Camp de concentration de Natzweiler-Struthof
Le Konzentrationslager (KL) Natzweiler, plus connu en France sous le nom de camp du Struthof ou camp de concentration de Natzweiler-Struthof, est un camp de concentration nazi implanté en 1941 sur le territoire de l'Alsace annexée par l'Allemagne nazie[note 1].
Camp de concentration de Natzweiler-Struthof | |
L'entrée du camp de concentration de Natzweiler-Struthof | |
Présentation | |
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Nom local | KL Natzweiler-Struthof |
Type | Camp de concentration de niveau II (Lagerstufe II) |
Gestion | |
Date de création | |
Géré par | Inspection des camps de concentration puis Office central SS pour l'économie et l'administration |
DirigĂ© par | Hans HĂŒttig Egon Zill Josef Kramer Friedrich Hartjenstein Heinrich Schwarz. Camps annexes. |
Date de fermeture | 22 novembre 1944 (camp principal). Mars/avril 1945 pour les camps annexes de la rive droite du Rhin. |
Victimes | |
Nombre de détenus | Environ 52 000 |
Morts | Environ 17 000 |
GĂ©ographie | |
Pays | France |
RĂ©gion | Alsace |
Commune de France | Natzwiller |
CoordonnĂ©es | 48° 27âČ 20âł nord, 7° 15âČ 15âł est |
Protection | Classé MH (1951, immeuble de la chambre à gaz) Classé MH (2011, ensemble du périmÚtre de l'ancien KL (hÎtel du Struthof et annexe, double enceinte intérieure et extérieure, Kartoffelkeller, Villa Ehret, Ravin de la Mort, blocks, sabliÚre, chemin des Déportés), carriÚre (vestiges des constructions, galeries creusées), tous les chemins terrassés, chùteau d'eau, transformateur électrique) |
En septembre 1940, les nazis dĂ©couvrent, sur le Mont-Louise, Ă proximitĂ© du village de Natzwiller, germanisĂ© en Natzweiler, un filon de granit rose. En mars 1941, le ReichsfĂŒhrer-SS Heinrich Himmler ordonne d'implanter sur le site un camp de concentration pour exploiter la roche au profit du Reich.
Entre 1941 et 1945, environ 52 000 prisonniers sont enregistrés au camp principal et/ou dans son réseau de camps annexes[1]. Trente-deux nationalités y sont représentées[2]. Pour le camp principal, les détenus sont majoritairement des opposants politiques ou des résistants. Pour les camps annexes, ce sont essentiellement des travailleurs forcés raflés dans les pays de l'Est de l'Europe avec 17% de Juifs.
Le KL Natzweiler est le seul camp de concentration établi par les nazis sur le territoire français actuel. De 1941 à 1944, des expériences médicales sont réalisées sur des détenus du camp principal. à partir de 1942, il devient un lieu d'exécution pour les condamnations à mort prononcées par les tribunaux nazis d'Alsace-Moselle et du Bade-Wurtemberg. à la fin de l'année, il commence à développer un réseau de camps annexes. En 1943, Natzweiler est désigné comme camp de regroupement de tous les détenus masculins, victimes du décret Nuit et brouillard, détenus dits « NN » (en allemand : Nacht und Nebel).
Fait unique dans l'histoire concentrationnaire, Natzweiler est le seul KL qui continue Ă fonctionner, via ses camps annexes, aprĂšs l'Ă©vacuation du camp principal. On estime entre 17 000 et 22 000 le nombre de morts dans le camp et dans son rĂ©seau de sous-camps [3] - [4]. C'est le premier camp de concentration dĂ©couvert par les AmĂ©ricains le 25 novembre 1944 (sur lâautre front, Ă lâest, Majdanek fut le premier camp de la mort dĂ©couvert par les Russes le 24 juillet 1944).
Un camp de concentration nazi en Alsace
C'est au cours d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte et ministre du Reich, note la prĂ©sence dans la rĂ©gion de granit rose[5]. La dĂ©cision fut alors prise d'y installer un camp visant Ă l'extraction du granite par les dĂ©portĂ©s. C'est le gĂ©ologue SS-ObersturmbannfĂŒhrer (lieutenant-colonel) Karl Blumberg qui trouve le meilleur site pour l'extraction du granite et qui dĂ©termine l'emplacement du futur camp[6]. Il se trouve au lieu-dit du Struthof, un Ă©cart de la commune de Natzwiller.
Le camp est officiellement ouvert le [7]. Il est classé « Camp de niveau II » (Lagerstufe II)[8] - [9]. Les 21 et 22 mai, deux convois de 150 détenus chacun, en provenance du KL Sachsenhausen, arrivent sur site. "Logés" dans les dépendances de l'hÎtel du Struthof, ils vont travailler à la construction du camp et des routes d'accÚs[10].
Ă la fin de lâannĂ©e, 539 dĂ©tenus sont immatriculĂ©s Ă Natzweiler, venus de Sachsenhausen, Dachau et
Buchenwald. Dans leur majoritĂ©, il s'agit d'Allemands (ou assimilĂ©s) dĂ©portĂ©s de droit commun, politiques et asociaux. Natzweiler n'est encore qu'un « camp fermĂ© » (geschlossenes Lager) et ne peut recevoir dâautres dĂ©tenus que ceux dĂ©jĂ internĂ©s dans un autre camp.
Le 15 aoĂ»t 1942, Natzweiler devient un « camp dâaffectation » (Einweisungslager)[11]: les dĂ©tenus peuvent lui ĂȘtre directement affectĂ©s par les services de police nazis. Les effectifs commencent Ă croĂźtre et un premier kommando (camp annexe) ouvre Ă Obernai le .
En 1943, les immatriculations quadruplent (4 089) et le camp est achevĂ© dans sa construction en octobre. Toute lâEurope y est prĂ©sente. Polonais et SoviĂ©tiques forment dĂ©sormais 35 % de lâensemble des dĂ©tenus. Les Allemands et assimilĂ©s rĂ©gressent (22 %) tandis que la part des dĂ©tenus dâEurope occidentale augmente : Français, NorvĂ©giens, NĂ©erlandais. Les dĂ©tenus politiques sont devenus largement majoritaires.
L'année 1944 connaßt une forte envolée du nombre d'immatriculations : du 1er janvier au , 23 199 arrivées sont enregistrées, et le KL reçoit désormais des convois de femmes dans ses camps annexes.
Le plan Wuste entraine la crĂ©ation de sept camps extĂ©rieurs et de dix sites de production installĂ©s le long de la ligne de chemin de fer TĂŒbingen-Rottweil: parmi lesquels Erzingen, Schömberg, Schörzingen notamment consacrĂ©s Ă l'extraction de schiste bitumineux. Natzweiler devient avant tout un sas de passage et de tri avant une affectation dans un de ses camps annexes. De fait, la grande majoritĂ© des dĂ©tenus alors immatriculĂ©s par le sigle administratif « KL-Na » ne connaissent pas le camp-souche. Au , sur les 23 199 immatriculations enregistrĂ©es depuis le mois de janvier de la mĂȘme annĂ©e, 18 151 (dont 2 398 femmes juives) sont dĂ©tenus dans un camp extĂ©rieur et on peut estimer Ă 35 000[12] ceux qui ne sont jamais passĂ©s par le camp principal[13].
Alors qu'il était initialement prévu pour recevoir un total de 3 000 prisonniers[14], le camp-souche du KL en compte environ 6 000 en 1944[15]. Natzwiller se trouve alors au centre d'un complexe comprenant environ 30 kommandos[16], auxquels s'ajoutent 20 autres camps annexes aprÚs [17], répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne.
