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Vitesse relative

L'expression vitesse relative est communément utilisée, pour exprimer la différence des vitesses de deux mobiles ou la variation dans le temps de la distance entre deux mobiles.
Elle est aussi employée pour exprimer des variations comparées par rapport au temps de quantités autres que des distances : vitesse relative de croissance (du poids, de la taille etc.).
Aussi simple qu'elle puisse apparaĂźtre au premier abord, cette notion, en fonction du contexte oĂč elle est utilisĂ©e, nĂ©cessite des dĂ©finitions prĂ©cises des diffĂ©rents objets concrets (matĂ©riels) ou thĂ©oriques (mathĂ©matiques) qu'elle met en Ɠuvre. De l'automobiliste qui se fait dĂ©passer sur une autoroute par un vĂ©hicule dont il veut estimer la vitesse, jusqu'au scientifique cherchant la mĂ©thode d'accostage de deux engins spatiaux la plus Ă©conomique en Ă©nergie, en passant par le navigateur vĂ©rifiant qu'il n'est pas en route de collision avec un autre navire, on imagine aisĂ©ment que les mĂ©thodes de mesures et de calculs vont ĂȘtre diffĂ©rentes.
L'appréciation des distances, des vitesses de déplacement, la complexité des trajectoires, la précision des mesures et des résultats, dépendent du domaine d'application.

Limites du sujet de l'article sur la vitesse relative

C'est une vitesse s'appliquant aux distances parcourues dans l'espace

Si la vitesse exprime de façon gĂ©nĂ©rale la variation d'une quantitĂ© (autre que le temps, comme la tempĂ©rature, la pression, le poids etc.) par rapport Ă  une durĂ©e (Ă©cart de temps), ce qui suit ne concerne que les domaines de la cinĂ©matique et de la mĂ©canique : mĂ©canique newtonienne ou mĂ©canique relativiste. Par vitesse on entendra donc distance[1] parcourue par unitĂ© de temps. La vitesse relative Ă©tant une vitesse, elle pourra ĂȘtre dĂ©finie, suivant les besoins, par une seule grandeur scalaire (20 km/h, 1 tour par minute) ou par plusieurs grandeurs permettant d'en prĂ©ciser les caractĂ©ristiques, comme la direction et le sens. (Voir dans l'article sur la vitesse : vecteur vitesse, vitesse angulaire, vitesse arĂ©olaire, vitesse instantanĂ©e, vitesse moyenne, vitesse curviligne.)

Relativité

Les exemples qui suivent n'ont pas pour objectif d'expliciter les thĂ©ories de la physique relativiste (relativitĂ© restreinte, relativitĂ© gĂ©nĂ©rale). Cependant l'intĂ©rĂȘt qu'elles prĂ©sentent sera abordĂ©, quand la mĂ©canique classique atteint ses limites de validitĂ© (en cohĂ©rence ou en prĂ©cision).

Vocabulaire

Il pourra s'avérer utile de consulter les articles consacrés à certains termes scientifiques comme référentiel galiléen ou spécifiques à un métier, en particulier pour les exemples concernant la navigation maritime.

Remarques préliminaires sur la notion de vitesse relative

La vitesse relative qualifie l'écart de distance entre deux mobiles par unité de temps, ou bien la vitesse d'un mobile observée depuis un autre mobile. L'expression de vitesse relative est parfois remplacée par d'autres termes équivalents :

  • vitesse apparente, pour le vent apparent en navigation maritime, diffĂ©rent du vent rĂ©el (perçu par un navire Ă  l'arrĂȘt, au mouillage),
  • vitesse indiquĂ©e, vitesse corrigĂ©e, en navigation aĂ©ronautique (voir vitesses (aĂ©rodynamique)), diffĂ©rentes de la vitesse vraie,
  • vitesse d'approche, mais aussi vitesse relative en navigation spatiale, pour les accostages d'engins spatiaux.

Dans tous les cas la vitesse relative est une vitesse observĂ©e dans un rĂ©fĂ©rentiel lui-mĂȘme mobile dans un autre rĂ©fĂ©rentiel (absolu ou pas). La notion de vitesse relative n'a de sens qu'entre deux entitĂ©s animĂ©es d'une vitesse dans un rĂ©fĂ©rentiel qui ne dĂ©pend pas d'elles, mais oĂč elles Ă©voluent.

