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Missile balistique

Un missile balistique est un engin qui lance une ou plusieurs armes en leur donnant une trajectoire essentiellement balistique, c'est-Ă -dire influencĂ©e uniquement par la gravitĂ© et la vitesse acquise par l'impulsion fournie lors de la propulsion. La phase balistique est prĂ©cĂ©dĂ©e par une phase de propulsion sous l’effet d’un moteur-fusĂ©e, le missile proprement dit, donnant Ă  l'arme (ou aux armes) la vitesse nĂ©cessaire pour atteindre la cible aprĂšs une trajectoire essentiellement spatiale.

Missile balistique
Missile balistique
Trois phases de la trajectoire du missile balistique
Présentation
Type de missile Type de missile guidĂ©, armĂ© d'une tĂȘte conventionnelle ou nuclĂ©aire, lancĂ© du sol, de la mer ou des airs, Ă  une distance pouvant dĂ©passer 10 000 km
Déploiement Premier missile déployé : V2 en 1944
Premier ICBM en 1959
Caractéristiques
Nombre d'Ă©tages 1, 2 ou 3 Ă©tages
Ergols Propergol liquide ou solide
Vitesse SRBM : mach 2
ICBM : mach 23 (28 400 km/h ou 7,8 km/s) en fin de parcours
PortĂ©e De quelques dizaines de km (SRBM) Ă  plus de 10 000 km (ICBM)
ApogĂ©e ICBM : > 1 000 km
Charge utile Une ou plusieurs ogives (Mirvage)
Puissance courante entre 100 kt et 1 Mt
Tir d'un missile Titan II depuis son silo ; cet engin fut opérationnel à partir de 1962.

La phase d'accĂ©lĂ©ration n'est pas balistique puisqu'elle est essentiellement soumise Ă  la force propulsive des moteurs. Cette phase est relativement courte : moins de trois minutes. AprĂšs la phase d'accĂ©lĂ©ration vient le parcours balistique. C'est celui de l'arme qui, une fois lancĂ©e et dotĂ©e d’une vitesse suffisante, n'est plus soumise Ă  la seule gravitĂ© de la Terre. Cette seconde phase dure plus longtemps, de dix minutes Ă  une demi-heure selon la poussĂ©e fournie par le missile. Il prĂ©cĂšde une trĂšs brĂšve phase de rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre de l'ordre de quelques secondes qui, parce que soumise au frottement de l’air, n’est pas balistique.

Puisque l'essentiel du temps de parcours de l'arme est de nature balistique, c'est ce nom qui a été donné aux missiles qui la lancent.

Définitions et catégories

DĂ©finitions

Un missile est une arme propulsée et guidée conçue pour emporter une charge militaire. Les quatre catégories principales de missiles sont :

  • les missiles balistiques, dont la portĂ©e va de quelques dizaines de kilomĂštres Ă  plusieurs milliers de kilomĂštres, propulsĂ©s par un moteur-fusĂ©e durant leur phase initiale de vol, atteignant des vitesses trĂšs Ă©levĂ©es de plusieurs kilomĂštres par seconde (entre Mach 5 et Mach 20) lorsque la gravitĂ© ramĂšne l'ogive balistique sur Terre et armĂ©s d'ogives militaires conventionnelles ou nuclĂ©aires. Ces missiles contiennent une forme de mĂ©canisme de guidage et de contrĂŽle durant la phase terminale de leur vol afin d'obtenir une bonne prĂ©cision de tir. Les roquettes sont une variante non guidĂ©e de ces missiles ;
  • les missiles tactiques, Ă  trĂšs courte portĂ©e, soit de quelques centaines de mĂštres Ă  quelques dizaines de kilomĂštres sauf exception, utilisĂ©s sur le champ de bataille pour dĂ©truire des cibles prĂ©cises, telles que des engins blindĂ©s ou des avions. Ces missiles anti-char, anti-aĂ©ronef ou anti-navire ont une trajectoire tendue et non balistique parce que l'influence de la gravitĂ© sur leur parcours est mineure : beaucoup de ces missiles sont propulsĂ©s durant la totalitĂ© ou au moins la plus grande partie de leur vol, qui se dĂ©roule le plus souvent dans l'atmosphĂšre et donc rarement dans l'espace exo-atmosphĂ©rique ;
  • les missiles de croisiĂšre, dont la portĂ©e est rarement supĂ©rieure Ă  quelques centaines de kilomĂštres, propulsĂ©s durant tout leur vol, mais lents puisque subsoniques le plus souvent, qui peuvent ĂȘtre armĂ©s comme les missiles balistiques d'ogives conventionnelles ou nuclĂ©aires. Ils volent Ă  trĂšs basse altitude, ce qui constitue leur principale protection pour Ă©chapper Ă  la dĂ©tection[1].
  • les missiles ou planeurs hypersoniques, propulsĂ©s par un moteur-fusĂ©e ou un statorĂ©acteur pendant une partie de leur vol leur permettant d'atteindre une trĂšs grande vitesse, supĂ©rieure Ă  Mach 5 et d'adopter un profil de vol Ă  plus basse altitude que les missiles balistiques. La combinaison de ces deux caractĂ©ristiques les rend trĂšs difficiles Ă  dĂ©tecter et Ă  intercepter[2].

Missiles et lanceurs

Lancement par une fusée Atlas d'une capsule Mercury emportant à son bord l'astronaute John Glenn, premier astronaute américain à orbiter autour de la Terre.

Les missiles balistiques dĂ©veloppĂ©s depuis la Seconde Guerre mondiale rĂ©pondent Ă  des besoins opĂ©rationnels sur les thĂ©Ăątres d'opĂ©rations comme Ă  des besoins stratĂ©giques dans le cadre de la dissuasion nuclĂ©aire. Durant les annĂ©es 1950, certains projets ont une double finalitĂ©, militaire et civile. Dans ce deuxiĂšme domaine d'application, le terme « missile » est remplacĂ© par « lanceur » ou « fusĂ©e ». Ainsi, Atlas, le premier missile intercontinental (ICBM) dĂ©veloppĂ© aux États-Unis, est aussi utilisĂ© comme lanceur pour Mercury, le premier vĂ©hicule spatial amĂ©ricain[3]. De mĂȘme, le missile R-7 Semiorka (code OTAN SS-6 Sapwood) est le premier missile balistique intercontinental dĂ©veloppĂ© par l'Union soviĂ©tique ainsi que la premiĂšre fusĂ©e Ă  avoir placĂ© un satellite artificiel, Spoutnik 1, en orbite autour de la Terre, premier vol orbital rĂ©ussi de l'Ăšre spatiale[4]. Contrairement aux missiles conçus pour envoyer leur charge utile sur une cible prĂ©dĂ©terminĂ©e, les lanceurs ont pour vocation de placer leur charge utile en orbite terrestre pour des applications qui peuvent aussi ĂȘtre des satellites militaires[5].

De nos jours, la Russie, les États-Unis, le Japon, la Chine, les pays europĂ©ens par le biais de l'Agence spatiale europĂ©enne, IsraĂ«l, l'Inde, l'Iran et la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud disposent de leur propre capacitĂ© de lancement spatial. D'autres pays aspirent Ă  une telle capacitĂ©, comme le BrĂ©sil et le Pakistan. Le caractĂšre potentiellement dual, civil et militaire, des lanceurs spatiaux dĂ©veloppĂ©s au XXIe siĂšcle par une dizaine de pays est un enjeu de sĂ©curitĂ©, la prolifĂ©ration des missiles nourrissant la prolifĂ©ration nuclĂ©aire.

Le traitĂ© de l'espace, entrĂ© en vigueur en 1967, dĂ©finit les principes rĂ©gissant les activitĂ©s des États en matiĂšre d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphĂ©rique. En particulier, il interdit la mise en orbite d'armes nuclĂ©aires. Il n'interdit en revanche pas le lancement de missiles balistiques dont l'essentiel de la trajectoire se situe dans l'espace extra-atmosphĂ©rique.

Typologie

Il n'existe pas de typologie internationale officielle des missiles balistiques. La typologie suivante selon la portée des missiles a été adoptée par l'usage pour les missiles lancés depuis le sol :

Le TraitĂ© sur les forces nuclĂ©aires Ă  portĂ©e intermĂ©diaire, signĂ© en 1987 par les États-Unis et l'Union soviĂ©tique, dĂ©finit deux catĂ©gories : les missiles de portĂ©e intermĂ©diaire, d'une portĂ©e comprise entre 1 000 et 5 500 km, et les missiles Ă  plus courte portĂ©e, dont la portĂ©e se situe entre 500 et 1 000 km[6].

Un missile américain Trident II tiré depuis un sous-marin perce la surface de l'eau.

Pour les missiles qui ne sont pas lancés depuis le sol, la classification distingue leur milieu de lancement :

Place dans les forces armées

Les missiles balistiques acquiÚrent durant la guerre froide une place considérable parmi les équipements des forces armées. La guerre froide stimule le développement de missiles balistiques toujours plus performants, auxquels des moyens humains, industriels et financiers sont consacrés afin d'augmenter leur portée, d'en réduire les délais de lancement et de les protéger contre les frappes ennemies, d'améliorer leur précision ou d'augmenter les performances de leur charge utile. En URSS, en 1958, les achats de missiles représentent 6 % du budget d'équipement des forces armées, tandis qu'en 1965, ils en représentent 53 %.

Les missiles sont le plus souvent associés à la notion d'arme de destruction massive, terme qui désigne les armes nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques. Ils peuvent aussi emporter des ogives explosives dites conventionnelles. Leur développement durant les années de la guerre froide est fondamentalement lié à l'arme et à la dissuasion nucléaires. Toutefois, à fin 2019, des missiles ont été utilisés dans plus d'une douzaine de conflits pour lancer des ogives conventionnelles ou chimiques, mais jamais d'ogive nucléaire.

Les neuf pays dotés de l'arme nucléaire distinguent :

Histoire

L’histoire du missile balistique commence au dĂ©but du XXe siĂšcle. Engin complexe, seuls les États trĂšs avancĂ©s sur le plan scientifique et technologique peuvent initialement en entreprendre la construction. À partir des annĂ©es 1990, le savoir-faire s'est rĂ©pandu dans le monde et le commerce des composants entrant dans la fabrication d'un missile balistique n'est pas interdit par traitĂ©. En consĂ©quence, si seules les puissances nuclĂ©aires durant les annĂ©es de la guerre froide se lancent dans la fabrication de missiles balistiques, plus d'une vingtaine d'États en ont depuis acquis ou dĂ©veloppĂ©, dont certains sont dotĂ©s d'ogives nuclĂ©aires ou pourraient l'ĂȘtre.

Les précurseurs

L’histoire de la conquĂȘte spatiale et du missile a retenu les noms de quatre pionniers : le Russe Constantin Tsiolkovski, le Français Robert Esnault-Pelterie, l'AmĂ©ricain Robert Goddard et l'Austro-hongrois Hermann Oberth.

En Russie, Tsiolkovsky est le premier au début du XXe siÚcle à poser les principes physiques à la base du fonctionnement des fusées et du vol orbital qui démontrent notamment la nécessité de construire des fusées à étages séparés pour atteindre la vitesse orbitale[7] - [8].

