Émile Boutmy
Émile Boutmy, né le à Paris où il est mort le , est un écrivain et politologue français.
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(Ă 70 ans) 7e arrondissement de Paris |
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Associé à la constitution de la science politique, il est le fondateur de l'École libre des sciences politiques, futur Institut d'études politiques de Paris, plus connue sous le nom de Sciences Po.
Biographie
Jeunesse et Ă©tudes
Émile Boutmy naît dans une famille un temps aisée, originaire de Flandre et d'Allemagne. Il est le fils de Laurent-Joseph Boutmy, homme d'affaires et collaborateur d'Émile de Girardin, cofondateur du journal La Presse[2]. Sa mère est la fille d’un planteur des Caraïbes[3]. Il a deux frères[4]. Sa famille est protestante[4].
Émile Boutmy grandit à Paris. Laurent-Joseph Boutmy meurt, ruiné, en 1848, lorsqu'il a treize ans, et sa mère en 1866[4]. Émile Boutmy effectue de brillantes études au lycée Bonaparte ainsi qu'au lycée Louis-le-Grand[4].
Certaines sources indiquent que Boutmy n'aurait pas fait d'études supérieures[5]. Selon d'autres, il aurait rejoint l'université et étudie le droit. Il obtient une licence de droit, puis soutient un doctorat sur la théorie platonicienne des sciences[6].
Il se marie en 1882, à l'âge de 47 ans[4]. Il est un ami d'enfance d'Hippolyte Taine[7]. Il est proche de Paul Janet[8].
Parcours journalistique et professoral
Il donne ses premiers articles au journal la Presse, puis il suit son parrain Émile de Girardin à la Liberté[5]. Il écrit aussi pour le Journal des débats, et plus occasionnellement pour la Revue nationale et la Nouvelle Revue de Paris. Il publie des critiques littéraires (de George Sand ou encore de Flaubert), des critiques de pièces de théâtre, et des essais politiques[4].
Il enseigne ensuite le droit public. Son goût prononcé pour l’esthétique le porte à concourir, avec Émile Trélat, à la fondation de l’École spéciale d'architecture. Il y enseigne, de 1865[4] à , l’histoire des civilisations et l’histoire comparée de l’architecture, cours ensuite résumés dans trois ouvrages[9] - [10]. Il côtoie à l'époque l'Ecole des Beaux-Arts, où il se lie d'amitié avec Ernest Vinet, bibliothécaire de l'établissement[4].
Il interrompt provisoirement ses activités lorsqu'il est recruté dans l'armée de Paris en 1870. Il participe à la défense de la ville face aux avancées allemandes, mais est blessé en tombant d'une tranchée. Il reçoit la croix d'honneur à titre militaire. Il part provisoirement vivre en Suisse[4].
Parcours directorial
Boutmy fréquente les élites françaises et se désole de la défaite de la France lors de la guerre franco-prussienne. Il considère que la France manque d'une institution d'enseignement des choses politiques à même d'éclairer les dirigeants sur les meilleures décision à prendre[4]. Le projet de l'école est édifié avec René Stourm et Hippolyte Taine[4].
Il décide ainsi de fonder, début 1871, avec René Stourm, l'École libre des sciences politiques (Sciences Po). Il s'entoure d'un groupe d'universitaires et d'industriels tels qu’Hippolyte Taine, Ernest Renan, Albert Sorel et Paul Leroy-Beaulieu. Il reçoit des financements de Jacques Siegfried[4].
Il est directeur de l'établissement jusqu'à sa mort, en . Il a une politique de développement active de son école, et choisit lui-même les enseignants et les intitulés des cours. Il impose une philosophie de la synthèse et de la présentation ordonnée et synthétique des idées[4]. Il y assure de à l'enseignement d'histoire constitutionnelle de l'Angleterre, de la France et des États-Unis. Il se montre particulièrement impliqué dans la gestion de l'école : il prend connaissance et valide le plan des mémoires d'études de chaque étudiant, il assiste aux cours des enseignants et leur remettent des observations[4].
Il se consacre lui-même désormais à la publication d’ouvrages sur l’histoire constitutionnelle
Élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques, en , il était aussi membre du cercle Saint-Simon et docteur honoris causa de l'université d'Oxford.
Prises de positions
Positions politiques
Boutmy est politiquement libéral et républicain. Il fait partie du centre politique de son époque. Il a défendu publiquement la liberté de la presse, la liberté de réunion comme la liberté d'association. Il se rallie à ce titre au Second Empire au moment de son tournant libéral[5]. Critique de la Commune de Paris, il soutient, quoiqu'avec inquiétude au début, la Troisième République[5].
De manière plus générale, Boutmy prend nettement position en faveur de la république et du parlementarisme, notamment à l'anglaise[5]. Il est opposé à la démocratie directe[5]. Il se montre contre l'héritage ainsi que contre l'hérédité des fonctions publiques ; il soutient l'accès aux postes de la fonction publique sur concours[5].
En tant que journaliste, il a écrit un article sur les Essais biographiques et historiques de Thomas Babington Macaulay pour défendre la Révolution française face à la critique conservatrice anti-révolutionnaire d'Edmund Burke[5]. Au début de sa carrière journalistique, il rend des hommages appuyés à François Guizot[5].
Enseignement du droit et de la science politique
Au cours d'une polémique à la fin des années 1880, il défend l'autonomie des sciences politiques, qu'il considère « en grande majorité expérimentales et inductives », alors que le jurisconsulte Claude Bufnoir insistait sur leur parenté avec le droit public[11].
