Henri Poincaré (BEM)
Le Henri Poincaré est un bâtiment d'essais et de mesures (BEM) de la Marine nationale. Nommé en l'honneur du grand mathématicien, physicien et philosophe français Henri Poincaré (1854-1912), il fut le premier navire de cette catégorie en service en France.
Henri Poincaré | |
Autres noms | Maina Morasso |
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Type | Bâtiment d'essais et de mesures |
Histoire | |
A servi dans | Marine nationale |
Armé | 1er mars 1968 |
Statut | désarmé en 1991 |
Équipage | |
Équipage | 295 hommes (équipage Marine et personnel de la DGA) |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 180,6 m |
Maître-bau | 22,2 m |
Tirant d'eau | 10,50 m |
Tirant d'air | 50 m |
Déplacement | 22 640 t lège |
Propulsion | 2 turbines à vapeur, 2 chaudières à chauffe au mazout ; 1 propulseur d'étrave |
Puissance | 10 000 CV |
Vitesse | 15,4 nœuds |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 2 canons de 20 mm |
Électronique | 1 radar de recherche aérienne 2 radars de navigation 3 radars de trajectographie et observation radar, antennes de télémesure |
Rayon d'action | 24 000 NM à 12 nœuds |
AĂ©ronefs | jusqu'Ă 2 Super Frelon ou 4 Alouette III |
Carrière | |
Port d'attache | Brest |
Indicatif | A603 |
Missions
Construit par les chantiers Cantieri Riunitide Adriatico, à Monfalcone (Italie), ce pétrolier est lancé en octobre 1960 sous le nom de Maina Morasso.
Acheté par le gouvernement français, il arrive à l'arsenal de Brest le , pour y être transformé en « bâtiment réceptacle ». Après des travaux de conversion menés entre 1964 et 1967, il est admis au service actif le et devient le bâtiment de commandement du Groupe Naval d'Essais et de Mesures (Groupe « M »), groupe[1] rattaché directement au chef d'état major de la Marine. Une décision du redésigne le Henri Poincaré Bâtiment d'Essais et de Mesures (BEM). Le bâtiment sera modernisé en 1978-80 en vue des essais du missile M4.
Basé à Brest, il était armé par un équipage mixte de la Marine nationale et de la DGA (ingénieurs militaires et personnels civils). Sa mission principale consistait à se placer au large en mer pour observer avec ses capteurs les essais en vol des missiles à longue portée tirés depuis le Centre d'essais des Landes (CEL) de Biscarrosse.
De 1968 à 1991, le BEM joua un rôle essentiel dans les essais en vol de mise au point des premières générations de missiles balistiques français MSBS (M1, M2, M20, M4, M45) et SSBS (S2 et S3) et de missiles pré-stratégiques (Pluton puis ASMP et Hades), mais aussi à de nombreux essais en vol à des fins d'études (fusées sondes, etc.) pour les études amont liées au développement des technologies de corps de rentrée et de leurres.
Il participa à plus de 150 essais en vol et aura parcouru durant sa carrière 525 000 milles nautiques.
Il a été désarmé par la Marine nationale en 1991 ; sa coque fut vendue le à la Cie Damet Marine de Rotterdam. Il quitta Brest le pour être démoli à Bombay (Inde). Le BEM Monge l'a remplacé dans sa mission à la fin de 1992.
Le rôle du Poincaré dans les tirs balistiques
Pour sa mission principale, qui concerne « l'observation des essais en vol des missiles balistiques ou tactiques », le Henri Poincaré apportait un soutien essentiel à la Direction générale de l'Armement (DGA), et plus particulièrement au Centre d'essais des Landes (CEL) de Biscarrosse, qui assure la supervision de l'essai et auquel le BEM est opérationnellement rattaché pour l'essai.
En pratique :
- les tirs d’essai des missiles balistiques MSBS étaient et sont effectués
- soit depuis un sous-marin en plongée au large de Quimper (ou de Biscarrosse pour le sous-marin expérimental Gymnote),
- soit depuis un pas de tir Ă terre sur le site de Biscarrosse du centre d'essais des Landes.
- deux axes de lancement sont utilisés depuis le golfe de Gascogne : l’un vers l'ouest, au large des États-Unis ; l’autre vers le sud-ouest en direction de la Guyane et du Brésil situé à plus de 6 000 km, (dans ce cas, le missile est tiré par un sous-marin positionné au sud de la pointe Bretagne).
- avant chaque tir, le BEM se positionne dans une zone « réceptacle » à seulement quelques dizaines de kilomètres des « cibles » (points virtuels en mer) visées où les têtes impacteront la mer après quinze à vingt minutes de vol. C'est ce qui lui vaut le qualificatif de « bâtiment réceptacle ».
- du fait de la rotondité de la Terre et de sa proximité des points d'impact, il est le seul à pouvoir observer le dernier tiers de la trajectoire des têtes (corps de rentrée non armés) et en particulier leur rentrée dans l'atmosphère jusqu'à l'impact.
Équipements du bâtiment
En 1990, le bâtiment était équipé de :
- Capteurs de poursuite et observation de missiles
- 2 radars Thomson CSF « Gascogne » de trajectographie en bande C (installés en 1980, 4 m de diamètre) (1 puis 2 « Béarn » initialement)
- 1 radar Thomson CSF « Savoie » d'analyse SER en bande P (installé en 1974, 8 m de diamètre)
- 1 radar expérimental bistatique ONERA « Stratus » d'analyse SER en bande L (installé en 1990, 2 antennes de 5 m de diamètre)
- 4 antennes de réception de télémesures « Antares » en bande I
- 1 Lidar (pour sondages atmosphériques à très haute altitude)
- système ARCAS (tir de fusées sonde de mesures aérologiques)
- Systèmes de communications
- Systèmes de navigation et de positionnement
- Radars de surveillance :
- 1 radar de veille aérienne DRBV-22 D
- 1 TACAN
- 1 radar de veille surface DECCA RM 1226
- Armement et aéronefs
- 2 canons de 20 mm
- 1 plate-forme hélico et 2 hangars aviation
- peut embarquer jusqu'Ă 2 Super Frelon ou 4 Alouette III
Quelques spécificités du navire
- l'amiral Philippe de Gaulle (fils du Général) fut de 1974 à 1976 le commandant du Groupe naval d'essais et de mesures, dont le BEM était le navire amiral.
- Historiquement, la France avait également installé une station à terre d'observation radar et télémesure sur l'île de Flores dans l'archipel portugais des Açores, station qui fut fermée en 1994.
- Le BEM effectuait très souvent, lors de ses missions balistiques, une escale technique aux Açores ou à Madère sur le chemin et au retour de la zone réceptacle.
Voir aussi
Notes et références
- Le groupe comprendra jusqu'à 3 escorteurs (dont l'escorteur d'escadre Guépratte, puis les escorteurs rapides Le Breton, Le Basque et Le Savoyard) puis sera composé, après 1980, du seul BEM.