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Effet Doppler

L'effet Doppler, ou effet Doppler-Fizeau, est le dĂ©calage de frĂ©quence d’une onde (mĂ©canique, acoustique, Ă©lectromagnĂ©tique ou d'une autre nature) observĂ© entre les mesures Ă  l'Ă©mission et Ă  la rĂ©ception, lorsque la distance entre l'Ă©metteur et le rĂ©cepteur varie au cours du temps. Si on dĂ©signe de façon gĂ©nĂ©rale ce phĂ©nomĂšne physique sous le nom d'effet Doppler, le nom d'« effet Doppler-Fizeau » est rĂ©servĂ© aux ondes Ă©lectromagnĂ©tiques.

Effet Doppler d'une source sonore en mouvement

Histoire

L'effet Doppler est un effet cinĂ©matiquechap. 3,_sect._3.2,_§ 3.2.1_1-0">[1] dont l'Ă©ponymecol. 2_2-0">[2] est le mathĂ©maticien et physicien autrichien Christian Doppler (-) qui l'a prĂ©dit en , tant pour les ondes sonores que pour la lumiĂšre, sur la base de la propagation dans l'Ă©therchap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-0">[3] - [4] - [N 1]. Doppler donne l'exemple des Ă©toiles doubles, oĂč l'effet pourrait ĂȘtre observĂ© du fait du mouvement de chaque Ă©toile autour du centre de massechap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-1">[3]. DĂšs , le mĂ©tĂ©orologue nĂ©erlandais Christoph Buys Ballot (-) vĂ©rifie expĂ©rimentalement l'effet pour les ondes sonorescol. 1''s.v.''_Doppler_(effet)_7-0">[6] - [7] - [N 2]. L'effet est Ă©galement prĂ©dit en , et de maniĂšre indĂ©pendante, par Hippolyte Fizeau (-)chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-2">[3] - [9]. L'effet est observĂ© pour la premiĂšre fois en , sur des Ă©toiles, par William Huggins (-)chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-3">[3] - [10] - [N 3]. Il est observĂ© pour la premiĂšre fois, en laboratoire, en chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-4">[3]. En , Albert Einstein (-) prĂ©dit l'effet Doppler relativistechap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-5">[3] - [12]. En , Einstein suggĂšre de le rechercher dans les raies atomiqueschap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-6">[3] - [13]. En , Herbert E. Ives (-) rĂ©alise, avec George R. Stilwell, l'expĂ©riencechap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique_3-7">[3] - [14] mettant en Ă©vidence, pour la premiĂšre fois, tant l'effet Doppler transversechap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.2_18-0">[15] que la dilatation du tempschap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.2,_remarque_19-0">[16].

L'effet Doppler

L'effet Doppler se manifeste par exemple pour les ondes sonores dans la perception de la hauteur du son d’un moteur de voiture, ou de la sirĂšne d’un vĂ©hicule d’urgence. Le son est diffĂ©rent selon que l’on se trouve Ă  l'intĂ©rieur du vĂ©hicule (l’émetteur Ă©tant immobile par rapport au rĂ©cepteur), ou que le vĂ©hicule se rapproche du rĂ©cepteur (le son Ă©tant alors plus aigu) ou s’en Ă©loigne (le son Ă©tant plus grave). Il faut cependant remarquer que la variation de la hauteur du son dans cet exemple est due Ă  la position de l'observateur par rapport Ă  la trajectoire du mobile. En effet, la vitesse du mobile perçue par l'observateur varie suivant l'angle formĂ© par sa ligne de visĂ©e vers le mobile et la trajectoire de celui-ci. On a : . Il n'y a pas de modulation si l'observateur est exactement sur la trajectoire et va Ă  la mĂȘme vitesse et dans le mĂȘme sens que l'Ă©metteur.

Cet effet est utilisĂ© pour mesurer une vitesse, par exemple celle d’une voiture, ou bien celle du sang lorsqu’on rĂ©alise des examens mĂ©dicaux, notamment les Ă©chographies en obstĂ©trique ou en cardiologie. Il revĂȘt une grande importance en astronomie car il permet de dĂ©terminer directement la vitesse d’approche ou d’éloignement des objets cĂ©lestes (Ă©toiles, galaxies, nuages de gaz, etc.). Toutefois, le dĂ©calage vers le rouge cosmologique, qui traduit la fuite apparente des galaxies et constitue une preuve de l’expansion de l’espace, est d’une autre nature : il n’est pas justifiable par un effet Doppler car il est dĂ» (de façon imagĂ©e) Ă  un Ă©tirement de l’espace produisant lui-mĂȘme un Ă©tirement des longueurs d’onde (la longueur d’onde d’un rayonnement suivant fidĂšlement la taille de l’Univers).

