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Missile M51

Le missile M51 est un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) français dont l'ogive peut contenir jusqu'à 10 têtes nucléaires ayant chacune une trajectoire indépendante.

M51
Missile M51
Présentation
Type de missile Missile mer-sol balistique stratégique
Constructeur ArianeGroup
Coût à l'unité 120 millions d'euros (développement inclus)[1]
DĂ©ploiement En service depuis le
Caractéristiques
Moteurs 3 étages à propergol composite à perchlorate d'ammonium solide de 180 t de poussée
Masse au lancement 54 t [2] - [3]
Longueur 12 m
Diamètre 2,3 m
Vitesse Mach 15[4]
PortĂ©e 9 000 km Ă  10 000 km estimĂ©, (la valeur rĂ©elle est classifiĂ©e)
Altitude de croisière apogĂ©e : 1 200 km[5]
Charge utile 6 Ă  10 TN 75 de 110 kt
Puis TNO de 100 kt en 2016
Guidage Inertiel recalé par visée stellaire
PrĂ©cision 200 m
Plateforme de lancement Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de classe Le Triomphant

Les missiles M51 Ă©quipent progressivement les sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d'engins de 2010 Ă  2018[6], qui disposent alors d'une puissance de frappe Ă©quivalant Ă  1 000 fois Hiroshima[7]. C’est le second vecteur de l'arme nuclĂ©aire en service dans l'armĂ©e française, celui de l'ultime recours destinĂ© aux frappes en riposte, furtif et cachĂ© au fond des ocĂ©ans, le premier Ă©tant les missiles de croisière prĂ©stratĂ©giques ASMPA emportĂ©s par les Rafale B et M qui jouent dans la doctrine française un rĂ´le d'avertissement dont l'adversaire doit pouvoir observer la mise en Ĺ“uvre par observation satellite afin de mesurer la dĂ©termination du prĂ©sident de la RĂ©publique française.

Historique

DĂ©roulement du programme M5 puis M51

Le programme de développement du missile M51 s'inscrit dans l'évolution de la force de dissuasion française, initiée par le missile M1 entré en service en 1971. Le missile M51 est destiné à succéder au M45.

Choix techniques

De nombreux travaux exploratoires ont été menés depuis la mise au point du missile M4 (et sa variante le M45), prédécesseur du M51, portant sur les différentes évolutions prévues pour le nouveau vecteur : utilisation du carbone pour l'enveloppe de tous les étages qui avaient jusque là recours à l'acier, plus lourd, méthode de chargement du propergol, butée flexible de tuyère à armature composite. Le nouveau missile beaucoup plus lourd (la masse passe de 35 à 54 tonnes) et volumineux (le diamètre passe de 1,93 à 2,3 m.) peut être adapté à la coque des Triomphant en modifiant le système de suspension latérale. Mais cette modification modifie fortement le devis de masse du sous-marin et impose un investissement important. L'alternative est d'opter pour un nouveau propergol, le nitralane, beaucoup plus énergétique qui permet de conserver les mêmes dimensions et masse en améliorant fortement les performances. C'est le choix fait par les Américains lors du passage de leur missile Poseidon C3 au missile Trident 1 C4. L'utilisation du nitralane permet de conserver la masse embarquée sur le sous-marin et d'améliorer le M4 de manière incrémentale. Mais la mise au point par les Américains du lanceur utilisant le nitralane a été difficile, avec notamment une explosion des 50 tonnes du propergol du missile (l'équivalent de 90 tonnes de TNT) lors d'un tir. Pour trancher, un groupe de travail est créé, réunissant tous les acteurs concernés. Une méthode d'analyse de la valeur prenant en compte à la fois les conséquences sur les infrastructures opérationnelles et industrielles et les conséquences au niveau des capacités des missiles et de leur évolution conclue sans ambiguïté en faveur de l'accroissement de la masse et de la taille du missile et ne retient pas le recours au nitralane[8].

