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Foch (porte-avions)

Le porte-avions Foch (indicatif visuel R 99) est un navire français construit Ă  la fin des annĂ©es 1950 avec son jumeau le Clemenceau. Après une carrière de 37 ans dans la Marine nationale française, il est vendu le Ă  la Marine brĂ©silienne, et renommĂ© NAE SĂŁo Paulo (A12). Après avoir annoncĂ©, en , une poursuite du service actif jusqu'en 2039, la marine brĂ©silienne le dĂ©sarme le , puis le saborde le , au large du BrĂ©sil.

Foch
NAE SĂŁo Paulo (A12)
illustration de Foch (porte-avions)
Le Foch en mai 1983.

Autres noms Foch (1963)
SĂŁo Paulo (2000)
Type Porte-avions
Classe Clemenceau
Histoire
A servi dans Marine nationale
Marine brésilienne
Chantier naval Chantiers de l'Atlantique, Saint-Nazaire
Commandé 1955
Quille posée
Lancement
Armé
Statut Désarmé le
Sabordé le
Équipage
Équipage 2 200 marins dont 650 pour le groupe aĂ©rien
Caractéristiques techniques
Longueur 265 m
Maître-bau 51,20 m
Tirant d'eau 9 m
DĂ©placement 24 200 tonnes (32 800 en pleine charge)
Propulsion 6 chaudières, 8 turbines GEC Alsthom (2 HP; 4MP; 2 BP), 2 hélices
Puissance 126 000 ch (92 640 kW)
Vitesse 32,2 nœuds
Caractéristiques militaires
Armement 8 canons de 100 mm AA Mle 53 à l'origine; dans les années 1987, 4 remplacés par 2 SACP Crotale EDIR systems, avec 52 missiles ; 5 mitrailleuses 12,7 mm.
Électronique 1 centrale de navigation inertielle à cardans MiniCIN Safran Electronics & Defense
Rayon d'action 7 500 nautiques Ă  18 nds.
Aéronefs 40 aéronefs avions et hélicoptères
Carrière
Pavillon France
Port d'attache Bases navales de Brest puis Toulon puis le Brésil
Indicatif international : FBQA - marque de coque : R99

Il est le second navire de guerre nommĂ© en l'honneur du marĂ©chal Ferdinand Foch. Le premier Ă©tait un croiseur de 10 000 tonnes entrĂ© en service en 1932 et sabordĂ© Ă  Toulon le durant la Seconde Guerre mondiale.

Histoire

Le projet de statut naval Ă©tabli par l’état-major gĂ©nĂ©ral en 1949 demande quatre porte-avions de 20 000 tonnes pour en avoir deux disponibles en permanence. Dans sa sĂ©ance du , le Conseil supĂ©rieur de la Marine est encore plus ambitieux : discutant le projet de statut naval, il demande 6 porte-avions d’escadre. Le , il en rĂ©clame encore cinq dont deux pour l’Union française (non mis Ă  la disposition de l’OTAN). D’après le MRC 12, document final de la ConfĂ©rence de Lisbonne de 1952, la France devrait mettre Ă  la disposition de l’OTAN un porte-avions au jour J, deux Ă  J+30, trois Ă  J+180.

Dès 1953, la Marine doit réviser ses ambitions à la baisse, avec un objectif de trois porte-avions[note 1].

Le PA 54 Clemenceau, inscrit au budget de 1953, est mis sur cale en novembre 1955 ; le PA 55 Foch, inscrit au budget de 1955, est mis sur cale en février 1957 aux Chantiers de l’Atlantique Penhoët-Loire[1]. La coque du Foch a été mise à l'eau le 13 juillet 1959 puis remorquée à Brest pour les installations militaires. La construction se poursuit jusqu'au 23 juillet 1960, où le bâtiment est mis à flot en présence de la famille du maréchal Foch. Le Foch est admis au service actif le 15 juillet 1963.

L’Arromanches et le Foch transportent de novembre 1964 à février 1965 42 chasseurs américains Vought F-8E(FN) Crusader de Norfolk à Saint-Nazaire[2].

Le Foch est basé à Toulon à partir de 1976.

Entre 1980 et 1981, il subit une IPER qui le dote d'un système d'exploitation navale des informations tactiques, d'une centrale à inertie pour recalage de la plate-forme des avions avant le catapultage, de soutes à missiles pour missiles AM-39 Exocet et l'arme nucléaire tactique[3]. Il peut ainsi accueillir quatre ou cinq AN-52 puis le missile ASMP[4].

En 1982, le Foch a participé à la guerre des Malouines en tant que navire amiral de la force navale française envoyée en mission pour protéger les intérêts français dans la région.

Comme son navire jumeau, le Foch a subi une modernisation et un radoub, remplaçant quatre de ses huit canons de 100 mm par deux systèmes de défense aérienne Crotale. Contrairement au Clemenceau, le Foch a également reçu en 1997 deux lanceurs SADRAL (pour 6 missiles Mistral chacun); ces lanceurs ont été achetés par la France en 1994.