Fin aoĂ»t 1944, devant l'avancĂ©e des forces alliĂ©s, le WVHA dĂ©cide d'Ă©vacuer le camp principal. Le 1er septembre, le commandant du camp, Fritz Hartjenstein rĂ©dige l'ordre d'Ă©vacuation. Elle dĂ©bute le 4 septembre et s'achĂšve le 22 novembre. Dans le mĂȘme temps, les camps annexes de la rive gauche du Rhin sont Ă©galement Ă©vacuĂ©s. La majoritĂ© des dĂ©tenus est transfĂ©rĂ©e Ă Dachau[18].
L'administration SS s'installe à Guttenbach, Binau et Neunkirchen[19]. Les kommandos de Natzweiler situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler, et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à l'évacuation des derniers camps annexes[6].
Le , une patrouille de la 3e division d'infanterie américaine pénÚtre dans un KL totalement vidé de ses occupants[20].
La carriĂšre de granit rose
La carriÚre se situe à environ 800 mÚtres du camp. Elle est exploitée par la Deutsche Erd- und Steinwerke GmbH (DEST). L'extraction du granit débute véritablement avec l'arrivée, le 14 mars 1942, de 401 détenus en provenance du KL Buchenwald[21]. Jusqu'à 1 400 déportés vont travailler à l'extraction du granite. Le travail est particuliÚrement dur et souvent meurtrier. Hans Stein, déporté à Natzweiler le 23 mai 1941, témoigne[22] :
« C'Ă©tait un travail particuliĂšrement pĂ©nible car nous devions dĂ©tacher le granite Ă l'aide d'outils manipulĂ©s Ă la main. Nous devions travailler sans interruption, quelles que soient les intempĂ©ries sous la surveillance de SS et de kapos. Afin de nous interdire tout repos, il y avait des W.C. ambulants montĂ©s sur des roues en fer, qui se trouvaient toujours Ă proximitĂ© des travailleurs. J'ai pu constater, notamment en Ă©tĂ©, que les internĂ©s tombaient, frappĂ©s Ă mort par suite d'insolation. On devait travailler de 6 heures du matin Ă 7 heures du soir avec une pause de 3/4 d'heure Ă midi pour que nous puissions dĂ©jeuner. La nourriture nous Ă©tait apportĂ©e sur place. [...] Les heures de travail Ă©taient les mĂȘmes durant l'hiver, la carriĂšre Ă©tant Ă©clairĂ©e par des projecteurs. »
En 1942, la dégradation de la situation militaire de l'Allemagne va amener un profond changement dans la mission des KL. Le 30 avril, le chef du WVHA, Oswald Pohl rédige une note à Himmler dans laquelle il précise[23] :
« La guerre a apporté des changements structuraux visibles dans les camps de concentration, et a radicalement modifié leurs tùches, en ce qui concerne l'utilisation des détenus. La détention pour les seuls motifs de sécurité, éducatifs ou préventifs, ne se trouve plus au premier plan. Le centre de gravité s'est déplacé vers le cÎté économique. »
Natzweiler, comme les autres KL, est directement affectĂ© par ce changement de cap. En 1943, l'exploitation du granite ralentit. Un ensemble de quatorze baraques est construit sur le site de la carriĂšre. Ă l'intĂ©rieur les dĂ©portĂ©s travaillent au dĂ©montage de moteurs d'avions abattus ou tombĂ©s en panne, au profit de l'avionneur Junkers dont une succursale est installĂ©e Ă Strasbourg. Ă partir de 1944, des dĂ©portĂ©s creusent trois tunnels dans la carriĂšre. Ils doivent, Ă terme, se rĂ©unir pour former une galerie capable d'accueillir des ateliers mĂ©caniques Ă l'abri des bombardements. LâĂ©vacuation du camp en septembre ne permet pas l'aboutissement du projet[24].
Les détenus
Les dĂ©tenus sont arrĂȘtĂ©s pour des motifs divers. Les premiers dĂ©portĂ©s du camp sont essentiellement allemands, dĂ©tenus de droit commun, « asociaux », Tsiganes ou politiques. Ă partir de 1942, parmi les dĂ©portĂ©s on trouve des SoviĂ©tiques, parfois prisonniers de guerre, des Polonais et quelques dĂ©portĂ©s originaires des territoires annexĂ©s par le IIIe Reich : TchĂšques, Alsaciens, Lorrains[25]. En 1943, arrivent en grand nombre des dĂ©portĂ©s luxembourgeois, puis des RĂ©sistants de diffĂ©rentes nationalitĂ©s, venant de divers camps de concentration ou prisons en Europe : Belges, NĂ©erlandais, NorvĂ©giens et Français. Parmi ces derniers, de nombreux militaires, notamment membres de l'ArmĂ©e secrĂšte et de l'Organisation de rĂ©sistance de l'armĂ©e, sont aussi dĂ©portĂ©s au camp de Natzweiler. Les rĂ©sistants alsaciens et mosellans, tel que La Main Noire de Marcel Weinum, sont eux, principalement internĂ©s au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck. En juin 1943, le premier convoi de dĂ©tenus Nacht und Nebel arrive au camp.
Sur les 52 000 déportés enregistrés au camp, environ 25 000 sont de nationalité polonaise ou soviétique, soit prÚs de 50 % du total des effectifs[26].
Plus de 7 000 Français ont été déportés au KL Natzweiler[27].
Les juifs (déportés pour raisons raciales ou faits de résistance) représentent 11 % du nombre total des détenus de Natzweiler[28]. La plupart d'entre eux, originaires de Hongrie et de Pologne, arrivent à partir de 1944 au camp et sont affectés dans des camps annexes[25].
Les conditions inhumaines de travail et de détention, la malnutrition, les sévices des kapos et des SS, ainsi que les nombreuses exécutions par balle ou pendaison[29], ont provoqué la mort de milliers de détenus. L'évacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors des « marches de la mort », a coûté la vie à environ 5 000 déportés.
Les gardiens
Les premiers SS arrivent sur le site courant avril 1941. Ils prennent leurs quartiers dans l'auberge du Struthof et dans la villa situĂ©e Ă moins de 100 mĂštres du futur camp. Ils y installent la Kommandantur. Le 28 avril, Hans HĂŒttig, le premier commandant, rĂ©dige le Kommandantur-Befehl (ordonnance) No 1. Il y annonce l'ouverture officielle du camp le 1er mai[30]. Une partie des SS qui escortent les convois des 21 et 23 mai va constituer la compagnie de garde[31]. La garnison va s'Ă©tablir progressivement Ă 80 hommes pour la Kommandantur et Ă 150 hommes pour la compagnie de garde (1/SS-Totenkopfsturmbann)[32]. Avec le dĂ©veloppement des camps annexes, de nouvelles compagnies de garde sont crĂ©Ă©es. En septembre 1944, Natzweiler en compte 11[33]. Alors que le camp principal est en train de disparaĂźtre, l'Ă©tat des effectifs, du 14 octobre 1944, mentionne 1 676 personnels dont 21 femmes (gardiennes ou auxiliaires radio) [34]. Ce ne sont pas tous des membres de la SS. Ă partir de l'Ă©tĂ© 1944, de nombreux soldats de la Wehrmacht (Heer et Luftwaffe), pour beaucoup inaptes au combat, sont affectĂ©s Ă Natzweiler[35]. Entre 1941 et 1945, au moins 2 200 hommes et femmes ont servi Ă Natzweiler et dans ses annexes. Plus de 800 provenaient de la Wehrmacht [36].
Cinq commandants se succĂšdent Ă la tĂȘte du KL Natzweiler : Hans HĂŒttig (1941-1942), Joseph Kramer (interim), Egon Zill (1942), Joseph Kramer (1942-1944), Fritz Hartjenstein (1944-1945) et Heinrich Schwarz (1945). Ce dernier ne dirigera que les camps annexes de la rive droite du Rhin.