Robert Esnault-Pelterie, inventeur talentueux, pionnier de l’aviation, propose de caractĂ©riser la navigation Ă  venir dans le ciel et les astres par le mot « astronautique », universellement adoptĂ© depuis. il s’intĂ©resse dĂšs 1907 Ă  la thĂ©orie de la propulsion par rĂ©action et aux possibilitĂ©s offertes par la fusĂ©e pour les voyages interplanĂ©taires, dont il devient un ardent promoteur. Mais il Ă©choue Ă  intĂ©resser l'État-major français Ă  la construction de fusĂ©es[9] - [10].

Aux États-Unis, Goddard est le premier Ă  construire des fusĂ©es expĂ©rimentales Ă  carburant liquide : sa premiĂšre fusĂ©e, lancĂ©e le s'Ă©lĂšve Ă  12,5 mĂštres de hauteur et parcourt 56 mĂštres depuis son lieu de lancement[11].

En Allemagne, Hermann Oberth soutient en 1923, la premiĂšre thĂšse de doctorat en astronautique qu'il publie sous le titre La fusĂ©e dans l'espace. Il prĂ©side Ă  partir de 1928 une sociĂ©tĂ© savante La sociĂ©tĂ© pour la navigation spatiale (en allemand Verein fĂŒr Raumschiffahrt). Ses convictions deviennent rapidement partagĂ©es, contrairement Ă  ce qui se passe cĂŽtĂ© français. Il attire de jeunes talents comme Wernher von Braun[12] - [13].

Les premiers missiles opérationnels

V2 au dĂ©collage en 1943 lors d'un test Ă  PeenemĂŒnde.

En Allemagne, l'armĂ©e crĂ©e un dĂ©partement Balistique au sein de la direction des Armements que von Braun rejoint en 1932. Au sein de cette institution militaire, il prend la tĂȘte d'un programme de recherche sur les fusĂ©es Ă  propulsion Ă  ergols liquides. Celle-ci bĂ©nĂ©ficie d'un soutien financier croissant des dirigeants militaires allemands dans le contexte d'une politique de rĂ©armement de l'Allemagne portĂ©e par l'arrivĂ©e au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier 1933.

Des tests de missiles Ă  ergols liquides sont effectuĂ©s Ă  partir de 1932. Les Ă©quipes s'installent en 1937 sur le site secret de PeenemĂŒnde sur la Baltique oĂč 5 000 personnes travaillent en 1942. La conception du missile A-4, le futur V2, est finalisĂ©e en 1941 et le premier essai en vol rĂ©ussi a lieu le . Les premiers V2 sont tirĂ©s sur Paris et Londres le . Le missile est publiquement identifiĂ© par le ministre de la Propagande nazie, Joseph Goebbels, comme l'« arme de reprĂ©sailles 2 » (en allemand : Vergeltungswaffe 2), soit en forme courte V2[14] - [15] - [16].

Les années 1945-1949 : prolifération de projets et expérimentations

Missile R-2, dérivé du V2, à l'entrée de Korolev, au sud de Moscou, rebaptisée en l'honneur de Sergueï Korolev.

La Seconde Guerre mondiale finie, il poursuit ses essais au Nouveau-Mexique avec une grande partie de son Ă©quipe et beaucoup de matĂ©riel que les amĂ©ricains ont rĂ©cupĂ©rĂ©[17]. Mais lĂ , de 1945 jusqu’à la fin des annĂ©es 1950, il n’y a plus de volontĂ© politique, plus d’intĂ©rĂȘt de la part des États-Unis pour le dossier spatial. L’USAF favorise les bombardiers Ă  trĂšs long rayon d’action de son Strategic Air Command (B-36, B-47, B-50 puis B-52). Le , le secrĂ©taire d’État amĂ©ricain John Foster Dulles formule le concept de « reprĂ©sailles massives » exĂ©cutable par la flotte des bombardiers stratĂ©giques et eux seuls[18] qui ne laisse pas sa place Ă  une arme nuclĂ©aire lancĂ©e Ă  trĂšs longue portĂ©e qui arriverait beaucoup plus vite que les avions. Seuls des engins dits plus tard de portĂ©e intermĂ©diaire sont rĂ©alisĂ©s pour prendre place aux portes de l’Union soviĂ©tique, les missiles Thor et Jupiter.

Le missile balistique est donc alors confinĂ© dans un petit rĂŽle dont on ne cherche pas Ă  le faire sortir. Il ne devient de nature essentiellement stratĂ©gique qu’avec la vision politique des SoviĂ©tiques et le lancement de Spoutnik 1, le . La guerre finie, et cette fois en Union soviĂ©tique, se rencontrent un autre homme de gĂ©nie et la volontĂ© politique qui fera finalement basculer le monde de la guerre froide puis celui d’aujourd’hui dans le concept de la dissuasion nuclĂ©aire crĂ©Ă© par les missiles balistiques de longue portĂ©e[note 1].

Cet homme, c'est SergueĂŻ Korolev. EnvoyĂ© en 1936 au Goulag oĂč vont mourir sa femme et sa fille, il exerçait dans un laboratoire de recherche dĂ©diĂ© aux applications militaires des fusĂ©es, crĂ©Ă© Ă  la suite des travaux de Constantin Tsiolkovski qui, le premier en 1924, avait mis en Ă©vidence le paramĂštre fondamental de la conquĂȘte de l’espace. C’est la vitesse Ă  donner Ă  l’arme ou au satellite[19].

Staline sort Korolev du Goulag en 1945 pour qu’il examine le matĂ©riel balistique et interroge les ingĂ©nieurs allemands que les AmĂ©ricains n’avaient pu prendre. Les travaux qu’il va de lui-mĂȘme mener ensuite sur des Ă©volutions successives du V2 de plus en plus performantes (modĂšles dits successivement R1, 2, 3
), son puissant gĂ©nie et celui de ses Ă©quipes au dĂ©but pour partie allemandes et trĂšs vite entiĂšrement nationales, mais aussi la perspicacitĂ© des dirigeants russes, tout cela conduit en 1953 au lancement dans le plus grand secret, du programme de construction d’un missile balistique dit R-7 et appelĂ© intercontinental[20], c’est-Ă -dire de trĂšs longue portĂ©e et capable d’atteindre les États-Unis depuis le territoire soviĂ©tique.

Les années 1950 : premiers déploiements opérationnels de missiles nucléaires

Le Atlas I, premier missile balistique intercontinental américain, 1958.

Le , lancĂ© par une fusĂ©e R-7, le satellite artificiel Spoutnik 1 orbite autour de la Terre. Ceci intĂ©resse uniquement les journalistes et le grand public. Ce qui intĂ©resse les militaires amĂ©ricains, au fait des progrĂšs soviĂ©tiques depuis plusieurs mois dĂ©jĂ , ce n’est pas le satellite, mais le fait d’avoir Ă©tĂ© capable de le satelliser. Une fusĂ©e qui a pu fournir une vitesse de 8 km/s aux quelques kilos d’un satellite pourrait lancer une charge plus lourde Ă  une vitesse moindre. À 7 km/s par exemple, la charge retomberait sur la Terre Ă  10 000 km de son point de lancement tandis qu’on aurait remplacĂ© le satellite par une arme nuclĂ©aire (cf. ci-dessous). Les SoviĂ©tiques n’en sont pas encore lĂ , mais ils viennent de montrer qu’ils allaient y arriver.

Le prĂ©sident et ex-gĂ©nĂ©ral Dwight D. Eisenhower prend la mesure du danger et du retard des États-Unis avec une inquiĂ©tude mesurĂ©e que ne partage pas le camp opposĂ©, celui du futur prĂ©sident John F. Kennedy, beaucoup plus dĂ©cidĂ© Ă  combler le dĂ©ficit technique que la satellisation vient de dĂ©montrer (le « missile gap »)[21]. Deux dĂ©cisions capitales pour l’avenir du missile balistique s’ensuivent :

  • l’une par Eisenhower avec la crĂ©ation de la NASA en , regroupant les efforts civils et militaires. Wernher von Braun dirigera l'Ă©quipe chargĂ©e de mettre au point le lanceur orbital ;
  • l’autre par Kennedy en dĂ©cidant, le , d’envoyer des hommes sur la Lune avec le programme Apollo.

Une telle dĂ©cision a fait l’objet de nombreuses analyses historiques. Elle est prise aprĂšs le premier vol d’un Homme dans l’espace, le , qui caractĂ©rise Ă  nouveau l’infĂ©rioritĂ© amĂ©ricaine dont l’avenir montrera qu’elle n’est pas si importante. Quoi qu’il en soit, elle a donnĂ© un Ă©norme Ă©lan au complexe militaro-industriel amĂ©ricain en lui fournissant d’immenses crĂ©dits de recherche et de dĂ©veloppement. Parce que le missile balistique est un objet complexe, il faudra aux États-Unis comme Ă  l'URSS puis Ă  la France ultĂ©rieurement, deux ou trois gĂ©nĂ©rations de missiles avant d’en arriver aux portĂ©es les plus longues. Pour soutenir cet effort au but uniquement militaire qui aurait pu ĂȘtre difficilement acceptĂ©e par les citoyens amĂ©ricains, l’idĂ©e de proposer d’aller sur la Lune a Ă©tĂ© d’une excellente politique.

Les années 1960 : développement et déploiement tous azimuts

En , la crise des missiles de Cuba thĂ©orise dĂ©finitivement l’emploi du missile balistique sous sa forme actuelle. PortĂ©e trĂšs grande, emploi d’ogives nuclĂ©aires, dĂ©lai de tir trĂšs court et protection extrĂȘme dans des bunkers ou, plus sĂ»rement encore, Ă  bord de sous-marins.

Les AmĂ©ricains avaient placĂ© en Turquie et en Italie, depuis 1959, une gĂ©nĂ©ration intermĂ©diaire de missiles balistiques (les Jupiter) qui n’avaient encore que quelques milliers de kilomĂštres de portĂ©e, et donc ne pouvaient ĂȘtre tirĂ©s trop loin de Moscou, d’oĂč leur positionnement. L’Union soviĂ©tique souhaita manifester sa capacitĂ© de rĂ©Ă©quilibrage stratĂ©gique en plaçant ses missiles balistiques (R-12), qui, pour les mĂȘmes raisons de dĂ©veloppement technique, avaient les mĂȘmes portĂ©es, dans l’üle de Cuba oĂč ils Ă©taient alors Ă  portĂ©e de Washington. Dans les deux cas, les deux pays dĂ©truisaient leurs capitales en un quart d’heure, le temps de parcours des armes des missiles balistiques de portĂ©e intermĂ©diaire.

La crise s’est soldĂ©e par le retrait de ces missiles balistiques : ceux des Russes ne sont jamais arrivĂ©s Ă  Cuba et ceux des AmĂ©ricains ont Ă©tĂ© retirĂ©s de Turquie et d'Italie parce qu’ils Ă©taient devenus inutiles. Les deux grands mettaient alors en service leur derniĂšre gĂ©nĂ©ration de missiles balistiques capables d'assurer la destruction des capitales et autres cibles majeures en passant au-dessus du pĂŽle Nord en trente minutes. Le missile balistique de derniĂšre gĂ©nĂ©ration — et rien de tel avant lui — ne donnait plus le temps de dĂ©clarer la guerre. Probablement ces deux prĂ©sidents ont-ils Ă©tĂ© les premiers Ă  en prendre pleinement conscience. Ils ont alors mis en place un moyen spĂ©cifique de s’entretenir directement et rapidement en cas de crise ou d'urgence : le tĂ©lĂ©phone rouge.

