Inspection des camps de concentration
Lâinspection des camps de concentration, ou IKL (en allemand : Inspektion der Konzentrationslager, /ÉȘnspÉkËtÍĄsiÌŻoËn deËÉÌŻ kÉntÍĄsÉntÊaËtÍĄsiÌŻoËnsËlaËÉĄÉ/[1] ? Ăcouter [Fiche]) Ă©tait lâadministration centrale SS ayant autoritĂ© sur les camps de concentration du TroisiĂšme Reich. L'inspection a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par Theodor Eicke sous le nom de Generalinspektion der VerstĂ€rkten SS-Totenkopfstandarten (inspection gĂ©nĂ©rale des unitĂ©s Ă tĂȘte de mort) avant dâĂȘtre intĂ©grĂ©e Ă l'Office central SS pour l'Ă©conomie et l'administration comme Ă©tant le dĂ©partement (Amtsgruppe) D.
Création
Le SS-OberfĂŒhrer Theodor Eicke devient commandant du camp de concentration de Dachau le . La maniĂšre dont il organise le camp servira plus tard de modĂšle dans tous les autres camps de concentration. Eicke demande Ă porter le titre dâinspecteur des camps de concentration dĂšs le mois de .
Le , aprĂšs la Nuit des Longs Couteaux, la SS est dĂ©tachĂ©e de la SA et fonctionne de maniĂšre autonome. Eicke, qui a Ă©tĂ© lâun des assassins de Röhm le , est officiellement nommĂ© inspecteur des camps de concentration et promu au rang de SS-GruppenfĂŒhrer. De plus, lâinspection des camps de concentration est conçue comme un dĂ©partement pour Eicke. Lâinspection est subordonnĂ©e au SD et Ă la Gestapo pour la dĂ©termination des internĂ©s dans les camps, et des libĂ©rations. Mais le fonctionnement intĂ©rieur des camps est du seul ressort de lâinspection.
Fonctionnement de 1935 Ă 1945
LâIKL demeure une petite administration jusqu'au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale. On compte onze fonctionnaires Ă la fin de lâannĂ©e 1934. Eicke laisse ses subordonnĂ©s agir Ă leur discrĂ©tion dans les affaires de routine. Plusieurs dĂ©partements sont crĂ©Ă©s : le dĂ©partement politique, dirigĂ© par Arthur Liebehenschel en 1937, le dĂ©partement administratif, dirigĂ© par Anton Kaindl en 1936, et le dĂ©partement mĂ©dical, dirigĂ© par un mĂ©decin-chef (dâabord Friedrich Dermietzel (de), puis en 1937, Karl Genzken). Richard GlĂŒcks est chef du dĂ©partement militaire et homme de confiance de Eicke. Le , Eicke nomme GlĂŒcks chef d'Ătat-major des WachverbĂ€nde[2] avant dâen faire son adjoint. Ă la fin de lâannĂ©e 1936, lâIKL compte 32 fonctionnaires et, Ă la fin de lâannĂ©e 1938, 45 fonctionnaires.
En 1934, lâIKL sâinstalle Ă Oranienburg, lâun des premiers camps de concentration, puis, lorsque ce camp est fermĂ© pour ĂȘtre remplacĂ© par le camp de Sachsenhausen, en 1936, lâIKL sâinstalle dans un vaste immeuble de bureau en forme de T, situĂ© en bordure sud du nouveau camp.
Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, Theodor Eicke, qui a perdu la confiance d'Himmler, est rĂ©affectĂ© au front, pour commander les SS-Totenkopf-Standarten et en , GlĂŒcks est promu inspecteur des camps de concentration. Il apporte peu de changements, laissant la structure comme Eicke lâavait mise en place. Dans le cadre du soutien Ă la machine de guerre nazie, il est dĂ©cidĂ© Ă la fin de lâannĂ©e 1941 que les prisonniers des camps de concentration vont ĂȘtre assignĂ©s au travail dans les usines dâarmement. Cette dĂ©cision entraĂźne un renforcement de lâIKL qui devient le dĂ©partement, ou division, D (en allemand, Amtsgruppe ou Amt.) Ă l'Office central SS pour l'Ă©conomie et l'administration (SS-Wirtschafts-Verwaltungshauptamt ou WVHA) et emploie 20 cadres SS et 80 SS subalternes. DĂšs la crĂ©ation du rĂ©seau de camps de concentration, le chef du WVHA, Oswald Pohl, avait essayĂ© dâinfluencer leur gestion. Il finit par y parvenir notamment parce que lâIKL, et plus tard le dĂ©partement D, intervient dans la chaĂźne de commandement des gardiens de camps, Ă travers les chefs de blocs et chefs de camps. Les commandants de camps sont bien chargĂ©s de la discipline des gardiens SS, mais ils ne sont pas leurs supĂ©rieurs. Il sâagit dâun exemple frappant du principe de double subordination dans la Schutzstaffel.
En dehors des dĂ©cisions relatives Ă lâinternement et Ă la libĂ©ration des individus, qui sont de la compĂ©tence du SD et de la Gestapo (qui deviendront des dĂ©partements du RSHA), lâIKL a le contrĂŽle complet des dĂ©tenus. Elle coordonne et communique Ă©galement au sujet des actions d'Ă©liminations, comme le programme 14f13 ou le massacre des commissaires soviĂ©tiques. Les camps dâAuschwitz-Birkenau et de Majdanek, conçus comme des camps dâextermination dans le cadre de la « Solution finale », Ă©taient Ă©galement sous la supervision de lâIKL.
Les positions de commandement dans les camps de concentration Ă©taient systĂ©matiquement pourvues en recourant au mĂȘme petit groupe d'officiers SS, qui ne furent jamais envoyĂ©s au front pendant la durĂ©e de la guerre. En Ă©cartant les 110 mĂ©decins de camps, ce petit groupe consiste en 207 hommes et quelques femmes[3].
En janvier 1945, on dénombrait 37 674 hommes et 3 508 femmes travaillant comme gardes dans les camps de concentration[4].
Structure des camps de concentration
Services et compétences
L'administration d'un camp de concentration était divisée en 5 départements (Abteilungen):
- Abteilung I : Kommandantur-Stab (Commandement - quartier général);
- Abteilung II : Politische Abteilung (département politique), doté d'officiers de la Sicherheitspolizei, (Gestapo ou Kripo);
- Abteilung III : Schutzhaftlager (camp de dĂ©tention prĂ©ventive), dit aussi HĂ€ftlingslager (camp de dĂ©tenu), dirigĂ© par un SchutzhaftlagerfĂŒhrer, qui est l'adjoint du commandant du camp; Ă ce titre il dirige aussi les gardes appartenant aux unitĂ©s Ă tĂȘte de mort, parfois appuyĂ©s par des troupes extĂ©rieures, comme c'est le cas Ă Trawniki;
- Abteilung IV : Standortverwaltung (administration), dirigĂ© par un VerwaltungsfĂŒhrer et responsable de l'administration gĂ©nĂ©rale, dans son aspect intendance (magasins, cuisines, jardins, blanchisserie, ateliers, etc) et gestion;
- Abteilung V : SanitÀtswesen (département médical), géré par un Standortarzt (médecin-chef).
La politique du personnel de l'IKL était largement basée sur les relations personnelles. Pour cette raison, il n'y a eu qu'une petite élite de commandants de camps de concentration pendant le TroisiÚme Reich. à la différence des gardes, ces « experts » n'ont en général pas été envoyés au front.
Fonctions du département politique
Le Politische Abteilung Ă©tait responsable de l'enregistrement des dĂ©tenus et de leurs mouvements (entrĂ©es, libĂ©rations, transferts), des enquĂȘtes et des interrogatoires, souvent assortis de tortures ou de menaces. Le chef du dĂ©partement Ă©tait toujours un officier du Sipo, subordonnĂ© Ă la Gestapo locale, qui recevait souvent ses ordres directement du RSHA.
