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François Guizot

François Guizot, nĂ© le Ă  NĂźmes et mort le Ă  Saint-Ouen-le-Pin, est un historien et homme d'État français, membre de l'AcadĂ©mie française Ă  partir de 1836, plusieurs fois ministre sous la monarchie de Juillet, en particulier des Affaires Ă©trangĂšres de 1840 Ă  1848 et prĂ©sident du Conseil en 1847, avant d'ĂȘtre renversĂ© par la RĂ©volution française de 1848.

François Guizot
Illustration.
François Guizot peint par Jean-Georges Vibert d'aprÚs un portrait de Paul Delaroche.
Fonctions
Président du Conseil des ministres français
et ministre des Affaires Ă©trangĂšres
–
(5 mois et 6 jours)
Monarque Louis-Philippe Ier
Gouvernement Guizot
LĂ©gislature VIIe
Prédécesseur Jean-de-Dieu Soult
Successeur Mathieu Molé
Ministre des Affaires Ă©trangĂšres
–
(7 ans, 3 mois et 25 jours)
Monarque Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Duc de Dalmatie (1840-1847)
Lui-mĂȘme (1847-1848)
Gouvernement Soult
Prédécesseur Adolphe Thiers
Successeur Alphonse de Lamartine
Ministre de l'Intérieur
–
(3 mois et 1 jour)
Monarque Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Jacques Laffite
Gouvernement Louis-Philippe Ier
Prédécesseur Victor de Broglie
Successeur Camille de Montalivet
Ministre de l'Instruction publique
–
(2 ans et 30 jours)
Président du Conseil Duc de Dalmatie
Étienne GĂ©rard
Gouvernement Soult
GĂ©rard
Prédécesseur Amédée Girod de l'Ain
Successeur Jean-Baptiste Teste
–
(1 an, 3 mois et 4 jours)
Président du Conseil Duc de Trévise
Victor de Broglie
Gouvernement Mortier (1834-1835)
Broglie (1835-1836)
Prédécesseur Jean-Baptiste Teste
Successeur Joseph Pelet de la LozĂšre
–
(7 mois et 9 jours)
Président du Conseil Louis-Mathieu Molé
Gouvernement Molé
Prédécesseur Joseph Pelet de la LozÚre
Successeur Narcisse-Achille de Salvandy
Député du Calvados
–
(17 ans, 8 mois et 1 jour)
Circonscription Lisieux
Prédécesseur Louis-Nicolas Vauquelin
Successeur Jean-Charles Besnard
Biographie
Nom de naissance François Pierre Guillaume Guizot
Date de naissance
Lieu de naissance NĂźmes, Drapeau du royaume de France Royaume de France
Date de décÚs
Lieu de décÚs Saint-Ouen-le-Pin, département du Calvados, Drapeau de la France France
Nationalité Française
Parti politique Orléaniste
Mùre Élisabeth-Sophie Bonicel
Conjoint Pauline de Meulan
Profession Historien
Religion Protestantisme

Signature de François Guizot

François Guizot
Présidents du Conseil des ministres français

Il joue aussi un rÎle important dans l'histoire de l'école en France, en tant que ministre de l'Instruction publique, par la loi de 1833, demandant la création d'une école primaire par commune et d'une école normale primaire par département.

Biographie

Origines familiales, enfance

François Pierre Guillaume Guizot naquit Ă  NĂźmes dans une famille protestante, alors que l'Ă©dit de Fontainebleau Ă©tait toujours en vigueur : l'Ă©dit de Versailles rĂ©tablissant la tolĂ©rance de leur culte et l'Ă©tat-civil pour les protestants fut promulguĂ© en novembre 1787. Son pĂšre, AndrĂ©, avocat, est le fils de Jean Guizot, « pasteur au DĂ©sert »[1]. En dĂ©cembre 1786, AndrĂ© Guizot Ă©pousa Ă  NĂźmes Élisabeth-Sophie Bonicel[2], nĂ©e en 1765 dans une famille originaire du Pont-de-Montvert. AprĂšs François, ils eurent un autre fils, Jean-Jacques (1789-1835).

Durant la Terreur, André Guizot, partisan des Girondins et accusé de fédéralisme, fut exécuté le .

À partir de ce moment, sa mĂšre, une femme frĂȘle, aux maniĂšres simples, mais d'une grande force de caractĂšre, prit en charge son Ă©ducation. C'Ă©tait une huguenote typique du XVIIIe siĂšcle, dont les principes et le sens du devoir Ă©taient inĂ©branlables. Victor Hugo se rappela l’avoir vue aux soirĂ©es officielles, vĂȘtue de façon austĂšre « en guimpe et coiffe noire ». Il rapporta aussi que Guizot aimait rappeler Ă  sa mĂšre le temps oĂč sa grand-mĂšre Ă  elle leur racontait comment les dragons la poursuivaient dans les montagnes cĂ©venoles et que les balles trouaient ses jupes[3]. Elle forgea le caractĂšre de son fils et partagea par la suite toutes les vicissitudes de sa vie, prĂ©sente auprĂšs de lui au temps de sa puissance comme durant son exil (aprĂšs 1848), Ă  Londres, oĂč elle est enterrĂ©e au cimetiĂšre de Kensal Green.

GenĂšve (1794-1805)

ChassĂ©s de NĂźmes par la RĂ©volution, madame Guizot et son fils partirent pour GenĂšve, oĂč il reçut une solide Ă©ducation[4]. Les thĂ©ories de Jean-Jacques Rousseau influencĂšrent madame Guizot. Elle Ă©tait fermement libĂ©rale et elle adopta l'idĂ©e, inculquĂ©e dans l’Émile, que tout homme devait connaĂźtre un mĂ©tier manuel. Guizot apprit la menuiserie et rĂ©ussit Ă  construire une table de ses propres mains, qu’il conserva. Cependant, dans l'ouvrage qu’il intitula MĂ©moires de mon temps, Guizot omet les dĂ©tails de son enfance.

Physiquement fort, Guizot, bon cavalier, avait une puissance de travail considérable.

Son arrivée à Paris

Lorsqu’il arriva Ă  Paris Ă  18 ans en 1805 pour poursuivre ses Ă©tudes Ă  la facultĂ© de droit, ses talents littĂ©raires, dĂ©veloppĂ©s par l'Ă©ducation de cette Ă©poque, lui permirent d'entrer comme tuteur dans la maison de Philippe Alfred Stapfer, ancien ministre de Suisse Ă  Paris. Il se mit bientĂŽt Ă  Ă©crire dans un journal Ă©ditĂ© par Jean Baptiste Antoine Suard, le Publiciste, ce qui l’introduisit dans le milieu littĂ©raire parisien.

En octobre 1809, Ă  22 ans, sa critique sur Les Martyrs de François-RenĂ© de Chateaubriand reçut l’approbation et les remerciements de l’auteur et il continua Ă  contribuer Ă  des pĂ©riodiques. Chez Suard, il fit la connaissance de Pauline de Meulan, une femme de 14 ans son aĂźnĂ©e, noble et libĂ©rale de l’Ancien RĂ©gime, contrainte par les Ă©preuves de la RĂ©volution de gagner sa vie dans la littĂ©rature et engagĂ©e pour la rĂ©daction d’une sĂ©rie d’articles dans le Publiciste. Ces contributions furent interrompues par sa maladie, mais immĂ©diatement reprises par un rĂ©dacteur inconnu. On dĂ©couvrit que c’était François Guizot qui la remplaçait. Cette collaboration se transforma en amitiĂ©, puis en amour et, en 1812, mademoiselle de Meulan, autrice de nombreux travaux sur l’éducation, Ă©pousa le jeune homme. Elle mourut en 1827.

Situation familiale

François Guizot et Pauline de Meulan eurent un fils unique, nommé François, né en 1819 et mort en 1837 de la tuberculose.

Pauline de Meulan meurt en 1827 d’une maladie pulmonaire, et en 1828, Guizot Ă©pouse Élisa Dillon de 16 ans sa cadette, niĂšce de sa premiĂšre femme et Ă©galement autrice. Elisa meurt Ă  son tour en 1833, Ă  29 ans, d’une fiĂšvre puerpĂ©rale liĂ©e Ă  l’accouchement d’un enfant. Elle laisse deux filles, Henriette (1829-1908) et Pauline (1831-1874), et un fils, Guillaume (1833-1892), qui seront Ă©levĂ©s en partie par Rosine de Chabaud-Latour, amie proche et aĂźnĂ©e de 10 ans de Mme Guizot qui l'avait assistĂ©e dans ses premiĂšres tĂąches Ă©ducatives. Guillaume Guizot deviendra un homme de lettres remarquĂ©, professeur au CollĂšge de France et haut fonctionnaire.

À partir de 1836, Guizot connut en outre une relation avec l'Ă©lĂ©gante Dorothea von Benckendorff, princesse de Lieven (1785-1857), originaire de Riga[5].