Les exécutions massives et crimes de guerre
à partir de 1942, le camp a servi de lieu d'exécution pour de nombreux résistants et prisonniers de guerre issus de la majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par les juridictions nazies. Le déporté Aimé Spitz témoigne :
« Hors du camp, Ă quelque 100 mĂštres, se trouvait une sabliĂšre. C'est lĂ qu'environ cinq cents camarades furent fusillĂ©s, soit Ă coups de mitraillette, soit Ă coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, aprĂšs 18 heures, onze Luxembourgeois appartenant Ă la RĂ©sistance furent fusillĂ©s dans cette sabliĂšre. Ce genre d'exĂ©cution, ordonnĂ©e par le ministĂšre de la SĂ»retĂ© d'Ătat de Berlin, avait lieu le soir aprĂšs l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant la Schreibstube (secrĂ©tariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'une Sonderbehandlung (traitement spĂ©cial). Ce genre de dĂ©tenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils Ă©taient amenĂ©s par la Gestapo pour ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. Leurs corps Ă©taient ensuite transportĂ©s au crĂ©matoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part[37]. »
Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes[38].
Peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre mentionnĂ©s les faits suivants :
- les 17 et , quatorze jeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillés à la carriÚre pour avoir refusé leur incorporation de force dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée[39] ;
- Immatriculés au camp le 18 mai 1944, huit Luxembourgeois et trois Français, résistants du réseau F-16,9, sont fusillés le lendemain à la sabliÚre du camp.
- Quatre femmes, deux Britanniques et deux Françaises, agents du Special Operations Executive, un service secret britannique, sont exécutées par injection le . Une plaque commémorative apposée dans le block crématoire rappelle leurs noms : Diana Rowden, Vera Leigh, Andrée Borrel et Sonia Olschanezky ;
- deux officiers de la RAF ayant pris part Ă la Grande Ăvasion du Stalag Luft III, Dennis H. Cochran et Tony Hayter sont exĂ©cutĂ©s Ă proximitĂ© du Struthof respectivement les et ; leurs corps sont ensuite immĂ©diatement incinĂ©rĂ©s dans le four crĂ©matoire du camp.
- Dans la nuit du 28 au , un avion anglais Lancaster s'Ă©crase au pied du mont Sainte-Odile. Le sergent Frederick Harold Habgood (21 ans) a sautĂ© en parachute de l'avion avant qu'il ne s'Ă©crase et atterrit au Langen Weg, Ă Ottrott. Il est alors pris en charge par la population pour ĂȘtre remis Ă la RĂ©sistance. DĂ©noncĂ© Ă la Gestapo, il est internĂ©, le 30 juillet au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck. Le lendemain, il est transfĂ©rĂ© Ă Natzweiler oĂč il est pendu. Son corps n'a jamais Ă©tĂ© retrouvĂ©[40] ; la dĂ©couverte en 2018 de sa plaque d'identitĂ© dans la fosse aux cendres du camp confirme que celui-ci a Ă©tĂ© incinĂ©rĂ© rapidement aprĂšs son dĂ©cĂšs[41] - [42]. Le 12 septembre 2021, la plaque est remise aux descendants de F. Habgood qui l'ont confiĂ©e le 1er dĂ©cembre, Ă St Clement Danes, l'Ă©glise de la RAF[43].
- Antoine Becker, ancien commissaire des Renseignements gĂ©nĂ©raux de Strasbourg, puis commissaire central de police Ă Marseille sous l'Occupation, est abattu d'une balle dans la nuque lors de son transfert Ă Natzweiler courant aoĂ»t 1944. Il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le par la Gestapo en raison de ses activitĂ©s contre les autonomistes et les agents allemands entre les deux guerres en Alsace. Antoine Becker avait notamment participĂ© Ă la rĂ©pression du rĂ©seau Karl Roos. ImmĂ©diatement aprĂšs son assassinat, son corps est incinĂ©rĂ© dans le four crĂ©matoire du camp[44].
- Face Ă l'avancĂ©e des troupes alliĂ©es, les SS commencent Ă massacrer systĂ©matiquement certains dĂ©tenus, particuliĂšrement les rĂ©sistants français, qui arrivent en grand nombre au camp du 31 aoĂ»t au . Ainsi, dans la nuit du 1er au 2 septembre[45] - [46], 106 rĂ©sistants du RĂ©seau Alliance, dont 15 femmes, sont transfĂ©rĂ©s depuis le camp de Schirmeck Ă Natzweiler, afin d'y ĂȘtre exĂ©cutĂ©s d'une balle dans la nuque, puis immĂ©diatement incinĂ©rĂ©s dans le four crĂ©matoire[47]. Au cours de la mĂȘme nuit, 35 membres des Groupes mobiles d'Alsace-Vosges (GMA-V), capturĂ©s par les Allemands Ă la suite de l'Ă©chec de l'OpĂ©ration Loyton, sont Ă©galement exĂ©cutĂ©s[48]. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes)[49] qui auraient Ă©tĂ© assassinĂ©s au Struthof[50].
Les « expériences médicales »
DÚs 1941, des expériences médicales sont menées à Natzweiler.
ExpĂ©riences sur les sulfamides : Ă la fin de l'annĂ©e, des mĂ©dicaments Ă base de sulfamides (Eleudron et Albucid) sont administrĂ©s Ă des dĂ©tenus atteints de diarrhĂ©es et d'affections oculaires. Ces expĂ©riences sont menĂ©es par l'HauptsturmfĂŒhrer Hans Eisele, 2e mĂ©decin en chef du camp, sous le contrĂŽle de l'IKL[51].
En novembre 1942, afin de mener des expĂ©riences mĂ©dicales Ă caractĂšre militaire, la Sonderabteilung H (pour Hirt) de lâAhnenerbe s'installe dans le camp[52] - [53]. Trois professeurs, exerçant Ă l'universitĂ© du Reich de Strasbourg (ReichsuniversitĂ€t Strassburg), vont y mener des recherches : l'anatomiste August Hirt, le virologiste Otto Bickenbach et le bactĂ©riologiste Eugen Haagen.
Expériences sur le gaz moutarde : DÚs le 25 novembre, Hirt commence ses expériences pour étudier l'efficacité d'un traitement contre les effets du gaz moutarde (ypérite)[54]. Les archives de Hirt ayant été détruites par sa secrétaire, il y a peu d'information sur ces expérimentations. Cependant, deux détenus qui travaillaient à la station Ahnenerbe, Ferdinand Holl et Hendryk Nales ont pu témoigner aprÚs guerre. Le 19 mai 1948, F. Holl est auditionné par la justice militaire française. Il raconte[55] :
« 30 hommes tous Allemands, condamnĂ©s de droit commun, ont Ă©tĂ© conduits Ă la station Ahnenerbe. Pendant plusieurs jours, ils ont reçu la mĂȘme nourriture que les SS et ont absorbĂ© 30 gouttes de Vigan (vitamines). Lorsqu'il eurent repris des forces, on commença les expĂ©riences [...]. Sur la face interne des deux poignets, l'officier plaçait une goutte de gaz liquide. Ce gaz avait une terrible action corrosive [...]. AprĂšs 10 ou 12 heures, l'Ă©piderme devenait rouge. Des cloques se formaient, semblables Ă celles occasionnĂ©es par une brĂ»lure. Tous les jours, les malades Ă©taient photographiĂ©s pour permettre au professeur Hirt de suivre l'Ă©volution de cette expĂ©rience. AprĂšs trois Ă quatre jours, on compta quatre morts. Quelques-uns Ă©taient aveugles. »
F. Holl évoque quatre séries d'expériences avant décembre 1943. Elles auraient fait au moins cinq victimes.
à l'automne 1942, une chambre à gaz est aménagée dans une dépendance de l'auberge du Struthof. Les travaux sont achevés le 12 avril 1943.