La lettre envoyĂ©e au premier secrĂ©taire du PCUS Khrouchtchev par Madame Kennedy peut probablement conclure Ă  ce jour (2017) l’histoire des missiles balistiques stratĂ©giques aboutis, ces armes effroyables « dans la main de grands hommes » selon elle[22] : « Cher PrĂ©sident, (
) je sais combien mon Ă©poux tenait Ă  la paix, et combien la relation que vous aviez Ă©tait centrale dans ce souci qui occupait son esprit. Il avait l’habitude de vous citer dans certains de ses discours : « Dans la prochaine guerre, les survivants envieront les morts ». (
) Le danger qui hantait mon mari Ă©tait que la guerre puisse ĂȘtre dĂ©clarĂ©e, non par des grands hommes mais par des petits. Les grands hommes savent qu’il est nĂ©cessaire de se contrĂŽler et de se restreindre
 ».

Dans les annĂ©es 1960, la France et la Chine se lancent Ă  leur tour dans le dĂ©veloppement de missiles balistiques. La France disposait en 1958 d’un savoir-faire balistique et surtout nuclĂ©aire mais sans volontĂ© de rĂ©aliser un missile balistique. DĂšs qu’elle s’est manifestĂ©e par dĂ©cision du gĂ©nĂ©ral De Gaulle devenu prĂ©sident de la RĂ©publique, la construction en a Ă©tĂ© actĂ©e dans la deuxiĂšme loi programme 1965-1970[23].

Garantir l’effet dissuasif, c’est empĂȘcher l’adversaire de dĂ©truire le missile balistique en tirant le premier[24]. L’histoire a montrĂ© trois dispositions possibles pour les missiles balistiques en attente de tir : sur des wagons ou des camions dĂ©placĂ©s continĂ»ment. Il faut disposer de vastes espaces trĂšs peu habitĂ©s ; dans des silos de plus en plus protĂ©gĂ©s au fur et Ă  mesure que la prĂ©cision des missiles balistique adverses croĂźt ; dans des sous-marins dissimulĂ©s par les immensitĂ©s ocĂ©aniques.

La disposition dans des sous-marins lanceurs de missiles balistiques est aujourd’hui considĂ©rĂ©e comme la plus sĂ»re[25]. Les trois seuls pays Ă  dĂ©tenir sous la mer leurs propres missiles de trĂšs longue portĂ©e sont les États-Unis, la Russie et la France[note 2].

Les années 1970 et 1980 : vers la fin de la course au nombre et à la technologie

À partir du dĂ©but des annĂ©es 1970, les AmĂ©ricains et les SoviĂ©tiques s'entendent pour limiter puis rĂ©duire par Ă©tape le nombre de leurs armes stratĂ©giques en fixant des plafonds qui concernent Ă  la fois le nombre d'ogives nuclĂ©aires et le nombre vecteurs stratĂ©giques, c'est-Ă -dire de missiles balistiques lancĂ©s du sol ou lancĂ©s depuis un sous-marin.

La signature du traitĂ© sur les forces nuclĂ©aires intermĂ©diaires en 1987 complĂšte ces dispositions. Il se traduit par le dĂ©mantĂšlement complet de tous les missiles balistiques (et de croisiĂšre) d'une portĂ©e supĂ©rieure Ă  500 km.

Il en résulte un moindre engouement pour les missiles balistiques durant la fin du XXe siÚcle dans un contexte géopolitique marqué par la fin de la guerre froide et, pour un temps seulement, une baisse générale des tensions internationales.

Cependant, les puissances rĂ©gionales continuent de voir l'intĂ©rĂȘt du missile balistique pour s'imposer vis-Ă -vis de leurs voisins et se lancent, notamment au Moyen-Orient et en Asie, dans des programmes d'acquisition de missiles Ă  courte ou moyenne portĂ©e. Ces programmes sont pour plusieurs pays directement couplĂ©s avec leurs efforts pour devenir une puissance nuclĂ©aire.

Prolifération des missiles balistiques au XXIe siÚcle

En 2010, le Conseil de l'Atlantique nord estime qu’en dehors de l’OTAN, de la Russie et de la Chine, 5 550 Ă  6 250 missiles balistiques sont en service dans le monde, dont 500 Ă  700 d’une portĂ©e de 2 000 Ă  3 000 km et une quarantaine pouvant atteindre de 3 000 Ă  5 500 km. L'inventaire des missiles balistiques dans le monde publiĂ© fin 2017 par l'Arms Control Association fait Ă©tat de 32 pays en possĂ©dant. Neuf d'entre eux sont aussi des puissances nuclĂ©aires[26].

Durant les annĂ©es de la guerre froide, l'Union soviĂ©tique fournit Ă  de nombreux pays « amis » des missiles Ă  courte portĂ©e, Scud-B et SS-21, crĂ©ant ainsi des conditions favorables Ă  la prolifĂ©ration des missiles balistiques au XXIe siĂšcle. De nos jours, la moitiĂ© des États qui possĂšdent des missiles balistiques sont Ă©quipĂ©s de ces missiles ou de modĂšles qui en sont directement dĂ©rivĂ©s.

D’autres pays, tels la Chine, le Pakistan, l'Inde, IsraĂ«l et l'⁣⁣Iran⁣⁣, continuent aujourd'hui Ă  dĂ©velopper des missiles balistiques Ă  portĂ©e intermĂ©diaire dont le rĂŽle stratĂ©gique leur convient puisque les adversaires sont gĂ©ographiquement proches. Le cas de la CorĂ©e du Nord est diffĂ©rent : l’objectif politique de menacer les États-Unis ne peut ĂȘtre atteint que par un missile balistique de trĂšs longue portĂ©e. En 2019, avec l'abandon du traitĂ© sur les forces nuclĂ©aires Ă  portĂ©e intermĂ©diaire, la situation concernant la Russie et les États-Unis est devenue confuse pour l'avenir.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, des missiles balistiques sont utilisés pour la premiÚre fois en 1973 durant la guerre du Kippour. Depuis, ils ont été utilisés dans une quinzaine de conflits. Les pertes les plus importantes dues à des missiles sont celles résultant des attaques massives de Scud lancés par l'Irak contre l'Iran durant le conflit qui les oppose de 1980 à 1988 qui font des milliers de morts parmi la population civile[27].

Les missiles balistiques des puissances nucléaires

Missiles des puissances nucléaires[28]
Pays ICBM IRBM SLBM
Drapeau des États-Unis États-Unis Minuteman III ❌ Trident II (D5)
Drapeau de la Russie Russie RS-24 Yars ❌ RSM-56 Bulava
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine DF-31 DF-21 JL-2
Drapeau du Royaume-Uni G.-B. ❌ ❌ Trident II (D5)
Drapeau de la France France ❌ ❌ M51
Drapeau de l'Inde Inde ❌ Agni-5 K-15 Sagarika
Drapeau d’IsraĂ«l IsraĂ«l ❌ JĂ©richo ❌
Drapeau du Pakistan Pakistan ❌ Shaheen-III (en) ❌
Drapeau de la Corée du Nord Corée N. Hwasong-14 (en) KN-15 (en) KN-11

Toutes les puissances nuclĂ©aires Ă©quipent leurs forces nuclĂ©aires stratĂ©giques de missiles Ă©quipĂ©s d'ogives nuclĂ©aires. Le tableau montre la ou les catĂ©gories de missiles stratĂ©giques que ces pays possĂšdent et le nom du modĂšle le plus performant en service Ă  la fin des annĂ©es 2010[29]. Les armes stratĂ©giques possĂ©dĂ©es par les États-Unis et la Russie sont plafonnĂ©es par le traitĂ© New Start de 2010, ce qui n'interdit pas leur modernisation. La Chine, qui n'est liĂ©e par aucun traitĂ© de cette nature, poursuit le dĂ©veloppement de son arsenal. Elle procĂšde notamment depuis 2014 aux essais du DF-41, un nouvel ICBM dont la mise en service est prĂ©vue en 2019 ou 2020. Sa portĂ©e estimĂ©e de 12 000 Ă  15 000 km en ferait le missile intercontinental de plus longue portĂ©e, capable d'atteindre les États-Unis en 30 minutes ; il peut ĂȘtre lancĂ© depuis un silo ou depuis un systĂšme mobile et emporter soit une tĂȘte nuclĂ©aire unique de Mt ou jusqu'Ă  10 ogives mirvĂ©es d'une puissance unitaire comprise entre 20 et 150 kt[30].

La Corée du Nord procÚde à de nombreux essais de missiles de tous types, ICBM, IRBM et SLBM. De façon générale, il est impossible de connaßtre précisément le stade de développement atteint par ces missiles et si certains d'entre eux sont réellement opérationnels.

En 1988, le traitĂ© amĂ©ricano-soviĂ©tique sur les forces nuclĂ©aires Ă  portĂ©e intermĂ©diaire interdit la possession de missiles sol-sol nuclĂ©aires ou conventionnels de portĂ©es comprise entre 500 km et 5 500 km. Le dĂ©veloppement de missiles balistiques tactiques est alors dĂ©finitivement arrĂȘtĂ© dans ces deux pays, mais ils n’en avaient plus besoin. D’autres pays, tels la Chine, le Pakistan, l'Inde, IsraĂ«l et l'Iran continuent aujourd'hui Ă  dĂ©velopper des missiles balistiques Ă  portĂ©e intermĂ©diaire dont le rĂŽle stratĂ©gique leur convient puisque les adversaires sont gĂ©ographiquement proches. Le cas de la CorĂ©e du Nord est diffĂ©rent : l’objectif politique de menacer les États-Unis ne peut ĂȘtre atteint que par un missile balistique de trĂšs longue portĂ©e. En 2019, avec l'abandon du traitĂ© sur les forces nuclĂ©aires Ă  portĂ©e intermĂ©diaire, la situation concernant la Russie et les États-Unis est devenue confuse pour l'avenir.

Le développement de missiles par l'Iran

L'Iran mÚne depuis la guerre avec l'Irak dans les années 1980 de nombreux projets de développement de missiles, initialement avec l'aide de la Corée du Nord. Ses missiles sont placés sous le contrÎle de la Force aérospatiale de l'armée des Gardiens de la révolution islamique. La communauté internationale s'inquiÚte du développement de missiles par l'Iran en raison principalement des craintes qu'il finisse par se doter de l'arme nucléaire. En 2019, l'Iran est le pays du Moyen-Orient qui possÚde le plus grand nombre de missiles balistiques[31].

Les missiles balistiques des puissances non nucléaires

Missile balistique Scud afghan sur son TEL.

La possession de missiles balistiques augmente Ă  la fois la capacitĂ© de frappe militaire d'un pays et sa capacitĂ© de dissuasion, mĂȘme lorsqu'elle n'est pas associĂ©e Ă  la possession d'armes nuclĂ©aires. Le missile a une probabilitĂ© d'atteinte de sa cible trĂšs supĂ©rieure Ă  celle d'un avion de combat, car les technologies d'interception d'avions sont beaucoup plus avancĂ©es que celles de dĂ©fense antimissile.

Durant la guerre du Golfe en 1991, l'aviation irakienne est clouée au sol en raison de la supériorité aérienne des Alliés, mais les Irakiens peuvent lancer avec un taux de succÚs important des missiles Scud sur des cibles civiles en Israël et sur un camp militaire américain en Arabie saoudite, malgré le déploiement de missiles Patriot de défense antimissile.