Remarques préliminaires sur les référentiels

Le référentiel est un systÚme qui permet d'observer et de noter (repérer) les positions successives d'un mobile dans l'espace et dans le temps, ce systÚme étant invariant pendant la durée des observations. Un référentiel comprend donc au moins un axe d'espace (une dimension spatiale) et un axe de temps (une dimension temporelle, a priori indépendante de l'espace) qui permettent à un observateur de situer un objet (fixe ou mobile). En mécanique, les référentiels ont des définitions scientifiquement appropriées. (Voir référentiel galiléen.) Il est remarquable que la définition des référentiels est importante pour établir les formules mathématiques qui permettent de passer d'un référentiel à un autre en conservant les lois de la physique, en fonction de chacune des approches de la physique (Lois de Newton, relativité restreinte, relativité générale, mécanique quantique).
Dans ce qui suit, le mot référentiel servira généralement à désigner un systÚme de coordonnées spatiales (sur une dimension, un plan (2 dimensions), un volume (3 dimensions)) et un chronomÚtre.

DĂ©finitions de la vitesse relative

La vitesse relative d'un mobile M1 par rapport à un mobile M2 est la vitesse de déplacement de M1 observée depuis M2.
Ou bien : la vitesse relative de deux mobiles est la vitesse oĂč ces deux mobiles s'approchent ou s'Ă©loignent l'un de l'autre.
Ou encore : la vitesse relative de deux mobiles est la différence des vitesses de ces mobiles.
Ces définitions précédentes, apparemment simples, de la vitesse relative ne sont pas équivalentes et sous-entendent l'existence de vitesses non relatives, absolues.
Elles ne sont pas non plus rigoureuses, voire fausses, vis-à-vis des principes de la mécanique newtonienne ou de la mécanique relativiste.
Une dĂ©finition plus scientifique pourrait ĂȘtre : la vitesse relative d'un mobile est sa vitesse dans un rĂ©fĂ©rentiel lui-mĂȘme mobile dans un autre rĂ©fĂ©rentiel (ce qui est redondant dans une mĂ©canique considĂ©rant qu'il n'existe pas de repĂšre absolu). La dĂ©finition scientifique est : la vitesse relative d'un mobile est sa vitesse dans un rĂ©fĂ©rentiel. Elle prĂ©sente l'avantage d'ĂȘtre simple et l'inconvĂ©nient de ne pas faire la diffĂ©rence entre une vitesse et une vitesse relative, ce qui clĂŽt prĂ©maturĂ©ment le sujet.
La ou les définitions de la vitesse relative étant maintenant ébauchée(s), il est intéressant de les préciser en appréciant leur usage en quelques exemples.

Exemples concrets d'usage de vitesses relatives dans un environnement courant

Par environnement courant il faut comprendre l'environnement humain quotidien oĂč les rĂ©sultats des calculs sont d'une prĂ©cision suffisante, compte tenu de l'approximation des observations. (MĂ©canique newtonienne.)

Vitesses relatives de véhicules terrestres

Schéma 1 - Croisement d'automobiles

Deux automobiles circulent sur une route à deux voies à des vitesses constantes de 50 km/h et de 60 km/h. Elles roulent dans leur couloir de circulation dans des sens opposés et vont donc se croiser. Que la route soit rectiligne ou sinueuse, qu'elle monte et qu'elle descende, et bien que la terre soit ronde, la figure 1 du schéma 1 est une représentation de leur situation dans un repÚre cartésien dont l'axe principal Ox correspond à la ligne (blanche ou jaune) séparant les deux voies de circulation, l'autre axe, perpendiculaire, permettant de les représenter dans un plan (plan du schéma).
On peut ainsi définir trois référentiels :

  • un rĂ©fĂ©rentiel route, Rr, dont l'axe principal est Ox, oĂč la route suivie est dĂ©veloppĂ©e en ligne droite,
  • un rĂ©fĂ©rentiel auto A1, RA1, dont l'axe principal est O'X, O' correspondant Ă  la position de A1 sur Ox, s'Ă©loignant de O Ă  la vitesse V1
  • un rĂ©fĂ©rentiel (non reprĂ©sentĂ© sur le schĂ©ma) RA2 pour l'auto A2 avec un axe d'origine O" dirigĂ© vers O.

