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Programme spatial français

Le programme spatial français regroupe l'ensemble des activitĂ©s spatiales civiles ou militaires françaises. Celles-ci s'exercent majoritairement depuis les annĂ©es 1970 dans un cadre multinational, en particulier au sein de l'Agence spatiale europĂ©enne (ASE ou ESA en anglais) qui coordonne le programme spatial europĂ©en. Le Centre national d'Ă©tudes spatiales (CNES) est chargĂ© de mettre en Ĺ“uvre la politique spatiale et dispose Ă  cet effet d'un budget de 1 698 millions d'euros en 2004 dont 685 millions sont reversĂ©s Ă  l'Agence europĂ©enne au titre des programmes menĂ©s sous sa tutelle[1]. En 2011, le budget du CNES est de 2,015 milliards d'euros dont 755 millions reversĂ©s Ă  l'ESA. En 2012, le budget du CNES diminue Ă  1,911 milliard d'euros pendant que la contribution Ă  l'ESA augmente Ă  770 millions[2].

Le programme spatial français bénéficie d'investissements importants à compter des années 1960 par la volonté d'atteindre une autonomie nationale ce qui lui permet de jouer un rôle moteur lorsqu'une véritable politique spatiale européenne peut être mise en place. Le budget spatial français, bien que stagnant depuis le début des années 2000 en euros constants[3], est toujours en absolu le plus important des pays membres de l'Agence spatiale européenne.

Les principaux programmes en cours dans le cadre européen concernent les évolutions du lanceur européen Ariane 5, la préparation du Centre spatial guyanais à l'arrivée des lanceurs Vega et Soyouz fin 2009, la participation à la Station spatiale internationale (cargo ATV, etc.) et au programme Artemis, les télescopes spatiaux (en 2009, Herschel et Planck), plusieurs satellites d'observation de la Terre et la mise en place du système de navigation Galileo. Faute d'avoir pu convaincre ses partenaires de créer une défense européenne, plusieurs satellites à usage militaire (observation, alerte, télécommunications, etc.) sont développés dans un cadre purement national ou en coopération avec un ou deux autres pays. D'autres programmes sont menés en collaboration notamment avec les États-Unis, l'Inde et la Chine.

Historique

La chaîne de montage du V2 dans le complexe Mittelwerk au camp de concentration de Dora. Photo réalisée par l'armée américaine après la prise du complexe fin avril 1945. On distingue un policier militaire américain (MP) devant la fusée.

Le programme spatial français prend véritablement naissance en 1961 lorsque le général de Gaulle décide de lancer la construction du lanceur Diamant tout en créant le Centre national d'études spatiales (CNES) chargé de coordonner les activités spatiales françaises. Mais le programme spatial français hérite à l'époque d'un ensemble de réalisations démarrées dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'héritage allemand (1945-1946)

Ă€ la fin des annĂ©es 1930, l'Allemagne tente de contourner les limites imposĂ©es par le traitĂ© de Versailles Ă  son armement et investit massivement dans la recherche sur les fusĂ©es en espĂ©rant dĂ©velopper des armes susceptibles de lui fournir une supĂ©rioritĂ© militaire. Ce faisant, elle effectue des percĂ©es majeures dans le domaine de la propulsion des fusĂ©es, du guidage inertiel et de l'aĂ©rodynamique. Le missile balistique sol-sol V2 mis au point en 1944 est un Ă©chec militaire car cette arme très coĂ»teuse ne permet de lancer que quelques milliers de tonnes d'explosifs sur des objectifs non ciblĂ©s : un tonnage infĂ©rieur Ă  ce que larguait chaque semaine les bombardiers placĂ©s sous commandement britannique[4]. Mais la fusĂ©e V2 dispose dĂ©jĂ  de tous les composants des futurs lanceurs spatiaux avec un moteur-fusĂ©e de 25 tonnes de poussĂ©e consommant des carburants liquides entraĂ®nĂ©s par une turbopompe, son gyroscope et son système de pilotage automatique sophistiquĂ©. Avant mĂŞme la fin de la guerre, les spĂ©cialistes des États-Unis, de l'URSS et du Royaume-Uni, conscients du potentiel de cette arme associĂ©e avec la bombe atomique, ratissent l'Allemagne occupĂ©e et mettent la main sur les fusĂ©es et pièces dĂ©tachĂ©es existantes, les plans et les spĂ©cialistes allemands. Les AmĂ©ricains rĂ©ussissent Ă  convaincre les principaux ingĂ©nieurs de travailler pour eux et embarquent la majoritĂ© des fusĂ©es achevĂ©es et en Ă©tat de marche : ces hommes forment le noyau de spĂ©cialistes Ă  l'origine du programme spatial des États-Unis et le premier missile balistique amĂ©ricain Redstone va s'inspirer fortement de la fusĂ©e V2. Les Russes dĂ©bauchent un gros contingent de techniciens de rang infĂ©rieur et font reconstruire une trentaine de V2 dans l'usine allemande qui les fabrique[5] : ils s'en inspirent fortement pour mettre au point leurs missiles balistiques Ă  l'origine de leurs lanceurs spatiaux.

Les représentants des armées françaises n'arrivent à récupérer ni fusée V2 complète ni documentation véritablement exploitable. Mais la direction des études et fabrications d'armement (DEFA), service de l'Armée de terre, réussit à embaucher en 1946 plus d'une centaine de spécialistes allemands dont certains viennent d'être libérés par les Britanniques, qui renoncent à poursuivre leurs investigations sur le V2[6]. Ces techniciens, dits Techniciens Anciens de Peenemünde (TAP) sont rassemblés à Vernon avec leur famille. Ils sont affectés à un nouvel organisme de recherche créé pour la circonstance le , le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) avec un encadrement français initialement très léger[7]. Le LRBA qui comprend également le Laboratoire de Saint-Louis et l'ancien Établissement d'expériences techniques de Versailles-Satory a pour mission l'étude et la mise au point des futurs missiles de l'Armée de Terre. Parmi les spécialistes recrutés figurent Karl-Heinz Bringer, futur créateur du moteur Viking des lanceurs Ariane, Helmut Habermann, d'origine autrichienne, qui développe plus tard le palier magnétique et Otto Müller, spécialiste du guidage.

L'industrie astronautique française va bénéficier aussi de tels spécialistes, dont le Centre spatial de Cannes - Mandelieu qui accueille Karl Thorn dans les années 1950[8].

Super V2 et missile PARCA (1946-1958)

La première mission du LRBA consiste Ă  mettre au point une version amĂ©liorĂ©e de la fusĂ©e V2. La super-V2, le projet «4212», a une architecture simplifiĂ©e par rapport Ă  la V2, comprend des rĂ©servoirs structuraux, un moteur-fusĂ©e d'une poussĂ©e portĂ©e Ă  40 tonnes et utilise des aciers spĂ©ciaux qui lui confère une meilleure rigiditĂ©. Il est prĂ©vu que le nouvel engin ait une portĂ©e double de la V2 soit 700 km[9]. Mais en 1949, la DEFA dĂ©cide la mise en sommeil du projet[N 1] : l'ArmĂ©e de terre demande au LRBA de dĂ©velopper en prioritĂ© un missile anti-aĂ©rien Ă  longue portĂ©e baptisĂ© PARCA qui est destinĂ© Ă  combattre la menace des bombardiers soviĂ©tiques[10]. Après une longue phase de dĂ©veloppement et la rĂ©alisation de nombreux prototypes qui n'arrivent pas Ă  satisfaire les spĂ©cifications attendues, le projet est arrĂŞtĂ© en 1958 et l'armĂ©e dĂ©cide de s'Ă©quiper du missile amĂ©ricain Hawk qui est produit en France sous licence[11] - [N 2]. Les travaux rĂ©alisĂ©s autour de ce missile permettent toutefois au LRBA d'accroĂ®tre sa maĂ®trise dans plusieurs domaines, tels que les autodirecteurs, les servomoteurs et les radars de poursuite.

