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Astérix (satellite)

Astérix est le premier satellite artificiel français lancé le à 15 h 47 min 21 s heure de Paris par une fusée Diamant-A depuis le Centre interarmées d'essais d'engins spéciaux d'Hammaguir, en Algérie. Grâce à ce lancement réalisé par le Centre national d'études spatiales (CNES), la France devient la sixième nation à posséder un satellite en orbite (mais la troisième à effectuer une mise en orbite de manière autonome avec un lanceur national) après l'Union soviétique (Spoutnik 1, 1957), les États-Unis (Explorer 1, 1958), le Royaume-Uni (Ariel 1, 1962), le Canada (Alouette 1, 1962) et l'Italie (San Marco 1, 1964).

Astérix
Description de l'image Asterix Musee du Bourget P1020341.JPG.
Données générales
Organisation CNES
Autres noms A-1
Lancement 26 novembre 1965 Ă  14:47 UTC
Lanceur Diamant-A
Durée de vie Plusieurs siècles
Identifiant COSPAR 1965-096A
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 42,6 kg
Orbite
Orbite Orbite basse
Périgée 527 km
Apogée 1 697 km
PĂ©riode 107,5 min
Inclinaison 34,3°
Excentricité 0,080229

Contexte

Le président Charles de Gaulle, convaincu de l'importance stratégique de l'arme nucléaire, décide, après l'échec de négociations avec les États-Unis, que la France développera de manière autonome un missile balistique porteur de l'arme atomique. Il fait créer la Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques (SEREB), société de droit privé financée par le ministère de la Défense, qui doit jouer le rôle de maître d'œuvre dans la réalisation de cette nouvelle arme. Conséquence de la course à l'espace lancée par l'Union des républiques socialistes soviétiques et les États-Unis, le général de Gaulle décide le 7 janvier 1959 de créer le Comité de Recherches Spatiales (CRS) chargé d'étudier le rôle que la France peut jouer dans ce nouveau domaine. En juin 1960 les ingénieurs de la SEREB réalisent « sous le manteau » une pré-étude de ce qui allait devenir la fusée Diamant[1]. Le 2 août 1961 le général de Gaulle, qui a pris connaissance de l'étude de la SEREB, décide de profiter de l'occasion de construire un lanceur de satellites à faible coût : il donne son feu vert à la construction du lanceur Diamant. Il annonce par ailleurs la création d'une agence spatiale, le Centre national d'études spatiales (CNES).

La fusĂ©e Diamant s'appuie sur les dĂ©veloppements effectuĂ©s pour le missile stratĂ©gique : elle est constituĂ©e d'un premier Ă©tage dotĂ© d'un moteur Ă  ergols liquides de 28 tonnes de poussĂ©e dĂ©veloppĂ© par le Laboratoire de recherches balistiques et aĂ©rodynamiques (LRBA) et de deux Ă©tages Ă  propergols solides. Le 3e Ă©tage non pilotĂ© (mais stabilisĂ© par mise en rotation de l'ensemble deuxième et troisième Ă©tages avant leur sĂ©paration) dĂ©veloppĂ© spĂ©cifiquement pour le lanceur civil doit permettre la satellisation d'un satellite de 50 Ă  80 kg. Quatre tirs sont planifiĂ©s Ă  compter de . Pour permettre la mise au point du missile et du lanceur Diamant, le SEREB lance en le programme dit des « Pierres PrĂ©cieuses » : entre et toutes les connaissances nĂ©cessaires pour la rĂ©alisation d'un missile Ă  longue portĂ©e ainsi que d'un lanceur de satellite sont mĂ©thodiquement acquises[2].

La responsabilité de la conception des satellites que doit emporter la fusée Diamant — dont le futur satellite Astérix — est confiée au SEREB. Le CNES n'est par retenu car, ayant ouvert ses portes en , il est considéré comme un simple comité de coordination par de nombreux responsables. Néanmoins, grâce aux contacts pris avec l'agence spatiale américaine, la NASA, par son responsable technique et scientifique Jacques Blamont, le CNES négocie la réalisation par ses soins d'un autre satellite scientifique français nommé FR-1, que les américains acceptent de lancer quelques jours après le lancement d'Astérix par la France.

