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Guerre du Kosovo

La guerre du Kosovo, une des guerres de Yougoslavie, a eu lieu du au , sur le territoire de la rĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie, opposant l'armĂ©e yougoslave Ă  l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Kosovo (UÇK). L'Organisation du traitĂ© de l'Atlantique nord (OTAN) participe au conflit Ă  partir du en opĂ©rant des campagnes de bombardements sur l'ensemble du territoire de la rĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie. Le conflit armĂ© aboutit le au retrait des troupes yougoslaves du territoire du Kosovo.

Guerre du Kosovo
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Usine d'armement de Zastava aprĂšs un bombardement.
Informations générales
Date –
(1 an, 3 mois et 4 jours)
Lieu République fédérale de Yougoslavie
Issue

Accords de Kumanovo

Changements territoriaux Pas de modification de jure des frontiÚres yougoslaves conformément à la Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies, mais indépendance politique et économique de facto et partielle de jure du Kosovo vis-à-vis de la République fédérale de Yougoslavie en raison de son placement sous l'administration de l'ONU
Forces en présence

114 000 hommes[4]
1 270 chars[4]
825 blindés[4]
1 400 piĂšces d'artillerie[4]
240 avions[4]
48 hélicoptÚres[4]

40 000 hommes


50 000 hommes en Albanie
1 200 avions[4]
30 navires et sous-marins[4]
Pertes

1 084 morts[5]

2 131 morts[5]

Drapeau des États-Unis
2 morts


1 mort
Civils :
11 609 morts (dont 8 676 Albanais, 2 488 Serbes et 445 Roms et autres)[5] - [6]
Total :
13 535 morts[5] - [6] - [7]

Guerres de Yougoslavie

Batailles

L'UÇK, formĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1990 pour lutter contre la persĂ©cution serbe des Albanais du Kosovo, a commencĂ© sa premiĂšre campagne en 1995 lorsqu'elle a lancĂ© des attaques contre les forces de l'ordre serbes au Kosovo. En , le groupe revendique la responsabilitĂ© d'actes de sabotage visant les postes de police du Kosovo, pendant l'insurrection du Kosovo. En 1997, l'organisation acquiert une grande quantitĂ© d'armes grĂące Ă  la contrebande d'armes venant de l'Albanie voisine, Ă  la suite d'une rĂ©bellion au cours de laquelle des armes ont Ă©tĂ© pillĂ©es dans des postes de police et de l'armĂ©e du pays. Au dĂ©but de 1998, les attaques de l'UÇK contre les autoritĂ©s yougoslaves au Kosovo se traduisent par une prĂ©sence accrue de forces paramilitaires serbes et de forces rĂ©guliĂšres qui commencent par la suite Ă  mener une campagne de reprĂ©sailles contre les sympathisants de l'UÇK et les opposants politiques ; cette campagne tue de mille cinq cents Ă  deux mille civils et combattants de l'UÇK.

Le , les forces yougoslaves lancent une campagne massive de rĂ©pression et d'expulsions d'Albanais du Kosovo Ă  la suite du retrait de la Mission de vĂ©rification au Kosovo de l'OSCE (KVM) et de l'Ă©chec de la ConfĂ©rence de Rambouillet. En rĂ©ponse Ă  cela, l'OTAN intervient avec une campagne de bombardements aĂ©riens qui commence le , la justifiant comme une « guerre humanitaire »[8]. En 2001, une Cour suprĂȘme administrĂ©e par les Nations unies, basĂ©e au Kosovo, constate qu'il y a eu « une campagne systĂ©matique de terreur, comprenant des meurtres, des viols, des incendies et de graves mauvais traitements », mais que les troupes yougoslaves avaient tentĂ© d'expulser plutĂŽt que d'Ă©radiquer la population d'origine albanaise.

La guerre prend fin avec les accords de Kumanovo, les forces yougoslaves et serbes acceptant de se retirer du Kosovo pour faire place Ă  une prĂ©sence internationale. L'UÇK est dissoute peu de temps aprĂšs, certains de ses membres se battant pour l'UÇPMB dans la vallĂ©e de PreĆĄevo et d'autres rejoignant l'ArmĂ©e de libĂ©ration nationale (NLA) et l'ArmĂ©e nationale albanaise (ANA) pendant le conflit ethnique armĂ© en MacĂ©doine tandis que d'autres forment la police du Kosovo. AprĂšs la guerre, une liste est compilĂ©e indiquant que plus de 13 500 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es ou ont disparu au cours du conflit. Les forces yougoslaves et serbes ont provoquĂ© le dĂ©placement de 1,2 Ă  1,45 million d'Albanais du Kosovo. AprĂšs la guerre, environ 200 000 Serbes, Roms et autres non-Albanais ont fui le Kosovo et nombre des civils restants ont Ă©tĂ© victimes d'abus. La Serbie est devenue le foyer du plus grand nombre de rĂ©fugiĂ©s et de personnes dĂ©placĂ©es en Europe.

La campagne de bombardements de l'OTAN est restĂ©e controversĂ©e, car elle n'a pas obtenu l'approbation du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies et parce qu'elle a causĂ© au moins 488 morts parmi les civils yougoslaves, y compris un nombre substantiel de rĂ©fugiĂ©s kosovars.

