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Gaëtan Vidiani

Gaëtan Vidiani, né le , à Nantes, en Loire-Atlantique, et mort le , au KL-Natzweiler, en Allemagne (Alsace annexée au IIIe Reich), est un lieutenant français, héros de la première résistance intérieure, celle des Forces françaises combattantes, premier chef départemental de l'Armée secrète Loire.

Gaëtan Raoul Georges Vidiani
Naissance
Nantes (Loire-Atlantique)
Décès
KL-Natzweiler (Allemagne)(Struthof, nom du site)
Origine Drapeau de la France France
Arme Artillerie
Grade Lieutenant [1]
Années de service 1931 – 1943
Hommages MĂ©daille de la RĂ©sistance Ă  titre posthume

Biographie

Né à Nantes, où son père dirige un hôtel [2], Gaëtan Vidiani fait ses études en Vendée, aux Sables-d'Olonne, puis à La Rochelle, chez les Marianistes.

D'abord en classe préparatoire aux grandes écoles à Paris (Math. sup.), il poursuit ses études, en 1928-1929, à l'École Sainte-Geneviève, à Versailles (Math. spé.). Mais la mort de son père l'empêche de poursuivre cette coûteuse préparation [3].

En avril 1931, après son service militaire, il s'engage dans l'armée.

Le , il entre à l'École d'application d'artillerie de Fontainebleau, en tant qu'élève officier d'active ; il en sort sous-lieutenant [4].

Le , affecté à Lyon (14e Région militaire), il sert au 54e régiment d'artillerie, au quartier de la Vitriolerie.

En février 1938, après son mariage avec un professeur du lycée Jeanne-d'Arc, à Nancy, il fait une demande pour obtenir un poste en Côte-d'Or, à Dijon [5].

Dès février, il est détaché en Isère, au camp de Chambaran, où, pendant sept mois, il commande le détachement permanent du camp.

Le , il est promu lieutenant. Peu après, il obtient sa mutation pour le 405e RA/DCA, à Dijon, une antenne de ce régiment étant basée en Côte-d'Or.

Pendant l'été 1939, en Saône-et-Loire, à Torcy, et jusqu'à la déclaration de guerre, il exerce un commandement dans la DCA pour la protection des usines du Creusot (usines Schneider).

RĂ©sistance

En août 1940, le lieutenant Vidiani est dirigé vers le secteur de défense aérienne Sud [6]. À Nîmes, au 39/405 e RAA, lorsque la Commission de contrôle allemande s'annonce pour vérifier le matériel, il est du nombre des officiers qui participent à l'organisation du Camouflage du matériel et de l'armement (CDM).

Le , il est dirigé sur le Centre d'organisation de l'artillerie (COA) de Clermont-Ferrand, pour entrer dans des batteries de nouvelle constitution.

À partir de septembre 1941, à Limoges, au 39/405 e RAA, il poursuit une action clandestine en tant qu'agent d'un réseau de renseignement militaire.

En juillet 1942, il est nommé à Saint-Étienne, au 89/404 e RAA (groupement de DAT 23) [7].

En septembre 1942, à Lyon, dans le cadre de la lutte clandestine, l'Armée secrète s'organise. En effet, le vendredi 28 août 1942, à Lyon, a eu lieu la première rencontre entre Jean Moulin et le général Delestraint. Moulin a fait mettre immédiatement à la disposition de Delestraint les trois responsables des formations paramilitaires des grands mouvements (Billon pour Combat, Aubrac pour Libération, Lévy pour Franc-Tireur).

À la tête de la Région R1, le capitaine Claudius Billon, ayant été nommé chef régional de l'Armée secrète par le général Delestraint [8], choisit et désigne les chefs départementaux AS, aux responsabilités évidemment secrètes (R1 comprend alors onze départements, Haute-Loire et Jura compris).

Contacté pour la charge clandestine de l'AS Loire par le capitaine Billon, le lieutenant Vidiani accepte. Après confirmation de sa nomination par Claudius Billon, chaque chef départemental AS reçoit ensuite secrètement l'investiture du général Delestraint [9].

Le , G. Vidiani rejoint son poste à Saint-Étienne. Par l'intermédiaire du capitaine Billon et des directions régionales des principaux mouvements, les contacts secrets nécessaires sont pris pour qu'il puisse assumer, dans les faits, le commandement de l'AS Loire [10].

