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Loch (bateau)

Le loch est un instrument de navigation maritime qui permet d'estimer la vitesse de déplacement d'un navire sur l'eau, soit sa vitesse relative en surface par rapport à la masse d'eau où il évolue.

Loch à plateau et sablier associés. Musée de la Marine, Paris (reconstitution contemporaine).

Instrument de mesure

La mesure de la vitesse (V) est indispensable à la navigation à l'estime. La vitesse est obtenue par division de la distance parcourue par le temps passé à effectuer la mesure.

La vitesse mesurée par un loch est la vitesse sur l'eau ou vitesse de surface (Vs). Si le courant est connu et mesurable, la vitesse vraie ou vitesse sur le fond (Vf) se déduit de Vs par construction vectorielle.

Types de loch

Loch vient du nĂ©erlandais log (bĂ»che, morceau de bois). Le morceau de bois Ă©tait lancĂ© Ă  l'Ă©trave Ă  T=0, le temps mis pour passer par le travers de la poupe Ă©tait mesurĂ©, on en dĂ©duisait une vitesse que l'on peut qualifier de bien approximative ! vu la taille des navires de l'Ă©poque (environ 35 m)[1]. Toutefois, quand cette opĂ©ration est rĂ©pĂ©tĂ©e le temps d'un sablier, elle donne une information suffisamment prĂ©cise : le marin de l'arrière hèle celui de l'avant au moment oĂą le sablier est retournĂ© puis Ă  chaque fois qu'une bĂ»chette passe Ă  sa hauteur afin qu'une nouvelle bĂ»chette soit jetĂ©e Ă  l'eau, jusqu'Ă  la fin du sablier. Cette opĂ©ration est illustrĂ©e dans le film 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott.

Premiers lochs Ă  flotteur

Les premiers lochs (lochs Ă  bateau) Ă©taient constituĂ©s par un flotteur (triangle de bois appelĂ© bateau de loch[2] lestĂ© pour s'enfoncer perpendiculairement au sens d'avancement du navire) reliĂ© Ă  une ligne dont les graduations Ă©taient constituĂ©es par des nĹ“uds espacĂ©es de 14,40 mètres (47 pieds et 3 pouces, mesure anglaise car les premiers lochs furent utilisĂ©s par des Anglais) ; le flotteur Ă©tait lancĂ© Ă  la mer par l'arrière et on laissait filer la ligne, une première longueur correspondait Ă  la longueur du navire et Ă©tait signalĂ©e par un morceau de tissu : la houache. Lorsque la houache passait par-dessus bord, on dĂ©clenchait un sablier et on comptait le nombre de nĹ“uds qui dĂ©filaient pendant 28 secondes. Ce nombre donne la vitesse du navire en nĹ“uds. En effet, 1 nĹ“ud = mille marin par heure soit 1 852 mètres en 3 600 secondes, soit Ă  peu près 15 mètres en 30 secondes (15,43 mètres exactement). Pour tenir compte de la perturbation engendrĂ©e par le sillage du navire, l'Ă©cart entre les nĹ“uds Ă©tait rĂ©duit Ă  15 mètres pour une mesure optimisĂ©e[3].

  • Lochs Ă  flotteur
  • Illustration du loch par Samuel de Champlain dans le TraittĂ© de la marine et du devoir d'un bon marinier.
    Illustration du loch par Samuel de Champlain dans le Traitté de la marine et du devoir d'un bon marinier.
  • Loch de Giovanni Poleni, dans De la Meilleure manière de mesurer sur mer le chemin d'un Vaisseau, 1734.
    Loch de Giovanni Poleni, dans De la Meilleure manière de mesurer sur mer le chemin d'un Vaisseau, 1734.
Lochs à hélice

