures, l'Ă©piderme devenait rouge. Des cloques se formaient, semblables Ă  celles occasionnĂ©es par une brĂ»lure. Tous les jours, les malades Ă©taient photographiĂ©s pour permettre au professeur Hirt de suivre l'Ă©volution de cette expĂ©rience. AprĂšs trois Ă  quatre jours, on compta quatre morts. Quelques-uns Ă©taient aveugles. »

F. Holl évoque quatre séries d'expériences avant décembre 1943. Elles auraient fait au moins cinq victimes.

À l'automne 1942, une chambre Ă  gaz est amĂ©nagĂ©e dans une dĂ©pendance de l'auberge du Struthof. Les travaux sont achevĂ©s le 12 avril 1943.

Expériences sur le gaz phosgÚne : En juin et juillet, elle est utilisée par Otto Bickenbach pour tester un traitement (Urotropin) contre les effets du gaz de combat phosgÚne, sur 23 détenus de droit commun et des Tsiganes. Aucun décÚs n'est enregistré, mais certaines victimes sont atteintes de troubles pulmonaires. En juillet et août 1944, une nouvelle série de tests est menée sur 16 Tsiganes, avec des doses beaucoup plus importantes de gaz. Quatre d'entre eux décÚdent[56].

La collection anatomique : La chambre Ă  gaz est Ă©galement utilisĂ©e dans le cadre des recherches anatomiques de Hirt. En juillet 1943, 86 Juifs (59 hommes et 27 femmes) sont transfĂ©rĂ©s d'Auschwitz Ă  Natzweiler oĂč ils arrivent le 2 aoĂ»t. Entre le 11 et le 19 aoĂ»t, en quatre groupes, hommes et femmes sĂ©parĂ©s, ils sont assassinĂ©s Ă  l'aide de sels cyanhydriques[57]. C'est le commandant du camp en personne, Josef Kramer, qui se charge des opĂ©rations de gazage. Le 26 juillet 1945, alors qu'il est emprisonnĂ© Ă  Celle, dans le cadre du procĂšs des gardiens du camp de Bergen-Belsen, il est interrogĂ© par le juge d'instruction militaire français Jadin[58]. Il lui dĂ©clare :

« Je me suis rendu Ă  l'institut d'anatomie de Strasbourg oĂč se trouvait Hirt. Ce dernier me dĂ©clara qu'il avait eu connaissance d'un convoi d'internĂ©s d'Auschwitz pour le Struthof. Il me prĂ©cisa que ces personnes devaient ĂȘtre exĂ©cutĂ©es dans la chambre Ă  gaz du Struthof et leurs cadavres devaient ĂȘtre remis Ă  l'institut d'anatomie pour ĂȘtre mis Ă  sa disposition. À la suite de cette conversation, il me remit un flacon de la contenance d'un quart de litre que je crois ĂȘtre des sels cyanhydriques. »

Puis il décrit le premier gazage :

« J'introduisis, aprĂšs avoir fermĂ© la porte, une certaine quantitĂ© de sels dans un entonnoir placĂ© en dessous et Ă  droite du regard. En mĂȘme temps, je versais une certaine quantitĂ© d'eau qui, ainsi que les sels, tombĂšrent dans l'excavation situĂ©e Ă  l'intĂ©rieur de la chambre Ă  gaz au bas du regard. »

ExpĂ©riences sur le typhus : Afin de mener ses expĂ©riences pour tester un nouveau vaccin contre le typhus exanthĂ©matique, Eugen Haagen se fait remettre 100 Tsiganes « commandĂ©s » Ă  Auschwitz et arrivĂ©s Ă  Natzweiler le 12 novembre 1943. Haagen estime que l'Ă©tat de santĂ© de ces hommes est trop dĂ©plorable pour mener Ă  bien ses recherches. 28 d'entre eux dĂ©cĂšdent d'Ă©puisement avant leur renvoi Ă  Auschwitz le 24 dĂ©cembre. À la suite des protestations de Haagen, de nouveaux « cobayes » lui sont envoyĂ©s. Entre le 8 et le 14 dĂ©cembre, 89 Tsiganes, toujours en provenance d'Auschwitz, lui sont livrĂ©s. Le 24 janvier 1944, ils sont divisĂ©s en deux groupes : le premier groupe reçoit le vaccin contre le typhus par scarification ou injection intramusculaire, le second sert de groupe tĂ©moin. Il n'y a pas de victimes directes de cette expĂ©rimentation[59]. Certains de ces hommes seront Ă©galement victimes des expĂ©riences de Bickenbach.