Origine des revendications nationalistes

DÚs le XIXe siÚcle, des controverses historiques sur l'appartenance ethnique du territoire du Kosovo cristallisent un ensemble de tensions qui prennent la forme de tensions politiques, de discours nationalistes, de mouvements de résistance, de la répression politique et de la lutte armée[9].

Les conflits entre les deux principales communautĂ©s du Kosovo (Serbes et Albanais) sont liĂ©s Ă  leurs convictions respectives d’ĂȘtre les seuls occupants lĂ©gitimes de cette rĂ©gion. Aujourd’hui encore, la composition ethnique du Kosovo du XVe siĂšcle fait l’objet de nombreuses controverses, chaque partie interprĂ©tant en sa faveur les documents de l’époque.

Du cĂŽtĂ© serbe, le Kosovo est dĂ©crit comme le « berceau de la Serbie », car il en Ă©tait, entre le XIe et le XVe siĂšcle, le centre politique (Pristina), Ă©conomique (mines de Novo Brdo), et spirituel (monastĂšres de Peć, de Dečani, de Gračanica et bien d’autres, inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco) du pays. Toutefois, le terme de « berceau de la Serbie », utilisĂ© depuis XIXe siĂšcle seulement, est abusif, car les Serbes, installĂ©s dĂšs le VIIe siĂšcle en Bosnie et dans l’ouest de la Serbie actuelle (Rascie), ne s'installĂšrent au Kosovo-et-MĂ©tochie qu’au XIe siĂšcle.

De plus, la Serbie considĂšre que le Kosovo-et-MĂ©tochie Ă©tait complĂštement slavisĂ© (et donc serbe) avant l’occupation turque (prise de PriĆĄtina en 1454), qui dura jusqu’en 1912. Selon ce point de vue, les Albanais se seraient alors installĂ©s au Kosovo aprĂšs l’écrasement des insurrections serbes par les Turcs (grandes migrations serbes de 1690 et de 1737-1739), les Serbes restĂ©s au Kosovo devant, soit se convertir, soit accepter le statut de kmet (serf) auprĂšs des notables albanais. En Serbie, les Albanais sont donc perçus comme des Ă©trangers ayant profitĂ© de l’occupation ottomane pour coloniser une partie du territoire serbe.

Les Albanais rĂ©futent cette version, estimant que la population albanaise du Kosovo n’a pas Ă©tĂ© assimilĂ©e par les Serbes au Moyen Âge ; les Albanais seraient donc dĂ©jĂ  prĂ©sents au Kosovo Ă  l’arrivĂ©e des Turcs.

Ils se considĂšrent en effet comme les descendants des peuples illyriens qui occupaient la rĂ©gion comprise entre la GrĂšce et la SlovĂ©nie, avant l’arrivĂ©e des Slaves, et incluant l’actuel Kosovo (Dardanie, en illyrien). Plusieurs travaux linguistiques considĂšrent l'origine illyrienne de la langue albanaise comme la thĂšse la plus probable pour expliquer les origines de l'albanais. Ces thĂ©ories arguent dans le sens d'une filiation entre le peuple Illyrien et la population albanaise[10] - [11]. Les Albanais estiment donc avoir Ă©tĂ© victimes d’une occupation militaire Ă  partir de l’installation des Serbes au Kosovo.

L’histoire du Kosovo, vue par les Serbes et les Albanais, repose donc sur deux mythes fondateurs opposĂ©s.

Précédents conflits

Au XIXe siĂšcle, la Serbie, nouvellement indĂ©pendante, fait de la rĂ©cupĂ©ration du Kosovo l’une de ses revendications principales. La premiĂšre tentative, lors de la guerre russo-turque de 1877-1878 se solde par un Ă©chec, et dĂ©clenche de nouvelles persĂ©cutions contre les Serbes du Kosovo. Entre 1877 et 1912, le peu de Serbes qui vivent au Kosovo (60 000) le quittent pour rejoindre la Serbie libre.

AprĂšs ce nouveau mouvement de population, les Albanais sont indiscutablement majoritaires dans la rĂ©gion. Le Kosovo (plus Ă©tendu que la rĂ©gion actuelle) est alors l'une des quatre divisions administratives ottomanes dont l'autonomie est rĂ©clamĂ©e par la Ligue de Prizren dĂšs 1877, dans le but de former une grande Albanie, autonome dans le cadre de l’Empire ottoman. Ce projet ne voit pas le jour, mais les Albanais obtiennent la reconnaissance d'une autonomie Ă  l'Ă©tĂ© 1912, quelques mois avant le dĂ©but de la premiĂšre guerre balkanique.

Finalement, Ă  la suite de celle-ci, le Kosovo est intĂ©grĂ© au royaume de Serbie, malgrĂ© l’opposition des Albanais qui se rĂ©volteront jusqu’en 1924 sous l’impulsion d’Isa Boletini (guĂ©rilla kachak). En 1921, l'Ă©lite albanaise du Kosovo se plaint des violences, et mentionne le chiffre de 12 000 Albanais tuĂ©s et 20 000 faits prisonniers depuis 1918. Du cĂŽtĂ© serbe, la population subit de lourdes pertes pendant la PremiĂšre Guerre mondiale. Le recensement yougoslave de 1921 (organisĂ© par les Serbes) dĂ©nombre 280 000 albanophones au Kosovo, sur une population de 439 000 personnes (63,7 %).

