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Guidage de missile

Le guidage est l’ensemble des opĂ©rations qui permettent au missile de remplir sa mission, d’approcher de sa cible, malgrĂ© l’intervention de perturbations (turbulences de l’air, bruit des dĂ©tecteurs, mouvement de la cible
). C’est le guidage qui permet de faire la distinction entre un missile et une roquette ou un projectile d’artillerie[1]. Le guidage (qui gĂšre le mouvement du centre de gravitĂ© du missile) diffĂšre du pilotage (qui gĂšre le mouvement autour du centre de gravitĂ©).

Un missile AIM-9 Sidewinder sur le point de toucher un North American F-86 Sabre lors d’un tir d’exercice à la base China Lake en 1977.
Un Sikorsky SH-60 Seahawk lance des leurres destinés à tromper les missiles à guidage infrarouge.

Les systĂšmes de guidage sont de natures trĂšs variĂ©es, selon la technologie disponible et l’objectif du missile. Ils comprennent deux fonctions principales : la dĂ©tection de la cible, et l’élaboration des ordres transmis au pilotage. Ces systĂšmes se retrouvent aussi sur des bombes guidĂ©es[N 1].

Généralités

Historique

Avant la Seconde Guerre mondiale, la trajectoire des « missiles Â»[N 2] dĂ©pendaient uniquement des conditions initiales (vitesse, direction au lancement
) et des effets balistiques, et leur efficacitĂ© Ă©tait assez faible. Les progrĂšs techniques ont permis le dĂ©veloppement de systĂšmes de guidage permettant des tirs plus prĂ©cis. L’évolution se poursuit aujourd’hui pour avoir des armes plus prĂ©cises et plus adaptĂ©es aux menaces (qui Ă©voluent en mĂȘme temps)[2].

ContrĂŽle d'un missile

Les asservissements de trajectoire d’un missile comportent plusieurs fonctions[3] - [4] - [5] :

  • Le guidage consiste Ă  maĂźtriser l’évolution de la trajectoire de l’engin. Il vise Ă  suivre une trajectoire de rĂ©fĂ©rence dĂ©ïŹnie par les contraintes gĂ©omĂ©triques et cinĂ©matiques du problĂšme et fournit Ă  cet effet des consignes d’accĂ©lĂ©rations et d’angles d’attitude. Dans le cas d’une cible mobile, le systĂšme doit emmener l’engin au plus prĂšs de sa cible[N 3].
  • le pilotage consiste Ă  rĂ©aliser les consignes exprimĂ©es par le guidage, et Ă  stabiliser l’engin. Le pilotage se fait principalement par actionnement des gouvernes.
  • la navigation assure le bouclage de l’asservissement en fournissant une estimation de la position, vitesse et attitude de l’engin tout au long du vol.

Un systÚme de guidage est constitué de deux éléments :

  • Le dĂ©tecteur permet de dĂ©terminer l’écart angulaire et/ou la distance par rapport Ă  la cible. Ce dĂ©tecteur peut ĂȘtre l’Ɠil humain, un dĂ©tecteur infrarouge, un radar

  • À partir de ces informations, l’élaborateur d’ordre calcule les commandes Ă  transmettre Ă  la chaĂźne de pilotage.

Ces Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre dans le missile ou dĂ©portĂ©s[6].

Procédés de guidage

Les deux grands procĂ©dĂ©s de guidage sont le tĂ©lĂ©guidage et l’autoguidage, ils se distinguent sur le fait que le systĂšme soit embarquĂ© ou non dans le missile.

Dans la conception du missile, le choix du procédé dépend de la technologie disponible, du prix et du besoin opérationnel.

Les missiles balistiques ont une propulsion et un guidage durant une portion trùs courte de leur trajectoire, et ont le reste du temps une trajectoire balistique, comme leur nom l’indique[8].

Depuis les années 1980, la plupart des missiles (hors courte portée) ont deux modes de guidage : inertiel pour la mi-course, autoguidage pour la course terminale[9]. Certains autodirecteurs des années 2000 sont bi-mode (par exemple le Dual Mode Brimstone a un autodirecteur radar et laser semi-actif).

