Guidage de missile
Le guidage est lâensemble des opĂ©rations qui permettent au missile de remplir sa mission, dâapprocher de sa cible, malgrĂ© lâintervention de perturbations (turbulences de lâair, bruit des dĂ©tecteurs, mouvement de la cibleâŠ). Câest le guidage qui permet de faire la distinction entre un missile et une roquette ou un projectile dâartillerie[1]. Le guidage (qui gĂšre le mouvement du centre de gravitĂ© du missile) diffĂšre du pilotage (qui gĂšre le mouvement autour du centre de gravitĂ©).
Les systĂšmes de guidage sont de natures trĂšs variĂ©es, selon la technologie disponible et lâobjectif du missile. Ils comprennent deux fonctions principales : la dĂ©tection de la cible, et lâĂ©laboration des ordres transmis au pilotage. Ces systĂšmes se retrouvent aussi sur des bombes guidĂ©es[N 1].
Généralités
Historique
Avant la Seconde Guerre mondiale, la trajectoire des « missiles »[N 2] dĂ©pendaient uniquement des conditions initiales (vitesse, direction au lancementâŠ) et des effets balistiques, et leur efficacitĂ© Ă©tait assez faible. Les progrĂšs techniques ont permis le dĂ©veloppement de systĂšmes de guidage permettant des tirs plus prĂ©cis. LâĂ©volution se poursuit aujourdâhui pour avoir des armes plus prĂ©cises et plus adaptĂ©es aux menaces (qui Ă©voluent en mĂȘme temps)[2].
ContrĂŽle d'un missile
Les asservissements de trajectoire dâun missile comportent plusieurs fonctions[3] - [4] - [5] :
- Le guidage consiste Ă maĂźtriser lâĂ©volution de la trajectoire de lâengin. Il vise Ă suivre une trajectoire de rĂ©fĂ©rence dĂ©ïŹnie par les contraintes gĂ©omĂ©triques et cinĂ©matiques du problĂšme et fournit Ă cet effet des consignes dâaccĂ©lĂ©rations et dâangles dâattitude. Dans le cas dâune cible mobile, le systĂšme doit emmener lâengin au plus prĂšs de sa cible[N 3].
- le pilotage consiste Ă rĂ©aliser les consignes exprimĂ©es par le guidage, et Ă stabiliser lâengin. Le pilotage se fait principalement par actionnement des gouvernes.
- la navigation assure le bouclage de lâasservissement en fournissant une estimation de la position, vitesse et attitude de lâengin tout au long du vol.
Un systÚme de guidage est constitué de deux éléments :
- Le dĂ©tecteur permet de dĂ©terminer lâĂ©cart angulaire et/ou la distance par rapport Ă la cible. Ce dĂ©tecteur peut ĂȘtre lâĆil humain, un dĂ©tecteur infrarouge, un radarâŠ
- Ă partir de ces informations, lâĂ©laborateur dâordre calcule les commandes Ă transmettre Ă la chaĂźne de pilotage.
Ces Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre dans le missile ou dĂ©portĂ©s[6].
Procédés de guidage
Les deux grands procĂ©dĂ©s de guidage sont le tĂ©lĂ©guidage et lâautoguidage, ils se distinguent sur le fait que le systĂšme soit embarquĂ© ou non dans le missile.
Dans la conception du missile, le choix du procédé dépend de la technologie disponible, du prix et du besoin opérationnel.
- le tĂ©lĂ©guidage peut ĂȘtre utilisĂ© dans le cas dâune cible fixe ou lente, visible par le tireur (missiles antichar) ;
- lâautoguidage direct peut ĂȘtre utilisĂ© pour les cibles mobiles et prĂ©sentant un contraste (missiles antinavire, antichar, antibalistique, anti-radar, surface-air, air-air. Les rayonnements infrarouges ou Ă©lectromagnĂ©tiques permettent de dĂ©tecter une cible ayant un contraste par rapport au fond (source de chaleur ou surface Ă©quivalente radar)[N 4] mais ne pourront pas dĂ©truire une piste dâaĂ©roport par exemple.) ;
- lâautoguidage indirect peut ĂȘtre utilisĂ© pour les cibles fixes dĂ©finies a priori (missiles de croisiĂšre, air-sol et les bombes guidĂ©es)[7].