Le Foch a participé à plusieurs missions de maintien de la paix dans les zones de conflit, notamment lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995), de la guerre du Kosovo (1998-1999).

Sous pavillon brésilien

Il est acheté en septembre 2000 par le Brésil pour 12 millions de dollars américains. Il navigue dès lors sous le nom de São Paulo (A12)[note 2]. Le navire est en mauvais état (notamment en raison de l'absence de pièces détachées disponibles), subit six incendies — faisant quatre morts[5] — et navigue peu sous pavillon brésilien. Sa rénovation complète est envisagée en 2014 mais en raison de son coût, la marine brésilienne annonce le désarmement du navire en [5] après avoir passé 206 jours d'opérations en mer — désarmement finalement effectué le [6].

AchetĂ© par un chantier de dĂ©molition en Turquie, il est ensuite renvoyĂ© vers le BrĂ©sil officiellement en raison de prĂ©sence d'amiante. Finalement, après l'Ă©chec de son dĂ©mantèlement en Turquie suivie d'une longue errance dans l'Atlantique[7], le bâtiment, dans un Ă©tat dĂ©gradĂ©, est coulĂ© Ă  350 km des cĂ´tes brĂ©siliennes et 5 000 mètres de fond par la Marine brĂ©silienne le [8], malgrĂ© les risques de pollution de l'environnement marin[9]. Des associations dĂ©noncent un « crime environnemental », le navire Ă©tant rempli de matĂ©riaux polluants (amiante, peinture…)[10].

Principales opérations

  • En 1966, le Foch a participĂ©, avec la Force Alfa, Ă  la première campagne d'expĂ©rimentations nuclĂ©aires dans le Pacifique.
  • En 1977 (date Ă  vĂ©rifier le Foch Ă©tait en Mer Rouge Ă  partir de , relève du Clemenceau, et est rentrĂ© Ă  Toulon avant NoĂ«l 1977), le Foch a Ă©tĂ© prĂ©sent en mer Rouge pour la protection de l'accession Ă  l'indĂ©pendance de Djibouti durant l'opĂ©ration Saphir II.
  • En 1983, il a participĂ© au soutien du contingent français dĂ©ployĂ© au Liban dans le cadre des missions Olifant.
  • De 1993 Ă  1999, il a Ă©tĂ© engagĂ© rĂ©gulièrement dans les opĂ©rations Balbuzard, Salamandre, et Trident dans l'Adriatique lors de l'engagement français en ex-Yougoslavie dans le cadre de la FORPRONU, de la SFOR, et de la KFOR. Il a assurĂ© la sĂ©curitĂ© des Ă©lĂ©ments français au sol, et effectuĂ© des frappes aĂ©riennes sous le commandement de l'ONU et de l'OTAN.

Caractéristiques

Parc aérien

Six Dassault Super Étendard et deux Étendard IVM à bord du Foch (R99) au large du Liban en janvier 1983.

Installations du pont d'envol :

  • pont d'envol (axial) : 257 Ă— 35 m (47 m hors tout), Ă©paisseur 45 mm
  • piste oblique orientĂ©e Ă  8° sur bâbord : 165 m Ă— 29,5 m
  • hangar : 180 m Ă— 24 m
  • ascenseurs : 1 axial et 1 latĂ©ral : 16 m Ă— 11 m, capacitĂ© 15 000 kg, translation en 9 secondes
  • brins d'arrĂŞt : 4
  • catapultes Ă  vapeur : 2 de 50 m du type britannique BS4 (Mitchell-Brown)
  • carburĂ©acteur : capacitĂ© de 1 800 m3
  • essence : 110 ou 400 m3
  • munitions : 3 000 m3

Environ 40 aéronefs à partir des années 1980 lorsqu'il était dans la Marine nationale :

Lors de son service dans la marine brésilienne :

Électronique

Navigation :

  • 1 centrale de navigation inertielle Ă  cardans MiniCIN crĂ©Ă©e par Sagem.
  • 1 Ă— DRBV-23B radar de veille air (bande D)
  • 1 Ă— DRBV-50 radar de veille combinĂ© basse altitude et surface (remplacĂ© ensuite par un DRBV-15) (bande E/F)
  • 1 Ă— NRBA-50 radar d'appontage
  • 1 Ă— DRBI-10 radar de veille tri-dimensionnelle
  • plusieurs radars de conduite de tir DRBC-31 (remplacĂ©s par des DRBC-32C)
  • DRBN-34 radar de navigation
  • Système d'aide au commandement AIDCOMER
  • Transmissions par satellite Syracuse I et Inmarsat
  • Système de combat SENIT 2

Contre-mesures :

  • 2 lances-leurres CSEE Sagaie
  • DĂ©tecteur de radar ARBR 17
  • Brouilleur de radars ARBR 33

Anecdotes

Le , une fête a été organisée à bord du Foch, amarré dans le port de Brest. La troupe de la Comédie-Française y était conviée. Les mille trois cents marins et officiers du bâtiment, les trois cents ouvriers et ingénieurs des chantiers navals et leurs familles respectives ont pris place dans les hangars qui peuvent abriter jusqu’à une quarantaine d'aéronefs. Au programme, Feu la mère de Madame, de Feydeau et Le Mariage forcé de Molière. Les comédiens du Français, ravis d’avoir pu visiter cet impressionnant bâtiment de combat, ont eu le privilège d’y passer la nuit, après la représentation[11].