On distingue les modes Lock on before launch (LOBL, Accrochage avant le tir) et Lock on after launch (LOAL, Accrochage aprĂšs le tir).

Téléguidage

Dans le tĂ©lĂ©guidage, il est possible de distinguer le tĂ©lĂ©guidage direct (la mesure et l’élaboration d’ordres sont faits Ă  distance) et le tĂ©lĂ©guidage indirect (seule l’élaboration d’ordre se fait Ă  distance)[10].

Téléguidage direct

Le missile TOW est filoguidé.

Dans le tĂ©lĂ©guidage manuel, un pilote humain dirige le missile (comme s’il pilotait un avion). C’est une technologie assez ancienne (annĂ©es 1940-1960) utilisĂ©e dans les missiles antichars SS10, SS11, ENTAC et les missiles air-surface LBD Gargoyle, AS12, AS20, AS30. Dans le tĂ©lĂ©guidage semi-automatique, c’est toujours un opĂ©rateur humain qui suit la cible, mais l’élaboration d’ordre du missile est fait par un calculateur. Les missiles fonctionnant ainsi ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s dans les annĂ©es 1970, comme les antichars Milan, le HOT ou le TOW ou les sol-air courte portĂ©e « temps clair Â» Roland et Rapier. Ces systĂšmes ont l’inconvĂ©nient de rendre le tireur vulnĂ©rable pendant qu’il suit la cible[11]. Les lanceurs de missiles antichars utilisent le plus souvent un goniomĂštre infrarouge pour situer le missile grĂące au traceur situĂ© Ă  son arriĂšre. Le goniomĂštre mesure l’écart angulaire entre le missile et la cible, transformĂ© en Ă©cart mĂ©trique puis en instructions pour corriger le tir[12].

Le tĂ©lĂ©guidage automatique ne nĂ©cessite plus l’intervention humaine aprĂšs le tir (« tire et oublie ») par exemple le Crotale[11].

Téléguidage indirect

Des missiles air-surface ou surface-surface sont dotĂ©s d’une camĂ©ra qui permet Ă  l’opĂ©rateur humain de les diriger (AS-37 Martel version TV)[13].

Autoguidage

L’autoguidage permet au missile de se dĂ©placer de façon totalement automatique, sans nĂ©cessiter d’opĂ©rateur (« tire et oublie »). Le composant du missile servant Ă  dĂ©tecter la cible est l’autodirecteur (« tĂȘte chercheuse Â» dans le langage commun). Dans l’autoguidage indirect, la rĂ©fĂ©rence n’est pas liĂ©e Ă  la cible.

Autoguidage direct

Le missile est capable de dĂ©tecter la cible, et d’élaborer ses ordres. C’est un fonctionnement privilĂ©giĂ© dans le cas d’une cible mobile. Il existe plusieurs moyens de dĂ©tection de cible.

Radar actif
Autodirecteur radar du missile Vympel R-77 (sans le radĂŽme)

L’autodirecteur comporte un Ă©metteur et rĂ©cepteur radar. Les ondes Ă©mises sont rĂ©flĂ©chies par les cibles et reviennent vers le missile. Un traitement du signal permet de trier les rĂ©flexions dues Ă  un avion Ă  celles dues Ă  l’eau ou Ă  la terre. La portĂ©e de ces autodirecteurs est supĂ©rieure Ă  celle des modĂšles infrarouges. Toutefois, Ă  cause de la taille rĂ©duite de l’antenne contenue dans le missile, les cibles ne sont pas dĂ©tectables Ă  longues distances[14]. Les missiles AIM-120 AMRAAM, Vympel R-77, MICA et Exocet par exemple utilisent ce mode de guidage.

La cible, qui peut avoir détecté le balayage, ne sait pas si un missile a été tiré ou non contre elle[15].

Exemple avec le Mirage 2000-5 équipé du radar RDY

Des Mirage 2000-5 de la force aérienne de la république de Chine en 2017.