Effet Doppler-Fizeau

Explication physique

Imaginons le cas d'une personne sur une plage, debout dans l’eau, au bord du rivage. Des vagues arrivent Ă  ses pieds toutes les dix secondes. La personne marche en direction du large : elle va Ă  la rencontre des vagues, celles-ci l’atteignent alors avec une frĂ©quence plus Ă©levĂ©e, par exemple toutes les huit secondes. Lorsque cette personne se met Ă  courir vers le large, les vagues l'atteignent alors toutes les cinq secondes. Lorsque cette personne fait demi-tour, et marche puis court en direction de la plage, les vagues l’atteignent avec une frĂ©quence moins Ă©levĂ©e, par exemple toutes les douze, puis quinze secondes.

La frĂ©quence des vagues ne dĂ©pend pas du mouvement de la personne par rapport Ă  l’eau (elle est notamment indĂ©pendante de la prĂ©sence ou non d’un courant), mais du mouvement de la personne par rapport Ă  l’émetteur des vagues (en l’occurrence un lieu au large oĂč le courant s’oppose au vent).

De maniĂšre inverse, on peut imaginer une source mobile de vagues, par exemple un aĂ©roglisseur dont le jet d’air gĂ©nĂ©rerait des vagues Ă  une frĂ©quence rĂ©guliĂšre. Si l’aĂ©roglisseur se dĂ©place dans une direction, alors les vagues sont plus resserrĂ©es vers l’avant du mouvement et plus espacĂ©es vers l’arriĂšre du mouvement ; sur un lac fermĂ©, les vagues frapperont la berge Ă  des frĂ©quences diffĂ©rentes.

Formulation mathématique

Effet Doppler-Fizeau galiléen

Supposons que l’émetteur et le rĂ©cepteur se dĂ©placent sur une mĂȘme droite. Il y a trois rĂ©fĂ©rentiels galilĂ©ens Ă  considĂ©rer :

  1. Le rĂ©fĂ©rentiel du milieu dans lequel se propage l’onde (par exemple l’atmosphĂšre pour une onde sonore). On note c la cĂ©lĂ©ritĂ© de l’onde dans ce rĂ©fĂ©rentiel (ce n’est pas forcĂ©ment la vitesse de la lumiĂšre).
  2. Le rĂ©fĂ©rentiel liĂ© Ă  l’émetteur (source) : appelons vem la vitesse algĂ©brique de l’émetteur (source) par rapport au rĂ©fĂ©rentiel (1).
  3. Le référentiel lié au récepteur : appelons vrec la vitesse du récepteur par rapport au référentiel (1).

Par convention, les vitesses seront comptĂ©es comme positives suivant la direction et dans le sens de propagation du signal (de l’émetteur vers le rĂ©cepteur). Ainsi une vitesse vem positive et vrec nĂ©gative correspondra Ă  un rapprochement entre source et rĂ©cepteur tandis qu’une vitesse vem nĂ©gative et vrec positive correspondra Ă  un Ă©loignement.

Si ƒem est la frĂ©quence de l’onde dans le rĂ©fĂ©rentiel de la source, alors le rĂ©cepteur va recevoir une onde de frĂ©quence ƒrec

En effet, supposons que la source Ă©mette des bips Ă  une frĂ©quence ƒem et que le mouvement relatif entre Ă©metteur et rĂ©cepteur se fasse selon la droite les joignant. Lorsque le deuxiĂšme bip est produit, le premier bip a parcouru une distance

d0 = c·Tem

dans le rĂ©fĂ©rentiel (1), avec Tem = 1/ƒem. La source s’étant dĂ©placĂ©e de vem·Tem pendant le temps Tem, la distance sĂ©parant deux bips est

d1 = (c - vem)·Tem.

