NĹ“ud (lien)
Un nœud est l'enlacement ou l'entrecroisement d'une ou de plusieurs cordes, ou tout autres objets flexibles et de forme filaire (comme un fil, une sangle, un câble, un ruban, etc.).
Suivant sa configuration, il peut avoir des propriétés très diverses le rendant utile, par exemple, pour :
- Assembler plusieurs cordages entre eux ;
- Accrocher un cordage Ă un objet ;
- Lier deux objets entre eux ;
- Former un amas solide, ou décoratif.
Certains nœuds courants ont été utilisés depuis toujours dans de nombreux domaines[1]. L'art des nœuds étant un élément essentiel du matelotage, ils ont principalement trouvé leur essor dans la marine à la voile. D'autres activités (escalade, spéléologie, pêche, etc.) faisant usage de cordes ont repris à leur compte certains nœuds maritimes et en ont développé d'autres.
Même si leur utilisation spécifique tend parfois à disparaître au profit d'équipements spécialisés, leur connaissance reste souvent importante pour certaines activités, et primordiale dans certaines situations inhabituelles ou d'urgence.
Histoire
Un nœud de cabestan autour d'un hameçon datant de 10 000 ans a été trouvé au Danemark[2], un nœud de chaise dans un filet de pêche datant de 7200 av. J.-C. en Finlande[3].
Propriétés
Parmi les très nombreuses possibilités de nouage, certains critères permettent d'évaluer quel nœud convient pour quel usage :
- La solidité du nœud ;
- Sa capacité à ne pas glisser ;
- La possibilité de le défaire ;
- La facilité de nouage ;
- La probabilité de produire par erreur un nœud dangereux.
Éléments d'un nœud
Courant et dormant
Le courant est l'extrémité d'un bout qui sert à tisser le nœud. Cette extrémité est à opposer au dormant qui, lui, est fixe et généralement lié à une pièce du gréement.
Le dormant est l'extrémité d'un bout qui est supposée fixe. Elle peut être liée à une pièce du gréement. Cette extrémité est à opposer au courant qui sert réellement à tisser le nœud.
Tours et boucles
On distingue principalement les boucles et les tours morts (qui peuvent être multiples). On réalise un tour mort généralement pour répartir le frottement sur une plus grande longueur de corde. Ainsi, pour amarrer un navire sur un anneau, on réalisera un tour mort pour préserver l'amarre du frottement et ainsi réduire son usure.
- A : ganse
B : tour mort
C : deux tours morts
Ganses
La ganse est le nom donné à une portion de cordage courbée, sans croisement ou chevauchement (on parlera alors plutôt d'œil ou de spire).
Un nœud est dit gansé lorsque l'on fait revenir l'une des deux extrémités d'un nœud sur elle-même au travers du nœud sans la croiser avec une autre extrémité ou boucle.
Lorsque l'on tire sur l'extrémité gansée, le nœud peut être défait car la boucle est coulante. De nombreux nœuds (en général des nœuds d'arrêt ou d'ajut) disposent ainsi d'une version "gansée" (en principe un nœud de boucle), simplement dénommée comme telle ou disposant d'un nom spécifique.
Le nœud ainsi formé peut avoir pour utilité, lorsque l'on tire sur l'extrémité coulante, d'être rapidement défait si la boucle est libre d'entrave, ou au contraire de former un lien solide si la boucle est entravée. Ce qui est notamment le cas dans le nœud de pendu, qui peut être facilement défait si la boucle est libre, mais qui se resserre autour de l'entrave sous le poids du pendu.
Exemples :
- demi-nœud / nœud de galère (qui est un demi-nœud gansé)
- nœud en queue de singe / nœud de pendu (qui est un nœud en queue de singe gansé en inversant le courant et le dormant)
- nœud plat / nœud de rosette (qui est un nœud plat doublement gansé - généralement utilisé pour lacer les chaussures)
- Une ganse sur une corde.
- Un demi-nœud...
- ... et sa version gansée.
Cette portion de cordage courbée donne son nom a une pâtisserie niçoise qui en prend la forme, les ganses du Carnaval de Nice.
Demi-clé
La demi-clé correspond au passage du cordage sous lui-même.
- Demi-clé utilisée pour serrer une barre.
- Nœud de cabestan formé par deux demi-clés.
Classification
La classification des nœuds a été nécessaire avec l'apparition de livres cherchant à recenser les nœuds. Si la classification de certains nœuds ne fait pas toujours l'unanimité, plusieurs catégories ont été définies.
NĹ“uds d'arrĂŞt
Les nœuds d'arrêt sont formés par un entrelacement de la corde sur elle-même. Ils forment un amas d'un diamètre supérieur à celui de la corde. Cela a pour effet d'arrêter une corde lorsqu'elle file dans un trou ou une poulie, ou permet de prendre appui dessus lorsqu'on grimpe à la corde. Ces nœuds permettent également de marquer une distance sur la corde (corde à treize nœuds), ou simplement de la décorer.
À l'extrémité d'une corde, le nœud permet d’empêcher la corde de se décommettre (en place d'une surliure).
