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Classe Le Redoutable

La classe Le Redoutable est la première sĂ©rie de sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d'engins (SNLE) de la Marine nationale française. Six navires de ce type entrent en service entre 1971 et 1985 et constituent alors l'un des trois vecteurs de la dissuasion nuclĂ©aire française avec les Mirage IV et les missiles balistiques du plateau d'Albion. ArmĂ©s de seize missiles balistiques Ă©quipĂ©s de tĂŞtes nuclĂ©aires, ces sous-marins de grande taille ont un dĂ©placement en plongĂ©e de 9 000 tonnes. Ils font partie de la Force ocĂ©anique stratĂ©gique (FOST), qui comprend Ă©galement des installations de maintenance situĂ©es dans leur port d'attache Ă  l'Ă®le Longue dans la rade de Brest. Ils sont progressivement remplacĂ©s par les sous-marins de nouvelle gĂ©nĂ©ration de la classe Le Triomphant Ă  partir des annĂ©es 1990.

Classe Le Redoutable
sous-marin nucléaire lanceur d'engins
Image illustrative de l'article Classe Le Redoutable
SNLE Le Redoutable
Caractéristiques techniques
Type SNLE
Longueur 128,7 m
Maître-bau 10,6 m
Tirant d'eau 10 m
Tirant d'air 11 m
DĂ©placement 8 080 t en surface
8 920 t en plongĂ©e
Propulsion
Puissance 16 000 ch (11 760 kW).
Vitesse ~20 nœuds (37 km/h) en surface
~25 nœuds en plongée (46 km/h)
Profondeur ~300 m
Caractéristiques militaires
Armement 16 MSBS
4 tubes lance-torpilles de 533 mm avec 18 torpilles
missiles antinavires Exocet SM39
Autres caractéristiques
Électronique
Équipage 135 hommes dont 15 officiers
Histoire
Constructeurs DCAN de Cherbourg
A servi dans Marine nationale
PĂ©riode de
construction
1964 - 1985
PĂ©riode de service 1971 - 2008
Navires construits 6
Navires désarmés 6
Navires préservés 1
Vue plongeant sur la coque du sous-marin.
Le Redoutable transformé en bateau-musée à la Cité de la Mer.

La création d'une flotte de SNLE résulte de la décision du président de la République, le général de Gaulle, d'adopter une stratégie de dissuasion nucléaire indépendante des États-Unis en développant des capacités de frappe nucléaire permettant de dissuader toute attaque des intérêts nationaux. La création d'une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire embarquant des missiles balistiques est décidée en 1960 et est appliquée en 1963. À compter de 1972, la France maintient en permanence au moins un de ces sous-marins en patrouille, caché dans les fonds océaniques, prêt à lancer ses missiles sur ordre du président de la République.

La propulsion nuclĂ©aire navale, mise au point dans les annĂ©es 1950, transforme la technologie des sous-marins en leur permettant de se maintenir en plongĂ©e indĂ©finiment tout en disposant d'une source d'Ă©nergie permettant d'atteindre des vitesses considĂ©rables. L'US Navy est la première Ă  maĂ®triser ce nouveau type de propulsion, Ă  bord du prototype Nautilus lancĂ© en 1955, rapidement suivi de sous-marins opĂ©rationnels. Les ingĂ©nieurs français, après une première tentative exploitant une technologie diffĂ©rente, dĂ©veloppent de manière autonome un rĂ©acteur nuclĂ©aire Ă  eau pressurisĂ©e ainsi que des missiles balistiques pouvant ĂŞtre lancĂ©s en plongĂ©e, une bombe nuclĂ©aire miniaturisĂ©e et une centrale Ă  inertie rĂ©pondant aux contraintes de prĂ©cision des armes embarquĂ©es. Le sous-marin tĂŞte de sĂ©rie, baptisĂ© Le Redoutable, dont la construction dĂ©bute en 1964, entame sa première patrouille dĂ©but 1972. Au cours de la vie opĂ©rationnelle des « Redoutable », des missiles aux capacitĂ©s croissantes (portĂ©e, tĂŞtes nuclĂ©aires) sont installĂ©s Ă  bord de ces sous-marins. Le dernier modèle, le missile M4, emporte six tĂŞtes nuclĂ©aires de 150 kilotonnes Ă©quivalent en TNT et a une portĂ©e supĂ©rieure Ă  4 500 km.

Deux Ă©quipages de 135 hommes sont attachĂ©s Ă  chacun des « Redoutable » pour permettre une utilisation maximale. Le navire part en patrouille pour une durĂ©e comprise entre deux et trois mois. Une fois au large, il quitte la surface et entame une plongĂ©e qui ne s'achève qu'Ă  la fin de sa mission. Il circule en maintenant sa position secrète tout en Ă©tant en permanence Ă  l'Ă©coute des informations et instructions Ă©manant des autoritĂ©s militaires.

Contexte

La découverte de la fission de l'atome en 1938 débouche très rapidement sur la mise au point du réacteur nucléaire. Son utilisation à bord de sous-marins permet à ceux-ci de prolonger presque indéfiniment la durée de leur plongée, ce qui leur donne un énorme avantage opérationnel. Les États-Unis lancent en 1956 le Nautilus, premier sous-marin à propulsion nucléaire. Ce prototype est rapidement suivi par des sous-marins opérationnels. La Marine nationale française, qui a identifié les apports de cette technologie, fait construire à compter de 1956 un sous-marin alimenté par un réacteur à eau lourde : cette technologie, différente de celle mise en œuvre par l'United States Navy, permet de se passer de l'uranium enrichi dont la France ne dispose pas à l'époque. Le recours à cette technologie est un échec et le Commissariat à l'énergie atomique est chargé en 1959 de mettre au point un réacteur nucléaire utilisant l'uranium enrichi suffisamment compact pour être embarqué à bord d'un sous-marin. Le général de Gaulle, qui prend ses fonctions de président de la République en 1959, opte pour une stratégie de dissuasion nucléaire indépendante. Trois vecteurs sont retenus pour emporter l'arme nucléaire, dont le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE). La construction du premier SNLE français, décidé en 1960, débute en 1963.

Pionniers américains

Coque de l'Albacore exposée après transformation en bateau-musée
Le sous-marin expérimental Albacore, entré en service en 1953, a permis de mettre au point une forme de coque et des appendices optimisés pour la navigation en plongée.
La coque du sous-marin glisse vers l'eau devant une foule considérable
Lancement en 1956 du Nautilus américain, premier sous-marin à propulsion nucléaire.

Dès l'annonce par le physicien allemand Otto Hahn de la dĂ©couverte de la fission de l'atome en 1938, Ross Gunn, superintendant du Naval Research Laboratory (NRL), envisage l'utilisation d'un rĂ©acteur nuclĂ©aire exploitant cette dĂ©couverte pour propulser les sous-marins. Contrairement aux moteurs classiques exploitant la combustion d'un carburant, ce type de propulsion anaĂ©robie permettrait aux sous-marins de rester en plongĂ©e indĂ©finiment[Note 1], tout en fournissant une puissance bien supĂ©rieure Ă  celle que procure les accumulateurs utilisĂ©s jusque-lĂ . Ă€ la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1947, cette idĂ©e est reprise par le capitaine de vaisseau Hyman Rickover, qui devient l'ardent dĂ©fenseur de ce nouveau type de propulsion et parvient Ă  mobiliser les autoritĂ©s militaires amĂ©ricaines. L'aboutissement de ses efforts est le premier sous-marin Ă  propulsion nuclĂ©aire amĂ©ricain, le Nautilus, lancĂ© en janvier 1955. Celui-ci effectue une dĂ©monstration Ă©clatante de ses capacitĂ©s[1]. Le Nautilus n'emporte pas de missiles balistiques et ses formes ne sont pas optimisĂ©es pour la vitesse en plongĂ©e, alors que la supĂ©rioritĂ© des sous-marins dotĂ©s de la propulsion nuclĂ©aire repose sur leur capacitĂ© Ă  naviguer en permanence en plongĂ©e. Un autre sous-marin expĂ©rimental amĂ©ricain, l'Albacore, entrĂ© en service en 1953, va servir Ă  la mise au point des caractĂ©ristiques de coque optimales[Note 2] : la forme de sa coque (en « goutte d'eau ») et la position de ses appendices (hĂ©lice unique et barres de plongĂ©e) lui permettent d'atteindre une vitesse de 33 nĹ“uds. Ces deux navires expĂ©rimentaux dĂ©bouchent sur la construction des premières sĂ©ries de sous-marins Ă  propulsion nuclĂ©aire opĂ©rationnels. Ce sont les quatre petits Skate, directement dĂ©rivĂ©s des sous-marins Ă  propulsion classique de type Tang, puis les cinq Skipjack, qui entrent en service Ă  compter de 1959. Ces derniers sont des sous-marins d'attaque (SNA) ayant un dĂ©placement de 3 600 tonnes en plongĂ©e et armĂ©s uniquement de torpilles. Les premiers sous-marins nuclĂ©aires lanceurs d'engins (SNLE), armĂ©s de missiles balistiques, constituent la classe George Washington : ils sont directement dĂ©rivĂ©s des Skipjack par ajout d'une tranche cylindrique centrale contenant 16 missiles. Les cinq navires de cette classe ont un dĂ©placement en plongĂ©e de 6 817 t. Alors que les tensions de la guerre froide atteignent leur paroxysme (crise des missiles de Cuba, par exemple), les États-Unis se mettent Ă  construire Ă  une cadence Ă©levĂ©e SNLE et SNA : une trentaine de SNLE et une quinzaine de SNA sont mis en service au cours des annĂ©es suivantes[Note 3] - [2] - [3].

Échec du réacteur à eau lourde français

La Marine nationale, consciente du potentiel de l'énergie nucléaire, débute les premières études sur le sujet en 1954, peu avant le lancement du Nautilus américain. Mais les difficultés techniques sont énormes pour les ingénieurs français. Le sous-marin américain utilise un réacteur nucléaire à eau pressurisée qui permet d'obtenir une puissance importante dans un volume réduit mais qui nécessite pour l'alimenter de disposer d'une usine d'enrichissement d'uranium et donc de maitriser les techniques de séparation des isotopes de l'uranium. Il faut mettre au point de nouvelles techniques métallurgiques pour construire les équipements situés dans le cœur nucléaire capable de résister aux conditions de pression et de température. Les pompes et les autres équipements mobiles doivent être très fiables pour ne pas mettre en péril le sous-marin en mission car aucune maintenance sur cette partie de la propulsion n'est possible en mer. Enfin le cœur nucléaire doit être enfermé dans une enceinte épaisse de grandes dimensions pour éviter toute contamination en cas d'incident tout en étant compatible avec la taille du sous-marin[4] - [5].

Ne disposant pas d'uranium enrichi, les responsables du projet français, qui est menĂ© conjointement par le Commissariat Ă  l'Ă©nergie atomique et la Marine nationale, optent pour un rĂ©acteur Ă  eau lourde qui n'a besoin que d'uranium naturel. La conception de ce type de rĂ©acteur nuclĂ©aire est dĂ©jĂ  maitrisĂ©e en France : un prototype de rĂ©acteur terrestre Ă  l'eau lourde de faible puissance (150 kW), la pile ZoĂ©, fonctionne depuis 1948 en rĂ©gion parisienne. L'Ă©tablissement de Cherbourg de la Direction des constructions et armes navales (DCAN)[Note 4], chantier naval traditionnellement chargĂ© de la construction des sous-marins français, commence en 1956 Ă  construire un sous-marin destinĂ© Ă  accueillir ce nouveau type de propulsion nuclĂ©aire. Ce navire, baptisĂ© Q-244, a une taille nettement supĂ©rieure aux productions antĂ©rieures du chantier naval : avec ses 110 mètres de long, son diamètre de 8,5 mètres et son dĂ©placement de 4 500 tonnes il est trois fois plus grand que la sĂ©rie des Narval. Il est prĂ©vu qu'il soit armĂ© uniquement avec des torpilles car la rĂ©alisation de missiles balistiques n'est pas Ă  l'ordre du jour Ă  cette Ă©poque. Mais le rĂ©acteur Ă  eau lourde se rĂ©vèle trop encombrant pour un sous-marin et le projet est abandonnĂ© en 1958. La construction du sous-marin Q-244 est, quant Ă  elle, arrĂŞtĂ©e en 1959[6] - [7] - [8].

Les États-Unis proposent à l'époque leur aide pour la mise au point d'un réacteur à eau pressurisée sous la forme de fourniture de plans, d'équipements ou même de réacteurs complets. Mais le général de Gaulle, qui est entretemps arrivé au pouvoir, ne veut pas lier la défense de la France de manière trop étroite à l'OTAN, ce qui limite fortement la coopération avec les États-Unis. Le Royaume-Uni, en revanche, accepte la proposition américaine et développe un premier sous-marin d'attaque, le Dreadnought, doté d'une chaufferie nucléaire conçue outre-Atlantique[8] - [6] - [7]. Les Britanniques, qui ont renoncé à développer leurs propres missiles balistiques, obtiennent des Américains qu'ils leur fournissent également les missiles Polaris armant leurs futurs sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (par les accords de Nassau de décembre 1962), renforçant l'intégration mais également la dépendance sur le plan militaire du Royaume-Uni avec les États-Unis[9].

Mise au point d'un réacteur à uranium enrichi

Plusieurs constructions dispersées au milieu d'un site cerné d'une roue avec en arrière plan des collines
Vue aérienne du centre de Cadarache où a été mis au point le réacteur nucléaire des Redoutable.

Tirant les leçons de l'Ă©chec de la filière eau lourde, la Marine nationale dĂ©cide d'adopter la filière des rĂ©acteurs Ă  eau pressurisĂ©e pour propulser ses sous-marins. Le gouvernement amĂ©ricain accepte de vendre Ă  la France 440 kilogrammes d'uranium enrichi pour permettre d'alimenter un premier rĂ©acteur Ă  condition que celui-ci ne soit utilisĂ© que pour des applications terrestres[Note 5]. Le dĂ©veloppement du rĂ©acteur est confiĂ© Ă  une nouvelle division du Commissariat Ă  l'Ă©nergie atomique (CEA), le Groupe de propulsion nuclĂ©aire (GPN) qui rĂ©unit des membres du CEA, des officiers de marine et des ingĂ©nieurs du chantier naval. Son responsable dĂ©signĂ© par la Marine nationale est Jacques Chevallier qui a accumulĂ© 8 ans d'expĂ©riences sur les appareils moteurs Ă  vapeur au sein de la Direction centrale des constructions et armes navales (DCAN). Le cĹ“ur nuclĂ©aire est de son cĂ´tĂ© dĂ©veloppĂ© par le dĂ©partement des Ă©tudes de piles (DEP) du CEA Ă  Saclay. Pour mettre au point le futur rĂ©acteur nuclĂ©aire embarquĂ©, les responsables du projet optent pour la construction d'un prototype, le PAT. Celui-ci est installĂ© au centre de Cadarache[Note 6], un Ă©tablissement du Commissariat Ă  l'Ă©nergie atomique qui est crĂ©Ă© en octobre 1959 Ă  la fois pour mettre au point ce prototype et pour dĂ©velopper la filière des rĂ©acteurs Ă  neutrons rapides (rĂ©acteur Rapsodie)[10] - [7].

