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Monge (BEM)

Le Monge (indicatif visuel A601) est, selon la terminologie française, un bâtiment d'essais et de mesures (BEM). Il est classé comme bâtiment d'expérimentations, d'essais et de mesures. Le Monge est en service dans la Marine nationale depuis le . Ce bâtiment est le seul de ce type dans la Marine militaire française et l'un des rares dans le monde ; seules les marines des États-Unis, de la Chine populaire, de la Russie et de l'Inde comptent ou ont compté des bâtiments similaires[2]. Le Monge, qui tient son nom du mathématicien français Gaspard Monge (1746-1818), a pris la succession du BEM Henri Poincaré, en service depuis 1968. Construit par les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, il est armé par un équipage mixte de la Marine nationale et de la DGA (personnel de DGA Essais de missiles). Son indicatif visuel est A601.

Monge
illustration de Monge (BEM)
Arrivée au port de Reykjavik en 2012.

Type Bâtiment d'essais et de mesures
Histoire
A servi dans Marine nationale
Chantier naval Chantiers de l'Atlantique, Saint-Nazaire
Commandé
Quille posée
Lancement
Armé
Statut En service
Équipage
Équipage 10 officiers, 46 officiers mariniers, 64 membres d'équipage, 40 scientifiques de la DGA
2012 : 210 (bord : 14 officiers, 105 officiers mariniers et membres d'Ă©quipage, scientifiques : 9 officiers, 65 hommes, 17 civils, logement pour 292 personnes[1]
Caractéristiques techniques
Longueur 230 m
MaĂ®tre-bau 30 m
Tirant d'eau 7,7 m
Tirant d'air 50 m
DĂ©placement 17 760 t (standard)
21 040 t (pleine charge)
Propulsion 2 diesels SEMT Pielstick 8PC 2.5 L400 - 1 hélice
Puissance 9 000 ch (6 615 kW) ; usine Ă©lectrique 7 200 kW sur 6 diesel alternateur SEMT Pielstick type PA6
Vitesse 17,3 nĹ“uds
Caractéristiques militaires
Armement 2 canons de 20 mm F2, 2 mitrailleuses de 12,7 mm[1]
Électronique 1 radar de recherche aérienne
2 radars de navigation
10 radars et antennes de trajectographie, observation radar et télémesure, un ensemble de capteurs optroniques
Rayon d'action >22 000 nautiques Ă  15 nĹ“uds et >32 000 nautiques Ă  10 nĹ“uds
Aéronefs 1 hélicoptère Alouette III[1], peut embarquer 2 hélicoptères lourds
Carrière
Propriétaire Marine nationale
Pavillon France
Port d'attache (base navale) Port militaire de Brest
Indicatif A601

Sa mission principale consiste à se placer au large en mer pour observer avec ses capteurs les essais en vol des missiles tirés depuis le centre DGA Essais de missiles de Biscarrosse (ex-Centre d'essais des Landes), en particulier les missiles balistiques MSBS M45 et M51, mais aussi les missiles nucléaires aéroportés ASMP (et maintenant ASMPA) et certains autres tirs de missiles à longue portée. Il est aussi utilisé pour la surveillance de l'espace (satellites, débris, ISS, etc.) au profit du CNES et d'autres organismes militaires. Il participe occasionnellement à des missions au profit de l'Agence spatiale européenne (lors des lancements des fusées Ariane).

Missions

Basé à Brest, ses missions techniques principales sont : la trajectographie et l'observation radar et optique des missiles balistiques ou tactiques, la poursuite de satellites et, beaucoup plus rarement, la mise en œuvre ou la poursuite de cibles aériennes pour l'entraînement des forces. Son système de mesures, articulé autour de radars de poursuite spécifiques de très hautes performances (capables de trajectographie et d'analyse radar) ainsi que d'un ensemble de calculateurs en temps réel performants, comprend également un système complet de réception et traitement de télémesures à haut débits, un module d'analyse météorologique (ballons, LIDAR et fusées sondes), un système de poursuite optronique et des équipements de télécommunications satellitaires. Il possède un petit hôpital doté d'une salle d'opération, de réanimation, d'un appareillage de radioscopie complet pour les longues campagnes d'essai en mer. Il peut embarquer deux hélicoptères lourds.

Pour sa mission principale, qui concerne « l'observation des essais en vol des missiles balistiques ou tactiques », le Monge apporte un soutien essentiel à la Direction technique de la Direction générale de l'Armement (DGA), et plus particulièrement au centre DGA Essais de missiles de Biscarrosse, qui assure la supervision de l'essai et auquel le BEM est opérationnellement rattaché lors de celui-ci.

