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Accords d'Évian

Les accords d'Évian sont le rĂ©sultat de nĂ©gociations entre les reprĂ©sentants du Gouvernement de la RĂ©publique française et du Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne (GPRA) pour mettre fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie. Ces accords, secrĂštement nĂ©gociĂ©s les semaines prĂ©cĂ©dentes aux Rousses[1] - [2], prĂšs de la frontiĂšre suisse, sont signĂ©s le Ă  Évian-les-Bains et se traduisent par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algĂ©rien dĂšs le lendemain Ă  midi. Ils sont ratifiĂ©s, cĂŽtĂ© français, par le rĂ©fĂ©rendum du organisĂ© en France mĂ©tropolitaine, donnant au gouvernement par 91 % des votes les pleins pouvoirs pour appliquer les accords, et cĂŽtĂ© algĂ©rien, par le rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance du acquise Ă  99,72 % des suffrages exprimĂ©s[3] - [4].

Accords d'Évian
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
DĂ©lĂ©gation du GPRA (Ă  sa tĂȘte, Krim Belkacem) lors de la signature des accords d'Évian, le 18 mars 1962 qui ont mis fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie. De gauche Ă  droite : TaĂŻeb Boulahrouf, SaĂąd Dahlab, Mohamed Seddik Benyahia, Krim Belkacem, Benmostefa Benaouda, Redha Malek, Lakhdar Bentobal, M'Hamed Yazid.
Langue Français
Signé
Évian-les-Bains, France

Ces accords mettent fin officiellement Ă  132 annĂ©es de colonisation française et Ă  sept annĂ©es et cinq mois de guerre, ayant opposĂ© environ 130 000 combattants algĂ©riens Ă  400 000 combattants français et ayant causĂ© la mort de 250 000 Ă  400 000 AlgĂ©riens (jusqu'Ă  un million et demi selon l'État algĂ©rien), 28 500 soldats français, 30 000 Ă  90 000 harkis, 4 000 Ă  6 000 civils europĂ©ens (ainsi qu'environ 65 000 blessĂ©s).

La signature des accords d'Évian, que l'historien Guy PervillĂ© dĂ©signe comme une « utopie juridique »[5], marque le dĂ©but du processus de sortie de guerre. Ces accords donnent le signal d'arrĂȘt des hostilitĂ©s entre les autoritĂ©s officielles des deux pays (Ve RĂ©publique française et gouvernement provisoire algĂ©rien), mais, dans « le no man's land chronologique de la transition, entre le cessez-le-feu et le rĂ©fĂ©rendum »[6], on assiste au dĂ©part massif des Français d'AlgĂ©rie[7] et Ă  la poursuite des violences pendant plusieurs mois sur le terrain par d'autres acteurs[8] : principalement l'OAS[9] - [10], qui voulait saboter les accords ou pratiquer la politique de la terre brĂ»lĂ©e « pour rendre l'AlgĂ©rie Ă  son Ă©tat de 1830[11] », mais aussi certains groupes armĂ©s algĂ©riens (issus du banditisme ou bien de l'ALN, notamment les « marsiens »)[8] contre une partie des pieds-noirs et des harkis, en rĂ©action Ă  l'OAS (rĂ©actions qui dĂ©passent « par leur ampleur le stade des reprĂ©sailles »[12]).

DĂ©nomination

El Moudjahid no 91 du : « Cessez-le-feu - Étape vers l'indĂ©pendance ».
Journal officiel de la République française du : « Déclarations gouvernementales du relatives à l'Algérie ».

Les accords d’Évian ont Ă©tĂ© publiĂ©s du cĂŽtĂ© algĂ©rien dans le journal El Moudjahid du , date du cessez-le feu, et du cĂŽtĂ© français au Journal officiel du sous le titre : DĂ©clarations gouvernementales du relatives Ă  l'AlgĂ©rie[13].

Contexte historique

Au déclenchement de la guerre d'indépendance, le , les revendications algériennes exigeaient du gouvernement français l'ouverture de négociations entre les deux parties, sans conditions préalables, en vue de l'indépendance de l'Algérie. La réponse de François Mitterrand, à l'époque ministre de l'Intérieur, fut résumée ainsi par la presse : « La seule négociation, c'est la guerre ! »[14] - [15].

Pourtant la position française s'infléchit et les premiers contacts entre les représentants du FLN et le gouvernement français (comme révélé par le FLN à l'ONU) datent de 1956, mais ils furent coupés par la suite du détournement de l'avion marocain transportant cinq dirigeants de la Révolution algérienne[14] - [16] - [17], le .