Pour que la simulation soit la plus rĂ©aliste possible, le prototype de rĂ©acteur, avec des Ă©quipements similaires Ă  ceux qui seront installĂ©s Ă  bord du sous-marin, est placĂ© dans une tranche de coque elle-mĂŞme immergĂ©e dans une piscine. Le système de contrĂ´le-commande reproduit Ă©galement les futures installations du navire. La construction de la cuve du rĂ©acteur, des gĂ©nĂ©rateurs de vapeur et du pressuriseur est rĂ©alisĂ©e par l'Ă©tablissement d'Indret de la DCAN. Le rĂ©acteur diverge en aoĂ»t 1964. Entre octobre et dĂ©cembre 1964 le rĂ©acteur fonctionne en simulant la distance d'un tour du monde sans rencontrer de problème majeur. Le rĂ©acteur remplit les objectifs assignĂ©s au projet avec un budget modeste (180 millions de francs de 1959 soit 330 millions € 2020) et en tenant l'Ă©chĂ©ance fixĂ©e initialement. Après avoir contribuĂ© Ă  la mise au point de la chaufferie nuclĂ©aire, il est utilisĂ© pour la formation des Ă©quipages des SNLE et des techniciens de la DCAN Ă  la maintenance des rĂ©acteurs embarquĂ©s ainsi que pour tester les Ă©volutions apportĂ©es aux rĂ©acteurs[6] - [11].

Création de la force de dissuasion nucléaire française

Dès 1954, bien que le gouvernement français n'ait pas décidé de se doter de l'arme nucléaire, des travaux de recherche secrets sont entrepris pour permettre à la France de mettre en œuvre la bombe atomique si elle le décide ultérieurement. Le général de Gaulle arrive au pouvoir en 1958. C'est une période de forte tension internationale qui voit s'affronter les pays du bloc de l'Est menés par l'Union soviétique et ceux du bloc de l'Ouest emmenés par les États-Unis et réunis sur le plan militaire au sein de l'OTAN. Le général de Gaulle décide que la France adoptera une stratégie de dissuasion nucléaire indépendante des États-Unis en développant des capacités nucléaires permettant de faire subir à un agresseur des dégâts dissuasifs en cas d'attaque de la France. Cette stratégie suppose que les forces nucléaires françaises ne soient pas vulnérables à une attaque surprise et conservent ainsi une capacité de riposte, dite de seconde frappe. En quelques années, des décisions qui vont façonner sur le très long terme la politique de défense de la France, ainsi qu'une partie de son industrie de l'armement, sont prises[12].

  • les travaux français sur la bombe atomique sont accĂ©lĂ©rĂ©s en vue d'aboutir Ă  l'explosion d'une première charge expĂ©rimentale au premier trimestre 1960. Cet essai, baptisĂ© Gerboise bleue, aura lieu le 13 fĂ©vrier 1960 dans le Sahara. Une direction des applications militaires, la DAM, est crĂ©Ă©e au sein du Commissariat Ă  l'Ă©nergie atomique pour mener les travaux sur l'arme atomique ;
  • trois vecteurs sont utilisables pour emporter la bombe atomique : l'avion (air-sol), le missile tirĂ© depuis le sol (sol-sol) et le missile tirĂ© depuis un sous-marin (mer-sol). La prioritĂ© est donnĂ©e dès 1958 Ă  la composante aĂ©roportĂ©e qui est la plus facile Ă  dĂ©velopper. Le Mirage IV, chasseur bombardier en cours d'Ă©tude chez Dassault est sĂ©lectionnĂ© pour emporter une bombe atomique AN-11. Ce composant qui sera gĂ©rĂ© par les forces aĂ©riennes stratĂ©giques (ou FAS) est opĂ©rationnel dès 1964 ;
  • le gouvernement prend la dĂ©cision, en 1959, de construire une usine d'enrichissement d'uranium Ă  Pierrelatte. Celle-ci fournira l'uranium enrichi qui permettra aux rĂ©acteurs des sous-marins Ă  propulsion nuclĂ©aire de fonctionner et permettra Ă©galement de fabriquer des armes nuclĂ©aires. La mĂŞme annĂ©e la SociĂ©tĂ© d'Ă©tude et de rĂ©alisation d'engins balistiques (SEREB) est crĂ©Ă©e pour dĂ©velopper les missiles balistiques sol-sol et mer-sol. Au sein du ministère de la DĂ©fense, une nouvelle division, le groupe des engins balistiques (GEB), est chargĂ© de piloter ces travaux ;
  • en 1962, le gouvernement dĂ©cide le dĂ©veloppement de la composante du vecteur sol-sol. Des missiles balistiques S2 dotĂ©s d'une tĂŞte nuclĂ©aire seront installĂ©s dans des silos implantĂ©s sur le plateau d'Albion. Cette composante deviendra opĂ©rationnelle en aoĂ»t 1971.

La décision de doter la France d'une classe de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, comme troisième composante de la « force de frappe », est prise en 1960 mais ne se concrétise que le , avec la signature de la commande du premier sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE). Compte tenu de la complexité de cet engin, cette décision n'est prise qu'après de longues études pour déterminer si la France a la capacité à le développer[7].

Développement du SNLE français

La construction de la première classe de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins conjugue quatre projets qui avancent en parallèle : la construction du sous-marin proprement dit par le chantier naval de Cherbourg de la DCAN, la mise au point du réacteur nucléaire par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) décrite plus haut, le développement du missile balistique M1 sous la direction de la SEREB et la mise au point d'une tête nucléaire suffisamment compacte par la direction des applications militaires (DAM), division du CEA. Les deux derniers projets partagent de nombreux développements avec la réalisation du missile S2 sol-sol.

Organisation CĹ“lacanthe

Pour coordonner l'ensemble des acteurs impliqués dans le développement des différents vecteurs de l'arme atomique une nouvelle division, la Délégation ministérielle pour l'armement ou DMA (depuis 1977 Direction générale de l'Armement ou DGA) est créée en 1961 au sein du ministère des Armées. Le développement du SNLE de son côté nécessite à la fois la mise au point d'un navire, d'un missile balistique, de la tête nucléaire et du moteur nucléaire. Il est nécessaire que ces différents projets interdépendants soient coordonnés de manière étroite. En 1962, l'organisation Cœlacanthe est mise en place pour faciliter le dialogue direct des acteurs entre eux. Ceux-ci sont l'architecte du sous-marin (DCAN/DMA), l'architecte de la propulsion nucléaire du CEA (CEA/DPN), le directeur du programme missile MSBS attaché à la direction des engins de la DMA, le directeur de programme nucléaire de la direction des applications militaires du CEA (CEA/DAM), l'officier de programme issu de l'état-major de la Marine et le directeur du programme SNLE appartenant à la DCAN. Cette organisation va contribuer de manière significative au succès du projet en facilitant la circulation des informations entre ces organisations verticales[13].

L'effort financier associé au projet est particulièrement important. La France va consacrer jusqu'à 1,04% de son produit intérieur brut et 50% de ses dépenses d'équipements militaires (en 1967) au développement de ses forces de dissuasion nucléaire dont une grande partie est absorbée par le développement des SNLE (en 2015 cette part n'était plus que de 0,17% du PIB)[14]. Pour ne pas être tributaire des discussions budgétaires annuelles, il est décidé de définir les budgets à cinq ans sous la forme d'une loi de programmation militaire dont la première occurrence couvre la période 1960-1964. Cette pratique est toujours en vigueur en 2020[13].

Construction du Redoutable (1964-1969)

La conception et la construction du Redoutable sont dues Ă  l'ingĂ©nieur de l'Armement AndrĂ© Gempp. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, avant la mise en chantier du premier sous-marin, les architectes navals de la DCAN, dirigĂ©s par AndrĂ© Gempp, dĂ©finissent avec leur donneur d'ordre le cahier des charges du nouveau sous-marin Ă  propulsion nuclĂ©aire. Celui-ci doit pouvoir naviguer Ă  plusieurs centaines de mètres de profondeur sur de très longues durĂ©es avec une vitesse supĂ©rieure Ă  20 nĹ“uds. Il doit pouvoir accueillir un Ă©quipage de 130 hommes dans des conditions de confort leur permettant d'y sĂ©journer pendant plus de deux mois. Pour rĂ©aliser sa mission principale, le navire doit connaitre en permanence sa position avec une grande prĂ©cision sans avoir Ă  Ă©merger pour effectuer un relèvement des Ă©toiles ou des Ă©missions d'un système de radionavigation (les systèmes de positionnement par satellites n'existaient Ă  cette Ă©poque). Il doit pouvoir lancer en toute suretĂ© une salve de 16 missiles de 18 tonnes (10 mètres de long) en restant immergĂ© Ă  quelques dizaines de mètres de profondeur[15].

Pour le chantier naval de la DCAN le changement d'Ă©chelle est Ă©norme. Avec ses 9 000 tonnes de dĂ©placement, le sous-marin est presque cinq fois plus gros que les constructions antĂ©rieures du chantier naval (classe Narval dĂ©placement de moins de 2 000 tonnes en plongĂ©e). Contrairement aux États-Unis, qui ont procĂ©dĂ© de manière incrĂ©mentale — Nautilus, Albacore, sous-marin nuclĂ©aire sans missiles balistiques (SNA) puis avec missiles (SNLE) — les responsables du projet doivent dĂ©velopper d'emblĂ©e un SNLE. Hormis les caractĂ©ristiques visibles (dimensions, formes de coques), aucune information n'est disponible sur l'architecture des SNLE amĂ©ricains. Les caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©rales retenues pour le Redoutable (dĂ©placement, nombre de missiles emportĂ©s, dimensions, position des barres de plongĂ©e), sont très proches de celles des sous-marins Lafayette dont les premiers exemplaires sont livrĂ©s Ă  l'US Navy en 1963. L'architecte du sous-marin, l'ingĂ©nieur de l'Armement AndrĂ© Gempp, a choisi d'utiliser un nouvel acier pour construire la coque Ă©paisse (celle qui doit rĂ©sister Ă  la pression) qui permet de rĂ©duire la masse de celle-ci de 20%. Cet alliage, utilisĂ© Ă  l'origine pour le blindage des navires de surface, est très rigide. Il est modifiĂ© en ajoutant des Ă©lĂ©ments lui confĂ©rant les qualitĂ©s mĂ©caniques et de soudabilitĂ© nĂ©cessaires. En cours de construction les calculs semblent indiquer qu'il faudrait ajouter 1 300 tonnes de lest pour que le sous-marin soit Ă  l'Ă©quilibre. Mais au fur et Ă  mesure de l'avancement du projet cette marge fond et devient mĂŞme nĂ©gative obligeant Ă  rĂ©duire la masse du navire dans sa partie haute[7] - [16] - [2].

La construction du Redoutable, premier exemplaire d'une série de six sous-marins aux caractéristiques identiques, débute fin 1964 dans l'établissement de Cherbourg de la DCAN. Elle est réalisée, selon la méthode traditionnelle, sur une cale inclinée couverte pour permettre une mise à l'eau par glissement. Compte tenu de ce mode de construction seuls les équipements les plus encombrants sont installés avant que la coque ne soit complètement refermée et que le navire ne soit lancé, car l'inclinaison de la cale ne facilite pas l'assemblage. Ce mode de construction sera reconduit pour les autres sous-marins de la classe Redoutable mais abandonné pour la classe de SNLE suivante[17]. Le lancement a lieu le à Cherbourg en présence du général de Gaulle[18].

Après sa mise à l'eau la coque est échouée au fond de la forme du Homet[Note 7] pour permettre d'achever sa construction. Le montage des tubes lance-missiles, du câblage électrique et des équipements de propulsion se poursuit. Un atelier réacteur est installé sur le quai adjacent pour permettre la réalisation des opérations les plus délicates notamment le chargement du combustible nucléaire. Une chaudière de l'ancien croiseur Jeanne d'Arc y est également installée pour tester le fonctionnement des turbo-alternateurs et des turbines avant que ceux-ci ne soient alimentés par le réacteur nucléaire[17]. Début 1969, le cœur du réacteur est chargé et celui-ci diverge le 26 février de la même année[19].

DĂ©veloppement du missile balistique M1 (1963-1971)

Plusieurs fusées exposées à la verticale dans un bâtiment
La fusée Saphir (en blanc au premier plan) a permis de mettre au point les deux étages du missile M1.

En juin 1963, le Conseil de DĂ©fense fige les caractĂ©ristiques des missiles balistiques qui doivent armer les sous-marins de la classe Le Redoutable. Ceux-ci embarqueront 16 missiles (une configuration Ă  8 missiles a Ă©tĂ© envisagĂ©e), dont la portĂ©e souhaitĂ©e est de 2 500 kilomètres et qui doivent emporter une charge militaire (bombe nuclĂ©aire) de 700 kilogrammes. Le missile doit pouvoir ĂŞtre lancĂ© depuis un sous-marin en immersion (donc nĂ©cessairement en mouvement car celui-ci ne peut ĂŞtre immobile pour rester stable) dans des conditions de forte houle. La prĂ©cision doit ĂŞtre compatible avec une stratĂ©gie de bombardement des citĂ©s[Note 8]. Le missile doit ĂŞtre opĂ©rationnel dĂ©but 1970[20].

À l'époque, la France ne maîtrise aucune des technologies nécessaires à la réalisation des missiles balistiques de portée suffisante même si certaines sont en cours de développement. La SEREB (Société d'étude et de réalisation d'engins balistiques), chargée de développer le nouveau missile, lance en 1960 le programme des Pierres précieuses qui doit permettre de mettre au point les différentes fonctions d'une fusée de manière incrémentale (propulsion liquide et solide, pilotage, guidage et rentrée atmosphérique). Dans le cadre de ce programme, plusieurs fusées expérimentales — Agate, Topaze, Émeraude et Rubis — sont réalisées et lancées depuis le site d'Hammaguir en Algérie[21]. Ce programme a non seulement un objectif militaire mais également civil (mise au point du premier et seul lanceur spatial français Diamant). La fusée Rubis (VE 231) est utilisée pour évaluer les phénomènes de rentrée atmosphérique qui affecteront les têtes nucléaires du missile tandis que le deuxième et troisième étage de la fusée Diamant sont pratiquement des copies à échelle réduite des futurs missiles M1/M2/M20 qui arment les Redoutable mais également du missile S3 (sol-sol) déployé sur le plateau d'Albion[22].

Plusieurs pièces emboitées dans une boite ouverte
Gyroscope du missile S3 sans doute similaire à celui qui équipe les premiers missiles embarqués sur les SNLE.