Expériences sur le gaz phosgÚne : En juin et juillet, elle est utilisée par Otto Bickenbach pour tester un traitement (Urotropin) contre les effets du gaz de combat phosgÚne, sur 23 détenus de droit commun et des Tsiganes. Aucun décÚs n'est enregistré, mais certaines victimes sont atteintes de troubles pulmonaires. En juillet et août 1944, une nouvelle série de tests est menée sur 16 Tsiganes, avec des doses beaucoup plus importantes de gaz. Quatre d'entre eux décÚdent[56].
La collection anatomique : La chambre Ă gaz est Ă©galement utilisĂ©e dans le cadre des recherches anatomiques de Hirt. En juillet 1943, 86 Juifs (59 hommes et 27 femmes) sont transfĂ©rĂ©s d'Auschwitz Ă Natzweiler oĂč ils arrivent le 2 aoĂ»t. Entre le 11 et le 19 aoĂ»t, en quatre groupes, hommes et femmes sĂ©parĂ©s, ils sont assassinĂ©s Ă l'aide de sels cyanhydriques[57]. C'est le commandant du camp en personne, Josef Kramer, qui se charge des opĂ©rations de gazage. Le 26 juillet 1945, alors qu'il est emprisonnĂ© Ă Celle, dans le cadre du procĂšs des gardiens du camp de Bergen-Belsen, il est interrogĂ© par le juge d'instruction militaire français Jadin[58]. Il lui dĂ©clare :
« Je me suis rendu Ă l'institut d'anatomie de Strasbourg oĂč se trouvait Hirt. Ce dernier me dĂ©clara qu'il avait eu connaissance d'un convoi d'internĂ©s d'Auschwitz pour le Struthof. Il me prĂ©cisa que ces personnes devaient ĂȘtre exĂ©cutĂ©es dans la chambre Ă gaz du Struthof et leurs cadavres devaient ĂȘtre remis Ă l'institut d'anatomie pour ĂȘtre mis Ă sa disposition. Ă la suite de cette conversation, il me remit un flacon de la contenance d'un quart de litre que je crois ĂȘtre des sels cyanhydriques. »
Puis il décrit le premier gazage :
« J'introduisis, aprĂšs avoir fermĂ© la porte, une certaine quantitĂ© de sels dans un entonnoir placĂ© en dessous et Ă droite du regard. En mĂȘme temps, je versais une certaine quantitĂ© d'eau qui, ainsi que les sels, tombĂšrent dans l'excavation situĂ©e Ă l'intĂ©rieur de la chambre Ă gaz au bas du regard. »
Expériences sur le typhus : Afin de mener ses expériences pour tester un nouveau vaccin contre le typhus exanthématique, Eugen Haagen se fait remettre 100 Tsiganes « commandés » à Auschwitz et arrivés à Natzweiler le 12 novembre 1943. Haagen estime que l'état de santé de ces hommes est trop déplorable pour mener à bien ses recherches. 28 d'entre eux décÚdent d'épuisement avant leur renvoi à Auschwitz le 24 décembre. à la suite des protestations de Haagen, de nouveaux « cobayes » lui sont envoyés. Entre le 8 et le 14 décembre, 89 Tsiganes, toujours en provenance d'Auschwitz, lui sont livrés. Le 24 janvier 1944, ils sont divisés en deux groupes : le premier groupe reçoit le vaccin contre le typhus par scarification ou injection intramusculaire, le second sert de groupe témoin. Il n'y a pas de victimes directes de cette expérimentation[59]. Certains de ces hommes seront également victimes des expériences de Bickenbach.
AprÚs cette série d'expérimentations, une épidémie de typhus se propage dans le camp. Suivant les sources, elle serait due aux expériences de Haagen, selon d'autres à l'arrivée d'un convoi en provenance de Lublin dont les déportés auraient été porteurs de la bactérie. D'autres séries d'expériences sur le typhus auraient été menées à Natzweiler dans le courant de l'année 1944, mais elles ne sont pas suffisamment documentées.
Les déportés Nacht und Nebel (NN)
Nacht und Nebel (NN) signifie nuit et brouillard en allemand et suit le décret Keitel en 1943.
La date d'arrivée des premiers détenus Nacht und Nebel à Natzweiler n'est pas connue. Cependant, les archives indiquent qu'il y avait déjà des NN dans le camp en mars 1943. Le 29, Kramer admoneste le responsable du service postal pour ne pas avoir respecté les rÚgles de secret à appliquer au courrier adressé aux détenus visés par le décret Keitel[60].
Le 7 juin 1943, le département D (camps de concentration) du WVHA adresse un message à tous les commandants de KL ordonnant que tous les détenus NN d'origine germanique soient transférés à Natzweiler. Cet ordre introduit une notion raciale dans le décret Keitel[61]. Il indique :
Les commandants des KL dans lesquels il y a déjà des prisonniers NN doivent ordonner immédiatement que les prisonniers soient examinés selon les points de vue raciaux et que les détenus NN germaniques soient transférés au KL Natzweiler. Le commandant du KL Natzweiler doit veiller à ce que les détenus NN soient séparés des autres détenus.
L'ordre est rapidement suivi d'effet. Le 1er convoi de NN norvĂ©giens arrive au camp le 15 juin. Afin de les diffĂ©rencier des autres dĂ©tenus du camp, en plus des distinctions habituelles (matricule et triangle), on ajoute les lettres "NN" sur leurs vĂȘtements, bariolĂ©s Ă©galement de couleurs vives, ce qui les rend particuliĂšrement visibles et vulnĂ©rables face Ă la brutalitĂ© des kapos et des gardiens SS[62].
En juillet, les premiers NN français arrivent Ă Natzweiler en trois convois, les 9, 12 et 15 juillet [63] - [64] - [65]. Ces arrivĂ©es, contraire Ă l'ordre du 7 juin, restent assez mystĂ©rieuses. Bombardements sur Cologne (prison et tribunal atteints) oĂč les NN français sont jugĂ©s, initiative du Sipo-SD... La question reste ouverte. AprĂšs ces convois de juillet, la dĂ©portation des NN français Ă Natzweiler ne reprend que le 12 novembre.
Les Français sont accueillis au camp avec une violence inouïe. Avant leur arrivée, Joseph Kramer, commandant du camp, chauffe sa chiourme, présentant les Français comme des membres de la pÚgre marseillaise. Georges MaradÚne, déporté du convoi du 9 juillet, témoigne :
« Samedi 10 juillet 1943. [âŠ]. Le commandant du camp est lĂ maniant un nerf de bĆuf. Un camarade nous traduit ses paroles « que nous sommes les premiers français Ă entrer dans le camp, quâil nây a aucun espoir de sâĂ©vader, que les chiens nous retrouverons et que nous serions pendus, que seul le travail existe ici, que nous sommes destinĂ©s Ă mourir, Ă passer par la cheminĂ©e du crĂ©matoire, que nous sommes de sales français et quâil va nous faire voir comment il nous dresse ». [âŠ] Ensuite on nous explique ce que nous devons faire : descendre jusquâau mirador oĂč se trouve de grosses pierres quâil nous faudra remonter pour aller les dĂ©poser Ă lâintĂ©rieur du camp entre les blocs 3 et 5, Ă la hauteur du mirador. Des SS descendent avec leurs chiens, ceux restĂ©s sur la route, dont le commandant, ramassent de grosses pierres et les lancent sur nous. Nous perdons nos mauvaises chaussures sans lacets. [âŠ]. Les chiens sont lĂąchĂ©s et se jettent sur nous, mordant jambes et fesses, nos pantalons sont dĂ©chirĂ©s, la confusion est totale, nous nous bousculons pour Ă©viter les coups et les morsures. Nous tombons, glissons, les pierres roulent sur les derniers. [âŠ]. Les plus ĂągĂ©es restent les derniers et sont la proie facile des SS parmi lesquels nous reconnaissons nos matraqueurs dâhier soir. Les Kapos frappent Ă leur tour avec des manches de pioches, courant dans tous les sens en hurlant. [âŠ]. En passant devant Kramer, celui-ci saisi une chaussure et la jette avec force, ouvrant profondĂ©ment le front dâun camarade dont la figure se couvrit de sang. Des manches de pioches se cassent sur nos Ă©chines quâimporte, ils sont remplacĂ©s par dâautres matraques, des planches, des bĂątons de jalonnage ferrĂ©s, rien de semble rĂ©sister dans les mains des fauves. [âŠ]. Lâallure se ralentit, les Kapos semblent effrayĂ©s par le massacre, les coups sont moins nombreux, ils nous disent Ă voix basse et en français (oĂč lâon-t-il appris ?) Tombez â tombez â et notre chef de block nous chuchote « tombez sinon ils nâarrĂȘteront pas ». [âŠ]. »
Les Français sont soumis aux travaux les plus durs, moins nourris encore que les autres déportés et privés de soins. Sur les 169 Français arrivés en juillet, 59 meurent au camp et seuls 78 d'entre eux survivent à leur déportation.