Les contacts finirent cependant par reprendre : fin 1956, en et , au printemps 1958, mais une fois de plus ils furent coupés avec la chute de la QuatriÚme République et le retour de Charles de Gaulle au pouvoir.

Pour plusieurs raisons (en particulier l'internationalisation de la question algérienne), de Gaulle dut fléchir par petites étapes sa politique. Arrivé au pouvoir pour sauver « l'Algérie française », il commence par admettre le le principe de l'autodétermination pour l'Algérie ; le , il parle de « l'Algérie algérienne » tout en démarrant (du au ) des pourparlers avec le FLN à Melun qui sont finalement un échec ; et c'est « la République algérienne » qu'il évoque le , tout en reconnaissant le FLN comme interlocuteur valable.

Le a lieu en France et en Algérie le référendum sur le principe de l'autodétermination de l'Algérie. DÚs le lendemain, la France renoue contact avec le FLN, par l'intermédiaire du diplomate suisse Olivier Long (en) et du représentant algérien à Rome, Tayeb Boulahrouf.

Le , le maire d'Évian-les-Bains Camille Blanc, est assassinĂ© dans un double attentat perpĂ©trĂ© par l'OAS, pour avoir acceptĂ© d'accueillir les nĂ©gociations dans sa ville[18].

Deux rencontres entre les nĂ©gociateurs français et algĂ©riens eurent lieu en 1961 d'abord Ă  Évian (-) puis Ă  Lugrin ( au ). PrĂ©vues au dĂ©part le , elles ne commencent que le , aprĂšs un report Ă  la demande des AlgĂ©riens ; le prĂ©sident de leur dĂ©lĂ©gation Belkacem Krim venant de subir une importante intervention chirurgicale. Le prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation française est Louis Joxe et le vice-prĂ©sident, Roland Cadet[19]. Pour les accords d'Évian le Roland Cadet ne fait plus partie de la dĂ©lĂ©gation française.

NĂ©gociateurs

Déroulement des négociations

Le choix de la ville d'Evian n'est pas fortuit. La localitĂ© est frontaliĂšre de la Suisse, oĂč la dĂ©lĂ©gation du GPRA est installĂ©e dans une villa Ă  Bois-d'Avault, prĂšs de GenĂšve[20]. La dĂ©lĂ©gation est venue en Suisse, depuis Tunis, par un vol spĂ©cial de Swissair. La protection de la dĂ©lĂ©gation est assurĂ©e par l'armĂ©e suisse. Les membres de la dĂ©lĂ©gation du GPRA sont transportĂ©s Ă  Evian par des hĂ©licoptĂšres de l'armĂ©e suisse[21].

Le 18 mars 1962, la signature a lieu Ă  l'HĂŽtel du Parc.

Enjeux de la négociation

Principales dispositions

Le texte des accords d’Évian comprend l'accord de cessez-le-feu entre les deux parties ainsi que des clauses politiques et militaires.

Accord de cessez-le-feu

L'accord de cessez-le-feu, dont l'application est fixée au lendemain à midi, prévoit :

  • la fin des hostilitĂ©s entre les forces algĂ©riennes et françaises ;
  • les membres des forces algĂ©riennes doivent garder leurs positions d'implantation, mais peuvent se dĂ©placer librement sans armes. Les forces françaises peuvent se dĂ©placer librement et sont chargĂ©es de la surveillance des frontiĂšres ;
  • la libĂ©ration des prisonniers dans un dĂ©lai de vingt jours et une mesure d'amnistie gĂ©nĂ©rale ;
  • la mise en place d'une commission mixte dans chaque dĂ©partement pour rĂ©gler les incidents.

Clauses politiques

Les clauses politiques comprennent :

  • l'organisation d'un rĂ©fĂ©rendum d'autodĂ©termination dans un dĂ©lai minimum de trois mois et maximum de six mois ;
  • la mise en place de l'ExĂ©cutif provisoire prĂ©sidĂ© par Abderrahmane FarĂšs et d'un Haut-Commissaire reprĂ©sentant l'État français durant la pĂ©riode de transition jusqu'au rĂ©fĂ©rendum d'autodĂ©termination ;
  • des dispositions gĂ©nĂ©rales garantissant l'amnistie et la protection contre toute discrimination en raison des actes commis Ă  l'occasion de la guerre d'AlgĂ©rie avant le cessez-le-feu (), et en raison des opinions Ă©mises avant le rĂ©fĂ©rendum d'autodĂ©termination () ;
  • des garanties prĂ©vues pour les personnes conservant le statut civil de droit français.