La fusée Éole de Jean-Jacques Barré (1946-1952)

Un échantillon représentatif des fusées françaises des années 1960 : au premier plan missile balistique S3, au second plan de gauche à droite fusée Rubis (Pierres Précieuses), fusées sondes Bélier, Centaure et Dragon (CNET) et Véronique au fuselage noir (LRBA)

Entre 1927 et 1933, Jean-Jacques BarrĂ©, un officier d'artillerie, rĂ©alise des recherches sur les fusĂ©es Ă  titre privĂ© avec le pionnier français de l'astronautique Robert Esnault-Pelterie. Il poursuit celles-ci, Ă  compter de 1935, sous contrat du ministère de la Guerre. Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, ses travaux portent sur un obus-fusĂ©e, engin anti-aĂ©rien propulsĂ© non guidĂ© de 16 kg. Après la dĂ©faite française du 22 juin 1940, il poursuit ses recherches en zone libre sur l'EA 1941 (EA - Engin autopropulsĂ©) : cette fusĂ©e de 100 kg longue de 3,13 m pour 26 cm de diamètre doit pouvoir envoyer une charge de 25 kg Ă  100 km. Elle utilise un moteur-fusĂ©e consommant de l'oxygène liquide et de l'Ă©ther de pĂ©trole mis sous pression par de l'azote et fournissant une poussĂ©e d'une tonne. Interrompus par l'Ă©volution du conflit, les essais de la fusĂ©e sont repris en 1945 et 1946 avec un succès mitigĂ© (3 succès partiels sur 7 essais).

En 1946, Jean-Jacques BarrĂ© intègre le LRBA tout juste crĂ©Ă© et entame le dĂ©veloppement d'un prototype de missile balistique pouvant envoyer une charge de 300 kg Ă  1 000 km de distance. La fusĂ©e baptisĂ©e EOLE (Engin fonctionnant Ă  l'Oxygène Liquide et Ă  l'Éther de pĂ©trole) reprend les caractĂ©ristiques de l'EA 1941 mais mesure 11 mètres de long pour 80 cm de diamètre et une masse de 3,4 tonnes. Après l'explosion d'un exemplaire durant un essai au banc, l'Ă©ther de pĂ©trole est remplacĂ© par l'alcool Ă©thylique. Des essais au banc ont lieu entre 1950 et 1952. BarrĂ© constate alors que la fusĂ©e, qui doit ĂŞtre lancĂ©e depuis une rampe de 21 mètres, ne peut pas atteindre une vitesse suffisante pour ĂŞtre stable au dĂ©collage. En attendant la mise au point d'une solution (propulseurs d'appoint au dĂ©collage…), deux tirs sont rĂ©alisĂ©s Ă  Hammaguir en avec une fusĂ©e allĂ©gĂ©e (le plein d'ergols n'est pas fait) mais les deux tentatives se soldent par des Ă©checs Ă  la suite de la destruction des empennages au moment du franchissement du mur du son. Le projet est arrĂŞtĂ© en mettant fin pour un certain temps Ă  l'utilisation des ergols cryogĂ©niques.

La fusée-sonde Véronique (1949-1969)

Parallèlement, un dĂ©veloppement plus modeste est entamĂ© par les ingĂ©nieurs allemands du LRBA en 1949 : la fusĂ©e-sonde VĂ©ronique mono-Ă©tage d'un poids d'une tonne et demi au dĂ©collage dans sa version standard est propulsĂ©e par un moteur-fusĂ©e Ă  ergols liquides d'une poussĂ©e de 4 tonnes et doit pouvoir emporter une capsule scientifique de 60 kg dans la haute atmosphère (altitude 100 km) au cours d'un vol balistique. Bien que dĂ©pourvue de système de guidage et de pilotage et dotĂ©e d'un système de mise sous pression des ergols simplifiĂ© (pas de turbopompe), la mise au point de la fusĂ©e se heurte Ă  des problèmes d'instabilitĂ© de la combustion qui ne sont rĂ©solus qu'en 1954. Les tirs se font Ă  partir du centre interarmĂ©es d'essais des engins spĂ©ciaux d'Hammaguir dans le sud de l'AlgĂ©rie[12].

Pour les recherches sur la haute atmosphère menĂ©es dans le cadre de l'AnnĂ©e gĂ©ophysique internationale (1957-1958), une version plus puissante, la VĂ©ronique AGI, est commandĂ©e : celle-ci permet de hisser une charge utile jusqu'Ă  200 km d'altitude. Pour des raisons budgĂ©taires, le premier tir n'a lieu que le [13]. C'est un Ă©chec, mais 3 jours plus tard un deuxième exemplaire atteint l'altitude de 137 km et permet de rĂ©aliser une première expĂ©rience scientifique de mesure des vents dans la haute atmosphère[14]. Quarante-huit fusĂ©es de cette version sont lancĂ©es ainsi entre 1959 et 1969 avec un taux de rĂ©ussite de 81,5 %. Ă€ cĂ´tĂ© d'expĂ©riences sur la haute atmosphère, les VĂ©ronique AGI sont utilisĂ©s Ă  plusieurs reprises pour Ă©tudier les effets de l'accĂ©lĂ©ration et des vibrations sur des ĂŞtres vivants (rat, chat, singe). Une fusĂ©e VĂ©ronique AGI atteint, le , l'altitude de 365 km qui est, selon certains, l'altitude la plus Ă©levĂ©e atteinte par ce type de fusĂ©e[15].

Le LRBA lance l'Ă©tude d'une fusĂ©e-sonde plus puissante Ă  compter du milieu des annĂ©es 1950 : la fusĂ©e Vesta a une longueur de 10 mètres pour 1 mètre de diamètre et une masse de 5 tonnes et est propulsĂ©e par un moteur de 16 tonnes de poussĂ©e brĂ»lant un mĂ©lange d'acide nitrique et de l'essence de tĂ©rĂ©benthine. Les solutions techniques de la fusĂ©e VĂ©ronique sont intĂ©gralement reprises. La nouvelle fusĂ©e doit pouvoir emporter une charge utile de 500 kg Ă  400 km d'altitude. CommandĂ©e tardivement en 1962 par le CNES, seuls 5 exemplaires sont lancĂ©s entre 1965 et 1969, car les programmes de dĂ©veloppement des lanceurs (Diamant, Europa) sont devenus entre-temps prioritaires[16].

À la fin des années 1950, le LRBA perd la majorité de ses spécialistes allemands retournés dans leur pays natal en plein décollage économique.

La naissance de la force de dissuasion nucléaire française (1958)

Le président Charles de Gaulle arrive au pouvoir en . Convaincu de l'importance stratégique de l'arme nucléaire, il décide, après l'échec de négociations avec les États-Unis, que la France développera de manière autonome un missile balistique porteur de l'arme atomique. En 1959, considérant que les ministères concernés ne font pas avancer le dossier[17], il fait créer la SEREB (Société d'étude et de réalisation d'engins balistiques), une société de droit privé financée par le ministère de la Défense et supervisée par le premier ministre Michel Debré, qui doit mener à bien en tant que maître d'œuvre la réalisation de cette nouvelle arme. Le LRBA, qui à cette date est le seul organisme en France à maîtriser la propulsion des fusées[N 3] se trouve réduit de fait au rôle de sous-traitant éventuel.