Ses débuts professionnels et politiques (1809-1830)

Pendant l’Empire, Guizot, entiĂšrement absorbĂ© par ses travaux littĂ©raires, publia une collection de synonymes (1809), un essai sur les beaux-arts (1811) et une traduction des travaux d’Edward Gibbon, accompagnĂ© de notes (1812) dont notamment Histoire de la dĂ©cadence et de la chute de l'Empire romain qu'il traduisit en commun avec Pauline de Meulan[4]. Ces Ă©crits le firent remarquer par Louis de Fontanes, grand maĂźtre de l’UniversitĂ©, qui lui octroya la chaire d’histoire moderne Ă  la Sorbonne en 1812 (il y avait Ă©tĂ© auparavant professeur adjoint du 11 avril au 25 juillet 1812[6]). Son premier cours magistral fut donnĂ© le 11 dĂ©cembre. Il omit le compliment Ă  l’Empereur, en dĂ©pit des conseils de son maĂźtre, mais son cours marqua le dĂ©but du renouveau dans la recherche historique en France au XIXe siĂšcle. Il avait alors acquis une position considĂ©rable dans la sociĂ©tĂ© parisienne et s'Ă©tait liĂ© d'amitiĂ© avec Royer-Collard et les chefs du parti libĂ©ral, dont le duc de Broglie. Absent de Paris Ă  la chute de NapolĂ©on en 1814, il fut choisi, sur la recommandation de Royer-Collard, pour servir le gouvernement de Louis XVIII, en tant que secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au ministĂšre de l'IntĂ©rieur, sous l’abbĂ© de Montesquiou. Au retour de NapolĂ©on de l’üle d'Elbe, il dĂ©missionna immĂ©diatement, le , et retourna Ă  ses Ă©tudes littĂ©raires.

À la fin des Cent-Jours, au nom du parti libĂ©ral, il se rendit Ă  Gand pour porter un message Ă  Louis XVIII. Il lui indiqua que seule l'adoption d’une politique libĂ©rale pouvait assurer la pĂ©rennitĂ© de la Restauration, avis mal reçu par les conseillers du roi. La question Ă©tait alors de savoir si le retour Ă  la monarchie se ferait sur des bases libĂ©rales ou par un retour Ă  l’Ancien RĂ©gime d’avant 1789 prĂŽnĂ© par les ultras. Dans ces circonstances remarquables, ce fut ce jeune professeur de 27 ans, sans nom et sans expĂ©rience politique, qui fut choisi pour porter ce message au roi, preuve que la RĂ©volution, comme Guizot le disait, avait « fait son Ɠuvre ». Sa visite Ă  Gand, alors que la France Ă©tait l’objet d’une seconde invasion, fut le sujet d’amers reproches faits Ă  Guizot au cours de sa vie par ses opposants politiques, pour son manque de patriotisme[4]. L'« Homme de Gand » Ă©tait l’un des termes peu flatteurs utilisĂ©s contre lui pendant sa puissance.

Pendant la Seconde Restauration, Guizot fut secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral au ministĂšre de la Justice, alors confiĂ© Ă  BarbĂ©-Marbois, mais il dĂ©missionna avec son chef en 1816. De nouveau, en 1819, directeur gĂ©nĂ©ral des communes et dĂ©partements au ministĂšre de l’IntĂ©rieur, il perdit son emploi avec la chute de Decazes en 1820. Guizot Ă©tait alors un membre influent, avec Royer-Collard, des « doctrinaires », un petit parti fermement attachĂ© Ă  la Charte et Ă  la couronne, et plaidant pour une politique du juste milieu entre l’absolutisme et un gouvernement hĂ©ritier de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire[4]. Leurs opinions Ă©voquaient davantage la rigueur d’une secte que l’élasticitĂ© d’un parti politique. AdhĂ©rant aux grands principes de libertĂ© et de tolĂ©rance, ils Ă©taient fermement opposĂ©s aux traditions anarchiques de la RĂ©volution. Les Ă©lĂ©ments d’instabilitĂ© sociale Ă©taient toujours actifs ; ils espĂ©raient les soumettre, non par des mesures rĂ©actionnaires, mais par l’application ferme du pouvoir fondĂ©, dans le cadre d’une constitution, sur le suffrage de la classe moyenne, et dĂ©fendu par les plus grands talents littĂ©raires du moment. Ils Ă©taient opposĂ©s de la mĂȘme façon Ă  l'esprit dĂ©mocratique de l'Ă©poque, aux traditions militaires de l'Empire, et aux sectarisme et absolutisme de la cour. Ils sont plus connus pour leur opposition constante aux demandes populaires que pour les services que sans aucun doute ils rendirent Ă  la cause de la libertĂ© tempĂ©rĂ©e. Le sort d'un tel parti fut de vivre par une politique de rĂ©sistance, et de pĂ©rir par une autre rĂ©volution (1830).

En 1820, aprĂšs la chute du ministĂšre Decazes, Guizot fut dĂ©mis de ses fonctions et suspendu en 1822. Il joua ensuite un rĂŽle important parmi les chefs de l’opposition libĂ©rale au gouvernement de Charles X, sans toutefois entrer au parlement. Son hostilitĂ© aux ultras lui fit perdre jusqu'en 1828 son poste Ă  la Sorbonne[4]. Il mit Ă  profit ces annĂ©es pour se consacrer Ă  une activitĂ© littĂ©raire importante[4]. Il collabora en particulier au Globe. En 1822, il publia ses cours sous le titre Histoire des origines du gouvernement reprĂ©sentatif, 1821-1822, ainsi qu’un ouvrage sur la peine de mort pour dĂ©lit politique et plusieurs pamphlets politiques importants. De 1822 Ă  1830, il publia deux importantes collections de sources historiques, les MĂ©moires de l’histoire d’Angleterre en 26 volumes, et les MĂ©moires sur l’histoire de France en 31 volumes, proposa de nouvelles traductions de Shakespeare, et fit paraĂźtre un volume d’essais sur l’Histoire de France. Le travail le plus remarquable fut la premiĂšre partie de son Histoire de la rĂ©volution d’Angleterre de Charles Ier Ă  Charles II en deux volumes (1826-1827), livre de grand mĂ©rite et impartial, qu’il rĂ©suma et complĂ©ta en 1848 pendant son exil au Royaume-Uni. Martignac rĂ©tablit Guizot Ă  sa chaire de professeur en 1828 et au conseil d’État. C’est alors qu’il donna ses cĂ©lĂšbres cours, qui augmentĂšrent sa rĂ©putation d’historien au plus haut point, et le placĂšrent parmi les meilleurs Ă©crivains de France et d’Europe. En janvier 1828, il crĂ©a la Revue française Ă  laquelle collabora sa femme Éliza Dillon[7]. Ces cours furent la base de l'Histoire de la civilisation en Europe (1828) et de son Histoire de la civilisation en France (1830), et sont considĂ©rĂ©s comme des classiques de l’histoire moderne.

Durant cette période, il s'investit également dans la Société de la morale chrétienne et dans la société Aide-toi, le ciel t'aidera hostile à la politique ultra de Charles X[4].

Son entrée au gouvernement

Guizot caricaturé par Honoré Daumier.

La renommĂ©e de Guizot reposait sur ses qualitĂ©s d’écrivain sur les affaires publiques et de confĂ©rencier sur l’histoire moderne. Ce n'est qu'Ă  l'Ăąge de quarante-trois ans qu’il montra ses talents d’orateur. En janvier 1830, il fut Ă©lu dĂ©putĂ© de Lisieux, siĂšge qu’il conserva durant toute sa vie politique. Guizot assuma immĂ©diatement une position importante Ă  l’AssemblĂ©e, et son premier discours fut pour dĂ©fendre la cĂ©lĂšbre adresse des 221, en rĂ©ponse au discours menaçant du trĂŽne, qui fut suivi par la dissolution de la chambre et fut un Ă©vĂšnement prĂ©curseur d’une autre rĂ©volution. À son retour de NĂźmes le 27 juillet, la chute de Charles X Ă©tait imminente. Guizot fut appelĂ© par ses amis Casimir Perier, Jacques Laffitte, Villemain et Dupin pour Ă©tablir la protestation des dĂ©putĂ©s libĂ©raux contre les ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet. Il s’appliqua avec eux Ă  en contrĂŽler le caractĂšre rĂ©volutionnaire. Guizot Ă©tait convaincu que c’était une malchance pour un gouvernement parlementaire en France et que l'intransigeance de Charles X et du prince de Polignac rendaient un changement de ligne hĂ©rĂ©ditaire inĂ©vitable. Il devint nĂ©anmoins l'un des plus ardents soutiens de Louis-Philippe Ier. En aoĂ»t 1830, Guizot fut nommĂ© ministre de l’IntĂ©rieur dans le MinistĂšre provisoire puis reconduit le ministĂšre suivant, mais Ă  la suite des Ă©meutes rĂ©publicaines Ă  Paris, il dĂ©missionna en novembre[8]. Il avait maintenant rejoint les bancs du parti de la rĂ©sistance, et pendant les dix-huit annĂ©es suivantes il fut un ennemi dĂ©terminĂ© de la dĂ©mocratie universelle et du suffrage direct, l’inflexible champion de « la monarchie limitĂ©e par un nombre limitĂ© de bourgeois »[9].