Clauses militaires

Dans l'hypothĂšse oĂč, Ă  la suite du rĂ©fĂ©rendum, la solution de l'indĂ©pendance serait retenue :

  • la rĂ©duction des forces militaires françaises prĂ©sentes en AlgĂ©rie Ă  80 000 hommes dans un dĂ©lai d'un an aprĂšs l'indĂ©pendance et retrait total dans un dĂ©lai de trois ans ;
  • concession pour quinze ans (renouvelables) de la base de Mers-el-Kebir ;
  • l'autorisation d'utiliser pendant cinq ans les installations d'In Ecker (Centre d'expĂ©rimentations militaires des oasis), de Reggane (Centre saharien d'expĂ©rimentations militaires), de Colomb-BĂ©char (Centre interarmĂ©es d'essais d'engins spĂ©ciaux), de Hammaguir (base de lancement de fusĂ©es[22]), ainsi que des aĂ©roports.

Organisation et publication du texte

Le texte original se prĂ©sente en 93 feuillets, qui ont Ă©tĂ© signĂ©s sur le dernier feuillet par Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, et par Krim Belkacem qui a Ă©galement tenu Ă  parapher les 92 feuillets prĂ©cĂ©dents, ce qui a obligĂ© Louis Joxe Ă  faire la mĂȘme chose[23].

Il est prĂ©cĂ©dĂ© par un prĂ©ambule : « CONCLUSION DES POURPARLERS D’ÉVIAN. Des pourparlers entre les reprĂ©sentants du Gouvernement de la RĂ©publique et les reprĂ©sentants du Front de libĂ©ration nationale se sont dĂ©roulĂ©s Ă  Évian du 7 au 17 mars 1962. Au terme de ces pourparlers, les reprĂ©sentants du Gouvernement de la RĂ©publique et les reprĂ©sentants du Front de libĂ©ration nationale s’étant mis d’accord sur les garanties de l’autodĂ©termination et l’organisation des pouvoirs publics en AlgĂ©rie pendant la pĂ©riode transitoire, ont conclu un accord de cessez-le-feu. Les reprĂ©sentants du Gouvernement de la RĂ©publique et les reprĂ©sentants du Front de libĂ©ration nationale ont Ă©tabli d’un commun accord des dĂ©clarations qui dĂ©finissent la solution d’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie et de coopĂ©ration avec la France, dĂ©clarations qui seront soumises Ă  l’approbation des Ă©lecteurs lors de la consultation d’autodĂ©termination. En consĂ©quence, les documents suivants ont Ă©tĂ© Ă©tablis ».

Le texte publiĂ© cĂŽtĂ© français au Journal officiel du ne comporte pas le prĂ©ambule, et ne prĂ©sente pas telle quelle la premiĂšre partie. Il prĂ©sente sĂ©parĂ©ment l'accord de cessez-le-feu (I c), puis la dĂ©claration gĂ©nĂ©rale (III), puis les garanties (Ia, b et d) Ă©galement publiĂ©es par dĂ©cret et les dĂ©clarations de principe (II). Le GPRA fait quant Ă  lui publier par El Moudjahid la seule dĂ©claration des garanties prĂ©cĂ©dĂ©e d'une introduction diffĂ©rant lĂ©gĂšrement de la version française : « Cette dĂ©claration gĂ©nĂ©rale constitue le rĂ©sumĂ© et le prĂ©ambule des textes dĂ©taillĂ©s des accords, contresignĂ©s respectivement par MM. Belkacem Krim et Louis Joxe Ă  Évian, le 18 mars 1962. Les pourparlers qui ont eu lieu Ă  Évian du 7 au 18 mars 1962 entre le Gouvernement de la RĂ©publique Française et le Gouvernement Provisoire de la RĂ©publique AlgĂ©rienne ont abouti Ă  la conclusion suivante [
] ». Alors que le texte publiĂ© au JORF porte : « Le peuple français a, par le rĂ©fĂ©rendum du 8 janvier 1961, reconnu aux AlgĂ©riens le droit de choisir, par voie d’une consultation au suffrage direct et universel, leur destin politique par rapport Ă  la RĂ©publique française. Les pourparlers qui ont eu lieu Ă  Évian du 7 mars au 18 mars 1962 entre le gouvernement de la RĂ©publique et le FLN ont abouti Ă  la conclusion suivante [
] »[24].

Application et début d'une période de violence accrue

Si les accords d’Évian pour l'historien Benjamin Stora « mettent fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie »[25] ou pour l'historienne Sylvie ThĂ©nault sont « le point de dĂ©part d'un processus de sortie de guerre », ils n'empĂȘchent pas la poursuite des violences (fusillade de la rue d'Isly du , massacre d'Oran du ), tant Ă  l'initiative de l'OAS (blocus de Bab El Oued, attentat du au port d'Alger[26]) que de certains groupes armĂ©s algĂ©riens tels les « marsiens »[27] dont Sylvie ThĂ©nault prĂ©cise que « toutes les exactions ne leur Ă©taient pas imputables »[27], les autres Ă©tant le fait d'hommes de l'ALN car « le GPRA ne contrĂŽlait pas l'ALN intĂ©rieure »[27]. Ainsi pour Sylvie ThĂ©nault, la pĂ©riode qui succĂšde aux accords d’Évian est un temps oĂč « l'AlgĂ©rie plongea dans une violence extrĂȘme »[27].