En 1959, le choix du mode de propulsion du futur missile n'est pas tranchĂ©. Les AmĂ©ricains, dont les missiles stratĂ©giques sont opĂ©rationnels ou sur le point de l'ĂŞtre, utilisent Ă  la fois des moteurs-fusĂ©es fonctionnant avec des ergols liquides (missile Redstone et Jupiter) et des propulseurs Ă  poudre sur le missile Polaris de conception plus rĂ©cente et embarquĂ© sur sous-marin (opĂ©rationnel en ). Les fusĂ©es Ă  propulsion Ă  poudre peuvent ĂŞtre stockĂ©es pour de longues durĂ©es et mises en Ĺ“uvre rapidement, ce qui constitue un avantage important pour un usage militaire. En , au cours d'une rĂ©union sur le dĂ©veloppement du futur missile, le responsable du LRBA plaide pour la filière des ergols liquides bien maĂ®trisĂ©e par son laboratoire grâce aux dĂ©veloppements rĂ©alisĂ©s sur les fusĂ©es-sondes ; le LRBA travaille, Ă  l'Ă©poque, sur un moteur de 20 tonnes de poussĂ©e et sur un système de guidage et de pilotage suffisamment compact pour pouvoir ĂŞtre emportĂ© dans une fusĂ©e[18]. Conscient du manque d'expĂ©rience des techniciens français dans le domaine de la propulsion Ă  poudre, la SEREB, ne tranche pas mais des moyens importants sont mis en place pour concevoir et tester ce nouveau type de propulseur Ă  la poudrerie de Saint-MĂ©dard-en-Jalles près de Bordeaux[19].

Le lancement du programme spatial français (1961)

Le lanceur Diamant-A premier lanceur spatial français : longueur 19 m, masse 18,5 tonnes.

Conséquence de la course à l'espace lancée par les soviétiques et les américains, le général de Gaulle décide le de créer le Comité de recherches spatiales (CRS) chargé d'étudier le rôle que la France peut jouer dans ce nouveau domaine. Le comité regroupe des scientifiques, des ingénieurs ainsi que des représentants des ministères et est présidé par Pierre Auger, physicien français de renommée mondiale[19]. Ses premières décisions portent sur des expériences embarquées en 1959 sur 3 fusées Véronique AGI dans le cadre de l'Année géophysique internationale. La synergie potentielle entre les développements militaires en cours et le développement d'un lanceur de satellites est connue des militaires. Mais à l'époque, le gouvernement français n'envisage pas de s'engager dans cette voie. En , les ingénieurs de la SEREB réalisent « sous le manteau » une pré-étude de ce qui allait devenir le lanceur Diamant[20]. Le professeur Auger, qui n'est pas au courant de ces travaux clandestins, manifeste de son côté, en , son intérêt pour la fusée Émeraude développée dans le cadre du programme militaire. Parallèlement, en , à l'initiative de la France et du Royaume-Uni, la réalisation d'un lanceur européen est mise à l'étude[21].

Le , le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, qui prend finalement connaissance de l'Ă©tude de la SEREB, dĂ©cide de profiter de l'opportunitĂ© de construire un lanceur de satellites Ă  faible coĂ»t : il donne son feu vert Ă  la construction du lanceur Diamant. Il annonce par ailleurs la crĂ©ation d'une agence spatiale, le Centre national d'Ă©tudes spatiales (CNES), qui reprend les attributions du CRS, sa crĂ©ation est effective le . La fusĂ©e Diamant doit s'appuyer sur les dĂ©veloppements effectuĂ©s pour le missile stratĂ©gique : elle est constituĂ©e d'un premier Ă©tage dotĂ© d'un moteur Ă  ergols liquides de 28 tonnes de poussĂ©e dĂ©veloppĂ© par le LBRA et de deux Ă©tages Ă  propergols solides. Le troisième Ă©tage non pilotĂ© dĂ©veloppĂ© spĂ©cifiquement pour le lanceur civil doit permettre la satellisation d'un satellite de 50 Ă  80 kg. Quatre tirs sont planifiĂ©s Ă  compter de 1965.

Le programme des Pierres précieuses (1961-1965)

Les fusées du programme des Pierres Précieuses.

Pour permettre la mise au point du missile et du lanceur Diamant, le SEREB, lance en 1961 le programme des « Études balistiques de base » (EBB), dits des « Pierres prĂ©cieuses ». Le missile balistique sol-sol S2 doit pouvoir emmener une tĂŞte dotĂ©e d'une charge nuclĂ©aire d'une puissance de 1,5 mĂ©gatonne Ă  3 500 km[N 4]. Le dĂ©veloppement industriel est confiĂ© principalement aux sociĂ©tĂ©s Nord-Aviation et Sud-Aviation.

Entre 1961 et 1965 toutes les connaissances nécessaires pour la réalisation d'un missile à longue portée ainsi que d'un lanceur de satellite) sont méthodiquement acquises. Plusieurs fusées sont conçues chacune étant chargée de mettre au point séparément un ou plusieurs équipements[22]. :

  • Les fusĂ©es Aigle et Agate (8 tirs tous rĂ©ussis) permettent de mettre au point les systèmes de tĂ©lĂ©mesure et les installations au sol.
  • Les fusĂ©es Topaze (14 tirs dont 1 Ă©chec) qualifient le deuxième Ă©tage, les systèmes de guidage et de pilotage ainsi que le profil de la tĂŞte de rentrĂ©e du missile.
  • Les fusĂ©es Émeraude (5 tirs dont 3 Ă©checs) valident le fonctionnement du 1er Ă©tage en particulier la tuyère orientable et des dispositifs de guidage.
  • Les fusĂ©es Saphir (3 tirs dont 1/2 Ă©chec + 6 tirs consacrĂ©s au missile) permettent de tester l'intĂ©gration 1er et 2e Ă©tage, et le guidage du missile pour les premiers Ă©tages.
  • Les fusĂ©es Rubis (6 tirs de qualification dont 2 Ă©checs) qualifient le 3e Ă©tage de la fusĂ©e Diamant, la sĂ©paration de la coiffe et du 3e Ă©tage ainsi que le système de stabilisation et les procĂ©dures de suivi de satellisation.

La création du CNES (1962)

A la veille de son lancement par une fusée américaine, le satellite FR1 avec certains des responsables de la branche satellites du CNES et du CNET : de gauche à droite C. Fayard (CNET), X. Namy (CNES), J.P. Causse (CNES) et O. Storey (CNET) (1965)

Les débuts du CNES, qui a ouvert ses portes en , sont modestes. Considéré comme un simple comité de coordination par de nombreux responsables, il n'arrive pas à obtenir la responsabilité de la conception des satellites que doit emporter la fusée Diamant : celle-ci est confiée au SEREB. Grâce aux contacts pris avec l'agence spatiale américaine, la NASA, par son responsable technique et scientifique J Blamont, le CNES négocie la réalisation par ses soins d'un satellite scientifique français (satellites FR-1) que les américains acceptent de lancer. L'accord prévoit qu'une douzaine d'ingénieurs du CNES iront se former à la conception des satellites dans les services de la NASA. Par contre, les États-Unis refusent tout transfert de technologie dans le domaine des lanceurs civils et militaires. Par ailleurs le CNES entame la construction de 3 satellites de la série D-1 en faisant appel aux industriels français contrairement au FR-1 qui doit constituer un galop d'essai. L'activité du CNES est structurée avec la création des divisions Satellites (la plus importante), Équipements au sol et Fusées-sondes[23].

Le lanceur Diamant A (1965-1967)

Le premier tir de la fusée Diamant A1, le , depuis le site d'Hammaguir est un succès : il permet la mise sur orbite du premier satellite artificiel français, baptisé Astérix : endommagé par la séparation de la coiffe, celui-ci reste muet, mais les radars de suivi permettront de confirmer que la satellisation s'est bien effectuée. Quelques jours plus tard la satellisation du satellite FR-1 par une fusée américaine Scout vient couronner cette réussite qui fait de la France la troisième puissance spatiale. Le CNES réussit à imposer ses satellites D1 sur les trois tirs suivants qui ont lieu en 1966 et 1967.