AprĂšs la guerre, le royaume de Serbie y mĂšne une politique de colonisation[12].

De nombreuses familles serbes sont implantées au Kosovo, rééquilibrant un peu la balance entre Serbes et Albanais.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Kosovo est rattaché a l'Albanie fasciste, sous domination italienne. Environ dix mille Serbes, Juifs et Roms sont tués et entre quatre-vingt et cent mille sont chassés du Kosovo[13].

AprĂšs la guerre, le Kosovo est de nouveau rattachĂ© Ă  la Yougoslavie en tant que province autonome de Serbie. L’autonomie de la province est accrue par les constitutions de 1960 et 1974, mais elles ne lui confĂšrent pas pour autant le statut de rĂ©publique. En effet, la Constitution de 1974 prĂ©voit l'existence de six rĂ©publiques et deux rĂ©gions ou provinces autonomes, le Kosovo et la VoĂŻvodine qui ont une autonomie moins importante. À plusieurs reprises (en 1970 et en 1981), les Albanais ont rĂ©clamĂ© le statut de rĂ©publique Ă  part entiĂšre. Entre le recensement de 1948 et celui de 1971, la rĂ©partition entre Serbes et Albanais reste stable : environ 69 % d'Albanais pour 26 % de Serbes[14]. Les Albanais deviennent encore plus majoritaires par la suite Ă  partir des annĂ©es 1970, grĂące au renforcement de l'autonomie de la province et du statut des Albanais dans tous les secteurs de l'administration, en raison principalement du dĂ©part d'une partie des Serbes et des MontĂ©nĂ©grins. Devenus trĂšs minoritaires, et craignant de voir tout lien avec la Serbie dĂ©finitivement coupĂ©s, les Serbes protestent contre l’autonomie de la province.

En , Slobodan MiloĆĄević rĂ©duit drastiquement le statut d'autonomie du Kosovo[15], par l'apport de modifications Ă  la constitution serbe, aboutissant Ă  une reprise de l'administration directe de la province par la Serbie. Les Albanais se rĂ©voltent alors contre la suppression de l’autonomie du Kosovo, d’abord pacifiquement sous l’impulsion d’Ibrahim Rugova, puis violemment en raison de l’inefficacitĂ© de cette politique de rĂ©sistance passive. Durant la mĂȘme pĂ©riode, Les guerres de Croatie (1991-95) et de Bosnie (1992-95) accĂ©lĂšrent le processus de dĂ©sintĂ©gration de la Yougoslavie[15]. Pendant l’intervention de l’OTAN en 1999, on estime que le Kosovo compte 1 600 000 Albanais, contre 220 000 Serbes.

Le contexte juridique (droit international)

  • Le , le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies vote la rĂ©solution 1199[17] qui exige l'application des mesures d'embargo, la fin de l'action des forces de sĂ©curitĂ©, l'autorisation de la Mission de vĂ©rification de la CommunautĂ© europĂ©enne, le retour en sĂ©curitĂ© des rĂ©fugiĂ©s, et l'Ă©tablissement d'un calendrier de reprise du dialogue entre belligĂ©rants.
  • Le , l'OTAN adresse un ultimatum Ă  la partie serbe pour le retrait de ses forces et le dĂ©but de nĂ©gociations avec la partie albanaise. L'ultimatum est appuyĂ© d'un ordre d'activation de ses forces.

Il faut observer qu'à la suite de la résolution 1199 du Conseil de sécurité des Nations unies, c'est l'OTAN qui prend l'initiative malgré les articles 16[18] et 17[19] de la résolution 1199. Ces articles expriment la volonté du Conseil de sécurité de garder le contrÎle de la situation. Mais des divergences existent, la partie russe a annoncé son intention de mettre son veto à une nouvelle résolution validant une intervention contre la partie serbe. Ce passage en force est présenté[20] comme une victoire des néoconservateurs par Robert Kagan.

  • Le , le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies vote la rĂ©solution 1203 (en)[21] qui approuve l'accord nĂ©gociĂ© entre la Yougoslavie et l'OTAN le .
  • Le , le conseil de l'OTAN autorise son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Ă  engager des actions militaires.

Certains analystes ont déclaré que cette guerre avait mis le systÚme de l'ONU « entre parenthÚses » vu qu'elle a été déclenchée sans mandat des Nations unies[23].

  • Selon la Radio-tĂ©lĂ©vision de Serbie, le , une Ă©quipe « spĂ©ciale » composĂ©e de mĂ©decins et d'avocats (serbes et Ă©trangers) annonce son intention de porter plainte devant les tribunaux de chacun des 19 pays membres de l'OTAN qu'elle accuse d'avoir bombardĂ©, en 1999, « principalement au Kosovo, mais aussi quatre endroits dans le sud de la Serbie » sans autorisation lĂ©gale et en violation des articles 5 et 6 des statuts de l'OTAN qui stipulent que l'OTAN n'est pas une structure offensive, mais dĂ©fensive. L'Ă©quipe compte rĂ©unir les preuves dĂ©montrant que l'utilisation de bombes Ă  sous-munitions et le bombardement des usines chimiques ou pĂ©trochimiques a eu — sur le long terme — des consĂ©quences sanitaires[24] - [25] - [26].