Ces définitions de repÚres étant faites, les deux automobiles étant assimilées aux points mobiles O' et O", on peut calculer les vitesses relatives suivantes :

  • Le vecteur vitesse relative de A2 par rapport Ă  A1, soit la vitesse de A2 dans RA1, est
  • Le vecteur vitesse relative de A1 par rapport Ă  A2 est
  • A1 et A2 s'approchent l'une de l'autre Ă  une vitesse de , soit 50-(-60) = 60-(-50) = 110 km/h.

Les vitesses relatives sont ici, tels que les rĂ©fĂ©rentiels ont Ă©tĂ© dĂ©finis, le rĂ©sultat de la diffĂ©rence des vitesses que l'on qualifiera d'« absolues ». En effet, sur l'axe Ox, O Ă©tant un observateur des mouvements de O' (automobile A1) et de O" (automobile A2), la vitesse relative des deux mobiles est bien aussi la variation dans le temps de la distance curviligne (sur le bitume de la route) qui les sĂ©pare . Cependant, c'est une approximation, les deux mobiles ne suivant pas strictement le mĂȘme parcours, celui-ci ayant dĂ©jĂ  Ă©tĂ© assimilĂ© Ă  celui de la ligne blanche.
Supposons que nous prenions un autre rĂ©fĂ©rentiel, basĂ© sur la carte routiĂšre oĂč les deux autos circulent. Nous pourrions nous retrouver, suivant la sinuositĂ© du parcours, Ă  un instant t, dans la situation de la figure 2 du schĂ©ma 1. Les vitesses relatives pourraient, Ă  l'instant t, faire l'objet des mĂȘmes opĂ©rations de soustraction (ou d'addition) de vecteurs. Mais elles n'auraient aucune utilitĂ©, les vitesses des deux mobiles dans ce rĂ©fĂ©rentiel variant dans le temps en norme et direction. Sans aller jusqu'Ă  un rĂ©fĂ©rentiel sphĂ©rique montagneux, oĂč l'on tenterait de faire la diffĂ©rence de leurs vitesses absolues pour obtenir leurs vitesses relatives !
Par contre, si la figure 2 du schéma 1 représente deux mobiles en mouvement de translation rectiligne uniforme dans le repÚre Ox-Oy, alors représente bien la vitesse relative de A2 par rapport à A1, et ses composantes dans le repÚre lié à A1 (dont un des axes, O'x', représente sa propre route).
Autrement dit, les additions ou soustractions de vecteurs vitesses entre repÚres n'ont de sens que dans des référentiels galiléens.

Vents relatifs et vitesses relatives

Schéma 2 - Vitesses et vents relatifs sur un navire

En navigation, qu'elle soit aérienne ou maritime, les routes sont des chemins théoriques, ne mettant à la disposition du navigateur ni des lignes blanches ni des délinéateurs. Le schéma 2 représente un voilier naviguant sur une mer se déplaçant sur le fond (la terre) suivant un courant marin ou un courant de marée. Il suit un cap (cap compas), par rapport au Nord, un des axes d'un repÚre terrestre. L'axe du navire est orienté suivant cette direction, et la navire suit une route apparente suivant ce cap.
Nous sommes en présence d'un seul mobile suivant des routes différant selon le référentiel : référentiel terrestre (le fond), référentiel surface (la mer). Les mesures que le navigateur (l'observateur) peut effectuer, se rapportent, sont relatives à son propre référentiel [2]:

D'autres données lui sont fournies dans un référentiel terrestre :

  • vecteurs courant d'heure en heure[3].