Les missiles balistiques ont une propulsion et un guidage durant une portion trĂšs courte de leur trajectoire, et ont le reste du temps une trajectoire balistique, comme leur nom lâindique[8].
Depuis les années 1980, la plupart des missiles (hors courte portée) ont deux modes de guidage : inertiel pour la mi-course, autoguidage pour la course terminale[9]. Certains autodirecteurs des années 2000 sont bi-mode (par exemple le Dual Mode Brimstone a un autodirecteur radar et laser semi-actif).
On distingue les modes Lock on before launch (LOBL, Accrochage avant le tir) et Lock on after launch (LOAL, Accrochage aprĂšs le tir).
Téléguidage
Dans le tĂ©lĂ©guidage, il est possible de distinguer le tĂ©lĂ©guidage direct (la mesure et lâĂ©laboration dâordres sont faits Ă distance) et le tĂ©lĂ©guidage indirect (seule lâĂ©laboration dâordre se fait Ă distance)[10].
Téléguidage direct
Dans le tĂ©lĂ©guidage manuel, un pilote humain dirige le missile (comme sâil pilotait un avion). Câest une technologie assez ancienne (annĂ©es 1940-1960) utilisĂ©e dans les missiles antichars SS10, SS11, ENTAC et les missiles air-surface LBD Gargoyle, AS12, AS20, AS30. Dans le tĂ©lĂ©guidage semi-automatique, câest toujours un opĂ©rateur humain qui suit la cible, mais lâĂ©laboration dâordre du missile est fait par un calculateur. Les missiles fonctionnant ainsi ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s dans les annĂ©es 1970, comme les antichars Milan, le HOT ou le TOW ou les sol-air courte portĂ©e « temps clair » Roland et Rapier. Ces systĂšmes ont lâinconvĂ©nient de rendre le tireur vulnĂ©rable pendant quâil suit la cible[11]. Les lanceurs de missiles antichars utilisent le plus souvent un goniomĂštre infrarouge pour situer le missile grĂące au traceur situĂ© Ă son arriĂšre. Le goniomĂštre mesure lâĂ©cart angulaire entre le missile et la cible, transformĂ© en Ă©cart mĂ©trique puis en instructions pour corriger le tir[12].
Le tĂ©lĂ©guidage automatique ne nĂ©cessite plus lâintervention humaine aprĂšs le tir (« tire et oublie ») par exemple le Crotale[11].
Téléguidage indirect
Des missiles air-surface ou surface-surface sont dotĂ©s dâune camĂ©ra qui permet Ă lâopĂ©rateur humain de les diriger (AS-37 Martel version TV)[13].
Autoguidage
Lâautoguidage permet au missile de se dĂ©placer de façon totalement automatique, sans nĂ©cessiter dâopĂ©rateur (« tire et oublie »). Le composant du missile servant Ă dĂ©tecter la cible est lâautodirecteur (« tĂȘte chercheuse » dans le langage commun). Dans lâautoguidage indirect, la rĂ©fĂ©rence nâest pas liĂ©e Ă la cible.
Autoguidage direct
Le missile est capable de dĂ©tecter la cible, et dâĂ©laborer ses ordres. Câest un fonctionnement privilĂ©giĂ© dans le cas dâune cible mobile. Il existe plusieurs moyens de dĂ©tection de cible.
Radar actif
Lâautodirecteur comporte un Ă©metteur et rĂ©cepteur radar. Les ondes Ă©mises sont rĂ©flĂ©chies par les cibles et reviennent vers le missile. Un traitement du signal permet de trier les rĂ©flexions dues Ă un avion Ă celles dues Ă lâeau ou Ă la terre. La portĂ©e de ces autodirecteurs est supĂ©rieure Ă celle des modĂšles infrarouges. Toutefois, Ă cause de la taille rĂ©duite de lâantenne contenue dans le missile, les cibles ne sont pas dĂ©tectables Ă longues distances[14]. Les missiles AIM-120 AMRAAM, Vympel R-77, MICA et Exocet par exemple utilisent ce mode de guidage.
La cible, qui peut avoir détecté le balayage, ne sait pas si un missile a été tiré ou non contre elle[15].