En 1831, Casimir Perier forma un gouvernement plus vigoureux et compact, qui s’acheva avec sa mort en 1832. Les mois qui suivirent furent marquĂ©s par l'agitation carliste et rĂ©publicaine, et ce ne fut que le 11 octobre 1832 que l'on forma un gouvernement stable dans lequel le marĂ©chal Soult Ă©tait prĂ©sident du Conseil, le duc de Broglie prenant les Affaires Ă©trangĂšres, Adolphe Thiers le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, et Guizot le ministĂšre de l’Instruction publique.

Il avait dû sa nomination, malgré l'hostilité de Thiers et les réticences du roi[note 1], à l'insistance du duc de Broglie qui avait déclaré qu'il n'accepterait d'entrer au gouvernement qu'à la condition que son ami Guizot en fût également. Thiers obtint qu'il ne reçût qu'un ministÚre technique, pour lequel l'ancien professeur à la Sorbonne avait au demeurant toutes les compétences requises. Guizot accepta sans faire de difficultés, convaincu que la supériorité de son talent oratoire lui permettrait malgré tout de jouer un grand rÎle au Parlement, et donc sur la scÚne politique.

Guizot, Ă©tait dĂ©jĂ  impopulaire auprĂšs du parti libĂ©ral le plus avancĂ©. et restera impopulaire toute sa vie durant. « Je ne recherche pas l’impopularitĂ©, je n’en pense rien », disait-il. C'est lorsqu’il occupa cette fonction au ministĂšre de l’Instruction publique, de second rang mais de premiĂšre importance, que ses grandes compĂ©tences furent le plus utiles au pays. Les devoirs que ce poste lui imposaient convenaient parfaitement Ă  ses goĂ»ts littĂ©raires, et il maĂźtrisait le sujet. Il s’appliqua en premier Ă  faire passer la loi Guizot du (les communes de plus de 500 habitants doivent entretenir une Ă©cole communale mixte) et les trois annĂ©es suivantes Ă  la mettre en application. En crĂ©ant et en organisant l’éducation primaire en France, cette loi marqua une pĂ©riode de l’histoire nationale.

En quinze ans, sous son influence, le nombre de ces Ă©coles primaires grimpa de dix mille Ă  vingt-trois mille ; les Ă©coles normales pour les maĂźtres, et le systĂšme d’inspection, furent introduits ; et des conseils d’éducation, sous l’autoritĂ© partagĂ©e des laĂŻques et des religieux, furent crĂ©Ă©s. ConsĂ©quence de ces rĂ©formes, entre 1835 et 1850, la proportion d'analphabĂštes chez les conscrits passe de 50 Ă  39 %[4]. Les enseignements secondaires et universitaires furent Ă©galement l’objet de sa protection Ă©clairĂ©e et de ses soins, et une prodigieuse impulsion fut donnĂ©e aux Ă©tudes philosophiques et Ă  la recherche historique. L’une des compagnies de l’Institut de France, l'AcadĂ©mie des sciences morales et politiques, qui avait Ă©tĂ© supprimĂ©e par NapolĂ©on, fut relancĂ©e par Guizot le 26 octobre 1832[10]. Certains anciens membres de la compagnie, Talleyrand, SieyĂšs, Roederer et Lakanal, reprirent leur siĂšge et de nouvelles cĂ©lĂ©britĂ©s y firent leur entrĂ©e par Ă©lection, pour dĂ©battre des grands problĂšmes politiques et sociaux. À son initiative la SociĂ©tĂ© de l'histoire de France est fondĂ©e en dĂ©cembre 1833 pour la publication de travaux historiques[11] puis le ComitĂ© de l'histoire de France le 18 juillet 1834 et une vaste entreprise de publication des chroniques mĂ©diĂ©vales et de documents diplomatiques fut lancĂ©e aux frais de l’État, ainsi que l'Inspection gĂ©nĂ©rale des monuments historiques.

L’objectif du cabinet d’octobre 1832 Ă©tait d’organiser un parti conservateur et de mettre en Ɠuvre une politique de rĂ©sistance au parti rĂ©publicain, qui menaçait l’existence de la monarchie. À sa grande fiertĂ©, ses mesures ne dĂ©passĂšrent jamais les limites de la loi et ce fut par l’exercice lĂ©gal du pouvoir qu'il rĂ©prima la deuxiĂšme rĂ©volte des canuts et de la rĂ©volte de Paris. La force du ministĂšre ne reposait pas sur ses membres, mais seulement sur la cordiale coopĂ©ration dans laquelle travaillaient Guizot et Thiers. Les deux grands rivaux au Parlement suivaient le mĂȘme chemin ; mais aucun des deux ne pouvait se soumettre Ă  la suprĂ©matie de l’autre, et les circonstances rejetĂšrent presque toujours Thiers dans l’opposition, tandis que Guizot assumait la responsabilitĂ© du pouvoir.

Ils ne furent unis qu'une seule fois, en 1839, mais c’était dans l’opposition Ă  Mathieu MolĂ©, qui avait formĂ© un gouvernement intermĂ©diaire. Cette coalition entre Guizot et les chefs du centre gauche et de la gauche, Thiers et Odilon Barrot, nĂ©e de son ambition et de sa jalousie envers MolĂ©, est considĂ©rĂ©e comme l’une des principales erreurs de sa vie. La victoire fut obtenue au prix des principes, et l’attaque du gouvernement par Guizot aggrava la crise et l’insurrection rĂ©publicaine. Aucun des trois chefs de cette alliance ne prit de poste ministĂ©riel, et Guizot ne fut pas mĂ©content d'accepter le poste d’ambassadeur Ă  Londres, ce qui l’écarta du combat parlementaire pour un temps. C’était au printemps 1840, et Thiers remporta peu de temps aprĂšs le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres.

Guizot fut reçu avec honneur par la reine Victoria et par la sociĂ©tĂ© londonienne. Ses travaux littĂ©raires Ă©taient trĂšs estimĂ©s, sa personne respectĂ©e, et la France reprĂ©sentĂ©e Ă  l’étranger par l’un de ses principaux orateurs. Il Ă©tait rĂ©putĂ© ĂȘtre versĂ© dans l’histoire britannique et la littĂ©rature anglaise, et sincĂšrement attachĂ© Ă  l’alliance des deux nations et Ă  la cause de la paix. Comme il le remarqua lui-mĂȘme, il Ă©tait Ă©tranger au Royaume-Uni et novice en diplomatie ; l’état de confusion de la question syrienne, oĂč le gouvernement français s’était dĂ©marquĂ© de la politique commune de l’Europe, et peut-ĂȘtre l’absence totale de confiance entre l’ambassadeur et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, le plaça dans une position embarrassante et fausse. Les avertissements qu’il transmit Ă  Thiers n’étaient pas crus. Le traitĂ© du 15 juillet, ayant pour but de mettre fin Ă  la DeuxiĂšme Guerre Ă©gypto-ottomane, est signĂ© sans qu'il en fĂ»t avisĂ© et exĂ©cutĂ© contre son avis, une mise Ă  l'Ă©cart jugĂ©e humiliante par les Français[4]. Pendant quelques semaines, l’Europe sembla ĂȘtre au bord de la guerre, jusqu’à ce que le roi mĂźt fin Ă  la crise en refusant son consentement aux prĂ©paratifs de Thiers et en rappelant Guizot de Londres pour former un ministĂšre et pour aider sa MajestĂ© dans ce qu’il appelait « ma lutte tenace contre l’anarchie ».

Chef du gouvernement de facto

Sur ce tableau de 1844 représentant le Conseil des ministres du 15 août 1842, le peintre Claudius Jacquand représenta Guizot debout, à gauche, derriÚre le roi auquel Soult présente la loi de Régence.

Ainsi commença, dans des circonstances sombres et dĂ©favorables, le 29 octobre 1840, le gouvernement dont Guizot demeura la vĂ©ritable tĂȘte pensante pendant prĂšs de huit ans, dans l’ombre du prĂ©sident du Conseil, le marĂ©chal Soult. Son premier souci fut de maintenir la paix et de restaurer les relations amicales avec les autres puissances europĂ©ennes. Il rĂ©ussit Ă  calmer les Ă©lĂ©ments agitĂ©s et Ă  panser les blessures d’amour-propre de la France grĂące surtout au courage indomptable et Ă  la splendide Ă©loquence avec laquelle il affrontait l’opposition, ce qui fit dire Ă  Victor Cousin, ministre du gouvernement Thiers : « Guizot excelle dans l’art de faire des reculades majestueuses »[12]. Dans le mĂȘme temps, il rĂ©unifia et renforça le parti conservateur, qui sentait la prĂ©sence d'un grand chef Ă  sa tĂȘte, appelant Ă  l’épargne et Ă  la prudence de la nation plutĂŽt qu’à la vanitĂ© et Ă  l’ambition. Dans sa tĂąche pacificatrice, il fut heureusement secondĂ© par le gouvernement de Sir Robert Peel au Royaume-Uni Ă  l’automne 1841. Entre Lord Palmerston et Guizot existait une dangereuse incompatibilitĂ© de caractĂšres.