Calculons le temps Trec sĂ©parant la dĂ©tection des deux bips par le rĂ©cepteur. Ce dernier reçoit le premier bip. Au bout de ce temps Trec, il a parcouru la distance vrec·Trec au moment oĂč il reçoit le deuxiĂšme bip. Durant ce laps de temps Trec, le deuxiĂšme bip aura donc parcouru la distance

d2 = d1 + vrec·Trec = c·Trec,

ce qui donne bien :

Si seule la source est mobile par rapport au référentiel (vrec = 0), on a alors :

et si seul le récepteur est mobile par rapport au référentiel (vem = 0), on a :

Dans le cas classique, il y a dissymĂ©trie dans le dĂ©calage frĂ©quentiel selon que l’émetteur ou le rĂ©cepteur est en mouvement (les frĂ©quences reçues diffĂšrent par les termes du second ordre pour une mĂȘme frĂ©quence d’émission). Cette dissymĂ©trie est due Ă  la prĂ©sence du milieu dans lequel se propagent les ondes, elle est justifiĂ©e pour les ondes sonores.

Effet Doppler et invariance galiléenne

On peut vérifier que la formule: résulte directement de l'invariance galiléenne des longueurs (ici la longueur d'onde) qui s'écrit en notant respectivement et la période et la longueur d'onde dans le référentiel du milieu de propagation au repos: .

La longueur d'onde qui est la mĂȘme dans les trois rĂ©fĂ©rentiels ne dĂ©pend que de la vitesse de la source par rapport au rĂ©fĂ©rentiel de rĂ©fĂ©rence: .

Calcul relativiste rapide

Dans le cas d’ondes Ă©lectromagnĂ©tiques dans le vide, la vitesse de l’onde est la vitesse de la lumiĂšre, elle ne dĂ©pend pas du rĂ©fĂ©rentiel. On doit alors traiter le problĂšme dans le cadre de la relativitĂ© restreinte et on s’attend alors Ă  trouver un effet parfaitement symĂ©trique puisqu’on ne peut pas distinguer entre vitesse de l’émetteur et vitesse du rĂ©cepteur, seule comptant la vitesse relative entre les deux.

Cependant dans le cas d’ondes Ă©lectromagnĂ©tiques dans un milieu diĂ©lectrique, la vitesse de l’onde dĂ©pend de la nature du milieu (et notamment de son indice de rĂ©fraction) et du rĂ©fĂ©rentiel (combinaison de la vitesse de l'onde dans le milieu diĂ©lectrique et de la vitesse du milieu diĂ©lectrique dans le rĂ©fĂ©rentiel considĂ©rĂ©) comme le montre l'expĂ©rience de Fizeau. Avant de donner la formule de l’effet Doppler relativiste dans le cas gĂ©nĂ©ral, voici d’abord une dĂ©monstration simplifiĂ©e rapide de la formule relativiste dans le cas oĂč tous les mouvements se font le long d’un mĂȘme axe, celui le long duquel se propage le signal. Le principe du calcul consiste Ă  tenir compte de l’effet de dilatation du temps qui accompagne le passage d’un repĂšre au repos Ă  un repĂšre en mouvement.

Changeons de notation avant de passer Ă  une symĂ©trisation du problĂšme. La vitesse entre l’émetteur et le rĂ©cepteur sera notĂ©e v et sera comptĂ©e comme positive si elle correspond Ă  une vitesse d’éloignement. C’est la convention gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e en astronomie pour la vitesse radiale. Par consĂ©quent si la source se dĂ©place seule, sa vitesse des formules antĂ©rieures est vem=-v et si c’est le rĂ©cepteur qui se dĂ©place seul, sa vitesse est vrec=+v.

  • ConsidĂ©rons d’abord que c’est la source qui se dĂ©place. Si on la calculait par la formule classique prĂ©cĂ©dente, la frĂ©quence du signal Ă  la rĂ©ception serait
avec

Si on tient compte maintenant du facteur de dilatation du temps de la relativité restreinte

qui augmente les durées mesurées par le récepteur fixe, la fréquence observée diminuera par le facteur inverse de sorte que la fréquence frec devient

  • ConsidĂ©rons maintenant que c’est le rĂ©cepteur qui se dĂ©place. Avec la formule galilĂ©enne nous aurions

Comme prĂ©cĂ©demment, il faut tenir compte du facteur relativiste Îł . Ici, c’est le rĂ©cepteur qui est en mouvement et la source qui est fixe. C’est l’expression de qui doit ĂȘtre multipliĂ©e par . Nous obtenons donc la mĂȘme formule que prĂ©cĂ©demment :

qui montre que l’effet Doppler est parfaitement symĂ©trique et ne dĂ©pend que de la vitesse relative entre l’émetteur et le rĂ©cepteur.