Le lancement d'un missile, que ce soit depuis une plateforme fixe (missile sol-sol du plateau d'Albion) ou mobile (SNLE), nĂ©cessite de disposer d'une centrale inertielle[Note 9] extrĂŞmement prĂ©cise. En 1960, lorsque le gĂ©nĂ©ral de Gaulle dĂ©cide de crĂ©er la force nuclĂ©aire stratĂ©gique, les industriels français ont une maitrise très relative de ce domaine pointu. La Sagem a acquis en 1958 une licence de fabrication auprès de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Kearfott pour une centrale inertielle utilisable par un engin balistique de 100 kilomètres de portĂ©e. Celle-ci n'est pas suffisamment prĂ©cise pour un missile dont la portĂ©e est de plusieurs milliers de kilomètres. La dĂ©tĂ©rioration des relations de la France avec les États-Unis impose le dĂ©veloppement d'une filière de fabrication nationale. Ces travaux vont nĂ©cessiter un budget Ă©quivalent Ă  celui du prototype de rĂ©acteur nuclĂ©aire. La Sagem est chargĂ©e de dĂ©velopper la centrale inertielle de navigation pour sous-marin (CIN) ainsi que celle embarquĂ©e sur le missile tandis que le laboratoire de recherche LRBA rĂ©alise les essais. L'architecture dĂ©finie pour la centrale inertielle conçue par la Sagem est validĂ©e par le lancement rĂ©ussi de la version guidĂ©e de la fusĂ©e Saphir et par celui du lanceur Diamant en 1965. Électronique Marcel Dassault (EMD) fournit les calculateurs de guidage tandis que Sfena et LCT livrent les Ă©lectroniques de pilotage. Ces travaux dĂ©bouchent sur des exemplaires opĂ©rationnels qui sont installĂ©s en 1971 les premiers missiles[23].

Le missile M1, qui Ă©quipe initialement les Redoutable, a une masse de 18 tonnes et un diamètre de 1,5 mètre. Il comprend deux Ă©tages chargĂ©s respectivement de 10 et 4 tonnes de propergol solide constituĂ© par un mĂ©lange de perchlorate d'ammonium (comburant) et le polyurĂ©thane (carburant). Le propergol solide a Ă©tĂ© choisi car, bien que moins performant Ă  masse Ă©gale que les ergols liquides, il peut ĂŞtre stockĂ© sans risque et sans maintenance sur de longues durĂ©es, ce qui constitue une exigence Ă  bord des sous-marins. Les essais statiques du missile ont lieu Ă  Saint-MĂ©dard-en-Jalles (agglomĂ©ration de Bordeaux) près de la poudrerie de Saint-MĂ©dard qui assure la fabrication du propergol. C'est lĂ  que se sont installĂ©s les diffĂ©rents industriels participant Ă  la fabrication du missile : la SNECMA pour la structure en acier du premier Ă©tage, la SEPR pour les tuyères et le propulseur et Sud-Aviation pour la structure en fibre de verre du deuxième Ă©tage. Les essais statiques s'achèvent en 1968. Les essais en vol du premier Ă©tage ont lieu Ă  Hammaguir, puis depuis un caisson immergĂ© au large de l'Ă®le du Levant et enfin depuis un sous-marin spĂ©cialement Ă©quipĂ©, le Gymnote[24].

Le lancement d'un missile balistique depuis un sous-marin en plongĂ©e prĂ©sente de nombreuses difficultĂ©s. Le missile doit ĂŞtre expulsĂ© Ă  l'aide d'air comprimĂ© avec une vitesse suffisante pour atteindre la surface. Pour rester stable un sous-marin doit toujours ĂŞtre en mouvement. Mais ce dĂ©placement dĂ©sĂ©quilibre le missile lorsqu'il sort du tube. En atteignant les eaux de surface le missile est de nouveau dĂ©stabilisĂ© par la houle et il doit parvenir Ă  corriger un angle de sortie qui peut ĂŞtre très Ă©loignĂ© de la verticale. DĂ©pourvu d'empennages pour pouvoir coulisser dans son tube, le missile est aĂ©rodynamiquement instable, ce qui complique la mise au point du système de pilotage de la fusĂ©e. Enfin, au moment de l'expulsion du missile par le sous-marin, l'eau s'engouffre dans le tube qu'il occupait. Il faut parvenir Ă  empĂŞcher celle-ci de noyer complètement le tube car la masse serait supĂ©rieure Ă  celle du missile et compromettrait la stabilitĂ© du sous-marin. Pour mettre au point les Ă©quipements impliquĂ©s dans le processus de lancement très complexe sans dĂ©pendre de la livraison du Redoutable, des essais sont d'abord effectuĂ©s Ă  Ă©chelle rĂ©duite puis Ă  l'Ă©chelle 1 Ă  partir d'un caisson immergĂ© en Mer MĂ©diterranĂ©e (baptisĂ© Nemo) contenant un tube de lancement. Pour poursuivre ces tests dans des conditions plus proches du fonctionnement opĂ©rationnel, les responsables du projet dĂ©cident en 1962 de construire un sous-marin expĂ©rimental : le Gymnote. Celui-ci est rĂ©alisĂ© Ă  partir de la coque du sous-marin Q-244 (diamètre 8,5 mètres) en intercalant une tranche d'une diamètre de 10,6 mètres contenant quatre tubes de lancement. La rĂ©alisation du Gymnote est achevĂ©e le et il est mis en service le . Il sera Ă©galement utilisĂ© pour la mise au point du missile M4 puis dĂ©sarmĂ© le [25] - [16]. Les essais du missile complet sont d'abord effectuĂ©s depuis le Centre d'essais des Landes durant l'Ă©tĂ© 1968, site qui vient d'ĂŞtre inaugurĂ© (4 tirs dont deux rĂ©ussis). Les essais suivants ont lieu Ă  bord du Gymnote (7 tirs dont 5 rĂ©ussis d'une version intermĂ©diaire puis 8 tirs dont 6 rĂ©ussis de la version de production). Ces lancements permettent de qualifier le lancement depuis un sous-marin en plongĂ©e. Deux tirs de qualification, tous deux rĂ©ussis, auront encore lieu depuis le Redoutable. DĂ©but 1972 avec deux ans de retard sur la date prĂ©vue, le missile devenait opĂ©rationnel[26].

Mise au point de l'arme nucléaire (1967-1971)

La France dispose depuis 1964 d'une arme nuclĂ©aire de 50 kilotonnes Ă©quivalent en TNT qui arme les chasseurs-bombardiers Mirage IV. Pour le missile Ă©quipant les sous-marins de la classe du Redoutable, il faut dĂ©velopper une charge militaire dix fois plus puissante (500 kt) qui conserve toutefois la masse et les dimensions de l'arme Ă©quipant les Mirage. Cette miniaturisation doit se faire en rĂ©sistant aux conditions sĂ©vères rencontrĂ©es durant le vol du missile (accĂ©lĂ©ration, tempĂ©rature) et en satisfaisant des contraintes de sĂ©curitĂ© très Ă©levĂ©s spĂ©cifiques aux SNLE[Note 10]. Les Ă©tudes sur cette charge militaire dĂ©butent en 1963. La tĂŞte nuclĂ©aire idĂ©ale serait une bombe thermonuclĂ©aire (bombe H) beaucoup plus compacte que la bombe A utilisĂ©e par les Mirage IV. Mais les travaux des chercheurs français dans ce domaine piĂ©tinent (ce qui leur attirera les foudres du gĂ©nĂ©ral de Gaulle) et le choix porte sur une variante de la bombe A, dite Ă  fission exaltĂ©e, qui grâce Ă  un matĂ©riau Ă  base de tritium permet d'obtenir une puissance explosive plus importante qu'une simple bombe A toutefois au prix d'une grande complexitĂ© de conception. La première bombe de ce type est rĂ©alisĂ©e avec l'uranium enrichi produit par l'usine de Pierrelatte qui a commencĂ© Ă  fonctionner en 1967. La tĂŞte nuclĂ©aire MR41 rĂ©sultant de ces travaux est testĂ©e au Centre d'expĂ©rimentation du Pacifique en juin 1968. De manière ironique, quelques semaines plus tard explose sur le mĂŞme site la première bombe thermonuclĂ©aire française qui traçait l'avenir de l'arme nuclĂ©aire[27] - [28].

Au cours d'essais de vibration de la charge MR41 une rupture mĂ©canique est constatĂ©e et entraine des travaux de renforcement de la structure de la bombe. L'utilisation du tritium gĂ©nère par ailleurs de nouvelles contraintes car ce gaz radioactif Ă  demi-vie relativement courte (12 ans) se transforme en hĂ©lium ce qui augmente la pression interne dans la charge nuclĂ©aire. L'enveloppe en acier doit ĂŞtre renforcĂ©e pour contenir ce gaz sans porter atteinte aux performances de l'arme. Les reprĂ©sentants de la Marine nationale imposent Ă  la DAM (concepteur de la bombe) des tests poussĂ©s qui reculent la mise au point de l'arme opĂ©rationnelle jusqu'en 1971. Finalement une charge nuclĂ©aire opĂ©rationnelle, respectant le devis de poids et la puissance souhaitĂ©e, est testĂ©e avec succès Ă  Moruroa en juin 1971 et les premiers missiles sont embarquĂ©s Ă  bord du Redoutable en 1972. La tĂŞte nuclĂ©aire MR41 ne sera qu'un engin de transition car elle sera très rapidement remplacĂ©e par la MR60 utilisant une bombe thermonuclĂ©aire (missile M20 dĂ©ployĂ© Ă  compter de 1977). Initialement le commandant des sous-marins dispose d'un Ă©quipement permettant de contrĂ´ler en cours de mission la disponibilitĂ© de la charge nuclĂ©aire des missiles embarquĂ©s. Ce dispositif, gĂ©nĂ©rateur d'une charge de travail sans valeur ajoutĂ©e, sera supprimĂ© Ă  la demande des commandants Ă  partir de la livraison de l'Indomptable[28]

Essais en mer du bateau tête de série (1969-1971)

La mise au point du Redoutable, qui introduisait pour la première fois dans la flotte française des sous-marins Ă  la fois la propulsion nuclĂ©aire, la navigation inertielle et l'emport de missiles balistiques Ă  longue portĂ©e, est particulièrement longue. Le Redoutable quitte la forme du Homet Ă  Cherbourg en mai 1969 et effectue d'abord des essais le long du quai avant d'effectuer sa première plongĂ©e statique dans l'anse du Becquet puis en route libre dans l'Ă©troite fosse des Casquets, au large de l'Ă®le anglo-normande d'Aurigny, seule zone de la Manche oĂą les fonds dĂ©passent les 100 mètres[19]. Le Redoutable regagne Cherbourg en novembre pour complĂ©ter l'installation du système d'armes, effectuer une première maintenance et recevoir les modifications dĂ©coulant des constats effectuĂ©s durant les essais en mer. En particulier, ayant mesurĂ© que la protection contre le rayonnement gamma est surdimensionnĂ©e, une partie du plomb formant le blindage du rĂ©acteur nuclĂ©aire est enlevĂ©e pour amĂ©liorer la stabilitĂ© du navire. Le Redoutable est admis au service actif le et il entame sa première patrouille le 28 janvier 1972 sous le commandement de Bernard Louzeau (futur amiral) avec un chargement de 16 missiles M1 d'une portĂ©e de 2 450 kilomètres Ă©quipĂ©s d'une tĂŞte nuclĂ©aire de 500 kilotonnes[29] - [30]. Le 1er mars, la Marine nationale crĂ©e une nouvelle division, la Force ocĂ©anique stratĂ©gique qui regroupe l'ensemble des unitĂ©s impliquĂ©es dans la mission de dissuasion : sous-marins, base opĂ©rationnelle, postes de commandement et de transmission[31].

Construction des autres sous-marins de la classe (1974-1985)

La doctrine de la dissuasion nucléaire impose de disposer en permanence d'au moins un sous-marin non détectable et prêt à lancer ses missiles. En ces temps de guerre froide, le gouvernement français opte pour le maintien permanent de trois sous-marins en patrouille. En prenant en compte les arrêts périodiques de longue durée (grand carénage), les périodes de remise en condition entre deux patrouilles et la durée du transit entre le port d'attache et la zone de patrouille, la Marine nationale a besoin de six SNLE. En conséquence la construction de cinq autres navires de la classe du Redoutable sont programmés : ce sont Le Terrible (entrée en service en 1973), Le Foudroyant (1974), L'Indomptable (1976), Le Tonnant (1980) et L'Inflexible (1985). Leur réalisation se fait d'abord à un rythme soutenu car le projet bénéficie d'une forte priorité qui lui permet de s'affranchir des arbitrages budgétaires. L'effet d'échelle joue également car les responsables du projet ont décidé de limiter les évolutions techniques entre les différents navires. Toutefois le premier choc pétrolier (1973), qui vient mettre fin à la forte croissance économique qu'avait connu la France (les Trente Glorieuses), vient perturber le calendrier et le président Giscard d’Estaing décide d'étaler le calendrier des livraisons des deux derniers exemplaires[29].

Modifications apportées en cours de vie

Équipement avec les missiles M2 et M20 (1974-1977)

Le missile nuclĂ©aire M1, qui Ă©quipe initialement Le Redoutable, a une portĂ©e de 2 450 kilomètres jugĂ©e d'emblĂ©e limitĂ©e par la Marine nationale avait demandĂ© dès 1958 que la portĂ©e soit allongĂ©e Ă  3 000 km. Pour que le missile puisse atteindre Moscou (Ă  cette Ă©poque de guerre froide, l'Union soviĂ©tique constitue l'unique menace de conflit nuclĂ©aire pour la France), il faut que le sous-marin soit positionnĂ© en mer de Norvège ou dans le golfe de GĂŞnes. Or ces mers sont trop frĂ©quentĂ©es et de taille trop rĂ©duite pour pouvoir y patrouiller sans ĂŞtre dĂ©tectĂ©. Une nouvelle version du missile est rapidement mise au point et le M1 n'armera que les deux premiers sous-marins. La solution retenue pour accroitre la portĂ©e du missile M2 qui le remplace consiste Ă  augmenter de deux tonnes la masse du propergol du deuxième Ă©tage Rita 1 tout en plaçant une partie de la tuyère Ă  l'intĂ©rieur du corps du propulseur afin de ne pas augmenter la longueur totale du missile et ne pas modifier le tube qui le contient dans le sous-marin. Mais la mise au point de cette nouvelle version Rita 2 est difficile : les problèmes rencontrĂ©s portent Ă  la fois sur la tuyère, l'enveloppe du propulseur et les protections thermiques qui empĂŞche cette dernière de fondre lorsque le propergol brĂ»le[Note 11]. NĂ©anmoins la mise en service s'effectue en 1974 comme prĂ©vu. La portĂ©e du missile M2 atteint 3 000 kilomètres. Il est très rapidement remplacĂ© par le missile M20 qui s'en diffĂ©rencie par sa charge thermonuclĂ©aire (bombe H) d'une mĂ©gatonne et des aides Ă  la pĂ©nĂ©tration[Note 12] de première gĂ©nĂ©ration. Les dimensions, masse et portĂ©e du M20 sont quasi identiques Ă  celles du M2. Cette version commence Ă  ĂŞtre dĂ©ployĂ©e en 1977[32] - [22] - [26].