Avec le gouvernement Palmerston, Guizot sentait dans chaque agent britannique de par le monde un adversaire amer et actif ; de sa grande combativitĂ© rĂ©sultait un conflit perpĂ©tuel et des contre-intrigues. Lord Palmerston Ă©crivit que la guerre entre le Royaume-Uni et la France Ă©tait, tĂŽt ou tard, inĂ©vitable. Guizot pensait qu’une telle guerre serait une calamitĂ© des plus grandes et ne l’envisagea jamais. En Lord Aberdeen, secrĂ©taire aux Affaires Ă©trangĂšres de Sir Robert Peel, Guizot trouva un ami et un alliĂ© sympathique. Leur rencontre Ă  Londres avait Ă©tĂ© courte, mais elle se transforma rapidement en respect mutuel et en confiance. Tous deux Ă©taient hommes de grands principes et d’honneur ; le presbytĂ©rianisme Ă©cossais qui avait moulĂ© la foi d’Aberdeen se retrouvait chez le ministre huguenot de la France ; tous deux Ă©taient des hommes aux goĂ»ts simples, cherchant le perfectionnement du systĂšme scolaire et la culture ; tous deux avaient une profonde aversion pour la guerre et se sentaient peu qualifiĂ©s pour mener ce genre d'opĂ©rations aventureuses qui enflammaient l’imagination de leurs opposants respectifs. Du point de vue de Lord Palmerston et de Thiers, leur politique Ă©tait mesquine et pitoyable ; mais c’était une politique qui assurait la paix dans le monde et unifiait les deux grandes nations libres de l’Ouest de l’Europe dans ce qu’on appelle l’Entente cordiale. Aucun des deux ne se serait abaissĂ© Ă  saisir un avantage aux dĂ©pens de l’autre ; ils maintenaient cet intĂ©rĂȘt commun pour la paix comme primordial ; et quand des diffĂ©rences surgissaient, dans des parties Ă©loignĂ©es du monde (Ă  Tahiti avec l'affaire Pritchard, au Maroc, sur la CĂŽte de l'Or, actuel Ghana), ils les rĂ©solvaient en les ramenant Ă  leur insignifiance. L’opposition dĂ©nonçait la politique Ă©trangĂšre de Guizot comme bassement servile envers le Royaume-Uni, ce qui fit Ă©crire Ă  Victor Hugo : « Notre gouvernement [a] une main de coton pour tenir l’épĂ©e de la France et une main de fer pour nous comprimer la libertĂ© »[13]. À ces critiques, Guizot rĂ©pondait avec mĂ©pris : « Vous aurez beau amonceler vos calomnies, vous n’arriverez jamais Ă  la hauteur de mon dĂ©dain ! » De mĂȘme, l’opposition britannique attaquait sur ce thĂšme Lord Aberdeen, mais en vain ; le roi Louis-Philippe visita le chĂąteau de Windsor et la reine Victoria, en 1843, sĂ©journa au ChĂąteau d'Eu. En 1845, les troupes britanniques et françaises combattirent cĂŽte Ă  cĂŽte au dĂ©but du blocus anglo-français du RĂ­o de la Plata. La mĂȘme annĂ©e, Guizot signa avec la Belgique un traitĂ© remplaçant l'Union douaniĂšre (qui liait jusque-lĂ  les deux pays) par des tarifs mutuels. Il expulsa de Paris Marx, qui dut se rĂ©fugier Ă  Bruxelles[14].

La chute du gouvernement Peel en 1846 modifia le climat des relations ; et le retour de Palmerston aux affaires Ă©trangĂšres conduisit Guizot Ă  penser qu’il Ă©tait Ă  nouveau exposĂ© Ă  la rivalitĂ© du cabinet britannique. Une entente amicale avait Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  Eu entre les deux cours au sujet du mariage de la jeune reine en Espagne, mais le langage de Lord Palmerston et la conduite de Sir Henry Bulwer (futur Lord Dalling) Ă  Madrid laissait penser Ă  Guizot que cette entente Ă©tait rompue, et qu’il Ă©tait prĂ©vu de mettre un Saxe-Cobourg sur le trĂŽne espagnol. DĂ©terminĂ© Ă  rĂ©sister Ă  une telle intrigue, Guizot et le Roi plongĂšrent la tĂȘte la premiĂšre dans une contre-intrigue, complĂštement contraire Ă  leur engagement avec le Royaume-Uni, et fatal au bonheur de la reine d’Espagne. Par leur influence, elle fut poussĂ©e Ă  se marier avec un rejeton de la maison des Bourbon, et sa sƓur mariĂ©e au plus jeune fils du roi des français, en violation des promesses de Louis-Philippe. Bien que cette action se soit rĂ©alisĂ©e Ă  une Ă©poque de triomphe de la politique française, elle fut en vĂ©ritĂ© fatale Ă  la monarchie d'autant qu'elle discrĂ©dita le ministre. Ce fut rĂ©alisĂ© avec un mĂ©lange de secret et de violence, masquĂ© par un subterfuge. Son effet immĂ©diat fut la rupture de l’alliance franco-britannique, jetant Guizot dans une coopĂ©ration plus Ă©troite avec Metternich et les cours du Nord de l’Europe.

En 1847 il devint président du Conseil.

Bilan de son action politique

Gravure représentant François Guizot.

L’histoire du gouvernement Guizot, le plus long et le dernier de la monarchie de Juillet, porte l'empreinte des grandes qualitĂ©s et dĂ©fauts du caractĂšre politique de son initiateur et maĂźtre Ă  penser. Son premier objectif fut de rĂ©unifier et de discipliner le parti conservateur qui avait Ă©tĂ© divisĂ© par les dissensions et les changements de ministĂšre. Il y parvint pleinement grĂące Ă  son courage et Ă  son Ă©loquence qui firent de lui le chef de file au parlement, ainsi que par le recours Ă  tous les moyens d’influence que la France donne Ă  un ministre dominant.

Sa philosophie politique reposait indĂ©niablement sur l’élargissement du pouvoir aux Français les plus mĂ©ritants, lesquels, Ă  son sens, se trouvaient majoritairement au sein de la classe moyenne, ainsi que l’atteste le discours qu’il prononça le 3 mai 1837 devant la Chambre des dĂ©putĂ©s : « Oui, aujourd’hui comme en 1817, comme en 1820, comme en 1830, je veux, je cherche, je sers de tous mes efforts la prĂ©pondĂ©rance politique des classes moyennes en France. L’organisation dĂ©finitive et rĂ©guliĂšre de cette grande victoire que les classes moyennes ont remportĂ©e sur le privilĂšge et sur le pouvoir absolu de 1789 Ă  1830, voilĂ  le but vers lequel j’ai constamment marchĂ© »[15].

Il dĂ©nonça en outre l’idĂ©e selon laquelle la dĂ©mocratie Ă©tait incontestablement, par sa nature mĂȘme, le rĂ©gime politique idĂ©al, arguant, le devant la Chambre, que « ce qui a souvent perdu la dĂ©mocratie, c’est qu’elle n’a su admettre aucune organisation hiĂ©rarchique de la sociĂ©tĂ©, c’est que la libertĂ© ne lui a pas suffi ; elle a voulu le nivellement. [
] » VoilĂ  pourquoi, ajoute-t-il, « je suis de ceux qui combattront le nivellement sous quelque forme qu’il se prĂ©sente », car « tout le monde n’est pas capable de s’élever »[16].

Personne ne douta jamais du dĂ©sintĂ©ressement de Guizot dans ses comportements personnels. Il mĂ©prisait l’argent, vĂ©cut et mourut pauvre. MĂȘme s'il favorisa l'envie de gagner de l'argent dans la nation française, ses habitudes conservĂšrent leur simplicitĂ© primitive, mais il ne se privait pas d'exploiter chez les autres les passions dont il Ă©tait lui-mĂȘme exempt : certains de ses instruments Ă©taient retors. Des abus et des manquements graves furent dĂ©voilĂ©s mĂȘme dans les rangs du gouvernement, et la corruption de l’administration fut dĂ©noncĂ©e sous un ministre incorruptible. Victor Hugo, pair de France et acadĂ©micien, rĂ©suma ce dernier point de façon vigoureuse : « M. Guizot est personnellement incorruptible et il gouverne par la corruption. Il me fait l’effet d’une femme honnĂȘte qui tiendrait un bordel »[17]. Cependant Guizot opta pour les circonlocutions plutĂŽt que pour l’action : « Vous ne voulez pas de la corruption ; vous avez raison ; nous n’en voulons pas plus que vous. [
] Permettez-moi donc, dans l’intĂ©rĂȘt de notre dignitĂ© Ă  tous [
] d’effacer ce mot de mon langage, et [
] parlons de l’abus des influences. Eh bien ! Messieurs, l’abus des influences est, dans une certaine mesure, un mal inhĂ©rent aux pays libres »[18].