Lancement des développements

LancĂ© en 1992, le projet M-5 intĂ©grait un 3e Ă©tage manĹ“uvrant permettant au missile une meilleure prĂ©cision. Mais en fĂ©vrier 1996, Jacques Chirac renonce au dĂ©veloppement de cet Ă©tage pour des raisons budgĂ©taires et le M-5 devient le M-51. Le programme de missile M-51 est alors lancĂ© en le destinant Ă  remplacer Ă  l’horizon 2010 le M-45, version la plus performante du M-4[9]. La prĂ©cision du M-51 sera moindre que son Ă©quivalent amĂ©ricain, le Trident 2[10]. Ce projet de dĂ©veloppement d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de missiles balistiques a nĂ©cessitĂ© une phase de dĂ©veloppement ayant mobilisĂ© près d'un millier d'ingĂ©nieurs et de techniciens pendant 4 ans. Sa durĂ©e de dĂ©veloppement a Ă©tĂ© rĂ©duite de manière Ă  pouvoir Ă©quiper directement les sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d'engins de SNLE de nouvelle gĂ©nĂ©ration (SNLE NG) de la force ocĂ©anique stratĂ©gique française (FOST) Ă  compter de 2010, cet amĂ©nagement du calendrier permettant une Ă©conomie globale de plus de 800 millions d'euros sur le dĂ©veloppement de l'ensemble des programmes SNLE-NG, M45 et M51.

Le développement du système de mise en œuvre du M51 à la base opérationnelle de l’Île Longue a débuté en 1999. À Guenvénez sont concernés les bâtiments qui doivent accueillir la partie propulsion du futur missile, répondre aux contraintes pyrotechniques, satisfaire le besoin de protection contre la foudre et assurer la protection de l’environnement — le tout dans une chronologie serrée de réalisation. À l’Île Longue, il s'agit de l’érection du bâtiment de jonctionnement des nouveaux missiles et de la construction d’une voie ferrée hautement sécurisée pour le transport à l’horizontale du missile jusqu’aux abords du sous marin où le missile est verticalisé[11].

Le projet a employĂ© 6 000 ingĂ©nieurs, techniciens et compagnons de plus de 900 industriels français, dont 140 fournisseurs directs et 40 maĂ®tres d’œuvre de sous-systèmes dont plus de 40 % sont des PME et environ 15 % sont des entreprises de taille intermĂ©diaire. Les activitĂ©s liĂ©es au M51 se situent sur les sites protĂ©gĂ©s du groupe autour de Bordeaux en Aquitaine, des Mureaux en rĂ©gion parisienne et sur le site de la Marine Nationale de l’Ile Longue oĂą ArianeGroup assure une prĂ©sence continue de 250 personnes[12] - [13].

Campagne d'essais

Une première campagne de huit essais de lancement de maquettes « Jonas » (Virginie et Magali) instrumentées, à l'échelle 1 du M51 a commencé le 27 novembre 2003 et s'est achevée 17 octobre 2005 à Toulon. Tous les essais ont été un succès.

Un premier vol expérimental du missile stratégique M51 (sans arme) est effectué le 9 novembre 2006 malgré la présence d'opposants sur le site du Centre d’essais des Landes. Lancé vers 9 h 45 à Biscarrosse, il atteint environ un quart d'heure plus tard son point d’impact dans l'Atlantique nord, au large des côtes américaines, après une rentrée dans l’atmosphère à Mach 25. Avant même ce tir, le ministère des Affaires étrangères canadien émet une protestation auprès de la France et lui demande même de l'annuler en raison de risques pour le transport aérien (chute de débris). Le gouvernement canadien réitère ses demandes à l'occasion du deuxième tir, qui a lieu avec succès le à 10 h 14 avec amerrissage dans l'espace aérien américain, mais proche de celui du Canada[14]. Un troisième tir sous-marin a lieu avec succès le à 10 h 05[15]

Un tir d'essai a eu lieu le 19 avril 2023 depuis le SNLE Le Terrible, sans charge nucléaire.

Version M51.1

Missiles des SNLE[16]
SNLE M45

TN75

M51.1

TN75

M51.2
TNO
Le Triomphant 1997 2016
Le Téméraire 1999 2019
Le Vigilant 2004 2013
Le Terrible 2010

Le quatrième tir est le premier effectuĂ© Ă  partir d'un sous-marin en plongĂ©e depuis Le Terrible (S619), immergĂ© en baie d'Audierne le 27 janvier 2010 Ă  9 h 25[17]. Le missile a parcouru environ 4 500 kilomètres en 20 minutes[18].