En pratique :

  • les tirs d’essai des missiles mer-sol balistiques stratĂ©gique sont effectuĂ©s
  • avant chaque tir, le Monge se positionne dans une zone « rĂ©ceptacle » Ă  proximitĂ© de l'endroit oĂą retomberont les tĂŞtes après vingt Ă  trente minutes de vol.
  • du fait de la rotonditĂ© de la Terre, il sera le seul Ă  observer le dernier tiers de la trajectoire jusqu'Ă  l'impact final en mer de l'engin.
  • deux axes de lancement sont utilisĂ©s depuis le golfe de Gascogne : l’un vers l'ouest, au large des États-Unis ; l’autre vers le sud-ouest en direction de la Guyane et du BrĂ©sil situĂ© Ă  plus de 6 000 km, (dans ce cas, le missile est tirĂ© par un sous-marin positionnĂ© au sud de la pointe Bretagne).

Une autre mission de ce bâtiment est la participation au réseau national de surveillance de l'espace. En particulier, le Monge travaille en liaison avec le CNES lorsqu'un débris spatial menace d'entrer en collision avec un satellite d'« intérêt national », ou un satellite de retomber sur Terre avec impact au sol. Ses radars lui permettent de mesurer précisément les trajectoires des objets gravitant autour de la Terre. En , un satellite de la NASA est rentré dans l'atmosphère avec un risque que des débris spatiaux atteignent le sol. Le Monge a participé à la poursuite de ce satellite depuis le port de Brest, permettant au CNES et à la NASA de prédire avec plus de précision la zone d'impact[3]. Il a permis également de suivre la trajectoire d'une clé à molette perdue par un astronaute de la station spatiale internationale[4].

Équipements du bâtiment

Le Monge au port de Brest en 2011 après l'installation du radar Normandie.
  • Capteurs de poursuite et observation de missiles
    • Depuis 2014
      • 1 radar NORMANDIE de trajectographie et analyse en bande L (NOuveau Radar du Monge pour ANalyse, DĂ©tection et Identification ÉlectromagnĂ©tique); installĂ© en 2009 par Thales, antenne de 14,4 m de diamètre, multicibles, 62 tonnes, portĂ©e thĂ©orique en Ă©cho de peau de 4 000 km sur une SER de 1 m²[5].
      • 2 radars Armor de trajectographie et analyse en bande C, construit par Thomson-CSF, antenne de 10 mètres de diamètre pouvant suivre les trois cibles simultanĂ©ment, 47 tonnes[6], 5 gigahertz de frĂ©quence, puissance moyenne de 20 kW, portĂ©e thĂ©orique en Ă©cho de peau de 6 000 km sur une Surface Ă©quivalente radar de 1 m². Compatible avec les rĂ©pondeurs radar IRIG en bande C.
    • Anciens radars dĂ©montĂ©s en 2009
      • 1 radar Savoie de trajectographie en bande P monopulse, provenant du Henri PoincarĂ©, entrĂ© en service en 1974 et remplacĂ© par le Normandie. D'un diamètre de 8 mètres, l'antenne parabolique permettait de « photographier » un cortège balistique, puissance de crĂŞte 150 kW (puissance moyenne 23 kW), caractĂ©ristiques similaires aux radars de lutte antimissile. PortĂ©e de 400 km sur une SER de 1 m²[7].
      • Radar bi-statique Stratus en bande L conçu par l'ONERA, provenant du Henri PoincarĂ©, entrĂ© en service en 1990. PossĂ©dait deux antennes de 5 mètres de diamètre; l'une Ă©mettrice en continu, l'autre rĂ©ceptrice[7].
    • Ancien radar dĂ©montĂ© en 2014[8]
      • 1 radar Gascogne de trajectographie en bande C, provenant du Henri PoincarĂ©, construit en 1980 par Thales, antenne de 4 m de diamètre ; 62 tonnes[9], portĂ©e thĂ©orique en Ă©cho de peau de 600 km sur une SER de 1 m². Compatible avec les rĂ©pondeurs radar IRIG en bande C.
    • 6 aĂ©riens dont 5 antennes Antares de rĂ©ception tĂ©lĂ©mesure en bande I
    • 1 tourelle de suivi optronique (capteurs visible et IR)
    • 1 Lidar pouvant analyser jusqu'Ă  120 km d'altitude et capacitĂ© de tir de fusĂ©es sonde (pour sondages atmosphĂ©riques Ă  très haute altitude)

« Cet ensemble de systèmes radars est le plus performant de la Marine et de la DGA[10]. » Ce navire embarque trois des quatre plus puissants radar d'Europe[4] (hors Russie).