Caractéristiques techniques

Satellite Astérix, sur son adaptateur de vol

Le SEREB confie la fabrication du satellite AstĂ©rix Ă  la sociĂ©tĂ© Matra, par ailleurs constructeur de la case Ă  Ă©quipements du lanceur Diamant. Le satellite, d'une masse de 40 kg, est haut de 54 cm pour un diamètre maximum de 55 cm. Il ne comporte aucun Ă©quipement scientifique mais est seulement destinĂ© Ă  vĂ©rifier les performances du lanceur. Il emporte un rĂ©pondeur radar et un système de transmission de tĂ©lĂ©mesures qui fournit notamment les accĂ©lĂ©rations verticales et horizontales ainsi que la vitesse angulaire. La sĂ©paration avec le troisième Ă©tage est rĂ©alisĂ©e par un dispositif pyrotechnique. Quatre antennes, repliĂ©es au dĂ©part, sont dĂ©ployĂ©es après l'Ă©jection de la coiffe de la fusĂ©e pour permettre la transmission des tĂ©lĂ©mesures[2].

DĂ©roulement de la mission

Déclin d'orbite d'Astérix de 1966 à 2021.

Le premier tir de la fusĂ©e Diamant A1, qui emporte le premier satellite français, est rĂ©alisĂ© le 26 novembre 1965 depuis le site d'Hammaguir. Le lancement est un succès. Le satellite est placĂ© en orbite mais, ses antennes ayant Ă©tĂ© endommagĂ©es au moment de la sĂ©paration de la coiffe, l'Ă©metteur radio d'AstĂ©rix reste muet[3] - [4]. Les radars de suivi amĂ©ricains permettront de confirmer que la satellisation s'est bien effectuĂ©e. Le satellite est placĂ© sur une orbite basse elliptique avec un pĂ©rigĂ©e de 527 km, un apogĂ©e de 1 697 km et une inclinaison de 34,3°. La pĂ©riode orbitale est de 107,5 minutes. Grâce Ă  ce lancement la France devient la troisième puissance spatiale capable de placer en orbite un satellite artificiel après l'Union soviĂ©tique et les États-Unis. La France devient le sixième pays Ă  disposer d'un satellite en orbite après l'Union soviĂ©tique, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Italie.

Quelques jours plus tard la satellisation du satellite FR-1 par une fusée américaine Scout vient couronner cette réussite qui fait de la France la troisième puissance spatiale[3]. Le CNES réussit à imposer ses satellites D1 sur les trois tirs suivants qui ont lieu en 1966 et 1967. Le lancement devait avoir lieu huit jours avant le premier tour de la première élection présidentielle au suffrage universel en France. Le ministre français des armées Pierre Messmer craignait l'impact d'un éventuel échec sur les élections, mais le général de Gaulle lui indiqua que le lancement pouvait être tenté.

En raison du périgée relativement élevé de son orbite initiale, Astérix ne devrait rentrer dans l'atmosphère terrestre que dans plusieurs siècles. Astérix est référencé dans le catalogue des Two-Line Elements de la NORAD sous la désignation 1965-096A[4].

Appellation

Le nom du satellite Ă©tait Ă  l'origine A-1 (A pour armĂ©e). Après la rĂ©ussite du lancement, il fut renommĂ© AstĂ©rix en l'honneur du hĂ©ros de la bande dessinĂ©e AstĂ©rix le Gaulois[5]. Le premier satellite lancĂ© par la fusĂ©e Ariane, le 24 dĂ©cembre 1979 fut surnommĂ© ObĂ©lix[6]. Il pesait 1 600 kg. Son nom officiel Ă©tait CAT-1 (Capsule Ariane Technologique).

Pour célébrer l’événement, les Postes et Télécommunications émettent le 30 novembre 1965 en métropole un triptyque composé de deux timbres-poste et d'une vignette centrale. Le premier timbre représente la fusée Diamant au décollage, le second le satellite A1 en orbite. Ce même triptyque est émis surchargé en francs CFA à La Réunion et avec des valeurs et des couleurs différentes dans les sept territoires d'Outre-Mer (Comores, Côte des Somalis, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Terres Australes et Antarctiques Françaises et Wallis et Futuna) entre janvier et mars 1966.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Olivier Huwart, Du V2 Ă  VĂ©ronique : la naissance des fusĂ©es françaises, Marines Ă©ditions, , 189 p. (ISBN 978-2-915379-19-8 et 2-915-37919-X, OCLC 57636921)
  • France Durand-De Jongh, De la fusĂ©e VĂ©ronique au lanceur Ariane : une histoire d'hommes : 1945-1979, Paris, Editions Stock, , 283 p. (ISBN 978-2-234-04659-7 et 2-234-04659-9, OCLC 406213682, BNF 37174307)

Articles connexes

Liens externes

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