Après les cinq premiers tirs tous effectuĂ©s avec succès la mise en service du missile est prononcĂ©e le . Trois lots de 16 missiles M51 ont Ă©tĂ© commandĂ©s. Le premier lot de 16 missiles au standard M51.1 a Ă©tĂ© livrĂ© en 2010 et sa mise en service a eu lieu en mĂŞme temps que celle du quatrième SNLE NG Le Terrible. La force de frappe du Terrible atteint 96 tĂŞtes nuclĂ©aires furtives et indĂ©pendantes TN75 de 110 kt chacune pour une puissance globale Ă©quivalente Ă  700 fois (7,3 fois chacune) la bombe utilisĂ© Ă  Hiroshima (15 kilotonnes). Le deuxième SNLE NG Le Vigilant a Ă©tĂ© mis Ă  niveau Ă  Brest entre 2010 et 2012 pour pouvoir lancer les M51.1 après 30 mois de travaux et 4 millions d’heures de travail effectuĂ©es par 1 100 personnes et livrĂ© en 2013[7].

Un tir d'essai effectué le depuis le SNLE Le Vigilant est un échec[19] - [20]. Le ministère de la Défense affirme que « la sortie du missile à partir du sous-marin s’est déroulée normalement et en toute sécurité pour le sous-marin et son équipage » mais que lors de la première phase du vol, un incident s’est produit et a entraîné l’autodestruction du missile[21].

Versions M51.2

Pour 2015, Astrium Space Transportation prĂ©pare une version M51.2 lui permettant d'exploiter la nouvelle tĂŞte nuclĂ©aire ocĂ©anique (TNO), plus furtive, dotĂ©e de meilleures aides Ă  la pĂ©nĂ©tration, et d'une puissance estimĂ©e de 100 kt, qui est dĂ©veloppĂ©e par le CEA/DAM, pour une puissance globale Ă©quivalente Ă  1000 fois (7 fois par tĂŞte Ă— 10 tĂŞtes Ă— 16 missiles) la bombe utilisĂ©e Ă  Hiroshima (15 kilotonnes)[7]. Un nouveau tir d'essai du missile balistique a Ă©tĂ© couronnĂ© de succès le Ă  10 h 28[22]. Il pourrait s'agir de la version M51.2, qui a survolĂ© l'Atlantique nord sans sa charge nuclĂ©aire. Cette nouvelle version doit ĂŞtre dĂ©ployĂ©e en 2016[23]. Le coĂ»t total du projet est de 3,5 milliards d'euros.

Le huitième tir d'essai du M51.2 a lieu avec succès le depuis le sous-marin Le Triomphant[24], dont la mise à niveau a débuté en 2013[25]. À cette date, trois des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins en service en sont équipés. Le dernier à recevoir le M51 est Le Téméraire qui peut lancer des M51.2 depuis 2018[26] et effectue un tir d'essai le [27].

Versions M51.3

L'évolution M51.3 du missile est en cours de développement depuis 2014[28] - [23] et devrait être livrée en 2025[29]. Ce missile permettra d'augmenter la portée de plusieurs centaines de kilomètres et équipera les futurs SNLE 3G en cours de développement, pour être mis en service en 2030[30]. Cette version reprend les caractéristiques du M51.2 avec un troisième étage amélioré, dans le but d'augmenter la portée maximale, mais également de garantir la pénétration en 2030 des défenses antimissiles adverses[31] - [32].

Contractants

Le service des programmes nucléaires et de missile de la direction générale de l'Armement (DGA), qui est chargé de la direction du programme, a notifié fin 2004 à EADS — devenue ArianeGroup depuis 2016 — une commande d’un montant de 3 milliards d’euros pour la production du missile balistique M51.

Dans la continuité des systèmes de missiles balistiques de la force de dissuasion française, développés initialement par Aérospatiale, y compris les études initiales, ArianeGroup, après la reprise de cette activité à partir de 1998, est responsable du développement et de la production des missiles M51 ainsi que de leur système de mise en œuvre à la base opérationnelle de l’Île Longue et à bord des SNLE, en association avec Naval Group (anciennement DCNS). Pendant toute la durée de vie des systèmes elle sera responsable de leur maintien en condition opérationnelle.