Les premiers NN néerlandais, conformément à l'ordre du WVHA, arrivent à Natzweiler le 10 juillet.
Les premiers NN belges arrivent le 22 octobre.
Le 24 septembre 1943 et le 20 mai 1944, Himmler renouvelle son ordre (pas toujours respecté) aux commandants des KL de transférer à Natzweiler tous les déportés NN germaniques qu'ils détiennent[66]. Sa volonté ne sera jamais complÚtement exécutée, la procédure Nuit et brouillard étant abrogée. Elle est remplacée, le 30 juillet, par le décret "Terreur et sabotage". Le ministÚre de la justice nazi reçoit l'ordre de remettre tous les NN, encore en prison et en attente de jugement, à la Gestapo[67].
Le dernier convoi de NN arrive au camp le 1er septembre 1944[68].
De juin 1943 à l'arrivée du dernier convoi Nacht und Nebel au camp, ce sont 2 443 déportés "NN" qui sont passés par le KL-Natzweiler[69] - [70].
à propos des déportés « Nacht und Nebel », le Dr Goude, rescapé de Natzweiler, témoignera plus tard[71] :
« J'arrivai au camp du Struthof le 19 mai 1944 avec un groupe de sept intellectuels. Ă notre entrĂ©e nous fĂ»mes tout de suite impressionnĂ©s par nos frĂšres de misĂšre. Leurs dĂ©marches d'automates, la fixitĂ© de leurs regards, leur aspect squelettique indescriptible et inĂ©galĂ© ailleurs. J'ai connu beaucoup de camps (Buchenwald, Natzwiller, Wesseling, Dachau, Auschwitz), nulle part je n'ai ressenti de pitiĂ© plus douloureuse qu'au Struthof. Ce qui nous intrigua dĂšs l'abord, ce furent d'immenses lettres : N N barbouillĂ©es en rouge sur les vĂȘtements⊠»
« ... C'Ă©taient des hommes complĂštement retranchĂ©s du monde civilisĂ©. Ils ne recevaient ni courrier, ni colis, ni nouvelles extĂ©rieures. C'Ă©tait l'abrutissement complet, le travail forcenĂ©, la furieuse brutalitĂ© des kapos et des chefs de blocks. Les dĂ©tenus ne bĂ©nĂ©ficiaient pas des cinq heures effectives de sommeil ; la vermine se chargeait de les troubler. Le repos dominical de l'aprĂšs-midi Ă©tait supprimĂ©. Mais, en revanche, la schlague toute la journĂ©e â les chiens constamment sur les talons â la hantise de la moindre dĂ©faillance, la pitance diminuĂ©e, l'absence totale, au dĂ©but, de soins mĂ©dicaux, les redoutables expĂ©riences, dites scientifiques, les greffes humaines et les chambres Ă gaz[72]. »
Inversement, de l'intĂ©rieur du camp, l'Autrichien Franz Kozlik (matricule 980), dĂ©crit ainsi l'Ă©tonnement des dĂ©portĂ©s lorsquâarrive au camp, le , le premier transport de NN Franzosen (Français Nacht und Nebel), dĂ©portĂ©s politiques, porteurs du triangle rouge :
« Ces Français Nacht und Nebel, c'Ă©taient des prĂȘtres portant la soutane, des officiers supĂ©rieurs, c'Ă©taient, comme on le sut plus tard, des mĂ©decins, des ouvriers, des paysans. Presque sans exception des Français de la RĂ©sistance. GĂ©nĂ©ralement chargĂ©s de bagages de bonne apparence. »
Puis, aprÚs avoir quelque temps observé ces prisonniers d'un nouveau genre, Kozlik ajoute :
« Il est presque incroyable [de constater] de quelles rĂ©serves de forces l'ĂȘtre humain dispose. [...] Car la tenue de ces Français, la maniĂšre dont ils serraient les dents, le courage avec lequel ils se chargeaient de travaux impossibles Ă exĂ©cuter, la discipline avec laquelle ils sortaient par le portail, tous en rang, le corps redressĂ©, le visage dĂ©composĂ©, d'une pĂąleur mortelle, enflĂ© et ensanglantĂ©, mais tenant droit la tĂȘte dans un effort farouche, Ă©murent mĂȘme le plus endurci des internĂ©s, qui ne pouvait cacher son admiration[73]. »
DĂ©tenus notables
Ont été déportés au KL Natzweiler :
- le général Aubert FrÚre, fondateur de l'Organisation de résistance de l'Armée, qui y meurt d'épuisement le ;
- le gĂ©nĂ©ral Paul Jouffrault chef d'Ătat-major de l'ArmĂ©e secrĂšte en Zone Sud, mort Ă Natzweiler le .
- le général Paul Labat, des réseaux Alliance et Gallia y a été exécuté dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944
- Jacques Stosskopf, ingénieur général, appartenant au réseau Alliance, y est exécuté dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944
- le colonel Ămile Schwarzfeld, chef du mouvement de rĂ©sistance lyonnais France d'abord, y meurt d'Ă©puisement le (dans le camp annexe de Cochem, Ă Bruttig)
- le colonel René Lisbonne, résistant français de confession juive et membre du réseau Marco Polo, y meurt le . Il était le cousin de Simone Veil
- Léonce Vieljeux, colonel de Réserve, maire de La Rochelle (1930-1940) et son neveu Franck Delmas, tous deux membres du réseau Alliance, abattus dÚs leur arrivée au camp dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944
- le lieutenant-colonel Marcel Pourchier, membre de l'ORA et du réseau Alliance y est exécuté dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944
- le capitaine Guillaume d'Ussel, membre de l'Armée SecrÚte, y meurt le (dans le camp annexe de Neckargerach)
- le lieutenant Gaëtan Vidiani, résistant français membre de l'Armée SecrÚte, y meurt le
- le député SFIO de l'Allier, Isidore Thivrier, membre du réseau Marco Polo déporté à Natzweiler le 14 avril 1944. Il décÚde au camp le 5 mai.