Si le navigateur veut connaßtre le vent réel (vent dans un repÚre terrestre) il lui faudra estimer sa vitesse sur le fond, donc la vitesse d'entraßnement de son référentiel dans le référentiel terrestre. Il fera de simples additions ou soustractions de vecteurs pour déterminer sa route vraie.
S'il veut corriger (infléchir) sa route en fonction de modifications prévisibles des vitesses du courant ou du vent (météo), il fera des prévisions heure par heure (les courants étant indiqués heure par heure), en considérant qu'entre deux positions espacées d'une heure, tous les mouvements relatifs sont uniformes (vecteurs vitesse).
Il est à remarquer que le référentiel du mobile est ici basé sur un repÚre

  • en mouvement linĂ©aire et uniforme (dans un bref intervalle de temps) par rapport au rĂ©fĂ©rentiel terrestre matĂ©rialisĂ© par une carte marine,
  • axĂ© sur sa route apparente.

Vitesses relatives en route de collision

Schéma 3 - Route de collision et vitesses relatives

Deux navires N1 et N2 suivent des routes en surface telles que figurĂ©es sur le schĂ©ma 3. N1 fait route Ă  l'Ouest Ă  5 nƓuds (Mille marin par heure), N2 Ă  10 nƓuds vers le Nord (sur le schĂ©ma 3, comme sur les cartes, le Nord est en haut).

Quel que soit le vecteur courant, supposĂ© le mĂȘme sur toute la zone, un observateur sur N2, observant que le relĂšvement) de N1 est constant [4] et constatant visuellement que le bateau s'approche (par sa taille apparente) en dĂ©duit logiquement qu'il va entrer en collision avec N1 (mĂȘme constatation depuis N1 vis-Ă -vis de N2). Dans le rĂ©fĂ©rentiel de N2, (N2 Ă©tant l'origine d'un repĂšre dont un axe est sa route, l'autre Ă©tant perpendiculaire) la vitesse relative, ou apparente, de N1 est orientĂ©e vers l'origine de N2.

Leur vecteur vitesse relative est égal à la différence vectorielle de leurs vecteurs vitesses en surface (ou de leurs vecteurs vitesses fond).

Un navire N4 est Ă  l'ancre; sa vitesse fond est nulle mais sa vitesse surface est Ă©gale et opposĂ©e au courant de 5 nƓuds, venant de l'Ouest. N3 fait route au Nord Ă  10 nƓuds. N3 constate qu'il est en route de collision avec N4 car il perçoit une vitesse relative de N4 orientĂ©e vers lui dans son rĂ©fĂ©rentiel.
N3 fait donc les mĂȘmes observations que N2. Si N3 ne connaĂźt pas l'existence du courant et ne sait pas que N4 est au mouillage (ancrĂ© sur le fond); il aura la mĂȘme perception de route apparente, de vitesse relative, dans son rĂ©fĂ©rentiel, que N2 dans le sien.
La route de collision est une route sur le fond entre N3 et N4, c'est la route "vraie", suivie par N3 car N4 est fixe dans un repÚre lié au fond.
La route de collision N1 et N2 est une route observĂ©e dans les rĂ©fĂ©rentiels liĂ©s Ă  chaque navire. Elle n'est que thĂ©orique dans un repĂšre dĂ©terminĂ© par un observateur fixe sur la surface de la mer, c’est-Ă -dire un observateur situĂ© sur un navire Ă  l'arrĂȘt sur l'eau, dĂ©rivant comme le courant. Tout observateur fixe par rapport Ă  la mer, (comme N1 et N2 s'ils prennent pour origine de leur rĂ©fĂ©rentiel leur position Ă  un instant donnĂ©), verra N1 et N2 suivre deux routes concourantes en un point oĂč ils seront prĂ©sents au mĂȘme instant.
Dans l'exemple du schéma 3, N1 et N2 suivent des routes, sur la surface de la mer, perpendiculaires (Sud-Nord et Est-Ouest) se croisant au moment de la collision.

N1 et N2 suivent, soit des routes les menant à la collision (référentiel surface), soit une route de collision (référentiels liés aux mobiles).
En fonction du mouvement relatif (vitesse d'entraĂźnement dĂ» au courant) du rĂ©fĂ©rentiel surface par rapport Ă  un rĂ©fĂ©rentiel terrestre (le fond), les deux navires suivront Ă©galement deux routes diffĂ©rentes (selon leurs vitesses par rapport au fond) les menant, au mĂȘme instant, quel que soit le courant, Ă  une collision.