Puis sont apparus les lochs Ă  hĂ©lice (appelĂ©s aussi « lochs Ă  poisson ») : Ils comportent une hĂ©lice munie de 4 ou 5 pales (ailettes). Lorsque le navire avance, cette hĂ©lice est mise en mouvement par la pression de l'eau sur les pales et elle se met Ă  tourner. Toute hĂ©lice a un pas, qui est dĂ©fini par la distance qu'elle devrait parcourir après une rĂ©volution complète dans l'hypothèse oĂą l'eau offrirait une rĂ©sistance parfaite Ă  l'avancement des ailettes. Après avoir accompli plusieurs rĂ©volutions, l'hĂ©lice aura parcouru un chemin dĂ©terminĂ©. Si le nombre de rĂ©volutions peut ĂŞtre comptĂ©, alors la distance parcourue peut ĂŞtre calculĂ©e. Si le navire avance lentement, l'hĂ©lice tournera lentement. Inversement, si le navire avance rapidement, l'hĂ©lice suivra en tournant vite. De plus, Ă  une distance dĂ©terminĂ©e parcourue par le bateau, doit correspondre un nombre prĂ©cis de rĂ©volutions de l'hĂ©lice, et ce, indĂ©pendamment de la vitesse du navire. Le nombre de ces rĂ©volutions constitue donc un paramètre qui permet de mesurer la distance parcourue par le navire sur l'eau (pas sur le fond). PrĂ©cisons que ce n'est pas la vitesse de rotation des ailettes qui est importante, mais bien le nombre de rĂ©volutions complètes accomplies par l'hĂ©lice. En effet, supposons un ballon dont le pĂ©rimètre est Ă©gal Ă  1 mètre, si on fait rouler ce ballon d'un tour complet, il aura parcouru une distance de 1 mètre. La vitesse Ă  laquelle on l'a fait rouler ne change rien Ă  la distance parcourue ; Ă  chaque rĂ©volution sa distance effectuĂ©e sera de 1 mètre. Il en est de mĂŞme pour la rotation de l'hĂ©lice. L'hĂ©lice pourrait tourner plus vite si la vitesse de navire augmentait, il n'en reste pas moins vrai qu'Ă  une distance parcourue correspond un nombre proportionnel de rĂ©volutions. Il y a lieu de faire une distinction entre les lochs Ă  hĂ©lice mĂ©caniques et les lochs Ă  hĂ©lice Ă©lectriques.

  • Lochs Ă  hĂ©lice
  • HĂ©lice de loch sous la coque.
    HĂ©lice de loch sous la coque.
  • Loch Ă  hĂ©lice dans son coffret de rangement.
    Loch à hélice dans son coffret de rangement.

Les lochs à tube de Pitot utilisent la pression dynamique créée par l'eau en mouvement par rapport à la coque.

Les lochs électromagnétiques utilisent le signal produit par la circulation de l'eau de mer dans une bobine, dont l'intensité dépend de la vitesse de l'écoulement.

Enfin, les lochs Doppler mesurent l'effet Doppler sur un signal ultrasonore ; ces lochs peuvent mesurer les deux composantes horizontales de la vitesse (longitudinale, suivant l'axe du navire, et transversale, suivant un axe perpendiculaire) ; ils permettent de mesurer la « vitesse vraie » (ou « vitesse fond ») lorsque le loch fonctionne en mode fond (signal renvoyé par le fond, lorsque la profondeur n'est pas trop grande, en général quelques dizaines de mètres au maximum) ; sinon, le signal est rétrodiffusé par l'eau (en fait, par les particules en suspension et par les bulles), et le loch indique la « vitesse surface » (ou vitesse par rapport à la masse d'eau). Ce type de loch onéreux n'est généralement utilisé que sur de grands navires lors de leur accostage, leur vitesse fond au moment du contact avec le quai doit pouvoir être mesurée précisément et, adaptée (énergie cinétique) afin de ne pas risquer d'endommager la structure du navire ou celle du quai.

Notes et références

  1. Jean Randier, L'instrument de marine, (ISBN 2-7003-0213-3).
  2. (en) N. C. Duval-Le-Roy, Elemens de Navigation, R. Malassis, fils, , 270– (lire en ligne).
  3. Vincent François Jean Louis DULAGUE, R. J. M. BLÖUET, Leçons de navigations, 9e édition augmentée341, Paris, Imprimerie d'Auguste Delalain, , 341 p. (lire en ligne), p. 260-263.

Voir aussi

Articles connexes

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