Son Ă©loquence parlementaire Ă©tait brusque, austĂšre, dĂ©monstrative et impĂ©rieuse. Sans persuasion ni humour, rarement ornĂ©e, elle condensait en quelques mots avec la force d’une autoritĂ© suprĂȘme. Guizot Ă©tait plus Ă  l'aise et Ă©nergique comme orateur ministĂ©riel dĂ©fendant ses positions que comme tribun de l’opposition. Comme William Pitt, il Ă©tait le type d'autoritĂ© que les charges, l’esprit, la gaĂźtĂ©, l’ironie et les discours de ses adversaires laissaient de marbre. Il n’était pas non plus un fin tacticien du jeu parlementaire capable de changer le cours d'une bataille par de brusques interventions en cours de dĂ©bat. Sa confiance en lui-mĂȘme et dans la majoritĂ© du Parlement, qu’il avait façonnĂ©e selon sa volontĂ©, Ă©tait illimitĂ©e et ce long exercice du pouvoir lui fit oublier que dans un pays comme la France, il y avait, hors du Parlement Ă©lu par un petit corps Ă©lectoral, un peuple devant lequel le ministre et le roi lui-mĂȘme devaient rĂ©pondre de leurs actes.

Un gouvernement fondĂ© sur le principe de rĂ©sistance et de rĂ©pression et marquĂ© par la mĂ©fiance et la crainte du pouvoir populaire, un systĂšme diplomatique qui cherche Ă  raviver les traditions de l’Ancien RĂ©gime, un souverain qui dĂ©passe largement les bornes de ses pouvoirs constitutionnels et les accroĂźt chaque annĂ©e, un ministre qui, bien qu’éloignĂ© de la servilitĂ© d’un courtisan, Ă©tait trop obsĂ©quieux envers le roi, singuliĂšrement en dĂ©saccord avec les promesses de la rĂ©volution de Juillet, limitait la politique de l’administration. Les vues de Guizot sur la politique Ă©taient essentiellement historiques et philosophiques. Ses goĂ»ts et ses compĂ©tences lui donnaient peu de perspicacitĂ© dans l’administration du gouvernement. Il ne connaissait rien aux finances ; les affaires et le commerce lui Ă©taient Ă©trangers ; il Ă©tait peu familier des affaires militaires et navales ; tous ces sujets Ă©taient traitĂ©s par l’intermĂ©diaire de ses amis Pierre Sylvain Dumon, Charles Marie Tanneguy, comte DuchĂątel ou le marĂ©chal Bugeaud. La consĂ©quence en fut le peu de mesures conduisant Ă  des amĂ©liorations menĂ©es par son administration. Son gouvernement prĂȘta encore moins l’oreille Ă  sa demande de rĂ©forme du Parlement.

À ce sujet, les prĂ©jugĂ©s du roi Ă©taient insurmontables et ses ministres avaient la faiblesse d’y cĂ©der. Il Ă©tait impossible de dĂ©fendre un systĂšme qui reposait sur le suffrage de 200 000 citoyens et dans lequel la moitiĂ© des membres Ă©taient nommĂ©s. Guizot resta inflexible sur la question de l'Ă©largissement du corps Ă©lectoral. En 1846, 250 000 Français possĂ©daient le droit de vote et, parmi eux, seul un sur cinq Ă©tait Ă©ligible[4]. Son hostilitĂ© Ă  l'abaissement du cens est jugĂ©e dogmatique par le courant libĂ©ral[4]. Rien n’eĂ»t Ă©tĂ© plus facile que de renforcer le parti conservateur en accordant le droit de vote aux propriĂ©taires, mais la rĂ©sistance fut la seule rĂ©ponse du gouvernement aux demandes modĂ©rĂ©es de l’opposition. Les avertissements rĂ©pĂ©tĂ©s par leurs amis ou ennemis furent ignorĂ©s ; et ils restĂšrent totalement inconscients du danger jusqu’au moment oĂč il les Ă©crasa.

Dans son Avertissement au pays, datĂ© du 25 dĂ©cembre 1840, Edgar Quinet mettait en garde la bourgeoisie au pouvoir : « [
] La bourgeoisie avait une mission [
], c’était de devenir [
] la tĂȘte du peuple ; c’était lĂ  une mission sacrĂ©e pour laquelle elle avait reçu l’intelligence, la science, l’expĂ©rience des temps passĂ©s. [
] L’occasion Ă©tait grande ; il s’agissait de prĂ©parer, d’inaugurer l’avĂšnement de la dĂ©mocratie [
]. Loin de lĂ , Ă  peine parvenue Ă  possĂ©der l’autoritĂ©, [
] la bourgeoisie se rĂ©pĂšte [
] : l’État, c’est moi ; elle fait pis qu’oublier le peuple, elle s’en sĂ©pare. [
] Dans ce partage violent, quelle a Ă©tĂ© l’occupation constante du gouvernement ? Il s’est placĂ© entre les deux parties, comme un corps Ă©tranger, pour empĂȘcher qu’elles ne puissent se rĂ©unir. [
] Le dĂ©chirement est inĂ©vitable [
] La bourgeoisie a reprochĂ© Ă  l’ancienne royautĂ© d’avoir opposĂ© une rĂ©sistance implacable Ă  l’esprit de son temps, et d’avoir par lĂ  amassĂ© une rĂ©volution Ă©galement implacable. Qu’elle se garde de tomber dans la mĂȘme faute[19]. »

Deux ans plus tard, le , Lamartine lui aussi tenta, en vain, d’attirer l’attention du pouvoir sur les menaces que faisait peser son immobilisme : « On dirait, Ă  les entendre, que le gĂ©nie des hommes politiques ne consiste qu’en une seule chose, Ă  se poser lĂ , sur une situation que le hasard ou une rĂ©volution leur a faite, et Ă  y rester immobiles, inertes, implacables [
] Ă  toute amĂ©lioration. » Il conclut : « Vous avez inscrit trop longtemps sur votre drapeau : « RĂ©sistance et toujours rĂ©sistance »[20]. »

Il est Ă©trange de constater que Guizot ne reconnut jamais, que ce fĂ»t dans le moment ou sur sa fin, la nature de son erreur ; il se dĂ©crivait comme le champion du parti libĂ©ral et de la constitution. Il Ă©choua complĂštement Ă  percevoir qu’une vision plus large de la destinĂ©e libĂ©rale de la France et qu'une confiance moins absolue dans ses thĂ©ories personnelles auraient prĂ©servĂ© la monarchie constitutionnelle et empĂȘchĂ© les dĂ©sastres, qui furent finalement fatals Ă  tous les principes qu’il dĂ©fendait. Mais avec la conviction tĂȘtue de la vĂ©ritĂ© absolue, il adhĂ©ra Ă  ses propres doctrines jusqu’à la fin.

Enfin, si la recherche de la prospérité semblait le principal souci de Guizot, il ignora le développement d'une classe ouvriÚre misérable de plus en plus nombreuse. Seul le travail des enfants fut réglementé, par une loi de 1841[4].

La chute

En 1847, Guizot refusa Ă  nouveau des rĂ©formes Ă©lectorales Ă  l’opposition qui menait alors la campagne des banquets, que Guizot tenta d’interdire.

