Triangle rouge
Le triangle rouge est un insigne de diverses significations.
Revendication ouvrière
Le triangle de cuir rouge a été adopté le à Paris au cours des luttes ouvrières pour que le manifestant puisse se distinguer de l'homme de la rue[1]. L'insigne symbolise la revendication ouvrière de la journée de huit heures de travail maximum, ce qui réservait 8 heures de sommeil et 8 heures de loisir. L'inscription « 1er Mai, 8 heures de travail » était cousue sur le triangle pour la manifestation[2].
Marquage des déportés opposants et prisonniers politiques des nazis
Le triangles rouge est utilisé pour distinguer les prisonniers politiques dans les camps de concentration nazis[3]. La notion de triangle rouge renvoie lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) au système de marquage des déportés.
Au cours de ce conflit, les nazis enferment, déportent ou exterminent leurs opposants politiques directs et certains individus qui refusent ou ne correspondent pas à leurs « valeurs », comme les Juifs, Tziganes, homosexuels, Témoins de Jéhovah, etc. Pour les différencier, la SS a l'idée de leur faire porter des signes distinctifs, et dans ce système, le triangle rouge était la marque des individus politiquement opposés au Troisième Reich : communistes, résistants, objecteurs de conscience, etc. Dans certains cas, le triangle rouge pouvait être surchargé par la première lettre du pays d'origine (en allemand) du déporté : par exemple le « F » correspondait à la France (Frankreich) et le « S » à Espagne (Spanien).
Le triangle rouge aujourd'hui
Depuis la fin de la guerre, le triangle rouge est devenu le symbole de la résistance aux idées d'extrême droite, notamment en Belgique. Il est aussi le logo du réseau Ras l'front. Une épinglette représentant le triangle de tissu nazi est produite par l'ASBL « Les Territoires de la Mémoire ».
Lors de la campagne pour l'élection présidentielle française de 2017, le candidat Jean-Luc Mélenchon porte le triangle rouge, qui lui a été offert par un syndicaliste de la Fédération générale du travail de Belgique[4].
Notes et références
- Michel Rodriguez, Le 1er mai, Gallimard, , 280 p. (ISBN 978-2-07-071860-3), p. 158 « D’autres signes relèvent de la symbolique du rouge, dès la première célébration. A Paris, de petits triangles en cuir rouge – allusion aux trois huit – sont fabriqués en grande quantité pour que le manifestant puisse se distinguer de l’homme de la rue. »
- « 1er Mai », La gazette de Liège,‎ , p. 1 « Dix mille affiches vont être placardées à Paris. Elles seront imprimées sur papier rouge. Elles portent en tête : Fête du travail. La pétition des chambres syndicales et des groupes socialistes de France sera portée, le 1er mai, à la chambre des députés par une délégation. La délégation partira de la place de la Concorde à 2 heures de l’après-midi. L’insigne adopté par les manifestants est un petit triangle en cuir rouge dans lequel se trouve cette inscription : « 1er mai, 8 heures de travail ». On remarquera l’orthographe particulière du mot : heures. Cette orthographe et les caractères, qui ne sont certainement pas français, laissent facilement voir que la matrice a été fabriquée en Suisse ou en Allemagne. L’insigne se vendra 5 centimes. ».
- (en) Claudia Theune, « Clothes as Expression of Action in Former Concentration Camps », International Journal of Historical Archaeology, vol. 22, no 3,‎ , p. 492–510 (ISSN 1573-7748, DOI 10.1007/s10761-017-0440-3, lire en ligne, consulté le )
- Baptiste Legrand, « Jean-Luc Mélenchon : que symbolise le triangle rouge sur sa veste ? », nouvelobs.com, (consulté le )