ManƓuvres diplomatiques

Mosquée de la région de Skenderaj (Srbica) détruite pendant la guerre du Kosovo.

Le conflit dĂ©bute en 1996 avec la crĂ©ation de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Kosovo (en abrĂ©gĂ© UÇK), qui amorce une campagne de rĂ©volution en assassinant des dirigeants, des policiers et des gardes-frontiĂšres serbes, ainsi que les Albanais collaborant avec le rĂ©gime. Les Serbes ont alors pris de sĂ©vĂšres contre-mesures policiĂšres et militaires. Le point tournant est survenu en , lorsque le gouvernement de l'Albanie s'est effondrĂ© Ă  la suite de l'Ă©clatement de bulles financiĂšres basĂ©es sur des systĂšmes de Ponzi. Des arsenaux ont Ă©tĂ© pillĂ©s et ces armes se sont invariablement dirigĂ©es en grand nombre vers le Kosovo, oĂč l'UÇK naissante livrait aux autoritĂ©s serbes une vĂ©ritable guerre d'indĂ©pendance.

La communautĂ© internationale a rĂ©agi Ă  la crise en 1998, en crĂ©ant un « groupe de contact » composĂ© de l'Allemagne, des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de la Russie qui firent d'ultimes efforts diplomatiques en lors de la confĂ©rence de Rambouillet Ă  la suite d'allĂ©gations de massacres alors que les violences intercommunautaires se multipliaient[27].

Lors des nĂ©gociations Ă  Rambouillet le prĂ©sident serbe Slobodan MiloĆĄević accepte l’envoi d’observateurs internationaux de l’Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (OSCE) et de la CommunautĂ© europĂ©enne, mais refuse les envoyĂ©s de l’OTAN, dont il rĂ©fute l’impartialitĂ©[28]. L'annexe B des accords de Rambouillet prĂ©voyait en outre un droit de passage pour les personnels et les matĂ©riels de l'OTAN Ă  travers toute la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie, ainsi qu'une « occupation militaire totale » du Kosovo par l'OTAN[29].

Ce refus conduit l'OTAN Ă  intervenir en effectuant une campagne aĂ©rienne de bombardement appelĂ©e opĂ©ration Force alliĂ©e. Le gĂ©nĂ©ral Wesley Clark dirigea les opĂ©rations depuis le Grand Quartier gĂ©nĂ©ral des puissances alliĂ©es en Europe, qui ont commencĂ© le . Celles-ci auraient dĂ» se limiter Ă  des bombardements symboliques durant 3 ou 4 jours pour ramener Belgrade Ă  la table des nĂ©gociations comme cela s'Ă©tait passĂ© pour en terminer avec la guerre de Bosnie-HerzĂ©govine mais ces bombardements ont finalement durĂ© 78 jours.

DĂ©roulement de la guerre

58 574 missions aĂ©riennes sur ces 78 jours d’opĂ©rations ont causĂ© la perte de deux appareils amĂ©ricains au combat (Un F-117 et un F-16), plus de 800 missiles sol-air ont Ă©tĂ© tirĂ©s par la DCA serbe. On compte 4 397 missions SEAD anti-radar.

Au sol, plusieurs forces spĂ©ciales des nations de l'OTAN opĂ©raient dans la discrĂ©tion, un membre du Special Air Service a Ă©tĂ© tuĂ©[30]. Des unitĂ©s terrestres de l'OTAN se sont concentrĂ©es en MacĂ©doine tandis qu'une brigade de l'United States Army s'est dĂ©ployĂ©e — avec difficultĂ© — en Albanie ; n'ayant pas participĂ© aux combats, elles seront l'avant-garde de la future Force pour le Kosovo (KFOR) Ă  la fin de ceux-ci. La guerre prend aussi une dimension religieuse avec la destruction de dizaines d’églises par l'UÇK[31] et de plusieurs mosquĂ©es par l'armĂ©e serbe[32].

Une guerre de l'information eut lieu entre les parties en conflit. Les forces de l'OTAN avaient prĂ©servĂ© les infrastructures du rĂ©seau Internet en ex-Yougoslavie tout en tentant de neutraliser les mĂ©dias serbes, car « un accĂšs libre et ouvert Ă  Internet ne [pouvait] qu'aider le peuple serbe Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ© au sujet des atrocitĂ©s » du rĂ©gime de MiloĆĄević[33]. Les locaux de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision serbe RTS sont bombardĂ©s « accidentellement » par l’OTAN, le , provoquant la mort de seize personnes[34].

Ces frappes qui durĂšrent plus de soixante-dix jours semblent mener Ă  une impasse jusqu’à la conclusion d’un accord entre la rĂ©publique fĂ©dĂ©rative de Yougoslavie et les envoyĂ©s spĂ©ciaux de l’Union europĂ©enne, le prĂ©sident finlandais Martti Ahtisaari, et de la Russie, l’ancien Premier ministre Viktor Tchernomyrdine, le . Ils Ă©taient venus prĂ©senter les exigences du G8 pour mettre un terme au conflit du Kosovo Ă  MiloĆĄević. Le cessez-le-feu est acceptĂ© par la rĂ©publique fĂ©dĂ©rative de Yougoslavie le et met fin Ă  la guerre du Kosovo[35].