La derniĂšre scĂšne de sa vie politique fut singuliĂšrement caractĂ©ristique de sa foi dans une cause perdue. L’aprĂšs-midi du , le roi convoqua son ministre, qui siĂ©geait Ă  la Chambre, pour l’informer de la situation Ă  Paris et dans le pays. Les banquets poussaient Ă  la rĂ©forme et les opinions divisĂ©es, mais passionnĂ©es, au sein de la famille royale conduisaient le roi Ă  douter du maintien de Guizot au ministĂšre. Ce doute, rĂ©pondit Guizot, fut dĂ©cisif. Il dĂ©missionna instantanĂ©ment, ne retournant Ă  la Chambre que pour annoncer que le gouvernement Ă©tait dissous et que Mole avait Ă©tĂ© appelĂ© par le roi. Mole Ă©choua Ă  former un gouvernement et, entre minuit et une heure du matin, Guizot, qui Ă  son habitude s’était couchĂ© tĂŽt, fut de nouveau appelĂ© aux Tuileries. Le roi lui demandant conseil, Guizot rĂ©pondit : « Nous ne sommes plus les ministres de Sa MajestĂ©, c'est Ă  d'autres de dĂ©cider du cap Ă  suivre. Mais une chose est Ă©vidente : la rĂ©volte de la rue doit ĂȘtre stoppĂ©e ; ces barricades prises ; et pour ce travail il me semble que le marĂ©chal Bugeaud doit ĂȘtre investi des pleins pouvoirs, et ordonner de prendre les mesures militaires, et comme votre MajestĂ© n’a pas de ministĂšre en ce moment, je suis prĂȘt Ă  rĂ©diger et Ă  contre-signer un tel ordre ». Le marĂ©chal, qui Ă©tait prĂ©sent, assuma la tĂąche, disant « Je n’ai encore jamais Ă©tĂ© battu, et je ne le serai pas demain. Les barricades doivent ĂȘtre prises avant l’aube ». Devant cette manifestation d’énergie, le roi hĂ©sita et ajouta bientĂŽt : « Je dois vous prĂ©venir que Monsieur Thiers et ses amis sont dans la piĂšce Ă  cĂŽtĂ© en train de former un gouvernement ! ». Guizot rĂ©pliqua : « Alors c’est leur rĂŽle de prendre les dispositions qui conviennent » et il quitta les lieux. Thiers et Barrot dĂ©cidĂšrent de retirer les troupes.

Victor Hugo rĂ©suma de façon lapidaire les circonstances dans lesquelles Guizot arriva puis quitta le pouvoir : « Le cabinet Guizot, ce ministĂšre nĂ© de la crainte d’une guerre et mort de la crainte d’une rĂ©volution[13]. »

Le roi et Guizot se rencontrĂšrent Ă  nouveau Ă  Claremont House, en Angleterre. Ce fut la situation la plus difficile de la vie de Guizot, mais heureusement il trouva refuge Ă  Paris pour quelques jours dans le meublĂ© d’un humble peintre en miniatures qu’il avait pris en amitiĂ©. Peu de temps aprĂšs, il s’échappa Ă  travers la Belgique et de lĂ  Ă  Londres, oĂč il arriva le 3 mars. Sa mĂšre et ses filles l’avaient prĂ©cĂ©dĂ© et il fut rapidement installĂ© dans une modeste maison de Pelham Crescent Ă  Brompton.

L'exil et la retraite (1848-1874)

Guizot photographié par Nadar.

La revue politique The Spectator ne se montra pas tendre envers Louis-Philippe et son ministre. Dans le numéro du 18 mars, on peut lire :

« Official corruption found plenty to be corrupted. M. Guizot had so completely manipulated all those parts of the nation which were immediately in contact with him, that he and his master probably rejoiced in the assumption of a general rottenness. The aspect of those small contiguous parts concealed from them the real state of France at large. The effect of that ignorance was, that one fine day the astute King and his philosophical Minister found themselves in England, without crown or office. »

« La corruption officielle ne manquait pas de sujets Ă  corrompre. M. Guizot Ă©tait parvenu Ă  un tel degrĂ© de manipulation de tous ceux qui l’approchaient que lui et son maĂźtre se rĂ©jouissaient probablement Ă  l’idĂ©e d’un pourrissement gĂ©nĂ©ralisĂ©. L’apparence de ces Ă©lĂ©ments les plus proches leur dissimulait l’état rĂ©el de la France dans son ensemble. Cette ignorance eut pour effet qu’un beau jour le roi astucieux et son philosophe de ministre se retrouvĂšrent en Angleterre sans couronne ni poste. »

— (en) « The Spectator, p. 14 - Topics of the Day », sur The Spectator Archive, (consultĂ© le )

Cependant, la sociĂ©tĂ© anglaise, malgrĂ© la dĂ©sapprobation de nombreuses personnes vis-Ă -vis de sa politique rĂ©cente, reçut l’homme politique dĂ©chu avec autant de distinction et de respect qu’elle en avait montrĂ© huit ans auparavant pour l’ambassadeur du roi. Des sommes d’argent furent mises Ă  sa disposition, ce qu’il refusa. On parla aussi d’un poste de professeur Ă  Oxford, ce qu’il Ă©tait incapable d’accepter. Il resta environ une annĂ©e au Royaume-Uni, se consacrant Ă  l’histoire. Il publia deux volumes supplĂ©mentaires sur la rĂ©volution anglaise, et en 1854 son Histoire de la rĂ©publique d’Angleterre et de Cromwell (1649-1658). Il traduisit aussi de nombreuses Ɠuvres de Shakespeare.

Guizot survĂ©cut vingt-six annĂ©es Ă  la chute de la monarchie et du gouvernement qu’il avait servi. Il passa soudainement de la position d’un des hommes d’État les plus puissants et les plus actifs en Europe Ă  la position d'un philosophe et d'un citoyen spectateur des affaires humaines. Il Ă©tait conscient que la fracture entre lui et la vie publique Ă©tait dĂ©finitive ; aucun murmure d’ambition déçue ne passa ses lĂšvres ; il semblait que sa fiĂšvre d’orateur et que sa puissance ministĂ©rielle l'eussent quittĂ© et qu'elles l'eussent laissĂ© plus grand encore qu’avant, occupĂ© par son courrier, les conversations avec ses amis, et Ă  la tĂȘte d’un cercle patriarcal qu’il aimait. La plus grande partie du temps, il rĂ©sidait au Val-Richer, une ancienne abbaye cistercienne, prĂšs de Lisieux en Normandie, qui avait Ă©tĂ© vendue pendant la RĂ©volution[21]. Ses deux filles, qui Ă©taient mariĂ©es Ă  deux descendants de la famille hollandaise de Witt, si agrĂ©able Ă  la foi et aux maniĂšres des huguenots français, tinrent sa maison. Un de ses gendres cultiva la propriĂ©tĂ©. Et Guizot dĂ©voua ses derniĂšres annĂ©es avec une Ă©nergie constante Ă  son travail d’écriture, qui Ă©tait en fait son principal moyen de subsistance. Il resta fier, indĂ©pendant, simple et combatif jusqu’à la fin ; et ses annĂ©es de retraite furent peut-ĂȘtre les plus heureuses et les plus sereines de sa vie.

Deux institutions conservĂšrent leur libertĂ© mĂȘme sous le Second Empire : l’Institut de France et le Consistoire protestant. Dans les deux, Guizot continua jusqu’à la fin Ă  prendre une part active. Il Ă©tait membre de trois des cinq acadĂ©mies : l’AcadĂ©mie des sciences morales et politiques qui lui devait sa restauration, et dont il devint un des premiers membres en 1832 ; l’AcadĂ©mie des inscriptions et belles-lettres l’élut en 1833 Ă  la succession d’AndrĂ© Dacier ; et en 1836 il devint membre de l’AcadĂ©mie française. Dans ces compagnies savantes, Guizot continua prĂšs de quarante ans Ă  prendre un intĂ©rĂȘt actif et Ă  avoir une influence. Il Ă©tait le champion jaloux de leur indĂ©pendance. Sa voix avait un poids considĂ©rable dans le choix des nouveaux candidats ; et son but constant Ă©tait de conserver la dignitĂ© et la puretĂ© de la littĂ©rature.

Dans le consistoire protestant de Paris, Guizot exerça la mĂȘme influence. Son Ă©ducation et son expĂ©rience de la vie contribuaient Ă  renforcer les convictions d’un tempĂ©rament religieux. Il resta, sa vie durant, un croyant dans les vĂ©ritĂ©s de la rĂ©vĂ©lation, et l’un de ses derniers Ă©crits porte sur la religion chrĂ©tienne. Il respectait l’Église catholique[22], religion de la majoritĂ© ; et les Ă©crits des grands prĂ©lats, Bossuet et Bourdaloue, lui Ă©taient aussi familiers que ceux de sa religion, et Ă©taient utilisĂ©s dans les exercices religieux de la famille.

Dans ces activitĂ©s littĂ©raires et dans la retraite de Val-Richer les annĂ©es s’écoulĂšrent calmement et rapidement. Ses petits-enfants grandissant autour de lui, il commença Ă  orienter leur attention vers l’histoire. Ces leçons devinrent son dernier ouvrage « Histoire de France racontĂ©e Ă  mes petits-enfants », qui bien qu’ayant une forme simple, populaire et attrayante n’en est pas moins complet et profond. Cette histoire s’achĂšve en 1798, et fut continuĂ©e jusqu’en 1870 par sa fille Madame Guizot de Witt Ă  partir des notes de son pĂšre.

Jusqu’à l’étĂ© 1874, la vigueur mentale de Guizot et son activitĂ© furent intactes. Il mourut tranquillement, et on dit qu’il rĂ©citait des vers de Corneille et des textes des Saintes Écritures sur son lit de mort.

Sa petite-fille Marguerite ayant Ă©pousĂ© Paul Schlumberger, François Guizot est donc l'ancĂȘtre des frĂšres Schlumberger et des entrepreneurs JĂ©rĂŽme Seydoux, Nicolas Seydoux et Michel Seydoux.