AprÚs cette série d'expérimentations, une épidémie de typhus se propage dans le camp. Suivant les sources, elle serait due aux expériences de Haagen, selon d'autres à l'arrivée d'un convoi en provenance de Lublin dont les déportés auraient été porteurs de la bactérie. D'autres séries d'expériences sur le typhus auraient été menées à Natzweiler dans le courant de l'année 1944, mais elles ne sont pas suffisamment documentées.

Les déportés Nacht und Nebel (NN)

Soldat américain examinant des tenues de déportés NN. Décembre 1944
Un mirador de surveillance.

Nacht und Nebel (NN) signifie nuit et brouillard en allemand et suit le décret Keitel en 1943.

La date d'arrivée des premiers détenus Nacht und Nebel à Natzweiler n'est pas connue. Cependant, les archives indiquent qu'il y avait déjà des NN dans le camp en mars 1943. Le 29, Kramer admoneste le responsable du service postal pour ne pas avoir respecté les rÚgles de secret à appliquer au courrier adressé aux détenus visés par le décret Keitel[60].

Le 7 juin 1943, le département D (camps de concentration) du WVHA adresse un message à tous les commandants de KL ordonnant que tous les détenus NN d'origine germanique soient transférés à Natzweiler. Cet ordre introduit une notion raciale dans le décret Keitel[61]. Il indique :

Les commandants des KL dans lesquels il y a déjà des prisonniers NN doivent ordonner immédiatement que les prisonniers soient examinés selon les points de vue raciaux et que les détenus NN germaniques soient transférés au KL Natzweiler. Le commandant du KL Natzweiler doit veiller à ce que les détenus NN soient séparés des autres détenus.

L'ordre est rapidement suivi d'effet. Le 1er convoi de NN norvĂ©giens arrive au camp le 15 juin. Afin de les diffĂ©rencier des autres dĂ©tenus du camp, en plus des distinctions habituelles (matricule et triangle), on ajoute les lettres "NN" sur leurs vĂȘtements, bariolĂ©s Ă©galement de couleurs vives, ce qui les rend particuliĂšrement visibles et vulnĂ©rables face Ă  la brutalitĂ© des kapos et des gardiens SS[62].

En juillet, les premiers NN français arrivent Ă  Natzweiler en trois convois, les 9, 12 et 15 juillet [63] - [64] - [65]. Ces arrivĂ©es, contraire Ă  l'ordre du 7 juin, restent assez mystĂ©rieuses. Bombardements sur Cologne (prison et tribunal atteints) oĂč les NN français sont jugĂ©s, initiative du Sipo-SD... La question reste ouverte. AprĂšs ces convois de juillet, la dĂ©portation des NN français Ă  Natzweiler ne reprend que le 12 novembre.

Les Français sont accueillis au camp avec une violence inouïe. Avant leur arrivée, Joseph Kramer, commandant du camp, chauffe sa chiourme, présentant les Français comme des membres de la pÚgre marseillaise. Georges MaradÚne, déporté du convoi du 9 juillet, témoigne :