Le , les frappes s'arrĂȘtent et les forces serbes commencent Ă  se retirer du Kosovo investi par la force internationale mandatĂ©e par les Nations unies, la KFOR, dans le cadre de l'opĂ©ration Joint Guardian et placĂ© depuis sous l'administration de la Mission intĂ©rimaire des Nations Unies au Kosovo en vertu de la rĂ©solution 1244 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies.

Human Rights Watch a estimĂ© que les forces serbes avaient expulsĂ© 862 979 Albanais du Kosovo vers la MacĂ©doine et l'Albanie, et que plusieurs centaines de milliers de plus avaient Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s Ă  l'intĂ©rieur de leur propre pays ; au total, plus de 80 % de toute la population du Kosovo (ou 90 % des Albanais du Kosovo) avaient Ă©tĂ© chassĂ©e de leurs foyers. Des rumeurs concernant un plan d'Ă©puration ethnique Ă  grande Ă©chelle menĂ© au Kosovo (un soi-disant plan Fer-Ă -cheval, en rĂ©alitĂ© conçu par le ministĂšre allemand de la DĂ©fense[36]) circulĂšrent dans les mĂ©dias occidentaux[37]. Ces rumeurs se rĂ©vĂ©lĂšrent par la suite infondĂ©es, bien qu'Ă©tant Ă  l'origine de l'intervention militaire de l'OTAN[38]. SpĂ©cialistes des Balkans, Jean-Arnault DĂ©rens et Laurent Geslin qualifient le plan d’« archĂ©type des fake news diffusĂ©es par les armĂ©es occidentales, repris par tous les grands journaux europĂ©ens »[36].

Bilan humain

Pertes civiles

En , la Croix-Rouge estima que 3 368 civils (2 500 Albanais, 400 Serbes et 100 Roms) Ă©taient toujours portĂ©s disparus, environ un an aprĂšs la fin du conflit[39]

En 2008, une Ă©tude commune du Centre pour la loi humanitaire (en) (Fond za Humanitarno pravo), une ONG crĂ©Ă©e en Serbie-et-MontĂ©nĂ©gro, la commission internationale des personnes disparues, et la Commission des personnes disparues de Serbie a Ă©tabli une liste de 13 472 noms de victimes tuĂ©es dans la periode Ă  [40] - [41]. La liste contient le nom et prĂ©noms des victimes, leur date de naissance, la qualification civile ou militaire et le lieu et la date du dĂ©cĂšs. Il y a 9 260 victimes albanaises, 2 488 victimes serbes ainsi que 1 254 victimes dont la nationalitĂ© n'est pas Ă©tablie[42].

Civils tués par l'opération Allied Force

La rĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie a estimĂ© Ă  1 200 Ă  5 700, le nombre de victimes civiles causĂ©es par les bombardements de l'OTAN. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'OTAN, Lord Robertson, a Ă©crit aprĂšs la guerre que le nombre de victimes ne sera jamais prĂ©cisĂ©ment connu mais donne les chiffres de l'ONG Human Rights Watch comme une estimation raisonnable. Le rapport de Human Rights Watch compte 488 Ă  527 victimes civiles serbes dans 90 incidents sĂ©parĂ©s, le plus important Ă©tant la mort de 87 civils lors du bombardement d'une cible militaire Ă  KoriĆĄa que les forces serbes auraient fait occuper par des civils[43] - [44].

D'aprĂšs le tĂ©moignage d'un officier supĂ©rieur de l'OTAN, l'Alliance camouflait les pertes civiles : « Pour les bavures, nous avions une tactique assez efficace. Pour anesthĂ©sier les opinions, nous disions que nous menions une enquĂȘte, que les hypothĂšses Ă©taient multiples. Nous ne rĂ©vĂ©lions la vĂ©ritĂ© que quinze jours plus tard, quand elle n’intĂ©ressait plus personne. L’opinion, ça se travaille, comme le reste »[45].

Victimes des forces terrestres yougoslaves

Le dĂ©partement d'État amĂ©ricain a utilisĂ© le chiffre de 10 000 victimes pour justifier l'intervention en Yougoslavie[46]. En avril, il annonce que 500 000 albanais du Kosovo albanais « sont manquants et on craint qu'ils ne soient morts » ; le 16 mai 1999, le SecrĂ©taire amĂ©ricain Ă  la DĂ©fense, William Cohen, parle sur CBS de 100 000 disparus qui « pourraient avoir Ă©tĂ© assassinĂ©s »[47].

Des experts en statistique mandatĂ©s par le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie ont estimĂ© le nombre total de victimes Ă  dix mille[48]. Eric Fruits, professeur Ă  l'universitĂ© de Portland, s'oppose Ă  cette estimation qu'il a jugĂ©e ĂȘtre basĂ©e sur des donnĂ©es fausses[49].