- Jacques Degrandcourt, résistant français fondateur du groupe MelpomÚne, y meurt d'épuisement le (dans le camp annexe de Vaihingen)
- René Renard, résistant français membre des FTP, y décÚde le
- Trygve Bratteli, résistant norvégien. Libéré du camp annexe de Vahingen le par les troupes alliées, il deviendra par la suite Premier Ministre de la NorvÚge de 1971 à 1972, puis de 1973 à 1976
- AsbjÞrn Halvorsen, joueur de football norvégien, libéré également du camp annexe de Vaihingen en 1945
- Jean Michel Caubo, résistant néerlandais, qui y meurt d'épuisement le (dans le camp annexe de Dautmergen)
- le botaniste et anthropologue français Jacques Barrau, déporté au camp de Dachau, puis à Neckarelz, annexe de Natzweiler, libéré le 4 avril 1945 à Osterburken .
- l'abbé Bernard Ferrand, membre du réseau Alliance, y est exécuté dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944
- Aron Skrobek, syndicaliste, de confession juive et membre de la Main-dâĆuvre immigrĂ©e (MOI), y est assassinĂ© le
- Auguste Bonal, industriel, résistant, déporté à Natzweiler le 23 août 1944.
- Robert Krieps, résistant, homme politique luxembourgeois, déporté à Natzweiler le 26/01/1943
Ont Ă©tĂ© internĂ©s au camp-souche avant d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©s en 1944 vers d'autres camps :
- le gĂ©nĂ©ral Charles Delestraint, chef de l'ArmĂ©e secrĂšte, transfĂ©rĂ© ensuite Ă Dachau oĂč il sera exĂ©cutĂ© le 19 avril 1945. Compagnon de la LibĂ©ration [74].
- le général Jean Gilliot, membre fondateur de l'Armée SecrÚte, transféré à la prison de Brieg en Silésie
- le colonel Emile Bonotaux, membre de l'ORA, transfĂ©rĂ© Ă Dachau oĂč il meurt du typhus le 14 fĂ©vrier 1945
- Joseph Gastaldo et André Lassagne : tous deux membres de l'Armée SecrÚte, déportés au Natzweiler aprÚs leur arrestation (à Paris le 9 juin 1943 pour le premier et à Caluire en compagnie de Jean Moulin le 21 juin 1943 pour le second). Ils seront par la suite transférés à la prison de Brieg (Brzeg en polonais) en Silésie puis au camp de Gross-Rosen
- Gabriel Piguet, Ă©vĂȘque de Clermont-Ferrand (seul prĂ©lat français Ă avoir Ă©tĂ© dĂ©portĂ©), transfĂ©rĂ© ensuite au camp de Dachau
- Le prince François-Xavier de Bourbon-Parme, résistant, chef de la communion carliste, oncle du roi Boris III de Bulgarie, de l'archiduc héritier Otto de Habsbourg-Lorraine et du grand-duc héritier Jean de Luxembourg, transféré ensuite au camp de Dachau
- Le futur député SFIO de l'Indre, Léon Boutbien, transféré ensuite au camp de Dachau
- le futur député de la Seine puis de Paris, Joël Le Tac, transféré également au camp de Dachau. Compagnon de la Libération [75].
- Max Heilbronn, crĂ©ateur des magasins Monoprix et rĂ©sistant français de confession juive y a Ă©tĂ© internĂ© en 1944 avant d'ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă Allach (kommando du camp de Dachau)
- Robert Keller, rĂ©sistant français et principal instigateur de la Source K, y est dĂ©portĂ© le 11 juillet 1943 (il sera par la suite transfĂ©rĂ© au camp d'Oranienbourg-Sachenhausen puis de Bergen-Belsen oĂč il dĂ©cĂšdera le 14 avril 1945)
- Henri Gayot, résistant français du réseau Honneur et Patrie, y est déporté le 6 avril 1944 (évacué par la suite au camp de Dachau en septembre 1944). Dessinateur de formation, il est l'auteur de gravures réalisés aprÚs guerre relatant le quotidien des déportés au camp-souche[76]
- Jacques Songy, résistant français du groupe MelpomÚne, transféré à Dachau en septembre 1944
- Raymond BrulĂ©, rĂ©sistant français, membre du Front National, transfĂ©rĂ© au camp de Gross-Rosen oĂč il dĂ©cĂšde le 17 novembre 1944
- Régis Messac, écrivain français, membre du Front National, transféré au camp de Gross-Rosen et probablement mort en 1945 durant les marches de la mort
- Georges Lapierre, instituteur, crĂ©ateur de la Jeunesse au plein air, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Syndicat national des instituteurs clandestin, membre du rĂ©seau LibĂ©ration-Nord, transfĂ©rĂ© au camp de Dachau oĂč il meurt du typhus le 4 fĂ©vrier 1945
- Roger Linet, syndicaliste membre des FTP, transfĂ©rĂ© au camp de Dachau d'oĂč il sera libĂ©rĂ© par les troupes alliĂ©es le 29 avril 1945
- Gilbert May, résistant français du mouvement Libération-Sud, transféré à Augsbourg (dans un kommando de Dachau). Il est l'un des rares juifs alsaciens à avoir été déporté au Natzweiler
- François Faure, rĂ©sistant français membre de la ConfrĂ©rie Notre-Dame, transfĂ©rĂ© Ă Dachau d'oĂč il fut rapatriĂ© le 15 mai 1945. Il est le fondateur en 1950 de l'Amicale des dĂ©portĂ©s de Natzweiler-Struthof. Compagnon de la LibĂ©ration [77]
- le rĂ©sistant belge Albert GuĂ©risse, dĂ©portĂ© de Mauthausen Ă Natzweiler sous son nom de code Pat O'Leary, transfĂ©rĂ© Ă Dachau d'oĂč il est libĂ©rĂ© par les troupes alliĂ©es le 29 avril 1945
- l'écrivain slovÚne Boris Pahor, transféré par la suite à Dachau
- l'écrivain polonais Tadeusz Borowski, transféré par la suite à Dachau
- l'agent secret britannique Bob Sheppard
- le peintre et agent secret britannique Brian Stonehouse, transféré à Dachau
- Henri Chas, chef de l'armée secrÚte de Haute-Loire puis des Corps francs de la Libération de la région R5, transféré à Dachau. Compagnon de la Libération [78]
- Charles Serre, chef national du Mouvement Résistance, déporté le 2 juillet 1944 à Dachau. Transféré le 24 juillet à Neckargerach, camp annexe de Natzweiler. Compagnon de la Libération [79]
- Paul Teitgen, juriste et haut fonctionnaire, déporté à Natzweiler le 19 août 1944
- André Verchuren, artiste français, déporté le 2 juillet 1944 à Dachau, transféré le 24 août 1944 à Neckarelz, camp annexe de Natzweiler
- Pierre Ségelle, homme politique, maire d'Orléans, député du Loiret, ministre de la IVÚme république, déporté le 2 juillet 1944 à Dachau, transféré le 22 juillet à Neckarelz puis Kochem, camps annexes de Natzweiler.
- Robert Olleris, général français, déporté à Natzweiler le 4 mai 1944.
- Jean Medina alias josĂ© Martinez, rĂ©publicain espagnol, membre des FFI, transfĂ©rĂ© Ă Dachau d'oĂč il fut rapatriĂ© en avril 1945[80].
Le camp aprĂšs la guerre
DĂšs le mois de dĂ©cembre 1944, le Struthof devient un camp d'internement pour des civils allemands et des Alsaciens suspectĂ©s de collaboration pendant l'annexion. L'un des premiers directeurs de ce centre fut Jean Eschbach, alias capitaine RiviĂšre, qui Ă©tait un ancien rĂ©sistant jurassien, l'un des fondateurs du Groupe Mobile Alsace (GMA) Vosges[81]. Fin 1945, le CI est transformĂ© en centre pĂ©nitentiaire oĂč sont incarcĂ©rĂ©s des collaborateurs jugĂ©s par la justice française.