« Samedi 10 juillet 1943. [
]. Le commandant du camp est lĂ  maniant un nerf de bƓuf. Un camarade nous traduit ses paroles « que nous sommes les premiers français Ă  entrer dans le camp, qu’il n’y a aucun espoir de s’évader, que les chiens nous retrouverons et que nous serions pendus, que seul le travail existe ici, que nous sommes destinĂ©s Ă  mourir, Ă  passer par la cheminĂ©e du crĂ©matoire, que nous sommes de sales français et qu’il va nous faire voir comment il nous dresse ». [
] Ensuite on nous explique ce que nous devons faire : descendre jusqu’au mirador oĂč se trouve de grosses pierres qu’il nous faudra remonter pour aller les dĂ©poser Ă  l’intĂ©rieur du camp entre les blocs 3 et 5, Ă  la hauteur du mirador. Des SS descendent avec leurs chiens, ceux restĂ©s sur la route, dont le commandant, ramassent de grosses pierres et les lancent sur nous. Nous perdons nos mauvaises chaussures sans lacets. [
]. Les chiens sont lĂąchĂ©s et se jettent sur nous, mordant jambes et fesses, nos pantalons sont dĂ©chirĂ©s, la confusion est totale, nous nous bousculons pour Ă©viter les coups et les morsures. Nous tombons, glissons, les pierres roulent sur les derniers. [
]. Les plus ĂągĂ©es restent les derniers et sont la proie facile des SS parmi lesquels nous reconnaissons nos matraqueurs d’hier soir. Les Kapos frappent Ă  leur tour avec des manches de pioches, courant dans tous les sens en hurlant. [
]. En passant devant Kramer, celui-ci saisi une chaussure et la jette avec force, ouvrant profondĂ©ment le front d’un camarade dont la figure se couvrit de sang. Des manches de pioches se cassent sur nos Ă©chines qu’importe, ils sont remplacĂ©s par d’autres matraques, des planches, des bĂątons de jalonnage ferrĂ©s, rien de semble rĂ©sister dans les mains des fauves. [
]. L’allure se ralentit, les Kapos semblent effrayĂ©s par le massacre, les coups sont moins nombreux, ils nous disent Ă  voix basse et en français (oĂč l’on-t-il appris ?) Tombez – tombez – et notre chef de block nous chuchote « tombez sinon ils n’arrĂȘteront pas ». [
]. »

Les Français sont soumis aux travaux les plus durs, moins nourris encore que les autres déportés et privés de soins. Sur les 169 Français arrivés en juillet, 59 meurent au camp et seuls 78 d'entre eux survivent à leur déportation.

Les premiers NN néerlandais, conformément à l'ordre du WVHA, arrivent à Natzweiler le 10 juillet.

Les premiers NN belges arrivent le 22 octobre.

Le 24 septembre 1943 et le 20 mai 1944, Himmler renouvelle son ordre (pas toujours respecté) aux commandants des KL de transférer à Natzweiler tous les déportés NN germaniques qu'ils détiennent[66]. Sa volonté ne sera jamais complÚtement exécutée, la procédure Nuit et brouillard étant abrogée. Elle est remplacée, le 30 juillet, par le décret "Terreur et sabotage". Le ministÚre de la justice nazi reçoit l'ordre de remettre tous les NN, encore en prison et en attente de jugement, à la Gestapo[67].

Le dernier convoi de NN arrive au camp le 1er septembre 1944[68].

De juin 1943 Ă  l'arrivĂ©e du dernier convoi Nacht und Nebel au camp, ce sont 2 443 dĂ©portĂ©s "NN" qui sont passĂ©s par le KL-Natzweiler[69] - [70].

À propos des dĂ©portĂ©s « Nacht und Nebel », le Dr Goude, rescapĂ© de Natzweiler, tĂ©moignera plus tard[71] :

« J'arrivai au camp du Struthof le 19 mai 1944 avec un groupe de sept intellectuels. À notre entrĂ©e nous fĂ»mes tout de suite impressionnĂ©s par nos frĂšres de misĂšre. Leurs dĂ©marches d'automates, la fixitĂ© de leurs regards, leur aspect squelettique indescriptible et inĂ©galĂ© ailleurs. J'ai connu beaucoup de camps (Buchenwald, Natzwiller, Wesseling, Dachau, Auschwitz), nulle part je n'ai ressenti de pitiĂ© plus douloureuse qu'au Struthof. Ce qui nous intrigua dĂšs l'abord, ce furent d'immenses lettres : N N barbouillĂ©es en rouge sur les vĂȘtements
 »

« ... C'Ă©taient des hommes complĂštement retranchĂ©s du monde civilisĂ©. Ils ne recevaient ni courrier, ni colis, ni nouvelles extĂ©rieures. C'Ă©tait l'abrutissement complet, le travail forcenĂ©, la furieuse brutalitĂ© des kapos et des chefs de blocks. Les dĂ©tenus ne bĂ©nĂ©ficiaient pas des cinq heures effectives de sommeil ; la vermine se chargeait de les troubler. Le repos dominical de l'aprĂšs-midi Ă©tait supprimĂ©. Mais, en revanche, la schlague toute la journĂ©e — les chiens constamment sur les talons — la hantise de la moindre dĂ©faillance, la pitance diminuĂ©e, l'absence totale, au dĂ©but, de soins mĂ©dicaux, les redoutables expĂ©riences, dites scientifiques, les greffes humaines et les chambres Ă  gaz[72]. »