Le radar balaie le ciel Ă  la recherche de cibles et « habille » les Ă©chos qu’il reçoit, en se basant notamment sur le rĂ©sultat des interrogations IFF (systĂšme de codage qui permet de savoir si l’appareil est ami ou ennemi).

À bord du Mirage 2000-5, le pilote rĂšgle son radar RDY (Radar Doppler Y, dĂ©veloppement Ă  partir de 1984, premier vol en , premier radar de sĂ©rie livrĂ© en ), dont l’image apparaĂźt sur l’écran de visualisation tĂȘte moyenne (VTM), sans quitter les mains du manche et de la manette des gaz. Avec le pouce de la main gauche, il dĂ©place l’alidade (curseur) sur l’écran et dĂ©signe lui-mĂȘme les cibles qu’il dĂ©sire poursuivre.

Cette phase est appelée Track while scan (TWS, ou accrochage pendant le balayage). Une fois les cibles sélectionnées (4 au maximum pour les Mirage 2000-5), le pilote passe en mode TWS automatique : le radar va alors optimiser son balayage pour garder en permanence les cibles en ligne de mire, tout en les hiérarchisant en fonction de leur dangerosité (ici, est utilisé le critÚre de vitesse relative).

La cible prioritaire sera la FKT pour First to Kill Target (objectif Ă  dĂ©truire en premier) ; suivie de la SKT (Second to Kill Target) et des P3 pour les cibles suivantes. Sur l’écran de visualisation du pilote, des symboles intuitifs permettent de suivre la situation qui Ă©volue toujours trĂšs vite : une cible vue par le radar est reprĂ©sentĂ©e par un carrĂ© blanc. Ce carrĂ© se noircit lorsque la cible est dĂ©signĂ©e. Il devient une croix fine pour la SKT et une croix Ă©paisse pour la FKT.

Les cibles étant sélectionnées et renseignées, les missiles MICA-EM peuvent entrer en scÚne.

Au moment oĂč il quitte l’avion, le missile dispose d’une dĂ©signation d’objectif (DO) fournie par le radar, qui lui indique oĂč est la cible Ă  cet instant prĂ©cis et quel est son vecteur vitesse. Mais mĂȘme Ă  3 000 km/h, parcourir une cinquantaine de kilomĂštres demande 60 secondes. Pendant ce temps, la cible peut changer de direction ou entamer des manƓuvres Ă©vasives, ce qui rend caduques les informations passĂ©es au lancement.

Les informations donnĂ©es au missile pendant le vol sont donc constamment actualisĂ©es au travers d’une LAM (liaison air-missile) plusieurs fois par seconde par le radar toujours en mode balayage. Sur le Mirage 2000, l’émetteur de la LAM est placĂ© en haut de la dĂ©rive pour lui offrir le meilleur point d’émission en direction du missile qui Ă©volue quelque part vers l’avant.

Le Mirage 2000-5 est capable de suivre simultanĂ©ment 8 cibles et d’en engager 4. Toutefois, les avions de l’armĂ©e de l’air française ne disposent que de 2 LAM simultanĂ©es jusqu'Ă  ce qu’ils soient portĂ©s au standard SF1C-IR Ă  partir de 2006. Deux possibilitĂ©s s’offrent alors au pilote qui souhaite engager 4 cibles simultanĂ©ment : tirer deux missiles avec LAM et deux sans LAM en espĂ©rant que les cibles de ces derniers ne changent pas trop de trajectoire ; ou bien attendre que les 2 premiers missiles activent leur autodirecteur et libĂšrent ainsi les LAM pour guider la salve suivante.

ArrivĂ© Ă  quelques kilomĂštres de la cible, le missile « fox 3 » met en route son propre Ă©metteur radar et finalise lui-mĂȘme la trajectoire vers la cible. Celle-ci est alors avertie par son RWR qu’il est accrochĂ©e par un missile, mais il dĂ©jĂ  trop tard et il reste trĂšs peu de temps pour tenter des manƓuvres Ă©vasives (Rappelons que dans le cas d’un tir « fox 1 », la cible sait qu’elle est accrochĂ©e dĂšs le lancement du missile. Le pilote dispose alors de quelques dizaines de secondes pour Ă©laborer une parade).

