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Henri Rol-Tanguy

Henri Tanguy, officiellement Rol-Tanguy depuis 1970, dit « Colonel Rol-Tanguy », né le à Morlaix et mort le à Ivry-sur-Seine, est un militant communiste français, membre dirigeant de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est principalement connu pour avoir mené la libération de Paris de l'intérieur avant l'arrivée de la 2e division blindée du général Leclerc.

Henri Rol-Tanguy
Rol-Tanguy et Leclerc.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom officiel
Georges René Henri Rol-Tanguy
Nationalité
Allégeance
Activités
Période d'activité
Conjoint
Enfant
Claire Rol-Tanguy (d)

Biographie

Origines

Georges René Henri Tanguy[2] naßt en gare de Morlaix au cours d'un accouchement précipité[3]. Ses parents, lui officier marinier, elle blanchisseuse, habitent Brest. Il fait ses études primaires à Toulon, Brest et Cherbourg. Il est ouvrier métallurgiste dÚs l'ùge de quatorze ans.

Entre-deux-guerres

En 1925, Henri Tanguy devient ouvrier mĂ©tallurgiste aux usines Talbot, puis tĂŽlier en carrosserie chez Renault oĂč sa mĂšre travaille[4]. Il est affectĂ© Ă  une unitĂ© ultra moderne, l'usine O de Boulogne-Billancourt (Seine). Cette mĂȘme annĂ©e, il adhĂšre aux Jeunesses communistes et devient responsable de la cellule de l'usine. Il est licenciĂ© au bout de quelques mois pour fait de grĂšve[2].

Passionné de vélo, il entre au Club sportif international et se classe premier des débutants dans la course Paris-Chauny. En 1926, il participe aux « américaines » et aux poursuites par équipe, au Vélodrome d'Hiver, au Parc des Princes, au vélodrome Buffalo, et à la piste municipale de Vincennes[2].

En 1929, il effectue son service militaire en AlgĂ©rie, par mesure disciplinaire pour ne s'ĂȘtre pas inscrit Ă  temps sur les listes de recensement, au 8e rĂ©giment de zouaves[5]. IntĂ©ressĂ© par le maniement des armes et l'art militaire[6], il termine son service en tant que combattant d'Ă©lite, soldat de 1re classe, avec une formation de mitrailleur mĂ©canicien, de tĂ©lĂ©mĂ©treur et d'armurier[2].

Au dĂ©but des annĂ©es 1930, Tanguy trouve un emploi Ă  l'usine Breguet et, grĂące Ă  des cours de perfectionnement, il devient tĂŽlier-formeur, chaudronnier en cuivre, tuyauteur, soudeur. À partir de 1934, il renoue avec le militantisme et crĂ©e chez Breguet une cellule communiste et un syndicat CGTU. LicenciĂ© en 1935 Ă  la suite d'une action revendicative, il ne trouve plus de place que dans de petites entreprises[2]. En , il devient secrĂ©taire du syndicat des travailleurs de la mĂ©tallurgie CGT de la rĂ©gion parisienne[7], aux cĂŽtĂ©s notamment de Jean-Pierre Timbaud[5].

Lorsqu'Ă©clate la guerre d'Espagne, en 1936, il anime au sein de la FĂ©dĂ©ration des mĂ©taux la campagne de solidaritĂ© avec les RĂ©publicains espagnols. En 1937, il sert en Espagne dans les rangs des Brigades internationales. En , il est nommĂ© commissaire politique dans la XIVe brigade (dite « La Marseillaise »), en remplacement de Jean Hemmen gravement blessĂ©[8]. Le , il est lui-mĂȘme blessĂ© d'une balle dans la poitrine au cours de la bataille de l'Èbre.

Revenu en France en , il se marie le avec CĂ©cile Le Bihan, sa marraine de guerre, militante communiste, avec qui il a ensuite cinq enfants.

Seconde Guerre mondiale et RĂ©sistance

CĂ©cile Rol-Tanguy et Henri Rol-Tanguy.

Henri Tanguy est mobilisé en et affecté comme soldat de 1re classe au 57e régiment d'infanterie coloniale en Lorraine. En , il est affecté comme armurier au 28e régiment d'infanterie coloniale mixte sénégalais ; il prend part aux combats de la 28e division du 5 au [7].

DĂ©mobilisĂ© en aprĂšs avoir Ă©tĂ© citĂ© Ă  l'ordre du rĂ©giment, il retrouve son Ă©pouse CĂ©cile et reprend contact avec le Parti communiste. Le , apprenant qu'une vague d'arrestations frappe les militants communistes, il entre dans la clandestinitĂ©. Il participe Ă  la mise sur pied de l'Organisation spĂ©ciale (OS), le PCF lui confiant aussi la responsabilitĂ© du secteur sud de Paris et de sa banlieue, d'oĂč il organise des sabotages contre les forces allemandes. Son Ă©pouse CĂ©cile entre Ă©galement dans la rĂ©sistance comme agent de liaison[9].