Dans le cadre du programme Diamant les principaux acteurs industriels français de l'aéronautique acquièrent la connaissance qui leur permettra de faire jeu égal avec les américains dans le domaine des lanceurs classiques dans le cadre du programme Ariane : les établissements de la future Aérospatiale pour le corps des fusées, Snecma pour la propulsion, Matra pour la case à équipements, SFENA et SAGEM pour la centrale à inertie. Des organismes de recherche comme l'ONERA (aérodynamique, propulsion), le CNET et le CNRS participent en amont aux études de conception du lanceur et des satellites.

La naissance de l'Europe spatiale : ESRO, ELDO et la fusée Europa (1960-1964)

L'Ă©tage Blue Streak

En 1960, la communauté scientifique européenne appelle de ses vœux la création d'un programme spatial scientifique européen animé par un organisme analogue au CERN. Les Britanniques qui viennent d'arrêter la mise au point du missile balistique Blue Streak utilisant des licences américaines, proposent alors de développer un lanceur spatial reposant sur ce missile et une deuxième fusée restée à l'état d'ébauche - le Black Knight - qui devait permettre de tester la rentrée dans l'atmosphère des têtes nucléaires du Blue Streak. Pour les britanniques l'objectif est surtout d'amortir le coût du Blue Streak (56 millions de £). En , le général de Gaulle, sollicité, donne finalement son accord contre l'avis de ses conseillers pour le développement d'une fusée européenne à trois étages, baptisée Europa, utilisant comme premier étage le Blue Streak.

DĂ©but 1962, six pays europĂ©ens dĂ©cident de crĂ©er l'ELDO, (European Launcher Development Organisation en français, CECLES, Centre europĂ©en pour la construction de lanceurs d'engins spatiaux) pour mettre au point le lanceur Europa. Les dĂ©veloppements sont partagĂ©s entre les pays membres : le deuxième Ă©tage est de conception française, le troisième Ă©tage est rĂ©alisĂ© par l'Allemagne tandis que l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas se partagent la rĂ©alisation des stations de guidage et de tĂ©lĂ©mesure ainsi que le dĂ©veloppement d'un satellite. Il est prĂ©vu que le lanceur puisse placer sur une orbite basse un satellite de 1 000 kg.

Parallèlement la communauté scientifique de 9 pays européens (les précédents moins l'Allemagne plus la Suède, la Suisse, le Danemark et l'Espagne) décident de créer l'ESRO (European Space Research Organisation en français CERS Conseil européen de recherches spatiales) pour la réalisation de satellite artificiels scientifiques. Les deux organisations sont mises effectivement en place en 1964.

La création du centre de lancement de Kourou (1964)

À la suite de l'indépendance de l'Algérie, les accords d'Évian en 1962, prévoient l'abandon par la France de la base de lancement d'Hammaguir à compter de . Le CNES, qui est chargé de trouver une base de substitution, étudie quatorze sites dans les départements d'outre-mer ainsi que dans des pays étrangers comme le Brésil ou l'Australie.

Tous les sites étudiés ont comme point en commun d'être près de l'équateur car cette position offre des conditions idéales pour les lancements d'engins spatiaux[24]. L'effet de fronde qui est généré par la rotation terrestre près de l'équateur permet d'obtenir 15 % de gain de performance supplémentaire par rapport à la base de lancement de Cap Kennedy situé plus au nord.

Le rapport du CNES préconise la Guyane, qui offre plusieurs avantages comme la faible densité de population et la large ouverture sur l'océan Atlantique qui permet ainsi de réduire les risques en cas de problème avec le lanceur. La façade maritime permet également de faire des lancements de satellites sur l'orbite polaire dans des conditions optimales. En outre, la zone n'est pas sujette aux tremblements de terre et aux cyclones. De plus, la Guyane fait partie intégrante du territoire français, ce qui présente également l'avantage de la stabilité politique[24]. Le premier ministre de l'époque, Georges Pompidou, suit ces recommandations et le fait passer un arrêté ministériel qui crée le Centre spatial guyanais à Kourou[24].

Les lanceurs du CNES : Diamant B et BP-4

Le CNES s'est vu en 1961 confiĂ© la responsabilitĂ© du dĂ©veloppement du deuxième Ă©tage Coralie de la fusĂ©e Europa. Mais en 1966 le CNES que prĂ©side Ă  l'Ă©poque le gĂ©nĂ©ral Aubinière et qui ne s'Ă©tait jusqu'alors occupĂ© que de satellites, souhaite disposer de son propre lanceur pour prendre la suite du lanceur Diamant A dĂ©veloppĂ© avec les militaires. En juin 1967 après des nĂ©gociations difficiles avec ces derniers, le CNES obtient le feu vert gouvernemental pour la rĂ©alisation d'un lanceur dont le dĂ©veloppement industriel est confiĂ© au LRBA (pour la propulsion liquide), Ă  Nord et Sud Aviation pour les trois Ă©tages du lanceur et Ă  Matra pour la case Ă  Ă©quipements. Pour des raisons financières la nouvelle fusĂ©e n'est qu'une Ă©volution de Diamant-A dotĂ©e d'un premier Ă©tage allongĂ© utilisant des propergols plus efficaces (UDMH+ N2O4) et d'un troisième Ă©tage plus performant. La fusĂ©e Diamant-B doit permettre de placer un satellite de 115 kg sur une orbite de 500 km.

Le premier lancement rĂ©alisĂ© en 1970 depuis la base de Kourou est un demi-Ă©chec Ă  cause d'un effet pogo mal maĂ®trisĂ©[25]. Suivent deux lancements qui permettent de placer les satellites PEOLE (1970) et Tournesol (1971). Mais les deux derniers lancements (1971 et 1973) se soldent par un Ă©chec. Le doute s'installe sur la pertinence d'un programme qui par ailleurs fait double emploi avec le lanceur europĂ©en qui rencontre Ă  l'Ă©poque d'importantes difficultĂ©s[26]. NĂ©anmoins le CNES est autorisĂ© Ă  dĂ©velopper une dernière version plus puissante, la Diamant BP-4, obtenue en remplaçant le deuxième Ă©tage par un Ă©tage de missile balistique. Celle-ci permet de placer jusqu'Ă  220 kg sur une orbite circulaire de 200 km. Les trois tirs rĂ©alisĂ©s en 1975, tous couronnĂ©s de succès, permettent de placer les satellites Starlette, Castor et Pollux et Aura. Ce sont les derniers tirs d'un lanceur civil purement national.

Premières applications spatiales

À compter de 1965,le CNES, commence à travailler sur les applications spatiales, c'est-à-dire l'utilisation des satellites artificiels à des fins commerciales ou de service public dans les domaines suivants : télécommunications, télédiffusion, observation de la Terre, météorologie, navigation. Au sein de l'agence le sujet est pris en charge par le directeur des programmes et du plan André Lebeau. Un comité des programmes est créé pour l'assister dans sa tache. Plusieurs études sont lancées : dans le domaine des télécommunications ce sont les projets Safran, Saros, Symphonie, Socrate et Memini, dans le domaine de la navigation aérienne le projet Dioscures, dans le domaine de la localisation les projets Géole et Dialogue et dans le domaine de la météorologie ce sont Eole et Météosat. Seuls les projets Eole, Météosat et Symphonie franchissent cette phase d'étude tandis que les réflexions se poursuivent dans le domaine de la télédétection[27].