Le GIE G2P a quant à lui assuré la maîtrise d’œuvre du développement de la propulsion du missile, en coordonnant les activités de ses deux sociétés mères (Snecma Propulsion Solide et SNPE Matériaux Énergétiques) jusqu'à la fusion de celles-ci en 2012 dans la société Herakles, filiale de Safran.

Le , les activités des groupes Airbus et Safran sur le M51 et les lanceurs sont regroupées au sein de la coentreprise Airbus Safran Launchers renommée ArianeGroup en [33].

Environ 4 000 ingĂ©nieurs, techniciens et compagnons sont engagĂ©s dans ce projet; ils proviennent majoritairement du groupe ArianeGroup suivi des principaux autres partenaires - DCNS, Thales, Sodern, Souriau, Zodiac Aerospace - et de sous-traitants issus de nombreuses petites et moyennes entreprises. La filière industrielle complète du M51 reprĂ©sente plus de 450 industriels français, dont 140 fournisseurs directs et 40 maĂ®tres d’œuvre de sous-systèmes - 25 % d’entre eux sont des PME ou TPE[34].

Caractéristiques

Le M51 est un missile Ă  trois Ă©tages, d'une hauteur de 12 mètres, d'une masse totale supĂ©rieure Ă  50 tonnes (54 maximum, contre 36 tonnes pour le missile M45) qui a Ă©tĂ© conçu afin de pouvoir ĂŞtre lancĂ© depuis un sous-marin en plongĂ©e. ÉjectĂ© par un système de chasse Ă  poudre, le missile jaillit de l’eau puis allume son moteur Ă  quelques dizaines de mètres de la surface.

Ses Ă©tages sont dotĂ©s de propulseurs Ă©quipĂ©s de tuyères Ă  butĂ©es flexibles, dĂ©veloppant 180 tonnes de poussĂ©e, ce qui lui permet d'atteindre la vitesse de Mach 15 (19 000 km/h). Les structures sont rĂ©alisĂ©es en fibre de carbone/ Ă©poxy bobinĂ©e. Sa propulsion est de technologie voisine de celle des propulseurs d'appoint de la fusĂ©e civile Ariane 5. Le carburant utilisĂ© est un propergol solide (perchlorate d’ammonium), qui se prĂ©sente sous la forme d’une gomme grisâtre.

De par leurs dimensions — plus de deux mètres de diamètre pour près de six mètres de haut —, les corps de propulseurs actuellement en fabrication qui sont destinés au premier étage du missile sont aujourd'hui les plus grandes structures composites jamais réalisées en Europe pour un étage à poudre, et les deuxièmes au niveau mondial, derrière celles de Thiokol Propulsion aux États-Unis.

Le M51 diffère de son prédécesseur, le M45, non seulement en termes de dimensions, mais également d'interface avec les tubes de lancement. Il présente également de nombreuses améliorations.

Comparaison des systèmes d'armes : à gauche, SNLE équipé du M4. À droite, SNLE-NG équipé du M45, et le futur M51.1.

Le missile M51 dispose d’une capacité d’emport accrue (le nombre maximum de têtes passe de 6 à 10[35]), pouvant aller jusqu'à près du double de celle du M45, et ce outre son plus grand diamètre grâce à l'adoption d'un profil de coiffe hydrodynamique trapu complété par un pare-vent télescopique, réducteur de traînée aérodynamique.

La première version dite M51.1 est armĂ©e pour emporter les ogives furtives TN 75 de 110 kt qui Ă©quipent l'actuel M45.

Ă€ partir de 2016[36] une version amĂ©liorĂ©e dite M51.2 sera Ă©quipĂ©e de nouvelles TNO de 100 kt Ă  300 kt[37] - [38] - [39]. Il est Ă©galement dotĂ© d'une capacitĂ© multi-objectifs lui permettant de frapper plusieurs objectifs Ă©loignĂ©s sur une zone de 220 Ă— 60 km2 (13 200 km2) grâce Ă  un système d'espacement des tĂŞtes intĂ©grĂ© Ă  la partie haute du missile[40].