DĂ©signĂ©s par l'historien Guy PervillĂ© comme une « utopie juridique »[5], les accords d’Évian sur le terrain, loin d'apporter aux populations la paix attendue[12], inaugurent une pĂ©riode de violence redoublĂ©e et de massacres des harkis[28] - [29].

Le Ă  12 h, l'application des accords signĂ©s la veille Ă  Évian entre le Gouvernement français et le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne prend effet. Il est mis fin, indĂ©pendamment de la poursuite des essais nuclĂ©aires au Sahara, aux opĂ©rations militaires et Ă  toute action armĂ©e sur l'ensemble du territoire algĂ©rien. C'est la fin officielle de plus de sept annĂ©es et cinq mois de guerre en AlgĂ©rie.

En AlgĂ©rie mĂȘme, les conditions de la sĂ©curitĂ© des populations sont loin d'ĂȘtre assurĂ©es en dĂ©pit de la prĂ©sence d'une force locale qui avait Ă©tĂ© prĂ©vue pour maintenir l'ordre aprĂšs le cessez-le-feu[30]. Les mesures du haut-commissaire de la RĂ©publique[31] Christian Fouchet, notamment celles destinĂ©es Ă  combattre l'OAS en lui ĂŽtant une partie de ses adhĂ©rents[32] parmi lesquels les jeunes europĂ©ens[33], n'ont pas vraiment Ă©tĂ© efficaces comme le montre Soraya Laribi. Les appels au calme et les actions de l'ExĂ©cutif provisoire[34]dirigĂ© par Abderrahmane FarĂšs, ne le furent guĂšre plus.

De plus, l'ALN dans les campagnes et le FLN dans les villes profitent des accords pour reconstituer leurs forces armĂ©es pour les dĂ©ployer sur le terrain Ă  la place des forces françaises[35]. Une pĂ©riode d'incertitude s'installe pendant laquelle l'ancien pouvoir tarde Ă  ĂȘtre remplacĂ© par le nouveau, comme a connu la France en 1815 sous la Terreur blanche ou en 1944 Ă  la LibĂ©ration[35]. « Le meurtre est alors, pour certains, la meilleure preuve d'allĂ©geance au nouveau pouvoir »[35]. À partir du , une campagne d'enlĂšvements contre des Français supposĂ©s proches de l'OAS est lancĂ©e, nourrie par le banditisme, urbain ou rural[35]. Les massacres contre d'anciens harkis suivent presque immĂ©diatement les accords. Loin de rĂ©gler le problĂšme algĂ©rien, les accords et l'inaction voulue des forces françaises en AlgĂ©rie eurent pour consĂ©quence une pĂ©riode de violence meurtriĂšre qui perdura de longs mois pour les harkis. L'historien spĂ©cialiste de la guerre d'AlgĂ©rie Guy PervillĂ©, conclut ainsi : « Les accords d’Évian, voulus par le gouvernement français comme la « solution du bon sens », se rĂ©vĂ©lĂšrent donc une utopie, qui Ă©choua Ă  ramener une vraie paix en AlgĂ©rie »[36].

Le sentiment de ne plus ĂȘtre protĂ©gĂ© par l’ArmĂ©e française et l'insĂ©curitĂ© latente, caractĂ©risĂ©e par des enlĂšvements, des assassinats, des attentats et des exĂ©cutions sommaires, Ă  laquelle sont confrontĂ©s les EuropĂ©ens d'AlgĂ©rie conduisent entre avril et Ă  un « exode brutal et dĂ©sordonnĂ© »[37]. Certaines rumeurs, Ă  l'instar de celle de la « traite des Blanches », ont pu accĂ©lĂ©rer le processus[38].

DĂ©butant dĂšs [39], les massacres de harkis connaissent une forte augmentation entre le et octobre de la mĂȘme annĂ©e. Le nombre de harkis tuĂ©s aprĂšs le cessez-le-feu, victimes de reprĂ©sailles, est estimĂ© selon les sources entre 10 000 et 80 000, les chiffres les plus frĂ©quemment avancĂ©s par les historiens se situant entre 50 000 et 70 000 morts[40].