Le projet Météosat a été proposé en 1968 par le professeur Pierre Morel fondateur du Laboratoire de météorologie dynamique au sein du CNRS. Il s'agit de développer un satellite météorologique placé sur une orbite géostationnaire qui doit faire partie d'un ensemble de cinq satellites du même type développés par la NASA et l'Union soviétique pour répondre aux besoins de deux programmes de l'Organisation météorologique mondiale : le programme opérationnel VMM (mise à disposition de l'ensemble des pays des informations météorologiques et géophysiques) et le programme de recherche sur l'atmosphère GARP (Global Atmospheric Research Program). Le programmé Météosat comprend trois volets : prise d'images par le satellite, collecte des données par des stations terriennes et diffusion de celles-ci auprès des utilisateurs. Le CNES crée une équipe projet chargée de définir les spécifications du système à mettre en place (segment spatial et segment terrestre) qui évalue ses difficultés et son coût. Il met en évidence que le budget alloué au programme spatial français ne permettra pas sa réalisation d'autant que celui-ci est revu à la baisse en 1971. Pour trouver les moyens financiers permettant de mener à bien le projet Météosat, les responsables du projet français décident en 1971 de faire appel à la coopération européenne en demandant à l'agence spatiale européenne (à l'époque l'ESRO) d'intégrer Météosat dans son portefeuille de programmes spatiaux. Il s'ensuit des négociations délicates entre la France et les partenaires européens de l'ESRO car le CNES souhaite conserver la maitrise du projet. Finalement il est décidé que la développement du satellite se fera à parts égales dans l'établissement de Toulouse du CNES et à l'ESTEC, établissement de l'ESRO. L'accord définitif est conclu le [27] - [28].

L'échec de la fusée Europa

Le premier tir d'un élément de la fusée Europa a lieu à Woomera (Australie) en : c'est un succès mais il ne porte que sur le premier étage déjà rodé Blue Streak tandis que les étages français et allemands n'en sont encore qu'au stade de l'étude. Or depuis la mise en place du programme Europa la donne a changé. Les observateurs européens les mieux informés savent que les capacités de la fusée ne sont pas adaptées au marché des satellites de télécommunications qui est en train de se dessiner mais qui suppose de disposer de lanceurs plus puissants. En , la France tente de convaincre ses partenaires au sein de l'ELDO de modifier les spécifications de la fusée en intégrant un deuxième étage cryogénique (technique que la France a commencé à explorer) permettant de placer un satellite en orbite géostationnaire. Mais la maitrise d'une telle technologie est un pari audacieux et elle nécessite de repousser les premiers lancements en 1970. Un compromis est trouvé : un quatrième étage est inclus dans les développements pour permettre l'atteinte de l'orbite géostationnaire. Le Royaume-Uni irrité, entre autres, par les dépassements budgétaires et la volonté française de substituer Kourou à Woomera comme base de lancement réduisent en leur participation de 38,79 % à 27 % après avoir menacé de se retirer[29].

Les premiers essais de l'étage français Coralie seul puis de la fusée Europa assemblée ne contribuent pas à faire renaitre la confiance : l'étage français lancé avec uniquement un troisième étage inerte (ensemble CORA) rencontre 2 échecs pour 3 vols (1966-1967); les deux lancements de la fusée Europa complète qui ont lieu en 1967 (mais troisième étage inerte) se soldent également par des échecs car l'étage Coralie refuse de s'allumer [30].

La fusée Ariane

Premier vol d'Ariane 4, le 15 juin 1988.

Malgré l'échec de la fusée Europa II en et l'abandon du projet Europa III, la France avait proposé la création d'un lanceur dans le prolongement de l'expérience réussi de la fusée Diamant, le L3S. Les pays européens eurent du mal à se mettre d'accord : les britanniques préféraient financer leur satellite maritime MAROTS, les Allemands leur module Spacelab emporté par la navette spatiale. Les États-Unis tentèrent de détourner les pays européens de leur intention de développer leur propre lanceur mais les restrictions imposées en échange de l'utilisation de leurs lanceurs, en particulier pour le lancement des satellites Symphonie[N 5] apportèrent des arguments à la position du gouvernement français qui souhaitait que l'Europe devienne autonome pour le lancement de ses satellites. Le à Bruxelles, les pays européens parvinrent à un accord qui permettait de financer les projets préconisés par les principaux participants[31], le projet Ariane était lancé.

Maquettes à l'échelle 1 des fusées Ariane 1 et 5.

Le programme Ariane, d'un coût de 2,063 milliards de francs[32] fut principalement contrôlé et financé par la France, ce qui devait permettre d'éviter les errements dus aux problèmes de communication entre pays participants : elle assura 60 % du budget, s'engagea à payer tout dépassement de plus de 120 % du programme[33]. En contrepartie, le CNES français fut maître d'œuvre, l'Aérospatiale l'architecte industriel.

Les deux agences spatiales européennes, l'ELDO et l'ESRO, sont fusionnées le , pour donner naissance à l'Agence spatiale européenne (European Space Agency), qui rassemble onze pays (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Irlande, Italie, Suède, Suisse, puis Autriche, Norvège, Finlande), auxquels s'ajoute un membre associé non européen, le Canada[34]. Les pays membres s'engagent à verser une certaine somme pour financer le programme commun, et avaient la possibilité de financer d'autres projets spécifiques. Une société privée, Arianespace, est créé en 1980 pour gérer et commercialiser le nouveau lanceur Européen[35].

Le but du programme europĂ©en Ariane est Ă  l'Ă©poque de se rendre indĂ©pendant[36] des technologies amĂ©ricaines et russes, et de pouvoir lancer un ou deux satellites gouvernementaux par an[37]; il n'Ă©tait pas prĂ©vu de dĂ©velopper une activitĂ© commerciale. L'utilisation du pas de tir de Kourou, inaugurĂ© en 1968[38], fut un atout grâce Ă  sa localisation près de l'Ă©quateur, position qui augmente les capacitĂ©s de tir des fusĂ©es pour les satellites commerciaux placĂ©s en orbite gĂ©ostationnaire. La première fusĂ©e Ariane Ă©tait dotĂ©e de trois Ă©tages, mesurait 47 mètres de haut, pesait 210 tonnes, et grâce Ă  sa poussĂ©e de 240 tonnes[38], pouvait placer en orbite gĂ©ostationnaire des satellites de 1 700 kg. Son premier essai de tir eut lieu le , mais un problème de capteur de pression arrĂŞta les moteurs; un deuxième essai, le 22, fut annulĂ© Ă  cause d'un problème de sĂ©quence d'amorçage. Finalement, le dernier essai de tir, le rĂ©ussit parfaitement[39].

La carrière de ce lanceur, commencée le et terminée fin 1998, fut un succès, 110 des 118 tirs réussirent, le lanceur s'octroya 50 % des parts du marché des satellites commerciaux[38]. Elle fut donc réutilisée et modifiée, et ses versions 2, 3 puis 4 connurent la même réussite, installant l'Europe comme acteur majeur de l'économie spatiale.

Ariane 5

Un budget de 42 milliards de francs fut allouĂ© Ă  la crĂ©ation d'un lanceur totalement nouveau, Ariane 5, dotĂ© d'un nouveau moteur Vulcain, qui devait grâce Ă  sa puissance accrue permettre de baisser les coĂ»ts et d'emporter la navette Hermès (un programme de navette française puis europĂ©enne abandonnĂ© en 1992)[40]. Ariane 5, haute de 52 mètres, pesant 718 tonnes pour 1 000 tonnes de poussĂ©e, connut un Ă©chec lors de son premier tir du , Ă  cause d'un problème de trajectoire qui avait obligĂ© les responsables Ă  dĂ©truire la fusĂ©e et ses quatre satellites en vol[41]. Depuis, Ariane 5 a effectuĂ© de nombreux lancements, et a atteint une fiabilitĂ© de 95 %[41].