Les différents modes de gestion de la LAM permettent de faire varier les scénarios de tir en « Fox 3 » :

  • Dans le mode 1, l’avion tire en mode LAM et le conserve le plus longtemps possible pour donner les meilleurs informations possibles Ă  son missile. Il peut toutefois choisir de faire demi-tour pour ne pas trop s’exposer Ă  un tir de riposte. DĂšs le demi-tour, le radar cesse de poursuivre la cible et la LAM cesse Ă©galement. Si la cible suit une trajectoire rĂ©guliĂšre, le missile saura la trouver seul quand il allumera son propre autodirecteur. Mais pour peu que la cible casse sa trajectoire, il y a de fortes chances que l’autodirecteur (qui reste relativement peu puissant avec un angle de visĂ©e assez Ă©troit) ne trouve que le vide quand il se mettra en route.
  • Dans le mode 2, l’avion tireur dĂ©gage immĂ©diatement aprĂšs le tir, ce qui exclut l’emploi de la LAM. Ce qui fait chuter fortement la PK (Probability of Kill).
  • Le mode 3 correspond au tir avec viseur de casque, qui pour le Mica-IR. Mode redoutable pour les affrontements Ă  courte portĂ©e, le pilote dirige le missile en suivant la cible du regard. N’est pas disponible actuellement pour les Mirage mais le Rafale devrait en ĂȘtre pourvu.
  • Le mode 4, qui se rapporte Ă©galement au missile Ă  autodirecteur infrarouge. Ce mode s’applique lorsque le missile encore sur son rail dĂ©tecte lui-mĂȘme sa cible et l’accroche avant d’ĂȘtre tirĂ©.

À noter que les puissances de calcul aujourd’hui disponibles ouvrent de nouveaux horizons aux radars embarquĂ©s. Encore faut-il bien relativiser les choses, le radar RDY a par exemple Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1990 et il utilise des microprocesseurs de cette Ă©poque, c’est-Ă -dire de la classe des premiers Pentium. On touche lĂ  du doigt les questions d’obsolescence qui entrent en compte dĂšs lors que le dĂ©veloppement des systĂšmes se compte non plus en mois ou en annĂ©es, mais en dĂ©cennies mais les technologies sur Ă©tagĂšre permettent des mises Ă  niveau relativement rapide.

Radar semi-actif
Principe de guidage d’un missile par radar semi-actif

Les radars semi actifs, de conception plus simple, sont apparus dans les annĂ©es 1950 (par exemple l’AIM-7 Sparrow). Il n’était pas possible Ă  l’époque d’installer Ă  la fois un Ă©metteur et un rĂ©cepteur radar dans un missile. L’avion qui a tirĂ© le missile Ă©met les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques qui sont rĂ©flĂ©chies par la cible puis reçues et analysĂ©es par le missile[14].

Radar passif

Des missiles anti-radar comme l’Armat, une version de l’AS-37 Martel AR, se guident en repĂ©rant les signaux radar de l’ennemi et en se dirigeant vers l’émetteur[16].

Infrarouge passif
Un missile AIM-9 Sidewinder touche un North American F-86 Sabre lors d’un tir d’exercice à la base China Lake en 1978.

Un autodirecteur Ă  infrarouge passif comporte des dĂ©tecteurs refroidis Ă  70 K, sensibles aux longueurs d’onde 3 Ă  5 ”m pour les missiles antiaĂ©riens, 8 Ă  12 ”m pour les antichars. Les premiers dĂ©tecteurs (annĂ©es 1960 Ă  1980) ne comportaient qu’un seul Ă©lĂ©ment derriĂšre un disque modulateur tournant. De nos jours, on utilise des capteurs IR-CCD qui permettent d’obtenir une image 2D[17]. Ce dĂ©tecteur est portĂ©e par une « antenne Â» mobile ; la ligne de visĂ©e est alors diffĂ©rente de la trajectoire du missile[18]. Sauf dans le cas d’une poursuite pure (§ 3), l’asservissement de l’angle de l’antenne est dĂ©couplĂ© de celui du missile, ce qui nĂ©cessite une stabilisation de l’antenne avec un gyroscope, ou par l’intermĂ©diaire de calculs de changement de repĂšre Ă  partir de mesures inertielles[19].