Comment établir un référentiel lié à un mobile

Les référentiels liés aux mobiles sont déterminés à partir d'un référentiel qui leur est commun. Pour apprécier le fait qu'ils sont en route de collision les deux mobiles vont se repérer par rapport à :

  • un angle (gisement) par rapport Ă  leur vecteur vitesse surface (sur l'eau) , et ils supposent qu'ils suivent un cap constant sur l'eau et que la surface de la mer est un repĂšre fiable (non absolu, mais presque, les courants qu'ils subissent Ă©tant identiques),
  • ou bien un angle par rapport au Nord (relĂšvement), donc par rapport au fond, qu'ils considĂšrent aussi comme un rĂ©fĂ©rentiel fixe (absolu), ou l'axe donnĂ© par un gyroscope. Ce qui revient au mĂȘme axe si les courants sont fixes pendant l'observation.

Ce qui est Ă©quivalent Ă  dire que l'observateur d'un navire considĂšre (que le temps est uniforme, la question ne se posant pas rĂ©ellement) que l'espace qu'il dĂ©finit (entre son navire et le navire qui approche) est figĂ© en dimensions (les distances entre deux points quelconques de cet espace ne varient pas en fonction du temps). Dans les deux cas il considĂšre que le courant de surface, s'il existe, suit une direction constante par rapport au fond, que les diverses dĂ©rives sont constantes. L'observateur, dans les exemples prĂ©cĂ©dents, Ă©tablit donc un rĂ©fĂ©rentiel oĂč lui-mĂȘme reprĂ©sente l'origine (ou bien sa position Ă  un instant donnĂ©) et un axe orientĂ© par rapport Ă  un autre rĂ©fĂ©rentiel, en l'occurrence son vecteur vitesse dans un autre rĂ©fĂ©rentiel. Si l'observateur n'a aucun moyen de connaĂźtre son vecteur vitesse dans un rĂ©fĂ©rentiel oĂč il Ă©volue (pas de compas, aucune mesure de vitesse, donc aucun repĂšre extĂ©rieur), la prĂ©sence d'un objet lui permettra de dĂ©terminer un axe entre lui et l'objet. S'il peut mesurer (estimer) une distance, la variation dans le temps (son axe des temps) de cette distance lui permettra de calculer leur vitesse relative. À grande distance ils sont a priori sur une route de collision. Ce n'est que lorsque l'autre objet prend une dimension mesurable qu'il peut lever le doute. (Voir parallaxe)

Vitesses relatives complexes : mouvements non linéaires ou non uniformes

La notion de vitesse relative devient plus complexe dĂšs que les mobiles ne se dĂ©placent plus dans des repĂšres galilĂ©ens (mouvements rectilignes Ă  vitesse constante). Tout en restant dans les domaines oĂč il n'est pas nĂ©cessaire de faire intervenir les thĂ©ories de la relativitĂ©, quelques exemples permettent de juger, en mĂ©canique classique, de l'importance de la dĂ©finition des rĂ©fĂ©rentiels.

Mouvements linéaires accélérés

Schéma 4 - Dans un référentiel galiléen (le plan du schéma) M1 suit une trajectoire rectiligne accélérée, M2 suit une trajectoire inclinée à 30° à vitesse constante. La courbe en vert représente la trajectoire de M2 vue dans le référentiel de M1 (OxOy), Ox étant sa route. La courbe en bleu représente la trajectoire de M1 vue par M2, dans son référentiel (OxOy), Ox étant également déterminé par sa propre route. La symétrie est facile à constater ainsi que la courbure apparente (relative) des trajectoires. (Construction géométrique)

Un exemple simple est celui du passager d'une automobile en accélération ou au freinage. Dans ce cas les deux mobiles sont la voiture et le passager, le repÚres sont la route (en ligne droite), le repÚre lié à la voiture et le repÚre lié au passager. La colinéarité des mouvements, ou du moins la colinéarité implicite des trajectoires (parallÚles et proches, donc confondues), puisque dans un espace réduit elles permettent aisément d'admettre que localement la route constitue un référentiel galiléen et que l'axe principal est commun, permettent de continuer à admettre que leurs vitesses instantanées relatives sont la différence de leurs vitesses absolues;

