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Émile Mayer

Émile Mayer (né à Nancy le et mort à Paris le ) est un officier supérieur français, connu pour ses idées sur la mécanisation des armées modernes, notamment sur le rôle prépondérant que devaient jouer l'aviation et les véhicules blindés, idées qui inspirèrent Charles de Gaulle.

Émile Mayer
Le colonel Émile Mayer, vers 1935.
Biographie
Naissance
Décès
Pseudonyme
Émile Manceau
Nationalité
Formation
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Un militaire non-conformiste

Issu d'une famille juive de Lorraine assimilée (son père était inspecteur général des Poudres à Angoulême), petit-fils de Michel Goudchaux, il reçut des cours privés de la part d'Émile Boutmy. Reçu à l'École polytechnique en 1871, promu capitaine à l'âge de vingt-huit ans, il fut chargé d'un enseignement de balistique. À partir de 1889, il se mit à publier des articles de théorie militaire qui allaient à l'encontre des thèses officielles. Il y soutenait notamment que les guerres de l'avenir seraient non pas, comme on le pensait alors, des guerres de mouvement fondées sur des tactiques d'offensive à outrance, mais des “guerres d'immobilité” où l'on verrait les armées s'enterrer, clouées au sol.
Ces conceptions prophétiques mais hérétiques valurent au capitaine Mayer d'attendre dix-sept ans avant de passer dans le grade supérieur. Le plus important de ces articles, “Quelques idées françaises sur la guerre de l'avenir”[2], paru en 1902 dans la Revue militaire suisse, sera exhumé en 1915, en pleine guerre de tranchées, par le journal le Temps, et vaudra à son auteur une célébrité soudaine.

Une mise Ă  l'Ă©cart progressive

Mis en cause durant l'Affaire Dreyfus par le journal le Gaulois ainsi que par un député de droite à la Chambre, pour ses prises de position critiques à l'égard de l'état-major et de la justice militaire, Mayer fut mis d'office en non-activité en 1899, avec “retrait d'emploi”.
Il ne fut réintégré dans l'armée qu'en 1908 avec le grade de lieutenant-colonel, sur l'intervention du général Picquart, ministre de la Guerre. En 1912, il fut versé dans la réserve.
De 1907 à 1914, Mayer tint la rubrique militaire de l'Opinion, dans laquelle il continua d'affirmer des vues originales, critiquant les grands "pontes" de l'armée et se liant même avec Jaurès avec qui il discuta des principes de L'Armée nouvelle.
Ayant repris du service en 1914, il commanda l'artillerie de la zone ouest du camp retranché de Paris et eut la douleur de perdre ses deux fils, tués dès les premiers mois de la guerre. Mis définitivement à la retraite à la suite de la saisie par la censure d'une lettre non-conformiste adressée à un ami prisonnier, il donna des articles dans les journaux l'Œuvre ou la Lumière, publia des ouvrages d'histoire-fiction ainsi qu'un livre intitulé Trois maréchaux, portraits au vitriol des chefs militaires de la guerre (Joffre, son ancien condisciple au Lycée Charlemagne, Foch, son camarade de promotion à l'“X”, Galliéni...).

Au centre d'un cercle de réflexion

Les vingt dernières annĂ©es de sa vie, Mayer les consacra Ă  multiplier les avertissements, Ă  tenter de convaincre les gouvernements de « jouer Ă  fond la carte de l'aviation ». Ă€ partir de 1930, il constitua autour de lui un cĂ©nacle de fidèles, civils ou militaires, qui se rĂ©unissait le dimanche matin au domicile de sa fille et de son gendre Paul Grunebaum-Ballin, boulevard BeausĂ©jour, oĂą il s'installa après la mort de sa femme. LĂ , et plus souvent encore, le lundi, Ă  la Brasserie Dumesnil, il discuta longuement de stratĂ©gie avec Charles de Gaulle qui y dĂ©fendit ses idĂ©es prophĂ©tiques en matière de stratĂ©gie militaire et d'armement. Le lieutenant-colonel Mayer rendit hommage Ă  ces thèses dans les colonnes de la Lumière, le journal de Georges Boris ; avec son gendre Grunebaum-Ballin, il fit se rencontrer de Gaulle et LĂ©on Blum, mais sans rĂ©sultat. La dernière annĂ©e de sa vie, il corrigea les Ă©preuves de La France et son armĂ©e. Mayer se lia Ă©galement d'amitiĂ© avec Roger Martin du Gard, qui lui soumit les manuscrits de Jean Barois et des Thibault pour conseils et corrections, et avec lequel il Ă©changea une importante correspondance entre 1922 et 1938. Il fut, avec Lyautey, l'un des modèles du lieutenant-colonel de Maumort, personnage de Martin du Gard. La mort de ce vieux militaire au destin manquĂ© fut Ă  l'image de sa personnalitĂ© d'exception : pris d'un malaise le , il Ă©crivit dans son carnet « aujourd'hui, ma mort Â» et s'Ă©teignit dans la soirĂ©e.

Ses Ă©crits

Auteur de 3000 articles, d'une quinzaine d’essais militaires et même d'un roman d'histoire-fiction (Le Ministère Fidicz ).

  • MĂ©moires inĂ©dits d’Émile Mayer :Trois quarts de siècle, rĂ©daction interrompue vers 1895.
  • Comment on pouvait prĂ©voir l'immobilisation des fronts, Revue militaire Suisse, , rĂ©Ă©ditĂ© en brochĂ© en 1916[3].
  • La psychologie du commandement, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1924
  • Trois marĂ©chaux: Joffre, Gallieni, Foch, collection les documents bleus, Gallimard, 1928.
  • Nos chefs de 1914, Ă©dition Stock, 1930.

Bibliographie

Notes et références

  1. « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/mayer-emile » (consulté le )
  2. Quelques idées françaises sur la guerre de l'avenir. [lire en ligne] sur Wikisource.
  3. in La revue Europe et les romans de l'entre-deux-guerres, 1923-1939 par Philippe Niogret.

Liens externes

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