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ADM-Aeolus

ADM-Aeolus (abréviation de Atmospheric Dynamics Mission + Éole, dieu du vent, en latin) est un satellite d'observation de la dynamique de l'atmosphère terrestre mis en œuvre par l'Agence spatiale européenne. Le satellite a été placé en orbite le et sa mission s'est achevée le 30 avril 2023. ADM-Aeolus a été sélectionnée en 1999 comme une des deux missions phares du programme Living Planet. La mission a permis de valider une technique expérimentale (lidar ultraviolet) pour mesurer les vents en altitude. Aussi l'Agence spatiale européenne a décidé fin 2022 de développer un successeur baptisé Aeolus-2.

Description de cette image, également commentée ci-après
Maquette du satellite ADM Aeolus
Données générales
Organisation Drapeau de l’Union européenne ESA
Constructeur Drapeau de l’Union européenne Airbus DS
Programme Living Planet
Domaine Météorologie : mesure du vent
Statut mission achevée
Lancement 22 août 2018
Lanceur Vega
Fin de mission 30 avril 2023
Durée de vie 3 ans
Identifiant COSPAR 2018-066
Site
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 1 366 kg
Masse instruments 450 kg
Ergols hydrazine
Masse ergols 266 kg
Contrôle d'attitude stabilisé 3 axes
Source d'Ă©nergie panneaux solaires
Puissance Ă©lectrique 2400 watts (en crĂŞte)
Principaux instruments
ALADIN Lidar ultraviolet

ADM-Aeolus, qui circulait sur une orbite hĂ©liosynchrone Ă  320 km d'altitude, a fourni des profils du vent entre le sol et 30 km d'altitude. Ceux-ci sont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour amĂ©liorer les modèles de prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques qui, dans ce domaine, disposent d'informations très parcellaires en particulier pour les vents en altitude. Les mĂ©tĂ©orologistes attendaient que ces donnĂ©es permettent une amĂ©lioration des prĂ©visions moyen terme atteignant 15 % aux latitudes tropicales.

Pour collecter ces données, le satellite de 1,4 tonnes embarque un lidar utilisant un laser ultraviolet, baptisé Aladin, qui mesure par effet Doppler le déplacement des particules et des molécules dans les différentes strates de l'atmosphère. La technique de mesure utilisée, qui a nécessité une très longue phase de mise au point, constitue une première. Elle a été validée dans le cadre de cette mission.

Contexte

Le vent est, avec la température, la pression et l'humidité, une des variables qui décrit l'état de l'atmosphère. Pour effectuer des prévisions météorologiques à court et long terme, il est nécessaire de disposer d'observations sur la direction et la force de celui-ci. La mesure du vent est effectuée aujourd'hui par des stations terrestres mais l'information n'est généralement disponible que pour une partie de l'hémisphère nord dans les zones situées au nord des Tropiques. Seule une observation depuis l'espace permettrait d'obtenir une couverture suffisante.

Dans cette optique, plusieurs techniques de mesure des profils de vent ont été évaluées. Les chercheurs ont conclu que seul un système optique de type lidar permettrait d'obtenir l'information recherchée avec une précision suffisante. L'application de cette technique à la mesure du vent a été étudiée pour la première fois par la NASA dans les années 1980 puis par la suite par différentes agences européennes. Néanmoins l'obtention de données exploitables par cette technique est considérée à cette époque comme extrêmement difficile et ce n'est que dans la deuxième moitié des années 1990 qu'une mission spatiale destinée à valider ce procédé commence à être envisagée par l'Agence spatiale européenne.

DĂ©veloppement du projet

L'instrument Aladin a été embarqué pour des campagnes de test à bord d'avions de l'agence spatiale allemande et américaine.