En , le TPIY annonce avoir exhumĂ© 2 788 corps au Kosovo sans se prononcer sur le nombre de victimes de crimes de guerre parmi ces victimes[50]. La KFOR a annoncĂ© que sur les 2 150 corps dĂ©couverts jusqu'en 1999, environ 850 seraient des victimes de crimes de guerre[51]. Selon le mĂ©decin lĂ©giste Emilio PĂ©rez Pujol, 2 500 civils ont Ă©tĂ© tuĂ©s dans les affrontements : lui et son Ă©quipe n'ont trouvĂ© « pas un seul charnier »[52].

Pertes militaires de l'OTAN

Un Ă©quipement de pilote de F-16 ainsi que la carcasse d'un F-117 abattu par les forces serbes.

Selon les rapports officiels, la guerre n'a fait aucune victime au sein des militaires de l'OTAN lors des opérations. Cependant, le crash d'un AH-64 Apache américain en Albanie [53] a causé la mort de deux soldats de l'OTAN, David Gibbs et Kevin L. Reichert. Un membre du Special Air Service (SAS) aurait été tué en Yougoslavie.

Pertes militaires serbes

L'OTAN n'a pas fait d'estimation officielle du nombre de victimes militaires. La Yougoslavie a estimé le nombre de victimes militaires à 462 soldats, ainsi que 299 blessés, lors des bombardements de l'OTAN[54].

Pertes militaires de l'UÇK

Certains rapports donnent le nombre de 1 000 victimes militaires au sein de l'UÇK[55]. Cependant, les pertes militaires de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du Kosovo sont difficiles Ă  estimer car il est difficile de savoir qui Ă©tait un combattant de l'UÇK et qui ne l'Ă©tait pas. L'armĂ©e serbe estimait tout Albanais armĂ© comme membre de l'UÇK, donc une victime comptĂ©e comme civile par les Albanais pourrait ĂȘtre comptĂ©e comme militaire par les Serbes.

Pertes civiles chinoises

Le 7 mai 1999 un bombardier B-2 américain lùche cinq bombes qui frappent l'ambassade de Chine à Belgrade. Trois journalistes chinois sont tués dans cette frappe qui fait aussi une vingtaine de blessés. L'opinion chinoise est outragée. Selon le gouvernement américain, l'intention était de bombarder la Direction fédérale yougoslave des approvisionnements et des achats (FDSP) et non l'ambassade située à proximité. Le gouvernement chinois publie une déclaration le jour du bombardement, déclarant qu'il s'agit d'un « acte barbare »[56] - [57].

Conséquences

En 2010, un rapport d'enquĂȘte du Conseil de l'Europe fait par le parlementaire suisse Dick Marty rĂ©vĂšle que durant la guerre, l'UCK a organisĂ© un trafic d'organes prĂ©levĂ©s sur des prisonniers serbes[58]. Les captifs Ă©taient emmenĂ©s en Albanie oĂč ils Ă©taient tuĂ©s avant que leurs organes, principalement des reins, soient retirĂ©s et vendus Ă  des cliniques privĂ©es Ă©trangĂšres[58].

À la fin de la guerre, les guĂ©rilleros albanais de l'UCK se sont livrĂ©s Ă  des exactions contre les populations serbe et rom du Kosovo, ainsi que contre les membres de l'opposition albanaise qui leur Ă©taient dĂ©favorables[59]. L'Union europĂ©enne a mis sur pied en 2011 une commission chargĂ©e d'enquĂȘter sur la question[59]. En , le procureur Clint Williamson (en) a confirmĂ© Ă  Bruxelles que les minoritĂ©s serbe et rom du Kosovo avaient Ă©tĂ© victimes d'une opĂ©ration de nettoyage ethnique planifiĂ©e comprenant des meurtres, des kidnappings, des violences sexuelles et des dĂ©portations[59].

À la fin du mois d', les crimes de guerre commençaient tout juste Ă  faire l'objet d'une enquĂȘte et Ă  cette date, l'ArmĂ©e populaire yougoslave avait inculpĂ© 183 militaires et mis en examen 62 autres pour ceux-ci, sans toutefois inclure dans ces investigations les forces spĂ©ciales de police ou les forces paramilitaires serbes.

Lui reprochant, outre son autoritarisme, une perte de tous les territoires promis dans ses discours nationalistes, la population serbe vote contre MiloĆĄević et lui fait perdre les Ă©lections prĂ©sidentielles en ; il est arrĂȘtĂ© le pour ĂȘtre jugĂ© devant le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie, mais il dĂ©cĂšde avant la fin du procĂšs en 2006.

Le coĂ»t financier des opĂ©rations militaires au Kosovo (prĂ© et post conflit compris) a Ă©tĂ© pour les États-Unis de 3,26 milliards de dollars pour l'annĂ©e fiscale 1999 et 1,909 milliard pour l'annĂ©e fiscale 2000[60].

Depuis la fin de la guerre, prÚs de deux cent mille Serbes, Roms et non-Albanais ont été contraints à l'exil hors du Kosovo[61] - [62] - [63].

Le , le Kosovo proclame unilatĂ©ralement son indĂ©pendance de la Serbie. Le Kosovo est reconnu par soixante-seize pays dont les États-Unis et vingt-deux pays de l'Union europĂ©enne (au ), mais pas par l'Espagne, la GrĂšce, la Russie et la Chine, ni par l'Organisation des Nations unies et l'Union EuropĂ©enne[64].