Y sont retenus environ 2 000 dĂ©tenus : des anciens de la LĂ©gion des volontaires français, de la Division Charlemagne, des membres de partis collaborationnistes (Parti populaire français, Rassemblement national populaire, Parti franciste, etc.), des auxiliaires français de la Gestapo, mais aussi des fils de dignitaires du RĂ©gime de Vichy et de collaborateurs. Parmi ces dĂ©tenus, on peut citer Pierre Sidos, le futur crĂ©ateur des mouvements d'extrĂȘme droite Jeune Nation, Occident et l'Ćuvre française.
En 1957, une scÚne du film Le Bal des maudits avec Marlon Brando, Dean Martin et Montgomery Clift, y est tournée. Certains des figurants étaient d'anciens détenus du camp[82]. 500 figurants sont recrutés à Strasbourg et dans la vallée de la Bruche. Un tiers pour jouer les soldats américains, les autres pour jouer les déportés[83].
ProcÚs postérieurs à la guerre
Entre le mois de juin 1954 et le mois de mai 1955 se déroule devant les tribunaux militaires de Metz puis de Paris le procÚs du Struthof, durant lequel sont jugés les principaux responsables SS et des responsables de la hiérarchie interne du camp (Kapo). Plusieurs autres procÚs ont lieu aprÚs la guerre pour juger d'autres dirigeants du KL Natzweiler et de ses kommandos[84].
Sont notamment jugés :
- Josef Kramer, commandant SS du camp d'octobre 1942 à mai 1944. Fait prisonnier par les Britanniques au camp de Bergen-Belsen dont il assurait le commandement aprÚs avoir quitté Auschwitz. Il est condamné à mort à l'issue du procÚs des gardiens de Belsen à Lunebourg. Pendu à la prison de Hamelin le 13 décembre 1945[84], il ne sera jamais jugé pour les crimes commis à Natzweiler et à Auschwitz.
- Friedrich Hartjenstein, qui avait pris la direction du KL-Natzweiler aprÚs le départ de Josef Kramer ; condamné à mort, il décÚde d'un cancer à l'hÎpital Saint-Jean de Dieu à Paris, le 20 octobre 1954, avant son jugement en appel[85].
- Heinrich Schwarz, dernier commandant du KL Natzweiler (qu'il dirigea de fĂ©vrier Ă avril 1945) ; condamnĂ© Ă mort lors du procĂšs de Rastatt, il est fusillĂ© le 20 mars 1947 dans la forĂȘt de Baden-Oos.
- Hans HĂŒttig (de), tout premier commandant du camp (d'avril 1941 Ă mars 1942). CondamnĂ© Ă la prison Ă perpĂ©tuitĂ© Ă Metz le 2 juillet 1954, il est amnistiĂ© en 1956.
- Egon Zill, commandant du camp de mai à septembre 1942. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal de Munich, sa peine a été réduite en appel à 15 ans en 1955.
- Wolfgang Seuss, responsable du camp de dĂ©tention (SchutzhaftlagerfĂŒhrer). CondamnĂ© Ă mort en France Ă deux reprises (procĂšs de Metz et Paris), sa peine est commuĂ©e en 1959 en travaux forcĂ©s Ă perpĂ©tuitĂ©. Finalement libĂ©rĂ©, il est arrĂȘtĂ© dĂšs son retour en Allemagne. Il est jugĂ© et condamnĂ© Ă la prison Ă perpĂ©tuitĂ© pour le meurtre, Ă Dachau, de Kurt Riesenfeld. LibĂ©rĂ© en 1970, il meurt en 1979.
Au terme du procÚs de Rastatt sont condamnés à mort, le , dix-neuf dirigeants SS et Kapos des kommandos du KL Natzweiler[84].
Le 20 décembre 1952 s'ouvre devant le Tribunal militaire français de Metz le procÚs des médecins SS Otto Bickenbach et Eugen Haagen. Le jugement les condamne aux travaux forcés à perpétuité. En 1954, le jugement est cassé. Rejugés par le Tribunal militaire de Lyon, ils sont condamnés à la peine de 20 ans de travaux forcés. Ils sont tous deux libérés en 1955 et retournent en Allemagne. Le professeur August Hirt y est condamné à mort par contumace le 23 décembre 1953 (considéré comme en fuite depuis la fin de la guerre, il s'est en fait suicidé le 2 juin 1945)[86].
Lors du procÚs de Wuppertal (mai-juin 1946) sont jugés les SS et un Kapo impliqués dans l'assassinat en juillet 1944 à Natzweiler des quatre femmes membres du SOE et du sergent Frederick Habgood. à l'issue du procÚs seront condamnés à mort puis exécutés :
- Werner Rohde (de), 8e médecin SS du KL Natzweiler
- Peter Straub, chef du block crématoire
- Franz Berg, Kapo du crématoire
Les transformations du camp aprĂšs la guerre
- Le Mémorial national aux héros et martyrs de la déportation.
- Journée nationale du souvenir de la déportation le 28 avril 2013.
- Journée nationale du souvenir de la déportation en présence de jeunes sapeurs-pompiers le 28 avril 2013.
- Panorama du camp de concentration en 2007.
- Le MĂ©morial de la DĂ©portation pendant les travaux de restauration en 2019.
- 1945 : Le site devient un centre pénitentiaire du MinistÚre de la justice, accueillant des détenus suspects de collaboration et des droits communs[87].
- 1949 : En janvier, le centre pénitentiaire est dissous. En juillet, le gardiennage du camp est confié à l'administration des Internés et Déportés politiques des camps de Schirmeck et Struthof, dépendant du ministÚre des Anciens combattants et Victimes de guerre.
- 1950 : Le sol de l'ancien camp (partie située à l'intérieur des clÎtures actuelles) est classé au titre des monuments historiques[88].
- 1951 : Le bùtiment de la chambre à gaz est classé monument historique[88].
- Le : au cours d'une cérémonie, présidée par le préfet du Bas-Rhin, les baraques qui menacent de s'effondrer sont détruites à l'exception de quatre d'entre elles situées en haut et en bas du site : en haut, la baraque no 1 et la baraque des cuisines ; en bas, la baraque du four crématoire et la baraque du bloc cellulaire.
- Mai 1957 - juillet 1959 : Ărection du MĂ©morial national de la dĂ©portation par l'architecte en chef des Monuments historiques Bertrand Monnet et le sculpteur Lucien Fenaux. AmĂ©nagement de la NĂ©cropole Nationale du Struthof.
- Le , le Mémorial national de la déportation, ainsi que la nécropole nationale sont inaugurés par le président de la République, le général de Gaulle.
- Le , un dĂ©portĂ© inconnu est exhumĂ© de la nĂ©cropole du Struthof. La dĂ©pouille, transfĂ©rĂ©e sur lâĂle de la CitĂ© Ă Paris, deviendra celle du dĂ©portĂ© inconnu du MĂ©morial des Martyrs de la DĂ©portation, inaugurĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, le 12 avril.
- : Inauguration du musée de la déportation de Natzweiler, aménagé dans la baraque no 1 par le MinistÚre des Anciens combattants.
- Nuit du 12 mai au : Destruction totale du musĂ©e par un incendie criminel perpĂ©trĂ© par le groupe autonomiste alsacien « Loups Noirs » une croix de Lorraine est peinte sur un mur, ainsi quâune inscription : « 27 janvier 1945 ». Les incendiaires voulaient sans doute rappeler que dans ce camp, 1 100 Alsaciens soupçonnĂ©s de collaboration avec l'occupant nazi avaient Ă©tĂ© enfermĂ©s Ă cette date, donc pendant la LibĂ©ration de l'Alsace[89]. Mais surtout, que la mĂ©moire des rĂ©sistants Alsaciens et Lorrains enfermĂ©s au camp de sĂ»retĂ© de Vorbruck-Schirmeck, a contrario, n'est pas perpĂ©tuĂ©e[90]. Le musĂ©e sera reconstruit Ă l'identique. Une nouvelle exposition y est inaugurĂ©e, le par ValĂ©ry Giscard d'Estaing, alors prĂ©sident de la RĂ©publique.