Refonte M4 (1985-1993)

Le dĂ©veloppement d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de missile, le M4, est lancĂ© en 1973. Cette version Ă  trois Ă©tages, contre deux pour les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, se caractĂ©rise par une augmentation importante de la portĂ©e qui passe Ă  5 000 kilomètres et l'emport de plusieurs tĂŞtes nuclĂ©aires. La masse et les dimensions du M4 sont nettement supĂ©rieures Ă  celle du missile M20 : son poids passe de 20 Ă  35 tonnes et il est haut de 11,5 mètre pour un diamètre de 1,9 mètre (M20 : 10,67 Ă— 1,5 m.). Ces dimensions exploitent au maximum l'espace disponible dans les tubes du Redoutable mais au prix de modifications importantes de ceux-ci. L'Inflexible, dont la construction n'a pas encore dĂ©butĂ© lorsque les spĂ©cifications du M4 sont figĂ©es, est conçu dès le dĂ©part pour emporter le nouveau missile et sa date d'entrĂ©e en service (1985) est calĂ©e sur la fin des tests du M4. Des modifications sont Ă©galement apportĂ©es au sous-marin pour amĂ©liorer sa discrĂ©tion acoustique. Les formes de coque sont modifiĂ©es et un nouveau gouvernail est conçu. La propulsion et l'usine Ă©lectrique sont plus silencieuses. Depuis la conception du Redoutable 20 ans auparavant, l'Ă©lectronique a fortement progressĂ©. On profite de l'installation des missiles M4 pour remplacer de nombreux Ă©quipements faisant appel Ă  l'Ă©lectronique (sonars…) et Ă  l'informatique. Le système de traitement de l'information est dĂ©sormais constituĂ© de calculateurs en pool et utilise des communications numĂ©riques. Le système d'armes tactiques est dotĂ© d'un sonar multifonctions DMUX-21. Le navire est Ă©galement adaptĂ© Ă  l'emport du missile anti-navires SM39, version navalisĂ©e de l'Exocet. Le système global de navigation reçoit les Ă©quipements de navigation et de radiolocalisation les plus rĂ©cents qui permettent une tenue de position plus prĂ©cise. Entre 1985 et 1993 Le Terrible, Le Foudroyant, L'Indomptable et Le Tonnant sont tour Ă  tour refondus pour ĂŞtre mis au standard de l'Inflexible au cours d'une opĂ©ration de grand carĂ©nage prolongĂ©e. Seul Le Redoutable conserve ses missiles M20 jusqu'Ă  son dĂ©sarmement qui intervient en 1991[33] - [34].

Fin de vie

Les sous-marins de la classe Redoutable sont progressivement retirĂ©s du service entre 1991 et 2008. ImmĂ©diatement après leur arrĂŞt la tranche nuclĂ©aire est dĂ©coupĂ©e et stockĂ©e Ă  l'arsenal de Cherbourg, dans la zone du Homet, oĂą elle doit sĂ©journer durant 15 ans avant retraitement. Le reste du sous-marin est Ă©galement stockĂ© dans cette partie du port en attendant son dĂ©mantèlement par un consortium de sociĂ©tĂ©s comprenant le chantier naval DCNS, Veolia PropretĂ© et NEOM filiale de Vinci (pour le dĂ©samiantage) sous la responsabilitĂ© de la Direction gĂ©nĂ©rale de l'Armement[35]. Ă€ compter de 2018, la dĂ©construction, qui est rĂ©alisĂ©e Ă  sec dans la forme 5 de Cherbourg, commence avec la coque de l'ex-Le Tonnant. Cette opĂ©ration est achevĂ©e au cours de l'hiver 2019. DĂ©but 2020, c'est ensuite au tour de l'ex-L'Indomptable, puis de l'ex-Le Foudroyant en septembre 2021, puis de l'ex-L'Inflexible. Le dernier navire de la sĂ©rie, l'ex-Le Terrible devrait ĂŞtre dĂ©construit d'ici 2027. Environ 90% des 6 000 tonnes d'acier de chaque sous-marin est recyclĂ©[36].

Vue panoramique du sous-marin dans sa darse avec en arrière-plan le bâtiment du musée
Le Redoutable à la Cité de la mer.

Des Ă©lus locaux de l'agglomĂ©ration de Cherbourg et l'amiral Louzeau, premier commandant du Redoutable forment au dĂ©but des annĂ©es 1990 une association dans le but de crĂ©er Ă  Cherbourg un musĂ©e consacrĂ© au monde maritime. Le Redoutable doit constituer sa pièce maĂ®tresse. Le navire, dont la tranche nuclĂ©aire a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e en 1993, est cĂ©dĂ© par le ministère de la DĂ©fense dĂ©but 1996 et celui-ci consacre un budget de 25 millions de francs aux travaux nĂ©cessaires pour remettre en Ă©tat le sous-marin et le prĂ©parer pour les visites. Le musĂ©e, la CitĂ© de la Mer, emmĂ©nage dans l’ancienne Gare maritime transatlantique, qui accueillait autrefois les passagers des paquebots transatlantiques. Une darse de 136 mètres sur 19 mètres de large est creusĂ©e le long de ce bâtiment pour y accueillir le Redoutable qui sera exposĂ© Ă  sec[37]. L'amĂ©nagement du sous-marin nĂ©cessite 60 000 heures de travail. La tranche nuclĂ©aire est remplacĂ©e par un tronçon de coque du septième sous-marin de la classe Rubis dont la construction avait Ă©tĂ© abandonnĂ©e. Une scĂ©nographie est mise en place et des ouvertures sont crĂ©Ă©es dans la coque pour faciliter l'accès du public. Le nouveau navire musĂ©e, premier sous-marin nuclĂ©aire lanceur d'engins transformĂ© de la sorte, est inaugurĂ© en avril 2002[38] - [39].

Principales dates des sous-marins de la classe Le Redoutable
Nom Immatriculation Date de lancement Mise en service Refonte M4 DĂ©sarmement Bilan
Le Redoutable S611 51 patrouilles
83 500 heures de plongĂ©e[40].
Le Terrible S612 1988-1990
Le Foudroyant S610 1990-1993
L'Indomptable S613 1987-1989 125 000 heures en plongĂ©e[41].
Le Tonnant S614 1985-1987 54 patrouilles[42].
L'Inflexible S615 59 patrouilles et 90 000 heures en plongĂ©e[34]

Caractéristiques techniques

Dimensions

Les sous-marins de la classe Redoutable sont longs de 128,7 mètres pour un maĂ®tre-bau (largeur maximale) de 10,6 mètres. Leur tirant d'eau est de 10 mètres et leur tirant d'air est de 11 mètres (au niveau du massif). Leur dĂ©placement est de 9 000 tonnes en plongĂ©e et de 8 080 tonnes en surface[43].

Coque

Une forme verticale noire en contreplongée avec des ailerons sur le côté posée sur la coque du sous-marin
Massif du Redoutable avec certains des mâts périscopiques déployés.

La coque du sous-marin a une forme hydrodynamique quasi cylindrique et un arrière effilĂ©, qui est optimisĂ©e pour la vitesse en plongĂ©e mais qui, par contre, rend le navire rouleur en surface. L'Ă©trave verticale et pointue s'Ă©carte de la forme idĂ©ale et ne sera pas reprise dans les sĂ©ries suivantes de sous-marins nuclĂ©aires français. La coque Ă©paisse, capable de rĂ©sister Ă  la pression rĂ©gnant Ă  plus de 300 mètres de profondeur, est rĂ©alisĂ©e en acier 80 HLES (Haute Limite ElasticitĂ© Soudable). Elle est formĂ©e de 24 tronçons annulaires dont la masse unitaire atteint 200 tonnes et qui ont Ă©tĂ© soudĂ©s entre eux. La coque Ă©paisse est cylindrique mais comprend deux Ă©tranglements dans lesquels sont logĂ©s les principaux ballasts de forme annulaire. Ceux-ci sont situĂ©s d'une part dans le tiers avant et d'autre part juste en arrière de la tranche nuclĂ©aire. L'Ă©paisseur de cette coque (de l'ordre sans doute de 50 millimètres) est calculĂ©e pour permettre de rĂ©sister Ă  la pression que doit subir le sous-marin Ă  sa profondeur d'immersion maximale avec un coefficient de sĂ©curitĂ© supĂ©rieur Ă  2 (si le sous-marin doit pouvoir plonger jusqu'Ă  350 mètres, l'Ă©paisseur est calculĂ©e pour rĂ©sister Ă  une profondeur supĂ©rieure Ă  700 mètres). Des couples, dont la section est en T, sont posĂ©s Ă  intervalles rĂ©guliers pour renforcer la structure de la coque Ă©paisse. Cette dernière est surmontĂ©e Ă  un quart de longueur de la proue par le massif sur lequel sont fixĂ©es les barres de plongĂ©e avant. Le massif comprend Ă©galement les aĂ©riens (pĂ©riscope, antenne radar, schnorchel...) ainsi que le poste de veille oĂą se tiennent des membres de l'Ă©quipage lorsque le navire navigue en surface. La coque Ă©paisse est doublĂ©e Ă  l'extĂ©rieur sur certaines de ses parties d'une coque mince qui assure l'hydrodynamisme en recouvrant diffĂ©rents Ă©quipements fixĂ©s sur la coque Ă©paisse : ballasts, antennes, extrĂ©mitĂ©s des tubes de lancement, panneaux d'accès, antennes de sonar, etc. Sur le dessus de la coque une superstructure permet Ă©galement Ă  l'Ă©quipage d'y circuler lorsque le sous-marin navigue en surface ou lorsque celui-ci est au port[44]. La coque Ă©paisse est subdivisĂ©e sur sa longueur en tranches (A, B, C, D, E, F, G) isolĂ©es par des cloisons Ă©tanches internes dont certaines peuvent rĂ©sister Ă  la pression mĂŞme en immersion profondes. Ces cloisons sont percĂ©es de portes Ă©tanches. Les cloisons rĂ©sistant Ă  la pression dĂ©limitent en cas de voie d'eau trois zones refuges qui permettent Ă  l'Ă©quipage d'attendre des secours : la zone arrière qui comprend les tranches A et B), la zone centrale (tranches D et F) et la zone avant (tranche G). La coque Ă©paisse est par ailleurs percĂ©e par quatre sas qui sont utilisĂ©s par l'Ă©quipage pour pĂ©nĂ©trer dans le sous-marin ou l'Ă©vacuer si le sous-marin n'est pas Ă  une trop grande profondeur. La coque Ă©paisse comprend Ă©galement trois brèches utilisĂ©es lors des grandes rĂ©visions pour remplacer les plus grosses pièces ou recharger le rĂ©acteur nuclĂ©aire : ce sont des ouvertures fortement renforcĂ©es obturĂ©es par soudage mais qui peuvent ĂŞtre facilement retirĂ©es pour les gros travaux[45].

  • ÉlĂ©ments de la coque
  • Vue de l'arrière
    Vue de l'arrière
  • Vue de l'avant
    Vue de l'avant

Disposition intérieure

La taille des Redoutable, la présence des missiles balistiques et d'un réacteur nucléaire modifient de manière importante la disposition intérieure traditionnelle des sous-marins. Compte tenu du diamètre de la coque épaisse, celle-ci comporte sur une grande partie de sa longueur trois ponts (les sous-marins à propulsion classique français ne comportaient qu'un seul pont). À l'avant du sous-marin, à l'extérieur de la coque épaisse, se trouve l'antenne du sonar principal (2 sur le schéma ci-dessous) et les quatre tubes lance-torpilles qui émergent en partie de la coque épaisse. Puis la coque épaisse débute avec un diamètre réduit car sur son pourtour extérieur se trouvent les ballasts avant. L'extrémité de la coque épaisse contient les salles contenant l'armement défensif (salle des tubes lance-torpilles (tranche G), lieu de stockage des torpilles et des missiles mer-mer) ainsi qu'un des trois sas donnant sur l'extérieur. À la tranche F la coque épaisse s'élargit et on y trouve sur trois ponts les lieux de vie de l'équipage : carré et cabine des officiers sur le pont supérieur, cafétéria et cabines des autres membres de l'équipage sur les deux ponts inférieurs. Le deuxième sas du navire débouche au niveau du massif (12). Sous le massif se trouve le cœur opérationnel du sous-marin (17) : le poste central navigation/opérations (PCNO). Celui-ci comprend le poste de barre, les postes de la veille sonar, la table traçante sur laquelle sont reportés tous les éléments connus sur l'environnement du sous-marin (navires amis/ennemis, avions/hélicoptères...) et qui permet de tracer la route du sous-marin. C'est dans cette salle où débouchent les périscopes que se tiennent les marins de quart qui ne sont pas affectés à la propulsion ainsi que le chef de quart responsable de la marche du sous-marin. À la suite du PCNO se trouve la tranche missile (E) qui occupe pratiquement un tiers de la longueur du sous-marin. Différents équipements comme les usines à oxygène, des diesels ainsi qu'un atelier occupe des compartiments situés immédiatement derrière dans la tranche D. On trouve ensuite la chaufferie nucléaire (C), inaccessible en patrouille, qui est franchie par une coursive qui la surplombe. À l'arrière de celle-ci la coque épaisse a un diamètre réduit car les ballasts arrières sont installés à l'extérieur de celle-ci. Dans cette partie du sous-marin (tranche B) se trouve le deuxième centre de contrôle du sous-marin, le poste central propulsion (23 ), dans lequel sont regroupés les tableaux de contrôles et de commande permettant de piloter le réacteur nucléaire et les différents équipements du système de propulsion. On trouve également dans cette partie du sous-marin des convertisseurs et le sas arrière. À l'arrière de cet ensemble la tranche A rassemble les équipements de propulsion : turbo-alternateur, turbines, embrayeur, réducteur, arbre d'hélice et presse-étoupe[46].