Exemple avec le Mirage 2000-5 équipé du radar RDY
Le radar balaie le ciel Ă la recherche de cibles et « habille » les Ă©chos quâil reçoit, en se basant notamment sur le rĂ©sultat des interrogations IFF (systĂšme de codage qui permet de savoir si lâappareil est ami ou ennemi).
Ă bord du Mirage 2000-5, le pilote rĂšgle son radar RDY (Radar Doppler Y, dĂ©veloppement Ă partir de 1984, premier vol en , premier radar de sĂ©rie livrĂ© en ), dont lâimage apparaĂźt sur lâĂ©cran de visualisation tĂȘte moyenne (VTM), sans quitter les mains du manche et de la manette des gaz. Avec le pouce de la main gauche, il dĂ©place lâalidade (curseur) sur lâĂ©cran et dĂ©signe lui-mĂȘme les cibles quâil dĂ©sire poursuivre.
Cette phase est appelée Track while scan (TWS, ou accrochage pendant le balayage). Une fois les cibles sélectionnées (4 au maximum pour les Mirage 2000-5), le pilote passe en mode TWS automatique : le radar va alors optimiser son balayage pour garder en permanence les cibles en ligne de mire, tout en les hiérarchisant en fonction de leur dangerosité (ici, est utilisé le critÚre de vitesse relative).
La cible prioritaire sera la FKT pour First to Kill Target (objectif Ă dĂ©truire en premier) ; suivie de la SKT (Second to Kill Target) et des P3 pour les cibles suivantes. Sur lâĂ©cran de visualisation du pilote, des symboles intuitifs permettent de suivre la situation qui Ă©volue toujours trĂšs vite : une cible vue par le radar est reprĂ©sentĂ©e par un carrĂ© blanc. Ce carrĂ© se noircit lorsque la cible est dĂ©signĂ©e. Il devient une croix fine pour la SKT et une croix Ă©paisse pour la FKT.
Les cibles étant sélectionnées et renseignées, les missiles MICA-EM peuvent entrer en scÚne.
Au moment oĂč il quitte lâavion, le missile dispose dâune dĂ©signation dâobjectif (DO) fournie par le radar, qui lui indique oĂč est la cible Ă cet instant prĂ©cis et quel est son vecteur vitesse. Mais mĂȘme Ă 3 000 km/h, parcourir une cinquantaine de kilomĂštres demande 60 secondes. Pendant ce temps, la cible peut changer de direction ou entamer des manĆuvres Ă©vasives, ce qui rend caduques les informations passĂ©es au lancement.
Les informations donnĂ©es au missile pendant le vol sont donc constamment actualisĂ©es au travers dâune LAM (liaison air-missile) plusieurs fois par seconde par le radar toujours en mode balayage. Sur le Mirage 2000, lâĂ©metteur de la LAM est placĂ© en haut de la dĂ©rive pour lui offrir le meilleur point dâĂ©mission en direction du missile qui Ă©volue quelque part vers lâavant.
Le Mirage 2000-5 est capable de suivre simultanĂ©ment 8 cibles et dâen engager 4. Toutefois, les avions de lâarmĂ©e de lâair française ne disposent que de 2 LAM simultanĂ©es jusqu'Ă ce quâils soient portĂ©s au standard SF1C-IR Ă partir de 2006. Deux possibilitĂ©s sâoffrent alors au pilote qui souhaite engager 4 cibles simultanĂ©ment : tirer deux missiles avec LAM et deux sans LAM en espĂ©rant que les cibles de ces derniers ne changent pas trop de trajectoire ; ou bien attendre que les 2 premiers missiles activent leur autodirecteur et libĂšrent ainsi les LAM pour guider la salve suivante.
ArrivĂ© Ă quelques kilomĂštres de la cible, le missile « fox 3 » met en route son propre Ă©metteur radar et finalise lui-mĂȘme la trajectoire vers la cible. Celle-ci est alors avertie par son RWR quâil est accrochĂ©e par un missile, mais il dĂ©jĂ trop tard et il reste trĂšs peu de temps pour tenter des manĆuvres Ă©vasives (Rappelons que dans le cas dâun tir « fox 1 », la cible sait quâelle est accrochĂ©e dĂšs le lancement du missile. Le pilote dispose alors de quelques dizaines de secondes pour Ă©laborer une parade).