L'augmentation de la capacité de dissuasion résulte du fait que les missiles de génération ancienne, encore les plus répandus, relativement peu précis et donc peu adaptés à viser des cibles militaires précises, sont davantage utilisables contre des cibles civiles devenant ainsi une arme de terreur à l'instar de l'arme nucléaire. Les missiles modernes et précis ont en outre grùce à leur vitesse la capacité à frapper de maniÚre préventive des cibles militaires, détruisant ainsi une partie du potentiel offensif d'un pays par surprise[27].

Les missiles balistiques non dotĂ©s d’armes nuclĂ©aires servent :

  • s’ils sont « rustiques », peu chers, et donc nombreux, Ă  prolonger l’artillerie et/ou obtenir un petit effet stratĂ©gique (menace sur les villes ou les emplacements des troupes au sol). C'est le cas des Scud et de tous leurs successeurs ;
  • s’ils sont dotĂ©s d’une capacitĂ© terminale de prĂ©cision (ogive pilotĂ©e disposant de gouvernes), Ă  obtenir un effet militaire dans des cas trĂšs spĂ©cifiques, par exemple, en appui de forces spĂ©ciales (temps de rĂ©action plus courts Ă  trĂšs grande distance que celui des avions) ou pour des destructions qu’ils seraient les seuls Ă  pouvoir provoquer compte tenu de la protection de la cible (porte-avions protĂ©gĂ© par une force navale).

Caractéristiques techniques

Concept

Le concept du missile balistique est simple : c’est celui du lancer du javelot. Plus on lance vite, plus le javelot va loin. Pour lancer le plus vite possible, l’athlĂšte court puis transmet toute sa vitesse Ă  son arme, encore accrue par un violent mouvement du bras. Les armes de guerre — les boulets puis les obus — sont bien plus lourdes que le javelot ; on veut aussi les lancer plus loin, d'oĂč le trĂ©buchet de l'artillerie mĂ©diĂ©vale et la baliste puis, en utilisant la poudre, la bombarde, le mortier, l’obusier, etc., qui donnent Ă  l’arme lancĂ©e de plus grandes vitesses.

L’obus est petit. La rĂ©sistance de l’air n’affecte guĂšre sa trajectoire quasi dĂ©terminĂ©e par la vitesse acquise au lancement, d’une part, et l’influence de la gravitĂ© terrestre (son poids) d’autre part. La mathĂ©matique[note 3] de la trajectoire parcourue a retenu le nom de « baliste » pour la caractĂ©riser. Cette trajectoire est dite « balistique »[32]. C’est une ellipse[33], assimilable sur de petites distances Ă  une parabole.

Les progrĂšs de l’artillerie ne donnent toutefois aux obus les plus rĂ©cents que des portĂ©es ne dĂ©passant guĂšre quelques dizaines de kilomĂštres, d'oĂč leur trajectoire dite parabolique, comme pour le camion Ă©quipĂ© d’un systĂšme d’artillerie français. Pour aller plus loin, la fusĂ©e doit prendre le relais.

Les vitesses fournies Ă  leurs armes par les fusĂ©es s’expriment en plusieurs kilomĂštres par seconde[note 4]. Les trajectoires deviennent elliptiques et le centre de la Terre est l’un des foyers de l’ellipse. Les portĂ©es sont de plusieurs milliers de kilomĂštres, jusqu’à 10 000 km et plus. On pourrait mĂȘme aller deux fois plus loin, mais lancĂ© Ă  20 000 km l’obus raterait la Terre (20 000 km, c’est sa demi-circonfĂ©rence) et se satelliserait (voir ci-dessous).

Quand la fusĂ©e satellise, et donc sans arme nuclĂ©aire[note 5], on l’appelle « Lanceur » pour lanceur de satellites, comme Ariane par exemple. En revanche si l’objectif de la fusĂ©e est bien de faire retomber sur la terre une arme nuclĂ©aire, on l’appelle « missile balistique »[34].

Seules les trajectoires des missiles balistiques sont traitées dans cet article.

Acquisition de la vitesse

Avant la fusĂ©e, seuls les obusiers fournissent les vitesses les plus grandes pour aller loin. La « Grosse Bertha » ou Pariser Kanonen pour les Allemands lançait Ă  120 km en 1918. Les fusĂ©es vont donner accĂšs Ă  des vitesses supĂ©rieures par la mise Ă  feu d'un mĂ©lange de comburant et de combustible, dits pour chacun ergol ou propergol (ergol de propulsion).

Coupe de la partie propulsive d’un rĂ©servoir de propergol solide (schĂ©ma approximatif).

Dans un engin (un canon, une fusĂ©e), si l’on projette d’un cĂŽtĂ© une masse (l’obus pour le canon, les gaz de combustion pour la fusĂ©e) avec une vitesse (celle des gaz au sortir de la tuyĂšre est Ă©normĂ©ment plus grande que celle de l’obus), alors l’engin est mis en mouvement de l’autre cĂŽtĂ©. Le canon recule, mais il est fixĂ© au sol ; la fusĂ©e avance et rien ne l'empĂȘche d'avancer encore. La fusĂ©e va de plus en plus vite parce qu'on Ă©jecte longtemps et toujours trĂšs vite de trĂšs grandes quantitĂ©s de gaz :

  • pour les propergols liquides, au moyen de pompes qui puisent dans de trĂšs grands rĂ©servoirs et font se mĂ©langer devant la tuyĂšre le comburant et le combustible ;
  • pour les propergols solides, par l’emploi de trĂšs gros blocs de poudre constituĂ©s d'un mĂ©lange stable de comburant et de combustible.

Les premiers propergols liquides, ceux qu'il est le plus facile de se procurer, sont souvent trĂšs agressifs pour les structures qui les contiennent. Aussi le remplissage doit-il se faire juste avant le tir, d’oĂč une mĂ©diocre capacitĂ© militaire.

Propulsion d'un missile balistique Ă  un seul Ă©tage.

La gĂ©nĂ©ration suivante pallie cet inconvĂ©nient majeur. Les ergols sont alors dits « stockables » car ils peuvent rester un temps significatif dans les rĂ©servoirs. Ils n’en prĂ©sentent pas moins un rĂ©el danger, surtout quand ils sont embarquĂ©s dans des sous-marins. Ainsi le sous-marin soviĂ©tique K-219 a sombrĂ© au large des Bermudes Ă  la suite d’un incendie causĂ© par une fuite d’ergols liquides.

Les missiles balistiques sont aujourd'hui propulsĂ©s par des ergols solides[35]. Le bloc de propergol est mis Ă  feu par un allumeur. La surface d’allumage est conçue pour provoquer un dĂ©gagement de gaz relativement constant et donc une poussĂ©e uniforme. Le propergol qui n’a pas encore brĂ»lĂ© sert de protection thermique au rĂ©servoir.

Constitution de l’étage

S'il peut paraĂźtre plus simple de n'avoir qu'un seul Ă©tage de propulsion, cette configuration n’est pas rĂ©alisable en l’état actuel et prĂ©visible de la technologie (voir ci-dessous).

Coupe d’un Ă©tage de missile balistique (figure approximative).

Un missile balistique est composĂ© de plusieurs Ă©tages mĂȘme si chaque Ă©tage doit disposer d’un allumeur, d’une tuyĂšre et d’autres Ă©quipements connexes et que cela augmente le poids au dĂ©collage (Ă©quation de Tsiolkovski). Chaque Ă©tage est essentiellement constituĂ© par le rĂ©servoir de propergol conçu en fibre de verre, de kevlar ou de carbone pour allĂ©ger au maximum la masse du missile balistique[36], et d'Ă©lĂ©ments structuraux qui se placent de chaque cĂŽtĂ© du rĂ©servoir de propergol.

On y ajoute ce qui est nécessaire à l'étage et qui ne servira donc plus quand il sera vide : des équipements électroniques et des piles de puissance. Celles-ci alimentent des vérins électriques fixés à la tuyÚre ou une petite station d'huile s'ils fonctionnent à l'huile. Leurs mouvements dévient le jet de gaz et permettent le pilotage du missile balistique.

La rĂ©alisation de butĂ©es flexibles qui assurent l’étanchĂ©itĂ©, la tenue Ă  la chaleur de la flamme et la reprise des efforts mĂ©caniques crĂ©Ă©s par la tuyĂšre est le point dĂ©licat des propulseurs Ă  poudre[36]. Dans les missiles balistiques de technologie moins avancĂ©e on utilise pour dĂ©vier le jet des injections de gaz dans la tuyĂšre fixe percĂ©e, des trous judicieusement disposĂ©s. Ou bien on fait tourner la tuyĂšre, un joint rotatif Ă©tant plus accessible qu'un joint souple. Avec ce dernier, capable de rĂ©sister Ă  des tempĂ©ratures de quelques milliers de degrĂ©s Celsius tout en conservant des caractĂ©ristiques mĂ©caniques convenables et la mobilitĂ© nĂ©cessaire, la tuyĂšre devient orientable dans tous les sens[37].

Constitution du missile

Accéder à de trÚs grandes vitesses requiert de concentrer la propulsion sur la masse utile, donc l'arme. Il faut alléger continûment le missile balistique de toute masse devenue inutile, notamment celle des réservoirs quand ils sont vides.

On ne peut alléger un missile balistique à un seul étage, dont la structure en fin de combustion sera trop lourde. Un tel engin n'atteindra jamais une trÚs grande vitesse. Le calcul de l'accroissement de vitesse fourni par la force de propulsion[38] montre que l'on ne peut accéder à des vitesses élevées qu'en construisant une fusée à plusieurs étages. Elle se déleste de masses à vide des étages qui ont consommé leurs ergols et qu'il est inutile de continuer à accélérer. Seule la partie restante est accélérée, ce qui permet d'arriver aux vitesses requises.

La masse du missile décroit donc au fur et à mesure que le propergol est consommé et l'étage séparé. Dans un missile à plusieurs étages, chaque étage fonctionne jusqu'à ce qu'il ne contienne plus de propergol. En fin de parcours propulsé, il n'y a plus d'étages et donc plus de missile balistique.

Comportement du missile pendant son vol

Fonctionnement successif des trois Ă©tages d’un missile balistique Ă  propergol solide aprĂšs l’allumage du premier Ă©tage, Ă©tape non reprĂ©sentĂ©e) (schĂ©ma approximatif).

C'est ce que montre le schĂ©ma ci-contre qui prĂ©sente la « vie » du missile balistique tout au long de son vol, qui dure environ trois minutes pour les trĂšs longue portĂ©e, une minute et demie Ă  deux minutes pour les portĂ©es intermĂ©diaires et autour d'une minute pour les courtes portĂ©es. À la fin de ces quelques minutes il n'y a plus qu'une arme (ou des armes) dans l'espace.