En , il est chargĂ© avec Raymond Losserand et Gaston CarrĂ© de l'organisation, dans la rĂ©gion parisienne, de groupes armĂ©s, qui sont fondus, en , dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), mouvement communiste de rĂ©sistance armĂ©e. Tanguy exerce dans ce « triangle de direction » la fonction de responsable militaire. Losserand et CarrĂ© sont arrĂȘtĂ©s en et fusillĂ©s cinq mois plus tard. Tanguy reforme une Ă©quipe avec Roger Linet et Raymond Colin[2].

Tanguy change de zone pour sa sĂ©curitĂ©, devenant chef des FTP de la rĂ©gion Poitou-Anjou, puis revient en rĂ©gion parisienne en , pour rĂ©organiser, avec Joseph Epstein et Édouard Vallerand, les Francs-tireurs de la rĂ©gion parisienne. Il rĂ©dige avec sa femme le journal clandestin Le Franc-tireur parisien[7]. Françoise Leclercq est son agent de liaison[10].

En , il est nommĂ© reprĂ©sentant FTP au ComitĂ© d'action contre la dĂ©portation, qui sabote les dĂ©parts au STO. En , il passe Ă  l'Ă©tat-major des FFI de la « rĂ©gion P », qui regroupe onze dĂ©partements autour de Paris, oĂč il reprĂ©sente les FTP. D'abord sous-chef de l'Ă©tat-major, il devient le colonel chef rĂ©gional des FFI de la rĂ©gion P1, soit l'Île-de-France (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise). Il prend son dernier pseudonyme Rol, nom d'un combattant des Brigades internationales, ThĂ©o Rol, tuĂ© en 1938 pendant la bataille de l'Èbre[11].

Il se consacre alors entiÚrement à la préparation de la libération de la capitale en liaison étroite avec le Comité d'action militaire du Conseil national de la Résistance, le COMAC et le délégué militaire national du général de Gaulle, Jacques Chaban-Delmas.

Le , l'avance des Alliés en Normandie donne le signal de l'insurrection.

Plaque commémorative, 48, rue Chapon à Paris.
Acte modifié a posteriori.

Le , les cheminots de Paris entament la grÚve. Le , la CGT appelle à la grÚve générale. Plusieurs corps d'administration y répondent. La grÚve des agents de police apporta un soutien armé à l'insurrection. L'état-major FFI est installé en sous-sol place Denfert-Rochereau.

Le , l'état major de la résistance parisienne appelle à la lutte décisive.

Le , la prĂ©fecture de police est prise par les policiers rĂ©sistants devant lesquels Rol-Tanguy vient prononcer un discours de soutien[12]. Le , il fait afficher l'ordre de dresser les barricades. 600 barricades sont rapidement Ă©rigĂ©es dans la capitale. Il rĂ©alise, avec 100 000 hommes placĂ©s sous ses ordres, dans les journĂ©es du 20 au une manƓuvre gĂ©nĂ©rale libĂ©rant les 9/10e de la capitale[7].

Le , l'acte de reddition est signĂ© par le gĂ©nĂ©ral von Choltitz et le gĂ©nĂ©ral Leclerc Ă  la prĂ©fecture de police. Le colonel Rol-Tanguy demande Ă  y ĂȘtre mentionnĂ© mais Leclerc s'y oppose en tant que commandant de l'ensemble des forces de la capitale dont font partie les FFI. Emportant sa copie de l'acte de reddition, von Choltitz est immĂ©diatement envoyĂ© au QG du gĂ©nĂ©ral Bradley pour y ĂȘtre interrogĂ©. Rol-Tanguy obtiendra plus tard que son nom soit mentionnĂ© sur l'exemplaire du gĂ©nĂ©ral Leclerc (Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle passera au savon le gĂ©nĂ©ral Leclerc pour avoir laissĂ© Rol Tanguy apposer sa signature.) mais celui de von Choltitz restera inchangĂ©. L'ajout fait sur un seul document et sans l'accord des deux parties contractantes restera donc juridiquement sans valeur[13] - [14]. Mais le symbole est lĂ .