Ariane 6

Ariane 6 est un lanceur de moyenne à forte puissance (5 à 11,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire) que l'Agence spatiale européenne développe pour remplacer sa fusée lourde Ariane 5 à compter de 2022.

Les objectifs du programme spatial français

Le programme spatial français est regroupé autour de 5 thèmes[42] :

Les lanceurs et leurs infrastructures

Avec près de 33 % du budget du programme spatial français (2014), l'activité des lanceurs et la gestion du principal centre de lancement européen (Kourou) reflètent le rôle historique joué par la France dans le développement des fusées européennes. L'objectif de cette activité est de fournir des moyens autonomes (dans le cadre de l'Europe) permettant de placer les satellites en orbite. Cela recouvre (en 2009) :

  • les Ă©volutions du lanceur europĂ©en Ariane 5 dont la France est le principal constructeur ;
  • la mise au point du nouveau petit lanceur europĂ©en Vega sous maitrise d'Ĺ“uvre italienne auquel la France participe par la rĂ©alisation du 1er Ă©tage Ă  poudre ;
  • la mise Ă  disposition dans le centre spatial guyanais (CSG) de nouvelles installations de lancement destinĂ©es aux fusĂ©es Vega et Soyouz.

L'activité spatiale militaire

Satellite Helios-1 (vue d'artiste).

La France a développé tardivement des applications spatiales militaires en essayant sans grand succès d'intéresser des partenaires européens. Avec près de 15 % du budget spatial national (2014), cette activité est le deuxième poste de dépense du programme spatial français après les lanceurs et devant les activités scientifiques. N'ayant pas les moyens de financer l'ensemble de la panoplie militaire déployée par la Russie, la Chine et surtout les États-Unis, la France ne dispose en 2017 de satellites opérationnels que dans deux domaines : les télécommunications militaires (tactiques et stratégiques) et l'observation optique.

Les télécommunications militaires spatiales françaises sont prises en charge dans un premier temps par des équipements de télécommunications spécialisés emportés par des satellites de télécommunications civils nationaux de la série Telecom (charges utiles Syracuse 1 et 2) lancés entre 1984 et 1996 (7 satellites en tout) et placés sur une orbite géostationnaire[43]. Le premier satellite de télécommunications entièrement destiné à l'activité militaire est lancé en 2005. Ce premier exemplaire de la série Syracuse 3 est suivi d'un deuxième satellite lancé en 2006 et de deux satellites développés en coopération avec l'Italie. Cette capacité est complétée par les satellites militaires franco-italiens Sicral 2 (38 % de la capacité réservée pour la France, lancé en 2015) et Athéna-Fidus (2014). A l'horizon 2020 deux satellites Syracuse 4 doivent assurer la relève de la génération précédente.

En utilisant les connaissances technologiques accumulées dans le cadre du programme spatial d'observation civil Spot la France a déployé des satellites de reconnaissance optique en orbite héliosynchrone. Les premiers sont les satellites Hélios dont le premier exemplaire Helios 1A est lancé en 1995 et qui dispose d'une résolution spatiale de 1 mètre. Trois autres satellites de la même famille sont lancés entre cette date et 2009. Deux satellites Pléiades à usage mixte civil et militaire sont lancés en 2011 et 2012. L'Italie dispose d'un droit d'accès aux images produites par cette série en échange de la possibilité pour les militaires français d'accéder aux images radar produites par la série des 4 COSMO-SkyMed lancés par les italiens entre 2004 et 2010. La relève des satellites d'observation optique français doit être assurée par les trois satellites de la composante spatiale optique (CSO) du programme MUSIS (lancements prévus entre 2018 et 2021) qui devraient fournir des images avec une résolution spatiale pouvant atteindre 20 cm[44].

Dans le domaine du renseignement d'origine électromagnétique (ELINT en anglais) la France a développé de petits prototypes destinés à valider les technologies nécessaires. Ce sont d'abord les petits satellites Clémentine (lancement en 1994) et Cerise (lancement en 1995) puis les constellations Essaim (lancement en 2004) et Elisa (2011). Le premier système opérationnel CERES, constitué d'une constellation de trois satellites, doit être déployé en septembre 2021[45]. Les grandes puissances spatiales disposent de satellites d'alerte avancée permettant de détecter le lancement de missiles balistiques. La France n'a développé jusqu'à présent dans ce domaine qu'un prototype constitué de deux satellites SPIRALE lancés en 2009 et dont la mission s'est achevée en 2011.

La recherche

L'activité de recherche représente le troisième poste de dépense du programme spatial français avec 14 % du budget spatial national (2014). Elle rassemble la participation à l'ensemble des projets scientifiques de l'Agence spatiale européenne et quelques développements purement nationaux d'envergure généralement beaucoup plus modestes mais consommant les deux tiers du budget.

L'observation de la Terre Ă  des fins civiles

Satellite Topex-Poseidon

Ce thème regroupe l'ensemble des activités spatiales permettant l’observation de l’environnement terrestre ainsi que la gestion des risques et des crises.

L'exploration spatiale et les vols habités

La France, via des missions nationales du CNES, le développement et la fourniture d'instruments sur des missions internationales, ou par sa contribution à l'ESA, participe à de nombreuses missions d'exploration robotique ou habitée.

Les applications spatiales grand public

  • Programme de navigation par satellite Galileo
  • Système de localisation et de dĂ©tresse Cospas-Sarsat.

Budget

Le budget total du programme spatial français en 2014 est de 2,16 milliards d'euros pour le CNES auquel s'ajoute 43 M€ pour EUMETSAT. Le budget du programme spatial français a pour destinataire final trois entités :

Le budget alloué à l'ESA est géré par le CNES tandis que celui d'EUMETSAT est géré par Météo-France.

Ventilation du budget spatial français 2014 par domaine d'activité[46]
Domaine d'activité Budget total Part Agence Montant Exemples de projets et missions
Lanceurs 703 M€ 32,6 % CNES 328 M€ Lanceurs Ariane 5, Ariane 6, Vega, installations de la base de lancement de Kourou
ESA 375 M€
Sécurité et défense 316 M€ 14,6 % CNES 316 M€ Syracuse; Helios,Pléiades, Athéna-Fidus, CSO, CERES
Exploration du système solaire, astronomie, cosmologie, physique 291 M€ 13,5 % CNES 181 M€ Microscope, Pharao, SVOM
ESA 110 M€ Rosetta, BepiColombo, Solar Orbiter, Gaia, Euclid, PLATO, Programme ExoMars, Curiosity, JUICE, InSight
Observation et étude de la Terre et du climat 227 M€ 10,5 % CNES 116 M€ SARAL, CFOSAT, Taranis, SWOT, Vénμs, MERLIN
ESA 111 M€ ADM-Aeolus, EarthCARE, Biomass
Télécommunications, navigation 129 M€ 6 % CNES 41 M€ ThD-SAT
ESA 88 M€ Galileo, EDRS, programme ARTES
Programme spatial habité 106 M€ 4,9 % ESA 106 M€ Participation à la Station spatiale internationale ATV
Recherche technologique (PIA part CNES) 63 M€ 2,9 % CNES 63 M€ Ariane 6 : 3,4 M€, Plateforme géostationnaire 22,2 M€, Très haut débit 14,8 M€, SWOT 11,9 M€, Myriades Evolutions 4,5 M€
Météorologie 43 M€¹ 2 % EUMETSAT 43 M€ MetOp-A, MTG
Autres dépenses 282 M€ 13,1 % CNES 256 M€ Directions centrales, ressources mutualisées, taxes
ESA 26 M€ Directions centrales
ÂąPour information : ce budget ne transite pas par les comptes du CNES