Les contours de la coque épaisse, de la coque externe et des principaux équipements du sous-marin, munis de repères numérotés et en lettres identifiant les différents sous-ensembles.
Schéma du Redoutable en coupe (la coque épaisse est tracée en bleu) : 1 Tubes lance-torpilles (x4) - 2 Antenne sonar - 3 Ballasts avant - 4 Élévateur à torpilles - 5 Salle des torpilles - 6 Sas avant - 7 Propulseur d'étrave - 8 Cabines de l'équipage - 9 Cabines des officiers - 10 Batteries électriques - 11 Carré des officiers - 12 Sas du massif - 13 Cabines des officiers mariniers - 14 Cafétéria - 15 Poste de veille - 16 Forêt des périscopes - 17 Poste central navigation/opérations (PCNO) - 18 Tube de missile (x16) - 19 Atelier, usines oxygène... - 20 Enceinte chaufferie nucléaire - 21 Cœur du réacteur nucléaire - 22 Générateurs de vapeur (x2) - 23 Tableaux électriques - 24 Ballasts arrière - 25 Sas arrière - 26 Usine frigorifique - 27 Poste central propulsion (PCP) - 28 Turbo-alternateur - 29 Turbines - 30 Réducteur - 31 Embrayeur - 32 Moteur électrique auxiliaire - 33 Vérin barre de plongée. La coque épaisse est subdivisée sur sa longueur en tranches (A, B, C, D, E, F et G) isolées par des cloisons étanches qui peuvent être résistantes (en bleu) ou non. La coque épaisse est percée par quatre sas (s) qui permettent à l'équipage d'y pénétrer et comporte trois brèches (b) utilisées lors des grandes révisions pour remplacer les plus grosses pièces ou recharger le réacteur nucléaire.

Principes de fonctionnement

Le sous-marin est propulsĂ© grâce un rĂ©acteur nuclĂ©aire Ă  eau pressurisĂ©e de 100 mĂ©gawatts dĂ©livrant une puissance de 11,76 mĂ©gawatts au niveau de l'hĂ©lice (16 000 ch). Le rĂ©acteur nuclĂ©aire est placĂ© dans une cuve cylindrique fermĂ©e par un couvercle d'oĂą Ă©merge les barres de contrĂ´le qui permettent de moduler la puissance du rĂ©acteur ou de le mettre Ă  l'arrĂŞt. La chaleur gĂ©nĂ©rĂ©e par les barres d'uranium enrichi Ă  80 % est Ă©vacuĂ©e par un circuit d'eau primaire portĂ© Ă  plusieurs centaines de degrĂ©s C° et maintenu sous pression pour Ă©viter son Ă©bullition. L'eau ainsi rĂ©chauffĂ©e est amenĂ©e Ă  l'aide d'une pompe primaire jusqu'au gĂ©nĂ©rateur de vapeur. Dans celui-ci la chaleur est transmise, via une sĂ©rie de tubes immergĂ©s, Ă  l'eau du circuit secondaire en gĂ©nĂ©rant de grands volumes de vapeur sous très haute pression. Celle-ci est transformĂ©e en Ă©nergie mĂ©canique dans des turbines haute pression[Note 13] qui entraĂ®nent l'arbre d'hĂ©lice par le biais d'un rĂ©ducteur et d'un embrayeur. Cette vapeur est Ă©galement utilisĂ©e par un turbo-alternateur pour gĂ©nĂ©rer l'Ă©nergie Ă©lectrique (courant alternatif) qui sert Ă  alimenter les diffĂ©rents Ă©quipements du navire. En sortie de ces Ă©quipements, la vapeur du circuit secondaire est refroidie dans un condenseur par un circuit d'eau de mer et repart vers le gĂ©nĂ©rateur de vapeur[5] - [6].

Réacteur nucléaire

Le rĂ©acteur nuclĂ©aire est, d'un point de vue architectural, un rĂ©acteur Ă  boucles : pour dĂ©coupler les problèmes, l'eau du circuit primaire sort par deux grosses canalisations de la cuve du rĂ©acteur qui vont alimenter chacune un gĂ©nĂ©rateur de vapeur physiquement complètement disjoint du rĂ©acteur. L'ensemble est conçu pour rĂ©sister aux chocs produits par les charges sous-marines. La cuve du rĂ©acteur, les gĂ©nĂ©rateurs de vapeur et les pompes du circuit primaire ainsi que diffĂ©rents Ă©quipement auxiliaires forment la chaufferie nuclĂ©aire qui est encapsulĂ©e dans une enceinte arrĂŞtant les rayonnements nocifs et dans laquelle personne ne pĂ©nètre normalement au cours d'une patrouille[5] - [6] - [47] - [48]. La chaufferie nuclĂ©aire occupe une tranche du navire (C) longue d'environ 8 mètres et d'un poids de 700 tonnes qui est isolĂ©e du reste du navire : la coursive qui permet de la traverser et qui est situĂ©e dans sa partie supĂ©rieure se termine Ă  ses deux extrĂ©mitĂ©s par des portes Ă©tanches qui ne sont ouvertes que pour circuler entre l'avant et l'arrière du sous-marin. Une ouverture pratiquĂ©e dans la coque Ă©paisse (une brèche) au-dessus de la chaufferie nuclĂ©aire permet de recharger le cĹ“ur du rĂ©acteur avec des barres de combustible neuves lors des opĂ©rations de maintenance lourde (IPER). Une deuxième brèche permet d'intervenir sur d'autres Ă©quipements de la chaufferie nuclĂ©aire notamment les pompes du circuit primaire[43].

Équipements de propulsion

Des panneaux avec des écrans analogiques et des commandes tapissent les parois d'une pièce rectangulaire
Tableaux Ă©lectriques du poste de commande de la propulsion (PCP) du Redoutable.

Les équipements de propulsion et le poste de contrôle de celle-ci ainsi qu'un certain nombre d'auxiliaires occupent les deux dernières tranches du sous-marin (A et B). Immédiatement derrière la tranche nucléaire, la tranche B a un diamètre réduit et ne comporte que deux ponts car c'est à ce niveau que se situe l'étranglement de la coque épaisse qui permet d'y loger les ballasts arrières. Sur le pont supérieur de cette tranche se trouvent les tableaux principaux de l'usine électrique et des armoires de contrôle du réacteur alors que sur le pont inférieur sont situés les groupes convertisseurs d'électricité ainsi que des auxiliaires du réacteur qui n'ont pas besoin d'être situés dans la chaufferie nucléaire. Au-delà d'une cloison étanche se trouve la tranche A qui débute à l'endroit où la coque épaisse reprend son diamètre normal avant de converger en forme de cône vers l'arrière du sous-marin. À l'entrée de cette tranche se trouve, dans une pièce fermée le poste de contrôle propulsion (PCP). C'est dans cette salle, dont les parois sont recouverts de panneaux de contrôle, que sont pilotés à la fois le réacteur nucléaire, les équipements de propulsion, la production d'électricité ainsi que différents auxiliaires. C'est, avec le PCNO, le deuxième centre nerveux du sous-marin et il est occupé en permanence par quatre hommes de quart[49].

Dans l'enfilade vers l'arrière du sous-marin se trouvent l'ensemble des installations motrices. Jusqu'au réducteur les équipements sont dupliqués pour accroitre leur fiabilité. On trouve d'abord les deux turbo-alternateurs installés de part et d'autre d'une allée centrale qui produisent l'électricité, puis les deux turbines qui transforment l'énergie thermique en énergie mécanique et qui sont reliés à un réducteur unique. La vapeur sous pression circule dans des tuyaux isolés de grand diamètre qui serpentent au-dessus des équipements pour prendre en compte les phénomènes de dilatation. La vapeur en sortie des turbines est dirigée vers les condenseurs situés sous le pont principal, qui à l'aide d'un circuit d'eau de mer la refroidissent et la renvoient vers les générateurs de vapeur. L'unique réducteur est accouplé aux deux turbines. Il réduit la vitesse de rotation de quelques milliers de tours par minute à moins de 200 tours. Sa taille est telle qu'il ne peut être remplacé. Derrière le réducteur se trouve l'embrayeur, qui permet de découpler le réducteur et l'arbre d'hélice lorsque le réacteur nucléaire ne fonctionne pas. L'arbre d'hélice peut être entrainé en secours par un moteur électrique. À l'extrémité de l'arbre se trouve le presse-étoupe qui est doublé pour assurer l'étanchéité avec l'extérieur[50].

L'hélice est une source de bruits qui résultent de phénomènes de cavitation. Pour limiter ceux-ci, l'hélice tourne lentement, ce qui est compensé par son grand diamètre. Ses pales ont des formes particulières dans le même but. L'hélice des Redoutable comporte sept pales[51].

Systèmes de secours

Pour pallier l'arrĂŞt du rĂ©acteur nuclĂ©aire, le sous-marin dispose de deux sources d'Ă©nergie alternatives : des diesels ou des batteries. Les deux moteurs Diesel-dynamo Pielstick 8PA4V185 de 450 kW ne peuvent ĂŞtre utilisĂ©s que si le sous-marin est assez près de la surface pour ĂŞtre alimentĂ© en air par le schnorchel qui Ă©merge du massif. Les diesels et les systèmes qui les contrĂ´lent sont logĂ©s dans la tranche (D). La quantitĂ© de gaz-oil disponible pour les faire fonctionner donne au sous-marin une autonomie de 5 000 milles nautiques (plus de 9 000 kilomètres). Le rĂ©servoir de gasoil en forme de disque double la cloison situĂ©e entre la chaufferie nuclĂ©aire et la tranche D et contribue ainsi Ă  bloquer les rayonnements gĂ©nĂ©rĂ©s par le rĂ©acteur[52]. L'Ă©nergie Ă©lectrique produite par les diesels ou les batteries est utilisĂ©e par deux demi-moteurs Ă©lectriques qui sont situĂ©s derrière le rĂ©ducteur et entrainent directement l'arbre d'hĂ©lice. Si les derniers Ă©lĂ©ments de la chaine de propulsion (hĂ©lice, arbre d'hĂ©lice, rĂ©ducteurs...) sont indisponibles (filet dans l'hĂ©lice, etc.) les Redoutable disposent d'un propulseur d'Ă©trave (le MĂ©rou) d'une puissance de 250 kW qui est logĂ© dans un ballast entre la coque Ă©paisse et la coque externe sous l'avant du sous-marin (tranche G). Pour le mettre en service il est sorti de son logement Ă  l'aide d'une mĂ©canisme de levage[53].

  • Propulsion
  • L'extrĂ©mitĂ© pointue du sous-marin Redoutable Ă  sec dans sa darse avec Ă  son extrĂ©mitĂ© une hĂ©lice
    HĂ©lice.
  • Une machine de grosses taille encadrĂ©e par des tuyauteries
    Une des turbines transformant la vapeur sous pression produite par la chaufferie nucléaire en énergie mécanique.

Armement

Un long couloir avec sur la droite des tuyaux et des panneaux d'indicateurs qui se répètent
Coursive longeant les tubes des missiles Ă  bord du Redoutable.

L'armement principal du sous-marin est constituĂ© par 16 missiles mer-sol balistique stratĂ©gique (MSBS). Le bateau comporte Ă©galement un armement dĂ©fensif constituĂ© de 18 armes, panachage de torpilles et de missiles antinavires. Pour lancer les torpilles et les missiles anti-navires le sous-marin dispose de 4 tubes lance-torpilles de 533 mm de diamètre disposĂ©s de manière classique Ă  l'avant du sous-marin, parallèles Ă  l'axe du navire. Les 16 missiles MSBS sont quant Ă  eux prĂŞts Ă  l'emploi dans autant de silos verticaux occupant tout l'espace vertical et situĂ©s Ă  l'arrière du massif. La tranche missiles reprĂ©sente Ă  elle-seule un tiers de la longueur totale du sous-marin.

Armement principal : missiles balistiques

Le missile M1, qui équipe à leurs débuts les deux premiers Redoutable, comprend deux étages à propergol solide. Entre les deux étages s'intercale une structure contenant le dispositif pyrotechnique de séparation du premier étage. Au-dessus du deuxième étage on trouve la case à équipements comprenant la centrale à inertie, le calculateur de guidage, le bloc de pilotage et le système de séparation du deuxième étage. La tête militaire qui contient la charge nucléaire protégée par le corps de rentrée surmonte le tout. Le missile est stocké dans un tube interne qui débat de manière élastique dans un tube externe grâce à une suspension pour amortir les mouvements du bateau. Le tube externe qui déborde largement au-dessus de la coque épaisse du sous-marin (mais est recouvert par la superstructure) participe de celle-ci. Un tapis de glissement est placé entre le missile et le tube interne pour éviter tout choc. Le tube est fermé par une porte qui s'ouvre pour permettre le tir du missile. Une membrane en néoprène empêche l'eau de mer de pénétrer dans le tube après son ouverture juste avant le lancement qui s'opère à faible profondeur. Un système de chasse utilisant de l'air comprimé expulse le missile vers la surface à près de 100 km/h La membrane en néoprène est déchirée par le missile lorsque celui-ci est lancé[54]. Les sous-marins de la classe Redoutable ont embarqué successivement des missiles M1, M2, M20 et M4 dont les caractéristiques sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Principales caractéristiques des missiles[55]
Caractéristique Missile M1 Missile M2 Missile M20 Missile M4
Date de mise en servicejanvier 1972avril 1974janvier 1977mai 1985
Hauteur10,4 m.10,67 m.11 m.
Diamètre1,50 m.1,93 m.
Nbre Ă©tages2 Ă©tages3 Ă©tages
Masse18 t.19,5 t.19,5 t.36 t.
PortĂ©e2 450 km< 3 000 km> 3 000 km5 000 km
Charge militaire1 tĂŞte nuclĂ©aire MR41 de 500 kt1 tĂŞte nuclĂ©aire de 500 kt1 tĂŞte nuclĂ©aire MR60/MR61 de Mt6 tĂŞtes nuclĂ©aires TN70 puis TN71 de 150 kt
Autre caractéristiqueDeuxième étage RITA 1Deuxième étage RITA 2Lanceur refondu
Sous-marin équipé[56]Le Redoutable
Le Terrible
Le Redoutable
Le Terrible
Le Redoutable
Le Terrible
Le Foudroyant
L'Indomptable
Le Tonnant
Le Terrible
L'Indomptable
Le Foudroyant
Le Tonnant
L'Inflexible

Torpilles

Une pièce encombrée dans laquelle se trouve à droite une torpille et au fond deux tubes ouverts.
Chambre des torpilles du Redoutable et torpille DTCN L5

Les torpilles utilisĂ©es sont initialement de type DTCN L5. Elles sont remplacĂ©es par la suite par des DTCN F17. La DCTN L5 est une torpille de 930 kg longue de 4,4 mètres pour un diamètre de 533 mm. Elle emporte une charge explosive de 150 Ă  200 kilogrammes. Sa vitesse est de 35 nĹ“uds et sa portĂ©e est de 9,5 kilomètres. La F17 est une torpille lourde de 1 410 kilogrammes, longue de 6 mètres. Elle emporte 250 kg d'explosifs HBX-3. Sa portĂ©e est comprise entre 18 kilomètres Ă  une vitesse 35 nĹ“uds et de 29 kilomètres Ă  une vitesse de 24 nĹ“uds. C'est une torpille filoguidĂ©e (fil de cuivre) disposant Ă©galement d'un sonar actif/passif[57] .