L’autodirecteur a pour fonction de mesurer de l’écart angulaire (« Ă©cartomĂ©trie ») entre la trajectoire du missile et sa ligne de visĂ©e. Celle-ci se fait avec la dĂ©tection de rayonnement infrarouge entre la cible et le fond. Certains autodirecteurs peuvent Ă©galement rechercher leur cible dans un champ angulaire Ă©tendu (le « balayage »). Les autodirecteurs les plus rĂ©cents sont Ă©galement capables de classer les cibles dĂ©tectĂ©es et de reconnaĂźtre les vraies cibles des leurres[20].

Les autodirecteurs infrarouges modernes ont des portées de 10 à 15 km[21]. Les missiles AIM-9 Sidewinder, Vympel R-73, Mistral, Magic 2 ou MICA utilisent de tels systÚmes.

Laser semi-actif
Autodirecteur laser semi actif de la bombe Paveway

Un dĂ©signateur laser est une source laser servant Ă  illuminer une cible afin de guider une arme (bombe ou missile). Le laser n’opĂšre pas nĂ©cessairement dans le spectre visible.

Cette technique a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e dans les annĂ©es 1970, grĂące aux progrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la technologie Laser. Par exemple l’AS-30L, mis en service en 1986 sur le Jaguar A se dirige vers une cible illuminĂ©e par un « pod » (nacelle) ATLIS embarquĂ© sur l’avion[22].

Imageurs

Un imageur visible peut permettre Ă  un missile air-sol de reconnaĂźtre sa cible. L’image a prĂ©alablement Ă©tĂ© enregistrĂ©e dans le systĂšme (AGM-65 Maverick)[23]. Un imageur infrarouge peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©, cette technique permet une grande prĂ©cision (AASM version mĂ©trique ou le SPICE (en))[24].

Autoguidage indirect

L’autoguidage indirect consiste Ă  Ă©laborer les ordres Ă  bord du missile, mais ce n’est pas la cible qui est directement dĂ©tectĂ©e. La position est dĂ©terminĂ©e par rapport Ă  un systĂšme de rĂ©fĂ©rence auxiliaire, et les coordonnĂ©es de la cible sont connues par rapport Ă  cette rĂ©fĂ©rence[25].

Le guidage du missile V2 nazi était uniquement inertiel, et trÚs imprécis.

Le missile allemand V2 fut le premier missile balistique (qu’on appelait encore « fusĂ©e ») de l’histoire. Mis en service en 1944, sa trajectoire Ă©tait trĂšs imprĂ©cise, et le missile ne pouvait que bombarder les villes[26].

La centrale inertielle du missile contient trois accĂ©lĂ©romĂštres permettant de mesurer l’accĂ©lĂ©ration linĂ©aire dans les trois axes du repĂšre engin, et trois gyromĂštres permettant de mesurer la vitesse de rotation dans les trois axes du repĂšre engin. GrĂące Ă  des calculs tenant compte des effets de pesanteur et des accĂ©lĂ©rations d’entrainement et de Coriolis (liĂ©es Ă  la rotation de la Terre) et utilisant des changements de repĂšres, ces informations permettent de fournir la vitesse de l’engin ainsi que ses coordonnĂ©es dans le repĂšre terrestre (latitude, longitude, altitude, lacet, tangage et roulis).

À cause des intĂ©grations contenues dans les calculs, la prĂ©cision se dĂ©grade au cours du temps. Ce systĂšme est toutefois extrĂȘmement fiable, ne dĂ©pend pas de sources extĂ©rieures et est insensible Ă  toute perturbation de l’environnement[27].

