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Missile mer-sol balistique stratégique

Un missile mer-sol balistique stratégique (MSBS) - en anglais SLBM : Submarine Launched Ballistic Missile - est un missile balistique dont l'ogive contient une ou plusieurs têtes nucléaires. Il est lancé par un sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) en plongée. Ce type de missiles arme les forces nucléaires stratégiques ; il constitue, dans les doctrines de dissuasion nucléaire, l'arme de seconde frappe ou de rétorsion.

Lancement d'un missile balistique par sous-marin

Construire un missile balistique est complexe. Le lancer sous l’eau ajoute une autre complexité[1].

À l’évidence le missile balistique ne s’allume pas dans le tube dans lequel il a été placé : il détruirait le sous-marin. Il en est donc éjecté par une forte pression de gaz à la façon d’une cartouche de fusil de chasse qui propulse ses plombs (le missile balistique) hors du canon (le tube). La partie propulsive de la « cartouche » est appelée « générateur de gaz ».

Écoulements et houle

La profondeur d'immersion du sous-marin à laquelle il va lancer le missile en allumant le générateur de gaz est définie par deux contraintes :

a/ tiré verticalement, le missile balistique subit de plein fouet l’écoulement transversal de l’eau le long du sous-marin (schéma ci-contre). Pour que l'écoulement soit le plus faible possible le sous-marin doit avoir une vitesse presque nulle. Or un sous-marin à vitesse très faible se pilote difficilement. D’autant plus difficilement qu’il est proche de la surface où les effets de la houle sont perturbateurs et importants. Le sous-marin aurait donc intérêt à naviguer à une profondeur d'immersion la plus élevée possible.

b/ plus le missile est tiré loin de la surface, plus le missile balistique dont la vitesse verticale est faible même avec un générateur de gaz puissant, est perturbé dans son parcours sous marin. L’écoulement de l’eau, même très faible, le fait pencher. Sous l’effet de la houle, il perd son équilibre et va sortir de l’eau avec une forte inclinaison. Corriger cette inclinaison doit se faire dès que possible. L'allumage du premier étage déclenche le redressement, avec un grand débattement de la tuyère. La consommation de propergol utilisée pour redresser le missile balistique réduit son autonomie. Le redressement est donc mesuré ; avec l'allumage du premier étage le plus tôt possible.

Le processus est généralement le suivant : Le tube est obturé par une membrane en caoutchouc, prédécoupée pour être convenablement déchirée par le missile balistique quand il sort du tube.

La porte étanche ferme par le dessus. Elle est résistante à la pression de la mer (schéma ci-contre, a).

Tube lance-missile balistique

Avant le lancement, sont mis en pression simultanément :

  • avec un gaz neutre, la partie du tube situĂ©e sous la membrane (donc : le missile balistique) ;
  • avec l’eau de la mer, la partie supĂ©rieure de la membrane.

Ces deux pressions (schéma b) sont calculées pour être égales et pour correspondre à la pression de la mer à la profondeur d'immersion à laquelle se situe le sous-marin. La membrane est donc équilibrée (pression de la mer au-dessus, pression de gaz égale en dessous). Elle interdit à l’eau de mer d’envahir le tube lance-missile.

Au moment du lancement, sous la pression des gaz, le missile balistique monte en déchirant la membrane. Il quitte le tube et se dirige vers la surface.

La mise à feu du premier étage se fait sous la mer après avoir vérifié que la tuyère débat correctement et, surtout, que le missile balistique s’est suffisamment éloigné du sous-marin, ce que calcule sa centrale à inertie. Ainsi se corrige la verticalité du missile balistique vers la fin du parcours sous-marin[note 1].

Missiles par pays

France

Missiles M45 et M51 dans des coques de SNLE (classe Le Redoutable, Ă  gauche) et de SNLE-NG (classe Le Triomphant, Ă  droite)

Plusieurs générations de missiles stratégiques se sont depuis succédé, ils équipent les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (classe Le Redoutable puis classe Le Triomphant) de la Force océanique stratégique :

  • le M-1 est le premier missile de ce type construit en France. Sa rĂ©alisation est dĂ©cidĂ©e par le gouvernement français en 1963; il entre en service en 1971.
  • le M-2 de portĂ©e accrue Ă  partir de 1974 ;
  • le M-20 dotĂ© d'une charge mĂ©gatonnique entre 1976 et 1985 ;
  • le M-4 plus volumineux, Ă  trois Ă©tages au lieu de deux et porteur de tĂŞtes multiples, en service entre 1987 et 2005[2] ;
  • le M-45 en service depuis 1997[2] ;
  • le M-51, opĂ©rationnel depuis 2010[2].