Missiles anti-navires

Ă€ partir de la refonte M4 (qui n'est pas appliquĂ©e au navire tĂŞte de sĂ©rie Le Redoutable) le sous-marin emporte Ă©galement le missile antinavires Exocet SM39 mod2 Ă  changement de milieu. Celui-ci est abritĂ© dans une capsule Ă©tanche. Il est Ă©jectĂ© avec de l'air comprimĂ© par le tube lance-torpilles. Ă€ sa sortie de l'eau, la capsule est larguĂ©e et le moteur-fusĂ©e du missile est mis Ă  feu. Le missile entame alors une phase de vol Ă  vitesse subsonique en rasant la surface pour Ă©viter d'ĂŞtre dĂ©tectĂ© par les radars ennemis. Il frappe le navire avec une charge explosive lourde. Sa portĂ©e est de 50 milles nautiques (environ 90 kilomètres)[58].

  • Armement
  • Un long couloir avec sur la droite de nombreux tuyaux et sur la droite une cloison qui s'incurve vers l'intĂ©rieur
    Coursive longeant les tubes des missiles
  • Tube lance-torpille
    Tube lance-torpille

PCNO : centre nerveux du sous-marin

Deux sièges font face à une cloison couverte de système d'affichage avec un manche à balai sur chaque poste
Postes de barre du Redoutable.
Un pupitre avec grand Ă©cran rond
Console tactique.
Deux pupitre avec des voyants et des claviers
Pupitre de tir des missiles situé sous le pont du PCNO.

Le Poste Central Navigation OpĂ©rations (PCNO) est le centre nerveux du sous-marin. C'est lĂ  que sous-marin est pilotĂ© et que sa route de navigation est tracĂ©e. Les menaces Ă©ventuelles y sont dĂ©terminĂ©es et le système d'armes est gĂ©rĂ©. C'est du PCNO que les ordres sont lancĂ©s. Le PCNO occupe le pont supĂ©rieur immĂ©diatement sous le massif du sous-marin (17). C'est un local vaste partiellement cloisonnĂ©. Le PCNO est occupĂ© en permanence en temps normal par sept personnes : le chef de quart (responsable de la marche gĂ©nĂ©rale du sous-marin), le responsable du PCNO, un barreur, un radio, deux personnes aux sonars, une personne Ă  la sĂ©curitĂ© plongĂ©e, une personne Ă  la situation tactique et une personne Ă  la surveillance des centrales inertielles. En cas de combat ce nombre passe Ă  16 personnes dont le commandant du sous-marin[59].

Poste de pilotage

La course du sous-marin est dirigée depuis le poste de pilotage qui fait face à l'avant du sous-marin à bâbord. Il comprend deux postes comportant chacun un manche à balai, utilisé pour agir à la fois sur la barre de direction et la barre de plongée. Pour piloter le sous-marin, les marins affectés à ces postes ont face à eux un ensemble d'indicateurs : profondeur, azimut, vitesse de plongée. Le pilotage peut être automatique, c'est-à-dire que la profondeur et la direction souhaitée sont rentrées dans un système qui agit automatiquement sur les barres pour effectuer les corrections nécessaires. En situation de combat, les commandes de plongée et de direction peuvent être découplées. Les deux postes de pilotage sont alors occupés pour agir séparément sur la direction et la profondeur[60].

Commandes de plongée

De nombreux incidents peuvent se produire en plongée. Cinq baies regroupant indicateurs et commandes sont alignées le long de la cloison tribord et forment le tableau central de sécurité plongée (TCSP). Le TSCP permet de surveiller et agir sur un certain nombre de mécanismes. C'est depuis ce poste qu'on fait fonctionner les ballasts ainsi les systèmes de réglage de la pesée et de l'assiette du navire et que les aériens (périscopes, antennes situées dans le massif) sont hissés ou redescendus. Les entrées d'eau, les ouvertures de coque et les départs d'incendie sont également suivis à l'aide de ces tableaux. Les anomalies détectées sur des installations suivies par des postes décentralisés (réacteur, propulsion, régénération d'air...) y sont également centralisées. Le lancement des missiles se fait depuis un pupitre de tir adjacent (un deuxième pupitre de tir existe sur le pont inférieur)[61].

PĂ©riscopes

Au milieu du PCNO se trouve une plateforme surélevée qui regroupe trois périscopes permettant d'effectuer des observations en surface lorsque le sous-marin est suffisamment proche de celle-ci. La partie supérieure de ces périscopes est hissée à la demande au-dessus du massif à l'aide de systèmes asservis. Le périscope d'attaque est utilisé lorsque le sous-marin veut rester discret dans une situation de conflit. D'un diamètre réduit à la surface il fournit une image moins précise que le périscope de veille qui comporte également une antenne radar et un détecteur radar mais en revanche il peut être hissé à une hauteur variable pour limiter le risque de détection. Le périscope de visée astrale (PVA) est utilisé pour relever la position des étoiles et recaler de manière automatique les centrales inertielles du sous-marin[62].

Sonars

En plongée, les ondes électromagnétiques (lumière, ondes radio) se propagent très mal dans le milieu liquide. Seules les ondes sonores, utilisées par le sonar, fournissent des informations exploitables dans le milieu aquatique. Le Redoutable dispose d'un grand nombre de sonars dont les informations sont centralisées dans le PCNO. Ces données sont en grande partie restituées dans un local semi-fermé situé le long de la paroi tribord du PCNO. Deux personnes sont affectées en permanence à l'écoute des ondes sonores, l'un pour les sources éloignées l'autre pour les sources proches. L'écoute se fait sur 360° sur des fréquences allant de quelques dizaines de Hertz à 1000 kilohertz. Les sonars peuvent être actifs (analyse de l'écho d'une onde sonore émise par le sonar) ou passifs (écoute des ondes sonores émises par les sources). L'utilisation du sonar actif trahit la position du sous-marin et n'est donc mis en œuvre que dans des conditions particulières[63].

  • Le sonar DUUV est un sonar actif de veille ou d'attaque dont l'antenne principale, cylindrique et de grande taille, est situĂ©e Ă  l'avant du sous-marin. Une deuxième antenne situĂ©e sur l'arrière du massif couvre le secteur arrière mais avec une restitution mĂ©diocre car le son Ă©mis par la propulsion du sous-marin vient se superposer aux bruits observĂ©s. Ce sonar fournit Ă  la fois l'amplitude et le gisement de la source sonore.
  • Le DSUV est un sonar passif basse frĂ©quence moyenne portĂ©e dont l'antenne se situe dans l'Ă©trave entre la base de l'antenne du DUUV et les tubes lance-torpilles.
  • Le tĂ©lĂ©mètre acoustique DUUX est constituĂ© de trois dĂ©tecteurs qui permettent de dĂ©terminer l'azimut et la distance d'une cible par triangulation.
  • Le sonar remorquĂ© (Ă©coute très basse frĂ©quence) DSUV est constituĂ© d'un grand nombre d'hydrophones fixĂ©s sur un long câble tirĂ© par le sous-marin.
  • Le QSUA permet de surveiller les bruits Ă©mis par le sous-marin grâce Ă  des dĂ©tecteurs rĂ©partis près des sources sonores du bord.
  • Le sous-marin dispose Ă©galement de sonars utilisĂ©s pour la navigation dont les donnĂ©es sont restituĂ©es sur la cloison avant du PCNO Ă  portĂ©e visuelle du poste de pilotage : l'AN/UQN est un sondeur grand fond, l'AN/BQS dĂ©tecte les glaces, les icebergs et les polynies et le NUUS mesure l'amplitude et la direction de la houle avant le tir des missiles.

Communications

Le sous-marin est en veille radio permanente pour pouvoir exĂ©cuter les instructions Ă©manant du prĂ©sident de la RĂ©publique dès qu'elles sont Ă©mises. Le local radio est situĂ© dans le PCNO dans un local fermĂ© dont l'accès n'est autorisĂ© qu'Ă  quelques personnes. Une permanence est assurĂ©e 24 heures sur 24. Les communications utilisent des Ă©metteurs/rĂ©cepteurs radio fonctionnant dans diffĂ©rentes longueurs d'onde. Il y a deux exemplaires de chaque type d'Ă©metteur/rĂ©cepteur pour limiter l'impact d'une panne. En plongĂ©e les communications avec les stations terrestres se font en basse et très basse frĂ©quence en utilisant une antenne filaire remorquĂ©e qui est maintenue sous la surface Ă  quelques mètres de profondeur. Lorsque le navire est en surface, les communications peuvent se faire en UHF (courte portĂ©e) et LF. Les antennes de ces deux systèmes sont dĂ©ployĂ©s Ă  la demande au sommet du massif. Pour les communications en plongĂ©e avec un navire proche (quelques kilomètres) on utilise un tĂ©lĂ©phone utilisant les ondes acoustiques (TUUM)[43] - [64].

Autres Ă©quipements

Les autres Ă©quipements d'aide Ă  la navigation sont[43] :

  • trois centrales de navigation inertielle Sagem (aujourd'hui Safran), qui peuvent ĂŞtre recalĂ©es Ă  l'aide d'un viseur astronomique ;
  • un radar de navigation Thomson CSF DRUA 33 (bande I) ;
  • un dĂ©tecteur de radar Thomson CSF ARUR 13

Équipage

Plusieurs équipements de cuisine en inox dans une pièce pas très large
Cuisine du Redoutable.

Les sous-marins de la classe Le Redoutable ont un Ă©quipage de 135 hommes dont 15 officiers (ce qui comprend le commandant et 4 ingĂ©nieurs), 100 officiers mariniers, 15 quartiers-maĂ®tres et 5 matelots appelĂ©s du contingents. Deux Ă©quipages (rouge et bleu) se relaient pour permettre une utilisation maximale de chacun des navires[65] - [44].

Pour armer les sous-marins, les effectifs des forces sous-marines de la Marine nationale ont dĂ» ĂŞtre fortement accrus et la formation des sous-mariniers a dĂ» ĂŞtre revue en profondeur. En 1967, l'effectif total des sous-mariniers qui Ă©taient embarquĂ©s Ă  bord d'une vingtaine de sous-marins Ă  propulsion classique Ă©tait de 1 500 personnes. Les Ă©quipages des seuls Redoutable (donc sans compter les Ă©quipages des sous-marins d'attaque Ă  propulsion nuclĂ©aire ou classique[Note 14]) sont de 1 500 personnes, auxquelles s'ajoutent 1 700 personnes en soutien. Par ailleurs, les Ă©quipages des Redoutable doivent avoir des compĂ©tences techniques de haut niveau car ils mettent en Ĺ“uvre des Ă©quipements très complexes (chaufferie nuclĂ©aire, missiles balistiques, Ă©lectronique de dĂ©tection avancĂ©e) tout en faisant face aux anomalies de fonctionnement durant les longues plongĂ©es de près de trois mois sans possibilitĂ© de retour au port. Un centre de formation, l'École des applications militaires de l'Ă©nergie atomique (EAMEA), est crĂ©Ă© Ă  Cherbourg[31].

Aménagements

Trois couchettes superposées avec des rideaux jaunes.
Une des cabines de l'Ă©quipage. Celles-ci comprennent quatre ou six couchettes.

Comparés aux sous-marins qui les précèdent, les Redoutable offrent des conditions de vie nettement améliorées à leur équipage, qui permettent à celui-ci de supporter la durée des plongées. Sur les sous-marins existants, faute de place, l'équipage pratique la banette chaude, c'est-à-dire que plusieurs marins se succèdent au fil des quarts sur la même couchette. Sur les Redoutable, chaque marin dispose de sa couchette personnelle avec un éclairage de chevet et un petit espace de rangement. La décoration des locaux de vie est soignée. Un accent particulier est mis sur la nourriture, qui est préparée avec des vivres frais (en début de patrouille), surgelés ou déshydratés. Il était prévu initialement de permettre aux marins de fumer, malgré les problèmes complexes soulevés par le recyclage de l'air et les risques d'incendie. Finalement cette pratique est bannie par le premier commandant du Redoutable, mesure reconduite par la suite. Pour répondre aux urgences médicales, l'équipage comprend un médecin polyvalent et deux infirmiers qui disposent chacun d'une formation adaptée : le médecin peut pratiquer de petites interventions chirurgicales (appendicite, plaie ouverte, fracture) et de la dentisterie ; un des infirmiers a une qualification d'anesthésiste/laborantin et l'autre de radiologue. Ceux-ci disposent d'une infirmerie, d'un appareil de radiographie et d'une installation permettant de pratiquer des interventions chirurgicales. Le médecin est également chargé de la surveillance de la radioactivité[66].

La zone de vie oĂą l'Ă©quipage se nourrit, se dĂ©lasse et se repose est rĂ©partie sur les trois ponts Ă  l'avant du massif et n'occupe qu'une tranche d'une vingtaine de mètres de long sur les 130 mètres du sous-marin. Sur le pont supĂ©rieur (pont 3) immĂ©diatement après le poste de commandement navigation/opĂ©rations (PCNO) se trouvent le carrĂ© et la salle Ă  manger des officiers ainsi qu'une quinzaine de cabines individuelles dans lesquelles ceux-ci sont logĂ©s. Le carrĂ© sert Ă©galement de salle de rĂ©union[67]. Au pont infĂ©rieur (pont 2), le plus vaste car la coque y atteint son diamètre maximal, se trouve la cafĂ©tĂ©ria qui sert Ă  la fois de salle Ă  manger pour les officiers mariniers et les simples matelots et de salle de loisirs. C'est la plus grande salle du sous-marin, longue de 12 mètres et large de 5 mètres. Elle peut accueillir jusqu'Ă  80 personnes. Sur le cĂ´tĂ© bâbord de cette salle se trouve la cambuse, oĂą officient le cuisinier et son aide. Sur ce pont se trouvent Ă©galement cinq cabines de 12 couchettes (par groupe de trois couchettes superposĂ©es). Ces cabines sont occupĂ©es par les matelots et les officiers mariniers les plus jeunes. Enfin, le pont infĂ©rieur (pont 1) comprend une dizaine de cabines de quatre couchettes occupĂ©es par les officiers mariniers seniors qui disposent par ailleurs d'une petite salle de loisirs. Ce pont comprend Ă©galement l'infirmerie et plusieurs auxiliaires (pompes d'assèchement, stations d'huile, centrale de ventilation). Sous le pont 1, Ă  mĂŞme la coque, se trouve le local batterie. Sur chacun des trois ponts se trouvent des douches et des toilettes. Pour que le sous-marin maintienne sa position secrète, les eaux usĂ©es ne sont larguĂ©es que de nuit et les dĂ©chets de cuisine sont Ă©vacuĂ©s dans un sac lestĂ© via un système analogue au tube lance-torpille. Celui n'est mis en Ĺ“uvre qu'avec l'accord du second lorsque tout risque de dĂ©tection est Ă©cartĂ©[68].