Analyses des accords d’Évian

La signature des accords d’Évian a permis au FLN d'imposer Ă  la France l'essentiel des exigences contenues dans sa dĂ©claration du [41].

Selon Guy PervillĂ©, les responsabilitĂ©s de l'Ă©chec des accords d’Évian concernant le non-respect du cessez-le-feu et la coopĂ©ration algĂ©ro-française sont partagĂ©es entre les diffĂ©rents acteurs[42].

La responsabilitĂ© du gouvernement français est importante. Le fait de n'inclure aucune garantie rĂ©elle dans le texte des accords dans le cas oĂč les engagements ne seraient pas respectĂ©s par le FLN montre au mieux de la naĂŻvetĂ© ou un abandon cynique des populations concernĂ©es, les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques (bases navales, gisements pĂ©troliers
) semblant primer les considĂ©rations humaines[43].

Selon Pervillé, accepter de négocier l'avenir de l'Algérie avec le FLN comme seul interlocuteur, en rejetant l'Organisation armée secrÚte (OAS) qui faisait partie, comme le FLN, des données de la question algérienne, ne pouvait qu'aider l'OAS à se présenter comme le seul défenseur des Français d'Algérie. Par cette exclusion, le gouvernement français entraßnait logiquement le refus du cessez-le-feu de l'OAS, prétexte commode au non-respect des accords du cÎté algérien.

Pervillé n'épargne pas le FLN dont une partie de l'organisation n'a jamais reconnu les accords, les qualifiant de « plate-forme colonialiste ». Il considÚre que le FLN est également responsable du non-respect du cessez-le-feu, comme le montre le nombre de militaires français tués, blessés ou enlevés aprÚs le et que le FLN n'a à aucun moment condamné les meurtres et enlÚvements d'Européens durant les mois qui suivent les accords, sans compter les massacres perpétrés contre les harkis[44].

Commémoration et propositions de loi ultérieures

Certaines organisations d'anciens combattants de la guerre d’AlgĂ©rie, dont la FNACA, la plus importante par le nombre d'adhĂ©rents (370 000 adhĂ©rents), considĂšrent que le cessez-le-feu entre l'armĂ©e française et l'ALN, prĂ©vu par les accords d’Évian, proclamĂ© le , marque la fin de la guerre d'AlgĂ©rie. Elles la commĂ©morent Ă  cette date. Elles contestent la date du dĂ©cidĂ©e par le gouvernement pour cette commĂ©moration[45].

En revanche, certaines associations de pieds-noirs, de harkis ou d'anciens combattants de l'armĂ©e française en Afrique du Nord rĂ©cusent la date du en estimant qu'elle ne correspond nullement Ă  la fin de la guerre d'AlgĂ©rie. François Mitterrand, lors d'une confĂ©rence de presse en 1981, avait dĂ©clarĂ© que la date du ne pouvait pas ĂȘtre retenue pour se souvenir des victimes de la guerre d'AlgĂ©rie[46]. Certains historiens, considĂ©rant l'aspect de double guerre civile que la guerre d'AlgĂ©rie a Ă©galement revĂȘtu, en situent la fin en aoĂ»t pour ce qui concerne la France, et le pour l'AlgĂ©rie[47].

L'AlgĂ©rie ne cĂ©lĂšbre pas les accords d'Évian, mais le jour de l'indĂ©pendance lors de la FĂȘte de l'IndĂ©pendance et de la Jeunesse chaque [48].

Journée nationale en France

En France, une proposition de loi visant Ă  instaurer la date du — proclamation bilatĂ©rale de cessez-le feu — comme « journĂ©e nationale du souvenir et du recueillement Ă  la mĂ©moire des victimes civiles et militaires de la guerre d'AlgĂ©rie et des combats du Maroc et de Tunisie »[49] fut adoptĂ©e par l'AssemblĂ©e nationale le puis par le SĂ©nat le . Le , le Conseil constitutionnel dĂ©clara cette loi conforme Ă  la Constitution[50]. Elle n'annule pas la journĂ©e du mais peut poser problĂšme car elle oublie les victimes d'aprĂšs. En effet, une loi adoptĂ©e par le Parlement le ne modifie pas la date du qui Ă©tait en vigueur depuis 1974 et dĂ©signait la fin du maintien de l'ordre (et non la fin des combats) en AlgĂ©rie.