États-Unis et Grande-Bretagne

Départ d’un Trident.

URSS puis Russie

L'URSS eu un maximum de 940 de ces missiles en service dans la marine soviétique durant la guerre froide. En 2011, la marine russe en déploie 160.

RĂ©publique populaire de Chine

Inde

Corée du Nord

Corée du Sud

Liste des missiles

nom localnom O.T.A.N.paysdépl.ogiveschargemassepropulsionportéePrécisiontir
UGM-27 PolarisUSA et G.-B.19601600 kt13 tsol. et sol.1 850 km1 800 msubmergĂ©
R-13SS-N-4 SarkURSS196111 Mt14 thyp.600 km1 800 msurface
R-21SS-N-5 SarkURSS196311 Mt19 thyp.1 400 km1 800 msurface
R-27SS-N-6 SerbURSS196911 Mt14 thyp.2 400 km1 100 msubmergĂ©
M-1France197111 Mt20 tsol. et sol.3 000 kmn/dsubmergĂ©
UGM-73 PoseidonUSA19721050 kt30 tsol. et sol.4 600 km550 msubmergĂ©
R-29SS-N-8 SawflyURSS197411–1.5 Mt33 thyp. et hyp.7 800 km900 msubmergĂ©
M-20France197711.2 Mt20 tsol. et sol.3 000 km1 000 msubmergĂ©
UGM-96 Trident IUSA19798100 kt33 tsol., sol. et sol.7 400 km380 msubmergĂ©
R-29RSS-N-18 StingrayURSS19797100 kt35 thyp. et hyp.6 500 km900 msubmergĂ©
R-39SS-N-20 SturgeonURSS198310100 kt90 thyp., hyp. et hyp.8 250 km500 msubmergĂ©
M-4France19856150 kt35 tsol., sol. et sol.4 000 km500 msubmergĂ©
R-29RMSS-N-23 SkiffURSS19864100 kt40 thyp. et hyp.8 300 km500 msubmergĂ©
JL-1CSS-N-3Chine19881200–300 kt15 tsol. et sol.1 700 km300 msubmergĂ©
UGM-133 Trident IIUSA et G.-B.19906300–475 kt59 tsol., sol. et sol.11 000 km120 msubmergĂ©
M-45France19976110 kt35 tsol., sol. et sol.6 000 km350 msubmergĂ©
M-51France201010100 kt56 tsol., sol. et sol.10 000 km200 msubmergĂ©

Notes et références

Notes

  1. Pour aller encore plus loin, les missiles américains utilisent un propergol composite (la Nitralane) dont la probabilité — extrêmement faible mais non nulle — qu’il explose l’a fait interdire en France. Aussi leurs missiles balistiques ne s’allument-ils pas sous l’eau car une explosion à ce moment-là détruirait le sous-marin. Conséquence : ils sortent de l’eau assez couchés et utilisent une importante quantité de propergol à la seule fin de se redresser , une quantité qui ne servira pas à augmenter la vitesse et donc la portée. Mais la Nitralane étant particulièrement énergétique, ils peuvent se permettre d’en «perdre» un peu. Ce qui n’est pas le cas de la France dont le propergol est un peu moins énergétique. Il s'agit là de deux réponses différentes à un même problème (aller le plus vite possible) de la part des ingénieurs français et américains.

Références

  1. L'Encyclopédie de sous-marins français, tome 6, détaille le parcours sous-marin des missiles balistiques français. Toutes les informations contenues de ce paragraphe proviennent de cet ouvrage.
  2. « Missiles balistiques stratégiques (MSBS) », sur www.defense.gouv.fr/marine, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Emile Arnaud (collectif), Un demi-siècle d'aĂ©ronautique en France - Les missiles balistiques de 1955 Ă  1995, DĂ©partement d'histoire de l'armement du Centre des hautes Ă©tudes de l'armement, , 316 p. (lire en ligne)
  • Shirley Compard, « Des "Pierres prĂ©cieuses" au M5 : l'optimisation des vecteurs », dans Revue aerospatiale, N° hors sĂ©rie 20 ans d'Aerospatiale,
  • Roger Chevalier, « Ă€ bord du Gymnote », dans Revue aĂ©rospatiale, N° hors sĂ©rie 20 ans d'AĂ©rospatiale,
  • Jean-RĂ©my Hugues, « Tout inventer... », dans Revue aĂ©rospatiale, N° hors sĂ©rie 20 ans d'AĂ©rospatiale,
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