Les papiers personnels de François Guizot sont conservés aux Archives nationales sous la cote 42AP[23].

« Enrichissez-vous
 »

Guizot est devenu cĂ©lĂšbre pour la formule qu'on lui prĂȘte, « Enrichissez-vous
 ». Cette citation est devenue un enjeu de confrontations, voire de caricature. Les historiens ne sont pas certains de l'origine exacte de cette phrase, mais la plupart s'entendent pour confirmer que cette citation, retenue par l'opinion publique et les dĂ©tracteurs politiques de Guizot, est tronquĂ©e. Pour certains, c'est en 1840, peu aprĂšs que Guizot fut devenu le chef effectif du gouvernement, qu'il prononça ces mots : « Éclairez-vous, enrichissez-vous, amĂ©liorez la condition morale et matĂ©rielle de notre France[24]. » La formule figure dans un discours prononcĂ© par Guizot devant la Chambre des dĂ©putĂ©s en 1843[25] - [26].

Pour d'autres, Guizot aurait formulĂ© la phrase ainsi : « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne et vous deviendrez Ă©lecteurs » (pour rĂ©pliquer aux dĂ©tracteurs qui demandaient l'abaissement de la barre des 200 francs du suffrage censitaire). Son dernier biographe, Gabriel de Broglie, n'a pu retrouver exactement la citation et la considĂšre comme apocryphe. Au cours de banquets Ă©lectoraux, Guizot a beaucoup tournĂ© autour de thĂšmes similaires, mais il n'a jamais eu cette expression synthĂ©tique qui sera forgĂ©e contre lui par ses adversaires politiques. Cependant, elle correspond Ă  son Ă©tat d'esprit et illustre l'une des causes du naufrage de la monarchie de Juillet : le refus d'Ă©largir le suffrage censitaire.

Lutte des classes

Il semble que Guizot soit l'un des premiers Ă  parler de lutte des classes[27].

ƒuvres

  • Dictionnaire des synonymes de la langue française, 1809.
  • De l’état des beaux-arts en France, 1810.
  • Annales de l’éducation, 1811-1815, 6 vol.
  • Vie des poĂštes français du siĂšcle de Louis XIV, 1813.
  • Quelques idĂ©es sur la libertĂ© de la presse, 1814.
  • Du gouvernement reprĂ©sentatif de l’état actuel de la France, 1816.
  • Essai sur l’état actuel de l’instruction publique en France, 1817.
  • Du gouvernement de la France depuis la Restauration. Des conspirations et de la justice politique, 1820.
  • Des moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France. Du gouvernement de la France et du ministĂšre actuel. Histoire du gouvernement reprĂ©sentatif en Europe, 1821, 2 vol.
  • De la souverainetĂ©, 1822.
  • De la peine de mort en matiĂšre politique, 1822.
  • Essai sur l’histoire de France du Ve au Xe siĂšcle, 1823.
  • Histoire de Charles Ier, 1827, 2 vol.
  • Histoire gĂ©nĂ©rale de la civilisation en Europe, 1828. 2e Ă©dition Langlet et Cie, 1838.
  • Histoire de la civilisation en France, 1830, 4 vol.
  • Le presbytĂšre au bord de la mer, 1831.
  • Rome et ses papes, 1832.
  • Le ministĂšre de la rĂ©forme et le parlement rĂ©formĂ©, 1833.
  • Essais sur l’histoire de France, 1836.
  • Monk, Ă©tude historique, 1837.
  • De la dĂ©mocratie dans les sociĂ©tĂ©s modernes, 1837
  • De la religion dans les sociĂ©tĂ©s modernes, 1838.
  • Vie, correspondance et Ă©crits de Washington, 1839-1840.
  • Washington, 1841.
  • Madame de Rumfort, 1842.
  • Des conspirations et de la justice politiques, 1845.
  • Des moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France, 1846.
  • Histoire de la rĂ©volution d'Angleterre depuis l'avĂšnement de Charles Ier jusqu'Ă  sa mort, 1846.
  • M. Guizot et ses amis. De la dĂ©mocratie en France, 1849.
  • Pourquoi la rĂ©volution d’Angleterre a-t-elle rĂ©ussi ? Discours sur l’histoire de la rĂ©volution d’Angleterre, 1850.
  • Études biographiques sur la rĂ©volution d’Angleterre. Études sur les beaux-arts en gĂ©nĂ©ral, 1851.
  • Shakespeare et son temps. Corneille et son temps, 1852.
  • AbĂ©lard et HĂ©loĂŻse, 1853.
  • Édouard III et les bourgeois de Calais, 1854.
  • Histoire de la rĂ©publique d’Angleterre, 1855, 2 vol., Sir Robert Peel.
  • Histoire du protectorat de Cromwell et du rĂ©tablissement des Stuarts, 1856, 2 vol.
  • MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire de mon temps, 1858-1867, 8 vol.
  • L’Amour dans le mariage, 1860.
  • L’Église et la sociĂ©tĂ© chrĂ©tienne en 1861, Discours acadĂ©mique, 1861.
  • Un projet de mariage royal, 1862.
  • Histoire parlementaire de France, recueil de discours, , 1863, 5 vol. Trois gĂ©nĂ©rations.
  • MĂ©ditations sur l’essence de la religion chrĂ©tienne, 1864.
  • Guillaume le ConquĂ©rant, 1865.
  • MĂ©ditations sur l’état actuel de la religion chrĂ©tienne, 1866.
  • La France et la Prusse responsables devant l’Europe, 1868.
  • MĂ©ditations sur la religion chrĂ©tienne dans ses rapports avec l’état actuel des sociĂ©tĂ©s et des esprits. MĂ©langes biographiques et littĂ©raires, 1868.
  • MĂ©langes politiques et historiques, 1869.
  • L'Histoire de France : depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'en 1789. RacontĂ©e Ă  mes petits-enfants, 1870-1875, 5 vol.
  • Le duc de Broglie, 1872.
  • Les vies de quatre grands chrĂ©tiens français, 1873.
  • L'Histoire d'Angleterre : depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  l'avĂšnement de la reine Victoria. RacontĂ©e Ă  mes petits-enfants, 1877-1878, 2 vol.

Honneurs

L'Académie française

François Guizot fut Ă©lu Ă  l’AcadĂ©mie française, le , au fauteuil 40, succĂ©dant au comte Destutt de Tracy, mort le . Sa rĂ©ception officielle eut lieu le . AprĂšs sa disparition, survenue le , il fut remplacĂ©, le , par Jean-Baptiste Dumas.

Distinctions

Armoiries

La famille Guizot portait : de vair, à une bande losangée d'or et de gueules[28]. Cependant, François Guizot adopta pour devise « Linea recta brevissima », et pour armes : d'azur, à une divise d'argent[29].

Généalogie

Hommages, postérité

Iconographie

  • 1844 : Tableau reprĂ©sentant le Conseil des ministres du 15 aoĂ»t 1842, le peintre Claudius Jacquand a reprĂ©sentĂ© Guizot debout, Ă  gauche, derriĂšre le roi auquel Soult prĂ©sente la loi de RĂ©gence.
  • 1844 : François Guizot, mĂ©daille par Jean-Jacques FeuchĂšre (1807-1852). À François Pierre Guillaume Guizot, ses amis et ses admirateurs, On peut Ă©puiser ma force, on n'Ă©puisera pas mon courage, Chambre des dĂ©putĂ©s 26 janvier 1844. MĂ©daille en cuivre, Ø 100 mm, poids 522 g.
  • s. d. : Guizot, caricaturĂ© par HonorĂ© Daumier.
  • s. d. : François Guizot – portrait par Jean-Georges Vibert, chĂąteau de Versailles.
  • MĂ©daille François GUIZOT (1787-1874). Graveur Jean-Jacques FEUCHERE (1807-1852), cuivre, Ø 100 mm, poids 522 g, 1844. Recto. À François Pierre Guillaume Guizot, ses amis et ses admirateurs, On peut Ă©puiser ma force, on n'Ă©puisera pas mon courage, Chambre des dĂ©putĂ©s 26 janvier 1844.
    MĂ©daille François GUIZOT (1787-1874). Graveur Jean-Jacques FEUCHERE (1807-1852), cuivre, Ø 100 mm, poids 522 g, 1844. Recto. À François Pierre Guillaume Guizot, ses amis et ses admirateurs, On peut Ă©puiser ma force, on n'Ă©puisera pas mon courage, Chambre des dĂ©putĂ©s 26 janvier 1844.
  • MĂ©daille François GUIZOT (1787-1874). Graveur Jean-Jacques FEUCHERE (1807-1852), cuivre, Ø 100 mm, poids 522 g, 1844. Verso. À François Pierre Guillaume Guizot, ses amis et ses admirateurs, On peut Ă©puiser ma force, on n'Ă©puisera pas mon courage, Chambre des dĂ©putĂ©s 26 janvier 1844.
    MĂ©daille François GUIZOT (1787-1874). Graveur Jean-Jacques FEUCHERE (1807-1852), cuivre, Ø 100 mm, poids 522 g, 1844. Verso. À François Pierre Guillaume Guizot, ses amis et ses admirateurs, On peut Ă©puiser ma force, on n'Ă©puisera pas mon courage, Chambre des dĂ©putĂ©s 26 janvier 1844.