Sur les sous-marins à propulsion classique, l'eau est fortement contingentée car elle doit être embarquée (l'électrolyse de l'eau consomme trop d'énergie pour être mise en œuvre). Le sous-marin doit régulièrement refaire surface pour renouveler l'air. La propulsion nucléaire des Redoutable, en fournissant une source d'énergie inépuisable même en plongée, permet de s'affranchir de ces contraintes. Deux distillateurs (bouilleurs) distillent l'eau de mer et produisent de l'eau douce. L'oxygène, quant à lui, est produit par électrolyse de l'eau déminéralisée. Le dioxyde de carbone produit par la respiration est piégé par une usine de décarbonation. Sont également filtrés et éliminés le monoxyde de carbone, l'azote, le méthane, les fréons des frigos et l'ozone qui sont produits par certains équipements. Les éléments résultant de ces filtrages sont rejetés ou brulés. Des capteurs placés dans différentes parties du sous-marin permettent de surveiller en permanence les taux de ces différents composants chimiques[69].

  • Installations pour l'Ă©quipage
  • Vue partielle d'une pièce entièrement recouverte de boiseries avec deux tables en bois au premier plan et une desserte pour la cuisine Ă  gauche.
    Cafétéria
  • Vue partielle d'un salon de forme basse avec une bibliothèque deux fauteuils et une table basse.
    Carré des officiers

Performances

Les sous-marins de la classe Redoutable ont un rayon d'action illimitĂ© grâce Ă  leur rĂ©acteur nuclĂ©aire. La durĂ©e d'une patrouille est fixĂ©e par l'endurance des hommes qui doivent rester enfermĂ©s dans le sous-marin en plongĂ©e durant toute la mission. Les patrouilles ont une durĂ©e standard initiale de 55 jours qui a Ă©tĂ© portĂ©e progressivement Ă  70 jours. Les valeurs prĂ©cises des donnĂ©es reflĂ©tant les capacitĂ©s du sous-marin (vitesse en plongĂ©e, vitesse en plongĂ©e silencieuse, profondeur de plongĂ©e, capacitĂ©s des sonars, temps de lancements des missiles) sont tenues secrètes et seules des valeurs approximatives sont connues. Les Redoutable ont une vitesse en plongĂ©e qui peut atteindre en plongĂ©e environ 25 nĹ“uds (46 km/h) et en surface de 20 nĹ“uds (37 km/h). Son immersion maximale est de l'ordre de 300 mètres[43] - [44]. Le tableau ci-dessous rĂ©sume les principales caractĂ©ristiques des SNLE de la mĂŞme gĂ©nĂ©ration telles qu'elles nous sont connues.

Comparaison des principales caractéristiques des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins en service dans les années 1980.
Les caractéristiques de la Classe Le Triomphant qui remplacera les Redoutable sont indiquées pour comparaison.
Caractéristique Classe Le Redoutable Classe Le Triomphant Classe Lafayette Classe Benjamin Franklin Classe Yankee Classe Delta III Classe Resolution
PaysFranceÉtats-Unis[Note 15]Russie[Note 16]Royaume-Uni
Date mise en service1971-19851997-20101963-19641965-19671967-19951976-19821963-1965
Unités construites6491234144
Longueur128,7 m.138 m.130 m.130 m.132 m.166 m.129,5 m.
MaĂ®tre-bau11 m.12,5 m.10 m.10 m.11,6 m.12,3 m.10,1 m.
Tirant d'eau10 m.10,6 m.8,69 m.8,69 m.m.m.9,17 m.
DĂ©placement en plongĂ©e8 920 t.14 335 t.8 251 t.8 251 t.9 300 t.18 200 t.8 500 t.
Vitesse en plongée[Note 17]~25 nœuds (46 km/h)~25 nœuds21 nœuds21 nœuds27 nœuds24 nœuds25 nœuds
Profondeur maximale[Note 17]~300 m.~350 m.400 m.400 m. ? ?350 m.
Équipage135111140140120135143
Missiles stratĂ©giques16 missiles M20 avec 1 tĂŞte de 1,2 Mt puis missiles M4 avec 6 tĂŞtes de 150 kt
PortĂ©e : 3 000 km puis 5 000 km
16 missiles M51
6 tĂŞtes de 100 kt
PortĂ©e > 9 000 km
16 Polaris A3 ou Poseidon C3 avec 3 Ă  14 tĂŞtes de 40 Ă  200 kt
PortĂ©e : 4 600 Ă  5 900 km
16 Polaris A3 ou Poseidon C3 ou Trident 1 avec 3 Ă  14 tĂŞtes de 40 Ă  200 kt
PortĂ©e : 4 600 Ă  7 400 km
16 R-27 avec 1 Ă  3 tĂŞtes
PortĂ©e : 2 400 Ă  3 000 km
16 R-29-R avec 1 Ă  7 tĂŞtes de ? kt
PortĂ©e : 6 500 Ă  8 000 km
16 Polaris 3 tĂŞtes de 200 kt
PortĂ©e : 4 600 km
Armement conventionnel4 tubes lance-torpilles
18 torpilles ou
missiles anti-navires Exocet
4 tubes lance-torpilles
18 torpilles F17 ou
missiles anti-navires Exocet
4 tubes lance-torpilles
12 torpilles
4 tubes lance-torpilles
13 torpilles
6 tubes lance-torpilles
4 tubes lance-torpilles
M
6 tubes lance-torpilles
Torpilles Tigerfish

Installations Ă  terre

Centres opérationnels

Plusieurs mats d'antenne de grandes taille rapprochées les unes des autres à l'horizon.
Antennes de la station de Sainte-Assise en Seine-et-Marne.

Les communications entre les structures Ă  terre et les sous-marins en plongĂ©e sont essentielles pour la crĂ©dibilitĂ© de la stratĂ©gie de la dissuasion nuclĂ©aire. Les SNLE qui ne disposent pas de moyens d'investigation Ă  longue distance doivent ĂŞtre informĂ©s de manière continue des menaces Ă©ventuelles dans leur zone de navigation. Mais surtout, il faut que le commandant du sous-marin reçoive l'ordre de lancement des missiles immĂ©diatement après que le prĂ©sident de la RĂ©publique l'a Ă©mis. Trois centres opĂ©rationnels sont chargĂ©s de fournir aux SNLE en patrouille les ordres et les renseignements dont ils ont besoin 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 : prĂ©sence de navires de surface, de sous-marins ou d'avions dans la zone de patrouille du SNLE, mouvements prĂ©visionnels de ceux-ci, mĂ©tĂ©orologie, donnĂ©es de navigation. Ils Ă©laborent et transmettent la synthèse d'informations Ă©manant principalement des centres d'opĂ©rations de la Marine nationale contrĂ´lant la mer MĂ©diterranĂ©e et l'OcĂ©an Atlantique qui sont eux-mĂŞmes alimentĂ©s par diffĂ©rentes sources comme les avions de surveillance, les bâtiments de surface et les sous-marins d'attaque. Les centres sont chargĂ©s de relayer l'ordre de lancement des missiles. Toutes ces donnĂ©es sont transmises par des stations de transmission qui doivent rĂ©pondre Ă  deux contraintes : les ondes Ă©lectromagnĂ©tiques pĂ©nètrent mal dans l'eau et le SNLE peut ĂŞtre situĂ© Ă  des milliers de kilomètres. Pour que la communication puisse ĂŞtre Ă©tablie, le SNLE en plongĂ©e dĂ©ploie en permanence une antenne filaire qui flotte Ă  quelques mètres sous la surface. Les stations de transmission (au nombre de quatre en 2020 : Rosnay (36), Sainte-Assise (77), Kerlouan (29) et La RĂ©gine (11)) Ă©mettent dans une frĂ©quence d'ondes Ă  très basse frĂ©quence qui prĂ©sentent la particularitĂ© de pouvoir toucher n'importe quel point du globe et de pĂ©nĂ©trer dans les couches superficielles de l'ocĂ©an jusqu'Ă  une dizaine de mètres de profondeur. Du fait de la nature de ces ondes les stations sont Ă©quipĂ©es d'antennes filaires de grandes longueurs soutenues par d'immenses pylĂ´nes[70]. Elles sont fortement gardĂ©es car elles constituent en cas de conflit une cible prioritaire pour les forces ennemies. Du fait de leur rĂ´le dans le lancement des missiles, leur protection participe et constitue un des Ă©lĂ©ments de la crĂ©dibilitĂ© de la dissuasion nuclĂ©aire française. Des dispositifs sont prĂ©vus pour prendre le relais en cas de neutralisation des stations : jusqu'en 2000 ce sont 4 avions Transall AstartĂ© qui sont remplacĂ©s par le Système de Transmissions de Dernier Recours (SYDEREC)[71].

Bases marines

La mer au premier plan et en arrière plan, sur la cote, des constructions de grande taille en forme d'abri
Entrée des bassins de radoub de l'île Longue.

Le port d'attache de la flotte des Redoutable est l'Ă®le Longue. Cette presqu'Ă®le situĂ©e dans la rade de Brest est choisie en 1965 pour la crĂ©ation de la base des sous-marins lanceurs d'engins. Ce site est retenu principalement pour trois raisons : il est proche de l'arsenal de Brest, il est suffisamment Ă©loignĂ© de l'agglomĂ©ration brestoise pour limiter l'impact d'un accident de manipulation des matières fissiles et l'accès au site est facile Ă  contrĂ´ler du fait de sa configuration en presqu'Ă®le[72]. La construction de la base des sous-marins dĂ©bute en 1967 et va durer cinq ans. Ce gros chantier comprend la construction d'un avant port, de deux bassins de radoub couverts qui permettent d'intervenir sur les sous-marins Ă  sec, d'ateliers en grande partie enterrĂ©s dans lesquels sont manipulĂ©s les missiles et leurs tĂŞtes nuclĂ©aires et de bâtiments annexes. C'est lĂ  qu'est rĂ©alisĂ©e la maintenance des sous-marins entre deux patrouilles et que sont entreposĂ©s les Ă©lĂ©ments nuclĂ©aires (tĂŞtes des missiles, combustible des rĂ©acteurs) associĂ©s. Environ 1 500 personnes y travaillent[31].

Dans la ville de Brest à quelques kilomètres de l'île Longue se trouve le centre d'entrainement et d'instruction des équipages des SNLE qui dispose de simulateurs. Les équipages s'y entrainent entre deux patrouilles en mer. C'est également dans cet établissement que les nouveaux marins reçoivent leur formation initiale[31].

Carrière opérationnelle

Les sous-marins de la classe Redoutable ont leur port d'attache à l'Île Longue (Brest) et font partie de la Force océanique stratégique française qui comprend également, à compter de 1983, les sous-marins nucléaires d'attaque de la classe Rubis.

Évolution de la flotte des Redoutable

Le premier sous-marin de la classe, Le Redoutable, entre en service en 1971. À compter de 1974 la flotte des Redoutable compte trois bateaux opérationnels ce qui permet de maintenir en permanence au moins un d'entre eux en patrouille, condition nécessaire pour garantir la crédibilité de la stratégie de dissuasion nucléaire de la France. Mais la portée limitée du missile M1 impose de patrouiller au large de la Norvège ou dans le golfe de Gênes (cible Moscou), zones maritimes qui, par leur fréquentation et leur taille réduite, rend les sous-marins très vulnérables. L'installation des missiles M2/M20 puis M4 permet d'élargir les zones de patrouille et de les rendre plus sûres. À partir de 1985 les six sous-marins de la classe sont en service et la France maintient en permanence trois sous-marins en patrouille. Le désarmement progressif de la classe, qui débute en 1991 avec le retrait du navire tête de série Le Redoutable, se produit alors que la dislocation de l'URSS et la chute du mur de Berlin annule sinon réduit la menace d'un conflit nucléaire avec l'ennemi traditionnel (l'Union soviétique) et inaugure une période de détente prolongée. Compte tenu de l'arrivée tardive en opération des sous-marins Le Triomphant le nombre de sous-marins en patrouille de manière simultanée passe à deux en 1992 puis à un en 1997 année de mise en service du Triomphant[73]. Le dernier bateau de la classe Redoutable, L'Inflexible, est désarmé en 2008[34] - [74].

Bilan

Les navires de la classe Redoutable se sont rĂ©vĂ©lĂ©s fiables. Une seule patrouille a Ă©tĂ© interrompue Ă  la suite d'une crise d'appendicite du mĂ©decin dont le rĂ´le Ă©tait justement de traiter celles-ci[6]. Les navires sont restĂ©s en activitĂ© entre 20 et 29 ans. Certains d'entre eux ont accumulĂ© jusqu'Ă  une soixantaine de patrouilles. L'Indomptable a effectuĂ© 125 000 heures de plongĂ©e soit l'Ă©quivalent de 14 annĂ©es[41].

Résultant du choix du général de Gaulle d'adopter une stratégie de dissuasion nucléaire indépendante des États-Unis, la réalisation de ces sous-marins est une réussite qui va poser les bases de tout un pan de l'industrie de la France avec des applications militaires (missiles, armes nucléaires, techniques de construction navale), civiles (centrales nucléaires, lanceurs Ariane) et duales (centrales inertielles, Propulsion à propergol solide, sonars, aciers spéciaux)[75].

SNLE en mission

DĂ©roulement d'une patrouille

Deux Ă©quipages servent Ă  tour de rĂ´le Ă  bord du sous-marin pour accroitre le taux d'utilisation de ce navire particulièrement coĂ»teux : l'Ă©quipage bleu et l'Ă©quipage rouge. Lorsque l'Ă©quipage rouge (par exemple) rentre Ă  son port d'attache Ă  l'ĂŽle longue (Brest) il part en permission pour cinq Ă  six semaines après un passage de tĂ©moin de quelques jours Ă  l'Ă©quipage bleu. Ce dernier participe alors Ă  la remise en condition du navire qui est effectuĂ©e entre deux patrouilles par le chantier naval de la DCAN et les Ă©quipes de maintenance de l'Ă®le Longue. Puis l'Ă©quipage prend la mer pour une nouvelle patrouille. Le sous-marin quitte Brest accompagnĂ© par des navires qui le protègent jusqu'Ă  son point de plongĂ©e et identifient d'Ă©ventuels dispositifs d'Ă©coute installĂ©s par des puissances Ă©trangères. Le sous-marin plonge dès qu'il dispose de suffisamment de fond ou dès qu'il a dĂ©passĂ© le Plateau continental. Il se "dilue" dans l'ocĂ©an et fait en sorte qu'on perde sa trace en suivant une trajectoire alĂ©atoire et en limitant sa signature sonore au minimum, notamment en adoptant une vitesse modĂ©rĂ©e. La position du sous-marin n'est connue que de son commandant et de quelques hommes de l'Ă©quipage. Le SNLE reste en plongĂ©e jusqu'Ă  son retour de patrouille (la durĂ©e moyenne d'une patrouille des Redoutable est passĂ©e progressivement de 55 Ă  70 jours). Le sous-marin gagne une zone qui lui permet d'ĂŞtre dissimulĂ© tout en restant Ă  une distance de ses cibles potentielles[Note 18] compatible avec la portĂ©e de ses missiles. La zone de patrouille des Redoutable, initialement restreinte Ă  la mer de Norvège du fait de la faible portĂ©e des missiles M1 (2 450 km), s'est par la suite Ă©largie grâce aux performances croissantes de ceux-ci : environ 3 000 km pour le M2/M20 puis 5 000 km pour le M4.