Chronologie des événements de 1999

  • AprĂšs le massacre de Račak, le , Louise Arbour, procureur du Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) est empĂȘchĂ©e par les forces serbes de se rendre dans la province.
  • - : la confĂ©rence de Rambouillet sur le Kosovo est un Ă©chec, l'UÇK refusant un simple statut d'autonomie et les Serbes un dĂ©ploiement international dans la province.
  • - : reprise et nouvel Ă©chec des nĂ©gociations de Rambouillet sur l'avenir du Kosovo, l'UÇK ayant acceptĂ© le simple statut d'autonomie pour la province mais les Serbes ayant refusĂ© l'imposition du contingent militaire de l'OTAN et son statut.
  • : rĂ©solution de l'AssemblĂ©e Nationale Serbe condamnant le retrait des observateurs de l'OSCE du ordonnĂ© par l'OTAN, et demandant Ă  l'ONU et Ă  l'OSCE de faciliter une solution diplomatique par le biais de nĂ©gociations.
  • : l'OTAN ordonne le dĂ©but de frappes aĂ©riennes sur la Serbie.
  • : opĂ©ration Force alliĂ©e. DĂ©but des frappes aĂ©riennes de l'OTAN sur la Serbie (fin le ). ImmĂ©diatement se dĂ©clenche un afflux de rĂ©fugiĂ©s kosovars vers les pays voisins. La Russie suspend sa coopĂ©ration avec l'OTAN.
  • : dĂ©but des frappes aĂ©riennes de l'OTAN sur les forces serbes stationnĂ©es au Kosovo.
  • : pour la premiĂšre fois, des frappes de l'OTAN visent le centre de Belgrade.
  • : accord des ministres des Affaires Ă©trangĂšres du G8 sur le dĂ©ploiement de forces internationales au Kosovo.
  • : l'ambassade de Chine Ă  Belgrade est touchĂ©e lors d'un raid menĂ© par un bombardier furtif B-2 amĂ©ricain.
  • : Slobodan MiloĆĄević, prĂ©sident yougoslave, est inculpĂ© par le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), pour crimes de guerre et crimes contre l'humanitĂ©.
  • : la Cour internationale de justice rend son arrĂȘt dans le conflit entre la Yougoslavie et dix pays de l'OTAN concernant la licĂ©itĂ© de l'emploi de la force de la part des membres de l'OTAN. La cour se dĂ©clare incompĂ©tente dans les dix cas, notamment parce que les frappes de l'OTAN sont intervenues avant la signature du traitĂ© et parce que la rĂ©publique fĂ©dĂ©rale de Yougoslavie (RFY) ne faisait pas partie de l'ONU[65].
  • : Slobodan MiloĆĄević accepte le plan de paix pour le Kosovo.
  • : suspension des bombardements de la Serbie par l'OTAN et dĂ©but du retrait des forces serbes du Kosovo.
  • : accord de Kumanovo entre OTAN et Serbes, fin des bombardements au Kosovo, des forces internationales (la KFOR) doivent prendre position au Kosovo.
  • : entrĂ©e au Kosovo des troupes de la KFOR, mais aussi de troupes russes inattendues, qui prennent position sur l'aĂ©roport de Pristina.
  • : fin du retrait des forces serbes du Kosovo.
  • : l'UÇK signe un accord de dĂ©militarisation avec la KFOR.
  • : dĂ©but de la construction du camp Bondsteel[66].
  • : le Français Bernard Kouchner est dĂ©signĂ© par l'ONU reprĂ©sentant spĂ©cial des Nations unies au Kosovo.
  • : massacre de 14 paysans serbes au Kosovo.
  • : dĂ©buts de l'« administration Kouchner », dirigeant de la MINUK, mission des Nations unies au Kosovo.
  • : le dirigeant albanais modĂ©rĂ© Ibrahim Rugova accepte de participer, avec l'UÇK, au comitĂ© de transition au Kosovo dont B. Kouchner est l'instigateur.
  • En aoĂ»t, dĂ©but de l'exode des Serbes du Kosovo, victimes des reprĂ©sailles des Albanais.
  • : le Deutsche Mark (DEM) remplace le dinar yougoslave comme monnaie officielle du Kosovo.
  • : l'UÇK (armĂ©e de libĂ©ration) se transforme en corps de protection civile (TMK) du Kosovo.
  • : une confĂ©rence Ă  Bruxelles permet de dĂ©bloquer 1 milliard de $ pour la reconstruction du Kosovo.
  • : l'OSCE publie son rapport sur les crimes commis au Kosovo
  • : un accord signĂ© entre l'ONU et les trois principaux partis albanais permet la mise en place d'une administration provisoire au Kosovo.

Critiques de la guerre

Véhicule blindé Marder de la Bundeswehr au Kosovo en 1999.
Carte des bombardements ayant utilisé de l'uranium appauvri.

L'intervention de l'OTAN ainsi que les rĂ©elles motivations de cette guerre font l'objet de nombreuses discussions. En Europe, les communistes, les souverainistes et l'extrĂȘme droite rejettent la guerre.