Fonctions du département administratif
Le Standortverwaltung Ă©tait responsable du logement et des baraques, de la nourriture, des vĂȘtements, ainsi que des payes du commandement et des gardes; il Ă©tait responsable des mĂȘmes sujets pour les dĂ©tenus. Les Ă©tats et la comptabilitĂ© Ă©taient maintenus en suivant les requĂȘtes du bureau IV, Amt. D au WVHA. Une tĂąche importante Ă©tait la Gefangeneneigentumsverwaltung (gestion des biens des prisonniers) qui concernait tout ce que les dĂ©tenus avaient amenĂ© au camp, argent, valeurs, bijoux, vĂȘtements civils, etc.
Fonctions du département médical
Le médecin responsable du SanitÀtswesen avait autorité sur l'ensemble des docteurs de camp, y compris les dentistes. Un médecin était affecté aux soins médicaux des gardes SS. Les autres médecins suivaient les rotations du tableau de service (camp des hommes, camp des femmes, etc). Les soins médicaux aux détenus étaient considérés comme une tùche secondaire, contrairement au maintien de l'hygiÚne du camp, à titre prophylactique, et à la sauvegarde de la force de travail des détenus. à cette fin, les détenus médecins et infirmiÚres étaient employés comme auxiliaires. Les contacts directs entre les médecins SS et les détenus, comme patients, étaient rares.
Par ailleurs, le SanitÀtswesen avait la charge de tùches annexes, parfois pseudo-médicales, comme la « sélection »[n 1] des nouveaux prisonniers à l'arrivée des transports, la surveillance de procédures de gazage, la surveillance de l'arrachage des dents en or de la bouche des morts, la délivrance de certificats de décÚs aprÚs les exécutions, les procédures d'avortement et de stérilisation sur les prisonniers, et la participation aux prétendues expérimentations médicales.
Bibliographie
- (de) Karin Orth, Die Konzentrationslager-SS : Sozialstrukturelle Analysen und biographische Studien, GĆttingue, Wallstein, , 332 p. (ISBN 3-89244-380-7)
- (de) Karin Orth, Das System der nationalsozialistischen Konzentrationslager : Eine politische Organisationsanalyse, Hambourg, Hamburger Edition, , 396 p. (ISBN 3-930908-52-2)
- Eugen Kogon, L'état SS. Le systÚme des camps de concentration allemands [« Der SS Staat, Das System der deutschen Konzentrationslager »], Paris, Seuil, coll. « Points Histoire » (no H158), (1re éd. 1947), 445 p. (ISBN 978-2-02-014136-9, OCLC 750997922)
- Adrian Weale, The SS : a new history, Londres, Abacus, , 479 p. (ISBN 978-0-349-11752-2, OCLC 743474120)
- Stanislav ZĂĄmeÄnĂk (trad. du tchĂšque par Sylvie Graffard), C'Ă©tait ça, Dachau : 1933-1945, Bruxelles Paris, Fondation internationale de Dachau Cherche midi, coll. « Documents : tĂ©moignage », , 462 p. (ISBN 978-2-7491-3080-4, OCLC 852235529)
- (de) Johannes Tuchel, Konzentrationslager (Band 39 von Konzentrationslager) : Organisationsgeschichte und Funktion der Inspektion der Konzentrationslager 1934-1938, Boppard am Rhein, H. Boldt, Boppard am Rhein, , 425 p. (ISBN 3-7646-1902-3)
Notes et références
Notes
- La sélection signifie l'affectation des détenus à des tùches particuliÚres, ainsi que l'envoi de certains d'entre eux vers les chambres à gaz.
Références
- Prononciation en allemand standard retranscrite selon la norme API.
- Les gardes SS, d'abord au camp de Sachsenhausen, sont constituĂ©s en SS-WachverbĂ€nde (unitĂ©s de gardes SS) fin 1934, puis renommĂ©s SS-TotenkopfverbĂ€nde (unitĂ©s Ă tĂȘtes de mort) en avril 1936.
- Orth 2000, p. 151
- Orth 2000, p. 54
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Inspektion der Konzentrationslager » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Concentration Camps Inspectorate » (voir la liste des auteurs).