Notes et références

  1. « Les accords d’Evian ont Ă©tĂ© secrĂštement nĂ©gociĂ©s aux Rousses », sur Voix du Jura (consultĂ© le ).
  2. « Algérie : la paix secrÚte des Rousses », sur www.estrepublicain.fr (consulté le ).
  3. « ConnaĂźtre les accords d’Évian : les textes, les interprĂ©tations et les consĂ©quences », Guy PervillĂ©, 2003, publiĂ© 18 mars 2005.
  4. Jannick Alimi, « Guerre d'AlgĂ©rie : dĂ©saccords d'Evian », leparisien.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. Guy PervillĂ©, Les Accords d’Évian (1962). SuccĂšs ou Ă©chec de la rĂ©conciliation franco-algĂ©rienne (1954-2012), Paris, Armand Colin, coll. « U », 2012, p. 249-251).
  6. La France et l'AlgĂ©rie en 1962. De l'Histoire aux reprĂ©sentations textuelles d'une fin de guerre, Karthala Éditions, (ISBN 9782811110482, lire en ligne), p. 15.
  7. Benjamin Stora, Les mots de la guerre d'Algérie, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, (ISBN 9782858167777, OCLC 420851568, lire en ligne), p. 7-8
  8. La France et l'AlgĂ©rie en 1962. De l'Histoire aux reprĂ©sentations textuelles d'une fin de guerre, Karthala Éditions, (ISBN 9782811110482, lire en ligne), p. 18.
  9. Hassan Remaoun (dir.), Dictionnaire du passé de l'Algérie : De la préhistoire à 1962, Alger, DGRSDT/CRASC, (ISBN 9789931598015, lire en ligne), p. 122.
  10. Sylvie Thénault, Algérie : des « événements » à la guerre : idées reçues sur la guerre d'indépendance algérienne, Paris, le Cavalier bleu éd., (ISBN 9782846703949, OCLC 779875275), p. 159.
  11. Guy Pervillé, La guerre d'Algérie: « Que sais-je ? » no 3765, Presses Universitaires de France, (ISBN 9782130652878, lire en ligne), p. 66.
  12. « Trente ans aprĂšs : RĂ©flexions sur les accords d'Évian », Guy PervillĂ©, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1992, volume 79, no 296, p. 367-381.
  13. Fac-similé du JORF du sur Légifrance.
  14. Guy PervillĂ©, Les Accords d'Évian (1962) : succĂšs ou Ă©chec de la rĂ©conciliation franco-algĂ©rienne (1954-2012), Armand Colin, coll. « U », (ISBN 978-2-200-28197-7, lire en ligne), chap. 2 (« Du au ModĂšle:ÂŹ13 mai 1958 [§ « La seule nĂ©gociation, c'est la guerre ! »] »), p. 33-42.
  15. Il est à noter que Mitterrand n'a jamais prononcé la phrase « La seule négociation, c'est la guerre ! », mais c'est ainsi que la presse a résumé son discours.
  16. Aïssa Kasmi, La main courante: un policier algérien témoigne, Dar El Oumma, (ISBN 9789961672419).
  17. Jean Lacouture, Algérie 1962, la guerre est finie, Editions Complexe, (ISBN 9782870279359, lire en ligne).
  18. « Camille Blanc, maire d'Évian tuĂ© en 1961 : un hĂ©ritage qui traverse le temps », sur ledauphine.com, (consultĂ© le )
  19. MĂ©moires inĂ©dits de Roland Cadet sur les confĂ©rences d'Évian (20 mai-13 juin 1961) et de Lugrin (20-28 juillet 1961), Le conseil d'État et l'Ă©volution de l'outre-mer français du XVIIe siĂšcle Ă  1962, Dalloz, 2007.
  20. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/03/16/les-60-ans-des-accords-d-evian-la-suisse-le-grand-facilitateur-de-la-paix-en-algerie_6117699_3212.html
  21. https://www.djazairess.com/fr/lexpression/354654
  22. Cela permit à la France de poursuivre son programme d'expérimentation de ses fusées Diamant et de lancer avec succÚs son premier satellite Astérix en 1966. La base fut évacuée en 1967 conformément aux accords.
  23. Guy PervillĂ©, « ConnaĂźtre les accords d’Évian : les textes, les interprĂ©tations et les consĂ©quences (2003) ».
  24. Guy PervillĂ©, ConnaĂźtre les accords d’Évian : les textes, les interprĂ©tations et les consĂ©quences, 2003, § Un bien Ă©trange document. Lire en ligne.
  25. Benjamin Stora, Les mots de la guerre d'Algérie, Presses Univ. du Mirail, (ISBN 9782858167777, lire en ligne), p. 8.
  26. « L’affaire des Français disparus en AlgĂ©rie aprĂšs les accords d’Évian », cairn.info.
  27. Sylvie Thénault, 1962 ou le paradoxe d'une fin de guerre dans la violence, 2013.
  28. « Les accords d’Évian du 18 mars 1962 et le cessez-le-feu du 19 mars : mythes ou rĂ©alitĂ©s ? » (2016), Guy PervillĂ©, 4 avril 2016.
  29. « Pour l'historien, la guerre d'Algérie n'a pas fini ce jour-là », ladepeche.fr, 19 mars 2016.
  30. Soraya Laribi, « La force locale aprĂšs les accords d’Évian (mars-juillet 1962) », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 259, no 3,‎ , p. 77 (ISSN 0984-2292 et 2101-0137, DOI 10.3917/gmcc.259.0077, lire en ligne, consultĂ© le )
  31. Soraya Laribi, « Le dernier « gouverneur gĂ©nĂ©ral » de l’AlgĂ©rie : Christian Fouchet, haut-commissaire de la RĂ©publique (mars-juillet 1962) », dans AlgĂ©rie : sortie(s) de guerre, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-3264-9, lire en ligne), p. 81–92.