Ĺ’uvres
- Philosophie de l'architecture en Grèce, Paris, Éd. Germer Baillière, coll. « Bibliothèque de philosophie contemporaine », 1870.
- Quelques idées sur la création d'une faculté libre d'enseignement supérieur : lettres et programme, (en collaboration avec Ernest Vinet), Paris, A. Lainé, 1871.
- Projet d'une faculté libre des sciences politiques : programme des cours, (en collaboration avec Ernest Vinet), Paris, A. Lainé, 1871.
- L'École libre des sciences politiques : extrait du rapport présenté à l'Assemblée générale du , Paris, Chamerot, 1879.
- Le Développement de la constitution et de la société politique en Angleterre, Paris, Plon/Chevalier Maresq, 1887.
- Études de droit constitutionnel : France, Angleterre, États-Unis, Paris, Plon, 1888.
- Le Recrutement des administrateurs coloniaux, Paris, A. Colin, 1895.
- Le Parthénon et le génie grec, Paris, A. Colin, 1897.
- Les Conditions démographiques de la nationalité aux États-Unis, S.l., s.n., 1899.
- La Notion de l'État aux États-Unis, S.l., s.n., 1899.
- Essai d'une psychologie politique du peuple anglais au XIXe siècle, Paris, A. Colin, 1901.
- Taine, Scherer, Laboulaye, Paris, A. Colin, 1901.
- Éléments d'une psychologie politique du peuple américain : la nation, la patrie, l'État, la religion, Paris, A. Colin, 1902.
- À propos de la souveraineté du peuple, Paris, A. Picard, 1904.
- Études politiques, Paris, Armand Colin, 1907.
Iconographie
Une médaille à l'effigie d'Émile Boutmy a été exécutée par le graveur Oscar Roty en 1896. Un exemplaire est conservé au musée Carnavalet (ND 0584)au musée d'Orsay[12] ainsi que dans le « petit hall » de SciencesPo.
Hommages
Amphithéâtre
Le principal amphithéâtre de l'Institut d'études politiques de Paris, inauguré en , porte son nom.
Émile magazine
Le magazine édité par l'association des élèves et anciens élèves de Sciences Po est rebaptisé, en , Émile Boutmy - le magazine des Sciences Po, en hommage au fondateur de l’école. Cette revue trimestrielle, qui s'appelait auparavant Alumni Sciences Po Magazine aborde les sujets d’actualité à travers l’œil, notamment, des professeurs et diplômés de Sciences Po. Diffusé à près de 15 000 exemplaires, le magazine existe également en ligne depuis 2016. Émile est un site d’actualité et d’analyse alimenté par l’équipe de l'association des anciens élèves de Sciences Po et par de nombreux contributeurs extérieurs – chercheurs, journalistes, sondeurs, écrivains[13]…
Notes et références
- « http://chsp.sciences-po.fr/fond-archive/boutmy-emile » (consulté le )
- Adrien de Tricornot, « Sciences Po, le renouvellement des élites », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Richard Descoings, La fondation de l'École libre des sciences politiques, Paris, Presses de Sciences Po, (lire en ligne), p. 27-56
- Pierre Favre, « Les sciences d'Etat entre déterminisme et libéralisme: Emile Boutmy (1835-1906) et la création de l'Ecole libre des sciences politiques », Revue française de sociologie, vol. 22, no 3,‎ , p. 429–465 (ISSN 0035-2969, DOI 10.2307/3321160, lire en ligne, consulté le )
- Guy Thuillier, « Aux origines de l'École libre des sciences politiques: L'Académie de législation en 1801-1805 », La Revue administrative, vol. 38, no 223,‎ , p. 23–31 (ISSN 0035-0672, lire en ligne, consulté le )
- Annales de sciences politiques, (lire en ligne)
- Jean-Paul Cointet, Hippolyte Taine: Un regard sur la France, Place des Ă©diteurs, (ISBN 978-2-262-03969-1, lire en ligne)
- Marcel Fournier, Émile Durkheim: 1858-1917, Fayard, (ISBN 978-2-213-65644-1, lire en ligne)
- Introduction au cours d’histoire comparée de l’architecture (Paris, 1869, in-8°) ; Philosophie de l’architecture de la Grèce (Paris, 1870, in-8°) ; Le Parthénon et le Génie grec (Paris, 1871, in-12), dont une nouvelle édition a paru en 1896 (Paris, in-12).
- « 1835 - 1906 : Émile Boutmy », sur www.sciencespo.fr (consulté le )
- CĂ©line Braconnier, Xavier Crettiez, Patrick Hassenteufel et Jacques de Maillard, Introduction Ă la science politique, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-62395-1, lire en ligne)
- Plaquette Émile Gaston Boutmy
- « l'Association des Sciences-Po - Émile Magazine », sur www.sciences-po.asso.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Discours prononcés aux obsèques de Émile Boutmy, membre de l’Institut, fondateur-directeur de l’École libre des sciences politiques, le 28 janvier 1906, Coulommiers, Imprimerie de P. Brodard, , 21 p., in-8°. — Réunit les discours de Léon Aucoc, Émile Gebhart, Étienne Hulot et Albert Sorel.
- Pierre Favre, La Naissance de la science politique en France (1870–1914), Paris, Fayard, 1989.
- Hervé Guettard, Un réformiste libéral. Émile Boutmy (1835-1906), thèse de doctorat en histoire du XXe siècle sous la direction de Raoul Girardet, Institut d'études politiques de Paris, 1991.
- François et Renaud Leblond, Emile Boutmy, le père de Sciences Po', Paris, Anne Carrière, 2013.
Article connexe
Liens externes
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