On distingue ainsi, aprĂšs la mise Ă  feu du premier Ă©tage :

  1. la fin de la combustion du premier Ă©tage ;
  2. l'allumage du second étage et la séparation du premier étage, vide ;
  3. le largage de la coiffe : Ă  mi-parcours du second Ă©tage l’atmosphĂšre devient suffisamment rarĂ©fiĂ©e pour que les frottements de l’air n’apportent plus de perturbations significatives sur la partie supĂ©rieure du missile balistique. On se dĂ©barrasse donc de la coiffe qui n'a plus de rĂŽle de protection ;
  4. la fin de combustion du second Ă©tage ;
  5. l'allumage du troisiÚme étage et la séparation du second, vide ;
  6. la presque fin de combustion du troisiĂšme Ă©tage ;
  7. la sĂ©paration de l’arme dĂ©cidĂ©e par le programme de vol quand elle atteint la vitesse ad hoc de façon tangentielle Ă  l’ellipse, ad hoc elle aussi qui interceptera la Terre Ă  l'endroit exact oĂč se situe la cible. Le troisiĂšme Ă©tage finit sa combustion peu aprĂšs.

Si les missiles balistiques de courte portĂ©e peuvent ĂȘtre constituĂ©s d’un seul Ă©tage, ceux de portĂ©e intermĂ©diaire en ont deux. Les longues portĂ©e en demandent trois ou quatre, de taille dĂ©croissante. Tous les derniers Ă©tages (ou le premier s’il est seul) se terminent par une « case Ă  Ă©quipements », contenant les Ă©quipements qui servent au fonctionnement du missile balistique tout au long du vol dont ceux dĂ©diĂ©s Ă  l'exĂ©cution du programme de vol ou le viseur d'Ă©toiles qui permet un recalage au dernier moment : pilotage, guidage, alimentation Ă©lectrique, gestion de la charge utile, etc., le tout gĂ©rĂ© par un ordinateur embarquĂ©.

À priori, rien n'oblige les Ă©tages Ă  ĂȘtre superposĂ©s. Toutefois, les missiles balistiques sont quasiment tous Ă  Ă©tages superposĂ©s. La forme allongĂ©e de cette configuration est de beaucoup plus compatible avec leur installation dans des silos blindĂ©s, sur des trains ou des camions, ou Ă  bord de sous-marins. Le missile R-7 Semiorka (URSS, 1957), qui est l'ancĂȘtre des fusĂ©es Soyouz actuelles, a Ă©tĂ© une exception Ă  ce principe.

La trajectoire propulsée (parcours du missile)

À partir de son site de lancement (ici appelĂ© A) le missile balistique doit placer son arme sur un point dit d'injection (B) oĂč la valeur et la direction de la vitesse la conduira mathĂ©matiquement (trajectoire elliptique et mĂ©canique de Newton, voir ci-dessous) sur la cible choisie (D) aprĂšs sa rentrĂ©e dans l'atmosphĂšre (C).

Vol du missile balistique.

Pour aller de A à B plusieurs trajectoires sont possibles. Pendant la traversée des couches basses de l'atmosphÚre le missile balistique subit l'effet du vent, voire des rafales. La trajectoire qu'il va suivre est définie par le besoin d'une incidence aérodynamique faible (l'axe de la poussée et l'axe du missile sont trÚs proches) pour ne pas en venir à des mouvements de tuyÚre excessifs pour corriger la trajectoire. Ce qui ne fait pas aller de façon optimale vers B.

Mais Ă  50 km d'altitude environ les forces aĂ©rodynamiques deviennent nĂ©gligeables. La trajectoire peut alors s'incurver et s'optimiser sous la direction du programme de vol. Cette optimisation n'a qu'un seul objectif : atteindre la vitesse requise en consommant le moins d'ergols possible[39].

L’arme est lancĂ©e au point B aprĂšs environ 3 minutes[40] d'accĂ©lĂ©ration Ă  une altitude d’environ 500 km (pour une portĂ©e sur Terre de l'ordre de 10 000 km).

La trajectoire balistique dans l’espace (parcours de l'arme)

Le parcours balistique de cette arme lancĂ©e Ă  500 km de la Terre c'est, dans l’espace, une ellipse dont la Terre est l’un des foyers.

FlĂšche et ogive.

Une flĂšche ne va pas trĂšs loin. La Terre peut ĂȘtre assimilĂ©e comme plate sur tout son parcours. La force de gravitĂ© (l'attraction de la Terre) agit sur elle en restant quasiment parallĂšle Ă  elle-mĂȘme le long de son parcours. Sa trajectoire est alors une parabole (dans un champ d'attraction parallĂšle). Le meilleur angle de tir pour aller le plus loin possible est alors de 45° : cela ressort de l'Ă©quation de la parabole.

Une ogive avec trajectoire balistique va beaucoup plus loin. La rotonditĂ© de la Terre ne peut plus ĂȘtre nĂ©gligĂ©e. La force de gravitĂ© reste pointĂ©e sur le centre de la Terre. Sa trajectoire est une ellipse (attraction centrĂ©e). Le meilleur angle de tir pour aller loin n'est plus de 45° mais autour de 35° : cela ressort de l'Ă©quation de l'ellipse.

Parabole et ellipses ont des similitudes. Beaucoup de ce qui vaut pour la flĂšche vaut pour l'ogive. Plus l'arc est puissant (ou le missile balistique), plus la flĂšche (ou l'ogive) part vite et plus elle va loin. Ou : il y a toujours deux façons d'atteindre la cible. Par un tir direct ou par un tir vers le ciel qui revient sur la cible (trajectoires tendue et plongeante). Avec la flĂšche (ou l'ogive) on couvre toute la distance entre soi (sauf ses pieds !, portĂ©e minimum) et une portĂ©e maximum. La flĂšche tombe partout avec la mĂȘme vitesse, celle qu'elle avait en quittant l’arc. Idem pour l’ogive


Trajectoire elliptique

C’est l’une des trajectoires de tout objet dans l’espace (l’arme comme la Lune, la Terre, etc.)[41] quand l’objet est dotĂ© d’une vitesse et qu’il est soumis Ă  une force de gravitation (celle du Soleil pour la Terre, celle de la Terre pour la Lune et pour l’arme).

S’agissant de la Terre, la premiĂšre dĂ©couverte de sa trajectoire elliptique[42] autour du soleil est due Ă  Johannes Kepler. Il l’a dĂ©finie par trois lois[41](les lois de Kepler) aprĂšs l’étude qu’il avait faite des observations astronomiques de Tycho Brahe. C’est Ă  Isaac Newton que l’on doit la premiĂšre comprĂ©hension mathĂ©matique de la trajectoire de la Terre dans l’espace avec l’équation de la « conique » dont fait partie l’ellipse. C’est enfin Ă  Constantin Tsiolkowski que l’on doit une observation majeure : le choix de la conique ne dĂ©pend que d’un seul paramĂštre, la vitesse au lancement. À plus de 11 km/s c’est une hyperbole et l’objet quitte la Terre ; entre 8 et 11 c’est une ellipse et l’objet se satellise ; Ă  moins de 8 km/s c’est toujours une ellipse mais l’objet revient sur terre[34].

Vitesses et trajectoires.

D’oĂč il ressort, pour le missile balistique[note 6] :

  • lorsque l’angle de tir confĂšre la portĂ©e maximum — l’équivalent de 45° pour le javelot, une valeur infĂ©rieure pour l'ellipse — plus la vitesse croĂźt, plus l’ellipse augmente de taille, et plus le point oĂč l’ellipse rencontre la Terre s’éloigne du point de lancement (ci-contre, figure 1) ;
  • la vitesse donnĂ©e Ă  l'arme connait une limite (figure 2). Elle doit ĂȘtre infĂ©rieurs Ă  8 km/s sous peine de la satelliser. Si la satellisation d'une arme nuclĂ©aire est interdite par un traitĂ© de Nations unies[43], ce traitĂ© dit traitĂ© de l'espace n’interdit pas Ă  l’arme un parcours bref dans l’espace ;
Trajectoires et limites de portée.
  • il s’en dĂ©duit une portĂ©e maximum du missile balistique (ci-contre, figure 2). En effet, trop prĂšs de la vitesse de satellisation, l’arme rentre dans l’atmosphĂšre presque parallĂšlement Ă  la Terre (figure 3). Le parcours atmosphĂ©rique, trĂšs long, conduit Ă  des Ă©chauffements excessifs[44] qui ne seraient combattus que par de protections trĂšs lourdes. ConsĂ©quence d’armes trĂšs lourdes : le missile balistique peinerait Ă  les lancer aussi loin, sauf Ă  accroĂźtre considĂ©rablement sa puissance et donc sa taille (un problĂšme pour les sous-marins) et donc son coĂ»t. Au bilan les pays dotĂ©s de missiles balistiques de derniĂšre gĂ©nĂ©ration, ceux qui donnent Ă  leurs armes une vitesse de l’ordre de 7 km/s, atteignent des portĂ©es de 10 000 km et un peu plus, largement suffisantes parce qu’elles correspondent Ă  leur besoin stratĂ©gique compte tenu de leur gĂ©ographie ;
  • il existe toujours deux angles de tir (figure 1) qui, pour une mĂȘme vitesse, permettent d’atteindre le mĂȘme point de la Terre (il y a deux foyers et donc deux positions du centre de la Terre). La trajectoire la plus courte est dite « tendue » et n’est jamais utilisĂ©e dĂšs que les vitesses (et donc les portĂ©es) s’accroissent. En effet l’axe de rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre conduit Ă  une trajectoire plus longue dans l’atmosphĂšre, d’oĂč un trĂšs grand Ă©chauffement, d’oĂč une surcharge de protection, et etc. comme on vient de le voir ;
Caractéristiques de la portée.
  • il n’existe pas d'angle de tir qui permette, dĂšs que la vitesse est importante, un tir extrĂȘmement proche. Les missiles balistiques ont une portĂ©e minimum[45] imposĂ©e par leur type trajectoire. Environ 500 km pour des vitesses de l’ordre de 4 km/s et 1 000 km pour 7 km/s (figure 2) ;
  • en revanche tous les angles de tir existent qui, pour une mĂȘme vitesse, permettent de dĂ©livrer l'arme entre sa portĂ©e minimum et sa portĂ©e maximum[45]. Il se dĂ©duit que les missiles balistiques aux portĂ©es les plus longues (vitesse au lancement de 7 km/s) peuvent dĂ©livrer leur arme de 1 000 Ă  10 000 km avec la mĂȘme vitesse Ă  l’arrivĂ©e dans l’atmosphĂšre, soit 7 km/s ou 25 000 km/h ou encore Mach 20 (chiffres approximatifs, figure 1). MĂȘme aprĂšs le freinage dĂ» au parcours atmosphĂ©rique (10 secondes environ, voir plus bas) la vitesse de l'arme alors qu'elle va exploser interdit Ă  tout missile de dĂ©fense anti-aĂ©rienne quel qu’il soit de l’intercepter et de la dĂ©truire[note 7].

La classification toujours adoptĂ©e aujourd’hui selon les portĂ©es maximum (voir plus haut : Typologie) peut induire en erreur. Les missiles de gĂ©nĂ©ration intermĂ©diaire ne sont que des avatars, appelĂ©s puisqu’on les met en service, de courte, de moyenne portĂ©e, ou de portĂ©e intermĂ©diaire. On va dĂ©crire ci-dessous la trajectoire d’un missile balistique abouti (7 km/s) avec, plus bas, le cas particulier des vitesses plus faibles.

Mouvement dans l’espace

Inertie dans l'espace.