L'opinion publique des pays de l'OTAN était initialement majoritairement en faveur de cette opération, bien qu'un revirement progressif se soit amorcé par suite de la longueur imprévue du conflit et de la multiplication des critiques des bombardements, que ce soit dans les médias yougoslaves ou dans certains rapports d'organisations non gouvernementales (voir par exemple Human Rights Watch).

L'Ă©crivain Vladimir Volkoff dĂ©nonce dans DĂ©sinformation, flagrant dĂ©lit, les mĂ©canismes de dĂ©sinformation qu’il prĂ©tend retrouver dans certaines caractĂ©ristiques de cette opĂ©ration militaire[67].

Certaines personnalitĂ©s de gauche s'insurgent contre un retour de la doctrine de la guerre juste, et accusent les mĂ©dias occidentaux de propagande. Noam Chomsky, par exemple, dans son livre Dominer le monde ou sauver la planĂšte ?, prĂ©tend que les massacres serbes ont Ă©tĂ© provoquĂ©s par les frappes de l'OTAN, la majeure partie des victimes antĂ©rieures Ă©tant du fait de l'UÇK, accusĂ©e d'ĂȘtre un groupe terroriste ayant assassinĂ© plusieurs milliers de Serbes comme d'Albanais.

Le mensuel Le Monde diplomatique a publiĂ© en un dossier sur le Kosovo trĂšs critique envers l'intervention de l'OTAN, insistant notamment sur le rĂŽle des mĂ©dias dans la diffusion de rumeurs infondĂ©es[68] et sur le refus selon lui des pays occidentaux de toute solution diplomatique[69]. De mĂȘme, certains experts ont dĂ©clarĂ© que les journaux occidentaux avaient abondamment repris le discours de l'OTAN au sujet de cette guerre[70].

Dans leur livre L’opinion, ça se travaille (2000), Serge Halimi, Dominique Vidal et Henri Maler dĂ©noncent la propagande des mĂ©dias occidentaux en faveur d'une intervention armĂ©e de l'OTAN au Kosovo. Il relĂšvent notamment les rumeurs non fondĂ©es de gĂ©nocide et d'Ă©puration ethnique affichĂ©es en une des mĂ©dias (ainsi que l'absence quasi-gĂ©nĂ©rale d'excuses publiques une fois les rumeurs dĂ©menties), la bienveillance de ces derniers Ă  l'Ă©gard des crimes de guerre commis par l'OTAN, ou encore l'association systĂ©matique des personnalitĂ©s critiquant l'intervention de l'OTAN Ă  des alliĂ©s du gouvernement serbe.

Le projet d'oléoduc AMBO (en) allant de Bourgas en Bulgarie en mer Noire à Vlora en Albanie sur la mer Adriatique en passant par la Macédoine est aussi présenté par eux comme une importante motivation cachée de ce conflit. Celui-ci n'est toujours pas construit en 2020 alors qu'il y a nombre de projets d'oléoducs et gazoducs soutenus par la Russie, l'Occident, la Turquie et la Chine dans les Balkans[71] - [72].

Le journal Libération a critiqué l'attitude des soldats occidentaux, qui ont assisté avec indifférence à la destruction de quartiers tziganes de grandes villes du Kosovo par les Albanais kosovars[73].

La guerre du Kosovo a également été critiquée pour ses conséquences : un Kosovo, qui contrairement aux arguments de Bill Clinton « n'est ni multiethnique ni pacifié », un pays qui voit une épuration ethnique des « Non-Albanais », la violation du droit international et la prise du pouvoir par les « clans mafieux »[74].

Bibliographie

Analyses

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  • DuĆĄan T. Bataković, Kosovo : la spirale de la haine : les faits, les acteurs, l'histoire, Lausanne, L'Age d'homme, coll. « Mobiles gĂ©opolitiques », , 106 p. (ISBN 978-2-825-11132-1, lire en ligne).
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  • Collectif, Croyances en guerre. L'effet Kosovo, Les Cahiers de mĂ©diologie, 1999, 207 pages (ISBN 978-2070756780).

Justification de la guerre

Critiques

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  • Heinz Loquai, Der Kosovo-Konflikt. Wege in einen vermeidbaren Krieg, Baden-Baden, 2000.
  • Alain Brossat, Jean-Yves Potel, Au miroir de la guerre, Éditions de l'Aube, 2000.
  • Alexandre del Valle, Guerres contre l'Europe, Bosnie, Kosovo, TchĂ©tchĂ©nie, Ă©ditions L'Âge d'Homme, 2000.
  • David Mathieu, Bombes et bobards, Ă©ditions L'Âge d'Homme, 2000.
  • Noam Chomsky, Le Nouvel Humanisme militaire. Leçons du Kosovo, Ă©ditions Page Deux, 2000 (ISBN 294018917X).
  • Michel Collon, Monopoly, L'Otan Ă  la conquĂȘte du monde, Ă©ditions EPO, Bruxelles, 2000 (ISBN 2872621717).
  • Michel Collon et Vanessa Stojilkovic, Les DamnĂ©s du Kosovo (documentaire, 78 min), Bruxelles, 2002.
  • Serge Halimi et Dominique Vidal, L’opinion, ça se travaille, Ă©ditions Argone, 2000 (ISBN 2922494284).
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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