Cette symétrie a été exploitée par le physicien Hermann Bondi à des fins pédagogiques, dans sa méthode de calcul par le facteur k (Bondi's k-calculus), graphiquement représentée par le diagramme de Bondi.

L’effet Doppler relativiste combine deux effets, l’effet galilĂ©en et l’effet de ralentissement des horloges. Le premier fait intervenir la vitesse radiale entre source et observateur, le second la valeur de la vitesse totale.

Si l’on considĂšre le cas plus classique d’une onde Ă©lectromagnĂ©tique progressive plane monochromatique se dĂ©plaçant dans R le long des x avec un champ Ă©lectrique selon l’axe des y

et un champ magnétique

et si l’on considĂšre un rĂ©fĂ©rentiel R’ mĂ» d’une vitesse v par rapport Ă  R comme on a :

alors:

et

d’oĂč

On a un nouveau vecteur d’onde et une nouvelle pulsation

Le tenseur de Maxwell permet de trouver les transformations de E0 En l’occurrence

de mĂȘme pour B

La nouvelle onde dans R’

On retrouve la proportionnalitĂ© entre l’augmentation de l’énergie et l’augmentation de la frĂ©quence en intĂ©grant la densitĂ© d’énergie sur un volume c’est-Ă -dire si U’ est l’énergie de l’onde dans R’ et U dans R alors

Effet Doppler-Fizeau relativiste

En relativitĂ© restreinte, un photon est entiĂšrement caractĂ©risĂ© par son quadrivecteur Ă©nergie-impulsion P. Cette quantitĂ© est dĂ©finie indĂ©pendamment de tout systĂšme de coordonnĂ©es mais il est utile lorsqu’on veut faire des mesures ou des calculs algĂ©briques de prĂ©ciser la valeur des composantes de ce quadrivecteur. Si, dans un systĂšme de coordonnĂ©es, la frĂ©quence du photon est et le vecteur unitaire le long du trajet du photon est le vecteur Ă  3 dimensions , le quadrivecteur P est

oĂč h est la constante de Planck.

Effet Doppler

ConsidĂ©rons une Ă©toile dont nous recevons les photons sur Terre. Choisissons un repĂšre terrestre Oxyz tel que l’axe Ox soit orientĂ© le long de la vitesse v de l’étoile. La relativitĂ© restreinte nous apprend alors que les composantes d’un quadrivecteur P dans le repĂšre en mouvement de l’étoile se transforment dans les composantes dans le repĂšre terrestre selon les formules de Lorentz suivantes

avec toujours

et

En utilisant les notations des paragraphes prĂ©cĂ©dents, les frĂ©quences du photon sont dans le repĂšre terrestre et dans le repĂšre de l’étoile Ă©mettrice. Les Ă©quations de Lorentz donnent alors (les composantes du quadrivecteur sont proportionnelles Ă  la frĂ©quence et le facteur commun de proportionnalitĂ© h/c disparaĂźt)

oĂč est l’angle que fait le photon avec l’axe Ox dans le repĂšre de l’étoile. Si la quantitĂ© correspond Ă  la composante radiale de la vitesse relative entre Ă©metteur et rĂ©cepteur dans le repĂšre de l’étoile, c’est-Ă -dire

on peut Ă©crire la formule Doppler relativiste sous la forme

qui redonne les formules présentées ci-dessus quand on prend .

L’effet relativiste est en quelque sorte la combinaison de l’effet Doppler classique dĂ» Ă  la vitesse radiale et du phĂ©nomĂšne de ralentissement des horloges inhĂ©rent Ă  la relativitĂ© restreinte.

Trouvons l’angle que fait le rayon lumineux avec l’axe Ox dans le repĂšre terrestre. La diffĂ©rence entre les directions du photon dans le repĂšre terrestre et le repĂšre de l’étoile constitue le phĂ©nomĂšne d’aberration de la lumiĂšre. D’aprĂšs les Ă©quations de Lorentz Ă©crites ci-dessus, on a :

Ces formules donnent une description relativiste complùte de l’effet Doppler-Fizeau.