Si l'on nomme vitesse d'entraßnement la vitesse qu'un mobile (le conducteur) aurait dans le référentiel accéléré (l'automobile), qui est dans ce cas la vitesse absolue de l'automobile (dans un repÚre non accéléré, ou galiléen), on peut toujours écrire que les vecteurs vitesses dans le référentiel accéléré sont tels que :

,

ainsi que pour leurs accélérations :

Si l'on considÚre maintenant deux mobiles repérés dans un référentiel "absolu" ou galiléen, suivant des trajectoires non colinéaires, dont l'un (M1) est animé d'une vitesse variable, accélérée, comme sur le schéma 4, on peut constater que :

  • le mobile M2 (Ă  vitesse constante dans le rĂ©fĂ©rentiel « absolu ») ne suit pas une trajectoire rectiligne dans le rĂ©fĂ©rentiel non inertiel de M1. Sa vitesse relative varie (son vecteur vitesse varie en norme et en direction); il est donc dotĂ©, pour M1, d'une accĂ©lĂ©ration relative apparente alors qu'en « absolu » il n'en a pas;
  • le mobile M1, vu par M2, semble Ă©galement suivre une trajectoire courbe;
  • les deux trajectoires sont symĂ©triques par rapport Ă  l'origine des repĂšres relatifs;

Les tracés pourraient correspondre aux routes droites et divergentes suivies par deux automobiles dont l'une accélÚre (M1) et l'autre maintient une vitesse constante (M2). Les repÚres relatifs, confondus ici sur le schéma 4, seraient alors :

  • Ox : la route suivie, en direction en sens, par chacun des vĂ©hicules,
  • Oy : 90° Ă  gauche de la route suivie.

Si les vitesses relatives instantanées sont encore égales à la différence des vitesses absolues instantanées, ce n'est visiblement plus le cas pour les accélérations, puisque les trajectoires relatives sont curvilignes, donc que les vitesses relatives changent de direction.

Mouvements relatifs en rotation et translation

SchĂ©ma 5 - Le mobile M traverse un disque tournant dans le sens anti-horaire dans un rĂ©fĂ©rentiel oĂč sa trajectoire est un segment de droite AB qu'il parcourt Ă  vitesse constante. Vu depuis un rĂ©fĂ©rentiel liĂ© au disque, il effectue les trajectoires curvilignes AOC, AOA et AOB si, pendant la durĂ©e de sa traversĂ©e, le disque fait respectivement 1/4, 1/2 et 1 tour.

Le schĂ©ma 5 visualise les parcours d'un mĂȘme mobile M, en trajectoire linĂ©aire uniforme (Ă  vitesse constante) dans un repĂšre d'observation, et ses trajectoires vues dans un repĂšre liĂ© au disque en rotation uniforme. (Pour les formules mathĂ©matiques, voir les articles consacrĂ©s Ă  la force de Coriolis et Ă  l'accĂ©lĂ©ration de Coriolis.)
Sur ce schéma 5, seules sont représentées les trajectoires. Les vitesses peuvent s'imaginer, elles sont à chaque instant tangentes aux trajectoires.
Certains vecteurs vitesses sont détaillés sur le schéma 6. Le schéma 5 décrit :

  • un disque centrĂ© en O, tournant Ă  vitesse de rotation constante (sens de la flĂšche, soit trigonomĂ©trique ou anti-horaire) autour de O,
  • un mobile M traversant le disque Ă  vitesse uniforme.

Ce mobile est par exemple un objet glissant sans frottement [5] sur le disque (comme une savonnette humide), ou un objet roulant au-dessus du disque dans une gouttiÚre. M est donc un point animé (dans un référentiel galiléen) d'une vitesse rectiligne constante. Son mouvement est indépendant du mouvement du mouvement de rotation du disque. Les courbes décrivent les trajectoires relatives du point M, vues par tout point fixe sur le disque :

  • AOC (en rouge) est la trajectoire apparente du point M quand le disque fait 1/4 de tour pendant que M en parcourt exactement un diamĂštre;
  • AOA (en bleu) si le disque fait 1/2 tour pendant que M le traverse;
  • AOB (en vert) si le disque fait 1 tour.