En dehors des heures de travail, des concertations secrètes réunissent le chef de l'AS Loire avec les cadres départementaux des grands mouvements, Denis Paret (pour Combat), Gaston Quitaud (pour Franc-Tireur), ainsi qu'avec deux membres du Comité directeur de 93, et deux ou trois autres résistants, connus du petit cercle de clandestins, dont le responsable militaire de l´AS de Combat. Divers entretiens et réunions clandestines de préparation et d'organisation ont lieu, dans des endroits tenus secrets.

Le mercredi , à Saint-Étienne, une nouvelle réunion d'état-major est prévue par le lieutenant Vidiani, chef de l'AS Loire. Elle doit se tenir dans le centre, chez l'un des résistants convoqués, mais, ce dernier se sentant suivi, l'adresse en est changée, à sa demande, très peu de temps auparavant. La veille, l'Armée allemande a été anéantie à Stalingrad [11].

Finalement, cette nouvelle réunion secrète va se tenir loin du centre ville, au 31, rue Basse-des-Rives, dans l'appartement de Denis Paret, responsable départemental de Combat, avec d'autres résistants convoqués, tels Gaston Quitaud, responsable départemental de Franc-Tireur, et deux membres du Comité directeur de 93, Antoine Rambeaud et Roger Laporte - ce dernier étant également chef de l'Armée secrète, mais pour le secteur de Saint-Étienne, uniquement [12].

Ce mĂŞme soir, au 56, rue DĂ©sirĂ©-Claude (siège du temple de la franc-maçonnerie stĂ©phanoise), six cent cinquante personnes se pressent Ă  la confĂ©rence de Georges Claude [13], pour l'inauguration du nouveau local du groupe « Collaboration Â».

Arrestation et déportation

Au cours de cette réunion d'état-major, l´arrestation du lieutenant Vidiani et de ses compagnons est opérée par Hugo Geissler, Kommandeur de la Sicherheitspolizei et du SD à Vichy, Jany Batissier (alias capitaine Schmitt) et un groupe d'agents du SD de Vichy - tous exceptionnellement présents en Région R1 [14].

En effet, en Région R1, « au début de », le Kommandeur Geissler est venu faire une incursion exceptionnelle sur le territoire de son homologue, le Kommandeur Rolf Müller [15]. C'est pourquoi, trois mois plus tard, l'arrestation de Vidiani et de ses compagnons figure dans le premier rapport Kaltenbrunner (du ), rapport dont l'unique objet est l'Armée secrète en France et qui est adressé à von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères [16].

D'abord emmené à la caserne Ruillière, pour interrogatoire, puis enfermé à la caserne Grouchy, dans un local servant de prison, le vendredi , G. Vidiani est transféré à Lyon afin d'être interné à la prison Montluc, prison militaire allemande, depuis peu sous l'égide de la Gestapo, passage temporaire, dans l'attente d'une prise de décision ; pendant deux mois, il connaît les conditions de vie redoutables de cette prison régionale (zone Sud) [17].

Le 5 avril, transféré dans le Val-de-Marne, il est incarcéré à la maison d'arrêt de Fresnes, véritable forteresse, prison de la Wehrmacht, où sa détention, avec mise au secret, dure trois mois.

Le 1943, après nouveau transfert à Paris, il fait partie d'un transport de 56 résistants, enchaînés par deux. Partant de la gare de l'Est, ils sont envoyés en direction de Strasbourg, en territoire allemand - l'Alsace ayant été annexée de fait au IIIe Reich.

Au matin du lundi 12 juillet, c'est l'arrivée en gare de Rothau [18], sous les coups et les hurlements des SS, les morsures des chiens ; puis, à travers la forêt, c'est la montée en camion jusqu'au camp de concentration que les nazis ont construit sur le site du Struthof (nom du lieu-dit).

GaĂ«tan Vidiani fait partie des premiers dĂ©portĂ©s « Nacht und Nebel Â» (« Nuit et brouillard Â») français au KL-Natzweiler [19].

Au KL-Natzweiler, SS et Kapos font rĂ©gner la terreur. Pour « encadrer » les rĂ©sistants dĂ©portĂ©s, les SS prennent le soin de recruter les Kapos parmi les dĂ©tenus de droit commun les plus violents (comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© au KL-Dachau, plus ancien). Pour les dĂ©portĂ©s NN, le travail est obligatoire, mais uniquement Ă  l'intĂ©rieur du camp.