Inversement, de l'intĂ©rieur du camp, l'Autrichien Franz Kozlik (matricule 980), dĂ©crit ainsi l'Ă©tonnement des dĂ©portĂ©s lorsqu’arrive au camp, le , le premier transport de NN Franzosen (Français Nacht und Nebel), dĂ©portĂ©s politiques, porteurs du triangle rouge :

« Ces Français Nacht und Nebel, c'Ă©taient des prĂȘtres portant la soutane, des officiers supĂ©rieurs, c'Ă©taient, comme on le sut plus tard, des mĂ©decins, des ouvriers, des paysans. Presque sans exception des Français de la RĂ©sistance. GĂ©nĂ©ralement chargĂ©s de bagages de bonne apparence. »

Puis, aprÚs avoir quelque temps observé ces prisonniers d'un nouveau genre, Kozlik ajoute :

« Il est presque incroyable [de constater] de quelles rĂ©serves de forces l'ĂȘtre humain dispose. [...] Car la tenue de ces Français, la maniĂšre dont ils serraient les dents, le courage avec lequel ils se chargeaient de travaux impossibles Ă  exĂ©cuter, la discipline avec laquelle ils sortaient par le portail, tous en rang, le corps redressĂ©, le visage dĂ©composĂ©, d'une pĂąleur mortelle, enflĂ© et ensanglantĂ©, mais tenant droit la tĂȘte dans un effort farouche, Ă©murent mĂȘme le plus endurci des internĂ©s, qui ne pouvait cacher son admiration[73]. »

DĂ©tenus notables

Porte d’accùs au chemin de ronde.

Ont été déportés au KL Natzweiler :

Ont Ă©tĂ© internĂ©s au camp-souche avant d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©s en 1944 vers d'autres camps :

Le camp aprĂšs la guerre

Vue du camp d'internement du Struthof en 1945.

DĂšs le mois de dĂ©cembre 1944, le Struthof devient un camp d'internement pour des civils allemands et des Alsaciens suspectĂ©s de collaboration pendant l'annexion. L'un des premiers directeurs de ce centre fut Jean Eschbach, alias capitaine RiviĂšre, qui Ă©tait un ancien rĂ©sistant jurassien, l'un des fondateurs du Groupe Mobile Alsace (GMA) Vosges[81]. Fin 1945, le CI est transformĂ© en centre pĂ©nitentiaire oĂč sont incarcĂ©rĂ©s des collaborateurs jugĂ©s par la justice française.

Y sont retenus environ 2 000 dĂ©tenus : des anciens de la LĂ©gion des volontaires français, de la Division Charlemagne, des membres de partis collaborationnistes (Parti populaire français, Rassemblement national populaire, Parti franciste, etc.), des auxiliaires français de la Gestapo, mais aussi des fils de dignitaires du RĂ©gime de Vichy et de collaborateurs. Parmi ces dĂ©tenus, on peut citer Pierre Sidos, le futur crĂ©ateur des mouvements d'extrĂȘme droite Jeune Nation, Occident et l'ƒuvre française.

En 1957, une scÚne du film Le Bal des maudits avec Marlon Brando, Dean Martin et Montgomery Clift, y est tournée. Certains des figurants étaient d'anciens détenus du camp[82]. 500 figurants sont recrutés à Strasbourg et dans la vallée de la Bruche. Un tiers pour jouer les soldats américains, les autres pour jouer les déportés[83].

ProcÚs postérieurs à la guerre

Entre le mois de juin 1954 et le mois de mai 1955 se déroule devant les tribunaux militaires de Metz puis de Paris le procÚs du Struthof, durant lequel sont jugés les principaux responsables SS et des responsables de la hiérarchie interne du camp (Kapo). Plusieurs autres procÚs ont lieu aprÚs la guerre pour juger d'autres dirigeants du KL Natzweiler et de ses kommandos[84].