Ce schĂ©ma permet de visualiser la construction gĂ©omĂ©triques des trajectoires relatives, oĂč les points sont relevĂ©s en 1/16 e de tour et en 1/16 e de diamĂštre. Pour Ă©tudier de plus prĂšs les vitesses relatives le schĂ©ma 6 dĂ©taille le cas oĂč le disque fait 1/2 tour pendant que M parcourt un diamĂštre.

Schéma 6 - Trajectoires relatives de deux mobiles. M est en translation, A en rotation dans un référentiel « absolu ». Les trajectoires bleues et rouges représentent les mouvements de M et de A, vus respectivement par A et M, dans leurs référentiels propres (devant, à gauche, à droite).

Dans un rĂ©fĂ©rentiel absolu galilĂ©en, R, celui du dessin, quand A est en A1, M est en M1 et le rĂ©fĂ©rentiel R' de A1 est A1X', A1Y'. ProjetĂ© dans R, le vecteur vitesse relative de M1, en noir, est la diffĂ©rence vectorielle de la vitesse absolue de M1 (en translation uniforme dans R) et de sa vitesse d'entraĂźnement, c'est-Ă -dire la vitesse qu'aurait M1 s'il Ă©tait fixe dans R'. Autrement dit, A1 voit s'Ă©loigner M1 avec une vitesse composĂ©e d'un mouvement de translation (rĂ©el dans l'absolu) et d'un mouvement de rotation (apparent puisque M1 ne tourne pas dans l'absolu). Si A s'est fixĂ© un rĂ©fĂ©rentiel de projection, oĂč il relĂšve les positions successives de M (ici AX,AY) , il repĂšrera Ă  cet instant que M est en M'1, et dotĂ© d'une vitesse relative Vrelative(M'1/AX,AY), en bleu.

  • La vitesse relative de M, vue par A, n'est pas Ă©gale Ă  la diffĂ©rence de leurs vitesses absolues car le rĂ©fĂ©rentiel de A n'est pas galilĂ©en.

Il en va différemment pour la vitesse relative de A, vue par M, dont la trajectoire dans R' est tracée en rouge sur sa projection dans son repÚre relatif AX,AY.

  • Comme M se dĂ©place Ă  vitesse constante dans R, et donc que son repĂšre relatif R' est galilĂ©en, la vitesse relative des autres mobiles est Ă©gale Ă  la diffĂ©rence des vitesses absolues (vecteurs en vert) :


Comme l'accélération d'entraßnement est nulle, et que le repÚre relatif R' lié à M n'est pas en rotation (accélération de Coriolis nulle) :


  • On peut Ă©galement remarquer que les trajectoires relatives ne sont pas symĂ©triques, ce qui laisse supposer que la variation dans le temps des vitesses relatives, donc les accĂ©lĂ©rations relatives, ne sont pas non plus similaires selon que l'on observe un mobile depuis un rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en ou un rĂ©fĂ©rentiel non inertiel. Le mobile M, vu d'un rĂ©fĂ©rentiel liĂ© Ă  A, en translation et surtout en rotation par rapport au rĂ©fĂ©rentiel absolu, possĂšde une accĂ©lĂ©ration relative composĂ©e d'une accĂ©lĂ©ration d'entraĂźnement (due au mouvement d'entraĂźnement en rotation du rĂ©fĂ©rentiel relatif par rapport au rĂ©fĂ©rentiel absolu) et d'une accĂ©lĂ©ration complĂ©mentaire, ou accĂ©lĂ©ration de Coriolis.


La déformation apparente de la trajectoire de M, qui est linéaire dans le référentiel absolu, provient donc du fait que sa vitesse d'entraßnement n'est pas constante. Ce qui dote donc sa vitesse relative d'une accélération non colinéaire :


(Ici, M se déplaçant à vitesse absolue constante, l'accélération absolue est nulle.)

Dans le cas général, la loi de composition des mouvements donne, pour les vitesses et accélérations relatives d'un mobile observé depuis un référentiel non galiléen :



Cette loi de composition des mouvements est issue de formules de changements de repĂšre.