Les différents modes de gestion de la LAM permettent de faire varier les scénarios de tir en « Fox 3 » :
- Dans le mode 1, lâavion tire en mode LAM et le conserve le plus longtemps possible pour donner les meilleurs informations possibles Ă son missile. Il peut toutefois choisir de faire demi-tour pour ne pas trop sâexposer Ă un tir de riposte. DĂšs le demi-tour, le radar cesse de poursuivre la cible et la LAM cesse Ă©galement. Si la cible suit une trajectoire rĂ©guliĂšre, le missile saura la trouver seul quand il allumera son propre autodirecteur. Mais pour peu que la cible casse sa trajectoire, il y a de fortes chances que lâautodirecteur (qui reste relativement peu puissant avec un angle de visĂ©e assez Ă©troit) ne trouve que le vide quand il se mettra en route.
- Dans le mode 2, lâavion tireur dĂ©gage immĂ©diatement aprĂšs le tir, ce qui exclut lâemploi de la LAM. Ce qui fait chuter fortement la PK (Probability of Kill).
- Le mode 3 correspond au tir avec viseur de casque, qui pour le Mica-IR. Mode redoutable pour les affrontements Ă courte portĂ©e, le pilote dirige le missile en suivant la cible du regard. Nâest pas disponible actuellement pour les Mirage mais le Rafale devrait en ĂȘtre pourvu.
- Le mode 4, qui se rapporte Ă©galement au missile Ă autodirecteur infrarouge. Ce mode sâapplique lorsque le missile encore sur son rail dĂ©tecte lui-mĂȘme sa cible et lâaccroche avant dâĂȘtre tirĂ©.
Ă noter que les puissances de calcul aujourdâhui disponibles ouvrent de nouveaux horizons aux radars embarquĂ©s. Encore faut-il bien relativiser les choses, le radar RDY a par exemple Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1990 et il utilise des microprocesseurs de cette Ă©poque, câest-Ă -dire de la classe des premiers Pentium. On touche lĂ du doigt les questions dâobsolescence qui entrent en compte dĂšs lors que le dĂ©veloppement des systĂšmes se compte non plus en mois ou en annĂ©es, mais en dĂ©cennies mais les technologies sur Ă©tagĂšre permettent des mises Ă niveau relativement rapide.
Radar semi-actif
Les radars semi actifs, de conception plus simple, sont apparus dans les annĂ©es 1950 (par exemple lâAIM-7 Sparrow). Il nâĂ©tait pas possible Ă lâĂ©poque dâinstaller Ă la fois un Ă©metteur et un rĂ©cepteur radar dans un missile. Lâavion qui a tirĂ© le missile Ă©met les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques qui sont rĂ©flĂ©chies par la cible puis reçues et analysĂ©es par le missile[14].
Radar passif
Des missiles anti-radar comme lâArmat, une version de lâAS-37 Martel AR, se guident en repĂ©rant les signaux radar de lâennemi et en se dirigeant vers lâĂ©metteur[16].
Infrarouge passif
Un autodirecteur Ă infrarouge passif comporte des dĂ©tecteurs refroidis Ă 70 K, sensibles aux longueurs dâonde 3 Ă 5 ”m pour les missiles antiaĂ©riens, 8 Ă 12 ”m pour les antichars. Les premiers dĂ©tecteurs (annĂ©es 1960 Ă 1980) ne comportaient quâun seul Ă©lĂ©ment derriĂšre un disque modulateur tournant. De nos jours, on utilise des capteurs IR-CCD qui permettent dâobtenir une image 2D[17]. Ce dĂ©tecteur est portĂ©e par une « antenne » mobile ; la ligne de visĂ©e est alors diffĂ©rente de la trajectoire du missile[18]. Sauf dans le cas dâune poursuite pure (§ 3), lâasservissement de lâangle de lâantenne est dĂ©couplĂ© de celui du missile, ce qui nĂ©cessite une stabilisation de lâantenne avec un gyroscope, ou par lâintermĂ©diaire de calculs de changement de repĂšre Ă partir de mesures inertielles[19].