Il y a une subtilitĂ© Ă  saisir dans le phĂ©nomĂšne d’aberration. Si le photon se propage radialement dans un repĂšre, il le fera aussi dans l’autre. Autrement dit, si alors . En revanche, si la vitesse est perpendiculaire Ă  la direction du photon dans un repĂšre, elle ne le sera pas en toute rigueur dans l’autre. En effet si alors . Et si alors .

Applications

L’effet Doppler est utilisĂ© dans des domaines oĂč la mesure de la vitesse de dĂ©placement d’un milieu ou d’un mobile est requise. On peut citer les applications suivantes.

Astronomie

L’effet Doppler est particuliĂšrement prĂ©cieux en astronomie car il renseigne Ă  la fois sur le mouvement des astres et sur les mouvements de matiĂšre Ă  l’intĂ©rieur de ces astres.

L’effet Doppler permet de dĂ©terminer directement la vitesse radiale d’une Ă©toile. En effet en Ă©tudiant le spectre d’un astre, on constate que les raies spectrales sont dĂ©calĂ©es en longueur d’onde par rapport aux mĂȘmes raies observĂ©es en laboratoire. Le dĂ©calage d’une raie visible se produit soit vers le rouge, ce qui indique que l’étoile s’éloigne, soit vers le bleu, si elle se rapproche.

La mesure de la vitesse des Ă©toiles ou des nuages de gaz interstellaire a permis de prĂ©ciser les mouvements de matiĂšre Ă  l’intĂ©rieur de la Voie lactĂ©e et d’en dĂ©terminer la structure spirale.

L’effet Doppler explique pourquoi les raies observĂ©es prĂ©sentent une largeur en longueur d’onde supĂ©rieure Ă  la largeur naturelle. En effet, par suite de l’agitation thermique, une moitiĂ© des atomes Ă©mettant la lumiĂšre se dĂ©place vers l’observateur, avec une diminution correspondante de la longueur d’onde et l’autre moitiĂ© s’en Ă©loigne, avec une augmentation de la longueur d’onde. La largeur caractĂ©ristique d’une raie λ 0 est mesurĂ©e par une quantitĂ© appelĂ©e largeur Doppler directement proportionnelle Ă  la vitesse moyenne d’agitation thermique et donnĂ©e par la formule

oĂč k est la constante de Boltzmann et m la masse des atomes considĂ©rĂ©s. La largeur d’une raie est donc une indication de la tempĂ©rature de l’étoile observĂ©e. L’agitation thermique n’est pas la seule cause d’élargissement : des mouvements turbulents sont prĂ©sents dans tous les milieux astrophysiques et contribuent Ă  dĂ©former et Ă©largir les raies.

Radar

Un radar est un appareil qui Ă©met des paquets d’ondes et Ă©coute ensuite le retour des cibles. Si ces cibles se dĂ©placent, un effet Doppler est crĂ©Ă©, ce qui permet d’en dĂ©duire la vitesse radiale de leur dĂ©placement. Le radar peut donc ĂȘtre adaptĂ© pour utiliser ce principe.

  • Radar de contrĂŽle routier : la police et la gendarmerie utilisent des radars pour dĂ©terminer la vitesse des automobiles. Pour cela ils utilisent un radar dont la frĂ©quence est parfaitement connue. La mesure de la frĂ©quence de l’écho donne la vitesse du vĂ©hicule. La technologie moderne permet aujourd’hui d’avoir des radars automatiques et des jumelles laser.
  • Radar mĂ©tĂ©orologique : on utilise non pas la variation de la frĂ©quence par l’effet Doppler dans un radar mĂ©tĂ©orologique, car celle-ci est trop petite, mais plutĂŽt la variation de la phase entre deux impulsions revenant des prĂ©cipitations. Ceci est un effet de second ordre Doppler.
  • Profileur de vents : c’est un radar mĂ©tĂ©orologique pointant verticalement et qui mesure la vitesse de chute et de dĂ©placement horizontal des prĂ©cipitations.
  • Radar de mesure balistique : de nombreuses mesures balistiques sont effectuĂ©es grĂące au radar Doppler. Il permet de mesurer la vitesse du projectile (calibre de mm, Ă©clat par exemple jusqu’au missile), et surtout la mesure du V0 (vitesse initiale du projectile Ă  la sortie de la bouche du canon), la vitesse Ă  l’impact (mise au point de gilet pare-balle, par exemple), la vitesse de rotation du projectile ainsi que sa trajectographie et son coefficient de traĂźnĂ©e. La gamme de mesure de vitesse va de 30 m/s Ă  3 000 m/s, ce qui couvre la majoritĂ© des applications dans le domaine de la balistique. Rappelons que pour effectuer une bonne prise de mesure de vitesse, les coordonnĂ©es x, y et z de positionnement du radar Doppler par rapport Ă  la bouche du canon de l’arme sont rentrĂ©es au mm prĂšs dans le logiciel d’analyse et de traitement des donnĂ©es. Les frĂ©quences d’émission en mode CW (continuous wave) couramment utilisĂ©es sont 10,525 GHz et 35,525 GHz. La distance de mesure est fonction du calibre et de la frĂ©quence d’émission du radar Doppler. La frĂ©quence de 35,525 GHz permet d’obtenir une rĂ©solution 3,5 fois meilleure qu’à la frĂ©quence de 10,525 GHz, mais la distance de mesure est pratiquement 3 fois moins importante.