- : à l'occasion du 60e anniversaire de la libération des camps, le président de la République Jacques Chirac inaugure le Centre européen du résistant déporté et la nouvelle exposition de la baraque musée sur le site de l'ancien camp de concentration de Natzweiler.
- : L'ensemble du périmÚtre de l'ancien KL Natzweiler est inscrit au titre des monuments historiques[91]
- : divers éléments du camp de concentration sont classés au titre des monuments historiques[88] - [92] - [93](entre autres : l'hÎtel du Struthof, les enceintes, la Kartoffelkeller, la villa Ehret, le Ravin de la Mort, les blocks encore en place, la sabliÚre, le chemin des Déportés...).
- : Le site est classé Haut lieu de la mémoire nationale[94].
- Depuis 2014, d'importants travaux de restauration ont été entrepris sur le site du Struthof. Les travaux de restauration des baraques cellulaire et du bunker, du Mémorial, de la Nécropole sont achevés. Ceux des miradors, de la guérite d'entrée et de la chambre à gaz sont en cours. La restauration de la baraque cuisine est programmée pour 2022 [95].
- Depuis 2018, des fouilles archéologiques sont menées autour de l'ancien camp et à la carriÚre[96] - [97].
- En 2022, aprÚs 18 mois de travaux de restauration et l'installation d'une muséographie, le bùtiment abritant la chambre à gaz est réouvert au public. Une cérémonie est organisée pour marquer l'évÚnement le jour du 78Úme anniversaire de la découverte du camp[98].
Les kommandos du KL-Natzweiler
De nombreux kommandos et camps de travail annexes dépendaient du KL-Natzweiler[99]. Ils étaient situés tant en Alsace et Moselle annexées qu'en Allemagne[100].
En août 1944, il y avait prÚs de 7 000 prisonniers au camp-souche et plus de 20 000 dans ses kommandos[101]. Les effectifs de certains de ces camps annexes dépassaient parfois ceux du camp-souche.
à noter parmi ces kommandos celui de Thil en Meurthe-et-Moselle, qui a la particularité d'avoir été le seul camp de tout le systÚme concentrationnaire nazi à avoir été installé en territoire français non annexé. Il était également le seul camp annexe doté d'un four crématoire, récupéré par les nazis dans une usine d'équarrissage.
Les camps situĂ©s sur la rive gauche du Rhin sont Ă©vacuĂ©s entre septembre et novembre 1944, en mĂȘme temps que le camp principal. Ceux de la rive gauche le sont en mars/avril 1945[102].
Un seul de ses camp a été libéré avant qu'il ne soit totalement évacué. C'est celui de Vaihingen, libéré par l'Armée française, le 7 avril 1945 [103].
Les kommandos dépendants du KL-Natzweiler[16] :
- Asbach
- Audun-le-Tiche (Deutsch-Oth)
- Auerbach
- Bensheim
- Bisingen[104].
- Calw. Camp de femmes
- Cernay (Sennheim)
- Colmar. (Kolmar). Camp provisoire
- Darmstadt
- Dautmergen[104]
- Dormettingen
- Echterdingen
- Ellwangen
- Frankfurt-Katzbach
- Frankfurt-Walldorf. Camp de femmes
- Frommern
- Geisenheim. Camp de femmes
- Geislingen an der Steige. Camp de femmes
- Gross-Sachsenheim
- Hailfingen
- Haslach-Barbe-H
- Hayange (Hayingen). Camp de femmes
- Heidenheim
- Heppenheim
- Hessental
- Iffezheim-Sandweier
- Kochem. Deux sous-camps : Treis et Bruttig
- Kochendorf
- Leonberg
- Manheim-Sandhoffen
- Metz
- Mulhouse
- Neckarbischofsheim
- Neckarelz (deux camps)
- Neckargartach
- Neckargerach
- Neckarzimmern
- Neunkirchen
- Obernai (Oberehnheim)
- Offenbourg
- Peltre (Pelters)
- Rastatt
- Rothau (Rotau)
- Sainte-Marie-aux-Mines (Markirch)
- Schömberg[104]
- Schörzingen[104]
- Schwindratzheim
- Spaichingen
- Thil
- Unterriexingen[104]
- UrbĂšs - Husseren-Wesserling
- Vaihingen-sur-l'Enz
- Wasseralfingen
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Les notices du service de l'inventaire concernant le "Camp de concentration de Natzwiller-Struthof"[105] - [106] - [107] - [108] - [109] - [110] - [111] - [112] - [113] - [114].
- François Kozlik (mat. 960), Struthof, le mont des horreurs, éditions Sédal, 1945, 52 pages (épuisé)
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- André Ragot (mat. 6163) (préface d'Edmond Michelet), NN - Nuit et brouillard, éditions Cooped, 1948 ; éditions Documents, 1958 ; Sens, Chevillon, 1964, 205 pages (épuisé)
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Films et téléfilms
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- Rendez-vous avec quelqu'un, un téléfilm de Jean-Paul CarrÚre - 1970
- Le Struthof - un camp de concentration nazi en Alsace, un film d'Alain Jomy et Monique Seemann, réalisé en partenariat avec France 3 Alsace - 1995 - durée : 52 minutes.
- Le nom des 86, un film de Emmanuel Heyd et Raphael Toledano. Production Dora Films sas - Alsace 20 - Télébocal - Cinaps TV - 2014 - durée : 63 min.
- Struthof, le camp oublié - RMC Découverte - 2018 - durée : 52 minutes[116].
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Notes et références
Notes
- Il se trouve aujourd'hui sur le territoire de la commune de Natzwiller dans le Bas-Rhin.
Références
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- Notice no IA67013281, base Mérimée, ministÚre français de la Culture La Grande carriÚre
- Notice no IA67013280, base Mérimée, ministÚre français de la Culture Ensemble de 8 miradors faisant partie de la clÎture du camp
- Notice no IA67013279, base Mérimée, ministÚre français de la Culture Prison dite Baraque des cellules
- Notice no IA67013278, base Mérimée, ministÚre français de la Culture Monument aux morts, dit Fosse commune
- Notice no IA67013277, base Mérimée, ministÚre français de la Culture Four crématoire
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- « Les procÚs de Rastatt - Des criminels de guerre devant la justice française - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
- Mémorial national de la déportation
- Collection de squelettes juifs du professeur Hirt
- Camp de Thil : kommando du KL Natzweiler-Struthof destiné à la fabrication de missiles V1
- Camp de suretĂ© de VorbrĂŒck-Schirmeck
- Centre européen du résistant déporté
- ReichsuniversitĂ€t StraĂburg : l'universitĂ© nazie implantĂ©e Ă Strasbourg
- Liste des monuments historiques du Bas-Rhin
- Liste des camps annexes du KL-Natzweiler-Struthof
Liens externes
- Ressource relative Ă l'architecture :
- « Struthof », sur struthof.fr (consulté le )
- « Natzweiler-Struthof, un camp de concentration nazi en France », sur cndp.fr (consulté le )
- « Le camp du Struthof », sur judaisme.sdv.fr (consulté le )
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- « Déportés norvégiens au camp de concentration du Struthof », sur natzweiler.info (consulté le )
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- Robert Steegmann, « septembre 1944 : il faut Ă©vacuer le camp de Natzweiler », Revue dâAllemagne et des pays de langue allemande, nos 46-2,â (lire en ligne)
- mes années de jeunesse sacrifiées dans les camps de concentration de Natzweiler-Struthof et de Dachau, 1942-1945 [« Sou wéi ech et erlieft hunn »] (trad. Ernest Gillen) (lire en ligne)