Une consĂ©quence essentielle du trajet dans l’espace relĂšve du principe d’inertie. Un javelot lancĂ© dans l’espace pointera toujours dans la mĂȘme direction du ciel, quelle que soit la trajectoire de son centre de gravitĂ© (figure 1, expĂ©rience de pensĂ©e d'un javelot lancĂ© dans l'espace). Il conserve une direction fixe dans le rĂ©fĂ©rentiel galilĂ©en quel que soit le mouvement de son centre de gravitĂ©. L’arme nuclĂ©aire aboutie est constituĂ©e de l’arme proprement dite et de ses Ă©quipements couverts par un bouclier thermique dont on attend le meilleur profil pour qu'il soit le moins freinĂ© possible Ă  la rentrĂ©e pour garder une trĂšs grande vitesse avant l'explosion. Il est en forme de cĂŽne, revĂȘtu de matĂ©riaux ablatifs. Ce cĂŽne garde donc une direction fixe.

Le vĂ©hicule de rentrĂ©e doit ĂȘtre prĂ©-pointĂ© pour effectuer une rentrĂ©e optimale dans l'atmosphĂšre[46] (figure 2). Sans cette action il pourrait voir sa trajectoire de rentrĂ©e trĂšs perturbĂ©e, ou mĂȘme se dĂ©truire. Sa sĂ©paration implique un mouvement ad hoc du troisiĂšme Ă©tage avant le lancement. Un mouvement complexe dont la connaissance ne s'acquiert que progressivement. Tous les missiles balistiques aboutis, dits intercontinentaux ou de trĂšs longue portĂ©e, sont munis d'un dernier Ă©tage qui place l'arme (ou les armes) sur une (ou des) ellipse(s) successive(s), chacune associĂ©e Ă  un objectif, avec une position dans l'espace convenable[47].

Au bilan des deux premiĂšres phases de vol, la trajectoire propulsĂ©e et la trajectoire balistique le parcours de l’arme aura durĂ© approximativement[40] 3 minutes, liĂ©e au missile balistique, puis 30 minutes seule dans l’espace. Son altitude Ă  l’apogĂ©e de l’ellipse sera de 2 Ă  3 000 km et sa vitesse Ă  la rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre de 30 000 km/h.

Cas particulier des armes lancées à vitesses faibles

Trajectoires premiÚre génération.

Ces armes sont celles des missiles balistiques des premiĂšres gĂ©nĂ©rations. La caractĂ©ristique principale de la toute premiĂšre est de fournir une vitesse trĂšs faible (autour de 2 km/s) Ă  une arme qui fait corps avec eux car on n’a pas encore appris Ă  les sĂ©parer : le V2 et le Scud en sont de bons exemples.

Dans le cas du V2 l’altitude atteinte aux premiers lancements est proche de la limite gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e pour l’atmosphĂšre, soit environ 120 km[48]. À cette altitude les molĂ©cules d’air sont trĂšs rares. Leur faible effet est pourtant suffisant pour agir sur les ailerons[note 8], initialement placĂ©s au bas du V2 pour le stabiliser dans les premiĂšres secondes aprĂšs mise Ă  feu. L’axe du missile balistique vide et qui ne propulse plus est rapidement affectĂ© par l’écoulement de l’air sur les ailerons, ce qui le « rapproche » de la trajectoire dont l’apogĂ©e est d’ailleurs proche de l’altitude de lancement (figure 1).

TrÚs vite les V2 ont gagné en portée et donc en vitesse.

Le parcours balistique devient plus important et l’axe du V2 reste fixe par rapport au ciel. Mal orientĂ© Ă  l’arrivĂ©e dans l’atmosphĂšre, le missile balistique peut se casser en morceaux (figure 2)[49]. Des Ă©tudes en soufflerie permettent de corriger le dessin des structures et de les renforcer.

Trajectoires génération suivante.

Aussi la premiÚre modification apportée par la génération suivante est-elle la séparation de l'arme dans des conditions techniquement simples et imparfaites, mais suffisantes pour assurer la rentrée de l'arme malgré la destruction possible du missile balistique à un seul étage (figure 1).

La gĂ©nĂ©ration suivante comporte deux Ă©tages et une arme sĂ©parĂ©e lancĂ©e Ă  une vitesse intermĂ©diaire entre 2 km/s (V2) et 7 km/s (missile balistique abouti), soit environ 4 Ă  5 km/s (portĂ©e de 4 000 km environ).

Agni II fabriqué en Inde.

L’arme fait encore corps avec la coiffe qui est son bouclier thermique. L’axe de cette derniĂšre restant fixe dans l’espace, sa bonne rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre doit ĂȘtre facilitĂ©e.

Aussi on la munit d'ailerons bien visibles sur la photographie du missile balistique indien Agni II ci-contre. Le mouvement de basculement permis par ces ailerons fera prendre rapidement une direction telle que la pointe du bouclier thermique sera rapidement la plus efficace possible (figure 2)[note 9].

La trajectoire de rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre (fin du parcours de l'arme)

La rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre provoque un freinage trĂšs important qui :

  • pour un vĂ©hicule habitĂ© va diminuer sa vitesse et permettre l’ouverture des parachutes, ou l'atterrissage de la navette ;
  • pour une arme nuclĂ©aire doit ĂȘtre combattu pour obtenir la vitesse la plus grande possible avant l’explosion.

La rentrĂ©e dans l’atmosphĂšre peut aussi, comme il en est pour les avions avec leur portance, rendre possible une correction de trajectoire.

RentrĂ©e d’une arme nuclĂ©aire

RentrĂ©e de huit armes atteignant des objectifs tous placĂ©s le long d'un mĂȘme axe.

La prĂ©cision obtenue au moment de la sĂ©paration des armes des missiles balistiques de derniĂšre gĂ©nĂ©ration est au regard de leur puissance destructrice largement suffisante compte tenu des faibles erreurs propres au mode de largage (centrale Ă  inertie du missile trĂšs Ă©laborĂ©e et recalage optique avec les Ă©toiles). Aussi peut-on laisser l'arme suivre librement sa trajectoire et, Ă  la rentrĂ©e dans l'atmosphĂšre, parcourir une ligne qui sera quasi droite Ă  la façon d’une mĂ©tĂ©orite. Les photographies de ces rentrĂ©es sont celle d’étoiles filantes arrivant au sol (ci-contre).

Ogives coniques W78 et leur véhicule de rentrée MK12-A LGM-30G d'un Minuteman III.

Pour ĂȘtre le moins freinĂ©e possible, l'arme est enfermĂ©e dans une protection de forme conique trĂšs allongĂ©e. L’échauffement est extrĂȘme car l’onde de choc colle au sommet du vĂ©hicule de rentrĂ©e[50]. Le corps du cĂŽne est revĂȘtu d’un matĂ©riau de protection thermique qui se transforme en se dĂ©truisant tout en absorbant une trĂšs grande quantitĂ© de chaleur[50]. Il diminue donc d’épaisseur pendant la rentrĂ©e, laquelle est calculĂ©e pour qu’il en reste quelques millimĂštres avant l’explosion, l’objectif Ă©tant de ne pas en mettre trop pour ne pas l’alourdir inutilement. La chaleur sera trĂšs forte Ă  l’intĂ©rieur et les Ă©quipements sont prĂ©vus pour y rĂ©sister.

Aucun document disponible ne donne la vitesse de ce type d’arme Ă  l’explosion. En revanche, on lit que des missiles balistiques intermĂ©diaires (vitesses de 4 Ă  5 km/s) sont dotĂ©s d’armes de vitesse finale de l’ordre de Mach 4 Ă  Mach 6[46]. Les armes les plus avancĂ©es arrivent certainement beaucoup plus vite.

RentrĂ©e d’une capsule habitĂ©e

Pour mémoire, les rentrées d'une arme nucléaire et d'une capsule habitée diffÚrent totalement[51].

La difficultĂ© principale posĂ©e par la rentrĂ©e atmosphĂ©rique des engins habitĂ©s est l’échauffement interne qu’il faut limiter drastiquement pour qu’il puisse ĂȘtre supportĂ© par l’équipage. Pour cela, on dĂ©tache l’onde de choc de la structure par une forme en bouclier arrondi.

Rentrée d'un véhicule Apollo.

Les matĂ©riaux sont choisis pour leur fort pouvoir d’émissivitĂ©[50] qui les rend capables de renvoyer la chaleur Ă  l’extĂ©rieur par rayonnement. Seule une petite partie de la chaleur parvient alors Ă  pĂ©nĂ©trer dans les structures suivantes tandis que la trajectoire de rentrĂ©e (ci-contre) est choisie pour limiter l’intensitĂ© du freinage, ce qui diminue aussi la dĂ©cĂ©lĂ©ration[44]. Le contrĂŽle de la trajectoire reste trĂšs dĂ©licat. L'angle de rentrĂ©e est dĂ©terminant pour la suite de la rentrĂ©e. S'il est trop faible le vĂ©hicule n'est pas captĂ© par l'atmosphĂšre, rebondit et va se perdre dans l'espace. S'il est trop grand, il est soumis Ă  des dĂ©cĂ©lĂ©rations fortes, insupportables par l'Ă©quipage[52].

Utilisation de l’atmosphĂšre pendant la rentrĂ©e

Profil de vol du planeur hypersonique Hypersonic Technology Vehicle 2 testé en 2010 et 2011 par la DARPA.

Le cĂŽne de rentrĂ©e est muni de dispositifs (des ailerons par exemple) contrĂŽlĂ©s par un moyen interne de recalage de navigation (un radar, toujours Ă  titre d’exemple) qui guide l’arme sur l’objectif. On parle d’ogive manƓuvrante. Elle permet une amĂ©lioration significative de la prĂ©cision.

Accroßtre la capacité de tir précis est nécessaire :

  • tant que l’on n'a pas su faire une centrale de guidage du missile balistique convenablement prĂ©cise alors que la charge nuclĂ©aire n’est pas particuliĂšrement puissante. C’était le cas du Pershing II ;
  • si l’on souhaite une prĂ©cision trĂšs grande avec un explosif classique pour atteindre une cible fixe ou mobile, comme un porte-avions dont la destruction pourrait ĂȘtre assurĂ©e par une ogive Ă  prĂ©cision dĂ©camĂ©trique et dont la vitesse interdirait toute interception dĂ©fensive.

Le lancement depuis un sous-marin en plongée

Construire un missile balistique est complexe. Le lancer sous l’eau ajoute une autre complexitĂ©[53].

À l’évidence, le missile balistique ne s’allume pas au dĂ©part du tube dans lequel il a Ă©tĂ© placĂ© : il dĂ©truirait le sous-marin. Il en est donc Ă©jectĂ© par une forte pression de gaz Ă  la façon d’une cartouche de fusil de chasse qui propulse ses plombs (le missile balistique) hors du canon (le tube). La partie propulsive de la « cartouche » est appelĂ©e « gĂ©nĂ©rateur de gaz ».

Écoulements et houle.