Références

  1. Journal officiel de la République française, 23 octobre 1947, p. 10469-10470, ministère de la Guerre. Présidé par le général Dejussieu / Pontcarral, le jury d'honneur dresse une liste des noms des officiers d'active reconnus comme membres de la Résistance en activité de service, déportés et disparus. - Artillerie : Vidiani (G.R.).
  2. Entre la place Saint-Similien et l'Erdre, l'immeuble où il est né, rue Jeanne-d'Arc, existe toujours.
  3. En 1925, son père décède aux Sables-d'Olonne.
  4. Robert Aublet, général, Artilleurs, mes chers frères - la grande et la petite histoire des Écoles de l'artillerie, Paris, EFM, 1991, 192 pages, p. 61 à 120.
  5. Dans le cadre d'une demande de rapprochement de conjoints, son épouse demandant sa nomination au lycée de jeunes filles de Dijon.
  6. Au tableau d'avancement, il est proposé au grade de capitaine.
  7. Saint-Étienne, capitale industrielle de la vallée du Gier, est alors au cœur de l'une des régions industrielles les plus importantes de France, d'où l'intérêt stratégique du complexe militaro-industriel stéphanois.
  8. Cl. Billon, nommé à ce poste par le général Delestraint, chef national de l'AS, a la lourde tâche de préparer l'organisation secrète de l'AS en R1. Voulue par Jean Moulin, l'unification de la Résistance commence par la mise en place de l'Armée secrète, alors que la mise en place des Mouvements unis de la Résistance (MUR) est plus tardive.
  9. Aux difficultés de la vie clandestine s'ajoutent les difficultés à communiquer, à informer, sous un régime d'oppression.
  10. Depuis septembre 1942, Denis Paret est à la tête de Combat, étant le successeur départemental désigné de César Garnier (arrêté), et Gaston Quitaud est à la tête de Franc-Tireur, étant le successeur départemental désigné de Jean Nocher (arrêté). En juillet 1942, Fernand Bonis, responsable départemental de Libération, a été arrêté ; dans la Loire, le mouvement Libération a été démantelé ; il est remplacé par 93, mouvement ligérien.
  11. Ce que tous les Français ont suivi avec passion, derrière les volets clos, et pas seulement les résistants qui, à cette époque, constituent une infime minorité.
  12. Monique Luirard, La Région stéphanoise dans la guerre et dans la paix, 1936-1951, Publications de l'Université de Saint-Étienne, CEF, 1980, 1024 pages, p. 487-489. Thèse de doctorat d'État, Université Montaigne-Bordeaux 3, 1978. Louise Paret, née Cuerq, épouse de Denis Paret, est naturellement présente. Le responsable communiste, convoqué à la réunion, ne s'est ni présenté, ni excusé.
  13. Membre de l'Académie des Sciences, membre du Comité d'honneur du groupe Collaboration et de celui de la LVF. Baillot Rémi, Georges Claude, le génie fourvoyé, Paris, EDP Sciences, 2010, 538 pages, p. 361-362.
  14. Curieusement, deux résistants, également convoqués par le chef de l'AS Loire, sont absents à la réunion. Le résistant communiste réapparaît à Saint-Étienne au printemps, sans rien dire. L'autre résistant absent est arrêté à domicile (rapport de police). Ce dernier est mis régulièrement à la place de Louise Paret, seule femme présente, les historiographes la faisant ainsi facilement disparaître.
  15. À Lyon, le successeur du Kommandeur Müller est le Kommandeur Knab ; ce dernier sera le supérieur hiérarchique de Klaus Barbie (chef du Bureau IV).
  16. Gérard Chauvy, Histoire secrète de l'Occupation, Paris, Payot, 1991, p. 37-41, 309-310. Rapport diffusé en 48 exemplaires, dont l'un aboutit sur le bureau d'Hitler.
  17. À Lyon, les prisons françaises, telle la prison Saint-Paul, ou la prison Saint-Joseph, réservent aux résistants un sort sensiblement différent.
  18. Rothau, bourgade située en bordure de la vallée de la Bruche, près du bourg de Schirmeck.
  19. En Alsace, territoire annexé, le camp est désigné sous le nom allemand de Natzweiler, car les Allemands germanisent, pour nommer un camp, le nom du village alsacien voisin (le nom du village, Natzwiller, n'est donc pas celui du camp). De même, en Pologne, territoire conquis, Oswiecim est le nom polonais de la ville voisine, mais le camp est désigné sous le nom allemand d'Auschwitz.
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