L'organisation

Le CNES : agence spatiale nationale

Le Centre national d'Ă©tudes spatiales ou CNES est l'agence spatiale française chargĂ©e d’élaborer et de mettre en Ĺ“uvre. Le CNES dispose d'un budget de 2,334 milliard d'euros en 2017, le plus important en Europe (35 euros par habitant) et le quatrième budget spatial dans le monde. Ce budget inclut la part reversĂ©e Ă  l'Agence spatiale europĂ©enne (833 millions d'euros, 35,69 % du budget), qui est consacrĂ©e essentiellement aux missions scientifiques (astronomie, exploration du système solaire, Ă©tude de la Terre) et aux investissements dans les lanceurs. La part investie directement par le CNES porte dans l'ordre d'importance sur les lanceurs et la gestion de la base de lancement de Kourou (324 M€, 17 %), les missions militaires (269 M€, 14 %), scientifiques (167 M€, 9 %), l'Ă©tude de la Terre gĂ©nĂ©ralement dans le cadre de coopĂ©rations binationales (120 M€, 6 %), les dĂ©veloppements autour des satellites de tĂ©lĂ©communication et de navigation par satellite (42 M€, 2 %). Le CNES est placĂ© sous la tutelle conjointe des ministères de la Recherche et des ArmĂ©es. Le CNES a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă  l'initiative du prĂ©sident Charles de Gaulle le afin de fournir une structure chargĂ©e de coordonner et animer les activitĂ©s spatiales françaises centrĂ©es Ă  l'Ă©poque sur le dĂ©veloppement du lanceur-fusĂ©e Diamant. Le CNES est toujours en 2017 l'agence spatiale nationale la plus importante des pays de l'Union europĂ©enne.

L'agence spatiale européenne

L’Agence spatiale europĂ©enne ou ESA (pour European Space Agency), est l'agence spatiale intergouvernementale coordonnant les projets spatiaux menĂ©s en commun par une vingtaine de pays europĂ©ens dont la France. L'agence spatiale, qui par son budget (5 750 millions d'euros en 2017) est la troisième agence spatiale dans le monde après la NASA et l'agence spatiale fĂ©dĂ©rale russe, a Ă©tĂ© fondĂ©e le . La France contribue Ă  hauteur de 22,7 % au budget (hors participation de l'Union EuropĂ©enne) de l'Agence et constitue Ă  ce titre un des deux piliers avec l'Allemagne de l'organisation. Les activitĂ©s de l'agence couvrent l'ensemble du domaine spatial : les sciences avec l'astrophysique, l'exploration du Système solaire, l'Ă©tude du Soleil et la physique fondamentale ; l'Ă©tude et l'observation de la Terre avec des satellites spĂ©cialisĂ©s ; le dĂ©veloppement de lanceurs ; les vols habitĂ©s Ă  travers sa participation Ă  la Station spatiale internationale ; la navigation par satellite avec le programme Galileo ; les tĂ©lĂ©communications spatiales pour lesquelles l'agence finance la mise au point de nouveaux concepts ; la recherche dans le domaine des technologies spatiales. L'ESA participe Ă©galement Ă  des programmes spatiaux initiĂ©s par d'autres agences spatiales. La stratĂ©gie est dĂ©finie par un conseil dans lequel chaque pays membre dispose d'un reprĂ©sentant. Les programmes initiĂ©s par l'agence, qui reprĂ©sentent 75 % du budget, sont financĂ©s directement par les pays membres. Ceux-ci versent une contribution proportionnelle Ă  leur PIB pour le financement de 20 % du budget (programme scientifique et frais gĂ©nĂ©raux) et participent dans des proportions de leur choix aux programmes facultatifs. Le quart du budget est fourni par l'Union europĂ©enne et EUMETSAT pour le dĂ©veloppement du segment spatial de ces programmes gĂ©rĂ©s par ces institutions (programme Galileo, satellites mĂ©tĂ©orologiques, GMES/Copernic). Certains des pays membres conservent, Ă  cĂ´tĂ© de leur participation aux programmes europĂ©ens, des programmes spatiaux purement nationaux. L'agence spatiale europĂ©enne, qui a son siège Ă  Paris, confie après sĂ©lection sur appel d'offres les travaux de recherche et le dĂ©veloppement des engins spatiaux aux universitĂ©s, instituts et industriels des pays membres en appliquant le principe du « retour gĂ©ographique » : les dĂ©penses de l'agence dans chaque pays sont au prorata de la contribution. L'ESA utilise les installations du centre de lancement de Kourou, Ă©tablissement du CNES pour le lancement de ses fusĂ©es.

L'EUMETSAT

L'Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques ou EUMETSAT (en anglais European Organisation for the Exploitation of Meteorological Satellites) est une organisation intergouvernementale basée à Darmstadt (Allemagne), fédérant 30 États membres européens dont la France . Elle a comme mission la mise en place, la maintenance et l'exploitation des systèmes européens de satellites météorologiques. EUMETSAT est responsable du lancement et des opérations des satellites, ainsi que d'en acheminer les données aux utilisateurs finaux tout en contribuant à l'observation climatique et la détection des changements climatiques. EUMETSAT gère une flotte de satellites placés en orbite géostationnaire (Météosat seconde génération) et polaire (MetOp). En 2015 la France contribue à son budget à hauteur d'environ 50 millions € pour un budget total d'environ 350 millions €.

L'industrie spatiale française

L'industrie spatiale française comporte des sociétés d'envergure internationale et un tissu de PME intervenant sur des domaines pointus ;

  • ArianeGroup est une entreprise implantĂ©e principalement en France et en Allemagne qui rassemble des activitĂ©s spatiales autrefois gĂ©rĂ©es au sein de Safran, Airbus et Arianespace. Elle effectue environ 3 milliards € de chiffre d'affaires et emploie en tout 9 000 personnes (2016). C'est le constructeur des lanceurs Ariane 5 et Ariane 6 et de leurs systèmes de propulsion (Vulcain, Vinci, EAP…). Les principaux sites en France sont situĂ©s Ă  Vernon (propulsion spatiale), Les Mureaux (assemblage de l'Ă©tage cryotechnique des lanceurs Ariane 5 et Ariane 6), Saint-MĂ©dard-en-Jalles (propulsion Ă  propergol solide des lanceurs civils et du missile balistique M5) et Kourou (coulĂ©e des blocs de propergol solide des lanceurs Ariane).
  • Airbus Space Systems (autrefois Astrium) est un groupe europĂ©en qui dispose en France de deux sites. L'Ă©tablissement de Toulouse (environ 2 000 personnes) construit des satellites de tĂ©lĂ©communications et institutionnels. Un deuxième Ă©tablissement se situe Ă  Elancourt en rĂ©gion parisienne.
  • Thales Alenia Space est un groupe franco-italien. Son Ă©tablissement principal se situe Ă  Cannes (environ 2000 employĂ©s) oĂą sont assemblĂ©s des satellites de tĂ©lĂ©communications et des satellites mĂ©tĂ©orologiques
  • Sodern filiale de ArianeGroup situĂ©e Ă  Limeil-BrĂ©vannes en rĂ©gion parisienne est spĂ©cialisĂ©e dans les instruments de contrĂ´le d'attitude pour satellites (capteurs terrestres et solaires, viseurs d'Ă©toiles et les instruments optiques de pointes

Dans le secteur tertiaire on trouve Ă©galement :

  • Eutelsat un des principaux opĂ©rateurs de satellites de tĂ©lĂ©communications mondiaux dont le siège est Ă  Paris ;
  • Starsem dĂ©tenue Ă  50 % par ArianeGroup et qui commercialise des missions sur des lanceurs russes.