En 1988, le Foch s'est métamorphosé en un gigantesque plateau de télévision, pour une émission musicale retransmise le soir du depuis le pont d'envol. Animée par Yves Mourousi et Léon Zitrone, cette soirée exceptionnelle avait pour invités Johnny Hallyday, Samantha Fox, Christian Morin, l'animatrice et chanteuse Dorothée, le chanteur britannique Nick Kamen. À cette occasion, de nombreux reportages ont été alors consacrés au porte-avions R99, du catapultage à l'appontage des avions en passant par les compartiments machines. Les radars étaient également montrés, de même que le studio de télévision du bord d'où le Journal télévisé était présenté quotidiennement par Nicolas Mougin et Jean-Christophe Jeauffre, devenus journalistes par la suite.

Dans le techno-thriller Tempête rouge de Tom Clancy de 1986, lors de l'attaque, le Foch fut « virtuellement » coulé par l'armée de l'air soviétique dès la première semaine de conflit, malgré la supériorité aérienne française.

Le Foch apparaît dans le film USS Alabama en 1995, la marine américaine ayant refusé de prêter l'un de ses porte-avions pour le tournage. En effet, l'US Navy a notamment argué du fait que le film racontait l'histoire d'une mutinerie — et donc donnait une mauvaise image de la discipline militaire de la marine — pour refuser de participer à la production du film. C'est la Marine Nationale française qui a prêté son concours pour la production en prêtant le porte-avions pour deux jours.

Le peintre de la marine Jean-Pierre Alaux, a participé à sa décoration.

Le porte-avions porte le nom du maréchal Ferdinand Foch, bien que celui-ci ait pourtant un jour déclaré : « Les aéroplanes […] ne présentent pas de valeur militaire ».

  • Le porte-avions Foch en mai 1983.
  • La Meuse ravitaillant le Foch
    La Meuse ravitaillant le Foch
  • Le Foch en octobre 2000 Ă  Toulon, avant son dĂ©part pour le BrĂ©sil.
    Le Foch en à Toulon, avant son départ pour le Brésil.
  • Le SĂŁo Paulo, ex Foch
    Le SĂŁo Paulo, ex Foch
  • Le SĂŁo Paulo dans le port de Rio en 2007.
    Le SĂŁo Paulo dans le port de Rio en 2007.
  • Le porte-avions Foch Ă  l'arsenal de Toulon en aoĂ»t 1995.
    Le porte-avions Foch Ă  l'arsenal de Toulon en .

Notes et références

Notes

  1. La construction du troisième porte-avions (du type PA58) envisagée de 1958 à 1960, sera définitivement abandonnée en 1960, lors de la parution de la Loi-Programme quinquennale 1960-1965, du 6 décembre 1960.
  2. NAe pour Navio-Aeródromo : navire-aérodrome, c'est-à-dire porte-avions.

Références

  1. Hervé Coutau-Bégarie, « Le problème du porte-avions - Le cas français », sur stratisc.org, Institut de Stratégie Comparée, Commission Française d'Histoire Militaire, Institut d'Histoire des Conflits Contemporains (consulté le )
  2. Les porte-avions Clemenceau et Foch et leur aéronautique, Philippe Quérel, p. 223-234.
  3. Georges Croulebois, Pont libre, Éditions des 7 vents, 1993, (ISBN 287716-052-1), p. 211
  4. Marc Théléri, Initiation à la force de frappe française (1945-2010), Stock, 1997, p. 100
  5. Nathalie Guibert, « La deuxième mort du porte-avions « Foch Â» », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  6. (en) « Brazil decommissions the aircraft carrier NAe São Paulo | Jane's 360 », janes.com, (consulté le )
  7. « Ancien fleuron de la Marine nationale, le porte-avions Foch poursuit sa longue errance », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  8. « Brésil : le porte-avions Foch a été coulé aux larges des côtes », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  9. « Le Brésil a coulé l'ancien porte-avions Foch, contaminé, dans l'Atlantique », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  10. « Le Foch, ancien porte-avions français, va être coulé par le Brésil, un « crime » selon des ONG », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
  11. France-Soir, 12 février 1963, page 10

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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