Alors que les missiles M45 avaient une portĂ©e de l'ordre de 6 000 km, ce nouveau vecteur nuclĂ©aire a des performances balistiques qui lui confèrent une portĂ©e supĂ©rieure. Pour la version M51.1 la portĂ©e maximale bien que tenue secrète, et dĂ©pendante du nombre d'ogives embarquĂ©es, est estimĂ©e Ă  6 000 km avec une charge de 1 400 kg correspondant Ă  6 charges TN75, et 14 000 km avec une seule charge TN75. Le missile est capable d'assurer un vol pouvant dĂ©passer 1 000 km d’altitude[41] - [42] avec une prĂ©cision amĂ©liorĂ©e par rapport aux missiles actuels M45. Avec la version M51.2 la portĂ©e est estimĂ©e Ă  9 000 km[43] avec 6 charges TNO et la partie haute possède une meilleure aptitude Ă  pĂ©nĂ©trer les dĂ©fenses adverses. Ces caractĂ©ristiques permettent aux sous-marins de restreindre leurs zones de patrouille en Ă©vitant le goulet du dĂ©troit de Gibraltar : l'ouest du golfe du Bengale ou l'AmĂ©rique du Nord sont ainsi accessibles depuis la zone de patrouille Atlantique et le continent euro-asiatique depuis l'ocĂ©an Indien[44]. Chaque sous-marin embarque seize missiles stratĂ©giques.

Enfin, selon certains analystes, la « perfection »[45] des 6 tirs de la TN 75 effectuĂ©s Ă  Moruroa et Fangataufa entre le 5 septembre 1995 et le 27 janvier 1996 et l'accord de coopĂ©ration franco-amĂ©ricain du 17 juin 1996 laisseraient augurer du succès de « la mise au point d'armes Ă  capacitĂ© variable, l'ultra-miniaturisation pour objectifs ponctuels (la mise en place de systèmes de guidage Ă  prĂ©cision mĂ©trique) et les armes de troisième gĂ©nĂ©ration destinĂ©es Ă  gĂ©nĂ©rer de puissantes impulsions Ă©lectromagnĂ©tiques »[46].

Contestations

En 2003, dans un ouvrage[47] puis dans différentes interviews, le général (en 2e section) Étienne Copel conteste l'intérêt du remplacement du M45 par le M51[48] ainsi que celui du format de la FOST à 4 SNLE[49]. Selon Copel, « remplacer les M45 par les M51 [...] n'est pas un progrès. C'est une régression. Qui nous coûtera environ 15 milliards d'euros »[50]. Il justifie cette critique par des motifs économiques (« défense civile, modernisation des Armées et réduction du déficit de l'État ») et stratégiques. Cependant il signera plus tard une tribune[51] libre intitulée « N'abandonnons pas la dissuasion nucléaire » dans laquelle il se prononcera pour ce qui sera finalement réalisé, l'étalement du programme de missiles M51, la limitation des patrouilles de sous-marins en mer, et la diminution du nombre de Rafale nucléaires.

Sur le nombre de sous-marins, il est à noter que durant la guerre froide trois SNLE patrouillaient en permanence, et que le format a déjà été réduit en 1999 de 5 à 4 SNLE (dont 1 en patrouille, 1 disponible à quai, à la mer ou en entraînement, 2 en entretien de longue et de courte durée). Le nombre d'escadrons pilotés nucléaires passe aussi de 3 à 2. Concernant le coût, un rapport du Sénat de 2004[52] montre « qu'en monnaie constante, le budget de la dissuasion nucléaire a été divisé par deux entre 1990 et 2005 » et devrait avoisiner « moins de 18 % de l'effort d'équipement militaire en 2008 ».