Quelques spécificités du navire

  • Un canal de stabilisation entre les rĂ©servoirs permet au navire d'avoir un roulis infĂ©rieur Ă  9° Ă  faible vitesse dans une mer de force 6. Le Monge peut assurer des mesures dans une mer de force 5.
  • Le navire est peint en blanc pour limiter au maximum la dĂ©formation de ses superstructures par dilatation diffĂ©rentielle sous l'effet de l'Ă©clairement solaire, qui fausserait le parallĂ©lisme d'alignement très prĂ©cis de ses capteurs.
  • Sa longueur et son tonnage en ont longtemps fait le troisième plus gros navire de la Marine nationale après les deux porte-avions Foch et Clemenceau. Outre leur successeur le Charles de Gaulle, il est par la suite dĂ©passĂ© en tonnage (mais pas en longueur[4]) par les trois PHA de la classe Mistral.
  • Son prĂ©dĂ©cesseur le BEM Henri PoincarĂ©, plus petit, Ă©tait un pĂ©trolier civil rachetĂ© et modifiĂ© par la Marine nationale. Il a servi de bâtiment de commandement du groupe naval d'essais et de mesures (GROUPEM) dont l'amiral Philippe de Gaulle (fils du GĂ©nĂ©ral) a Ă©tĂ© l'un des commandants (ALGROUPEM) en 1973-1974) et mit Ă  ce titre sa marque sur ce bâtiment rĂ©ceptacle.
  • AntĂ©rieurement, la France avait Ă©galement installĂ© une station Ă  terre d'observation radar et tĂ©lĂ©mesure sur l'Ă®le de Flores dans l'archipel portugais des Açores. La station est fermĂ©e en 1994.
  • En 1993, la ville de Beaune devient officiellement marraine du navire Ă  la suite des accords entre le commandant et Henri Moine, le maire de la ville[12].

Budget

Son coût initial, bâtiment et instrumentation, était de 3,6 milliards de francs français, soit environ 800 millions d'euros actuel. En 2009, le programme de modernisation de l'instrumentation de mesure (y compris le nouveau radar d'analyse Normandie) est estimé à 150 millions d'euros.

Notes et références

  1. Bernard Prézelin, Les Flottes de combat 2012, Paris, Éditions maritimes et d'outre-mer, , 1474 p. (ISBN 978-2737350214), p. 49.
  2. Léo Durin, « À quoi sert le « Yuan Wang 5 », navire « espion » chinois amarré au Sri Lanka ? », La Croix,‎ (lire en ligne) :
    « En plus des armées russe et chinoise, seuls les Indiens, les Français et les Américains disposent de bateaux similaires. »
    .
  3. « Le Monge a participé à la traque du satellite UARS », Mer et Marine, 26 septembre 2001.
  4. « Le Monge : un navire radar géant, mais discret », Le Point,‎ (lire en ligne).
  5. « France, Le Monge, navire de la Marine Nationale, Bâtiment d'essais et de trajectographie radar de missiles. 06°) RADAR NORMANDIE », sur http://filterman.esy.es/, (consulté le ).
  6. « France, Le Monge, navire de la Marine Nationale, Bâtiment d'essais et de trajectographie radar de missiles. 05°) RADAR ARMOR », sur http://filterman.esy.es/, (consulté le ).
  7. « BEM Monge : Caractéristiques principales » [archive du ] [PDF], sur www.rouen.vessels-in-france.net (consulté le ).
  8. « BEM Monge : des mesures de modernisation », sur http://rpdefense.over-blog.com/, (consulté le ).
  9. « France, Le Monge, navire de la Marine Nationale, Bâtiment d'essais et de trajectographie radar de missiles. 05°) RADAR GASCOGNE », sur http://filterman.esy.es/, (consulté le ).
  10. « Satellites en chute libre : l’armée de l’air veille », Le Monde, (consulté le ).
  11. « Les EC225 font leurs adieux à la marine française », Mer et Marine,‎ (lire en ligne).
  12. « Beaune, ville marraine du BEM Monge », site officiel de la ville de Beaune, 5 janvier 2017.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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