Sont notamment jugés :

  • Josef Kramer, commandant SS du camp d'octobre 1942 Ă  mai 1944. Fait prisonnier par les Britanniques au camp de Bergen-Belsen dont il assurait le commandement aprĂšs avoir quittĂ© Auschwitz. Il est condamnĂ© Ă  mort Ă  l'issue du procĂšs des gardiens de Belsen Ă  Lunebourg. Pendu Ă  la prison de Hamelin le 13 dĂ©cembre 1945[84], il ne sera jamais jugĂ© pour les crimes commis Ă  Natzweiler et Ă  Auschwitz.
  • Friedrich Hartjenstein, qui avait pris la direction du KL-Natzweiler aprĂšs le dĂ©part de Josef Kramer ; condamnĂ© Ă  mort, il dĂ©cĂšde d'un cancer Ă  l'hĂŽpital Saint-Jean de Dieu Ă  Paris, le 20 octobre 1954, avant son jugement en appel[85].
  • Heinrich Schwarz, dernier commandant du KL Natzweiler (qu'il dirigea de fĂ©vrier Ă  avril 1945) ; condamnĂ© Ă  mort lors du procĂšs de Rastatt, il est fusillĂ© le 20 mars 1947 dans la forĂȘt de Baden-Oos.
  • Hans HĂŒttig (de), tout premier commandant du camp (d'avril 1941 Ă  mars 1942). CondamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© Ă  Metz le 2 juillet 1954, il est amnistiĂ© en 1956.
  • Egon Zill, commandant du camp de mai Ă  septembre 1942. CondamnĂ© Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© par le tribunal de Munich, sa peine a Ă©tĂ© rĂ©duite en appel Ă  15 ans en 1955.
  • Wolfgang Seuss, responsable du camp de dĂ©tention (SchutzhaftlagerfĂŒhrer). CondamnĂ© Ă  mort en France Ă  deux reprises (procĂšs de Metz et Paris), sa peine est commuĂ©e en 1959 en travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©. Finalement libĂ©rĂ©, il est arrĂȘtĂ© dĂšs son retour en Allemagne. Il est jugĂ© et condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© pour le meurtre, Ă  Dachau, de Kurt Riesenfeld. LibĂ©rĂ© en 1970, il meurt en 1979.

Au terme du procÚs de Rastatt sont condamnés à mort, le , dix-neuf dirigeants SS et Kapos des kommandos du KL Natzweiler[84].

Le 20 dĂ©cembre 1952 s'ouvre devant le Tribunal militaire français de Metz le procĂšs des mĂ©decins SS Otto Bickenbach et Eugen Haagen. Le jugement les condamne aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ©. En 1954, le jugement est cassĂ©. RejugĂ©s par le Tribunal militaire de Lyon, ils sont condamnĂ©s Ă  la peine de 20 ans de travaux forcĂ©s. Ils sont tous deux libĂ©rĂ©s en 1955 et retournent en Allemagne. Le professeur August Hirt y est condamnĂ© Ă  mort par contumace le 23 dĂ©cembre 1953 (considĂ©rĂ© comme en fuite depuis la fin de la guerre, il s'est en fait suicidĂ© le 2 juin 1945)[86].

Lors du procĂšs de Wuppertal (mai-juin 1946) sont jugĂ©s les SS et un Kapo impliquĂ©s dans l'assassinat en juillet 1944 Ă  Natzweiler des quatre femmes membres du SOE et du sergent Frederick Habgood. À l'issue du procĂšs seront condamnĂ©s Ă  mort puis exĂ©cutĂ©s :

  • Werner Rohde (de), 8e mĂ©decin SS du KL Natzweiler
  • Peter Straub, chef du block crĂ©matoire
  • Franz Berg, Kapo du crĂ©matoire