Beaucoup de missiles utilisent cette mĂ©thode, pour leur guidage Ă  mi-course, suivie Ă©ventuellement d’un autoguidage direct[25].

Guidage inertiel avec recalage par visée stellaire

Utilisé par les missiles balistique.

Positionnement par satellites

GrĂące Ă  une constellation de satellites Ă©mettant un signal radio, le missile peut connaĂźtre sa position Ă  un instant donnĂ© avec une grande prĂ©cision. Le systĂšme le plus connu est le Global Positioning System amĂ©ricain, sa mise en place commence en 1978 et il offre une couverture mondiale depuis 1995. Par rapport Ă  la navigation inertielle, cette technique prĂ©sente les inconvĂ©nients d’un temps de traitement plus important, et d’une sensibilitĂ© aux perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques[28].

Ainsi les systĂšmes actuels sont le plus souvent hybrides, c’est-Ă -dire qu’ils utilisent la navigation inertielle comme source primaire mais avec une source complĂ©mentaire comme le GPS pour en corriger la dĂ©rive[29].

Autres

Le lanceur de missile Ă©met un faisceau laser codĂ© spatialement. Le missile, dotĂ© d’un rĂ©cepteur, peut se repĂ©rer en dĂ©codant le message contenu dans le laser[30] - [31].

La technologie TERCOM (Terrain Contour Matching, repérage des contours du terrain) permet au missile de se repérer grùce à son contexte géographique. Une antenne radar détermine les éléments de paysage autour du missile. Un calculateur compare ensuite la scÚne avec un modÚle numérique de terrain stocké en mémoire, ce qui permet au missile de corriger sa direction[2]. Cette méthode est utilisée dans les missiles de croisiÚre : AGM-86 ALCM, BGM-109 Tomahawk, AGM-129 ACM.


Lois de guidage

Dans cette section, différentes lois de guidage sont présentées avec les simplifications suivantes :

  • le missile et la cible sont considĂ©rĂ©s ponctuels,
  • il n’y a pas de constante de temps liĂ©e au traitement du signal et au dĂ©lai des actionneurs,
  • les bruits et perturbations sont nĂ©gligĂ©s,
  • le guidage se fait dans le plan[32].

Center

Notations utilisées :

  • M est le missile et B le but
  • et sont les vecteurs vitesse
  • est l’accĂ©lĂ©ration latĂ©rale du missile, l’accĂ©lĂ©ration normale
  • et
  • et sont les angles entre les vecteurs vitesse et une rĂ©fĂ©rence fixe arbitraire (et non horizontale) ; est l'angle entre MB et cette rĂ©fĂ©rence.

Si , on parle d’« attaque arriĂšre Â», si , on parle d’« attaque frontale», et si , on parle d’« attaque latĂ©rale»[33].

Poursuite

La poursuite ou « courbe du chien Â» est utilisable en autoguidage ou tĂ©lĂ©guidage indirect. Dans ce cas, la vitesse du missile fait un angle constant avec la direction du but, on a [N 5]. En poursuite pure, [34].

La navigation proportionnelle est utilisable en autoguidage ou tĂ©lĂ©guidage indirect. Dans ce cas, le missile a une vitesse de rotation proportionnelle Ă  celle de la droite missile, soit . A est la constante de navigation proportionnelle. Avec , on obtient , ce qui permet de relier la sortie du dĂ©tecteur Ă  l’entrĂ©e du systĂšme de pilotage[35].

Collision

La collision est utilisable en autoguidage ou tĂ©lĂ©guidage indirect. Dans ce cas, la droite MB reste dans la mĂȘme direction, soit [36].

Alignement

L’alignement est utilisable en tĂ©lĂ©guidage direct. Cela consiste Ă  forcer l’alignement entre le missile, le but et l’opĂ©rateur[37].

Cette technique Ă©tait utilisĂ©e sur les premiers missiles surface-air mais fut jugĂ©e inefficace pour des longues portĂ©es et elle est aujourd’hui abandonnĂ©e. Cette mĂ©thode fut utilisĂ©e par exemple sur les RIM-2 Terrier amĂ©ricains dans les annĂ©es 1950[38].