Lidar

Sur le mĂȘme principe qu’un radar, le lidar utilise un laser pour mesurer le dĂ©placement des particules. Il est utilisĂ© en mĂ©tĂ©orologie comme profileur de vents ou comme anĂ©momĂštres laser (LDV) pour la mesure de vitesses d’écoulement des fluides.

En médecine

En 1958, le doppler continu (qui est un cristal Ă©mettant et recevant en continu des ultrasons) permit l’étude de la circulation sanguine dans les vaisseaux (Rushmer). Le premier doppler pulsĂ© (Ă©mission de l’ultrason en discontinu et fenĂȘtre d’écoute temporelle fixĂ©e, permettant d’analyser la vitesse du sang Ă  une profondeur dĂ©finie) a Ă©tĂ© introduit par Baker en 1970.

  • Le doppler, couplĂ© ou non Ă  un examen Ă©chographique, permet d’analyser la vitesse du sang. On peut ainsi quantifier des dĂ©bits, des fuites ou des rĂ©trĂ©cissements.

En effet, l’échodoppler est utilisĂ© en mĂ©decine pour mesurer la vitesse des hĂ©maties et pour calculer le diamĂštre d’un vaisseau sanguin (aorte
).

  • En cardiologie, on peut analyser la vitesse des parois cardiaques Ă  l’aide du doppler tissulaire, c’est l’imagerie doppler des tissus, ou TDI (tissular dopplar imaging)
Antennes de radiocommunication et le groupe des 4 antennes du radiogoniomĂštre de repĂ©rage d’urgence

Antennes de repérage d'urgence

Le radiogoniomĂštre de repĂ©rage d’urgence Ă  effet Doppler est constituĂ© d’un groupe de 4 antennes (alimentĂ©es Ă©lectroniquement les unes aprĂšs les autres pour dĂ©terminer la direction de la station en difficultĂ©) sur les frĂ©quences : 156,8 MHz Canal 16 et 121,500 MHz.

En France, cet Ă©quipement est obligatoire sur les vedettes d’assistance, de surveillance et de sauvetage[17].

Loch Doppler

Les grands navires utilisent un loch doppler pour mesurer leur vitesse lors d’un accostage.

Le systĂšme de navigation par satellite Transit

Récepteur radio de l'équipement Transit installé à bord des sous-marins nucléaires américains.

L'effet Doppler a Ă©tĂ© utilisĂ© par Transit, le premier systĂšme de positionnement par satellites, mis au point pour la marine de guerre des États-Unis. Celui-ci est dĂ©veloppĂ© par le laboratoire Applied Physics Laboratory de l'universitĂ© Johns-Hopkins en 1958. Il devient opĂ©rationnel en 1964. Il sera remplacĂ© en 1996 par le NAVSTAR (GPS). Le systĂšme Transit repose sur l'exploitation de l'effet Doppler de signaux radio Ă©mis par des satellites de petite taille (une cinquantaine de kilogrammes) circulant sur une orbite polaire et stabilisĂ©s par gradient de gravitĂ©. La constellation de satellites Transit compte quatre satellites dans sa configuration opĂ©rationnelle. Une fois un des satellites en vue, soit en gĂ©nĂ©ral aprĂšs une attente de l'ordre de l'heure, le rĂ©cepteur Transit parvenait Ă  calculer dans un dĂ©lai d'une quinzaine de minutes la position avec une prĂ©cision d'environ 200 mĂštres. Le systĂšme est dĂ©veloppĂ© initialement pour obtenir une frappe prĂ©cise des missiles Polaris embarquĂ©s Ă  bord des sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d'engins amĂ©ricains. DĂšs 1967 son utilisation se gĂ©nĂ©ralise Ă  bord des navires civils amĂ©ricains comme Ă©trangers et une centaine de milliers de rĂ©cepteurs Transit Ă©taient en fonctionnement au dĂ©but des annĂ©es 1990[18].