Les transformations du camp aprĂšs la guerre

  • Le MĂ©morial national aux hĂ©ros et martyrs de la dĂ©portation.
    Le Mémorial national aux héros et martyrs de la déportation.
  • JournĂ©e nationale du souvenir de la dĂ©portation le 28 avril 2013.
    Journée nationale du souvenir de la déportation le 28 avril 2013.
  • JournĂ©e nationale du souvenir de la dĂ©portation en prĂ©sence de jeunes sapeurs-pompiers le 28 avril 2013.
    Journée nationale du souvenir de la déportation en présence de jeunes sapeurs-pompiers le 28 avril 2013.
  • Panorama du camp de concentration en 2007.
    Panorama du camp de concentration en 2007.
  • Le MĂ©morial de la DĂ©portation pendant les travaux de restauration en 2019.
    Le MĂ©morial de la DĂ©portation pendant les travaux de restauration en 2019.
  • 1945 : Le site devient un centre pĂ©nitentiaire du MinistĂšre de la justice, accueillant des dĂ©tenus suspects de collaboration et des droits communs[87].
  • 1949 : En janvier, le centre pĂ©nitentiaire est dissous. En juillet, le gardiennage du camp est confiĂ© Ă  l'administration des InternĂ©s et DĂ©portĂ©s politiques des camps de Schirmeck et Struthof, dĂ©pendant du ministĂšre des Anciens combattants et Victimes de guerre.
  • 1950 : Le sol de l'ancien camp (partie situĂ©e Ă  l'intĂ©rieur des clĂŽtures actuelles) est classĂ© au titre des monuments historiques[88].
  • 1951 : Le bĂątiment de la chambre Ă  gaz est classĂ© monument historique[88].
  • Le : au cours d'une cĂ©rĂ©monie, prĂ©sidĂ©e par le prĂ©fet du Bas-Rhin, les baraques qui menacent de s'effondrer sont dĂ©truites Ă  l'exception de quatre d'entre elles situĂ©es en haut et en bas du site : en haut, la baraque no 1 et la baraque des cuisines ; en bas, la baraque du four crĂ©matoire et la baraque du bloc cellulaire.
  • Mai 1957 - juillet 1959 : Érection du MĂ©morial national de la dĂ©portation par l'architecte en chef des Monuments historiques Bertrand Monnet et le sculpteur Lucien Fenaux. AmĂ©nagement de la NĂ©cropole Nationale du Struthof.
  • Le , le MĂ©morial national de la dĂ©portation, ainsi que la nĂ©cropole nationale sont inaugurĂ©s par le prĂ©sident de la RĂ©publique, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle.
  • Le , un dĂ©portĂ© inconnu est exhumĂ© de la nĂ©cropole du Struthof. La dĂ©pouille, transfĂ©rĂ©e sur l’Île de la CitĂ© Ă  Paris, deviendra celle du dĂ©portĂ© inconnu du MĂ©morial des Martyrs de la DĂ©portation, inaugurĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, le 12 avril.
  • : Inauguration du musĂ©e de la dĂ©portation de Natzweiler, amĂ©nagĂ© dans la baraque no 1 par le MinistĂšre des Anciens combattants.
  • Nuit du 12 mai au : Destruction totale du musĂ©e par un incendie criminel perpĂ©trĂ© par le groupe autonomiste alsacien « Loups Noirs » une croix de Lorraine est peinte sur un mur, ainsi qu’une inscription : « 27 janvier 1945 ». Les incendiaires voulaient sans doute rappeler que dans ce camp, 1 100 Alsaciens soupçonnĂ©s de collaboration avec l'occupant nazi avaient Ă©tĂ© enfermĂ©s Ă  cette date, donc pendant la LibĂ©ration de l'Alsace[89]. Mais surtout, que la mĂ©moire des rĂ©sistants Alsaciens et Lorrains enfermĂ©s au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck, a contrario, n'est pas perpĂ©tuĂ©e[90]. Le musĂ©e sera reconstruit Ă  l'identique. Une nouvelle exposition y est inaugurĂ©e, le par ValĂ©ry Giscard d'Estaing, alors prĂ©sident de la RĂ©publique.
  • : À l'occasion du 60e anniversaire de la libĂ©ration des camps, le prĂ©sident de la RĂ©publique Jacques Chirac inaugure le Centre europĂ©en du rĂ©sistant dĂ©portĂ© et la nouvelle exposition de la baraque musĂ©e sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler.
  • : L'ensemble du pĂ©rimĂštre de l'ancien KL Natzweiler est inscrit au titre des monuments historiques[91]
  • : divers Ă©lĂ©ments du camp de concentration sont classĂ©s au titre des monuments historiques[88] - [92] - [93](entre autres : l'hĂŽtel du Struthof, les enceintes, la Kartoffelkeller, la villa Ehret, le Ravin de la Mort, les blocks encore en place, la sabliĂšre, le chemin des DĂ©portĂ©s...).
  • : Le site est classĂ© Haut lieu de la mĂ©moire nationale[94].
  • Depuis 2014, d'importants travaux de restauration ont Ă©tĂ© entrepris sur le site du Struthof. Les travaux de restauration des baraques cellulaire et du bunker, du MĂ©morial, de la NĂ©cropole sont achevĂ©s. Ceux des miradors, de la guĂ©rite d'entrĂ©e et de la chambre Ă  gaz sont en cours. La restauration de la baraque cuisine est programmĂ©e pour 2022 [95].
  • Depuis 2018, des fouilles archĂ©ologiques sont menĂ©es autour de l'ancien camp et Ă  la carriĂšre[96] - [97].
  • En 2022, aprĂšs 18 mois de travaux de restauration et l'installation d'une musĂ©ographie, le bĂątiment abritant la chambre Ă  gaz est rĂ©ouvert au public. Une cĂ©rĂ©monie est organisĂ©e pour marquer l'Ă©vĂšnement le jour du 78Ăšme anniversaire de la dĂ©couverte du camp[98].