En 1999 ADM[Note 1], rebaptisĂ©e par la suite Aeolus[Note 2] , mettant en Ĺ“uvre cette nouvelle technologie, est sĂ©lectionnĂ©e par l'Agence spatiale europĂ©enne comme une des deux premières missions pivot de son nouveau programme Living Planet. Celui-ci regroupe les missions destinĂ©es Ă  l'observation de la Terre depuis l'espace. Au sein de ce programme ADM-Aeolus est classĂ©e comme mission scientifique (Earth Observer) par opposition aux missions plus opĂ©rationnelles (Earth Watch) qui comprennent principalement les satellites Sentinel. Ă€ l'Ă©poque il est prĂ©vu que le satellite soit placĂ© en orbite en [1]. Les premiers travaux destinĂ©s Ă  vĂ©rifier la faisabilitĂ© de la technique très innovante utilisĂ©e pour mesurer la vitesse du vent (lidar ultraviolet) remontent en fait aux annĂ©es 1980[2]. En 2003, la construction du satellite est confiĂ©e Ă  EADS Astrium Satellites, devenu en 2013 Airbus DS. L'Ă©tablissement anglais assemble le satellite tandis que l'Ă©tablissement de Toulouse a la responsabilitĂ© du dĂ©veloppement de l'unique instrument embarquĂ© Aladin. La sociĂ©tĂ© italienne Galileo Avionica est Ă  la tĂŞte du consortium produisant le laser ultraviolet utilisĂ© par Aladin[3]. Le satellite envisagĂ© en 2000 avait une masse de 785 kg, un tĂ©lescope de 1,10 mètre de diamètre et des panneaux solaires fournissant 725 watts. Ces chiffres sont rĂ©visĂ©s, car du fait de son orbite basse, le satellite subit une trainĂ©e gĂ©nĂ©rĂ©e par l'atmosphère rĂ©siduelle qui doit ĂŞtre rĂ©gulièrement compensĂ©e par les moteurs. Il faut doubler la quantitĂ© d'ergols emportĂ©e par rapport Ă  la version de dĂ©part. Par ailleurs le nombre de photons renvoyĂ©s par l'atmosphère impose Ă  la fois une augmentation de puissance du laser et donc de la surface des panneaux solaires produisant l'Ă©nergie nĂ©cessaire et de la taille du tĂ©lescope dont le diamètre est portĂ© Ă  1,5 mètre. La forme du baffle qui protège le tĂ©lescope est revue pour rĂ©duire la trainĂ©e. L'ensemble de ces modifications porte la masse du satellite Ă  1 400 kg[4].

La mise au point de l'instrument Aladin, qui repose sur une technique jamais mise en Ĺ“uvre de manière opĂ©rationnelle en orbite, bute sur de nombreux problèmes. Un des obstacles Ă  la mise au point de l'instrument Ă©tait qu'initialement les technologies autour du laser ultraviolet Ă©taient couvertes par le secret dĂ©fense car utilisĂ©es pour le dĂ©veloppement des bombes atomiques. Il a fallu d'abord trouver des diodes gĂ©nĂ©rant le faisceau laser ultraviolet dont la durĂ©e de vie soit compatible avec les objectifs Ă  la mission (mesures effectuĂ©es sur une pĂ©riode de 36 mois). Mais une fois ces diodes disponibles des tests rĂ©alisĂ©s en simulant le vide spatial ont mis en Ă©vidence que les Ă©lĂ©ments optiques traversĂ©s par le rayon laser se dĂ©gradaient progressivement. Le faisceau laser Ă  haute Ă©nergie soumet l'optique Ă  des tempĂ©ratures très Ă©levĂ©es (1 700 °C) qui, en l'absence d'atmosphère, obscurcissent progressivement leur surface. Il a fallu dĂ©velopper de nouveaux types de revĂŞtement pour protĂ©ger les optiques. Une percĂ©e dĂ©cisive a Ă©tĂ© effectuĂ©e en ajoutant un système injectant en permanence une faible quantitĂ© d'oxygène Ă  une pression très rĂ©duite de 40 pascals. Ce gaz, en oxydant les contaminants produits Ă  la surface des optiques, permet de les Ă©liminer. Pour rĂ©pondre aux besoins sur toute la durĂ©e de la mission le satellite emporte 15 kilogrammes d'oxygène[5]. Pour valider les principes de fonctionnement mis en Ĺ“uvre, un instrument de conception similaire Ă  Aladin mais de taille plus rĂ©duite baptisĂ© A2D (ALADIN Airborne Demonstrator) est installĂ© Ă  bord d'un avion Ă  rĂ©action Falcon 20E de l'agence spatiale allemande, la DLR, et effectue plusieurs campagnes d'observation entre 2007 et 2010[6].

Les problèmes rencontrés dans la mise au point de l'instrument Aladin entrainent un décalage de plus de 10 ans de la date de lancement du satellite[7]. Le coût du projet qui avait été estimé à 200 millions euros en 2003 (dont 180 millions € pour le seul satellite) atteindra finalement 500 millions € en fin de mission selon un rapport de l'agence spatiale[2] - [8]. Le lanceur léger européen Vega est retenu en 2016 pour mettre en orbite le satellite fin 2017[9]. Le , ADM-Aelus arrive au Centre spatial de Liège (Belgique) pour une série de tests afin de qualifier l'instrument principal Aladin. Des tests sous vide sont effectués pendant 50 jours, du au [10].