Depuis 2006, le missile M51 fait l'objet d'une campagne de contestation[53], « non au missile M51 », initiĂ©e par le collectif du mĂŞme nom, composĂ© de 13 organisations antinuclĂ©aires et pacifistes dont le RĂ©seau Sortir du nuclĂ©aire et le Mouvement de la Paix. Selon eux, le M51 constitue un encouragement Ă  la prolifĂ©ration nuclĂ©aire contrevenant aux dispositions de l'article VI du TraitĂ© de non-prolifĂ©ration nuclĂ©aire (TNP). Le 23 septembre 2006, quelque temps avant la pĂ©riode (supposĂ©e par les manifestants) choisie par le ministère de la DĂ©fense (DGA EM) pour le premier tir d'essai du missile M51, une manifestation a rassemblĂ© 1 500 personnes Ă  Biscarrosse[54]. Le collectif « non au missile M51 » annonce avoir bloquĂ© le un deuxième vol expĂ©rimental grâce Ă  la prĂ©sence d'opposants[55] rĂ©alisant ce qu'ils appellent une inspection citoyenne[56] - [57]. L'annĂ©e suivante, le 21 mars 2008, le prĂ©sident de la RĂ©publique annonce une rĂ©duction du nombre de tĂŞtes nuclĂ©aires embarquĂ©es sur SNLE[58] : « Après cette rĂ©duction, notre arsenal comprendra moins de 300 tĂŞtes nuclĂ©aires » contre 348 aujourd'hui.

Le premier procès des opposants aux tirs d'essai du M51 s'est tenu le Ă  Mont de Marsan. Les 7 activistes du collectif ont comparu pour l'occupation d'un radar au Centre d'Essai de Lancement de Missile (CELM) de Biscarrosse, le , jour de l'ouverture du crĂ©neau de tir du 4e tir d'essai du missile M51. Ils ont Ă©tĂ© reconnus coupables avec dispense de peine, alors qu'ils avaient dans un premier temps Ă©tĂ© condamnĂ©s sans dĂ©bats contradictoires Ă  150 euros de contraventions. Cependant malgrĂ© l'action de ces opposants, les cinq tirs prĂ©vus seront finalement conduits avec succès jusqu'au tir d’acceptation Ă  partir du SNLE NG Le Terrible en [59].

Liste des tirs d'essai

no Date Site de lancement RĂ©sultat Source
1 CELM Succès [60]
2 CELM Succès [61]
3 CELM Succès [62]
4 Le Terrible Succès [63]
5 Le Terrible Succès [64]
6 Le Vigilant Échec [65]
7 DGA EM Succès [66]
8 Le Triomphant Succès [67]
9 Le Téméraire Succès [68]
10 DGA EM Succès [69]
11 Le Terrible Succès [70]

Notes et références

  1. [PDF] Alain Boudier, « Le Terrible ou l'assurance-vie de la France », 3AF - La Lettre, no 7,‎ , p. 5 (ISSN 1767-0675, lire en ligne)
  2. « https://www.defense.gouv.fr/marine/decouverte/equipements-moyens-materiel-militaire/missiles/missiles-balistiques-strategiques-msbs »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  3. Direction générale de l'armement, « Le missile mer-sol balistique stratégique M51 » Accès libre, sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
  4. « Missile nucléaire M51. Tir imminent à partir du sous-marin Le Terrible » Accès libre, sur Le Télégramme, (consulté le )
  5. Le Marquis De Seignelay, « Tir « Hyperodon » » Accès libre, sur Le Fauteuil de Colbert, (consulté le )
  6. (en) « Final French Navy SSBN 'Le Temeraire' Upgraded for M51 SLBM » Accès libre, sur Navy Recognition (consulté le ).
  7. Vincent Groizeleau, « Le SNLE Le Vigilant retrouve l’Ile Longue », sur meretmarine.com, (consulté le )
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  9. Délégation générale pour l'armement. Centre d’achèvement et d’essais des propulseurs et engins, Préludes aux vols CAEPE 1967-2007 : des compétences au service de la dissuasion et de la sécurisation., SGA/SMG Impressions, (ISBN 978-2-11-097319-1, lire en ligne), p. 36
  10. Jean-Dominique Merchet, « Questions sur la dissuasion nucléaire » Accès libre, sur lopinion.fr,
  11. L’Île Longue, Histoire d’un site exceptionnel, Palantines, , 191 p. (ISBN 978-2-35678-037-9), p. 171, 174 « », pages 171 et 174, Éditions Palantines, 2010
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