Les kommandos du KL-Natzweiler

Le four crématoire du camp annexe de Thil

De nombreux kommandos et camps de travail annexes dépendaient du KL-Natzweiler[99]. Ils étaient situés tant en Alsace et Moselle annexées qu'en Allemagne[100].

En aoĂ»t 1944, il y avait prĂšs de 7 000 prisonniers au camp-souche et plus de 20 000 dans ses kommandos[101]. Les effectifs de certains de ces camps annexes dĂ©passaient parfois ceux du camp-souche.

À noter parmi ces kommandos celui de Thil en Meurthe-et-Moselle, qui a la particularitĂ© d'avoir Ă©tĂ© le seul camp de tout le systĂšme concentrationnaire nazi Ă  avoir Ă©tĂ© installĂ© en territoire français non annexĂ©. Il Ă©tait Ă©galement le seul camp annexe dotĂ© d'un four crĂ©matoire, rĂ©cupĂ©rĂ© par les nazis dans une usine d'Ă©quarrissage.

Les camps situĂ©s sur la rive gauche du Rhin sont Ă©vacuĂ©s entre septembre et novembre 1944, en mĂȘme temps que le camp principal. Ceux de la rive gauche le sont en mars/avril 1945[102].

Un seul de ses camp a été libéré avant qu'il ne soit totalement évacué. C'est celui de Vaihingen, libéré par l'Armée française, le 7 avril 1945 [103].

Les kommandos dépendants du KL-Natzweiler[16] :

  1. Asbach
  2. Audun-le-Tiche (Deutsch-Oth)
  3. Auerbach
  4. Bensheim
  5. Bisingen[104].
  6. Calw. Camp de femmes
  7. Cernay (Sennheim)
  8. Colmar. (Kolmar). Camp provisoire
  9. Darmstadt
  10. Dautmergen[104]
  11. Dormettingen
  12. Echterdingen
  13. Ellwangen
  14. Frankfurt-Katzbach
  15. Frankfurt-Walldorf. Camp de femmes
  16. Frommern
  17. Geisenheim. Camp de femmes
  18. Geislingen an der Steige. Camp de femmes
  19. Gross-Sachsenheim
  20. Hailfingen
  21. Haslach-Barbe-H
  22. Hayange (Hayingen). Camp de femmes
  23. Heidenheim
  24. Heppenheim
  25. Hessental
  26. Iffezheim-Sandweier
  27. Kochem. Deux sous-camps : Treis et Bruttig
  28. Kochendorf
  29. Leonberg
  30. Manheim-Sandhoffen
  31. Metz
  32. Mulhouse
  33. Neckarbischofsheim
  34. Neckarelz (deux camps)
  35. Neckargartach
  36. Neckargerach
  37. Neckarzimmern
  38. Neunkirchen
  39. Obernai (Oberehnheim)
  40. Offenbourg
  41. Peltre (Pelters)
  42. Rastatt
  43. Rothau (Rotau)
  44. Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch)
  45. Schömberg[104]
  46. Schörzingen[104]
  47. Schwindratzheim
  48. Spaichingen
  49. Thil
  50. Unterriexingen[104]
  51. UrbĂšs - Husseren-Wesserling
  52. Vaihingen-sur-l'Enz
  53. Wasseralfingen