DĂ©roulement de la mission

Généralement les satellites sont transportés à Kourou, pour leur lancement, par avion. Mais la pressurisation rapide lors de la descente en altitude d'un aéronef présentait un risque pour l'instrument Aladin car elle entraine l'ingestion de polluants et de poussières. Aussi le satellite est convoyé jusqu'en Guyane par un navire roulier spécialement affrété, le Ciudad de Cadiz[11]. Ce navire est utilisé habituellement par son propriétaire, le constructeur aérospatial Airbus, pour convoyer les principales pièces d'avion entre ses différents établissements européens[12]. La campagne de lancement débute en . Le un lanceur européen léger Vega, dont ADM-Aeolus constitue la seule charge utile, décolle depuis la base de lancement de Kourou à 21 h 20 min temps universel[13]. Le satellite est placé sur une orbite héliosynchrone à une altitude moyenne de 320 km avec une inclinaison orbitale de 97,06°. Sur cette orbite le satellite franchit la ligne des nœuds à 6 heures de l'après midi (heure solaire), soit une orbite crépusculaire. La période orbitale est de 90 minutes et le satellite repasse sur sa trace précédente avec une périodicité de 7 jours.

Le satellite ayant pratiquement épuisé les ergols utilisés pour maintenir son orbite et devant faire face à une recrudescence de l'activité solaire (qui entraine une expansion de l'atmosphère et une réduction accélérée de la vitesse orbitale du satellite), l'agence spatiale européenne décide de mettre fin à la mission le 20 avril 2023 soit 4 ans après son lancement. Compte tenu de la faible altitude de l'orbite du satellite, la rentrée atmosphérique devrait intervenir rapidement. Il est prévu que celle-ci soit contrôlé c'est à dire que la zone d'impact des débris du satellite à la surface de la Terre soit choisi de manière à limiter les risques[6].

Objectifs

L'objectif principal de la mission ADM-Aeolus est de valider le recours à un lidar pour mesurer les profils de vent depuis l'espace. L'objectif secondaire est de fournir des données exploitables permettant d'améliorer les modèles climatiques. La compréhension de l'évolution des vents sur une période de quelques jours contribue en effet à améliorer les connaissances sur la dynamique de l'atmosphère et les processus globaux de transport ainsi que les cycles de l'énergie, de l'eau, des aérosols et des produits chimiques. La mission contribue ainsi à la réalisation de certains objectifs du programme Système mondial d’observation du climat en particulier l'étude du budget énergétique global de la Terre et de la circulation atmosphérique globale[14].

ADM-Aeolus doit fournir le profil des vents (direction et vitesse) entre le sol (ou le sommet des nuages Ă©pais) et 30 km d'altitude. Les modèles de prĂ©vision mĂ©tĂ©orologique Ă  moyen terme utilisent jusque lĂ  pour mesurer le vent un ensemble hĂ©tĂ©roclite de capteurs : anĂ©momètres au sol, ballons sondes, profileurs de vent, instruments embarquĂ©s sur des satellites dĂ©duisant la vitesse et la direction du vent Ă  la surface des ocĂ©ans Ă  partir de l'analyse de la forme des vagues (diffusomètre radar), mesures des avions de ligne transmises aux services mĂ©tĂ©orologiques (AMDAR). Mais ces mesures n'assurent qu'une couverture partielle des vents de surface et sont encore plus lacunaires pour le vent en altitude. En fournissant une vue Ă©tendue Ă  la planète entière des vents dans la rĂ©gion de l'atmosphère terrestre allant de la surface Ă  la stratosphère en passant par la troposphère (de 0 Ă  30 km), une amĂ©lioration sensible des prĂ©visions est attendue. Elle est estimĂ©e Ă  15 % pour les latitudes tropicales et Ă  2-4 % pour les latitudes plus septentrionales[5].