Lâautodirecteur a pour fonction de mesurer de lâĂ©cart angulaire (« Ă©cartomĂ©trie ») entre la trajectoire du missile et sa ligne de visĂ©e. Celle-ci se fait avec la dĂ©tection de rayonnement infrarouge entre la cible et le fond. Certains autodirecteurs peuvent Ă©galement rechercher leur cible dans un champ angulaire Ă©tendu (le « balayage »). Les autodirecteurs les plus rĂ©cents sont Ă©galement capables de classer les cibles dĂ©tectĂ©es et de reconnaĂźtre les vraies cibles des leurres[20].
Les autodirecteurs infrarouges modernes ont des portées de 10 à 15 km[21]. Les missiles AIM-9 Sidewinder, Vympel R-73, Mistral, Magic 2 ou MICA utilisent de tels systÚmes.
Laser semi-actif
Un dĂ©signateur laser est une source laser servant Ă illuminer une cible afin de guider une arme (bombe ou missile). Le laser nâopĂšre pas nĂ©cessairement dans le spectre visible.
Cette technique a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e dans les annĂ©es 1970, grĂące aux progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la technologie Laser. Par exemple lâAS-30L, mis en service en 1986 sur le Jaguar A se dirige vers une cible illuminĂ©e par un « pod » (nacelle) ATLIS embarquĂ© sur lâavion[22].
Imageurs
Un imageur visible peut permettre Ă un missile air-sol de reconnaĂźtre sa cible. Lâimage a prĂ©alablement Ă©tĂ© enregistrĂ©e dans le systĂšme (AGM-65 Maverick)[23]. Un imageur infrarouge peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©, cette technique permet une grande prĂ©cision (AASM version mĂ©trique ou le SPICE (en))[24].
Autoguidage indirect
Lâautoguidage indirect consiste Ă Ă©laborer les ordres Ă bord du missile, mais ce nâest pas la cible qui est directement dĂ©tectĂ©e. La position est dĂ©terminĂ©e par rapport Ă un systĂšme de rĂ©fĂ©rence auxiliaire, et les coordonnĂ©es de la cible sont connues par rapport Ă cette rĂ©fĂ©rence[25].
Navigation inertielle
Le missile allemand V2 fut le premier missile balistique (quâon appelait encore « fusĂ©e ») de lâhistoire. Mis en service en 1944, sa trajectoire Ă©tait trĂšs imprĂ©cise, et le missile ne pouvait que bombarder les villes[26].
La centrale inertielle du missile contient trois accĂ©lĂ©romĂštres permettant de mesurer lâaccĂ©lĂ©ration linĂ©aire dans les trois axes du repĂšre engin, et trois gyromĂštres permettant de mesurer la vitesse de rotation dans les trois axes du repĂšre engin. GrĂące Ă des calculs tenant compte des effets de pesanteur et des accĂ©lĂ©rations dâentrainement et de Coriolis (liĂ©es Ă la rotation de la Terre) et utilisant des changements de repĂšres, ces informations permettent de fournir la vitesse de lâengin ainsi que ses coordonnĂ©es dans le repĂšre terrestre (latitude, longitude, altitude, lacet, tangage et roulis).
Ă cause des intĂ©grations contenues dans les calculs, la prĂ©cision se dĂ©grade au cours du temps. Ce systĂšme est toutefois extrĂȘmement fiable, ne dĂ©pend pas de sources extĂ©rieures et est insensible Ă toute perturbation de lâenvironnement[27].
Beaucoup de missiles utilisent cette mĂ©thode, pour leur guidage Ă mi-course, suivie Ă©ventuellement dâun autoguidage direct[25].
Guidage inertiel avec recalage par visée stellaire
Utilisé par les missiles balistique.
Positionnement par satellites
GrĂące Ă une constellation de satellites Ă©mettant un signal radio, le missile peut connaĂźtre sa position Ă un instant donnĂ© avec une grande prĂ©cision. Le systĂšme le plus connu est le Global Positioning System amĂ©ricain, sa mise en place commence en 1978 et il offre une couverture mondiale depuis 1995. Par rapport Ă la navigation inertielle, cette technique prĂ©sente les inconvĂ©nients dâun temps de traitement plus important, et dâune sensibilitĂ© aux perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques[28].
Ainsi les systĂšmes actuels sont le plus souvent hybrides, câest-Ă -dire quâils utilisent la navigation inertielle comme source primaire mais avec une source complĂ©mentaire comme le GPS pour en corriger la dĂ©rive[29].