Les organismes de recherche

Les laboratoires de recherche jouent un rôle important dans l'activité spatiale, en particulier dans les programmes scientifiques (exploration du système solaire, recherche sur le climat, observatoires astronomiques spatiaux...) en élaborant à la fois le cahier des charges des missions et l'instrumentation souvent complexe car fortement miniaturisée. Le domaine spatial ne représente généralement qu'une fraction de l'activité de ces laboratoires. Les principaux laboratoires français intervenant dans le domaine spatial sont :

Le domaine spatiale représente une activité plus marginale pour les laboratoires suivants :

Des laboratoires sont également impliqués dans les recherches des technologies spatiales (propulsion, ...) :

La coopération européenne et internationale

La France a une politique de coopération internationale très active dans le domaine spatial. Celle-ci se traduit par sa participation aux projets de l'Agence spatiale européenne dont elle est l'un des principaux contributeurs ainsi qu'à travers les programmes directement mis en œuvre par l'Union européenne (Galileo et GMES) mais également par des partenariats bilatéraux avec les principales nations spatiales. Ce dernier volet se développe dans le cadre d'accords intergouvernementaux ou inter-agences (spatiales). La mise en œuvre des accords bilatéraux est confiée à l'agence spatiale française, le CNES. Les projets portent sur la recherche dans le domaine climatique, de l'environnement terrestre et sur plusieurs applications spatiales (observation de la Terre). La France apporte également son expertise dans le domaine des technologies spatiales[47].

Synthèse principaux projets bilatéraux
Pays Domaine Organisations impliquées Projet Détail participation France Dates Commentaire
Drapeau des États-Unis États-UnisOcéanographieNASA et CNESTOPEX/PoseidonContribution à hauteur de 50 %Mise en orbite : 1992
Jason-1Contribution Ă  hauteur de 50 %Mise en orbite : 2001
NASA NOAA Eumetsat et CNESJason-2Fourniture de la plateforme et assemblage du satelliteMise en orbite : 2008
NOAA Eumetsat et CNESJason-3Fourniture de la plateformeMise en orbite : 2016
NASA et CNESSWOTFourniture de la plateformeMise en orbite : décembre 2022
Exploration de Mars NASA et CNES Mars Science Laboratory Fourniture de l'instrument ChemCam et du chromatographe en phase gazeuse SAM-GC Atterrissage : 2012
MAVEN Fourniture de l'instrument SWEA Insertion en orbite : 2014
InSightFourniture du sismomètre SEISAtterrissage : 2018
Mars 2020 Fourniture de l'instrument SuperCam Atterrissage : 2021
Exploration de Titan NASA et CNES Dragonfly Fourniture du chromatographe en phase gazeuse DraMS-GC[48] Lancement : 2027
Géolocalisation NASA NOAA et CNES Argos Exploitation du système Mise en orbite : 1998
Observation de la Terre NASA et CNES CALIPSO Fourniture de la plateforme et de l'imageur infrarouge Mise en orbite : 2006
Observation du Soleil STEREO Fourniture des instruments SWEA et SWAVES Mise en orbite : 2006
Drapeau de l'Inde IndeObservation de la TerreISRO et CNESMegha-TropiquesMise en orbite : 2011
SARALFourniture de la charge utileMise en orbite : 2013
TRISHNA Fourniture de l'instrument IRT Lancement prévu en 2025
Drapeau de la République populaire de Chine Chine Océanographie CNSA et CNES HY-2A Fourniture de l'instrument DORIS Mise en orbite : 2011
Météorologie marineCFOSATFourniture du principal instrumentMise en orbite : 2011
TĂ©lescope spatial rayons XSpace Variable Objects MonitorFourniture des principaux instrumentsMise en orbite : 2021
Drapeau de l'Italie ItalieSatellites militairesASI et CNESORFEOCoopération autour des satellites Pléiades et COSMO-SkyMedMise en orbite : 2007-2012
Athéna-Fidus et Sicral 2Coopération autour des satellites Athéna-Fidus et Sicral 2Mise en orbite : 2014/2015
Drapeau d’Israël IsraëlObservation de la TerreISA et CNESVénμsFourniture de la caméra superspectrale et du centre de missionMise en orbite : 2017
Drapeau de l'Allemagne AllemagneSuivi des émissions de méthaneDLR et CNESMERLINFourniture de la plateforme et intégrationMise en orbite : 2020
Drapeau de l'Allemagne Allemagne,

Drapeau du Japon Japon

Lanceurs réutilisables DLR JAXA et CNES Callisto Fourniture des moteurs de contrôle d'attitude et du segment sol Premier vol prévu en 2023
Exploration de Ryugu Hayabusa2/Mascot Fourniture du microscope MicrOmega et de plusieurs systèmes Atterrissage : 2018
Exploration de Phobos Martian Moons Exploration Fourniture de l'astromobile Atterrissage prévu en 2026
Drapeau de la Russie Russie Exploration de Phobos Roscosmos et CNES Phobos-Grunt Fourniture des caméras et microscopes et des instruments TDLAS et GC de l'expérience GAP Lancement : 2011
Drapeau de la Suède Suède Aéronomie et astronomie SNSB et CNES Odin Fourniture du spectromètre acousto-optique (SAO) Mise en orbite : 2001
Vol en formation et rendez-vous Prisma Fourniture du sous-système FFRF Mise en orbite : 2010
Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis Exploration de la Lune MBRSC et CNES Mission lunaire des Émirats Fourniture des caméras CASPEX Lancement : 2022

Notes et références

Notes

  1. Le projet continue au ralenti et ne sera définitivement abandonné qu'en 1952.
  2. . L'Armée de l'Air et la Marine nationale qui tentaient en parallèle de mettre au point un missile répondant au même cahier des charges sans rencontrer plus de succès (Masalca pour la Marine et Matra 431 pour l'Air) durent également arrêter leurs développements.
  3. À l'exception du Centre national d'études des télécommunications (CNET) qui a fait réaliser quelques petites fusées-sondes utilisant des propulseurs à poudre (Centaure, Bélier…).
  4. Caractéristiques annoncées par le ministère des Armées Pierre Messmer le 27 juin 1960
  5. Le satellite franco-allemand de télécommunications Symphonie sera lancé par les américains à condition que ses propriétaires renoncent à toute utilisation commerciale, pour ne pas concurrencer INTELSAT, organisation internationale à l'époque étroitement contrôlé par les intérêts américains.

Références

  1. « Le CNES en bref »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  2. Extrait du rapport d'activité 2012 du CNES.
  3. rapport Cabal et Revol 2007' page 9
  4. Olivier Huwart p. 92
  5. Olivier Huwart p. 76-81
  6. Olivier Huwart p. 103-106
  7. Olivier Huwart p.109-116
  8. Voir Karl Thorn dans CASPWiki
  9. Olivier Huwart p. 116-123
  10. Olivier Huwart, p. 125
  11. Olivier Huwart p. 133
  12. Olivier Huwart p.134-142
  13. Olivier Huwart p.144-145
  14. Olivier Huwart p. 146
  15. Olivier Huwart p. 147
  16. Olivier Huwart p. 150-152
  17. France Durand - de Jongh 1998, p. 37
  18. Olivier Huwart p. 155
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Bibliographie

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Participation au programme européen
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    Histoire de l'agence spatiale européenne de 1958 à 1973
  • (en) J. Krige et A. Russo avec des contributions de M. De Maria et L. Sebesta, A History of the European Space Agency, 1958 – 1987 : Vol. 2 - The story of ESA, 1973 to 1987 (Monographie), Noordwijk, ESA Publications Division (no SP1235), , 703 p. (ISBN 92-9092-536-1, lire en ligne)
    Histoire de l'agence spatiale européenne de 1973 à 1987
  • HervĂ© Moulin, « La France dans l’Espace 1959-1979 Contribution Ă  l'effort spatial europĂ©en », sur Agence spatiale europĂ©enne, (consultĂ© le )
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Rapports du gouvernement et des assemblées sur la politique spatiale française

Voir aussi

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