Performances attendues

Dans les modèles météorologiques, la composante verticale du vent n'est généralement pas prise en compte. L'impact est limité car sa valeur est en moyenne d'un ordre de grandeur inférieure à la vitesse horizontale bien qu'elle puisse excéder la vitesse horizontale dans de petites régions fortement perturbées ou en présence de nuages convectifs. Mais de toute façon la taille de ces zones est trop faible pour être prise en compte dans les modèles qui reposent sur un maillage peu serré (200 km) de la surface du globe. Le vecteur vitesse du vent est intégré dans les modèles en le décomposant en sa composante horizontale nord sud et sa composante horizontale est-ouest. La mesure de ces deux composantes ayant été jugé trop couteuse, Aladin ne fournit que la valeur de la composante est-ouest perpendiculaire au sens de son déplacement. Il a été démontré que la perte de précision associée pourrait être en partie compensée par une meilleure couverture[15]. Il est estimé que la connaissance de la composante est ouest fournit 75 à 80 % de l'information sur le vecteur du vent[8].

Pour rĂ©pondre aux objectifs des modèles, il faudrait pouvoir disposer de mesures couvrant l'ensemble du globe toutes les 12 heures. Le maillage des modèles est de 200 x 200 km ce qui impose d'effectuer 13000 mesures distinctes en 12 heures. Un seul satellite ne permet pas d'obtenir une telle couverture. Des Ă©tudes ont toutefois dĂ©montrer qu'avec 100 mesures par heure convenablement rĂ©parties un gain notable dans les rĂ©sultats fourni par les modèles Ă©tait possible. Aeolus boucle 6 orbites en 12 heures qui lui font traverser l'ensemble des longitudes (avec de grandes lacunes entre chaque trace au sol : les relevĂ©s sont Ă©cartĂ©s de 250 km Ă  la latitude de Bordeaux.) et permet d'effectuer au minimum ces 100 mesures[16].

La prĂ©cision visĂ©e pour la vitesse est de 1 m/s jusqu'Ă  une altitude de km et de 2 m/s entre 2 et 16 km d'altitude. Le lidar fonctionne durant 7 secondes par pĂ©riode de 28 secondes et fournit un profil des vents Ă  l'issue de chaque pĂ©riode. Compte tenu de la vitesse du satellite, le profil obtenu couvre une fauchĂ©e de 50 km de large, puis le satellite se dĂ©place de 150 km avant d'obtenir un nouveau profil des vents. la mesure peut s'Ă©tager en altitude par pas de 250 mètres avec une limite maximum de 24 mesures par voie (Raleigh/Mie)[17].

Maquette du satellite.

Caractéristiques techniques du satellite

ADM-Aeolus est un satellite de 1 366 kg s'inscrivant dans un parallĂ©lĂ©pipède de 4,6 Ă— 1,9 Ă— m. La plateforme a une masse de 650 kg, la charge utile pèse 450 kg et le satellite emporte 266 kg d'ergols pour les manĹ“uvres orbitales. L'Ă©nergie est fournie par des panneaux solaires fixes d'une superficie de 13,4 m2 utilisant des cellules photovoltaĂŻques d'arsĂ©niure de gallium fournissant jusqu'Ă  2,4 kW d'Ă©nergie (1,4 kW en moyenne). Pour continuer Ă  fonctionner durant les Ă©clipses, l'Ă©nergie est stockĂ©e dans des batteries lithium-ion d'une capacitĂ© de 84 Ah. Les donnĂ©es recueillies sont transmises au sol en bande X avec un dĂ©bit de 5 mĂ©gabits par seconde. La mĂ©moire de masse d'une capacitĂ© de 4 gigabits permet de stocker les donnĂ©es recueillies sur une durĂ©e de 72 heures. L'efficacitĂ© et la prĂ©cision du système de contrĂ´le d'attitude jouent un rĂ´le important dans la qualitĂ© des donnĂ©es recueillies. Le satellite utilise un rĂ©cepteur GPS qui permet d'estimer l'orbite suivie avec une prĂ©cision supĂ©rieure Ă  10 m, un viseur d'Ă©toiles AST disposant d'une prĂ©cision de 13 ÎĽrad et une centrale Ă  inertie utilisant un gyroscope Ă  fibre optique. L'orientation du satellite est corrigĂ©e Ă  l'aide de quatre roues de rĂ©action et de magnĂ©to-coupleurs qui permettent de les dĂ©saturer. Pour les corrections d'orbite, le satellite dispose de 4 petits moteurs-fusĂ©es de 5 newtons de poussĂ©e brĂ»lant de l'hydrazine. Lorsque le satellite est en mode survie et immĂ©diatement après le lancement, le système de contrĂ´le d'attitude utilise un senseur Soleil/Terre, un système de mesure de vitesse de rotation et un magnĂ©tomètre[18] - [19].