Notes et références

Notes

  1. Le roi, qui n'a pas oublié que Guizot a été l'un des derniers à rallier sa candidature pendant les Trois Glorieuses.

Références

  1. Musée virtuel protestant.
  2. François Guizot.
  3. Victor Hugo, Choses vues 1830-1846, Paris, Gallimard, , 508 p. (ISBN 2-07-036011-3), p. 473 (note).
  4. Emma Demeester, « François Guizot, du libĂ©ralisme au conservatisme », La Nouvelle Revue d'histoire, no 85 de juillet – aoĂ»t 2016, p. 32-34.
  5. Alain Garric, Essai de Généalogie, sur le site Généanet, consulté le 2 octobre 2017.
  6. Christophe Charle, « 55. Guizot (François) », Publications de l'Institut national de recherche pĂ©dagogique, vol. 2, no 1,‎ , p. 93–94 (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Eliza Dillon », sur Guizot.com (consulté le )
  8. Etienne-Léon de La Mothe-Langon, Révélations d'une femme de qualité, sur les années 1830 et 1831, L. Mame-Delaunay, (lire en ligne), p136
  9. « François Guizot (29 décembre 1830) - Histoire - Grands discours parlementaires - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  10. Gabriel de Broglie, « François Guizot, refondateur de l’AcadĂ©mie des sciences morales et politiques », canalacademie.com, 4 septembre 2006.
  11. Créée afin « de populariser l'étude et le goût de notre histoire nationale dans une voie de saine critique et surtout par la recherche et l'emploi des documents originaux », cité dans Demeester.
  12. Victor Hugo, Choses vues, 1830-1846, Pars, Gallimard, , 508 p. (ISBN 2-07-036011-3), p. 178.
  13. Victor Hugo, Choses vues 1847-1848, Paris, Gallimard, , 505 p. (ISBN 2-07-036047-4), p. 451.
  14. Jean-Pierre Durand, La Sociologie de Marx, p. 4.
  15. « Journal des débats politiques », sur Gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  16. « Journal des débats politiques et littéraires », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  17. Victor Hugo, Choses vues 1847-1848, Paris, Gallimard, , 505 p. (ISBN 2-07-036047-4), p. 94.
  18. « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  19. Edgar Quinet, ƒuvres complùtes, Volume 10, Paris, Pagnerre, , p. 34-42.
  20. « Journal des débats politiques et littéraires », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ).
  21. MusĂ©e d’art et d’histoire de Lisieux, « Guizot, un parisien dans le pays d'Auge » AccĂšs libre [PDF], (consultĂ© le )
  22. Annie Bruter, « THEIS (Laurent), François Guizot », Histoire de l’éducation 2/2009 (no 122), p. 148-150.
  23. 42AP. GUIZOT (François), Archives nationales.
  24. « Il y a eu un temps, temps glorieux parmi nous, oĂč la conquĂȘte des droits sociaux et politiques a Ă©tĂ© la grande affaire de la nation ; la conquĂȘte des droits sociaux et politiques sur le pouvoir et sur les classes qui les possĂ©daient seules. Cette affaire-lĂ  est faite, la conquĂȘte est accomplie ; passons Ă  d'autres. Vous voulez avancer Ă  votre tour ; vous voulez faire des choses que n'aient pas faites vos pĂšres. Vous avez raison ; ne poursuivez donc plus, pour le moment, la conquĂȘte des droits politiques ; vous la tenez d'eux, c'est leur hĂ©ritage. À prĂ©sent, usez de ces droits ; fondez votre gouvernement, affermissez vos institutions, Ă©clairez-vous, enrichissez-vous, amĂ©liorez la condition morale et matĂ©rielle de notre France : voilĂ  les vraies innovations ; voilĂ  ce qui donnera satisfaction Ă  cette ardeur de mouvement, Ă  ce besoin de progrĂšs qui caractĂ©rise cette nation. », Chambre des dĂ©putĂ©s, sĂ©ance du 1er mars 1843, rĂ©ponse Ă  Dufaure. »
  25. François Guizot, Histoire parlementaire de France : recueil complet des discours prononcés dans les Chambres de 1819 à 1848 par M. Guizot, tome 4, Paris, Michel Lévy frÚres, , p. 68.
  26. Michel Le SĂ©ac'h, La Petite phrase. D'oĂč vient-elle ? Comment se propage-t-elle ? Quelle est sa portĂ©e rĂ©elle ?, Paris, Eyrolles, , 270 p. (ISBN 978-2-212-56131-9, lire en ligne), p. 24.
  27. « Guizot et la lutte des classes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  28. André Borel d'Hauterive, Annuaire de la pairie et de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe et de la diplomatie, volume 6, 1848, page 220.
  29. Victor Bouton, Nouveau traité de blason ou science des armoiries, Garnier, 1863, page 151.
  30. Ascendants de François Guizot sur Généastar.

Annexes

Bibliographie

  • (en) « Guizot, François », dans EncyclopĂŠdia Britannica, 1911 [François (en) Lire en ligne sur Wikisource].
  • AgĂ©nor Bardoux, Guizot, Hachette, 1894.
  • Gabriel de Broglie, Guizot, Perrin, 1990 (nouvelle Ă©dition en 2002).
  • Vincent Chai, « Les Satisfaits » Guizot et sa majoritĂ© Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s 1846-1848, Presses universitaires du Septentrion, 2021.
  • AndrĂ© Gayot, François Guizot et Madame Laure de Gasparin : documents inĂ©dits (1830-1864), Grasset, 1934.
  • Jean-Miguel Pire, Sociologie d'un volontarisme culturel fondateur. Guizot ou le gouvernement des esprits (1814-1841), L'Harmattan, 2002 (prĂ©sentation en ligne).
  • Jean-Miguel Pire, « Guizot et la “souverainetĂ© de la raison” aux origines de la gouvernance fondĂ©e sur l'expertise », dans Les cahiers de la fonction publique, fĂ©vrier 2015, no 353, p. 33-38 (lire en ligne [PDF]).
  • Charles-Hippolyte Pouthas, Guizot pendant la RĂ©volution, Plon, 1923.
  • Charles-Hippolyte Pouthas, la Jeunesse de Guizot, Alcan, 1936.
  • Pierre Rosanvallon, Le moment Guizot, Paris, Gallimard, coll. « BibliothĂšque des sciences humaines », , 414 p. (ISBN 2-07-070262-6, prĂ©sentation en ligne).
  • Laurent Theis, François Guizot, Paris, Fayard, , 553 p. (ISBN 978-2-213-63653-5, prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne].
  • Laurent Theis, « Guizot et les institutions de mĂ©moire », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mĂ©moire, II. La Nation, Paris, Gallimard, 1986, t. II, p. 569-592.
  • « Actes du colloque François Guizot (Paris, 22-25 octobre 1974) », Bulletin de la SociĂ©tĂ© de l'Histoire du Protestantisme Français, vol. 122, janvier-fĂ©vrier-mars 1976, GenĂšve, Librairie Droz, JSTOR:i24292825, , [prĂ©sentation en ligne], [prĂ©sentation en ligne].
  • Jacques Billard, De l'Ă©cole Ă  la rĂ©publique, Guizot, Victor Cousin, Paris, PUF, 1998.
  • Aurelian Craiutu, Le Centre introuvable. La pensĂ©e politique des Doctrinaires sous la Restauration, Paris, Plon, 2006.
  • François Guizot et la culture politique de son temps, textes rassemblĂ©s et prĂ©sentĂ©s par Marina Valensise, Paris, Gallimard/Seuil, 1991.
  • Guizot, les doctrinaires et la presse, 1820-1830, Actes du colloque [tenu au] Val Richer, 1994.
  • Yvert BenoĂźt (dir.), Premiers ministres et prĂ©sidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonnĂ© des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • Catherine BerniĂ©-Boissard, Michel Boissard et Serge Velay, Petit dictionnaire des Ă©crivains du Gard, NĂźmes, Alcide, , 255 p. (prĂ©sentation en ligne), p. 119-120.

Articles connexes

Liens externes

  • www.guizot.com. Site rĂ©alisĂ© Ă  l'initiative de l'Association François Guizot et des descendants de François Guizot. Contient des archives non publiĂ©es.
  • Les Archives nationales Ă  Pierrefitte-sur-Seine conservent les papiers de François Guizot, sous la cote 42AP : Inventaire du fonds.
  • François Guizot vu par HonorĂ© Daumier.
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