Autres
Le lanceur de missile Ă©met un faisceau laser codĂ© spatialement. Le missile, dotĂ© dâun rĂ©cepteur, peut se repĂ©rer en dĂ©codant le message contenu dans le laser[30] - [31].
La technologie TERCOM (Terrain Contour Matching, repérage des contours du terrain) permet au missile de se repérer grùce à son contexte géographique. Une antenne radar détermine les éléments de paysage autour du missile. Un calculateur compare ensuite la scÚne avec un modÚle numérique de terrain stocké en mémoire, ce qui permet au missile de corriger sa direction[2]. Cette méthode est utilisée dans les missiles de croisiÚre : AGM-86 ALCM, BGM-109 Tomahawk, AGM-129 ACM.
Lois de guidage
Dans cette section, différentes lois de guidage sont présentées avec les simplifications suivantes :
- le missile et la cible sont considérés ponctuels,
- il nây a pas de constante de temps liĂ©e au traitement du signal et au dĂ©lai des actionneurs,
- les bruits et perturbations sont négligés,
- le guidage se fait dans le plan[32].
Notations utilisées :
- M est le missile et B le but
- et sont les vecteurs vitesse
- est lâaccĂ©lĂ©ration latĂ©rale du missile, lâaccĂ©lĂ©ration normale
- et
- et sont les angles entre les vecteurs vitesse et une référence fixe arbitraire (et non horizontale) ; est l'angle entre MB et cette référence.
Si , on parle dâ« attaque arriĂšre », si , on parle dâ« attaque frontale», et si , on parle dâ« attaque latĂ©rale»[33].
Poursuite
La poursuite ou « courbe du chien » est utilisable en autoguidage ou téléguidage indirect. Dans ce cas, la vitesse du missile fait un angle constant avec la direction du but, on a [N 5]. En poursuite pure, [34].
Navigation proportionnelle
La navigation proportionnelle est utilisable en autoguidage ou tĂ©lĂ©guidage indirect. Dans ce cas, le missile a une vitesse de rotation proportionnelle Ă celle de la droite missile, soit . A est la constante de navigation proportionnelle. Avec , on obtient , ce qui permet de relier la sortie du dĂ©tecteur Ă lâentrĂ©e du systĂšme de pilotage[35].
Collision
La collision est utilisable en autoguidage ou tĂ©lĂ©guidage indirect. Dans ce cas, la droite MB reste dans la mĂȘme direction, soit [36].
Alignement
Lâalignement est utilisable en tĂ©lĂ©guidage direct. Cela consiste Ă forcer lâalignement entre le missile, le but et lâopĂ©rateur[37].
Cette technique Ă©tait utilisĂ©e sur les premiers missiles surface-air mais fut jugĂ©e inefficace pour des longues portĂ©es et elle est aujourdâhui abandonnĂ©e. Cette mĂ©thode fut utilisĂ©e par exemple sur les RIM-2 Terrier amĂ©ricains dans les annĂ©es 1950[38].
Notes et références
Notes
- Il existe Ă©galement des munitions dâartillerie guidĂ©es (en) : M982 Excalibur, MGM-51 ShillelaghâŠ
- On distinguait alors les missiles (dans le sens « fusĂ©es ») et les missiles guidĂ©s. Aujourdâhui, par dĂ©finition un missile est guidĂ©.
- Dans le cas de missiles antiaĂ©riens, souvent Ă©quipĂ©s de dĂ©tecteurs de proximitĂ© pour commander lâexplosion, un impact direct nâest pas nĂ©cessaire pour dĂ©truire la cible.
- De la mĂȘme façon, les torpilles utilisent les ondes acoustiques (Sonar).
- est la fonction dérivée de x par rapport au temps
Références
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- Marzat 2011, 2.3 Guidage-pilotage
- Carpentier 1989, ch 1 I.2. ĂlĂ©ments constitutifs de lâensemble du systĂšme de guidage
- Carpentier 1989, ch 1 I.4.3. Récapitulations des procédés de guidage
- Carpentier 1989, ch 1 I.3.1. Mobiles et détecteurs considérés dans ce cours
- Carpentier 1989, ch 1 I.3.1. 3. Mobiles ayant deux modes successifs de guidage
- Carpentier 1989, ch 1 I.4.1 Téléguidage
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- Delteil 1997, 2.4 Génération des écartométries
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