Instrument Aladin

Pour remplir sa mission le satellite ADM-Aeolus emporte un instrument unique baptisé Aladin (Atmospheric LAser Doppler INstrument). Aladin est un Lidar-Doppler émettant un faisceau de photons dans l'ultraviolet. D'autres lidars ont déjà été envoyés dans l'espace, comme CALIOP à bord du satellite franco-américain Calipso. Ce lidar fonctionne dans le visible (532nm) et l'infrarouge (1064nm) et en raison de ses longueurs d'onde ne se réfléchit que sur les grosses particules (aérosols ou micro-gouttelettes d’eau). Ce type de laser est donc inopérant là où l’atmosphère est limpide. Grâce à sa lumière ultraviolet (donc de longueur d'onde plus courte que celle de l'infrarouge), l'instrument Aladin peut mesurer la vitesse du vent même par temps clair contrairement à ses prédécesseurs[6].

Aladin comprend un système Ă©mettant un faisceau lumineux et un système de collecte et d'analyse de la lumière rĂ©flĂ©chie. L'Ă©metteur est un laser de forte puissance qui gĂ©nère des impulsions lumineuses dans l'ultraviolet proche (355 nm) de très courte durĂ©e (quelques milliardièmes de seconde) et très intenses en direction de l'atmosphère terrestre. Sur les milliards de photons produits, seule une centaine d'entre eux est rĂ©flĂ©chie par les molĂ©cules d'air (diffusion de Rayleigh), les gouttelettes d'eau des nuages et les aĂ©rosols (diffusion de Mie) en suspension dans l'air. La seconde partie de l'instrument Aladin comprend un tĂ©lescope de type Cassegrain dotĂ© d'un miroir primaire de 1,5 m avec un baffle cylindrique destinĂ© Ă  Ă©carter les interfĂ©rences lumineuses. Le tĂ©lescope collecte les photons renvoyĂ©s par l'atmosphère et les envoie vers deux capteurs très sensibles qui analysent cette lumière rĂ©flĂ©chie. Celle-ci a subi un lĂ©ger dĂ©calage dans le spectre Ă©lectromagnĂ©tique par effet Doppler produit par la vitesse de dĂ©placement des particules et molĂ©cules ayant rĂ©flĂ©chi cette lumière analysĂ©e et qui sont transportĂ©es par le vent. Ainsi plus la vitesse du vent est Ă©levĂ©e, plus les molĂ©cules d'air, les gouttelettes d'eau et les particules d'aĂ©rosols ont une vitesse de mouvement Ă©galement Ă©levĂ©e, et plus le dĂ©calage spectral de la lumière rĂ©flĂ©chie est alors prononcĂ©[6].

Le signal retournĂ© par les molĂ©cules est beaucoup plus faible que celui renvoyĂ© par les particules d'eau et les aĂ©rosols, et nĂ©cessite donc un rayon de forte puissance. Aladin doit mesurer les deux types de rĂ©flexion car ces donnĂ©es sont complĂ©mentaires : dans un ciel dĂ©gagĂ© et au-dessus d'une altitude de km seules les molĂ©cules d'air sont susceptibles de rĂ©flĂ©chir le rayonnement lumineux. Pour analyser les deux catĂ©gories de rayonnement rĂ©flĂ©chi, Aladin dispose de deux types de capteurs : un interfĂ©romètre de Fizeau pour les photons renvoyĂ©s par les aĂ©rosols et grosses particules et un interfĂ©romètre de Fabry-Perot pour ceux rĂ©flĂ©chis par les molĂ©cules. La ligne de visĂ©e du laser orthogonale par rapport au sens de dĂ©placement fait un angle de 35° avec la verticale pour rĂ©duire la part de l'effet Doppler liĂ©e au mouvement propre du satellite (~7 km/s)[20]. Le lidar utilise un laser Nd-YAG fournissant des impulsions lumineuses d'une Ă©nergie de 120 mJ avec une frĂ©quence de 100 Hz. La longueur d'onde 355 nm a Ă©tĂ© retenue pour obtenir une rĂ©flexion suffisante par les molĂ©cules de l'atmosphère. La vitesse des vents est dĂ©terminĂ©e avec une prĂ©cision de 1 Ă  2 mètres par seconde en fonction de l’altitude[6].