Site d'UrbĂšs (68) connu sous le nom de KL Natzweiler - Block W - Baustelle U, un des 70 camps dĂ©pendant de Natzweiller Struthof (67) est, Ă  l'origine, un tunnel de 4,5 kilomĂštres destinĂ© Ă  relier la vallĂ©e de St Amarin Ă  Saint Maurice. Il a servi de camp de travail pour la fabrication de piĂšces de moteurs d'avions pour le compte de Daimler-Benz.

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Les notices du service de l'inventaire concernant le "Camp de concentration de Natzwiller-Struthof"[105] - [106] - [107] - [108] - [109] - [110] - [111] - [112] - [113] - [114].
  • François Kozlik (mat. 960), Struthof, le mont des horreurs, Ă©ditions SĂ©dal, 1945, 52 pages (Ă©puisĂ©)
  • Albert Hornung, Le Struthof, camp de la mort, Nouvelles Revue Critique, Paris, 1945, 104 pages (Ă©puisĂ©)[115].
  • AndrĂ© Ragot (mat. 6163) (prĂ©face d'Edmond Michelet), NN - Nuit et brouillard, Ă©ditions Cooped, 1948 ; Ă©ditions Documents, 1958 ; Sens, Chevillon, 1964, 205 pages (Ă©puisĂ©)
  • Association Amicale Alliance, MĂ©morial de « l'Alliance », Paris, DurassiĂ© et Cie, , 80 p. (lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • AimĂ© Spitz (mat. 4596), Struthof. Bagne Nazi en Alsace, Imprimerie Fetzer, Raon-l’Étape, 1970 (Ă©puisĂ©)
  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de NoĂ©, t. 2, Paris, Ă©ditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (rĂ©impr. 1998) (1re Ă©d. 1968), 446 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article* Henry Allainmat, Auschwitz en France : la vĂ©ritĂ© sur le seul camp d'extermination nazi en France, le Struthof, Paris, Presses de la citĂ©, coll. « Presses pocket » (no 1245), , 301 p. (ISBN 978-2-266-00005-5, OCLC 901164677).
  • Roger Leroy (mat. 4486), Roger Linet (mat. 4487), Max Nevers (mat. 4585) (prĂ©face du Dr Henri Laffitte), 1943-1945, la rĂ©sistance en enfer, Ă©ditions Messidor, 1991, 375 pages
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Films et téléfilms

  • Nuit et brouillard, un film d'Alain Resnais. Production : Argos Films - 1956 - durĂ©e 32 minutes.
  • Rendez-vous avec quelqu'un, un tĂ©lĂ©film de Jean-Paul CarrĂšre - 1970
  • Le Struthof - un camp de concentration nazi en Alsace, un film d'Alain Jomy et Monique Seemann, rĂ©alisĂ© en partenariat avec France 3 Alsace - 1995 - durĂ©e : 52 minutes.
  • Le nom des 86, un film de Emmanuel Heyd et Raphael Toledano. Production Dora Films sas - Alsace 20 - TĂ©lĂ©bocal - Cinaps TV - 2014 - durĂ©e : 63 min.
  • Struthof, le camp oubliĂ© - RMC DĂ©couverte - 2018 - durĂ©e : 52 minutes[116].
  • Struthof, au nom de la race et de la science - Temps Noir - 2013 - durĂ©e : 55 minutes[117] - [118].
  • Judith Voelker, Les procĂšs de Rastatt. Des criminels de guerre devant la justice française / Die Rastatter Prozesse. Kriegsverbrecher vor Gericht, Moving Story Productions/SWR/SR/Arte, 2020[119].
  • La Voix du rĂȘve, un documentaire rĂ©alisĂ© par Pascal CrĂ©pin produit par l'association Mine de Rien en 2020

Notes et références

Notes

  1. Il se trouve aujourd'hui sur le territoire de la commune de Natzwiller dans le Bas-Rhin.

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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