  32. Soraya Laribi, « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipĂ©e des conscrits europĂ©ens d’AlgĂ©rie en juin 1962 », Revue historique des armĂ©es, n°269,‎ , p.98-99. (ISSN 0035-3299, lire en ligne)
  33. Soraya Laribi, « La jeunesse europĂ©enne dans les derniers mois de la guerre d'AlgĂ©rie (mars-juillet 1962) : entre engagement et encadrement », Outre - Mers. Revue d’histoire,‎ t. 103, n° 388-389, dĂ©cembre 2015, p. 221-239. (lire en ligne)
  34. AĂŻssa Kadri, « L'ExĂ©cutif Provisoire, les enjeux d'une transition chaotique », dans AĂŻssa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur (dir.), La Guerre d'AlgĂ©rie revisitĂ©e : Nouvelles gĂ©nĂ©rations, nouveaux regards,‎ paris, karthala, coll. « hommes et sociĂ©tĂ©s », 2015, p.213-228.
  35. Jean-Louis Planche, « Français d'AlgĂ©rie, Français en AlgĂ©rie (1962-1965) », dans RenĂ© Gallissot (dir.), Les Accords d'Évian : en conjoncture et en longue durĂ©e, Collection Hommes et SociĂ©tĂ©s, Karthala Éditions, 1997, 265 pages, p. 91-106.
  36. « 1962 : fin de la guerre d’AlgĂ©rie » (2012), Guy PervillĂ©, blog, 7 janvier 2012.
  37. « Violences et migration politique. Quitter l’AlgĂ©rie en 1962 », tempspresents.com, Abderahmen Moumen, 1er mai 2010.
  38. Soraya Laribi, « Disparues et ‘‘traite des blanches’’ aprĂšs les accords d’Évian : rumeurs, fantasmes et rĂ©alitĂ©s », dans : Catherine Brun, Todd Shepard (dir.), Guerre d’AlgĂ©rie. Le sexe outragĂ©, Paris, 2016, CNRS Ă©ditions, p. 231-247.
  39. « Violences de fin de guerre. Les massacres des harkis aprĂšs l’indĂ©pendance algĂ©rienne (1962 – 1965) », Abderahmen Moumen, tempspresents.com, 25 septembre 2013.
  40. Jean Lacouture, dans le journal Le Monde du donne, Ă  cette date, une premiĂšre estimation : « Plus de dix mille harkis auraient Ă©tĂ©, entre le et le (1962), exĂ©cutĂ©s ou assassinĂ©s ». Le gĂ©nĂ©ral François Meyer, dans son ouvrage « Pour l’honneur, avec les harkis », (Éditions CLD, 2005, page 168) reprend l’estimation de l’historien Jean-Charles Jauffret : « Il semble qu’un consensus rassemble peu Ă  peu les historiens français, et qu’une Ă©valuation commune de 60 000 Ă  80 000 (victimes) soit retenue ». Georges-Marc Benamou, dans son livre Un Mensonge français, avance le chiffre de 70 000 victimes. L’historien Gilbert Meynier a dĂ©clarĂ© dans une interview publiĂ©e dans le quotidien El Watan le que les massacres avaient Ă©tĂ© moins importants et plus localisĂ©s que ce que dĂ©clarent certains journalistes comme Georges-Marc Benamou. Abderahmen Moumen et Fatima Besnaci-Lancou, dans Les harkis (Ă©d. Le cavalier bleu, collection IdĂ©es reçues, , page 40), Ă©crivent : « Peu d’historiens s’aventurent Ă  donner des chiffres. Benjamin Stora avance, dans La guerre d’AlgĂ©rie (1954-2004), la fin de l’amnĂ©sie (2004), une estimation entre 10 000 et 25 000 morts, d'autres reprennent les estimations du gĂ©nĂ©ral Maurice Faivre, soit entre 55 000 et 75 000 morts ». De fait, en 1995, le gĂ©nĂ©ral Maurice Faivre avançait une fourchette de 50 000 Ă  70 000 harkis tuĂ©s par le FLN. Jean-Jacques Jordi Ă©value de le nombre de morts entre 60 000 Ă  70 000 (Jean-Jacques Jordi, « À propos des Harkis », dans Sorties de guerre sous la direction de Jacques FrĂ©meaux et MichĂšle Battesti, cahier no 24, 2005, p. 48.)
  41. Pervillé 1992, p. 367.
  42. « Comptes rendus du livre de Guy Pervillé », guy.perville.free.fr.
  43. Guy PervillĂ©, Les Accords d’Évian (1962). SuccĂšs ou Ă©chec de la rĂ©conciliation franco-algĂ©rienne (1954-2012), Paris, Armand Colin, Collection U, 2012, p. 241).
  44. Roger VĂ©tillard, « Avant et aprĂšs les accords d’Évian », La Nouvelle Revue d'histoire, no 81, novembre - dĂ©cembre 2015, p. 64.
  45. Décret no 2003-925 du 26 septembre 2003 instituant une journée nationale d'hommage aux « morts pour la France » pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie, le 5 décembre de chaque année, accÚs en ligne sur Légifrance.
  46. « Conférence de presse de François Mitterrand », sur ina.fr (consulté le ).
  47. Benjamin Stora, entretien avec Christophe Lucet, « Algérie, derniers feux », Sud Ouest, samedi 17 mars 2012, p. 4 : « En Algérie, le 9 septembre avec la victoire de Ben Bella et de Boumediene aprÚs les luttes internes compliquées entre maquis de l'intérieur et armée des frontiÚres, GPRA, groupes de Tlemcen et de Tizi-Ouzou. En France, la guerre d'Algérie se termine le 22 août 1962 avec l'ultime attentat de l'OAS, manqué de peu, contre le général de Gaulle au Petit-Clamart. » Lire en ligne.
  48. « L'AlgĂ©rie ne cĂ©lĂšbre pas les accords d'Évian », lefigaro.fr, 19 mars 2012.
  49. no 2202 - Proposition de loi de M. Jean-Pierre Soisson relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie.
  50. DĂ©cision no 2012-657 DC du 29 novembre 2012.