Les observations les plus connues, permettant de la vérifier, sont :

Formules de changement de référentiel

Changement de référentiel en mécanique classique

À partir des exemples ci-dessus, on peut considĂ©rer que la seule dĂ©finition de la vitesse relative qui reste indiscutable, si l'on admet un temps universel, est donc :

  • la vitesse relative d'un mobile M1 par rapport Ă  un mobile M2 est la variation dans le temps du vecteur position de M1 dans le rĂ©fĂ©rentiel de M2.

C'est à partir de cette définition qu'ont été élaborées les lois de composition des mouvements permettant de calculer les vecteurs vitesses, dérivées du vecteur position par rapport au temps et les accélérations, dérivées du vecteur vitesse par rapport au temps.

Schéma 7 - Vitesses relatives et vitesses d'entraßnement lors d'un changement de référentiel. Un mobile P et un repÚre relatif AXY suivent des trajectoires quelconques (mais coplanaires) dans un repÚre Oxy.
* En haut : cas gĂ©nĂ©ral (mouvements coplanaires). * En bas : l'origine du repĂšre relatif est en rotation par rapport Ă  O. * À gauche : le repĂšre relatif est en translation. * À droite : le repĂšre relatif est en rotation.

On peut constater sur le schéma 7, que les vitesses relatives dépendent, non seulement du mouvement de l'origine du repÚre relatif (A sur le schéma 7), mais de l'orientation de ce repÚre relatif par rapport au repÚre de référence.

  • Les vitesses relatives entre deux mobiles sont liĂ©es Ă  la notion d'orientation.
  • L'orientation du rĂ©fĂ©rentiel relatif peut induire une rotation.

La notion de vitesse d'entraĂźnement est rendue compliquĂ©e du fait mĂȘme de la rotation : ce n'est pas la rotation du point origine du rĂ©fĂ©rentiel relatif qui a de l'importance, mais la rotation du rĂ©fĂ©rentiel relatif par rapport au repĂšre de rĂ©fĂ©rence.

Il se trouve que tout naturellement, du fait du ressenti physique (accélération de la pesanteur, forces centrifuges), nous avons tendance à prendre pour référentiel un repÚre basé sur notre mouvement et sur ce qui l'influence directement, déterminant ainsi des axes locaux :

Ce qui nous complique l'expression mathématique des phénomÚnes quotidiens.

Les formules mathématiques de changement de référentiel sont cependant simples :

Pour le point P, toutes les dérivations (et les représentations des vecteurs) étant faites dans R :

  • sa position dans la repĂšre R Ă©tant reprĂ©sentĂ©e par le vecteur ,
  • sa position dans le repĂšre R' Ă©tant reprĂ©sentĂ©e par le vecteur ,
  • la vitesse du point P dans R d'origine O est : , dĂ©rivĂ©e du vecteur position par rapport au temps,
  • la vitesse du point P dans R' d'origine A est : ,
  • la rotation de R' par rapport Ă  R Ă©tant reprĂ©sentĂ©e par le vecteur :

, soit :

Il faut remarquer que cette opération mathématique n'implique aucune spécificité pour le repÚre R que l'on peut qualifier d'absolu par rapport à R', repÚre relatif. Il n'est pas forcément immobile.

Cette formule de changement de référentiel, dite aussi de composition des mouvements permettant de comparer les vitesses et les accélérations est cependant dépendante d'une condition importante, celle d'un chronomÚtre universel, valable dans les différents référentiels.

Notes et références

  1. ou variation d'une quantité permettant de définir la position dans l'espace, comme l'angle
  2. Sauf s'il dispose d'un systĂšme de positionnement par satellite, GPS, lui donnant sa position et sa vitesse sur le fond.
  3. Quelques données lui sont fournies par son expérience ou des documents comme la dérive due au vent, ou vitesse de glissement en surface, en fonction de sa vitesse et de son allure, et autres corrections de déviation compas qui n'ont pas d'importance ici.
  4. ici son gisement, l'angle sous lequel il voit N1 par rapport Ă  son cap est le mĂȘme que son relĂšvement, car il fait cap au Nord
  5. Voir quelques animations graphiques réalisées par l'Université de Nantes :

Voir aussi

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