Bien qu'en plongée, le sous-marin est en permanence à l'écoute des informations transmises par les stations à terre grâce à son antenne filaire qui flotte à quelques mètres sous la surface. Par celle-ci, son commandant a connaissance des menaces présentes dans le secteur de patrouille et des instructions de tir éventuel. Il adapte en conséquence la trajectoire du sous-marin[76].

La plus grande partie de l'Ă©quipage vit au rythme des quarts comme dans tous les navires de la Marine nationale[Note 19] : l'Ă©quipage est rĂ©parti en trois tiers. L'un de ces tiers est de quart, c'est-Ă -dire qu'il est chargĂ© de la conduite du sous-marin et de la surveillance de ses Ă©quipements. Pendant ce temps, un autre tiers de l'Ă©quipage effectue l'entretien et le dĂ©pannage tandis que le troisième tiers est de repos. Il y a sept quarts de longueur inĂ©gale par pĂ©riode de 24 heures, ce qui permet aux membres de l'Ă©quipage de ne pas ĂŞtre affectĂ©s toujours aux mĂŞmes tranches horaires : quatre de ces quarts ont une durĂ©e de quatre heures (8h-12h, 20h-24h, 0h-4h et 4h-8h), deux durent trois heures (12h-15h et 15h-18h) et un dure deux heures (18h-20h)[77]. L'Ă©clairage est utilisĂ© pour simuler la succession du jour et de la nuit en se calant sur le faisceau horaire français. Durant la phase nocturne, un Ă©clairage rouge se substitue Ă  l'Ă©clairage blanc des lampes fluorescentes[78].

Le temps disponible hors sommeil et restauration est consacré aux travaux d'entretien. Chaque membre de l'équipage a le droit de recevoir une fois par semaine un unique message de ses proches qui doit être limité à quelques dizaines de mot (le « familigramme ») et qui passe par la censure du commandant[Note 20]. La patrouille est ponctuée de simulations de tir des missiles et d'exercices d'incendie ou de voie d'eau. Ces événements constituent les deux dangers les plus graves à bord d'un sous-marin.

En patrouille, le SNLE n'émet jamais pour ne pas être détecté. Le commandant doit connaitre la position du sous-marin avec une très grande précision car celle-ci joue un rôle critique dans la précision de la trajectoire de ses missiles : une erreur d'une minute en latitude se traduit par un écart d'un kilomètre à l'impact du missile. Cette position est actualisée de manière continue grâce à des centrales inertielles. Or, celles-ci dérivent avec le temps (essentiellement en longitude) et il est nécessaire de les recaler. Pour déterminer sa position exacte, le commandant fait remonter le sous-marin à profondeur périscopique et utilise un système de visée astrale installé sur la tête d'un périscope pour relever la position d'une ou de plusieurs étoiles. Cette manœuvre est réalisée le moins souvent possible, car elle accroît le risque de détection (cette manœuvre deviendra plus rare car la dérive des centrales à inertie ira en décroissant avec les progrès technologiques).

À la fin de sa patrouille, le sous-marin rentre à Brest. L'équipage rouge de son côté, à l'issue de sa permission, a repris l'entrainement à terre et accueille l'équipage bleu à son arrivée à l’ile longue après six semaines d'entrainement[76] - [79].

Lancement des missiles balistiques

Environ une fois par an en moyenne, un des SNLE tire un missile d'exercice pour vĂ©rifier le fonctionnement Ă  la fois de celui-ci et des Ă©quipements de lancement. Ce tir est effectuĂ© dans l'OcĂ©an Atlantique au large du Centre d'essais des Landes (Biscarrosse) ou de son annexe en face de Quimper. Pour ce tir un dispositif très lourd est mis en place qui mobilise plus de 2 000 personnes dont notamment un bâtiment d'essais et de mesures (Henri PoincarĂ© remplacĂ© en 1991 par le Monge). Celui-ci, Ă©quipĂ© de plusieurs radars, est positionnĂ© près du point d'impact pour mesurer la prĂ©cision du tir[80].

  • DĂ©roulement du lancement d'un missile depuis un SNLE

Le dĂ©clenchement du feu nuclĂ©aire est dĂ©cidĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique. Ă€ rĂ©ception de son ordre par le SNLE, deux hommes, le commandant et son second, doivent exĂ©cuter simultanĂ©ment les mĂŞmes commandes de lancement dans des locaux sĂ©parĂ©s pour que celles-ci soient prises en compte[81]. Les instructions de lancement ainsi qu'une actualisation de la position sont chargĂ©es dans l'ordinateur embarquĂ© des diffĂ©rents missiles. La sĂ©quence de lancement se dĂ©roule ensuite pratiquement sans intervention humaine une fois que le sous-marin est remontĂ© Ă  une immersion de quelques dizaines de mètres. Les missiles sont tirĂ©s en sĂ©quence. Ă€ l'intĂ©rieur du tube du missile, la pression est Ă©quilibrĂ©e avec la pression extĂ©rieure puis la porte du tube est ouverte. Un système de chasse utilisant de l'air comprimĂ© expulse le missile Ă  une vitesse d'environ 100 km/h. Celui-ci perfore la membrane qui empĂŞche l'eau d'envahir le tube. Le premier Ă©tage du missile est allumĂ© alors que celui-ci est encore sous l'eau. Lorsqu'il Ă©merge, son orientation est corrigĂ©e pour la rapprocher de la verticale. L'arrĂŞt de la phase propulsĂ©e du dernier Ă©tage est commandĂ©e par un système d'arrĂŞt de poussĂ©e car la prĂ©cision du tir est Ă©troitement liĂ© Ă  la vitesse terminale du missile (un Ă©cart de vitesse de m/s se traduit par un Ă©cart de 1 kilomètre Ă  l'arrivĂ©e). Le missile poursuit son ascension sur la vitesse acquise et dĂ©crit une trajectoire balistique qui culmine Ă  plusieurs centaines de kilomètres d'altitude. Une simulation effectuĂ©e lors de la mise au point du système avait permis de dĂ©terminer que la durĂ©e d'une salve complète des 16 missiles Ă©tait infĂ©rieure Ă  15 minutes[24]. Cette durĂ©e, critique pour rĂ©duire la pĂ©riode de vulnĂ©rabilitĂ© du sous-marin et celle des missiles durant leur phase propulsĂ©e, a Ă©tĂ© rĂ©duite lors de la mise Ă  niveau M4 grâce Ă  un système de chasse faisant appel Ă  un bloc de poudre[82].

Remplacement : la classe des Triomphant

Un sous-marin émergé sur la mer avec des matelots sur son pont se dirigeant vers le photographe
Le Vigilant, de la classe Le Triomphant, naviguant en surface.

La stratĂ©gie de la dissuasion nuclĂ©aire, malgrĂ© son coĂ»t, est maintenue par les successeurs du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Au cours de l'automne 1981, un Conseil de DĂ©fense prĂ©sidĂ© par François Mitterrand, tout juste Ă©lu, dĂ©cide la construction d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de SNLE qui doit remplacer les « Redoutable ». Le navire tĂŞte de cette sĂ©rie (SNLE-NG pour « nouvelle gĂ©nĂ©ration ») doit entrer en service opĂ©rationnel au cours de la dĂ©cennie 1990. Ce remplacement est jugĂ© d'autant plus nĂ©cessaire que les progrès des systèmes de dĂ©tection utilisant les ondes de basse et très basse frĂ©quence ont accru la vulnĂ©rabilitĂ© des « Redoutable ». Les futurs sous-marins doivent ĂŞtre plus rapides mais surtout mille fois plus silencieux que ceux de la classe prĂ©cĂ©dente et leurs instruments de dĂ©tection doivent ĂŞtre dix fois plus sensibles. Pour Ă©chapper Ă  la dĂ©tection, le sous-marin doit Ă©galement pouvoir plonger plus profondĂ©ment. Le tonnage Ă  l'immersion du navire passe de 9 000 Ă  plus de 14 000 tonnes pour permettre l'installation des systèmes d'attĂ©nuation du bruit et emporter des missiles de plus grande taille. Pour augmenter la disponibilitĂ© de la flotte, l'intervalle entre deux grands carĂ©nages, qui immobilisent le sous-marin durant près de deux ans, passe de six ans Ă  sept ans et demi. Initialement, la nouvelle classe de SNLE, baptisĂ©e Le Triomphant (du nom du premier navire de la sĂ©rie), doit comporter six unitĂ©s, mais ce nombre est ramenĂ© Ă  quatre Ă  la suite de la chute du mur de Berlin (1989) et de la dislocation de l'URSS (1991). La construction du premier exemplaire dĂ©bute en 1986 et la livraison Ă  la Marine nationale des quatre sous-marins s'Ă©chelonne de 1997 Ă  2010[83] - [84] - [85].

Notes et références

Notes

  1. Sans avoir recours au schnorchel, qui limite la profondeur de la plongée.
  2. Ces formes étaient un retour aux sources. Les premiers sous-marins avaient déjà cette forme de torpille. Lorsqu'il a fallu concevoir des sous-marins opérationnels, les architectes ont pris en compte le fait qu'un sous-marin se déplaçait principalement en surface et que sa forme devait donc être optimisée pour ce type de déplacement : ce fut la naissance du concept de submersible.
  3. 5 SNLE Ethan Allen mis en service entre 1961 et 1963 avec un dĂ©placement en plongĂ©e de 8 000 t, 10 SNLE James Madison (1964, 8 300 t), 12 SNLE Benjamin Franklin (1964-1966, 8 300 t), 9 SNLE Lafayette (1963-1964, 8 300 t) et 14 SNA Thresher (1961-1967, 4 400 t)
  4. Elle deviendra la DCN en 1991 puis la DCNS en 2007, après reprise des activités dans le secteur de la société Thales. La société se renomme Naval Group en 2017.
  5. Les 440 kilogrammes d'uranium enrichi constituaient une quantitĂ© Ă©norme, nettement supĂ©rieure Ă  ce qui Ă©tait nĂ©cessaire pour une application terrestre. L'accord de cession avait Ă©tĂ© signĂ© après un dĂ©bat au Congrès des États-Unis. Au cours de celui-ci, l'amiral Rickover (père des sous-marins nuclĂ©aires amĂ©ricains), farouchement opposĂ© Ă  cet accord, avait Ă©tĂ© consultĂ©. Ă€ la question « Y a-t-il une chance que la France rĂ©ussisse Ă  mettre au point un rĂ©acteur de propulsion ? » Rickover avait rĂ©pondu « Pas la moindre chance », ce qui avait entraĂ®nĂ© la ratification de l'accord.
  6. C'est dans cet établissement qu'est aujourd'hui construit le prototype de réacteur à fusion nucléaire ITER.
  7. Le Homet dĂ©signe une partie de port militaire de Cherbourg, comprenant une importante forme de radoub longue de 260 m de long.
  8. C'est un objectif beaucoup moins exigeant que la destruction des missiles balistiques ennemis lancés depuis des silos blindés qui nécessitent une frappe quasi directe.
  9. comprend un gyroscope et des accéléromètres
  10. Une fois dans son tube à bord du SNLE, le missile n'est plus accessible physiquement. Il faut le décharger au port, une opération lourde, pour l'inspecter.
  11. Lors d'un tir effectué depuis le centre d'essais des Landes, la fusée explose à haute altitude à la suite de la défaillance du deuxième étage et la déflagration qui a lieu dans un ciel complètement dégagé peut être observée depuis une bonne partie de la région
  12. Les aides à la pénétration sont des leurres qui sont éjectés avec les têtes nucléaires et qui perturbent les radars notamment en créant des cibles fictives.
  13. Dans les systèmes de propulsion à vapeur il existe souvent une turbine basse pression qui exploite la vapeur en partie détendue en sortie de la turbine haute pression. Cet équipement n'existe pas sur les Redoutable pour deux raisons : la turbine haute pression fournit une énergie suffisante et une turbine basse pression est caractérisée par des aubes de grand diamètre non compatibles avec l'espace disponible dans le sous-marin.
  14. En 1990, cette flotte comprend quatre sous-marins nucléaires de la classe Rubis et huit sous-marins classiques dont quatre de type océanique (classe Agosta) et quatre de type côtier (classe Daphné).
  15. La flotte des SNLE comprend Ă©galement Ă  cette Ă©poque 5 George Washington mis en service entre 1959 et 1961, 5 Ethan Allen mis en service entre 1961 et 1963, 10 James Madison mis en service en 1964 et 17 Ohio mis en service entre 1981 et 1997.
  16. La flotte soviétique comprend également à l'époque 8 Hotel mis en service entre 1960 et 1962
  17. Valeurs estimées : les valeurs exactes font partie des données jouant un grand rôle dans les capacités opérationnelles des sous-marins et elles ne sont pas divulguées
  18. Ces cibles sont les principales villes de l'Union soviétique jusqu'à la fin de la guerre froide en 1989, par la suite des sites désignés en concertation entre le Président de la République et les responsables militaires.
  19. Sont hors quart le commandant, les trois officiers directement subordonnés au commandant (commandant en second, responsable énergie, responsable opérations), le personnel de santé, les cuisiniers et quelques spécialistes mobilisables à tout moment.
  20. Le commandant décide notamment s'il est opportun d'annoncer certaines nouvelles comme le décès d'un proche. Pour des raisons psychologiques, ces informations ne sont généralement transmises qu'en fin de patrouille.

Références

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  2. Jean Touffait, « La Genèse de la Force Océanique Stratégique - La construction du Redoutable », AGASM, no x,‎ , p. 14-18 (lire en ligne)
  3. Bernard Prézelin, Flotte de combat 1990, Editions maritimes et d'outre-mer, , 949 p. (ISBN 2-7373-0485-7, BNF 35062787)
  4. Les sous-marins français des origines (1863) à nos jours, p. 478-482
  5. Christian Olleris et Jacques Chevalier, « La Genèse de la Force Océanique Stratégique - Le projet nucléaire français : de l'impasse du Q244 à la chaudière avancée prototype », AGASM, no x,‎ , p. 2-6 (lire en ligne)
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  11. L’aventure des SNLE français, p. 13-14.
  12. L’aventure des SNLE français, p. 10-12.
  13. L’aventure des SNLE français, p. 11-12
  14. Hélène Masson et Bruno Tertrais, « Impact économique de la filière industrielle « Composante océanique de la Dissuasion » Volet 1-SNLE », Recherches & documents, Fondation pour la Recherche Stratégique, nos 01/2017,‎ , p. 51 (ISBN 978-2-911101-94-6, lire en ligne).
  15. L’aventure des SNLE français, p. 13
  16. L’aventure des SNLE français, p. 14
  17. L’aventure des SNLE français, p. 15
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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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