Dans le courant du mois de , Rol-Tanguy est dĂ©signĂ© auprĂšs du colonel Billotte pour contribuer Ă  mettre sur pied une nouvelle unitĂ©, la 10e division d'infanterie, mais il ne sera pas nommĂ© Ă  la tĂȘte de cette division. En , il effectue un stage de perfectionnement Ă  Provins. Il est ensuite affectĂ© au PC de la 1re ArmĂ©e française du gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny et rejoint le 151e rĂ©giment d'infanterie au sein de la 2e division d'infanterie marocaine. Il participe Ă  tous les combats du rĂ©giment en Allemagne Ă  partir du , du Rhin au Danube[7]. Il reste en Allemagne jusqu'au comme adjoint au colonel gouverneur militaire de Coblence.

Le , il avait été décoré de la croix de la Libération par le général de Gaulle. Il devient militaire d'active avec le grade de lieutenant-colonel[11].

AprĂšs-guerre

En , il est affecté au cabinet militaire du ministre de la Défense nationale François Billoux. De 1948 à 1951, il est chef du 3e bureau de l'état-major de la subdivision du Mans. De 1952 à 1962, il est relégué au DépÎt central des isolés, à Versailles, définitivement sans affectation, à cause de ses convictions communistes. Dépourvu de moyens que l'armée aurait pu mettre à sa disposition, il organise néanmoins des cours de stratégie et de tactique militaire jusqu'en 1962, date de sa mise à la retraite[11].

De 1962 Ă  1987, Henri Rol-Tanguy est membre du comitĂ© central du PCF, responsable de quelques fĂ©dĂ©rations dĂ©partementales jusqu’en 1979. Il soutient publiquement Georges Marchais lors de la polĂ©mique relancĂ©e en par L'Express concernant son passĂ© de travailleur volontaire en Allemagne, tout en signant en la pĂ©tition d'anciens rĂ©sistants demandant qu'il ne prĂ©side pas les cĂ©rĂ©monies commĂ©moratives des fusillades de ChĂąteaubriant[2].

Il était président de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et de l'Amicale des anciens volontaires français en Espagne républicaine.

Il meurt le à Ivry-sur-Seine[15]. Le , un hommage national présidé par Jacques Chirac lui est rendu à l'hÎtel des Invalides. Il repose à Monteaux (Loir-et-Cher).

Plaque de l'avenue qui porte son nom Ă  Paris depuis 2004.
Plaque commémorative à Tremblay-en-France.

Hommages

Le , une avenue du Colonel-Henri-Rol-Tanguy est inaugurée dans le 14e arrondissement de Paris à l'occasion du soixantiÚme anniversaire de la libération de Paris. Cette avenue n'est en fait qu'une courte voie de quelques dizaines de mÚtres de long, insérée dans une partie de la place Denfert-Rochereau. Elle est située au dessus de l'ancien état-major souterrain FFI. Le musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean-Moulin y est installé.

Dans le film Paris brûle-t-il ?, son rÎle est interprété par Bruno Cremer.

En 2009, le collĂšge Henri-Rol-Tanguy a ouvert Ă  Champigny-sur-Marne en son honneur.

La station de la ligne 4 Denfert-Rochereau porte comme sous-titre Colonel Rol-Tanguy depuis 2004

DĂ©corations

Ouvrages signés Rol-Tanguy

  • La LibĂ©ration de Paris (1964)
  • Le Parti communiste français dans la RĂ©sistance (1967)
  • La VĂ©ritĂ© sur la libĂ©ration de Paris (1971)
  • La LibĂ©ration de Paris. Les 100 documents (1994)

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/POG/FRAN_POG_05/p-43mfreslb-gi4vs3nhehuh »
  2. RĂ©mi Skoutelsky.
  3. « Morlaix 12 juin, hommage à Henri Rol-Tanguy en présence de son fils Jean Rol-Tanguy. », in Rouge finistÚre, Fédération du PCF du FinistÚre, Brest, 4 juin 2019.
  4. « Compte-rendu du conseil municipal », Mairie de Boulogne-Billancourt, Journal officiel, no 111, p. 17, 4 octobre 2007.
  5. Jean Vigreux.
  6. Roger Bourderon.
  7. Musée de l'Ordre de la Libération, « Henri Rol-Tanguy », sur ordredelaliberation.fr (consulté le ).
  8. Claude Pennetier, « HEMMEN Jean, Baptiste », sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr.
  9. « Henri Rol-Tanguy : une vie d'engagements contre les fascismes », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Claude Pennetier, « LECLERCQ Françoise », dans Le Maitron, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  11. Fonds Henri Rol-Tanguy
  12. « L'insurrection (19-24 août 1944) », sur museedelaresistanceenligne.org.
  13. Les Grandes Enigmes de la Libération, tome 2, pages 146 et 147.
  14. Revue Historia no 453 de août-septembre 1984, pages 53 et 54
  15. Insee, « Extrait de l'acte de décÚs de Georges René Henri Rol-Tanguy », sur MatchID
  16. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Annexes

Sources

Bibliographie

Liens externes

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