L’immersion du sous-marin Ă  laquelle il va lancer en allumant le gĂ©nĂ©rateur de gaz est dĂ©finie par deux contraintes :

a/ tirĂ© verticalement, le missile balistique subit de plein fouet l’écoulement transversal de l’eau le long du sous-marin (schĂ©ma ci-contre). Pour que l'Ă©coulement soit le plus faible possible le sous-marin doit avoir une vitesse presque nulle. Or un sous-marin Ă  vitesse trĂšs faible se pilote difficilement. D’autant plus difficilement qu’il est proche de la surface oĂč les effets de la houle sont perturbateurs et importants. Le sous-marin a donc intĂ©rĂȘt Ă  naviguer Ă  une immersion la plus Ă©loignĂ©e possible de la surface de la mer.

b/ mais plus il est tirĂ© loin de la surface, plus le missile balistique dont la vitesse verticale est faible mĂȘme avec un gĂ©nĂ©rateur de gaz trĂšs puissant est perturbĂ© dans son parcours sous marin. L’écoulement de l’eau, mĂȘme trĂšs faible, commence Ă  le faire pencher. Sous l’effet de la houle il perd son Ă©quilibre et va sortir de l’eau avec une forte inclinaison. Corriger cette inclinaison doit se faire dĂšs que possible. Il faudra avoir allumĂ© le premier Ă©tage pour provoquer le redressement avec un trĂšs grand dĂ©battement de la tuyĂšre. La consommation de propergol pour redresser le missile balistique ne pourra pas servir pour porter plus loin. On souhaite donc que le redressement ne soit pas trop important. Il faut allumer le premier Ă©tage le plus tĂŽt possible.

On peut procéder de la façon suivante.

Le tube est obturĂ© par une membrane en caoutchouc, prĂ©dĂ©coupĂ©e pour ĂȘtre convenablement dĂ©chirĂ©e par le missile balistique quand il sortira du tube.

La porte étanche vient fermer par-dessus. Elle est résistante à la pression de la mer (schéma ci-contre, a).

Tube lance missile balistique.

Avant le lancement : on met en pression en mĂȘme temps :

  • avec un gaz neutre la partie du tube situĂ©e sous la membrane (et donc le missile balistique) ;
  • avec l’eau de la mer, la partie supĂ©rieure de la membrane.

Ces deux pressions (schĂ©ma b) sont calculĂ©es pour ĂȘtre Ă©gales et correspondent Ă  la pression de la mer Ă  l’immersion oĂč se situe le sous-marin. La membrane est donc Ă©quilibrĂ©e (pression de la mer au-dessus, pression de gaz Ă©gale en dessous). Elle interdit Ă  l’eau de mer d’envahir le missile.

Au moment du lancement, sous la pression des gaz du générateur de gaz, le missile balistique monte et déchire la membrane. Il quitte le tube et va vers la surface.

La mise Ă  feu du premier Ă©tage se fait sous la mer aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© que la tuyĂšre dĂ©bat correctement et, surtout, que le missile balistique s’est suffisamment Ă©loignĂ© du sous-marin, ce que calcule sa centrale Ă  inertie. Ainsi peut-on corriger la verticalitĂ© du missile balistique vers la fin du parcours sous-marin[note 10]

Liste des principaux missiles balistiques

Les tables suivantes indiquent les principaux types de missiles balistiques qui sont ou ont Ă©tĂ© en service dans le monde. Les diffĂ©rents modĂšles pour un mĂȘme type d'engin ne sont pas indiquĂ©s. Les caractĂ©ristiques indiquĂ©es s'appliquent au premier modĂšle mis en service.

Pour chaque missile, les données suivantes sont incluses :

  • Pays : le pays oĂč l'engin a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©.
  • DĂ©pl. : l'annĂ©e de mise en service (dĂ©ploiement) du premier modĂšle pour ce type d'engin.
  • Ogives : le nombre d'ogives sĂ©parĂ©es transportĂ©es par le missile.
  • Charge : la puissance explosive d'une ogive transportĂ©e. Pour les armes nuclĂ©aires, elle est mesurĂ©e en tonnes d'Ă©quivalent TNT, ou plus communĂ©ment en milliers de tonnes (kilotonne, kt) ou en millions de tonnes (mĂ©gatonne, Mt).
  • Masse : la masse du missile au lancement, y compris son carburant.
  • Propulsion : le nombre d'Ă©tages de propulsion et leur type. Pour chaque Ă©tage, on indique en fonction du combustible soit kĂ©r. (kĂ©rosĂšne et oxygĂšne liquide), soit hyp. (ergols hypergoliques), soit sol. (ergols solides). Certains missiles disposent d'un moteur supplĂ©mentaire pour l'insertion des ogives dans l'atmosphĂšre qui n'est pas mentionnĂ© dans la table.
  • PortĂ©e : la distance maximale que le missile peut parcourir.
  • PrĂ©cision : le rayon d'un cercle centrĂ© sur la cible Ă  l'intĂ©rieur duquel la moitiĂ© des missiles de ce type atterriront.
  • Tir : le type de pas de tir utilisĂ©; mobile signifie sur camion ou sur rail. Pour les missiles navals, si le missile est tirĂ© en surface ou depuis un sous-marin submergĂ©.

En raison de la nature sensible des informations sur la plupart de ces engins, les valeurs ci-dessous sont sujettes à des imprécisions importantes.

Missile stratégique intercontinental (ICBM)

Ces missiles sol-sol ont une portĂ©e supĂ©rieure Ă  5 500 km. Ils sont usuellement qualifiĂ©s de missiles stratĂ©giques. Ils rĂ©pondent au besoin des puissances mondiales durant la guerre froide (États-Unis, Union soviĂ©tique et, dans une moindre mesure, Chine), de pouvoir dĂ©livrer une frappe nuclĂ©aire dans le monde entier. Les puissances rĂ©gionales peuvent se contenter de missiles de moindre portĂ©e, capables d'atteindre les autres pays de leur rĂ©gion ; ces missiles (MRBM ou IRBM) ont alors la mĂȘme valeur stratĂ©gique de dissuasion que les ICBM. C'est le cas d'IsraĂ«l qui dĂ©veloppe depuis 1986 le missile IRBM JĂ©richo II de 3 500 km de portĂ©e. La France, afin de ne pas mettre en pĂ©ril un territoire exigu, fait trĂšs tĂŽt le choix de ne pas dĂ©velopper d'ICBM et de faire reposer sa force de dissuasion nuclĂ©aire sur les SLBM lancĂ©s de sous-marins nuclĂ©aires et sur les avions.

nom localcode OTANpaysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéePrécisiontir
R-7SS-6 SapwoodDrapeau de l'URSS URSS195712,9 Mt265 tkĂ©r. et kĂ©r.8 000 km3 700 mtour
SM-65 AtlasDrapeau des États-Unis USA 195911,4 Mt121 tkĂ©r.11 000 km3 700 mtour et silo
R-16SS-7 SaddlerDrapeau de l'URSS URSS19611Mt140 thyp. et hyp.11 000 km2 700 mtour et silo
SM-68 TitanDrapeau des États-Unis USA 19611Mt100 tkĂ©r. et kĂ©r.10 000 km1 400 msilo
LGM-30 Minuteman196211,2 Mt29 tsol., sol. et sol.10 000 km2 400 msilo
LGM-25C Titan II19631Mt154 thyp. et hyp.16 000 km1 300 msilo
R-9SS-8 SasinDrapeau de l'URSS URSS196412,3 Mt81 tkĂ©r. et kĂ©r.11 000 km2 000 mtour et silo
R-36SS-9 Scarp1966118–25 Mt210 thyp. et hyp.15 500 km920 msilo
UR-100SS-11 Sego19671500 kt42 thyp. et hyp.11 000 km1 400 msilo
RT-2SS-13 Savage196811,5 Mt50 tsol., sol. et sol.9 500 km2 000 msilo
RT-20PSS-15 Scrooge19691500 kt30 tsol. et hyp.11 000 km600 mmobile
R-36SS-9 Scarp MRV19703Mt180 thyp. et hyp.12 000 km1 800 msilo
LGM-30F Minuteman IIIDrapeau des États-Unis USA 19713170 kt35 tsol., sol. et sol.13 000 km280 msilo
RS-20SS-18 SatanDrapeau de l'URSS URSS19741 Ă  1011 Mt (ogive unique)210 thyp. et hyp.11 200 km400 msilo
UR-100MRSS-17 Spanker197513,5–6 Mt71 thyp. et hyp.10 100 km420 msilo
UR-100NSS-19 Stiletto19756650 kt105 thyp., hyp. et hyp.9 700 km350 msilo
RT-21SS-16 Sinner197611–1,5 Mt44 tsol., sol. et sol.10 500 km450 mmobile
DF-5CSS-4Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 19811Mt183 thyp., hyp. et hyp.12 000 km500 msilo
RT-2PMSS-25 SickleDrapeau de l'URSS URSS19851550 kt45 tsol., sol. et sol.10 500 km150 mmobile et silo
LGM-118A PeacekeeperDrapeau des États-Unis USA 198610300 kt88 tsol., sol., sol.9 600 km100 msilo
RT-23SS-24 ScalpelDrapeau de l'URSS URSS198710400 kt104 tsol., sol. et sol.10 000 km150 mmobile et silo
RT-2UTTHSS-27 Topol-MDrapeau de la Russie Russie19971550 kt47 tsol., sol. et sol.11 000 km350 mmobile et silo
DF-31CSS-9Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 20001Mt42 tsol., sol. et sol.8 000 km300 mmobile

Missile stratégique mer-sol (SLBM)

Ce type de missile est sauf exception lancĂ© depuis un sous-marin nuclĂ©aire lance-engins (SNLE). Les plus modernes ont une portĂ©e comparable Ă  celle des ICBMs. Beaucoup ont une portĂ©e plus faible, du mĂȘme ordre que les IRBM, tout en ayant une vocation stratĂ©gique car les sous-marins peuvent se rapprocher des cĂŽtes. À gĂ©nĂ©ration Ă©quivalente, leur prĂ©cision est infĂ©rieure Ă  celle des ICBMs en raison de leurs conditions de lancement. De ce fait, ils sont davantage considĂ©rĂ©s comme des armes anti-citĂ© que des armes anti-forces, ce qui accentue leur vocation de vecteur entrant dans la stratĂ©gie de dissuasion.

nom localnom O.T.A.N.paysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéeprécisiontir
UGM-27 PolarisDrapeau des États-UnisUSA

et Drapeau du Royaume-UniG.-B.

19601600 kt13 tsol. et sol.1 850 km1 800 msubmergĂ©
R-13SS-N-4 SarkDrapeau de l'URSSURSS19611Mt14 thyp.600 km1 800 msurface
R-21SS-N-5 Sark19631Mt19 thyp.1 400 km1 800 msurface
R-27SS-N-6 Serb19691Mt14 thyp.2 400 km1 100 msubmergĂ©
M-1Drapeau de la FranceFrance19711Mt20 tsol. et sol.3 000 kmn/dsubmergĂ©
UGM-73 PoseidonDrapeau des États-UnisUSA19721450 kt30 tsol. et sol.4 600 km550 msubmergĂ©
R-29SS-N-8 SawflyDrapeau de l'URSSURSS197411–1,5 Mt33 thyp. et hyp.7 800 km900 msubmergĂ©
M-20Drapeau de la FranceFrance197711,2 Mt20 tsol. et sol.3 000 km1 000 msubmergĂ©
UGM-96 Trident IDrapeau des États-UnisUSA19798100 kt33 tsol., sol. et sol.7 400 km380 msubmergĂ©
R-29RSS-N-18 StingrayDrapeau de l'URSSURSS19797100 kt35 thyp. et hyp.6 500 km900 msubmergĂ©
R-39SS-N-20 Sturgeon198310100 kt90 thyp., hyp. et hyp.8 250 km500 msubmergĂ©
M-4Drapeau de la FranceFrance19856150 kt35 tsol., sol. et sol.4 000 km500 msubmergĂ©
R-29RMSS-N-23 SkiffDrapeau de l'URSSURSS19864100 kt40 thyp. et hyp.8 300 km500 msubmergĂ©
JL-1CSS-N-3Drapeau de la RĂ©publique populaire de ChineChine19881200–300 kt15 tsol. et sol.1 700 km300 msubmergĂ©
UGM-133 Trident IIDrapeau des États-UnisUSA

et Drapeau du Royaume-UniG.-B.