Notes et références

Notes

  1. Il existe Ă©galement des munitions d’artillerie guidĂ©es (en) : M982 Excalibur, MGM-51 Shillelagh

  2. On distinguait alors les missiles (dans le sens « fusĂ©es Â») et les missiles guidĂ©s. Aujourd’hui, par dĂ©finition un missile est guidĂ©.
  3. Dans le cas de missiles antiaĂ©riens, souvent Ă©quipĂ©s de dĂ©tecteurs de proximitĂ© pour commander l’explosion, un impact direct n’est pas nĂ©cessaire pour dĂ©truire la cible.
  4. De la mĂȘme façon, les torpilles utilisent les ondes acoustiques (Sonar).
  5. est la fonction dérivée de x par rapport au temps

Références

  1. Carpentier 1989, ch 1 I.1. DĂ©finition du guidage
  2. Fundamentals of Naval Weapons Systems, Chapter 15 Guidance and Control ; 16.5.3 Terrestrial Guidance Methods
  3. Flament 2009, 1.3 Structure de commande d’un vĂ©hicule autonome
  4. Harcaut et al. 1998, 4.1 Besoins du guidage
  5. Marzat 2011, 2.3 Guidage-pilotage
  6. Carpentier 1989, ch 1 I.2. ÉlĂ©ments constitutifs de l’ensemble du systĂšme de guidage
  7. Carpentier 1989, ch 1 I.4.3. Récapitulations des procédés de guidage
  8. Carpentier 1989, ch 1 I.3.1. Mobiles et détecteurs considérés dans ce cours
  9. Carpentier 1989, ch 1 I.3.1. 3. Mobiles ayant deux modes successifs de guidage
  10. Carpentier 1989, ch 1 I.4.1 Téléguidage
  11. Carpentier 1989, ch 1 I.4.1.1 Téléguidage direct
  12. Delteil 1997, Téléguidage direct
  13. Carpentier 1989, ch 1 I.4.1.2 Téléguidage indirect
  14. (en) Carlo Kopp, « Active and semiactive radar missile guidance », sur www.ausairpower.net,
  15. « FOX-3, les missiles à longue portée », sur www.avionslegendaires.net (consulté le )
  16. Belan et Mercillon 2006, p. 126
  17. Delteil 1997, 2.4 Génération des écartométries
  18. Delteil 1997, 2.2.1 AĂ©rien mobile
  19. Delteil 1997, 2.5 Asservissement de la tĂȘte gyro-stabilisĂ©e
  20. Delteil 1997, 2.1 Fonctions Ă  assurer
  21. Belan et Mercillon 2006, p. 124
  22. Belan et Mercillon 2006, p. 105
  23. Carpentier 1989, ch 1 I.4.2.1 Autoguidage direct
  24. (en) « France’s AASM Precision-Guided Bombs », sur www.defenseindustrydaily.com,
  25. Carpentier 1989, ch 1 I.4.2.2 Autoguidage indirect
  26. Belan et Mercillon 2006, p. 11
  27. Flament 2009, 1.5.1 Navigation inertielle
  28. Flament 2009, 1.5.2 Positionnement par satellites
  29. Flament 2009, 1.6.2 La navigation hybridée
  30. Dansac 1994, 1.2.2 Guidage sur faisceau directeur
  31. Meyzonnette, Fouilloy et Tribut 1997, Guidage de missiles sur faisceau directeur
  32. Carpentier 1989, ch 2 I.1 Introduction
  33. Carpentier 1989, ch 2 I.3 Notations
  34. Carpentier 1989, ch 2 I.1.4.1.1 La poursuite
  35. Carpentier 1989, ch 2 I.1.4.1.2 Navigation proportionnelle classique
  36. Carpentier 1989, ch 2 I.1.4.1.3 Collision
  37. Carpentier 1989, ch 2 I.1.4.2 Loi de guidage en téléguidage : alignement
  38. (en) Jeff Scott, « Missile Guidance », sur www.aerospaceweb.org,

Bibliographie

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