Voir aussi

Bibliographie

  • Benyoucef Benkhedda, Les Accords d'Évian : la fin de la guerre d'AlgĂ©rie, Alger, Office des publications universitaires, , 136 p. (ISBN 9789961002759).
  • RenĂ© Gallissot (dir.), Les Accords d'Evian : en conjoncture et en longue durĂ©e, coll. « Hommes et SociĂ©tĂ©s », Karthala Ă©ditions, 1997, 265 p.
  • Redha Malek, L'AlgĂ©rie Ă  Évian : histoire des nĂ©gociations secrĂštes, 1956-1962, Paris, Ă©d. du Seuil, 1995, 401 p.
  • Guy PervillĂ©, « Trente ans aprĂšs : RĂ©flexions sur les accords d'Évian », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 79,‎ , p. 367–381 (DOI 10.3406/outre.1992.3019, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Guy PervillĂ©, Pour une histoire de la guerre d'AlgĂ©rie – 1954-1962, Paris, A. et J. Picard, coll. « Signes du temps », , 356 p. (ISBN 978-2-7084-0637-7, prĂ©sentation en ligne).
  • Guy PervillĂ©, « ConnaĂźtre les accords d’Évian : les textes, les interprĂ©tations et les consĂ©quences (2003) », Colloque L’aprĂšs 
 et si on en parlait ! Rencontres avec des historiens et des tĂ©moins, , lire en ligne.
  • Guy PervillĂ©, Les Accords d’Évian (1962). SuccĂšs ou Ă©chec de la rĂ©conciliation franco-algĂ©rienne (1954-2012), Paris, Armand Colin, coll. « U », 2012, prĂ©sentation en ligne.
  • Matthew Connelly et Françoise Bouillot, L'arme secrĂšte du FLN : Comment de Gaulle a perdu la guerre d'AlgĂ©rie, Payot (ISBN 9782228911054, lire en ligne).
  • Chantal Morelle, Comment de Gaulle et le FLN ont mis fin Ă  la guerre d'AlgĂ©rie : 1962 les accords d'Evian, Andre Versaille, (ISBN 2874951773, OCLC 963887440, lire en ligne).
  • Collectif, 19 mars 1962 : Les Accords d'Évian. Une belle et terrible apothĂ©ose (numĂ©ro spĂ©cial), Alger, El Watan, .

Articles connexes

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