19908300–475 kt59 tsol., sol. et sol.11 000 km120 msubmergĂ©
M-45Drapeau de la FranceFrance19976110 kt35 tsol., sol. et sol.6 000 km350 msubmergĂ©
M-51201010100 kt56 tsol., sol. et sol.10 000 km200 msubmergĂ©

Missiles à moyenne portée (MRBM), et à portée intermédiaire (IRBM)

Il n’aura fallu qu’une cinquantaine d’annĂ©es pour qu’avec des portĂ©es environ 50 fois supĂ©rieures, la prĂ©cision des tirs soit devenue au moins 50 fois meilleure, les Ă©carts probables ne se chiffrant plus qu’en dĂ©camĂštres : ces Ă©carts sont tout thĂ©oriques s’agissant de « coup au but ».

Les États-Unis ont dĂ©mantelĂ© tous les missiles entrant dans ces catĂ©gories ainsi que leurs missiles Ă  courte portĂ©e aprĂšs la conclusion du traitĂ© sur les forces nuclĂ©aires Ă  portĂ©e intermĂ©diaire interdisant la possession de missiles d'une portĂ©e comprises entre 500 et 5 500 kilomĂštres qu'ils ont signĂ© le avec l'Union soviĂ©tique aprĂšs la crise des euromissiles.

nom localnom OTANpaysdépl. ogiveschargemassepropulsionportée (km)précisiontir
S2 Drapeau de la France France 1971 1 130 kt 40 t sol. et sol. 3 500 km n.d. silo
Jericho I Drapeau d’IsraĂ«l IsraĂ«l 1971 n.d. n.d. 6,5 t sol. et sol. 500 km 1 000 m tour
DF-3A CSS-2 Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 1973 1-3 Mt
(ogive unique)
64 t hyp. 2 800 km 1 000 m silo
S3 Drapeau de la France France 1980 1,2 Mt 25 t sol. et sol. 3 500 km n.d. silo
Pershing II Drapeau des États-Unis USA 1983 5-50 kt sol. 150-1 800 20-45 mobile
Jericho II Drapeau d’IsraĂ«l IsraĂ«l 1986 n.d. n.d. 26 t sol. et sol. 3 500 km n.d. tour

Missiles à courte portée (SRBM)

Ces missiles Ă  courte portĂ©e ont vocation Ă  ĂȘtre utilisĂ©s dans le cadre d'opĂ©rations militaires, en appui des forces conventionnelles.

nom localnom OTANpaysdépl.chargemassepropulsionportée (km)précisiontir
V2Allemagne Nazie 1944738 kg (conventionnel)13 talcool32017 kmtour
MGR-1 Honest John Drapeau des États-UnisUSA 1954 1-20 kt 5-38 1 800 m mobile
PGM-11 RedstoneDrapeau des États-UnisUSA1958500 kt ou 3,5 Mt28 talcool320300 mmobile
R-11FMSS-1B Scud-ADrapeau de l'URSSURSS1959100–500 kt5,6 tkĂ©r.150kmtour ou mobile
Pershing I Drapeau des États-UnisUSA 1962 60-400 kt 185 -741 450 m mobile
MGM-52 Lance[54] Drapeau des États-UnisUSA 1972 1–100 kt 1,5 t hyp. 5-125 450 m mobile
PlutonDrapeau de la FranceFrance197415 ou 25 kt2,4 tsol.120150 mmobile
OTR-21 Tochka SS-21

Scarab A

Drapeau de l'URSSURSS 1976 100 kt t sol. 70 150 m mobile
HadĂšs Drapeau de la FranceFrance199180 kt1,8 tsol.480150 mmobile

Notes

  1. En dĂ©cembre 1966 le PrĂ©sident Johnson et le secrĂ©taire d’État Mac Namara annoncent leur « choix stratĂ©gique » : « dissuader une attaque nuclĂ©aire » et, pour ce faire, « maintenir une capacitĂ© claire et convaincante d’absorber une premiĂšre attaque » en vue de « pouvoir dĂ©truire l’attaquant », qui n’a donc aucun intĂ©rĂȘt Ă  attaquer (dans Le duel USA-URSS citĂ© par ailleurs, page 27).
  2. Le Royaume Uni n’a jamais construit de missiles balistiques mer-sol propres. Ceux de ses sous-marins sont louĂ©s aux États-Unis. La Chine dispose de missiles balistiques lancĂ©s par sous-marin mais ils sont encore de portĂ©e intermĂ©diaire en 2017.
  3. C’est Ă  Isaac Newton que l’on doit la dĂ©termination des trajectoires. On rapporte (probablement Ă  tort) que le savant se demandait pourquoi la pomme tombe alors que Lune ne tombe pas. La pomme est « lancĂ©e » sans vitesse (elle se dĂ©tache de l’arbre). La Lune s’est (probablement) dĂ©tachĂ©e de la terre dans un chaos cataclysmique qui lui a donnĂ© une vitesse. Aussi elle tombe (comme la pomme) mais elle avance grĂące Ă  sa vitesse ; elle tombe encore mais avance encore. Au bilan elle tourne. La pomme et la Lune suivent des trajectoires entiĂšrement caractĂ©risĂ©es par une vitesse initiale et la gravitĂ©. Newton les calcule (Mouvements Ă  accĂ©lĂ©ration centrale). Ce sont des coniques Ă  savoir des ellipses (la Lune), des paraboles ou des hyperboles qui se rĂ©duisent Ă  une droite quand la vitesse est nulle (la pomme).
  4. À titre de comparaison on pourra retenir que la balle d’une carabine de chasse sort de la bouche du canon à une vitesse proche de 1 km/s.
  5. La rĂ©solution de l'ONU no 1884 (XVIII) du 17 octobre 1963, adoptĂ©e Ă  l’unanimitĂ©, engage les États Ă  s’abstenir de mettre sur orbite autour de la Terre tout objet porteur d’armes nuclĂ©aires . Il n'est pas interdit de faire parcourir dans l'espace un moment (et non continĂ»ment) des armes nuclĂ©aires, ce que fait tout missile balistique.
  6. Attention : tous les chiffres citĂ©s sont donnĂ©s Ă  titre indicatif et doivent ĂȘtre compris comme des ordres de grandeur.
  7. Les missiles tactiques destinĂ©s Ă  la destruction des avions (vitesse d’environ Mach 2) peuvent ĂȘtre amĂ©liorĂ©s pour dĂ©truire des cibles plus rapides (Mach 3 Ă  4) qui correspondent aux vitesses fournies par les missiles balistiques lents. Dans l’état actuel de la technologie, ils sont incapables de dĂ©truire une arme de vitesse bien plus grande lancĂ©e par un missile balistique abouti (voir plus bas : dĂ©fense anti missiles balistiques).
  8. On ne sait pas encore faire tourner la tuyĂšre. Les dispositifs mis en place dans cette tuyĂšre pour dĂ©vier le jet de gaz et donc piloter la missile balistique sont de peu d’efficacitĂ© et insuffisants pour satisfaire les corrections sĂ©vĂšres qui s’imposent alors que la vitesse est trĂšs faible au dĂ©part du sol. Aussi de grands ailerons utilisent leur dĂ©placement dans l’air pour stabiliser Ă  la verticale. Ces ailerons disparaissent avec les progrĂšs techniques des gĂ©nĂ©rations successives de missiles balistique.
  9. On observe que la sĂ©paration des deux Ă©tages se fait par des boulons explosifs placĂ©s sur un treillis mĂ©tallique bien visible entre les deux Ă©tages. La sĂ©paration par cordeau dĂ©tonnant insĂ©rĂ© dans une virole qui lie de trĂšs prĂšs les Ă©tages, disposition prise sur les gĂ©nĂ©rations suivantes, est beaucoup plus difficile Ă  rĂ©aliser. Elle s’impose dans le cas du sous-marin oĂč l’on cherche de placer le maximum de propergol dans les Ă©tages d’un missile de longueur contrainte par la dimension de la coque. Or le treillis implique un espace vide, donc une perte de portĂ©e Ă  longueur Ă©gale.
  10. Pour aller encore plus loin, les missiles amĂ©ricains utilisent un propergol (la nitralane) dont la probabilitĂ© — extrĂȘmement faible mais non nulle — qu’il explose l’a fait interdire en France. Aussi leurs missiles balistiques ne s’allument-ils pas sous l’eau car une explosion Ă  ce moment-lĂ  dĂ©truirait le sous-marin. ConsĂ©quence: ils sortent de l’eau assez couchĂ©s et utilisent une importante quantitĂ© de propergol Ă  la seule fin de se redresser , une quantitĂ© qui ne servira pas Ă  augmenter la vitesse et donc la portĂ©e. Mais la nitralane Ă©tant particuliĂšrement Ă©nergĂ©tique, ils peuvent se permettre d’en « perdre » un peu. Ce qui n’est pas le cas de la France dont le propergol est un peu moins Ă©nergĂ©tique. VoilĂ  deux rĂ©ponses diffĂ©rentes Ă  un mĂȘme problĂšme (aller le plus vite possible) de la part des ingĂ©nieurs français et amĂ©ricains.

Sources

Références

  1. (en) « Classification of Missile », sur Brahmos Aerospace, (consulté le ).
  2. Vincent Nouyrigat, « Planeur hypersonique : la nouvelle arme fatale », Science et Vie,‎ (lire en ligne).
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Ouvrages

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  • Émile Arnaud, Les missiles balistiques de 1955 Ă  1995, Centre des hautes Ă©tudes de l'armement, , 307 p. (lire en ligne).
  • Jean-Pierre Clerc et Paul Iorcete, Le duel USA-URSS dans l'espace : Guerre des Ă©toiles : l'Europe entre les deux Grands, Autrement, , 190 p. (ISBN 978-2-86260-174-8).
  • Philippe Couillard, Lanceurs & satellites, Éditions CĂ©paduĂšs, , 246 p. (ISBN 978-2-85428-662-5).
  • Michel Polacco, La conquĂȘte spatiale pour les nuls, Paris, First, , 394 p. (ISBN 978-2-7540-1143-3).
  • (en) John M. Collins, U.S.-Soviet Military Balance 1980-1985, Pergamon Brassey's, , 360 p. (ISBN 978-0-08-033130-0).
  • (en) Michael J. Neufeld, The Rocket and the Reich : Peenemunde and the Coming of the Ballistic Missile Era, Free Press - First American Edition, , 368 p. (ISBN 978-0-02-922895-1, lire en ligne).
  • (en) Steven J. Zaloga, The Kremlin's Nuclear Sword, Washington, DC., Smithonian Books, , 7597 (emplacements Kindle) (ISBN 978-1-58834-485-4, lire en ligne [Édition du Kindle]).
  • « L’arme nuclĂ©aire et ses vecteurs. StratĂ©gies, armes et parades », sur Institut de StratĂ©gie ComparĂ©e (ISC), .

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Voir aussi

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