Segment terrestre

Les données scientifiques sont collectées par les stations de réception de Svalbard (Norvège) et Troll (Antarctique) tandis que les données télémétriques sont recueillies par celle de Kiruna (Suède). La phase opérationnelle de la mission doit durer au moins 36 mois. Comme pour tous les satellites de l'Agence spatiale européenne, le centre de contrôle chargé de la surveillance du satellite et des corrections orbitales, est l'ESOC situé à Darmstadt (Allemagne). Les données recueillies sont traitées par la station de réception de Tromsø (Norvège) et gérées par le centre ESRIN de l'ESA à Frascati (Italie) avant d'être exploitées par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme situé à Reading au Royaume-Uni[21].

RĂ©sultats

Au cours de sa phase opérationnelle le satellite, bien qu'expérimental, a eu un impact majeur sur la qualité des prévisions météorologiques et l'amélioration des modèles climatiques. Opérationnel seulement trois mois après son lancement, ses données ont été presque immédiatement été intégrées dans les modèles informatiques utilisés pour les prévisions météorologiques par les différentes organisations : Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, Météo-France, Met Office (Royaume-Uni), Deutscher Wetterdienst (Allemagne) et National Centre for Medium Range Weather Forecasting (Inde). Il a joué un rôle précieux en mettant à disposition des données rarement fournies par les systèmes de collecte traditionnels. Durant l'épisode du Covid il a permis de combler en partie le déficit de données qui a suivi l'immobilisation d'une partie de la flotte aérienne commerciale. Fin 2022 l'Agence spatiale européenne a publié un rapport indiquant que le satellite a généré un bénéfice économique de 3,4 milliards €[2].

Le successeur : Aeolus-2

Compte tenu du succès rencontré par la mission et la forte valeur ajoutée des données collectées, l'Agence spatiale européenne a décidé fin 2022 de donné un successeur à la mission ADM-Aeolus[22]. Alors que cette mission était un démonstrateur technologique, Aeolus-2 sera une mission pleinement opérationnelle bénéficiant d'une durée de vie allongée à 5 ou 7 ans et fournissant des données plus fiables (moins d'erreurs de mesure de la vitesse du vent) avec une meilleure résolution. Plusieurs satellites seront lancés pour disposer de mesures en continu[23].

Source bibliographique

Notes et références

Notes

  1. abréviation de Atmospheric Dynamics Mission c'est à dire Mission de dynamique atmosphérique
  2. en latin Éole, dieu du vent des romains)

Références

  1. Rapport scientifique de l'ESA, p. 1-3 op. cit.
  2. (en) Andrew Parsonson, « So long Aeolus, and thanks for all the wind data A pioneering mission comes to an end »,
  3. (en) « ESA awards contract to EADS_Astrium (UK) to build Aelous the first satellite to measure the Earth's wind from space. », sur esa.int, (consulté le )
  4. Gilles Labruyère, « aeolus history – histoire d’aeolus », sur Blog Aeolus,
  5. (en) Jonathan Amos, « Aeolus: Wind satellite weathers technical storm », sur BBC.com,
  6. (en) « ADM-Aeolus », sur EO Portal, Agence spatiale européenne (consulté le )
  7. « Préparation de la mission ADM-AEOLUS », sur CNES (consulté le )
  8. (en) Stephen Clark, « First-of-its-kind satellite to measure global winds finally ready for liftoff », sur spaceflightnow,
  9. (en) « Vega to launch ESA's wind mission », sur esa.int, (consulté le )
  10. « Grand succès pour les tests du satellite Aeolus au CSL », sur csl.uliege.be, (consulté le )
  11. Gilles Labruyère, « Blog AEOLUS - aeolus embarque – aeolus boards », sur blog Aeolus,
  12. Vincent Groizeleau, « Ciudad de Cadiz : « M51 on board », sur Mer et Marine,
  13. « Lancement VV12 : VEGA – AEOLUS », sur arianespace.com, (consulté le )
  14. ADM-Aeolus Mission Requirements Document, p. 18
  15. ADM-Aeolus Mission Requirements Document, p. 22-23
  16. ADM-Aeolus Mission Requirements Document, p. 26-27
  17. (en) « Aeolus scientific objectives », sur ESA (consulté le )
  18. Rapport scientifique de l'ESA, p. 67-73 op. cit.
  19. « AEOLUS », sur EADS (consulté le )
  20. Rapport scientifique de l'ESA, p. 3-5 op. cit.
  21. (en) « AEOLUS ESA's WIND MISSION - FACT SHEET », sur esamultimedia.esa.int, (consulté le )
  22. (en) « Ministers back ESA’s bold ambitions for space with record 17% rise », sur Agence spatiale européenne,
  23. (en) « Aeolus - Monitoring winds at new heights with Aeolus », sur Airbus (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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