Autres

Plusieurs appareils utilisent l’effet Doppler dans les laboratoires expĂ©rimentaux de physique[19] et les applications de tĂ©lĂ©dĂ©tection ainsi que dans certains dĂ©tecteurs d’alarme de type bivolumĂ©trique ou double technologie. Mentionnons le vibromĂštre laser pour la mesure de vibrations en mĂ©canique, le sonar et l’interfĂ©romĂštre. L'effet Doppler est aussi utilisĂ© sur certains dĂ©bitmĂštres, pour la mesure de liquide dans une canalisation pleine.

Lors des recherches entreprises pour retrouver les traces du vol MH370 disparu en vol le , les enquĂȘteurs britanniques ont utilisĂ© l'effet Doppler. Car l'un des systĂšmes de l'avion reçoit un signal satellite chaque heure et lui rĂ©pond. Les variations du dĂ©lai de rĂ©ponse Ă  ce signal ont permis de reconstituer la trajectoire de l'avion.

Notes et références

Notes

  1. Dans l'article Sur la lumiÚre colorée des étoiles doubles et de quelques autres astres du ciel[5].
  2. En comparant la note jouĂ©e par un orchestre au repos avec celle entendue lorsque l'orchestre est montĂ© sur un train en mouvementcol. 2''s.v.''_Ballot_(expĂ©rience_de)_9-0">[8].
  3. Avec le décalage vers le rouge de l'étoile Siriuss.v.''_décalage_vers_le_rouge_(1)_13-0">[11].

Références

  1. chap. 3,_sect._3.2,_§ 3.2.1-1" class="mw-reference-text">Tourrenc 1997, chap. 3, sect. 3.2, § 3.2.1, p. 32.
  2. col. 2-2" class="mw-reference-text">Babich et Popov 1995, p. 374, col. 2.
  3. chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.1,_n. historique-3" class="mw-reference-text">Gourgoulhon 2010, chap. 5, sect. 5.4, § 5.4.1, n. historique, p. 155.
  4. Doppler 1843.
  5. Sur la lumiÚre colorée des étoiles doubles
  6. col. 1''s.v.''_Doppler_(effet)-7" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. Doppler (effet), p. 231, col. 1.
  7. Buys Ballot 1845.
  8. col. 2''s.v.''_Ballot_(expĂ©rience_de)-9" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. Ballot (expĂ©rience de), p. 63, col. 2.
  9. Fizeau 1870.
  10. Huggins 1868.
  11. s.v.''_décalage_vers_le_rouge_(1)-13" class="mw-reference-text">Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. décalage vers le rouge (1), p. 188-189.
  12. Einstein 1905.
  13. Einstein 1907.
  14. Ives et Stilwell 1938.
  15. chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.2-18" class="mw-reference-text">Gourgoulhon 2010, chap. 5, sect. 5.4, § 5.4.2, p. 156.
  16. chap. 5,_sect._5.4,_§ 5.4.2,_remarque-19" class="mw-reference-text">Gourgoulhon 2010, chap. 5, sect. 5.4, § 5.4.2, remarque, p. 156-157.
  17. JO 30/01/2007 article 236-1.04
  18. (en) Robert J Danchik, « An Overview of Transit Development », Johns Hopkins APL Technical Digest, Applied Physics Laboratory (universitĂ© Johns-Hopkins), vol. 19, no 1,‎ , p. 18-26 (lire en ligne)
  19. (en) Christophe Daussy et al., « Direct determination of the Boltzmann constant by an optical method », Physical review letters, vol. 98,‎ , p. 250801 (lire en ligne)

Voir aussi

Publications originales

Manuels d'enseignement supérieur

Dictionnaires et encyclopédies

Articles connexes

Liens externes

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