Les nœuds de taille conséquente permettant de lester l'extrémité d'un cordage peuvent également être classé dans cette catégorie.
Quelques nœuds d'arrêt :
- demi-nœud (le nœud de base)
- nœud en huit (ou nœud de huit)
- nœud double
NĹ“uds d'ajut
Les nœuds d'ajut servent à lier une corde à une autre, par exemple pour réparer une corde cassée, ou pour attacher les deux extrémités d'un lacet.
Pour choisir le bon nœud, il faut tenir compte du diamètre respectif de chaque corde, de la facilité à faire, défaire le nœud, de la tension par à -coups ou continue qu'il doit supporter.
Quelques nœuds d'ajut :
NĹ“uds de boucle
Les nœuds de boucle sont faits en entrelaçant la corde sur elle-même de manière à faire apparaître une ou plusieurs boucles. La boucle peut servir à fixer la corde à un anneau (mousqueton, œillet, etc.) ou tout autre objet qu'il est possible d'entourer (bitte d’amarrage, arbre, etc.).
Leurs usages sont multiples, de l'amarrage des bateaux à l'encordement des alpinistes. Un nœud de boucle réalisable en milieu de corde peut aussi servir à la raccourcir, ou isoler une partie endommagée.
Quelques nœuds de boucle :
- nœud de chaise
- nœud de plein poing, un demi-nœud sur une corde doublée, la plus facile façon de faire une boucle
- nœud en double huit, nœud d'encordement en escalade
- nœud de fusion, utilisé en spéléologie en tête de puits
- nœud de papillon alpin, boucle perpendiculaire en milieu de corde
- nœud de Sylvain (variante du nœud de chaise)
On distingue les nœuds coulants
- nœud de galère, ou demi-nœud gansé
- nœud de pendu
- nœud de longe, nœud coulant sur mousqueton
NĹ“uds d'accroche
Les nœuds d'accroche sont faits en entrelaçant la corde autour d'un objet. Ils peuvent servir à l'amarrage, au soulèvement et transport d'objets, mais aussi à l'assurage et auto-assurage en escalade. Les nœuds autobloquants que l'on trouve dans cette catégorie sont utilisés par les alpinistes pour assurer la descente en rappel. Ils sont généralement faits à l'aide d'une corde de faible diamètre sur la corde de rappel.
Quelques nœuds d'accroche :
- nœud de cabestan (un des nœuds les plus classiques, les deux brins se serrent indépendamment sous la traction)
- NĹ“ud de grappin (pour attacher une ancre)
- nœud de bois (pour le transport des troncs)
- nœud d'élingue (pour le transport des gourde et bouteille)
- nœud de Machard (nœud autobloquant)
- nœud de Prusik (nœud autobloquant dans les deux sens)
- nœud de taquet (un classique de la voile)
Nœuds décoratifs
Les nœuds décoratifs sont appréciés pour leurs qualités esthétiques (forme, symétrie, etc.) :
- nœud en tête de turc
- nœud chinois
- nœud de poing de singe
- Les nœuds de cravate
NĹ“uds de rangement
Les nœuds de rangement sont utilisés pour ranger facilement le cordage sans l'emmêler. Il peut aussi être utilisé pour lancer la corde à quelqu'un.
Représentation
Les nœuds ont inspiré de nombreux motifs décoratifs en frise, notamment chez les celtes et en mosaïque.
Ils sont aussi représentés en héraldique (par exemple le Nœud de Savoie), sur des drapeaux, ou des insignes scoutes.
- Nœud de Salomon, mosaïque de la Basilique patriarcale d'Aquilée
- Motifs croates.
- Drapeau de la FIAV.
- Colonnes.
Notes et références
- Ashley 1944, Chapitre 2
- « Historique du noeud », sur zpag.net (consulté le ).
- David Wells, Le Dictionnaire Penguin des curiosités géométriques, Eyrolles, , 271 p. (ISBN 2-212-03637-X), p. 146
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Clifford W. Ashley, The Ashley Book of Knots, New York,
- Georges DEVILLERS, Manuel de matelotage et de voilerie Ă l'usage des marins professionnels et des plaisanciers, Editions Maritimes et d'Outres-Mer (Paris), , 445 p.
- Franck Ripault, Le classique des nœuds, Rennes, Editions Sud Ouest (Rennes), , 169 p. (ISBN 2-7373-2359-2)
- Gwendal JAFFRY, Claude BAS, Yves GAUBERT, Michel PHILLIPE, Guide des nœuds et du matelotage, Douarnenez, Le Chasse Marée, , 128 p. (ISBN 2-914208-14-6)
- Georges NARES, Traité de manœuvre et de matelotage, Le Chasse Marée, (ISBN 2-903708-87-8)
Articles connexes
- Tresse
- Théorie des nœuds, branche des mathématiques inspirée par les nœuds.
- Guilde internationale de faiseurs de nœuds
Liens externes
- Les nœuds, inventaire de nœuds d'escalade, de cravate, de pêche, de marine…